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Qu’est-ce que le passage dialectique de la quantité à la qualité ?

dimanche 5 juillet 2020, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Qu’est-ce que le passage dialectique de la quantité à la qualité ?

Bien des gens ont tendance à affirmer que la science, physique, chimie, biologie notamment, serait mathématisable au sens où tout y serait quantitatif. Faux : ces sciences sont d’abord qualitatives car les différences entre particules, atomes, molécules, ondes, et énergies ne sont pas seulement quantitatives mais qualitatives.

La différence entre une particule virtuelle et une particule réelle n’est pas seulement quantitative puisqu’il faut capter un boson de Higgs. La différence entre deux atomes de même type est le nombre d’électrons mais la différence produite est qualitative : la capacité de l’atome à capter ou perdre un électron qui change qualitativement les propriétés chimiques de l’atome, les capacités de se lier avec d’autres atomes pour former ou pas des molécules.

Si on examine l’atome plus en interne, la différence entre deux noyaux d’atomes, différences qui détermine les types d’atomes, la nature de l’atome, atome d’hydrogène, atome d’oxygène, atome de chlore, etc., c’est le nombre de nucléons (protons et neutrons) et si on ajoute (ou on retranche) un nucléon à une structure atomique existante, on saute qualitativement d’un noyau d’un élément chimique à un autre, saut qualitatif car toutes les propriétés chimiques changent radicalement et qualitativement.

Au sein d’une dynamique chaotique (chaos déterministe, c’est-à-dire l’essentiel des dynamiques non-linéaires) d’un système physique ou chimique, un petit changement quantitatif fait passer le système, et même sauter, d’une situation stable à une situation chaotique ressemblant au désordre, au « pur hasard », puis une un nouveau changement quantitatif (même tout petit) ramène à une situation stable. Tous les systèmes dépendant des lois du chaos déterministe présentent des exemples de saut qualitatif, suite à une petite augmentation ou diminution quantitative.

Le Vivant est évidemment le siège de tels sauts qualitatifs produits par un changement quantitatif. Par exemple, telle ou telle molécule peut être totalement inactive dans une certaine quantité, puis bénéfique dans une autre quantité, puis, à un seuil, devenir nuisible et même mortelle. C’est vrai de multiples molécules, pas seulement de poisons, de produits dangereux. C’est vrai même de produits aussi simples que l’eau et le sel. C’est quasiment vrai de l’essentiel des molécules.

Le changement qualitatif, à un seuil quantitatif d’intervention, est également le propre de la relation matière/énergie. L’énergie peut être inactive qualitativement à un certain niveau quantitatif, puis, en augmentant ce niveau, elle peut être absorbée, modifiant seulement la structure électronique, et, à un nouveau seuil, elle peut modifier la structure du noyau, et, à un dernier seuil, elle peut casser l’atome, et même transformer une partie de la matière en énergie, en rayonnement, en photons.

Les chocs matière/matière sont également du même type : à un certain seuil, la quantité se transforme en qualité. Les chocs peuvent laisser indifférente la matière, ou la propulser, ou encore la transformer, par exemple la faisant passer de particules virtuelles à particules réelles, ou enfin le choc peut faire exploser les structures matérielles ou faire fusionner les noyaux, saut qualitatif s’il en est puisque les atomes qui en résultent n’ont pas du tout les mêmes propriétés que ceux d’origine.

Il en va de même des états de la matière : encore des exemples multiples de sauts qualitatifs d’un état à un autre. Ce sont même les plus fameux de ces types de sauts qualitatifs appelés « transitions de phase », comme le passage de l’eau gazeuse à l’eau liquide et à l’eau solide. Ces changements quantitatifs qui causent les changements qualitatifs sont des changements d’origine multiple : pression, température, nombre de molécules, modification du récipient, champ gravitationnel, champ magnétique, énergie, mouvement, etc.

Tout l’univers de la matière-lumière-vide est sujet à de telles transitions de phase qui sont des sauts qualitatifs se produisant à un certain seuil quantitatif.

Toute l’histoire de l’Univers est le récit de telles transitions de phase comme la libération de la lumière (univers transparent au rayonnement) produite par un changement quantitatif.

Toute l’histoire d’une étoile ou d’une galaxie est parsemée de quelques transitions de phase.

Si on examine simplement une surface neigeuse, celle-ci subit sans cesse de telles transitions de phase, la neige pouvant exister sous diverses structures qualitativement différentes et sautant de l’une à l’autre suivant la température, la pression, le rayonnement, etc.

Toute masse de matière ne peut se contenter de voir ses paramètres quantitatifs augmenter ou diminuer à l’infini sans subir des sauts qualitatifs, changeant complètement de structure et même de nature.

Ainsi, si on enlève ou si on ajoute de l’énergie à toute structure matérielle, elle finit par changer complètement et qualitativement de structure ou de nature.

La raison en est que la matière-lumière-vide est un monde qui n’existe pas seulement à une échelle, à un niveau hiérarchique d’organisation, mais à plusieurs successifs, emboités, coexistant et interagissant sans cesse, s’influençant sans arrêt.

Les « sauts » qualitatifs ne sont pas des petits miracles inexplicables car ils ne créent de nouvelle réalité qu’à un niveau hiérarchique et aux autres niveaux il peut n’y avoir aucun saut ! Par exemple, les atomes peuvent être individuellement insensibles aux transitions de phase thermodynamiques (entre états de la matière).

Les particules et antiparticules virtuelles du vide quantique peuvent être individuellement insensibles aux changements qualitatifs de l’état d’une particule réelle.

Il faut rappeler que toutes les particules de matière, réelles comme virtuelles, subissent elles aussi des transitions de phase qui modifient leur structure. C’est le cas aussi bien des électrons, des protons, des neutrons qui subissent les fameux « sauts quantiques » qui ont tant perturbé les physiciens lors de la fondation de la physique quantique.

Les créations/annihilation de particules dans le vide quantique sont également des transitions de phase qui obéissent aux lois de transformation de la quantité en qualité.

Si ces lois sont dérangeantes, ce n’est pas pour l’image d’un univers dont la dynamique à plusieurs niveaux hiérarchiques obéit à des lois dialectiques dont les contradictions sont non seulement destructrices mais capables d’être constructrices d’un nouvel ordre.

La seule gêne, c’est que l’immense majorité des physiciens, depuis la naissance de la physique, ignore pour l’essentiel l’existence et l’intérêt de la pensée dialectique, alors que tout l’édifice de la physique en est le développement et l’illustration ! Et cela pour une raison qui n’a rien de scientifique ou même de philosophique et qui est sociale : le saut qualitatif auquel la société dominante, à laquelle les sommets de la science appartiennent, rejette de toutes ses forces un saut qualitatif qui la menace, le saut du capitalisme au socialisme, encore une « transition de phase », un changement de structure arrivant à un certain seuil quantitatif, celui de la propriété privée des moyens de production, et celui des investissements productifs.

Oui, la science sociale est amenée elle aussi à reconnaître des transitions de phase et pas seulement des progressions régulières et continues, quantitatives. Oui, les changements sociaux historiques, les révolutions sociales sont des passages dialectiques de la quantité à la qualité. Toute l’histoire des sociétés humaines est pleine de tels changements que la science universitaire et académique s’évertue à effacer, à cacher, à nier.

La suite

La dialectique, mode de fonctionnement général du changement

La dialectique des transitions de phase

Les sauts qualitatifs de la matière

Les sauts qualitatifs des structures de la glace

Ls états de la matière

Une matière à plusieurs niveaux hiérarchiques d’organisation

Pourquoi la matière s’organise spontanément et de manière stable ?

Discontinuité de l’univers et structures hiérarchiques

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