mardi 26 novembre 2019, par
Une lutte sur les retraites menée par une intersyndicale jusqu’à épuisement des manifestants et grévistes et trompée par les appareils syndicaux, cela ne vous rappelle rien ? Pourtant, c’est exactement ce que l’on a vécu plusieurs fois de suite en France depuis que les prétendues « réformes » des retraites se suivent et se ressemblent, de pire en pire pour les salariés, pour les retraités et futurs retraités. Et cela toujours sous prétexte d’améliorer le fonctionnement des retraites, leur égalité et leur pérennité, en réalité en volant de plus les fonds de retraite pour renflouer les caisses de l’Etat, pleines de trous du fait de leurs interventions en faveur des capitalistes.
De quoi pâtissent les caisses de retraite sinon des vols de l’Etat ! Pas d’un niveau trop élevé des pensions de retraite des cheminots, des postiers, des infirmières, des éboueurs, des salariés, des fonctionnaires ! Et l’Etat se fait le défenseur de l’égalité, lui qui laisse les PDG des trusts et des banques partir avec des retraites chapeau de sommes colossales ! L’égalité vue par le gouvernement, ce n’est bien entendu pas celle entre capitalistes et salariés, sans parler des chômeurs !!!
Ce qui plombe les retraites, c’est d’abord la faillite du capitalisme qui casse en même temps les emplois privés et les emplois publics, qui précarisent les salariés et les petits auto-entrepreneurs et petits travaillleurs indépendants pauvres et massivement paupérisés.
Dans ces conditions, on ne peut pas faire reculer le gouvernement sur les retraites sans poser en même temps toute la question sociale plus explosive que jamais comme l’ont clairement montré les gilets jaunes ! On ne peut pas le faire reculer sans mener nous-mêmes nos luttes comme l’ont fait les gilets jaunes, eux qui l’ont fait reculer comme ne l’a fait aucune journée d’action syndicale ni série de journées d’action.
Or, il est certain que l’action syndicale prévue par les bureaucraties pour le 5 décembre et la suite est conçue comme une suite de journées d’inaction, comme elles l’ont si bien montré lors de leur dernier grand mouvement proposé aux cheminots pour s’opposer à la « réforme » de la SNCF. Certes, ils l’appellent « grève générale illimitée et interprofessionnelle » mais elle ne l’est pas ! Dans de nombreux secteurs d’activité, les travailleurs n’ont reçu aucun appel à faire grève et ne voient le 5 décembre que comme une grève de transports !!! Comme si les agents des transports pouvaient à eux seuls faire reculer le pouvoir sur une attaque anti-sociale qui est entièrement reliée aux autres attaques : casse de l’hôpital public, privatisation des services publics, attaques des salariés des banques et de l’automobile notamment, attaques sur la sécu, sur le chômage, sur le code du travail, sur le logement, sur les aides sociales, sur les migrants et on en passe. Le simple fait que l’intersyndicale déclare que toutes ces questions, qu’elles sont séparées les unes des autres alors que les attaques ne le sont pas, qu’elles ne seront pas posées le 5 décembre est déjà clairement et nettement un message de trahison de l’intersyndicale. Le fait que les syndicats aient accepté de « négocier » avec Macron alors qu’il est clair qu’il n’y a rien à négocier, est le message d’un état-major qui dit d’avance n’être pas du tout prêt à se battre mais à battre… en retraite. Et cela d’autant qu’une telle démonstration a déjà été donnée, même si les fois précédentes les mêmes fédérations syndicales affirmaient qu’il n’était pas question et inimaginable, même pour la CGT, d’être favorables à une grève générale illimitée interprofessionnelle !! Eh bien, cela témoigne que la crise a progressé et que la démonstration des gilets jaunes exerce une pression sur les appareils syndicaux plus grande que jamais, et que, du coup, ils… mentent et trompent plus que jamais !!!
Dans le grand affrontement de classe qui vient en France, avec les attaques de l’hôpital public, avec les attaques de tous les services publics, avec l’attaque des salariés du public et du privé comme avec l’attaque des retraites, des aides sociales, des allocations chômage et autres, rien n’est encore perdu. Les salariés peuvent s’organiser pour préparer leur lutte et décider de leur propre avenir. C’est l’essentiel de la leçon du mouvement des gilets jaunes. Cette « giletjaunisation » commence à gagner toute la classe ouvrière, comme l’ont montré les actions autonomes de classe de ces derniers mois parmi les cheminots et les personnels des hôpitaux, à commencer par ceux des urgences, qui se sont organisés par eux-mêmes et ont mené leur propre lutte sans se placer sous les directions des syndicats et des intersyndicales.
Ce n’est pas une simple action revendicative contre le gouvernement mais une action de classe, économique, politique et sociale, à la fois contre les classes dirigeantes et les classes possédantes que les appareils syndicaux vont faire de leur mieux pour ramener à une action purement économique, sans remise en cause de ces classes plus oppresseuses et exploiteuses que jamais !
La principale garantie d’avenir pour les exploités, c’est qu’ils ne comptent pas sur ces appareils bureaucratiques qui les ont toujours trompés, qui négocient déjà dans leur dos, qui sont financés par nos ennemis et qui les ont toujours mené à l’échec, c’est qu’ils organisent eux-mêmes leurs comités d’organisation de la lutte, partout dans les entreprises, dans les régions, dans tout le pays, et les fédèrent, remettant en cause la direction de la lutte par les syndicats. C’est une véritable prise du pouvoir qui doit être menée où les travailleurs reprennent le pouvoir sur la lutte des classes et, qu’elle soit menée avant le 5 décembre, pour le préparer, après le 5 ou plus tard encore, en tout cas on ne pourra pas se passer de cette prise du pouvoir des travailleurs sur leurs propres luttes, seul gage que les travailleurs se donnent réellement les moyens de s’attaquer à leurs ennemis en ayant mis de côté leurs faux amis…
Unissons nos forces, salariés du public et du privé, actifs et chômeurs, en fixe et précaires, jeunes et vieux, hommes et femmes, travailleurs salariés et auto-entrepreneurs, petits artisans, petits paysans et petits commerçants ! Mais ne mettons pas ces forces derrière des appareils antidémocratiques et contre-révolutionnaires qui prônent la « bonne réforme » quand il est clair que toute réforme sera une contre-réforme antisociale parce que le système capitaliste a fait faillite et qu’il coule irrémédiablement toutes caisses publiques !!!