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Ce que nous ne savons pas que nous savons...

jeudi 16 janvier 2020, par Robert Paris

Ce que nous ne savons pas que nous savons...

Nos mémoires fonctionnent elles aussi à plusieurs niveaux hiérarchiques : mémoire génétique, mémoire cellulaire, mémoire des organes, mémoire des systèmes (nerveux, immunitaire, gastrique, cardiaque, cérébral, ...), mémoire des parties du corps, mémoire événementielle, mémoire des mots, des formes, des visages, ...
Ces mémoires ne sont pas un simple enregistrement d’un fait mais une construction dynamique et inventive du présent et du passé dirigée vers l’avenir. Les éléments de mémoires émergent : ils sont des ilots d’ordre émergent au sein du grand désordre des messages neuronaux.
Les "éléments" de mémoire ne sont pas des faits mais des connexions, des liens entre un sentiment, une impression, un son, une couleur, un mouvement, une attitude, une observation. ces connexions sont des constructions dynamiques de liaisons.

Là où nous avons le plus conscience de la place de la mémoire, c’est lorsque nous ne la possédons pas : enfance, vieillesse, accident, handicap, inhibition, peur, interdit....

Certaines mémoires sont marquées en nous à notre insu : mémoire génétique, mémoire ethnique, mémoire sociale, mémoire historique et civilisationnelle, mémoire régionale, familiale, mémoire des événements de la petite enfance, mémoire subliminale (événements de trop petite durée pour être conscients), mémoire des faits inhibés. Ainsi, dans des conversations personnelles, il nous arrive de constater que nous avons parfaitement effacé dans notre conscience une situation qui n’est pourtant pas vieille. L’inhibition fait donc partie des capacités de notre conscience.

Et même si elle le désirait, notre conscience n’aurait pas les moyens suffisants (en temps, en place, en rapidité, en connexions, etc) de savoir et de nous dire tout ce que notre cerveau (en liaison avec notre corps) emmagasine d’informations, sait, sait faire, comprend, pense, voit, entend, réfléchit, compare, invente, rêve, imagine, conspire, calcule, trafique, triche, truque, ruse, déduit, sent, flaire, échange, souffre, joui, etc...

L’exemple le plus simple est le pilotage des organes de notre corps. Notre cerveau sait par exemple piloter notre coeur ce que notre conscience ignore quasiment totalement !

Il nous arrive souvent de découvrir que nous avions mémorisé un fait ou un acte aujourd’hui parfaitement oublié, que nous savons réagir à une situation à laquelle nous n’étions pas préparés, de nous rappeler "en situation" d’une expression, d’un mot, d’un nom, d’une odeur, ... et de constater ainsi que nous ne savons pas dire tout ce que nous avons en réalité mémorisé. Notre cerveau ne nous a pas tout dit sur ce qu’il sait. Notre conscience est très loin d’avoir connaissance de tout ce que connait notre cerveau qui fonctionne en tandem avec notre corps. Nous n’avons aucune conscience des procédures à employer pour que le cerveau pilote le corps et pourtant il le fait heureusement de jour comme de nuit...

Il y a de très nombreuses raisons pour que des éléments de mémoire accessible au cerveau ne le soient pas à la conscience : effaçage systématique notamment à cause de la distance du passé mais aussi par inhibition, événements trop rapides pour être conscients, niveau de la réalité, manque d’attention ou attention polarisée par autre chose, etc... Nous n’avons pas connaissance de bien des choses qui se sont pourtant déroulées devant nos yeux, à nos oreilles, devant nos narines et pourtant notre cerveau, lui, les connait sans nous l’avoir dit. Il nous est possible parfois de l’interpeler et d’obtenir certains résultats. cela n’a rien de magique, de mystique ni de religieux. C’est au contraire tout à fait matérialiste. le cerveau ne fonctionne pas à un seul niveau hiérarchique et plusieurs de ses niveaux ne sont pas directement conscients mais pourtant accessibles à la conscience et d’autres ne le sont pas du tout.

Nos mémoires fonctionnent elles aussi à plusieurs niveaux hiérarchiques : mémoire génétique, mémoire cellulaire, mémoire des organes, mémoire des systèmes (nerveux, immunitaire, gastrique, cardiaque, cérébral, ...), mémoire des parties du corps, mémoire événementielle, mémoire des mots, des formes, des visages, ...
Ces mémoires ne sont pas un simple enregistrement d’une chose matérielle mais une construction dynamique et inventive du présent et du passé dirigée vers l’avenir. Les éléments de mémoires émergent : ils sont des ilots d’ordre émergent au sein du grand désordre des messages neuronaux.

Les "éléments" de mémoire ne sont pas des faits objectifs mais des connexions, des liens entre un sentiment, une impression, un son, une couleur, un mouvement, une attitude, une observation. ces connexions sont des constructions dynamiques de liaisons.

Là où nous avons le plus conscience de la place de la mémoire, c’est lorsque nous ne la possédons pas, ou pas entièrement : enfance, vieillesse, accident, handicap, inhibition, peur, interdit, perte d’attention, etc.... Nous constatons alors que toute notre vie est dirigée par des comparaisons de situations, de formes, de couleurs, de sons, d’odeurs, de visages sans lesquelles nous ne pourrions pas nous orienter, nous retrouver, nous reconnaitre nous-mêmes ni reconnaitre les autres. Notre conscience semble bien nous piloter ainsi entièrement. Et, cependant, elle ne sait pas tout ce que sait notre cerveau.

Certaines mémoires sont marquées en nous à notre insu : mémoire génétique, mémoire ethnique, mémoire sociale, mémoire historique et civilisationnelle, mémoire régionale, familiale, mémoire des événements de la petite enfance, mémoire subliminale (événements de trop petite durée pour être conscients), mémoire des faits inhibés. Ainsi, dans des conversations personnelles, il nous arrive de constater que nous avons parfaitement effacé dans notre conscience une situation qui n’est pourtant pas vieille. L’inhibition fait donc partie des capacités de notre conscience.

Et même si elle le désirait, notre conscience n’aurait pas les moyens suffisants (en temps, en place, en rapidité, en connexions, etc) de savoir et de nous dire tout ce que notre cerveau (en liaison avec notre corps) emmagasine d’informations, sait, sait faire, comprend, pense, voit, entend, réfléchit, compare, invente, rêve, imagine, conspire, calcule, trafique, triche, truque, ruse, déduit, sent, flaire, échange, souffre, joui, etc...

L’exemple le plus simple est le pilotage des organes de notre corps. Notre cerveau sait par exemple piloter notre coeur ce que notre conscience ignore quasiment totalement !

Bien sûr, dès qu’on parle d’inconscient, chacun pense à juste titre à l’inconscient freudien qui peut amener notre cerveau à contredire ce que notre conscience croit vouloir. Mais cela va bien au delà puisque cela touche tous les fonctionnements physiologiques, amenant le couple corps/cerveau à réagir par exemple à notre manière de nous nourrir, de dormir, de vivre...

Le rêve est un exemple bien connu de comportement piloté par le cerveau sans que la conscience en soit pour l’essentiel informée.
Notre cerveau inconscient peut non seulement agir dans l’ignorance de la conscience mais même contre ce que dit désirer la conscience. Il peut déclarer qu’il ne veut pas ce que nous croyons vouloir, qu’il n’aime pas ce que nous prétendons aimer, qu’il ne fera pas ce que nous voulons faire…

Mais il y a un autre fait bien plus étonnant : la conscience peut ne pas nous avoir informés de quelque événement et pourtant être capable, sans que nous le sachions, de connaitre cet événement… Par exemple, une image subliminale ne nous est pas consciemment connue et pourtant il est parfois possible pour nous de l’appeler à la conscience.
L’image subliminale est un exemple qui montre que l’inconscient freudien n’est nullement le seul cas de pilotage du cerveau dont nous n’avons pas été informés.

Faire parler notre cerveau inconscient n’est pas une activité réservée aux psychanalystes, même si les neurosciences ont pu confirmer que l’analyse freudienne a un sens neurologique.

Bien d’autres activités humaines reposent sur l’interface entre conscient et inconscient. On a déjà cité la part des rêves qui parvient à notre conscience et les réflexions que ces rêves entraînent. Il y a aussi les états comateux, drogués, de transe, de délire, d’alcoolisme profond, de méditation, de manque de sommeil et de manque de nourriture. Dans ces différents cas, la conscience explore des états liés au cerveau inconscient. C’est de là que sont nées les impressions mystiques, transcendantales, les révélations sous hypnose, les créations inconscientes. Bien des pensées religieuses proviennent e telles expériences à l’interface du cerveau conscient et du cerveau inconscient même s’il n’est nullement besoin d’être soi-même mystique, religieux ou métaphysicien pour croire de telles expériences possibles. Ceux qui ont pensé converser avec dieu ou avec les esprits n’ont fait que permettre au cerveau inconscient de s’adresser au cerveau conscient.

C’est aussi l’un des fonctions des rêves. En fait notre conscience est incapable de mémoriser directement les faits et événements qu’elle a connu. Il lui faut en passer par le cerveau inconscient. C’est essentiellement la nuit, alors que le cerveau conscient est hors circuit, que les impressions conscientes de la journée peuvent être réévoquées et retravaillées pour être mis en mémoire. C’est donc un travail du cerveau inconscient qui permet ensuite au cerveau conscient de fonctionner en ayant des outils de comparaison, de contrôle, de mesure, de position, d’action qui sont mémorisés. Sans ce fonctionnement du cerveau inconscient, pas de conscience possible.
Contrairement à notre conscience, le cerveau inconscient n’a pas les mêmes critères de rationalité, d’ordre, de rigueur, de comparaison à un critère de réalité matérielle, de réalité historique.

L’inconscient ne s’en tient pas à l’actuel, au factuel, au crédible, au réel, au matériel, au vraisemblable, au savoir reconnu, à l’opinion commune ni au rationnel. Le cerveau inconscient peut accepter des thèses que la raison récuse, des aspirations que la morale réprouve, des images que la réalité ne confirme pas, des actes irréalistes, des situations invraisemblables, des désirs que la conscience repousse, des aspirations que la conscience ignore ou feint d’ignorer, etc...
Le cerveau inconscient peut broder, inventer, raisonner sur des idées « folles », créer, imager l’inconnu, l’invraisemblable, le jamais vu. Il ne travaille pas que sur des objets de la réalité. Ce n’est pas seulement les dieux qui ont ainsi été produits par des expériences à l’interface entre conscient et inconscient. L’art, les sciences ont eu besoin de ses « idées folles » qui sont bien souvent apparues aux auteurs au lendemain d’une nuit de sommeil.

Les esprits logiques sont choqués des contradictions entre réel et pensé, entre rationnel et création, entre conscient et inconscient. Pour eux, il faudrait trancher : on aime ou on n’aime pas, on aspire ou on n’aspire pas à faire ceci ou cela. C’est une fausse philosophie.
Le cerveau, conscient comme inconscient, fonctionne au contraire sur les oppositions dissymétriques qui se maintiennent et continuent à se confronter. Nous souhaitons ce que nous redoutons, nous aimons ce que nous détestons, nous sommes attirés par ce que nous craignons, nous sommes curieux de ce que nous ne devons pas regarder, nous repoussons la plupart des attirances qui se présentent à nous, et plus nous nous interdisons quelque chose, plus elle nous fait envie…

Ce ne sont pas les seules contradictions qui fondent nos comportements cérébraux. En fait la contradiction dialectique (des contraires qui coexistent, se confrontent sans cesse en s’imbriquant aussi sans cesse et en se transformant l’un dans l’autre) est à la base de tous les mécanismes de pensée, consciente comme inconsciente. Prenons le mécanisme de l’abstraction et de la conceptualisation. Il n’est possible que par la rupture de la contradiction dialectique. Le concept est fondé sur l’unité des contraires et sur une rupture de symétrie de la pensée.

On ne peut pas penser sans conceptualiser : sans regrouper des objets différents (qui ont des caractéristiques qui les opposent) dans une certaine forme d’unité.

Les caractéristiques du concept unifient des contraires dialectiques. La conscience ne peut être comprise sans l’inconscient. La matière ne peut être conçue sans le vide. Le corpuscule n’existe que grâce à l’onde. L’ordre n’a de sens que par rapport au désordre. L’agitation par rapport à la stabilité, la peur avec la le sentiment de sureté.
Les limites du concept indiquent le moment où une idée se transforme en son contraire. Un circuit d’action est rétroagit par un circuit de réaction. Pas de système sympathique sans système parasympathique. Pas de circuit d’oxygène sans circuit de gaz carbonique. Pas de mécanisme d’activation sans mécanisme d’inhibition. Pas d’action d’immunité sans action contraire. Pas de reconnaissance d’identité sans mécanisme d’inhibition du précédent. Pas de mécanisme d’aspiration à manger, à dormir, à boire, à jouir, à rêver, sans circuit de satisfaction et de blocage de cette respiration.

La dialectique est aussi ce qui régit les liens entre actuel et potentiel, entre rationnel et irrationnel, entre stable et instable, entre ordre et désordre, entre calme et agité, entre rapide et lent, entre niveaux hiérarchiques, etc…

La raison de ces contradictions n’est pas due à notre mode de pensée mais au monde matériel lui-même.

En effet, on fait les mêmes constatations en dehors des mécanismes de pensée, de conscience, d’action cérébrale inconsciente. En météo, pas d’anticyclone sans dépression, pas d’apparition de particules sans disparition de particules, pas d’apparition d’énergie dans le vide sans disparition d’énergie, pas d’apparition d’ordre sans apparition de désordre. La matière dite inerte (qui n’est pas inactive ni non-dynamique) est elle-même sujette à des créations, des apparitions inattendues, des suites imprédicitibles qui ne doivent rien à des esprits, à des dieux, à des puissances occultes, à des croyances mystiques.
Elles sont le produit des mécanismes d’émergence de structure au sein des systèmes fondés sur le chaos déterministe. Ces systèmes sautent d’un état à un autre, se transformant en leur opposé.

Cette transformation spontanée (sans action externe) d’un être en son contraire n’a rien d’occulte, incompréhensible, ni mystérieux. Elle est générale et fondamentale à la matière.

Par exemple, au sein des noyaux atomiques des différents éléments (comme le fer, le carbone, l’oxygène,…) s’opposent deux sortes de particules : protons et neutrons, mais, sans cesse, les protons se transforment spontanément en neutrons et les neutrons spontanément en protons !

Les différents états possibles du proton s’opposent et pourtant le proton passe sans cesse spontanément d’un état à un autre. Au sein des systèmes solaires, les deux principales sortes d’objets qui s’opposent sont la planète et l’étoile, mais la grande planète peut se transformer en étoile.

Nous sommes habitués à distinguer par une opposition diamétrale (non dialectique) le monde du vivant et le monde de l’inerte. Pourtant, ces deux mondes sont, là où ils coexistent, absolument indispensables l’un à l’autre. Leur séparation est très loin de l’opposition diamétrale.
Cerveau conscient et inconscient ne se comprennent, eux aussi, que de manière dialectique.

On ne peut pas opposer diamétralement la réalité et l’art, l’observation et la création des idées scientifiques, la pensée rationnelle et la pensée mystique, le corps et l’esprit, l’inné et l’acquis, les différents niveaux de la mémoire.

Ces contraires s’opposent dialectiquement comme conscience et cerveau inconscient.

La conscience n’est pas une chose (un objet) mais un phénomène structuré qui émerge en étant issu de l’agitation des processus d’interaction entre différents niveaux de perception de la réalité par le corps et le cerveau. La conscience n’est pas un état fixe, stable, permanent. C’est au contraire un processus émergent, sans cesse construit et déconstruit. Ceux qui croient qu’on est soit conscient soit non conscient (par exemple une personne incapable de se maîtriser du fait d’une maladie neurologique ou psychiatrique) se trompent. Les personnes qui n’ont aucune pathologie particulière sont sujets à des instants de perte de conscience très brefs qu’ils ignorent s’ils sont « bien portants ». La conscience n’est pas continue et elle s’en accommode normalement. Elle est fondée sur un fonctionnement neuronal qui n’est pas non plus continu (action brutale de la synapse, discontinuité des changements de rythme du message neuronal, discontinuité du réseau neuronal, etc…). Cependant, il ne faut pas assimiler la conscience aux éléments matériels qui en sont le support. Le neurone ne pense pas, n’est pas conscient. Le réseau neuronal non plus.

C’est le pilotage du chaos déterministe des interactions neuronales extrêmement agitées et interactives qui fonde la pensée consciente et inconsciente.

Construction et déconstruction sont indispensables l’un à l’autre. Si le message neuronal ne pouvait pas émergent, il n’y aurait pas de pensée. Mais si ce message construit n’était pas déconstruit, le cerveau serait vite bloqué. Ces processus interactifs opposés sont une caractéristique permanente de tous les fonctionnements : l’attention a son opposé, la conceptualisation le sien, la mémorisation aussi, l’observation également. Et, de même, chaque sentiment, chaque sensation, chaque sens, comme l’odorat, comme la peur, le plaisir ou l’assoupissement.

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