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Il y a 100 ans : Lénine dans "La fin de la guerre italo-turque" dénonçait l’invasion de la Libye par l’impérialisme italien
dimanche 6 janvier 2019, par
En 1911-1912 la guerre dite italo-turque opposa le Royaume d’Italie à l’empire ottoman. Elle aboutit à la domination de la Libye par l’Italie pour trente ans. Le dernier soldat italien quitta le sol libyen en janvier 1943.
Le boucher de la Libye, le Général italien Rodolfo Graziani, écrit dans son livre « Vers le Fezzan », en des termes dignes de Khadafi : « Les soldats italiens étaient convaincus qu’ils étaient la nation dominatrice investie d’une mission noble et civilisatrice. Ils étaient ici, non pour exploiter autrui, mais pour améliorer la situation du pays. Les Italiens se devaient de remplir ce devoir humain, quel qu’en fût le prix. Il faut donc soumettre le peuple libyen de son plein gré au colonialisme italien ainsi qu’aux coutumes et aux lois de l’Italie. Si les Libyens ne se convainquent pas du bien-fondé de ce qui leur est proposé, alors les Italiens devront mener une lutte continuelle contre eux et pourront détruire tout le peuple libyen pour parvenir à la paix, la paix des cimetières... »
Lénine dans l’article "La fin de la guerre italo-turque" oeuvres complètes tome 18 p.343 dénonce cette guerre coloniale :
Des dépêches viennent de nous apprendre que les pré-liminaires de paix ont été signés entre les plénipotentiaires de l’Italie et de la Turquie.
L’Italie « a vaincu ». Il y a un an, elle se précipitait sur les territoires turcs situés en Afrique pour les piller et désormais Tripoli lui appartient. Il n’est pas inutile de revenir sur cette guerre colonialiste typique menée par un Etat « civilisé » du XXe siècle.
Par quoi cette guerre a-t-elle été provoquée ? Par l’avidité des gros financiers et des capitalistes italiens qui avaient besoin d’un nouveau marché, qui avaient besoin que l’impérialisme italien remporte des succès.
Comment a-t-elle été menée ? Nous avons assisté à une boucherie perfectionnée et « civilisée », au massacre des Arabes par les armes les plus « modernes ».
Les Arabes ont résisté avec l’énergie du désespoir. Au début de la guerre, les amiraux italiens avaient eu l’im¬prudence de faire débarquer 1 200 matelots : ils furent attaqués par les Arabes et 600 d’entre eux périrent. En représaille, 3 000 Arabes furent massacrés, des familles entières anéanties, des femmes et des enfants égorgés. L’Italie, n’est-ce pas, est une nation civilisée et consti¬tutionnelle.
Environ 1 000 Arabes ont été pendus.
Les pertes italiennes s’élèvent à plus de 20 000 hommes. Parmi eux on compte 17 429 malades, 600 disparus, 1 405 tués.
Cette guerre a coûté aux Italiens plus de 800 millions de lires, soit plus de 320 millions de roubles. Elle a provoqué un chômage effrayant et une stagnation de l’industrie.
Environ 14 800 Arabes ont péri. En dépit de la signature de la « paix », la guerre va continuer, car les tribus arabes habitant l’intérieur du continent africain, dans les régions éloignées de la mer, ne sont pas soumises. Il va falloir encore les « civiliser » pendant une longue période à coups de baïonnettes et de canons, par la potence, le feu et le viol des femmes.
Il va sans dire que l’Italie n’est ni meilleure ni pire que les autres pays capitalistes. Tous sont également dirigés par une bourgeoisie qui ne recule devant aucun massacre pour acquérir de nouvelles sources de profit.
La « Pravda » n° 129, 28 septembre 1912, Signé : T.