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La destruction de l’hôpital public ne sert que des intérêts privés !

jeudi 11 avril 2019, par Robert Paris

Urgences de Saint Antoine en grève

C’est en s’organisant par eux-mêmes que les personnels des Urgences de l’hôpital Saint Antoine ont déclenché leur action. Ils signent eux-mêmes leurs propres tracts : « Des aides-soignants et infirmiers des Urgences de l’APHP », preuve non seulement qu’ils se dirigent eux-mêmes mais aussi qu’ils s’adressent par ce tract aux autres hôpitaux, se sont réunis avec des personnels d’autres services d’urgence et exercent ainsi une forte pression sur la direction de l’APHP et le gouvernement. Ils soulignent dans leur appel les difficultés particulières des Urgences et appellent tous les personnels à les soutenir.

Ça urge !

Les Urgences de Saint Antoine sont en grève réclament une prime spécifique de 300€ comme dans les services d’urgence en psychiatrie. Ils ont été voir des collègues des autres urgences pour étendre le mouvement. La direction essaie de l’éteindre en cédant très partiellement, en titularisant les CDD au fur et à mesure jusqu’à la fin 2019 et en fournissant des personnels de sécurité par boites privées. Il y avait eu plusieurs agressions des personnels en peu de temps. Comme dans le cas de Mondor qui avait obtenu huit créations de postes d’infirmiers et quatre d’aides soignants, parce que le gouvernement craignait l’extension. Comme aux urgences de La Timone aussi en grève. Il y a eu des réunions avec des personnels de plusieurs hôpitaux. La peur gagne le gouvernement et on a les moyens de les faire céder pour des embauches, de la sécurité, du matériel et pour la revendication des 300€.

Ni parole, ni écoute : la direction aux abonnés absents

Face aux personnels des Urgences de Saint Antoine en grève, face aux autres personnels en colère de l’hôpital, notamment ceux de Neurologie, la directrice du supraGH, APHP.6, en visite à l’hôpital Saint Antoine, n’a pu que se carapater, que prendre la poudre d’escampette, que s’exfiltrer en… urgence ! Elle ne risquait pas de parler avec les personnels : elle n’a rien à leur dire et aucune envie de les entendre. Maintenant, elle est bien cloitrée dans ses bureaux, là où personne ne conteste ses avis et où tout le monde lui fait une cour assidue. Peu lui importe la réalité, elle considère que c’est elle qui en est maîtresse. Manque de chance : nous sommes là et nous ne voyons pas du tout les choses du même côté !

Présentation ou représentation ?

Lors de la venue de la directrice de la directrice de la Supra GH APHP.6 pour présentation le 21 mars dernier. Les personnels de l’hôpital et ceux des urgences en grève ont voulu profiter de cette rencontre pour lui présenter la vraie réalité de l’hôpital. Mais apparemment elle n’avait que faire des difficultés rencontrées par le personnel dans leur quotidien. Elle a préféré esquiver en se dérobant par la petite porte. Elle aurait voulu qu’on l’écoute religieusement, qu’on boive ses paroles en lui disant encore « merci ». 0n sait que toute sa belle présentation n’augure rien de bon.

La Neuro rend... nerveux

L’encadrement de ce secteur de Saint Antoine confond décidément direction et guerre des nerfs ! Tout est bon pour cela. Ils pratiquent intimidations et pressions pour masquer leur propre incompétence. Ils ne savent pas diriger et nous accusent, nous les « dirigés », de ne pas savoir leur obéir ! Si on ne marche pas le doigt sur la couture du pantalon, ces gens-là cherchent des boucs émissaires. Mais c’est leur fonctionnement qui laisse à désirer et on ne va pas obéir à leur désordre organisé juste pour se faire bien voir !

Privatiser tue

Après la mort de cinq personnes âgées, sans compter les autres victimes dans un état grave, dans un EPHAD, ce qui ressort le plus, c’est la volonté de l’ARS, et derrière elle du gouvernement, de blanchir la société privée de gestion, Korian, dans cette catastrophe humaine et sociale. Ce n’est pas un hasard si c’est la nourriture de l’établissement qui est cause du drame : 5 euros par jour et par personne en moyenne sont attribués pour la nourriture des personnes et pour le groupe Korian, c’est trois euros quarante six ! La pression des gouvernants et des groupes privés s’accentue pour restreindre encore les dotations et les dépenses. Cela n’empêche pas les familles de faire d’énormes dépenses pour payer les séjours en EPHAD et les sociétés privées d’EPHAD d’accumuler des superprofits. Entre les deux, les personnes âgées sont abandonnées à elles-mêmes car les EPHAD manquent cruellement de moyens et de personnel.

Le secteur public s’autodétruit

Même les mouroirs de la gériatrie publique, ils veulent les fermer… On vient de nous annoncer que la moitié des lits de gériatrie publique de l’APHP va disparaître au profit des grands groupes privés d’EPHAD ! La ministre clame qu’elle n’a pas assez d’argent dans les caisses publiques pour financer la gériatrie ! On vient de voir récemment, à Korian, comment les personnes âgées seront bien traitées dans une gériatrie entièrement privée ! Et cette attaque du secteur public de gériatrie n’est qu’une partie de la destruction de tout le secteur public, non seulement celui de la santé mais celui de la poste, des transports, de l’énergie, de la recherche et de l’enseignement. Inutile d’attendre que tout soit détruit pour se révolter !

La fonction anti-publique du gouvernement

Le projet de loi de la transformation de la fonction publique vient d’être divulgué mais on aurait dû, sans hypocrisie, l’appeler loi de « destruction » plutôt que de « transformation ». En effet, c’est au statut de fonctionnaire que le gouvernement s’attaque, en même temps qu’il remet en cause tous les services publics, ne voulant se servir de l’argent public que pour aider le secteur privé !

Il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin

Martin Hirsch, qui a écrit tout un livre « Pour en finir avec les conflits d’intérêt », en connaît un rayon en la matière… Il n’y a pas que sa ministre pour goûter des relations douteuses avec les trusts de la Santé. Lui-même ne s’en prive pas. Il avait trouvé parfaitement normal qu’un pneumologue de l’APHP soit payé par Total. Et cette fois, Martin trouve parfaitement normal qu’un chef du service cardiologie de Bichat soit consultant pour Sanofi, Bayer, Pfizer, MSD, Novartis, BMS et même Servier. Ce dernier s’est fait ainsi un argent de poche de presque trois cent mille euros. Martin a répondu : « On ne va pas lui demander de renoncer à ses contrats. »

Quand les poids morts nous parlent de rentabilité

Dans toutes les réunions, des cadres et chefs de service ne parlent plus que de rendement. On se croirait à l’usine, à la production ! Mais de quel rendement s’agit-il ? Est-ce que le rendement personnel augmente quand on est crevés, quand on est stressés, quand on nous demande sans cesse de rempiler ? Est-ce rentable d’épuiser les personnels en diminuant sans cesse les effectifs ? Est-ce que le mode de gestion des cadres sans donner de moyens au personnel est rentable ? Et en quel sens : rentable pour les malades, rentable pour les personnels, rentable pour la santé, rentable pour le fonctionnement de l’hôpital ou rentable uniquement au sens comptable, au sens de l’austérité croissante ? Chacun de nous connaît parfaitement la réponse !

On n’arrête pas le progrès… à rebours

Petit historique de la dégradation de l’hôpital public… L’APHP au départ a fermé cinq hôpitaux disant qu’ils étaient trop anciens et vétustes, puis elle a mis en place la T2A, à la place de la dotation globale forfaitaire, pour dire que le chiffre devait primer et pour affirmer que les hôpitaux, étaient endettés et devaient donc accepter des restructurations permanentes et des diminutions d’effectifs, puis elle a constitué les pôles sous prétexte de plus grande efficacité et formé l’HEGP, puis les GH, puis le tout informatique, et aujourd’hui les supraGH, tout cela avec baisse d’effectifs, diminution de l’offre de soins et du nombre des services et des hôpitaux. On a maintenant la constitution de l’hôpital à deux vitesses, avec l’hôpital bas de gamme dit de proximité. Il a regroupé des spécialités dans certains hôpitaux. Le gouvernement a financé la mise en place d’hôpitaux privés dans certaines régions, en interdisant au public de les concurrencer. En fait, leurs buts réels, c’est les économies pour le public et les finances pour le privé. Le point final, c’est santé pour les riches et pas de santé pour les pauvres. Et pour le personnel, l’objectif final est de casser la fonction publique hospitalière, supprimer la garantie de l’emploi. Il ne restera plus alors d’hôpital pour le public. Sauf pour celui qui dispose de moyens financiers. Empêcher tout cela, il ne tient qu’à nous de le décider, en nous organisant pour nous révolter.

Attaques des acquis : la direction essaie de diviser

En attaquant les congés bonifiés, nos adversaires ont cherché à nous diviser en faisant croire qu’ils ne s’en prenaient qu’à une catégorie. En fait, il s’agissait de s’en prendre à un des acquis du personnel, un acquis comme tous les autres, comme d’autres « avantages du personnel », comme les autres congés, comme les jours de repos qu’on a perdus avec la loi Hirsch. L’attaque est menée volontairement contre une fraction du personnel mais en fait c’est tout le monde qui est attaqué. C’est cela qu’il nous aurait fallu discuter collectivement avant de mener une action. Les syndicats ont appelé à un rassemblement jeudi dernier pour défendre les congés bonifiés mais ils n’avaient pas organisé de réunions préparatoires dans les hôpitaux ni des assemblées pour discuter des enjeux, montrer que tous les personnels étaient concernés et s’organisaient pour riposter. Contrairement aux Gilets Jaunes, les syndicats avaient demandé l’autorisation de manifester mais ils n’ont pas été mieux traités pour autant par le gouvernement qui a refusé même de les recevoir comme ils le demandaient. Le mépris affiché des directions et des gouvernants est le même pour tous ceux qui sont opprimés. Raison de plus pour que tous ceux qui sont méprisés se rejoignent dans la lutte.

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