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Constat d’une gestion ségrégationniste et coloniale de la crise du Covid-19

vendredi 17 avril 2020, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Constat d’une gestion ségrégationniste et coloniale de la crise du Covid-19

La politique de confinement est l’ultime tentative désespérée d’un système capitaliste en déclin pour freiner sa chute, accélérée par l’irruption du coronavirus, qu’il rend fallacieusement responsable de l’effondrement de l’économie. Pour juguler la pandémie, dans l’affolement et l’improvisation, faute d’anticipation logistique sanitaire, de nombreux gouvernements affligés, par ailleurs, d’une crise économique plus mortelle que le coronavirus, incapables d’aligner des équipements médicaux et une armée de médecins pour combattre efficacement et humainement la pandémie du Covid-19, ont, de manière machiavélique, décrété abattre stratégiquement leur population par confinement, cette arme de destruction massive psychologique censée anéantir le virus de la contestation populaire mondialement répandu ces récentes dernières années, afin de conjurer l’inéluctable réactivation des soulèvements sociaux provoqués par le contexte d’effondrement économique marqué par les faillites d’entreprises, l’explosion du chômage et la crise sanitaire. A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que les quartiers populaires de relégation sociale sont particulièrement ciblés par les mesures de confinement. Le contrôle social de ces populations « turbulentes et stigmatisées » est la principale priorité des gouvernements, plus soucieux de protéger leur ordre établi que de préserver la santé de la population.

Particulièrement vrai dans ce contexte de crise sanitaire et économique où le virus de la révolte sociale est en phase d’incubation. En effet, les classes populaires, meurtries par la double crise, couvent une explosive riposte subversive. Car, contrairement aux classes possédantes, dotées de moyens financiers pour affronter, et les risques de contagion virale grâce à « leurs » modernes hôpitaux privés suréquipés, et les effets délétères de l’effondrement économique grâce à leurs immenses fortunes, les classes populaires sont dans un état de totale impécuniosité. De situation d’indigence. De statut d’indigénat, réintroduit, à la faveur de cette crise sanitaire du Covid-19, par les classes dirigeantes contre leur peuple soumis à un traitement colonialiste. Le mépris de classe s’épanouit de nouveau, dans cette conjoncture de crise, comme à l’époque coloniale où les occupants donnaient libre cours à leur racisme, déchaînaient leurs violences répressives contre les indigènes.

Dans cette crise du Covid-19, faut-il redouter la maladie ou le confinement ? L’internement des citoyens innocents en bonne santé, décrété au nom de la prétendue protection des personnes âgées et vulnérables (en vrai ces dernières aisément isolables comme la Suède l’a instauré pour sa population aînée afin de la protéger du virus, mais sans imposer le confinement au reste de la population « jeune »), à notre époque hautement technologique censée être équipée d’infrastructures médicales de pointe, répond à notre légitime interrogation.

Sans conteste, le confinement, procédé « moyenâgeux », constitue une mesure qu’aucun dictateur n’aurait désavoué. D’aucuns s’interrogent sur l’auteur étatique mystérieux de l’invention du coronavirus « sophistiqué », concocté par quelque laboratoire malveillant. La vraie question à poser serait plutôt : les virus ayant toujours existé, connaissant leur taux de létalité (estimé à moins de 2 % de décès), pourquoi avoir suscité une telle peur panique parmi les populations sinon pour légitimer le confinement pénitentiaire, décrété, lui, pour des desseins initialement inavoués et inavouables. Mais, aujourd’hui, ces desseins se révèlent au grand jour, à considérer l’incessante activité ministérielle des différents gouvernements de la majorité des pays, illustrée par le nombre incommensurable d’ordonnances promulguées ces dernières semaines. À l’évidence, chaque Etat, à la faveur du confinement de la population, s’applique à blinder son pouvoir despotique par l’instauration de mesures sécuritaires et arbitraires, attentatoires à la liberté, sous couvert de pandémie du Covid-19. En vérité, sous prétexte de guerre virologique, les classes dominantes mènent une guerre de classe aux travailleurs et aux couches populaires. Les dirigeants profitent de la pandémie pour aggraver les lois antisociales et le despotisme étatique ordinaire, renforcés par la militarisation de la société. Nous assistons, impuissants, à un véritable « coup d’état sanitaire » perpétré dans de nombreux pays. En lieu et place d’équipements médicaux et de personnels soignants, nous avons droit, en guise de médication, à une artillerie de lois répressives et au déploiement de militaires pour soigner notre « virus contestataire » socialement et politiquement létal pour les classes dirigeantes. En fait de politique sanitaire et médicale, nous assistons au déploiement d’une opération d’encadrement dictatoriale : confinement généralisé, fermeture des frontières, contrôle social, restriction des libertés, interdiction de manifestation, harcèlement policier, mobilisation de l’armée pour assurer le service d’ordre ordinairement dévolu aux forces de police.
De manière générale, la stratégie adoptée pour gérer la crise du Covid-19 s’apparente à une véritable opération de « pacification » du pays (du monde), digne des « gestions » coloniales où les populations indigènes étaient parquées dans des emplacements discriminés, pourchassées, bannies des centres urbains, suspectées de transporter des bombes virales de rébellion, d’attenter à la vie de l’occupant, tenues à distance comme si elles étaient porteuses de maladies contagieuses. Mais, surtout, elles étaient dépossédées de leur dignité, privées de leurs libertés, de leurs droits politiques et civiques, socialement reléguées, militairement quadrillées, policièrement harcelées, dictatorialement confinées.

Ironie de l’histoire, cette opération de confinement sécuritaire Covid-19, promulguée par les gouvernants de nombreux pays, s’inscrit dans les mêmes velléités colonialistes matérialisées par l’instauration de mesures d’exception et de parquement décrétées notamment par la puissance impérialiste française pour enrayer l’éruptive contagieuse lutte de libération nationale de l’Algérie et d’autres pays colonisés. Elle rappelle également la politique d’apartheid imposée aux Noirs américains par le pouvoir blanc raciste aux fins de dompter la déferlante aspiration émancipatrice civique portée par l’ensemble de la population afro-américaine longtemps cantonnée à vivre en marge de la société dans un confinement discriminatoire. Excepté que, dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19, le véritable ennemi n’est pas le virus, cet agent pathogène invisible dépourvu d’armée, comme le prétendent les gouvernants, mais la majorité de la population laborieuse mondiale, agent homogène historique sécrété par la lutte des classe, devenue menaçante sous l’effet de la débâcle économique. Pour preuve, pour ne citer que l’exemple de la France, le contrôle social des populations ouvrières est la principale mission de cette « gestion sanitaire » répressive et lucrative. Après 20 jours seulement de confinement, on a relevé 8 millions de contrôles effectués, et 480 000 ont conduit à des verbalisations, dont 10% dans le seul département de la Seine-Saint-Denis, département à forte concentration ouvrière et immigrée. Pour justifier et légitimer l’encadrement policier renforcé des villes populaires, les journalistes aux ordres invoquent l’« incivisme » de ces populations « rebelles », leur absence de respect du confinement.

Ainsi, pour pérenniser leur système en phase dégénérative finale, aux poumons productifs asphyxiés, menacés d’apoplexie, les classes dominantes de la majorité des pays, affolées, sous couvert de la lutte contre la pandémie du Covid-19, se protègent par la séquestration de leurs respectives populations soumises à un enfermement total dans leur lieu d’habitation placé sous contrôle social et quadrillage policier, prémices à la militarisation de la société, qu’aucun tyran n’aurait imaginé.

Aujourd’hui, toute sortie s’apparente à un parcours du combattant. Les rares personnes qui osent s’aventurer dans leur ville doivent se munir d’une attestation dérogatoire de sortie (une sorte d’étoile de David, mais pas de masque pourtant indispensable en cette période de pandémie) qu’ils doivent exhiber lors des multiples contrôles de police et des barrages érigés par l’armée. Sous peine de sanction pécuniaire, pouvant entraîner une peine d’emprisonnement en cas de récidive. Les artères sont minées par des « grenades de psychose » portées par chaque badaud terrorisé par la peur de voir sa vie explosée par le microscopique virus invisible. Les maisons sont bombardées d’informations anxiogènes. Les journalistes, les experts autoproclamés, et particulièrement les médecins caporalisés, colonisant les plateaux de télévision plutôt que les hôpitaux, au lieu de dénoncer l’incurie criminelle de leur gouvernement qui envoient les personnels soignants sur le front de guerre sans munitions médicales, fustigent les pauvres citoyens accusés de mettre en péril la vie de la population par leur rare sortie surveillée. On a affaire à une véritable gestion coloniale de cette crise sanitaire dans laquelle la population est infantilisée et criminalisée. À un traitement ségrégationniste car les journalistes et autres parasites invités chaque jour sur les différentes chaînes de télévision (et de radio), pour propager leurs recommandations politiquement commanditées, ne souffrent pas du confinement. En effet, ces élites bourgeoises disposent d’autorisations de circulation illimitée grâce à leur carte de presse ou de médecin (pareillement pour les patrons grâce à leur carte K-bis – carte de patron-. Quant aux hommes politiques et membres du gouvernement, il leur suffit d’exciper leurs figures hideuses bourgeoises célèbres, comme passe-droit, pour circuler librement, sans aucun risque d’être contrôlés ni verbalisés par la police). Qui a dit que nous sommes égaux devant la mort ? Même lors des moments de guerres et de pandémies, les clivages sociaux perdurent sur les champs de bataille de la survie en faveur des dominants. Le caractère de classe de cette opération du Covid-19 s’éclaire à la lumière de cette gestion ségrégationniste.

De manière générale, autant les dirigeants français et américains des époques coloniale et ségrégationniste, avec le désespoir d’une bête blessé de sauver leur domination menacée par l’indéfectible volonté d’émancipation brandie par les colonisés, avaient riposté par l’application d’une politique de cantonnement concentrationnaire et de massacres de masse, sous couvert de lutte contre le « terrorisme indigène », autant les gouvernants actuels réagissent à l’effondrement de leur système capitaliste, précipité par le Covid-19, par l’instauration de mesures de confinement généralisé et de répression légalisée, sous couvert de lutte contre le coronavirus mondial.

De même, les classes dominantes colonialistes françaises et racistes américaines, faute d’avoir envisagé la perspective du réveil des peuples colonisés et opprimés, n’avaient aucun projet d’émancipation économique et politique à concéder à leurs « indigènes » longtemps maintenus dans la servitude, sinon celui de l’internement massive et de la répression meurtrière. Également, les classes bourgeoises mondialistes contemporaines, faute de disposer par incurie d’artilleries de défense médicale pour enrayer la propagation du coronavirus, et d’un projet économique viable, ont misé sur la politique de confinement de leurs populations respectives pour endiguer leur virale propension à la révolte, particulièrement enflammée ces derniers mois, de surcroît appelée inéluctablement à s’embraser dans ce contexte actuel d’effondrement économique, d’expansion pandémique du chômage, d’augmentation dramatique de la paupérisation généralisée et de promulgations effrénées de lois antisociales et anti-ouvrières.

Au reste, la terminologie employée pour gérer la crise sanitaire trahit l’état d’esprit des classes dirigeantes, apeurées par l’approche de leur fin précipitée par l’importune classe ouvrière et populaire déterminée à se rapprocher du pouvoir accaparé par les classes régnantes parasitaires. Un exemple parmi d’autres. Les gouvernants ne cessent de prôner la « distanciation sociale », comme mesure primordiale de sécurité. L’emploi de cette terminologie n’est pas innocente. Il a une connotation véritablement sociale mais absolument pas sanitaire. Il est utilisé pour signifier à la population de conserver la même distanciation sociale de classe de la société, seule politique assurant la sauvegarde de leur système, la pérennité de leur domination. En vérité, la distanciation sociale « subliminalement » prônée est celle qui permet d’éviter toute dissémination virale de l’esprit de révolte aujourd’hui en pleine effervescence, toute « proximité sociale » populaire propice à la politisation des consciences, à la continuation des mouvements sociaux depuis plusieurs mois galvanisés.

Mesloub Khider

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