jeudi 19 avril 2018, par
Inutile de chercher l’erreur, il n’y en a pas : Renault parvient à embaucher tout en faisant baisser ses effectifs et sans aucun miracle, bien entendu. Renault comptait 47.711 salariés dans l’Hexagone (au 31 décembre 2017), soit une augmentation de 3% en un an. Par rapport à 2005, les effectifs de Renault ont malgré tout diminué de 32% en France. Ainsi, Renault a perdu un tiers de ses salariés à Douai et en a divisé le nombre de salariés par deux à Flins. Cette année Maubeuge embauchera 127 salariés, Flins embauchera 350 salariés, Cléon embauchera 200 salariés et Douai embauchera 50 salariés mais cela ne compensera même pas les départs…
Une fuite de gaz au Technocentre de Guyancourt a entraîné une coupure du chauffage dans tout le site ! Cela a occasionné, vue l’ambiance très froide, une autorisation de se retirer : « Si la température s’avère trop froide à certains endroits, les managers évaluent la situation et peuvent inviter les employés à partir. » Comme on le voit l’ambiance, côté patronal, restant froide, on ferait bien de faire monter la température… sociale vues notamment toutes les attaques sur les AGS et primes.
La Cour d’appel de Versailles a annulé le licenciement pour faute grave d’un salarié sous-traitant du Technocentre Renault à Guyancourt (Yvelines) qui avait invité par mail les syndicats à diffuser le documentaire satirique « Merci patron ! » et relaté dans la presse une remontrance de son patron à propos de l’envoi de ce courriel. La cour estime que le licenciement porte « atteinte à la liberté d’expression ». Elle condamne l’employeur, Eurodecision, à payer 45 000 euros à son ancien salarié ainsi que 3 000 euros aux syndicats SUD et CGT, qui l’avaient soutenu, pour « atteinte à la liberté syndicale », selon l’arrêt rendu le 28 février. Dommage : Renault qui a demandé à ce sous-traitant de licencier ce salarié n’écope d’aucune peine. Plus facile de condamner un petit qu’un gros patron. C’est pourtant Renault qui avait reproché au salarié du sous-traitant d’avoir diffusé à des salariés du Technocentre un « message électronique à caractère politique » et la justice, en oubliant Renault, se contente de peu…
Les augmentations générales sont gelées, les augmentations personnelles sont rachitiques, les primes sont en baisse, alors que les dividendes des actionnaires et les profits patronaux caracolent… Pour ceux qui croyaient que les bons résultats de l’entreprise profitent automatiquement aux salariés, les AGS bloquées et les primes en chute démontrent qu’il n’en est rien et que tout dépend, non du travail, non des résultats, non des profits, mais du rapport de forces !!! Il n’y a que la grève qui fasse comprendre au patron qu’on n’est pas d’accord à être les seuls à ne pas profiter du tout des fruits de notre propre travail. Qu’on se le dise…
La 100 000 ème Renault Zoe est sortie de l’usine de Flins la semaine dernière. Directeur de la division véhicule électrique, Gilles Normand, ne pouvait pas rater cette célébration. « (…) Je voudrais remercier spécialement les milliers de salariés de Renault, et tous les vendeurs, qui ont travailler dur pour que cela arrive. Et ce n’est que la fin du début… » Donc pour travailler dur et gagner des clopinettes, ce n’est que le commencement… si on se laisse faire…
C’est un millier de salariés dont l’emploi est menacé, sans compter tous les salariés plus précaires et extérieurs travaillant pour ce site. En quoi serions-nous concernés ? Ford, ce n’est pas Renault. Blanquefort, ce n’est pas Lardy. Mais, si la méthode passe, n’est-ce pas nous aussi qu’un jour on mettra à la casserole ? N’est-ce pas ainsi qu’on réussit à faire passer tous les coups bas, en nous séparant les uns des autres, en refusant les actions de solidarité et surtout en refusant l’action de classe, celle où nous nous considérons pour ce que nous sommes : des prolétaires ayant tous les mêmes intérêts ! N’est-on pas en train de casser les cheminots parce qu’on refuse une lutte commune avec les hospitaliers, les postiers, les enseignants et… avec nous ! En continuant à nous laisser diviser quand on nous attaque, nous ne préparons pas des lendemains qui chantent…
Si cet adage ne convient pas à votre situation, c’est qu’il y a erreur, parce que le PDG, lui, a tiré profit de son « travail » à Renault-Nissan : il a entassé entre 120 et 130 millions depuis qu’il est à Renault. Combien ça fait de salaires d’après vous ? Vous pouvez en déduire que ce salarié travaille beaucoup ou bien qu’il est plus généreux pour sa propre paie que pour la notre. A chacun de tirer ses conclusions et d’agir en conséquence… En attendant, vous remarquerez que le PDG a encore menti en annonçant avoir baissé sa paie de 30% : en réalité, la part fixe du salaire va reculer de 19% en 2018, à 1 million d’euros contre 1,23 million les années précédentes.
C’est ainsi que les salariés de Lardy traduisent HSE, que le patron appelle la direction Hygiène Sécurité Environnement, et qui va faire un audit sur le site en avril. Du coup, nos directeurs sont dans leurs petits souliers, et font marner dur leurs correspondants sécurité, pour que tout soit "au trait" le jour J. Si tout le monde est d’accord pour ne pas se détruire la santé (physique et/ou psychique) au boulot, les dernières directives ont tendance à tout mettre sur le dos des salariés (port des EPI : chaussures, lunettes, gants, casquette, et peut-être bientôt gilet pare-balles...), et à faire oublier la responsabilité du patron (article L....), et la priorité à la protection collective par rapport à l’individuelle ! Pour l’hygiène, elle pourrait mettre son nez dans la société de nettoyage pour voir si elle a assez de personnel, de matériels pour faire du bon boulot, et si leur chefaillon de service traite avec respect ses salariés. Pour la sécurité, est-ce que tous les capteurs détection fonctionnent correctement ? Les véhicules LINT sont ils enfin OK ? Les CUET malmenant leurs salariés sont-ils remis dans le droit chemin par leur direction ? Comme quoi il y a de quoi faire plutôt d’emmerder les salariés !
Au CTL, si pour l’avancement de certains dossiers, on assiste à des concours de sur-place, d’autres chantiers s’ouvrent spontanément sans que personne ne soit au courant de la finalité : on casse des cloisons à un endroit, on refait du goudron sur des voies principales en gardant bien secret le plan de circulation alternatif. Faut bien emmerder le peuple pour faire voir qu’on bosse, mais pour les directeurs, on fait un trêve d’une journée, des fois que la poussière les dérange ! En tout cas les salariés se souviendront longtemps de l’anarchie de ce lundi !
En cette période de carnaval, certains membres éminents de la direction avaient enfilé le costume de flic pour vérifier que l’on respectait bien le code de la route. Pour rappel, l’accident de circulation le plus grave de 2017 était dû à un véhicule en stationnement, sans conducteur, le manque d’entretien de ce vh LINT en étant la cause. Nos flics d’opérette auraient-ils retenu le Trafic avec leur gros bras musclés ? Si leur poste respectif leur laisse trop de temps libre, ils peuvent prendre une pelle et creuser le trou du parking forestier qui vient d’être rebouché. Il semble que nos AGS et rallonges des années passées s’y trouvent enfouis comme des trésors archéologiques...
Le prix Goncourt du tract le plus cirage de pompes est attribué à la CFE-CGC, dans son tract de lundi, où ce « syndicat » place Ghosn comme l’homme providentiel, irremplaçable, le comparant à Astérix (avec comme potion magique son vin du Liban ?) - nous on l’aurait plutôt comparé à Picsou, et mettant en exergue les 10 milliards d’Euros par an d’économie due, paraît-il, à la synergie de l’alliance. Mais c’est oublié, que ça va être une fois encore les salariés qui vont encore faire les frais, car, qui dit chasse aux doublons dit moins d’emplois, mais peut-être que les élus CFE-CGC (les Aplusbégalix de la lutte des places) sont sûrs de garder leur poste !
Non seulement l’intéressement financier est de moins en moins "intéressant", par rapport aux dividendes et aux bénéfices de l’entreprise, malgré ce que veut nous faire croire la direction et certains syndicats collabos, mais c’est un vrai casse-tête pour pouvoir récupérer nos sous ! Effectivement, quand un banquier fait une loi, c’est une loi pour arranger les banquiers ! Et maintenant qu’il est président, la loi n’est prête de changer !