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Nous qui ne sommes rien, soyons tout !

mardi 25 août 2020, par F. Kletz, Robert Paris

Karl Marx et Friedrich Engels :
« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

Nous qui ne sommes rien, soyons tout !

Ou comment les révolutions sociales actuelles cimentent le peuple travailleur révolutionnaire et le préparent à devenir la nouvelle classe dirigeante de demain…

Les révolutions sociales actuelles cimentent le peuple travailleur révolutionnaire et préparent la nouvelle classe dirigeante de demain.

On a vu que les Gilets Jaunes en France, mouvement vivant et consensuel pour ses participants a favorisé la prise de conscience de ses intérêts de classe, une véritable éducation à la politique et à la lutte, et un travail en vue d’établir un programme.

Des mouvements de masse comme le Hirak algérien ou les Gilets jaunes en France n’ont pas fondamentalement changé la société mais ont complètement changé l’image du peuple travailleur à ses propres yeux et ainsi toute la perspective des luttes révolutionnaires à venir.

Au Liban, en Haïti comme en Colombie ou au Chili, c’est d’abord la conscience des masses du peuple travailleur qui est complètement révolutionnée et d’abord par le fait que ce dernier n’a plus aucune confiance dans les institutions et qu’il a constitué son unité.

Dans tous les pays où le mouvement révolutionnaire commence à se développer, la prise de conscience a suivi le même type de chemin, même si les circonstances et les rythmes diffèrent considérablement d’un pays à un autre, la crise économique, sociale et politique ayant des degrés très divers et la crise de la domination de la classe dirigeante ayant un caractère différent d’un pays à l’autre. Mais partout, ce qui est relevé par les commentateurs, c’est la révolution des consciences parmi les exploités et les opprimés, c’est le relèvement de l’image de ceux d’en bas à leurs propres yeux, c’est leur fierté d’appartenir au peuple travailleur révolutionnaire, c’est leur confiance dans leurs propres forces !

Le prolétariat révolutionnaire doit ainsi se construire au fil de sa propre action dans les révolutions ; il ne peut apparaître tout fait, juste en sortant de la phase prospère du capitalisme où les opprimés sont considérés comme un néant social et politique, et se considèrent ainsi en bonne part. Il ne peut directement passer d’une époque où triomphait le réformisme politique et syndical à une autre où les prolétaires s’organisent eux-mêmes pour des buts révolutionnaires socialistes. Il faut que les événements et les luttes apprennent au prolétariat ses capacités, sa force, ses buts sociaux et politiques.

Le peuple travailleur doit d’abord se constituer lui-même. Il sort d’une époque où sa voix a été étouffée, où il n’a pas pu mesurer lui-même ses propres aspirations, ses forces, ses faiblesses. Il a besoin, au travers de l’organisation en comités, de se mesurer, de s’éduquer, de se transformer, de percevoir la révolution, d’en être conquis, d’être pénétré de ses buts, de prendre conscience de ses possibilités, de les débattre. Il lui faut du temps pour se former à son nouveau rôle et devenir ainsi une classe capable de se diriger elle-même avant d’être capable de diriger toute la société. Les classes bourgeoises ne sont pas nées, elles non plus, d’emblée avec la capacité de diriger la société. Elles ont appris au cours des révolutions, ont transformé ainsi leur point de vue de départ au cours des années de révolution. Aucune classe ne nait avec la capacité de se diriger et de diriger la société. La révolution doit être une école du peuple travailleur en vue de sa transformation en classe dirigeante capable de diriger toute la société et d’abord de prendre la tête de toutes les couches opprimées.

Que le peuple travailleur se porte consciemment à la tête de l’ensemble des opprimés n’est pas évident ni spontané. Cela ne peut qu’être le travail de la minorité qu’est l’avant-garde révolutionnaire, des travailleurs conscients et des militants qui ont fait ce choix politique et social. Ce qui est spontané, c’est la revendication politique populaire contre un dictateur dans laquelle le peuple travailleur ne se sent qu’une fraction de la révolution, ni plus radicale ni plus en pointe que les autres. Ce qui est spontané aussi, c’est l’action syndicale revendicative dans laquelle les travailleurs tentent d’arracher des concessions économiques aux classes dirigeantes. Mais cette action syndicale revendicative, même lorsqu’elle participe du mouvement révolutionnaire, ne suffit pas à porter la classe ouvrière à la tête de tous les opprimés. Et si, par extraordinaire, les événements font tous seuls du peuple travailleur l’aile marchante de la révolution, même si des syndicats se retrouvent ainsi portés en tête de celle-ci, cela ne remplacera nullement l’action politique consciente des travailleurs que ces syndicats, même s’ils n’étaient pas bureaucratisés et instrumentalisés par l’Etat et les patrons, ne seraient nullement capables de mener. Et cela parce que la tâche en question n’est pas syndicale mais politique. Cette tâche n’est pas réformiste mais révolutionnaire, mettant en cause toutes les institutions, même celles prétendument démocratiques, de la société capitaliste.

Bien sûr, nous n’en sommes plus seulement à la vague révolutionnaire mondiale. La classe capitaliste, s’appuyant sur la contre vague de la pandémie, mène la contre-offensive. Elle se sert de la « crise sanitaire » du covid pour résoudre la crise sociale révolutionnaire en l’écrasant, en assassinant le prolétariat, en l’attaquant, en le licenciant, en le condamnant à la mort, au travail ou au chômage.

Cependant cette « crise sanitaire » est aussi l’occasion pour le peuple travailleur d’une prise de conscience politique sur la réalité des hommes du pouvoir capitaliste.

Pourquoi ces mensonges et cette attitude des gouvernants face à covid ? Tous ces mensonges et tous ces louvoiements sont là parce que les dirigeants du vieux monde sont incapables de préparer un nouvel avenir à une société ayant atteint ses limites. Non seulement ils montrent qu’ils naviguent à vue mais ils ne vont nulle part. Leur seule préoccupation réelle n’est nullement la santé des peuples et pas non plus leur emploi. C’est uniquement de s’accrocher à l’ancienne société, même si cela ne mène nulle part. C’est de mettre tous les moyens financiers au service d’un sauvetage impossible du capitalisme !

A l’inverse, le mouvement mondial du peuple travailleur met en avant un tout autre type d’hommes et de femmes, dévoués aux intérêts de la collectivité, se préoccupant réellement de l’avenir de l’humanité, ne se sentant pas d’abord préoccupés par la propriété privée d’une minorité.

Seul le prolétariat révolutionnaire pourra produire de tels individus. Mais il ne suffit pas qu’ils existent, il est nécessaire qu’ils s’organisent, qu’ils multiplient les assemblées, les comités, les conseils, qu’ils y prennent des décisions, qu’ils les mettent eux-mêmes en application, qu’ils apprennent à les imposer…

Il faut que les nécessités de la révolution préparent ce nouveau type de femmes et de d’hommes qui seront socialistes, qui seront collectivistes, qui auront une vision de l’avenir quand l’ancienne classe dirigeante se tourne exclusivement vers son ancien passé glorieux.

Oui, c’est la révolution qui éduque. Dans les révolutions en cours, le peuple travailleur apprend à se faire confiance en lui-même. C’est ce que l’on a constaté qui a changé dans toutes les révolutions. Il découvre qu’il ne peut faire confiance en aucune institution mais toute confiance en ses frères et soeurs de combat. La révolution sociale et politique fait naitre le peuple révolutionnaire et socialiste. La conscience révolutionnaire des masses ne provient pas des éducateurs mais de l’auto-éducation.

La période de transition au socialisme sera difficile, encombrée de combats ardus. Des forces hostiles tenteront de saboter tout projet visant au socialisme, visant à la mise en place d’une planification collectivisée.

Ne nous voilons pas la face : bien des morts nous attendent, bien des épuisements aussi, bien des renoncements, bien des déceptions ! Bien des difficultés nous détourneront ou nous empêcheront de mettre en place ce que nous souhaitons.

Des périodes de terreur nous attendent : la terreur d’une réaction qui voudra revenir aux règles du vieux monde. Face à cette terreur, une terreur nécessaire pour avancer vers le pouvoir ouvrier.

Ces périodes dureront plusieurs années ; du moins, dans le passé, en Russie, la guerre civile a duré quatre ans. L’épuisement a favorisé les mécontents de la révolution prolétaire qui ont su s’emparer des situations pour leur être favorable et instaurer leurs potentats locaux et ainsi favoriser la montée de la bureaucratie. Trop nombreux étaient les soi-disant communistes qui se comportaient parfois, et même trop souvent comme des malfrats, comme des mafieux ou des capitalistes.

Mais dans cette période confuse, bien des expériences ont eu lieu qui nous ont laissé un témoignage inestimable pour la mise en place du socialisme.

Ces moments, témoignages et expériences sont précieux pour l’humanité et ont donné un élan sans précédent partout dans le monde. C’est pourtant le capitalisme qui a finalement triomphé. Ces périodes de luttes du passé ne seront pas les mêmes dans l’avenir, elles seront tout aussi riches, plus même peut-être.

Ces années de lutte et d’espoir nous porteront à développer une énergie pour bâtir le socialisme et la fatigue qui en sera engendrée sera une fatigue saine, enthousiasmante, et une fatigue reposante. Loin de la fatigue d’un monde actuel en proie à la faim, aux doutes quand aux fins de mois difficiles, aux fins de mois qui commencent le 15 ou le 10 ou même le 5 du mois en cours, une fois toutes les ponctions réalisées sur les salaires.

A cela s’ajoute la crainte de perdre son emploi et l’obligation d’aller travailler sans protection, sous contrainte de contracter une maladie. Et il ne s’agit pas de parler du covid. Le covid a fait oublier que les protections contre le plomb n’existent pas dans des pays prétendument modernes comme la France. Et ce n’est pas tout, bien des maladies sont provoquées par le mode de production actuel, bien des scandales de santé publique sont étouffés depuis des dizaines d’années. Les cancers et autres empoisonnements sont dus aux produits chimiques ou toxiques dans l’industrie, ou même dans les biens de consommation ou dans l’alimentation. Les cancers dus au charbon par nos anciens, la silicose, les cancers de l’amiante : la liste et longue des maladies dues au capitalisme qui extorque de la plus-value sur la santé des travailleurs.

Tout cela sans compter la perte des repères en termes d’éducation. L’enfant n’est plus, s’il l’a jamais été, considéré comme un être unique, un être en devenir. L’enfant est perçu comme une outre à remplir, comme si un sac pouvait contenir des connaissances. L’enfant n’est pas vu comme un être social qui a besoin de parler et de s’exprimer. Tant de maladies mentales, psychiques ou sociales sont contractées dans les familles par des enfants qui ont grandi sans lien social, sans considération. Ces enfants qui n’ont pas eu de considération deviennent des adultes à cette image et ainsi des parents qui ensuite reproduisent la négation de la personnalité de leurs enfants. Et cela n’est en rien remis en cause dans ce vieux monde, puisque de toutes les façons l’individu sous le capitalisme, ça n’existe pas. L’individu est une machine à produire de la plus-value, il est bon à jeter si le capital n’a plus besoin de ses compétences ni de sa force de travail pour en extorquer de la plus value.

Non nous ne regretterons pas la période du capitalisme où la crainte de chacun favorise la crainte de tous et conduit ainsi à l’isolement des individus. Isolé dès l’enfance parce que les adultes ne le comprennent pas, l’individu est isolé dans son travail parce que la peur de perdre son travail le rend concurrent de ses propres collègues, isolé à la retraite parce qu’il a perdu tout lien social dans la vie de labeur qui l’a détruit. Non, le monde qui produit des vies assommantes, insupportables parfois, ennuyeuses souvent, ce monde là nous ne le regretteront pas !

Vive la voie qui mène au communisme, quelle qu’elle soit, qu’elle soit hostile, terrible ou joyeuse. Cette voie, si elle triomphe, n’en sera que plus enthousiasmante. A bas le capitalisme, même opulent. L’opulence n’est là que pour remplir un vide social et un vide existentiel qui correspond à l’ennui d’une vie consacrée à l’enrichissement et non à l’émancipation de chacun par l’émancipation de tous.

Seul le communisme pourra permettre cette émancipation. La voie vers le socialisme sera semée d’embuches, elle sera difficile, certes. Mais au final, même si elle est difficile, même si elle est plus difficile à vivre que le confort opulent d’un capitalisme pousse-au-crime et pousse-au-suicide, cette période de transition préparera un avenir radieux et sèmera, déjà, en germes, la joie d’un combat et proposera ainsi d’autres rapports humains avant même la réalisation de l’objectif.

L’imagination humaine peine à savoir comment se déroulera la période de transition vers le socialisme. Pour tenter de se le figurer, chacun peut s’informer des difficultés rencontrées après la révolution d’octobre 1917. Cela donne une idée. La période sera grise et non pas rose. Mais cela n’aura rien à voir avec l’enfer moderne où les individus ne pensent qu’à se replier pour tenter de se protéger… dans la peur du lendemain.

Pour Marx, comme pour Engels, la révolution sociale ne pouvait être l’œuvre que des travailleurs eux-mêmes. Mais la société capitaliste est très loin d’y préparer la classe laborieuse, étant donné que les exploités sont totalement dépourvus de moyens de décider, de discuter, d’appliquer leurs décisions en action, même dans la plus démocratique des dictatures capitalistes et même au travers des luttes sociales des périodes où le capitalisme n’est pas en faillite. Il fallait donc un éducateur pour préparer le prolétariat à cette tâche toute nouvelle pour lui de devenir la direction de toute la société. Cet éducateur n’est pas « le parti », conçu comme un professeur se plaçant en dehors de la lutte des classes elle-même.

Sauvons-nous nous-mêmes !

Pour Marx, Engels et leurs successeurs Lénine, Trotsky et Rosa Luxembourg, c’est la révolution sociale elle-même qui, en période de crise aigüe du système d’exploitation, éduque le peuple travailleur à son rôle de direction socialiste de toute la société.

Karl Marx dans « L’Idéologie Allemande » (1846) :

« Cette révolution n’est donc pas seulement rendue nécessaire parce qu’elle est le seul moyen de renverser la classe dominante, elle l’est également parce que seule une révolution permettra à la classe qui renverse l’autre de balayer toute la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles ».

Karl Marx dans « Thèses sur Feuerbach » :

« La coïncidence du changement des circonstances et de l’activité humaine ou auto-changement ne peut être considérée et comprise rationnellement qu’en tant que pratique révolutionnaire. »

“Ludwig Feuerbach” de Karl Marx :

« La révolution est nécessaire non seulement parce qu’il n’est pas d’autre moyen pour renverser la classe dominante, mais encore parce que c’est seulement dans une révolution que la classe révolutionnaire réussira à se débarrasser de toute l’ancienne fange et à devenir ainsi capable de donner à la société de nouveaux fondements.(...) L’existence d’idées révolutionnaires suppose déjà l’existence d’une classe révolutionnaire. »

Karl Marx dans « L’Idéologie Allemande » :

« Il n’est pas de classe de la société bourgeoise qui puisse jouer ce rôle révolutionnaire, à moins de faire naître en elle-même et dans la masse un élément d’enthousiasme, où elle fraternise et se confonde avec la société en général, s’identifie avec elle et soit ressentie et reconnue comme le représentant général de cette société, un élément où ses prétentions et ses droits soient en réalité les droits et les prétentions de la société elle-même, où elle soit réellement la tête sociale et le cœur social. Ce n’est qu’au nom des droits généraux de la société qu’une classe particulière peut revendiquer la suprématie générale. Pour emporter d’assaut cette position émancipatrice et s’assurer l’exploitation politique de toutes les sphères de la société dans l’intérêt de sa propre sphère, l’énergie révolutionnaire et la conscience de sa propre force ne suffisent pas. Pour que la révolution d’un peuple et l’émancipation d’une classe particulière de la société bourgeoise coïncident, pour qu’une classe représente toute la société, il faut, au contraire, que tous les vices de la société soient concentrés dans une autre classe, qu’une classe déterminée soit la classe du scandale général, la personnification de la barrière générale ; il faut qu’une sphère sociale particulière passe pour le crime notoire de toute la société, si bien qu’en s’émancipant de cette sphère on réalise l’émancipation générale. Pour qu’une classe soit par excellence la classe de l’émancipation, il faut inversement qu’une autre classe soit ouvertement la classe de l’asservissement. (...) « Voici notre réponse. Il faut former une classe avec des chaînes radicales, une classe de la société bourgeoise qui ne soit pas une classe de la société bourgeoise, une classe qui soit la dissolution de toutes les classes, une sphère qui ait un caractère universel par ses souffrances universelles et ne revendique pas de droit particulier, parce qu’on ne lui a pas fait de tort particulier, mais un tort en soi, une sphère qui ne puisse plus s’en rapporter à un titre historique, mais simplement au titre humain, une sphère qui ne soit pas en une opposition particulière avec les conséquences, mais en une opposition générale avec toutes les suppositions du système politique allemand, une sphère enfin qui ne puisse s’émanciper, sans s’émanciper de toutes les autres sphères de la société et sans, par conséquent, les émanciper toutes, qui soit, en un mot, la perte complète de l’homme, et ne puisse donc se reconquérir elle-même que par le regain complet de l’homme. La décomposition de la société en tant que classe particulière, c’est le prolétariat. »

Marx et Engels dans « Le Manifeste communiste » :

« En esquissant à grands traits les phases du développement du prolétariat, nous avons retracé l’histoire de la guerre civile, plus ou moins latente, qui travaille la société actuelle jusqu’à l’heure où cette guerre éclate en révolution ouverte, et où le prolétariat fonde sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie. »

« Nous avons déjà vu plus haut que la première étape dans la révolution ouvrière est l’élévation du prolétariat en une classe dominante… »

« Le pouvoir politique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre. Si le prolétariat, dans sa lutte contre la bourgeoisie, se constitue forcément en classe, s’il s’érige par une révolution en classe dominante et, comme classe dominante, détruit par la violence l’ancien régime de production, il détruit, en même temps que ce régime de production, les conditions de l’antagonisme des classes, il détruit les classes en général et, par là même, sa propre domination comme classe. »

« Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives. »

Lénine dans « L’État et la révolution » :

« L’on trouve formulée ici l’une des idées les plus remarquables et les plus importantes du marxisme au sujet de l’État, celle de la « dictature du prolétariat » (comme devaient s’exprimer Marx et Engels après la Commune de Paris) ; nous y trouvons ensuite une définition de l’État, intéressante au plus haut point, et qui est également au nombre des « paroles oubliées » du marxisme : « l’État, [ouvrier] c’est-à-dire le prolétariat organisé en classe dominante. »

C’est ainsi que se prépare la formation d’une nouvelle sorte d’Etat : « l’État [ouvrier] c’est-à-dire le prolétariat organisé en classe dominante. »

Rosa Luxemburg, « Questions d’organisation de la social-démocratie russe » (1904) :

« Le mouvement historique universel du prolétariat vers son émancipation intégrale est un processus dont la particularité réside en ce que, pour la première fois depuis que la société civilisée existe, les masses du peuple font valoir leur volonté consciemment et à l’encontre de toutes les classes gouvernantes (…). Or, les masses ne peuvent acquérir et fortifier cette volonté que dans la lutte quotidienne avec l’ordre constitué, c’est-à-dire dans les limites de cet ordre. »

Léon Trotsky, dans « L’avènement du bolchevisme » :

« Ce qui caractérise toute révolution, c’est que la conscience des masses évolue vite : des couches sociales toujours nouvelles acquièrent de l’expérience, passent au crible leurs opinions de la veille, les rejettent pour en adopter d’autres, écartent les vieux chefs et en prennent de nouveaux, vont de l’avant, et ainsi de suite. »

Lénine dans « Notre tâche immédiate » :

« Tous conviennent que nous devons organiser la lutte de classe du prolétariat. Mais qu’est-ce que la lutte de classe ? Lorsque les ouvriers d’une fabrique, ou d’une profession, affrontent leur ou leurs patrons, est-ce là la lutte de classe ? Non, ce n’en est encore qu’un faible embryon. La lutte des ouvriers ne devient lutte de classe que lorsque tous les représentants d’avant-garde de l’ensemble de la classe ouvrière de tous le pays ont conscience de former une seule classe ouvrière et commencent à agir non pas contre tel ou tel patron, mais contre la classe des capitalistes toute entière et contre le gouvernement qui la soutient. C’est seulement lorsque chaque ouvrier a conscience d’être membre de la classe ouvrière dans son ensemble, lorsqu’il considère qu’en luttant quotidiennement, pour des revendications partielles, contre tels patrons et tels fonctionnaires, il se bat contre toute la bourgeoisie et tout le gouvernement, c’est alors seulement que son action devient une lutte de classe. « Toute lutte de classe est une lutte politique ». On aurait tort de comprendre ces paroles célèbres de Marx en ce sens que toute action des ouvriers contre les patrons est toujours une lutte politique. Il faut les comprendre ainsi : la lutte des ouvriers contre les capitalistes devient nécessairement une action politique dans la mesure où elle devient une lutte de classe. La sociale-démocratie se propose précisément, en organisant les ouvriers, de transformer par la propagande et l’agitation, leur lutte spontanée contre les oppresseurs en une lutte de toute la classe, en la lutte d’un parti politique déterminé pour des idéals politiques et socialistes déterminés. »

Lénine dans « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky » (1918) :

« Au point de vue politique et pratique, l’idée que les Soviets sont nécessaires comme organisation de combat, mais ne doivent pas se transformer en organisation d’État, est infiniment plus absurde encore qu’au point de vue théorique. Même en temps de paix, alors que la situation n’est pas révolutionnaire, la lutte de masse menée par les ouvriers contre les capitalistes, par exemple la grève de masse, provoque des deux côtés une exaspération farouche, une lutte d’âpreté passionnée ;la bourgeoisie ne cesse de répéter qu’elle reste et entend rester « maîtresse chez elle », etc. Or, pendant la révolution, quand la vie politique bat son plein, une organisation comme les Soviets, qui embrasse tous les ouvriers de toutes les industries, et puis tous les soldats et toute la population travailleuse et pauvre des campagnes, une telle organisation est nécessairement amenée d’elle même, par le développement de la lutte, par la simple « logique » de l’attaque et de la riposte, à poser la question de front. Tenter de prendre une position intermédiaire, de « concilier » le prolétariat et la bourgeoisie, c’est faire preuve de sottise et courir à un échec lamentable : il en a été ainsi, en Russie, des prédications de Martov et des autres menchéviks ; il en sera de même nécessairement en Allemagne et dans les autres pays, pour peu que les Soviets prennent un développement plus ou moins large, qu’ils aient le temps de s’unir et de se consolider. Dire aux Soviets : luttez mais ne prenez pas en mains tout le pouvoir d’État, ne devenez pas des organisations d’État, c’est prêcher la collaboration des classes et la « paix sociale » entre le prolétariat et la bourgeoisie. Il est ridicule de penser que, dans une lutte acharnée, une semblable position puisse aboutir à autre chose qu’à une faillite honteuse. »

Lénine en novembre 1917 :

« Jetez un coup d’œil dans les profondeurs du peuple travailleur, au cœur des masses. Vous verrez quel travail d’organisation s’y accomplit, quel élan créateur : vous y verrez jaillir la source d’une vie rénovée et sanctifiée par la révolution. L’essentiel, aujourd’hui, c’est de rompre avec le préjugé des intellectuels bourgeois d’après lequel seuls des fonctionnaires spéciaux peuvent diriger l’Etat… L’essentiel, c’est d’inspirer aux opprimés et aux travailleurs la confiance dans leur propre force. Il faut détruire à tout prix ce vieux préjugé absurde, barbare, infâme et odieux, selon lequel seules prétendues « classes supérieures », seuls les riches ou ceux qui sont passés par l’école des riches, peuvent administrer l’État, organiser l’édification de la société socialiste. C’est là un préjugé. Il est entretenu par une routine pourrie, par l’encroûtement, par l’habitude de l’esclave, et plus encore par la cupidité sordide des capitalistes, qui ont intérêt à administrer en pillant et à piller en administrant… L’organisation de la production incombe entièrement à la classe ouvrière. Rompons une fois pour toutes avec le préjugé qui veut que les affaires de l’État, la gestion des banques, des usines, etc., soit une tâche inaccessible aux ouvriers… Il est facile de promulguer un décret sur l’abolition de la propriété privée, mais seuls les ouvriers eux-mêmes doivent et peuvent l’appliquer. Qu’il se produise des erreurs, soit ! ce sont les erreurs d’une nouvelle classe qui crée une vie nouvelle. Les travailleurs n’ont évidemment pas d’expérience en matière d’administration, mais cela ne nous effraie pas. »

Lénine en mars 1919 dans « Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne pour l’Internationale communiste » :

« L’essence du pouvoir des Soviets consiste en ce que la base constante et unique de tout le pouvoir gouvernemental, c’est l’organisation des masses jadis opprimées par les capitalistes, c’est-à-dire les ouvriers et les demi-prolétaires (paysans n’exploitant pas le travail d’autrui et ayant constamment besoin de vendre une partie au moins de leur force de travail). Ce sont ces masses qui, même dans les républiques bourgeoises les plus démocratiques, tout en jouissant de l’égalité selon la loi, étaient écartées en réalité par des milliers de coutumes et de manœuvres de toute participation à la vie politique, de tout usage de droits et de libertés démocratiques et qui maintenant sont appelées à prendre une part considérable et obligatoire, une part décisive à la gestion démocratique de l’Etat. »

Messages

  • En Haïti, aussi, le peuple soulevé ne retournera pas plus dans son lit que le dentifrice sorti dans le tube !!!

    En Haïti, l’Etat planifie la misère. Toutes les institutions sont fragilisées et maintenues dans l’incompétence, le racket et le dérèglement total. Elles sont incapables d’offrir des services de qualité à la population. Par contre, ces institutions sont rentables pour les couches privilégiées. Car elles peuvent manipuler les lois institutionnelles pour dégager des pots de vin et placer des personnes irresponsables, prêtes à servir aveuglément la bureaucratie corrompue et mafieuse. Le fonctionnement médiocre des administrations publiques grossit les déficits de l’Etat.

    Dans une déclaration, l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, Patrick Boisvert, a mentionné que l’Etat haïtien a enregistré une perte de plus de 1,7 milliard de dollars dans ses ventes en produits pétroliers au cours de ces dernières années. Cependant, il est incapable de dire que la grande partie de ces fonds sont détournés par lui et son équipe au pouvoir. Car les rapports d’audit de la Cour des comptes et des contentieux administratifs ont déjà montré l’ampleur du vol des actifs par des dirigeants au plus haut niveau de l’Etat.

    En date du 5 juin 2020, le Conseil des ministres, en l’absence du parlement, a adopté le budget de l’exercice fiscal 2019-2020, et a prévu un montant total de 198,7 milliards de gourdes (monnaie haïtienne). De ce montant, 90 milliards de gourdes doivent provenir des recettes fiscales du pays, une somme nettement inférieure à ce que l’assiette fiscale aurait dû générer. Mais la bourgeoisie importatrice organise de gigantesques fraudes dans les douanes, la direction générale des impôts, le ministère du Commerce et de l’Industrie, et autres institutions publiques. En plus, elle jouit d’un ensemble d’exonérations d’impôts et de subventions importantes par l’Etat. Ces faits montrent que Jovenel Moïse est le rejeton docile et le serviteur fidèle de la classe dominante, répondant à tous ses caprices.

    D’autre part, la bourgeoisie haïtienne et la bourgeoisie impérialiste exploitent la classe travailleuse avec un salaire minimum autour de 4 dollars par journée de travail d’une durée allant parfois jusqu’à 15 heures. Ces patrons sont dans le commerce de gros, comme celui du détail, et ils dominent le système bancaire du pays. La banque centrale du pays est sous leur contrôle total. Ces magnats nationaux se regroupent en cartel pour former des banques privées telles que : Unibank, Sogebank, Capital Bank, Banque Union Nationale (BUH). La dernière circulaire de la banque centrale, numérotée 114-1, prouve l’intention de l’Etat de renforcer la mainmise des patrons sur l’économie, en donnant droit aux maisons de change de payer les transferts de dollars en monnaie nationale, permettant ainsi aux seuls patrons de garder des dollars, alors que l’économie se dollarise.

    Tous les malheurs sont provoqués pour aggraver la vie de la population pauvre du pays. La faim atteint un degré extrême, l’insécurité bat son plein et entraine de nombreux morts par balles dans les quartiers pauvres du pays. Même le rapport d’enquête du 15 juin 2020 de la cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, Helen Meagher La Lime, a prouvé la recrudescence des homicides intentionnels et kidnappings en Haïti au cours des quatre premiers mois de l’année. Elle a fait état d’une hausse de 33 % des meurtres enregistrés par la police, jusqu’à dire qu’Haïti est une menace pour la stabilité des Caraïbes.

    Pourtant, tous ceux qui passent leur quotidien dans les quartiers pauvres du pays savent clairement que la réalité de l’insécurité, sa planification, est bien plus complexe que ce que présentent les rapports officiels. Car aux yeux de toutes les organisations internationales, l’Etat finance les gangs des quartiers et leur donne des armes pour exécuter ceux qui s’opposent à sa politique. Des sénateurs, députés, et autres membres du personnel du gouvernement sont souvent pris la main dans le sac, en train de perpétrer des actes de kidnapping ou de circuler avec de la drogue et des mercenaires dans les voitures de l’Etat, mais ils restent impunis.

  • Le gouvernement fait cadeau de dizaines de milliards à chaque trust et chaque banque mais ne veut pas débourser pour un masque à chaque élève scolarisé !!!

  • Et aussi Rosa Luxembourg dans « Grève de masse, parti et syndicats » (1906) :

    « Six mois de révolution feront davantage pour l’éducation de ces masses actuellement inorganisées que dix ans de réunions publiques et de distributions de tracts »

    « Le brusque soulèvement général du prolétariat en janvier, déclenché par les événements de Saint-Pétersbourg, était, dans son action extérieure, un acte politique révolutionnaire, une déclaration de guerre à l’absolutisme. Mais cette première lutte générale et directe des classes eut un impact encore plus puissant à l’intérieur, en éveillant, pour la première fois, comme par une secousse électrique (einen elektrischen Schlag), le sentiment et la conscience de classe chez des millions et des millions d’individus (…). C’est par le prolétariat que l’absolutisme doit être renversé en Russie. Mais le prolétariat a besoin pour cela d’un haut degré d’éducation politique, de conscience de classe et d’organisation. Il ne peut apprendre tout cela dans les brochures ou dans les tracts, mais cette éducation il l’acquerra dans l’école politique vivante, dans la lutte et par la lutte, au cours de la révolution en marche. »

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