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Brochure - Y a-t-il des antécédents historiques capables de nous éclairer sur la chute actuelle du capitalisme ?

samedi 2 mai 2020, par Robert Paris

Chute du capitalisme et leçons des grandes chutes historiques du passé

Bien des commentateurs s’interrogent sur la possibilité de comparer la situation actuelle du capitalisme mondial en chute avec d’autres situations historiques d’effondrement d’une société. Ils commencent par comparer aux crises capitalistes du passé et la plupart reconnaissent, comme le patron du syndicat patronal français, le MEDEF, que ce n’est nullement comparable à aucune crise capitaliste car jamais l’ensemble de l’économie ne s’est mise progressivement à l’arrêt général. D’autres réfléchissent aux autres chutes retentissantes de l’Histoire mondiale, à commencer par la chute de l’empire romain, la chute de l’Ancien Régime en 1789 ou encore la chute de l’empire Incas ou d’autres empires d’Amérique centrale ou sud-américains (de Teotihuacan aux Olmèques en passant par les Toltèques), sans parler de la chute des civilisations méditerranéennes en 1200 avant J.-C.

Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF : « On a tort de comparer cette crise à celles de 1929 ou de 2008 car elle est sans équivalent, et pas uniquement parce qu’elle ne vient ni de l’économie réelle ni de la sphère financière. Même en temps de guerre, on n’a jamais connu une crise où on a été obligé de fermer l’économie, dans quasiment tous les pays en même temps, en huit jours. »

Une société qui se disloque

Ce qui vient n’est pas une récession, ni une crise classique mais un effondrement économique et social global, la mort historique et inexorable d’un système de domination…

Voir ici

On lit maintenant dans la presse : « Coronavirus, plus de la moitié des travailleurs dans le monde risquent de perdre leurs moyens de subsistance dans les prochains mois » :

La moitié des êtres humains va plonger ?

Mais l’effondrement mondial qui vient n’est nullement le produit accidentel d’une pandémie.

Lire ici

Pourtant, tout le monde, révolutionnaires en premier, semble avoir dit et écrit que le capitalisme ne pourrait s’effondrer que s’il était renversé par une révolution ?!!

Marx et Engels avaient-ils dits cela ?

Qu’est-ce qui montre que la phase finale du capitalisme a été atteinte ? Qu’il serait en crise ou qu’il ne peut plus se réguler par des crises cycliques

L’agonie du capitalisme n’est pas due au coronavirus mais date de bien avant

L’ère des révolutions sociales mondiales aussi a commencé bien avant

On a bien souvent en tête comme révolutions les seules révolutions bourgeoises ou prolétariennes alors que l’Histoire nous livre toute une palette de révolutions sociales dans le passé, y compris dans l’Antiquité et même aux limites de la préhistoire !!! Ce ne sont pas seulement des gouvernants et des Etats qui ont alors été renversés mais même des systèmes sociaux, des modes de production, des systèmes de propriété, ou carrément toute la civilisation qui a été balayée alors…

A quelles questions, ce type de comparaisons peut-elle servir ? Tout d’abord, il est évident que l’étude du passé ne nous dit nullement que tout devra se passer de la même manière ! Cela va de soi mais il convient de préciser que tel n’est pas le propos de notre article. L’Histoire ne se répète pas, ne radote pas, ne balbutie pas. La fin historique du capitalisme n’est pas la fin de la féodalité, ni la fin du servage, ni la fin de l’esclavage, pas plus que la fin de l’empire capitaliste n’est identique à la fin de n’importe quel empire.

Cependant le passé peut nous dire différentes choses sur les questions que nous nous posons sur ce qui est possible durant la chute du capitalisme…

Quelles sont ces questions :

1- L’effondrement est-il provoqué par la révolution sociale ?

2- L’effondrement peut-il aller jusqu’au bout même sans révolution sociale ?

3- Fondamentalement, quels mécanismes provoquent l’effondrement ?

4- Qu’est-ce qui se détruit en premier et quelles sont les réactions des classes possédantes et des gouvernants ?

5- Qu’est-ce qui fait que les hommes qui jouent un rôle dirigeant aux côtés des anciennes classes possédantes historiquement dépassées ont l’air complètement à côté de la plaque ?

6- Qu’est-ce que peuvent faire les classes exploitées et opprimées en période d’effondrement ? Comment peuvent-elles se protéger ? Doivent-elles faire pression sur les gouvernant, doivent-elles négocier avec eux, doivent-elles accepter des compromis avec eux, doivent-elles accepter des sacrifices momentanés pour préserver l’essentiel, risquent-elles de tomber dans des pièges ou des provocations, visant à les diviser ou à les écraser prématurément ? Quel lien entre la situation objective et la conscience (celle des classes possédantes, celle des classes moyennes, comme celle des classes exploitées et opprimées) ?

7- Quelle peut être l’intervention de l’Etat au service des anciennes classes possédantes ? Dans quelle mesure peut-elle freiner, retarder ou empêcher l’effondrement ?

8- Est-ce qu’une société peut s’effondrer complètement, son système économique et social être complètement balayé sans que ce soit sous l’action révolutionnaire des masses exploitées ?

9- Quels sont les fondements complètement objectifs qui rendent une ancienne société impuissante à préserver son système économique et social ?

10- Est-ce que la fatalité de l’effondrement est complètement objective ou est-ce que l’affolement des classes possédantes contribue pleinement à la chute ?

11- Est-ce qu’une société peut s’effondrer sans nullement laisser place à une autre plus avancée ? Est-ce qu’une société peut carrément chuter en abandonnant toute forme d’organisation et en basculant dans la barbarie généralisée, si une nouvelle classe sociale n’est pas capable de prendre le relai, soit par manque de conscience, d’organisation ou de combativité, soit par inexistence d’une telle classe d’avenir ?

12- Avons-nous raison de penser, au vu de toute l’histoire passée, que les classes exploitées ont toujours représenté un danger mortellement craint par les classes possédantes ? Et, bien sûr, avons-nous encore aujourd’hui des raisons de le penser ?

13- Quelles sont les tentatives faites par les classes possédantes pour se tirer du guêpier et à quoi ont-elles mené quand la situation objective rendait impossible le maintien durable de l’ancien mode de domination et d’exploitation ?

Bien entendu, il serait très loin de répondre en détails à toutes ces questions ici en reprenant toutes les révolutions sociales du passé, par exemple celles, urbaines, étatiques, agricoles puis patriarcales, du néolithique contre l’ancienne société de chasseurs-cueilleurs nomades et matriarcales, celles de l’esclavage et de la propriété privée contre l’ancienne propriété collective, celles des empires esclavagistes contre les villes libres, celles contre l’esclavage, celles contre le servage, celles contre l’oppression impériale, celles contre le colonialisme, celles contre le féodalisme, celles contre les royautés, celles, enfin, contre le pouvoir capitaliste…

Une chose est sure : les conditions objectives ont été, à chaque fois, déterminantes dans la chute. Et celle-ci n’a que rarement donné une suite plus avancée économiquement et socialement, avec une nouvelle classe sociale capable d’aller de l’avant.

Ces causes objectives sont certainement l’incapacité des classes possédantes de faire fonctionner leur propre système et pas seulement le refus des exploités de laisser le système perdurer.

Ainsi, il est remarquable que l’Ancien Régime est arrivé à la fin des années 1780 à une situation où les classes exploiteuses elles-mêmes ne pouvaient plus continuer ainsi, où toutes les politiques imaginables pour se sortir de cette situation avaient été tentées, au point que ces classes exploiteuses elles-mêmes passaient d’une prétendue « solution » à une autre, complètement opposée, sans trouver d’issue et en s’affolant de plus en plus, au point de contribuer elles-mêmes à agiter le peuple travailleur et à le rendre conscient de sa force.

Une autre chose est claire, c’est l’aveuglement des classes possédantes et de leurs représentants au pouvoir dans de telles situations. Ce n’est pas parce qu’elles gouvernent depuis des siècles parfois que ces classes qui dirigent la société la comprennent au point de savoir ce qui grippe, d’être capables de le corriger, d’imposer de tels changements aux profiteurs et aux peuples. Du coup, les gouvernants apparaissent souvent comme des crétins rétrospectivement et comme des incapables qui auraient par leur aveuglement aggravé la situation et c’est généralement le cas. La conscience de la classe exploitée ne peut pas se détacher de la réalité de sa situation : quand l’une s’effondre, l’autre la suit.

Il n’y a aucune fatalité, remarque-t-on généralement, que les exploités soient directement conscients que s’ouvre une période où elles vont pouvoir décider elles-mêmes de l’avenir. Cependant, la chute se produisant sur une assez longue période avec de nombreuses péripéties, on constate généralement de multiples tentatives des exploités de tirer parti de la situation. La première, sans doute, qui ait été portée à notre connaissance sont les deux grandes révolutions des exploités d’Egypte contre le pouvoir du Pharaon et contre les classes possédantes ou encore les révolutions sociales contre tous les pouvoirs des grands Etats de la Méditerranée que nous citions précédemment.

Bien sûr, nombre de commentateurs citent des exemples de révolutions sociales dans lesquelles l’échec de la révolution a révélé que le système de domination n’était pas tout à fait en bout de course et ils craignent de dire que le capitalisme est mort avant que le prolétariat se révèle capable de le faire chuter par la révolution, craignant que le manque de conscience et d’organisation de la période précédente n’empêche une telle révolution.

On peut tout à fait comprendre un tel souci. Il ne faut pas que le chasseur s’imagine que la bête sauvage blessée est une bête morte car il risque de pâtir de son enthousiasme prématuré !

Cependant, ceux qui raisonnent ainsi se trompent car la chute du capitalisme n’est en rien identique à la remise en cause du système par une classe révolutionnaire mettant en place une autre société. Le capitalisme meurt non du fait de la révolution mais sous l’action de ses propres contradictions internes. Il se suicide par incapacité de continuer d’exister, pas sous les coups des classes révolutionnaires.

On a vu de tels mécanismes agir dans bien des sociétés qui s’effondraient, à commencer par l’empire romain, qui n’a chuté ni sous les coups des esclaves, ni même réellement sous les coups des barbares. Et c’est loin d’être un exemple unique. Même les fois où des révolutions sociales mettaient en branle les exploités, cela ne signifie pas qu’elles avaient face à elles le système social, puissant, inchangé, qui n’était pas déjà démoli par l’action de contradictions internes violentes. Si cela avait été le cas, jamais les exploités n’auraient renversé l’ancienne société.

Il est non seulement impossible de renverser une société en pleine santé, mais il est indispensable, pour que les exploités puissent espérer réussir leur révolution sociale, que le système social préexistant ne soit plus capable de fonctionner, ce qui suppose qu’il ne puisse plus développer les forces productives, que sa propre tendance de développement normal mène, dans ces circonstances critiques, à la destruction du fonctionnement du système dans ses fondements principaux. Ce ne sont pas d’abord les désirs des exploités qui font la déstabilisation du système mais ceux des exploiteurs !

Cette dernière caractéristique n’est pas seulement celle du renversement de l’Ancien Régime en France mais aussi de celui de la Russie tsariste ou encore de l’empire romain et de bien d’autres sociétés en voie d’effondrement.

La relation indispensable n’est pas dans le sens : l’effondrement du système social nécessite le renversement par la classe exploitée devenue révolutionnaires, mais, au contraire, le renversement du système social nécessite l’effondrement des fondements mêmes du système social, préalable de la révolution.

Lénine affirmait qu’il faut que les classes dirigeantes ne puissent plus faire fonctionner la société pour que s’ouvre une situation révolutionnaire.

On pourrait se dire que cela montre que cette thèse est fausse puisque le capitalisme a survécu mais c’est une erreur : le capitalisme avait encore bien des capacités mais pas en Russie même, à l’échelle mondiale, notamment aux USA et au Japon, et, du coup, aussi en Europe…

A l’échelle mondiale, actuellement, le capitalisme vit un véritable effondrement, pas une simple crise économique. Même la grande bourgeoisie en est consciente. On peut le voir aux déclarations du patron du MEDEF :

voir ici

Les classes possédantes ont-elles par le passé organisé des immenses bains de sang pour éviter une révolution sociale ?

Eh bien oui, ce n’est pas la première fois !!!

En France (la Saint-Barthélemy)

En Europe (la première guerre mondiale)

Dans l’empire Ottoman (le génocide arménien et assyrien)

En Algérie (le bain de sang des années 1990)

Au Rwanda (le génocide sous prétexte d’ethnies)

En Allemagne (le nazisme)

En Russie (la terreur blanche)

Les Juifs d’Europe (le génocide)

En Chine (le massacre général face à la révolution des « sourcils rouges »

En Syrie, le massacre contre la révolution sociale

Le terrorisme

Et maintenant

Et encore

Conclusion :

Un monde déstabilisé dans ses fondements, en situation critique, est déterminé par la révolution (ou la contre-révolution)

Et les classes possédantes n’hésitent pas à choisir la contre-révolution sanglante

Quand les classes possédantes craignent la révolution sociale, elles poussent au fascisme !

Le programme « coronavirus » de la bourgeoisie capitaliste, c’est du national-socialisme…

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