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Où va l’Algérie de l’après Bouteflika ? Révolution sociale ou chaos ?!!!

vendredi 16 juin 2017, par Robert Paris

Où va l’Algérie de l’après Bouteflika ?

Qu’a représenté pour le peuple algérien l’ère Bouteflika ? Un tournant après l’époque de la guerre civile sanglante, terroriste et antiterroriste, confrontation sanglante qui, en réalité, avait été choisie par les classes dirigeantes pour faire face à la menace sociale débutée en octobre 1988 par la classe ouvrière et la jeunesse ? Une réponse véritable à la menace que représentait pour la classe dirigeante le printemps arabe qui, rappelons-le, avait commencé en Algérie en même temps qu’en Egypte et en Tunisie ? Une manière de réellement tourner la page du terrorisme ? Une démocratisation ? Un véritable accès aux richesses détournées jusque-là par la classe dirigeante ?

Non ! Rien de tout cela !

Bouteflika n’a fait que retarder l’affrontement inévitable, n’a fait que le repousser un peu, en distribuant une petite part des profits immenses réalisés sur le gaz et le pétrole, c’est-à-dire sur la surexploitation des travailleurs et les travailleurs, les retraités et les chômeurs, eux, n’ont pas profité de ses distributions de fric. Une certaine fraction de la population en a bénéficié, une partie de la jeunesse par exemple. Mais ce sont toujours les mêmes qui détiennent les cordons de la bourse, qui profitent de l’essentiel. Le but de Bouteflika était là : sauver la classe possédante occulte de la dictature militaire algérienne des risques de la révolution sociale. C’est cela qu’il a réalisé mais son système dépendait d’abord et avant tout de sa propre personne. Rien ne dit que cela tiendra après sa mort et les classes dirigeantes sont plus apeurées que jamais, à commencer par les généraux assassins !!! On ne les convaincra jamais que le peuple en révolte ne voudra pas les juges pour les horreurs commises par le pouvoir durant les années de sang de la guerre contre les civils, à partir de 1991 !!!

Si les dernières élections législatives ont montré quelque chose, c’est que le régime dispose d’un répit, ce n’est pas le soutien populaire, ce n’est pas le consensus politique ou social. La population ne participe pas aux comédies pseudo-démocratiques des élections ce qui sous-entend une menace latente : que le peuple travailleurs s’exprime en dehors, dans la rue, dans la grève, dans la manifestation, dans la révolution sociale, une menace toujours suspendue au-dessus de la tête des classes dirigeantes depuis 1988, l’année de la révolte générale des travailleurs et des chômeurs, des femmes et des jeunes…

Les réponses de Bouteflika et des classes dirigeantes, face à la menace d’une reprise des luttes avec la vague des « printemps arabes » a consisté en une distribution d’argent tous azimuts, en une construction de logements, en une distribution d’emplois, en une fuite en avant de transformations sociales, pour désamorcer la colère des jeunes, des femmes ou des travailleurs…

Mais, là où on voit que c’est seulement un répit, une fuite en avant de la peur et pas la construction d’un véritable développement social et économique, c’est qu’en même temps, les classes possédantes ont développé toutes les divisions au sein de la population : toutes les luttes intestines, la guerre de tous contre chacun…

On n’a pas vu se développer que les cadeaux financiers du pouvoir, mais aussi d’autres types de « cadeaux », comme la poussée des actions en justice, pour diviser les familles, pour opposer entre eux les époux, les voisins, les villages, les habitants, les travailleurs, les milieux populaires et la petite bourgeoisie… Chacun se doit maintenant d’attaquer l’autre dans des procès !!!

Tous les moyens pour diviser la population sont développés au maximum, preuve que le pouvoir craint toujours l’explosion d’une révolte populaire.

Ce n’est pas seulement dans les clans du pouvoir que Bouteflika divise pour régner. C’est dans les milieux populaires : entre hommes et femmes, entre jeunes et vieux, entre Kabyles et Arabes, entre régions, entre villages, au sein des villages, au sein des familles, au sein des entreprises, au sein de toutes les organisations, au sein de l’armée, au sein de la police...

Il emploie aussi toutes les divisions internationales pour affermir le régime et les classes possédantes : division avec le Maroc, division entre puissances impérialistes, division entre islamistes et anti-islamistes, etc...

"Notre peuple est également appelé à rester vigilant et solidaire face aux complots dévastateurs ourdis contre la nation arabe tout entière et dont des peuples frères payent aujourd’hui la rançon comme nous mêmes l’avons fait durant la tragédie nationale dont les vents ont soufflé en vérité de l’extérieur", a insisté le chef de l’Etat.

Sous-entendu : le régime est là pour vous sauver des pays étrangers, du terrorisme, du retour de l’anti-terrorisme violent, etc...

Il manie la peur du retour du colonialisme, le nationalisme, la fibre patriotique, le sens de l’Histoire, ou du moins ce qu’il prétend être cela !

Tout cela est guidé par une seule chose : la peur qu’un octobre 1988 des ouvriers, des jeunes et des femmes renverse la classe dirigeante !!!

Et il y a bien d’autres preuves de la même chose : ainsi l’abstention lors des législatives récentes a été une cause de peur intense des classes dirigeantes. Au point que des hommes politiques du pouvoir ont explosé de manière folle contre la population civile, la menaçant des pires sévices, dans les termes les plus violents, allant jusqu’à menacer les femmes qui ne diraient pas à leur mari d’aller voter, affirmant qu’un homme qui ne vote pas n’est pas un homme, qu’on va remplacer de tels hommes, sous-entendant que leurs femmes pourront être violées, attaquées, puisque leurs hommes n’en sont pas, et autre violentes diatribes incroyables !!!!

On a remarqué aussi qu’à chaque mobilisation, d’une catégorie de travailleurs, de retraités, d’anciens militaires, de jeunes, le pouvoir se mobilise immédiatement, tente de désamorcer et d’étouffer la lutte, craint qu’elle se développe, qu’elle soit rendue publique, qu’elle crée un effet d’entraînement, un élément de cristallisation d’une lutte d’ensemble. Si la misère, la hogra, l’exploitation sont toujours le lot du peuple travailleur, la peur politique et sociale est toujours dans le camp des exploiteurs et des oppresseurs, en Algérie !!! C’est toujours une démocratie de pacotille qui est imposée au peuple algérien, qui est condamné non seulement à la dictature militaire et policière, au diktat des partis du pouvoir, mais aussi à un détournement de toutes les richesses par une classe bourgeoise occulte….

L’absence de démocratie se voit à l’interdiction des manifestations, à la répression des grèves, à la mobilisation immédiate de toutes les forces du pouvoir contre chaque tentative de la rébellion de sortir son nez !!!

On l’a vu par exemple dans les manifestations de Bejaïa, personne n’osant même défendre en justice les émeutiers !!!

On l’a vu lors de la grève de Sonelgaz, grève générale du secteur qui s’est déroulée face à l’opposition frontale de l’UGTA, et dans laquelle les leaders de la grève ont été arrêtés. Faire grève est donc un crime d’Etat !!! Il suffit d’une grève qui s’étend pour faire peur au pouvoir !!! Et l’ancienne centrale syndicale courroie de transmission de la dictature continue de casser les vraies grèves !!!

On le voit aussi au fait que le régime se couvre d’une recrudescence de nationalisme. Jamais le pouvoir ne s’est autant caché derrière la lutte d’indépendance qui est sans cesse évoquée, qui est la tasse de thé de tout ce qui soutient la dictature. C’est au point que quiconque critique le régime, social et politique, est accusé d’ « être la main de l’étranger », d’être manipulé par les puissances étrangères, sous-entendu les anciens colonisateurs qui voudraient déstabiliser le pays…

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Messages

  • Les transporteurs privés de voyageurs de la wilaya d’Alger ont entamé, dimanche, une grève inopinée pour protester contre la mise en service de nouveaux bus de l’Etablissement de transport urbain et suburbain d`Alger (ETUSA)

  • Les professionnels de la santé contestent les conditions d’exercice de leur métier alors que près de 10.000 médecins algériens lassés des contraintes ont choisi de pratiquer en France.

    Près de 7000 médecins résidents se sont rassemblés mardi devant le centre hospitalo-universitaire d’Oran, deuxième ville d’Algérie. Les internes réclamaient l’abandon des services civil et militaire obligatoires. Les protestations, qui courent depuis octobre dernier, ont rassemblé des milliers d’internes partout dans le pays. Les manifestants ont aussi décidé de boycotter l’examen national du DEMS, qui sanctionne les six années de spécialisation. Le mouvement des médecins résidents rassemble environ 9000 personnes. Il a petit à petit agrégé d’autres professions de santé, tels que les pharmaciens et les dentistes.

  • Le gouvernement algérien intensifie sa guerre contre le syndicat indépendant des travailleurs de l’électricité et du gaz, SNATEG, qui organise les travailleurs de la société nationale de énergie, SONELGAZ.

    Des centaines d’adhérents, de militants et de délégués ont été licenciés, harcelés et persécutés sur de fausses accusations pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.

    Début 2017, le président du syndicat Raouf Mellal à été condamné à six mois de prison pour avoir dénoncé la corruption et les fraudes massives perpétrées par SONELGAZ.

    Le Snategs souligne avoir appelé à une action de protestation à la Grande-Poste, à Alger, le 20 janvier courant, pour s’opposer à toute opération de privatisation ou d’ouverture de capital des entreprises publiques. Cette protestation, affirme ce syndicat, est également décidée pour contester la loi de finances de 2018 et s’élever contre la répression policière des manifestations.

  • Angoisse et polémique en Algérie face à l’épidémie mortelle de rougeole…

    Au total, six patients sont décédés et plus de 4000 cas ont été enregistrés depuis la fin du mois de janvier. L’épidémie touche 24 wilayas dans le pays, plus particulièrement au sud. El Oued, à 500 km au sud d’Alger, est le secteur le plus touché. C’est là qu’ont été enregistrés quatre des six décès. Mais contrairement à la rumeur, Tamanrasset ne serait pas touchée.

  • Peut-on avoir un président qui est déjà mort ou en soins palliatifs ? Peut-on avoir un candidat à l’élection présidentielle qui est dans ce cas ? Peut-on avoir une famille présidentielle qui se planque derrière un mort non vivant ? Eh bien, c’est ce qu’est l’Algérie dont la classe possédante a si peur de l’après-Boutef qu’elle fait comme si Boutef était éternel !!!

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