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Les multiples révoltes et révolutions d’Haïti

jeudi 10 octobre 2019, par Robert Paris

Les multiples révoltes et révolutions d’Haïti

Mars 1495 : A Haïti, les Espagnols organisent une grande chasse à l’esclave et rassemblent 1500 Arawaks (hommes, femmes et enfants), qu’ils parquent dans des enclos sous la surveillance d’hommes et de chiens. Cinq cent d’entre eux sont embarqués vers l’Espagne. Deux cent meurent pendant la traversée, et les survivants sont mis en vente dès leur arrivée. Colomb vend chaque indien pour 5000 maravedis.

Avril 1502 : Nicolás de Ovando s’active tant à la « colonisation » de Haïti qu’en 1507 elle ne comptera plus que 60 000 indigènes, les autres étant morts de maladie, dans les travaux forcés ou au cours de la répression des révoltes.

“ Dans l’île de Haïti ”, dit Handelmann, “ le nombre des indigènes trouvés par les Espagnols se montait en 1492 à un million, en 1508 il n’en reste plus que 60 000 et neuf années plus tard, 14 000, de sorte que les Espagnols durent recourir à l’importation d’Indiens des îles voisines pour avoir la main-d’œuvre nécessaire. Pendant la seule année 1508, 40 000 indigènes des îles Bahama furent transportés à Haïti et transformés en esclaves. ”

1522 : Révolte des noirs à Haïti.

1523 : Révolte des noirs à Saint-Domingue.

1537 : Révolte des noirs à Saint-Domingue.

1548 : Révolte des noirs à Saint-Domingue.

1691 : révolte des noirs d’Haïti.

1697 : Partage de l’île entre la France et l’Espagne

1718 : à Saint-Domingue, se forme la bande de marrons de Baboruco qui regroupe jusqu’à 800 esclaves.

Dans les années 1750, l’esclave François Mackandal organise la lutte contre l’esclavage en Haïti. Le tonnerre des tambours retentissait à Haïti : dans la région du Cap, le mahométan Mackandal, manchot à qui l’on attribuait des pouvoirs lycanthropiques, entreprenait une révolution par le poison, introduisant dans les maisons et les élevages des virus inconnus qui foudroyaient les hommes et les animaux domestiques. Il prépare du poison à partir de plantes et le distribue aux esclaves afin que ces derniers le mélangent aux boissons ou aux aliments des Français. Il devient un chef charismatique et unit les bandes d’esclaves marrons. Il crée un réseau d’organisations secrètes dans les plantations. Contre celles-ci, il dirige plusieurs actions nocturnes d’esclaves, à la lueur des flambeaux, et ils tuent leurs propriétaires. Accusé de « séduction, profanation et empoisonnement » par l’autorité coloniale française, il est condamné à mort par un arrêt du 20 janvier 1758 et livré le jour-même au bûcher.

La Grande révolte des Noirs débuta en août 1791 à la suite de la Cérémonie de Bois-Caïman, dans la plaine du Nord : plus de 1 000 Blancs furent tués et les plantations incendiées. Le 14 août 1791, Bookman débute une action collective, concertée, consciente, organisée, et qui témoigne même d’une capacité politique hors du commun… Il commence par préparer l’action en réunissant les insurgés en pleine nuit à Bois-Caïman. Ce sont des milliers d’esclaves du nord de l’ile qui s’y retrouvent et programment la jacquerie pour le 22 août 1791. L’information n’a pas filtré et les esclavagistes français sont totalement pris par surprise. Ils sont aussi surpris par l’ampleur de cette révolte, par son organisation, par sa violence, par sa durée. Une fois démarrée, la révolte frappe systématiquement ses ennemis, sans pitié… De plus, la révolte d’esclaves ne cesse de s’étendre, non seulement à l’ile d’Haïti mais aussi à la Guadeloupe et à Sainte-Lucie. La République française, qui est toujours esclavagiste, est contrainte de reculer devant la force du mouvement de libération.

Sous la conduite de leurs chefs — dont les plus importants furent Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines — les Noirs passèrent d’une révolte à une guerre de libération en s’alliant d’abord aux Espagnols de Saint-Domingue, en guerre contre la nouvelle République française. De nombreux Blancs, royalistes, soutinrent les Britanniques ou les Espagnols. Les commissaires de la Convention, guidés à la fois par leur idéal et la nécessité de se trouver des alliés, proclamèrent la liberté des esclaves ; Sonthonax, le 29 août 1793, pour la province du Nord, et Polverel, progressivement jusqu’en octobre dans les provinces du Sud et du Centre.

En 1800, Dessalines, à la tête de l’armée révolutionnaire des Noirs, contrôle le Sud et l’Ouest d’Haïti. En 1804, il proclame l’indépendance d’Haïti. Dessalines est proclamé empereur 9 mois après. Il est assassiné en 1806.

1844 : Division de l’île en 2 parties : Haïti et République dominicaine

En septembre 1883, devant une insurrection bourgeoise à Port-au-Prince, le président noir Lysius Salomon fit massacrer 4 000 mulâtres. Il fallut la menace d’une intervention étrangère pour que le calme revint. Salomon, néanmoins, sut rétablir les finances du pays ; il acheva le paiement de la dette. Il développa l’enseignement secondaire et rural. Devant une double révolte de Port-au-Prince et des cacos, il dut s’exiler en août 1888.

27 juillet 1915 : Lynchage du président pro-impérialiste Vilbrun Guillaume Sam. Une révolte populaire se déclencha à la suite du massacre des prisonniers politiques sur l’ordre du président Vilbrun Guillaume. Ne pouvant dominer la situation, il se réfugia à la Légation Française qui fut violée par la populace qui l’en arracha pour ensuite le lyncher. Les Américains qui avaient pris position dans le port du Cap-Haitien reçurent l’ordre de se rendre en toute urgence à Port-au-Prince. Ils y débarquèrent le lendemain et occupèrent officiellement Haïti pendant 21 ans.

À la fin de l’année 1919, le pays fut en état d’insurrection. Les paysans armés, surnommés « cacos » furent jusqu’à 40 000. Leurs chefs les plus connus furent Charlemagne Péralte et Benoît Batraville qui allèrent jusqu’à attaquer la capitale, Port-au-Prince en octobre 1919. Il fallut deux ans aux Marines américains pour mater la révolte au prix de plus de deux mille morts.

En octobre 1937, se déroule un massacre d’Haïtiens en République dominicaine. Ce fut un évènement dramatique survenu à la suite de la décision du président de la République dominicaine, Rafael Leónidas Trujillo Molina, d’éliminer physiquement les membres de la communauté haïtienne travaillant dans les plantations dominicaines qui ne subissaient pas passivement leur exploitation. Ce massacre organisé par l’armée dominicaine, sous le nom d’"Opération Perejil" va causer la mort d’environ 20 000 Haïtiens, hommes, femmes et enfants. Ce massacre est surnommé "Kouto-a" ou kout kouto (le couteau) par les Haïtiens. Il se déroula près de la frontière haïtiano-dominicaine le long de la rivière du Massacre nommée ainsi depuis ce carnage.

L’année 1957 fut troublée de putschs, attentats et scandales pour finir par mettre en place un pouvoir sanguinaire capable d’écraser la révolte du peuple haïtien. Le président provisoire Daniel Fignolé fut défait par le chef de l’armée qu’il avait nommé lui-même un mois plus tôt. En septembre 1957, l’armée organisa des élections : le médecin François Duvalier, dit « Papa Doc », fut élu président de la République, grâce au soutien des Noirs qui virent en lui le moyen de mettre fin au règne des Mulâtres. Le régime s’appuya sur une milice paramilitaire, les Volontaires de la sécurité nationale surnommés les « tontons macoutes ». Avec cette garde prétorienne personnelle, il neutralisa l’armée, sema la terreur dans tout le pays et parvint à étouffer toute résistance. En février 1971, François Duvalier organisa un plébiscite pour désigner son fils, Jean-Claude, comme successeur.

1984 : Plus de 200 paysans furent massacrés à Jean-Rabel après une manifestation pour l’accès à des propriétés terriennes. La Conférence des évêques haïtiens lança un programme d’instruction partout dans le pays (mais de courte durée).

En 1984, pour la première fois depuis le début de la dictature des Duvalier, des émeutes éclatèrent, et les populations des bidonvilles mirent au pillage les entrepôts de nourriture. Les émeutes anti-gouvernementales eurent lieu dans toutes les villes principales du pays.

Les premières émeutes ont commencé en mai 1984 dans la ville de Gonaïves. Malgré la répression habituelle, les échauffourées et les manifestations ne cessèrent pas. Les écoliers et les lycéens manifestaient aux cris de : « A bas la misère, à bas le chômage ». A Raboteau, Gonaïves, le 14 mai, les premières pancartes sont sorties, inscrivant clairement ce que tout le monde pense : Aba la mize. Les ministres, envoyés sur les lieux, sont insultés. Les manifestations suivent les paroles et elles gagnent La Fossette au Cap, puis Hinche. La révolte du peuple a commencé et elle n’est pas prête de s’éteindre…

En mai 1984, le bidonville de La Fossette, au Cap, s’émeute.

En 1984, les émeutes des Gonaïves lancent le soulèvement de tout un peuple : jeunesse, femmes, travailleurs, ti kominote legliz (communautés ecclésiales de base) et organisations paysannes. C’est à Gonaïves, la capitale symbole de l’indépendance d’Haïti à l’époque de la première république noire de Dessalines en 1804, que la révolte populaire prend un tour massif et public. Déjà, en mai 1984, des manifestations contre la dictature à Gonaïves avaient pris un tour explosif.

Le 28 octobre 1985, Pollux Saint-Jean, enfant de Gonaïves, est arrêté sans jugement. Le peuple manifeste aux cris de « Réclamons Pollux » qui se transforment vite en manifestations avec pancartes : « ABA JAN KLOD », « ABA LA KONSTITUSYON », « ABA LA DIKTATI, VIV LAME ». Cette dernière mention favorable aux petits soldats est caractéristique des manifestations à Gonaïves car il semble qu’en cette localité, les soldats soient réticents pour appliquer les mesures anti-populaires du pouvoir. Ce n’est pas ainsi que l’armée est perçue dans nombre d’autres régions, particulièrement dans les zones campagnardes. Le 27 novembre 1985, le mot d’ordre « A bas Jean-Claude ! » est lancé sur les ondes de Radio Lumière. Le ministre Alix Cinéa, dépêché sur place, fait face au peuple des bidonvilles de Gonaïves qui ne s’en laisse pas compter. Désormais, ce n’est pas avec du blabla gouvernemental que l’on va calmer le peuple. Les échauffourées reprennent. Les tracts à la main circulent avec marqué clairement « Jean Clod asasin, aleousan ! ». Les manifestants entrent dans les collèges et entraînent massivement les jeunes dans la rue.

Le 28 novembre 1985, l’armée et la milice tirent et tuent à Gonaïves : trois jeunes écoliers sans armes sont abattus en plein jour. Désormais, les noms de Jean-Robert Cius (19 ans), Michel Mackenson (12 ans) et Daniel Israël ne vont pas cesser d’hanter la révolte jusqu’au départ de Bébé Doc le sanglant. Dans la rue de Gonaïves, les jeunes demandent justice et sont suivis de ceux de Marchand-Dessalines, petite ville de l’Arbonite. Toute la jeunesse du pays se mobilise et pousse les aînés à s’engager dans le mouvement. La radicalisation n’est pas prête de retomber. Les communautés religieuses sont débordées par la révolte et l’accompagnent.

A Gonaïves, les manifestants se sont imposés face à l’armée. Ils étaient partiellement armés de machettes et de couteaux et très déterminés. L’armée a été contrainte de reculer. Les manifestants ont désarmé des policiers et des soldats et se sont emparés de fusils. Ils ont été un exemple pour le petit peuple dans l’ensemble du pays. Le déchoukage a commencé…

En janvier 1986, malgré les tentatives de Duvalier de réprimer, les manifestations gagnent l’ensemble du pays.

Le 8 janvier 1986, à Gonaïves, les forces de l’ordre tirent et tuent Dieulifet Petit, un ouvrier boulanger.

La mutinerie commence à menacer le régime. Est-ce le fait de soldats révoltés ou de gradés qui préparent l’avenir sentant le vent tourner ?

Le 14 janvier 1986, apparaît le « MOSOLDA, Mouvman solda lame dayiti » (mouvement des petits soldats contre la dictature).

Le 25 janvier 1986, la « Déclaration numéro un » du Comité provisoire pour l’organisation de la lutte du peuple haïtien affirmait : « Pour arriver à préparer une grève nationale en vue de déchouquer ce régime dictatorial par héritage, pour réussir à rebâtir une terre d’Haïti où cessera l’exploitation, où le peuple pourra avoir droit à la santé, l’éducation pour ses enfants, la sécurité, la liberté en tout ce dont un peuple vaillant a besoin pour vivre, IL FAUT S’ORGANISER.

Pour cela, chaque ville, chaque localité, chaque section rurale, chaque quartier formera un comité de lutte populaire. Ces comités seront responsables de la circulation de l’information et de la coordination des actions faites dans le pays. Tous les comités populaires devront rester secrets et travailler sous le manteau afin que les espions ne les mangent pas. »

Le 28 janvier 1986, trois personnes sont encore abattues au Cap. Trois autres meurent pendant les opérations d’embauchage des braceros à Léogane. Les manifestations contre l’embauche deviennent violentes à Léogane et à La Croix-des-Bouquets. Le 27, le tribunal civil et le parquet des Gonaïves sont incendiés.

Au Cap Haïtien, 40 000 manifestants se retrouvèrent le 29 janvier 1986 pour demander le départ de Duvalier.

Partout en province, les jeunes tenaient tête aux miliciens et aux soldats qui tiraient et tuaient. A Port-au-Prince, les « tontons macoutes » étaient concentrés et regroupés. L’état de siège fut décrété à partir du 30 janvier 1986 au soir.

Le 7 février 1986, après des semaines de manifestations antigouvernementales, le « président à vie » Jean-Claude Duvalier, dit Bébé Doc, est chassé du pouvoir et se réfugie en France. L’annonce de la chute de Duvalier est suivie de déchoukage dans tout le pays. Les macoutes sont violemment pris à partie.

Le 7 février 1986, Duvalier est tombé et l’annonce de sa chute, loin de calmer, entraîne un véritable soulèvement populaire. Des manifestations de masse dans tout le pays tournent au déchoukage des macoutes connus. Partout, naissent des organisations spontanées qui discutent de l’avenir du pays.

Le 26 avril 1986, l’armée allait donner une preuve de ce qu’elle estimait être le danger. Une grande manifestation du souvenir s’avançait vers Fort Dimanche, la caserne où furent arrêtés et torturés bon nombre des 30.000 Haïtiens victimes de Duvalier. Soudain l’armée tire sur la manifestation pacifique : six morts. Le nouveau pouvoir issu de la chute de Duvalier n’avait pas attendu pour annoncer la couleur ! Ce n’est que le début d’une longue série de crimes de l’armée.

Mais cela ne suffit pas à faire rentrer dans le rang un peuple travailleur qui vient de commencer à mesurer sa force. La chute de Duvalier signifie aussi que les travailleurs s’organisent, luttent, se battent contre leurs patrons. La chape de plomb de la dictature ne joue plus son rôle.

En mars 1986, le capitaline Diderot Sylvain gifle un chauffeur et est pris à parti par la population pauvre qui s’attaque aux militaires. L’armée répond par une répression féroce, faisant de nombreux morts. Des barricades sont érigées par le peuple dans les rues. Le nouveau pouvoir ne vaut pas plus cher que l’ancien.

Le 26 avril 1986, la fusillade de Fort Dimanche montre une fois de plus que le pouvoir militaire est l’ennemi du petit peuple d’Haïti.

Le 7 novembre 1986, 200.000 manifestants sont dans la rue pour Charlot Jacquelin

Le 17 novembre 1986, une grève générale se déclenche pour obtenir la dissolution du CNG. Le parti stalinien le PUCH apparaît alors comme une force radicale. Avec les Ti-Légliz, ce sont les militants les plus radicaux. Les milieux populaires croient à ce moment disposer d’organisations qui vont vouloir vraiment démacoutiser le pouvoir... Mais c’était une illusion.

La montée populaire est marquée par la manifestation du 10 juillet dans les rues de Port-au-Prince, avec les drapeaux rouges du PUCH et Theodore en tête. Mais le radicalisme du PUCH ne va pas durer.

Du 23 au 28 juillet 1987, 250 paysans de Jean Rabel étaient assassinés par la milice privée de Poitevin et de Lucas, montrant que le pouvoir du CNG soutenait les massacreurs... Ces assassinats devaient en encourager d’autres. Dans les campagnes, les macoutes démoralisés reprenaient confiance.

A partir de septembre 1987 jusqu’en septembre 1988, multiplication des massacres organisés par des groupes armés.

Le 29 novembre 1987, les élections sont annulées. Tous les candidats aux élections du 29 novembre 1987, y compris Gourgue et Theodore, savaient parfaitement que les chefs de l’armée préparaient un coup d’état - le CNG avait à peine caché son jeu - mais ils se gardaient bien d’en prévenir la population. ils craignaient plus que celle-ci s’arme et renverse le pouvoir que de risquer d’être menacés par un coup d’état militaire.

Le 18 juin 1988, Namphy reprend le pouvoir et nomme, le 22 juin, un gouvernement de militaires.

Le 10 septembre 1988, massacre au cours d’une messe à Port-au-Prince. A coups de revolvers, de piques et de machettes, les hommes de main du général Namphy font 13 morts et 70 blessés.

Septembre 1988 Début de la rébellion des soldats qui déposent leurs commandants et leurs officiers supérieurs. Il n’y aura aucune politique des organisations milieux populaires pour faire en sorte que le mouvement populaire se lie aux petits soldats pour désarmer les généraux, les grands propriétaires et les classes dirigeantes.

Le 18 septembre 1988, le général Prosper Avril, chef de la garde présidentelle et ancien homme de confiance de BébéDoc renverse Namphy. Durant toute l’année qui suit, le général Avril échappe à plusieurs tentatives de coup d’état et ne peut rétblir la paix sociale.

Le 31 mars 1989, un putsch militaire échoue.

De août à novembre 1989, la répression par l’armée ou les "zenglendos", militaires reprenant les méthodes macoutes se développe : enlèvements, assassinats, tortures...

7 et 8 novembre 1989, 22 novembre 1989 et 29 novembre 1989 : une série de grèves générales contre la répression

Le 16 décembre 1990, le père Jean Bertrand Aristide, partisan de la « théologie de la libération », remporte haut la main l’élection présidentielle et devient président le 7 février 1991. Il est renversé le 30 septembre 1991 par un coup d’état dirigé par le général Raoul Cédras, commandant en chef de l’armée.

Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1991 a lieu une mobilisation populaire spontanée pour faire barrage à la tentative de confiscation de sa volonté par l’ancien chef des « tontons macoutes » et les partisans de Roger Lafontant. Devant le coup d’état de Lafontant, les masses populaires se mobilisent mais c’est Aristide qui les calme en leur disant de respecter l’ordre constitutionnel et d’attendre les élections… Les ouvriers sont alors une force importante de la mobilisation et tous les Aristide craignent plus les ouvriers que les coups d’états militaires. A l’époque, il y avait 60.000 ouvriers dans la zone industrielle de Port-au-Prince (Sonapi et Parc Mews) et 8.000 ouvriers dans les anciennes entreprises industrielles (Hasco, la Minoterie, l’Acierie, la Cimenterie d’Haïti…). Ils manifestent ensemble massivement le 10 juillet.

Le 10 juillet 1991, manifestation ouvrière devant le parlement pour un salaire minimum de 28 gourdes

En septembre 1991, à la suite d’un putsch sanglant, suivi d’une violente répression, une junte militaire dirigée par le général Raoul Cédras reprit le pouvoir. Alors que depuis son élection, Aristide n’avait cessé de célébrer « la réconciliation du peuple et de l’armée », Cédras et sa clique se chargèrent de démontrer le contraire en soumettant le pays à une sanglante répression. Aristide s’exila aux États-Unis. Ces derniers décidèrent le blocus économique d’Haïti, ce qui aggrava plus encore la vie dans l’île. Poussés par la misère, des milliers d’Haïtiens fuirent ou tentèrent de fuir le pays. 29 septembre 1991 Avec le renversement d’Aristide par le général Cédras, celui qu’Aristide lui-même avait nommé son chef d’Etat-major des armées et dont le coup d’état est soutenu par les classes dirigeantes, des massacres dans les quartiers populaires font 2000 morts en deux jours. De septembre à février 1992 : des milliers de morts, victimes de la répression 30 septembre 1991- premiers jours d’octobre : Dans l’après-midi du 30 septembre, un commando de soldats se rend à Lamentin 54, dans la banlieue de Port-au-Prince, ouvre le feu au hasard sur les piétons et les maisons du quartier, et jette des grenades, toujours au hasard, dans plusieurs maisons du quartier, apparemment en représailles après l’assassinat d’un sergent de la caserne locale dans la matinée du 30. La répression se poursuit pendant deux à trois semaines, faisant un total de 30 à 40 victimes. Selon des témoignages recueillis par la Commission Vérité et Justice, plusieurs cadavres auraient été jetés dans des fosses communes creusées à proximité du quartier sur ordre des soldats ; plusieurs jeunes auraient également été exécutés après avoir creusé ces fosses ; d’autres cadavres auraient « été disparus » après avoir été emmenés en camion. 1er et 2 octobre 1991 : Lors du Coup d’État militaire, à Martissant, un quartier de Port-au-Prince, pendant les deux jours qui suivirent le Coup d’État, des soldats et des attachés paramilitaires terrorisent la population locale et tuent au moins sept individus, dont un mineur. Cette tuerie aurait été organisée après l’incendie du domicile d’un lieutenant de l’armé dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre. 2 octobre 1991 : Lors du Coup d’État militaire, trente civils sont tués dans la même journée à Cité-Soleil, un bidonville à l’ouest de Port-au-Prince, connu pour abriter de nombreux partisans du président Aristide, par des soldats de l’armée, après l’attaque d’un commissariat local. 2 octobre 1991 : Au moins 7 personnes sont tuées aux Gonaives, dont un enfant et un adolescent, par l’armée lors d’une manifestation de soutien au président Aristide.

Février 1992, la répression s’intensifie dans les quartiers populaires, les partisans d’Aristide sont pourchassés. Les 40.000 ouvriers de la zone industrielle de Port-au-Prince sont licenciés.

En 1994, la Cité Soleil mise à feu et à sang. Quelque 70 hommes, femmes et enfants sont morts lors d’une attaque lancée par des membres du FRAPH contre un quartier pauvre de Port-au-Prince connu sous le nom de Cité Soleil, en décembre 1993. Certains ont été brûlés vifs dans l’incendie provoqué par les membres du FRAPH, d’autres ont été abattus alors qu’ils tentaient d’échapper aux flammes. Plusieurs personnes ont été portées manquantes, leur corps n’ayant pu être retrouvé. Selon certaines sources, les militaires et les policiers se sont contentés de regarder tandis que les sapeurs-pompiers, lesquels dépendent de l’armée, n’ont rien fait ou rien pu faire pour lutter contre l’incendie. Il semble que l’attaque ait été menée en représailles de la mort d’un militant du FRAPH tué la veille au soir. Selon des groupes locaux de défense des droits de l’homme, les habi¬tants du bidonville n’étaient pas responsables de sa mort. Attaques répétées contre le bidonville de Raboteau près de Gonaïves

28 mai 1999 : La Police Nationale Haïtienne (PNH) tue 11 personnes dans la nuit du 27 au 28 mai, dans un bidonville au-dessus du quartier de Carrefour-Feuilles, à Port-au-Prince, à l’issue d’une patrouille de routine à l’origine. Selon les examens médico-légaux de la MICIVIH, réalisés dans les jours qui suivent, il s’agit d’exécutions extrajudiciaires « menées de sang froid », les 11 individus ayant eu les mains attachées dans le dos et étant allongés sur le ventre au moment de la mort. Huit des onze victimes n’étaient pas armées. Bien que cette tuerie ne semble pas avoir de racines politiques, elle provoque une émotion considérable dans la population car elle constitue la première grande tuerie depuis le retour de la démocratie et suggère donc que les tactiques violentes de la Police Haïtienne, qui avait remplacé les Forces Armées d’Haïti en 1994, contre les pauvres n’ont pas cessé.

En 2003, le retournement de certains chefs de gangs contre le pouvoir, conjugué à une mobilisation populaire massive défiant la violence du régime, précipitent la déstabilisation du crédit et du pouvoir d’Aristide. Les manifestations massives de 2003-2004 conduisent finalement à la chute d’Aristide

11 février 2004 : Événement nommé « massacre de la scierie » par les médias haïtiens. Cinquante personnes, membres de RAMSICOM (parfois orthographié RAMICOS), une organisation populaire d’opposition au président Aristide, sont tuées dans le quartier dit de la Scierie, à Saint-Marc (département de l’Ouest), par des partisans armés et illégaux de Jean-Bertrand Aristide, communément appelés chimères, et dirigés par l’organisation Balé Wouzé , dont le leader, Amanus Mayette, est alors député au Parlement.

Les troupes d’occupation franco-américaines ont débarqué en Haïti, le 1er mars 2004.

29 septembre 2004, nouvelle intervention des USA pour enlever du pouvoir Aristide.

Les émeutes de la faim de 2008 déstabilisent à nouveau le pouvoir et ramènent la politique dans la rue. Révoltes de la faim et répression font des quantités de victimes

La grève ouvrière pour les 200 gourdes de 2009 s’étend, trouve le soutien des jeunes et des étudiants, menace de devenir le centre politique de la révolte populaire.
Un rapport de la Minustah reconnaît l’échec de son opération politique et militaire en Haïti et préconise de mettre Haïti sous tutelle avec occupation militaire massive.

2010 : le séisme qui détruit une partie de l’île sert de prétexte à une intervention américaine et impérialiste contre le peuple travailleur haïtien. L’occupation militaire se poursuit jusqu’à aujourd’hui, bien loin de ses prétextes sismologiques !!! C’est le séisme social et révolutionnaire du peuple travailleur d’Haïti qui la motive…

Le 30 septembre 2012, après des journées d’émeutes au Cap Haïtien, Port-au-Prince connaît la première manifestation antigouvernementale depuis l’élection de Martelly à l’occasion de la commémoration du coup d’État du 30 septembre 1991 contre Aristide. Les violentes manifestations de septembre et octobre 2012 proclament : « Nap pran beton si pap gen anyen ki fèt » (si rien n’est fait, nous prendrons la rue).

Les manifestations massives de fin novembre 2013 témoignent encore de la défiance populaire vis-à-vis d’un pouvoir ne disposant d’aucun ancrage militant et malgré un activisme certain, incapable de résoudre aucun des problèmes criants sociaux et politiques d’Haïti.

2015 : révolte contre les arnaques du pouvoir des corrompus pour l’aide à la reconstruction.

2017 : grèves de l’éducation, du textile, des transporteurs, du secteur des ouvriers de la sous-traitance…

Février 2018. Des manifestations de masse paralysent Haïti. Les manifestations, aujourd’hui appelées « Pays lock », ont pris la forme d’une grève générale ayant pour but de paralyser le pays jusqu’à la démission du président Moïse. La grève est alimentée par, en plus de la corruption du gouvernement, une inflation insupportable et un taux de change avec les États-Unis qui est monté à 84 gourdes pour un dollar. Il y a un an, le taux était de 64 contre un.

Juillet 2018 : grève générale. De violentes manifestations ont forcé le gouvernement haïtien à annuler des augmentations du prix du carburant. Près de trois semaines après que de violentes manifestations ont forcé le gouvernement haïtien à annuler des augmentations du prix du carburant, la bourgeoisie haïtienne demeure en état de crise. Pendant que le gouvernement est en quête de sources de revenus, la Police nationale d’Haïti (PNH) profite de la faiblesse du président Jovenel Moïse pour avancer sa propre position. L’annulation de ce qui aurait représenté une augmentation de 38% du prix du litre d’essence a temporairement permis de ramener l’ordre, mais une manifestation tenue mardi à Port-au-Prince exigeait la libération inconditionnelle et immédiate de toutes les personnes arrêtées lors des événements du 6 au 8 juillet.

Octobre et novembre 2018. Des dizaines de milliers de personnes en colère en Haïti manifestent pour exiger la démission immédiate du président Jovenel Moïse et protester contre la corruption en lien avec le sulfureux programme PetroCaribe.
Lors de la manifestation du mercredi 17 octobre 2018, huit personnes ont été tuées, soixante-et-une autres blessées, dont plusieurs par balles, selon le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Les funérailles de plusieurs de ces manifestants, le 31 octobre 2018, a pris un tournant revendicatif, entraînant à nouveau des affrontements et la répression, qui a fait au moins un mort et huit blessés.

Février 2019, des émeutes ont éclaté à cause de la vie chère à Port-au-Prince.

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