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Le matriarcat en Europe

lundi 3 avril 2017, par Robert Paris

Le matriarcat en Europe

L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat de Friedrich Engels :

« (…) Jusqu’en 1860 environ, il ne saurait être question d’une histoire de la famille. Dans ce domaine, la science historique était encore totalement sous l’influence du Pentateuque. La forme patriarcale de la famille, qui s’y trouve décrite avec plus de détails que partout ailleurs, n’était pas seulement admise comme la plus ancienne, mais, - déduction faite de la polygamie, - on l’identifiait avec la famille bourgeoise actuelle, si bien qu’a proprement parler la famille n’avait absolument pas subi d’évolution historique ; on concédait tout an plus que dans les temps primitifs pouvait avoir existe une période de rapports sexuels exempts de toute règle. A vrai dire, on connaissait, à part la monogamie, la polygamie orientale et la polyandrie indo-thibétaine. mais ces trois formes ne pouvaient être rangées dans un ordre de succession historique et figuraient sans aucun lien les unes à côté des autres . Que, chez certains peuples de l’histoire ancienne aussi bien que chez certains sauvages de l’époque actuelle, la descendance se comptât non par le père, mais par la mère, autrement dit que la lignée féminine fût seule considérée comme légitime ; que le mariage, chez un grand nombre de peuples actuels, soit interdit à l’intérieur de certains groupes assez vastes qu’on n’avait pas alors étudies de plus près, et que cette coutume se retrouve dans toutes les parties du monde , tous ces faits étaient certes connus, et l’on en recueillait des exemples toujours plus nombreux. Mais on ne savait pas en tirer parti, et même dans le livre de E. B. Tylor : Researches into the Early History of Mankind, etc., etc. (1865), ils ne figurent encore qu’à titre de « coutumes bizarres », à côte de l’interdiction en vigueur chez quelques sauvages de toucher le bois en train de brûler avec un instrument de fer, et autres calembredaines religieuses de même espèce.

L’histoire de la famille date de 1861, de la parution du Droit maternel de Bachofen. L’auteur y énonce les affirmations suivantes : lº L’humanité a d’abord vécu dans des rapports sexuels dépourvus de toute règle, qu’il désigne par le terme malencontreux d’hétaïrisme ; 2º Comme de tels rapports excluent toute paternité certaine, la filiation ne pouvait être comptée qu’en ligne féminine - selon le droit maternel-, ce qui fut originairement le cas chez tous les peuples de l’antiquité ; 3º En conséquence, on accordait aux femmes, en tant que mères, seuls parents certains de la jeune génération, un haut degré de respect et de prestige qui, selon la conception de Bachofen, alla jusqu’à la parfaite gynécocratie ; 4º Le passage au mariage conjugal, où la femme n’appartenait qu’à un seul homme, comportait la violation d’un antique commandement religieux (autrement dit, en fait, une violation du droit traditionnel des autres hommes à la même femme), violation qui devait être expiée, ou dont la tolérance devait être achetée par la femme en se donnant à d’autres pour un temps limité.

Bachofen trouve les preuves de ces assertions dans d’innombrables passages de la littérature classique de l’Antiquité, rassemblés avec le plus grand zèle. D’après lui, le passage de l’ « hétaïrisme » a la monogamie et du droit maternel au droit paternel s’accomplit, en particulier chez les Grecs, par suite d’une évolution des idées religieuses, de l’implantation de dieux nouveaux représentant la conception nouvelle dans le groupe traditionnel des dieux représentant la conception ancienne, si bien que celle-ci est de plus en plus repoussée à l’arrière-plan par celle-là. Ce n’est donc pas le développement des conditions d’existence effectives des hommes, mais le reflet religieux de ces conditions d’existence dans les cerveaux de ces mêmes êtres humains qui a produit, d’après Bachofen, les changements historiques dans la position sociale réciproque de l’homme et de la femme. En conséquence, Bachofen présente L’Orestie d’Eschyle comme la description dramatique de la lutte entre le droit maternel déclinant et le droit paternel naissant et victorieux à l’époque héroïque. Pour l’amour de son amant Egisthe, Clytemnestre a tué son époux Agamemnon revenant de la guerre de Troie ; mais Oreste, le fils qu’elle a d’Agamemnon, venge le meurtre de son père en tuant sa propre mère. C’est pourquoi il est poursuivi par les Erinnyes, protectrices démoniaques du droit maternel, selon lequel le matricide est le plus grave, le plus inexpiable des crimes. Mais Apollon qui, par son oracle, a incite Oreste à cet acte, et Athena, qui est appelée comme juge, - les deux divinités qui représentent ici l’ordre nouveau, l’ordre du droit paternel, - le protègent ; Athena entend les deux parties. Toute la controverse se résume brièvement dans le débat qui met aux prises Oreste et les Erinnyes. Oreste fait valoir que Clytemnestre a commis un double forfait : elle a tue son propre époux et, du même coup, elle a tué son père à lui. Pourquoi donc est-ce lui que les Erinnyes poursuivent, et non pas Clytemnestre qui, elle, est beaucoup plus coupable ? La réponse est concluante :

« L’homme qu’elle a tue, elle ne lui était pas unie par les liens du sang. »

Le meurtre d’un homme à qui l’on n’est pas uni par les liens du sang, et même s’il est l’époux de la meurtrière, peut être expie, il ne regarde pas les Erinnyes ; leur fonction consiste seulement a poursuivre le meurtre entre consanguins, et, selon le droit maternel, le meurtre le plus grave et le plus inexpiable, c’est le meurtre d’une mère. Apollon prend alors la défense d’Oreste ; Athéna fait voter les Areopagites,- les échevins athéniens ; les voix sont en nombre égal pour l’acquittement et pour la condamnation ; en qualité de présidente, Athéna donne alors sa voix pour Oreste et l’acquitte. Le droit paternel a remporté la victoire sur le droit maternel, les « dieux de jeune souche », comme les appellent les Erinnyes elles-mêmes, l’emportent sur les Erinnyes, et celles-ci finissent par se laisser persuader d’assumer une fonction nouvelle au service de l’ordre nouveau.

Cette interprétation de L’Orestie, neuve, mais absolument juste, est l’un des plus beaux et des meilleurs passages de tout le livre, mais elle prouve en même temps que Bachofen croit au moins autant aux Erinnyes, à Apollon et à Athéna qu’Eschyle y croyait de son vivant. Il croit en effet qu’à l’époque grecque héroïque ces divinités ont accompli le miracle de renverser le droit maternel au profit du droit paternel. Il est évident qu’une telle conception, où la religion est considérée comme le levier déterminant de l’histoire universelle, doit finalement aboutir au pur mysticisme. Aussi est-ce une besogne ardue, et souvent peu profitable, que de s’assimiler debout en bout le gros in-4˚ de Bachofen. Mais tout cela ne diminue point son mérite de novateur ; c’est Bachofen qui, le premier, a remplace la formule creuse d’un état primitif inconnu ou auraient régné des rapports sexuels exempts de toute règle, par la preuve que la littérature classique de l’Antiquité abonde en traces fort nombreuses témoignant que, chez les Grecs et les Asiatiques, il a effectivement existe avant le mariage conjugal un état de choses ou non seulement un homme avait des rapports sexuels avec plusieurs femmes, mais aussi une femme avec plusieurs hommes, sans pêcher contre les mœurs ; Bachofen a également prouve que cette coutume n’a point disparu sans laisser des traces dans un abandon temporaire de la femme aux autres hommes, par lequel les femmes devaient acheter le droit à un mariage conjugal ; il a prouve que, par suite, la descendance ne pouvait primitivement être comptée qu’en ligne féminine, d’une mère à l’autre ; que cette validité exclusive de la filiation féminine s’est maintenue longtemps encore à l’époque du mariage conjugal avec la paternité qui y était assurée ou du moins généralement admise ; et que cette situation primitive des mères, comme seuls parents certains de leurs enfants, leur assurait, et assurait du même coup aux femmes en général, une position sociale plus élevée qu’elles n’en connurent jamais depuis lors. Il est vrai que Bachofen n’a pas énoncé aussi clairement ces propositions, - sa conception mystique l’en empêchait. Mais il les a prouvées, et cela équivalait, en 1861, à une révolution totale.

Le gros in-4º de Bachofen était écrit en allemand, c’est-à-dire dans la langue de la nation qui alors s’intéressait le moins à la préhistoire de la famille actuelle. C’est pourquoi il resta inconnu. Son premier successeur dans le même domaine apparut en 1865, sans avoir jamais entendu parler de Bachofen.

Ce successeur, J.F. Mac Lennan, était tout le contraire de son devancier. Au lieu du mystique génial, nous voici en présence du juriste desséché ; au lieu de la débordante imagination poétique, nous avons cette fois les combinaisons plausibles de l’avocat plaidant. Mac Lennan trouve, chez beaucoup de peuples sauvages, barbares et même civilises des temps anciens et modernes, une forme de mariage où le fiance, seul ou avec ses amis, doit enlever la future a ses parents par une feinte violence. Cette coutume doit être le vestige d’une coutume antérieure, selon laquelle les hommes d’une tribu enlevaient réellement de vive force les femmes qu’ils prenaient au dehors, dans d’autres tribus. Comment naquit ce « mariage par rapt » ? Tant que les hommes purent trouver suffisamment de femmes dans leur propre tribu, il n’y avait a cela nulle raison. Mais nous trouvons non moins fréquemment que, chez des peuples non évolues, existent certains groupes (qu’on identifiait encore bien souvent avec les tribus vers 1865), à l’intérieur desquels le mariage est interdit, si bien que les hommes sont contraints de prendre leurs femmes, et les femmes leurs hommes, en dehors du groupe, tandis que chez d’autres la coutume veut que les hommes d’un certain groupe soient contraints de ne prendre leurs femmes qu’à l’intérieur de leur groupe même. Mac Lennan qualifie les premiers d’exogames, les seconds d’endogames, et construit sans plus de façons une opposition rigide entre les « tribus » exogames et endogames. Et, bien que ses propres recherches sur l’exogamie lui mettent le nez sur le fait qu’en bien des cas, sinon dans la plupart ou même dans la totalité, cette opposition n’existe que dans sa propre imagination, et il en fait cependant la base de toute sa théorie. Selon celle-ci, des tribus exogames ne peuvent prendre leurs femmes que dans d’autres tribus ; et, étant donne l’état de guerre permanent entre tribus conforme à l’état de sauvagerie, cela n’aurait pu se faire que par le rapt.

Mac Lennan se demande encore - d’où vient cette coutume de l’exogamie ? Cela n’aurait rien à voir, selon lui, avec la notion de consanguinité et d’inceste, car ce seraient la des conceptions qui ne se sont développées que beaucoup plus tard. Mais cela pourrait bien venir de la coutume, fort répandue chez les sauvages, qui consiste à tuer dès leur naissance les enfants de sexe féminin. Il en résulterait, dans chacune des tribus, un excédent d’hommes, et la conséquence nécessaire immédiate serait que plusieurs hommes possédassent en commun la même femme : la polyandrie. Et, conséquence de cet état de choses, on saurait qui est la mère d’un enfant, mais non qui en est le père : d’où la parente comptée uniquement en ligne féminine, à l’exclusion de la ligne masculine - le droit maternel. Et une seconde conséquence de la pénurie de femmes à l’intérieur de la tribu - pénurie atténuée, mais non pas supprimée par la polyandrie -, c’était précisément le rapt systématique et violent des femmes d’autres tribus.

« Comme l’exogamie et la polyandrie proviennent d’une seule et même cause - le déséquilibre numérique entre les deux sexes -, il nous faut considérer toutes les races exogames comme adonnées primitivement à la polyandrie... Et c’est Pourquoi nous devons regarder comme incontestable que le premier système de parenté fut, chez les races exogames, celui qui ne connaît les liens du sang que du côté maternel. » (Mac LENNAN : Studies in Ancient History, 1886, Primitive Marriage, p. 124.)

C’est le mérite de Mac Lennan que d’avoir montre l’extension générale et la grande importance de ce qu’il appelle l’exogamie. Il n’a certes pas découvert le fait qu’il existe des groupes exogames et il l’a encore moins compris. Sans compter les relations antérieures, isolées, de nombreux observateurs, - et ce sont précisément les sources de Mac Lennan, - Latham (Descriptive Ethnology, 1859) avait décrit avec beaucoup d’exactitude et de justesse cette institution chez les Magars de l’Inde, et il avait dit qu’elle était très généralement répandue et se rencontrait dans toutes les parties du monde, - passage cite par Mac Lennan lui-même. Notre Morgan lui aussi, dès 1847, dans ses Lettres sur les Iroquois (publiées dans l’American Review), et en 1851, dans The League of the Iroquois, l’avait indiquée et fort justement décrite chez cette peuplade, tandis que l’intelligence avocassière de Mac Lennan, comme nous le verrons par la suite, engendra sur ce point une confusion beaucoup plus grande que ne l’avait fait l’imagination mystique de Bachofen dans le domaine du droit maternel. C’est encore un mérite de Mac Lennan que d’avoir reconnu comme étant l’ordre primitif le régime de filiation selon le droit maternel, bien que Bachofen l’eût devancé sur ce point, comme il l’a reconnu plus tard. Mais là encore, il n’y voit pas clair ; il parle toujours de « parente en ligne féminine seulement » (kinship through females only). Cette expression, juste pour une étape antérieure, il l’emploie constamment aussi pour des étapes ultérieures de développement, où, certes, la descendance et le droit de succession sont encore pris en considération exclusivement selon la ligne féminine, mais où la parenté du côté masculin est également reconnue et exprimée. C’est là l’esprit étroit du juriste qui se crée un terme de droit fixe et continue à l’appliquer sans changement à des circonstances qui l’ont, entre temps, rendu inapplicable.

Malgré toute sa vraisemblance, il semble que la théorie de Mac Lennan ne parut cependant pas à son propre auteur trop solidement établie. Du moins, il est frappe lui-même du fait qu’il est

« remarquable que la forme du rapt [simulé] des femmes est la plus marquée et s’exprime de la façon la plus nette justement chez les peuples où domine la parenté masculine [c’est-à-dire la filiation en ligne masculine] » (p. 140).

Et il note encore :

« C’est un fait étrange - autant que nous sachions, le meurtre des enfants n’est jamais pratiqué systématiquement là où coexistent l’exogamie et la forme la plus ancienne de parenté » (p. 146).

Ce sont la deux faits qui heurtent de front sa manière d’expliquer les choses et auxquels il ne peut opposer que de nouvelles hypothèses, encore plus embrouillées.

Malgré cela, sa théorie connut en Angleterre beaucoup de succès et de retentissement : Mac Lennan y fut considéré généralement comme le fondateur de l’histoire de la famille et comme la première autorité dans ce domaine. Bien qu’on pût constater nombre d’exceptions et de modifications isolées, son opposition entre « tribus » exogames et endogames resta cependant le fondement reconnu de la conception dominante et devint la paire d’œillères empêchant la vue d’embrasser librement le terrain exploré et, de ce fait, rendant impossible tout progrès décisif. Comme contrepoids à la surestimation des mérites de Mac Lennan, passée a l’état d’usage en Angleterre et, à l’instar de l’Angleterre, dans d’autres pays encore, on se doit de souligner qu’avec son opposition, qui repose sur un pur malentendu, entre « tribus » exogames et endogames, il a cause plus de dommages qu’il n’a rendu de services par ses recherches.

Cependant, on vit bientôt surgir des faits de plus en plus nombreux qui ne rentraient pas dans les cadres gracieux de sa théorie. Mac Lennan ne connaissait que trois formes du mariage : la polygamie, la polyandrie et le mariage conjugal. Mais, une fois l’attention attirée sur ce point, on trouva des preuves toujours plus abondantes du fait que, chez des peuples non évolues, existaient des formes de mariage où toute une série d’hommes possédaient en commun toute une série de femmes, et Lubbock (The Origin of Civilization, 1870) reconnut ce mariage par groupe (Communal Marriage) comme un fait historique.

Peu de temps après, en 1871, Morgan apporta une documentation nouvelle et, sous maints rapports, décisive. Il s’était convaincu que le système original de parenté ayant cours chez les Iroquois était commun à tous les aborigènes des États-Unis, qu’il était donc répandu sur tout un continent, bien qu’il fût en contradiction absolue avec les degrés de parente tels qu’ils résultent en fait du système de mariage qui y est en vigueur. Il obtint que le gouvernement fédéral américain recueillit des données sur les systèmes de parente des autres peuples, en se basant sur des tables et des questionnaires que Morgan avait établis lui-même. Et voilà ce qu’il trouva, d’après les réponses : lº Le système de parenté américano-indien régnait également en Asie et, sous une forme légèrement modifiée, en Afrique et en Australie, chez de nombreuses peuplades ; 2º Ce système s’expliquait parfaitement à partir d’une forme de mariage par groupe, en voie de disparition dans l’île d’Hawaï et d’autres îles australiennes ; 3º Mais dans ces mêmes îles, à côté de cette forme de mariage, il subsistait un autre système de parente, qui ne s’expliquait que par une forme de mariage par groupe encore plus primitive et tombée maintenant en désuétude. Dans ses Systems of Consanguinity and Affinity (1871), Morgan publia les informations recueillies et les déductions qu’il en tirait et, ce faisant, il porta le débat sur un terrain infiniment plus étendu. En partant des systèmes de parenté pour reconstituer les formes de famille qui leur correspondent, il ouvrit une voie nouvelle d’investigation et permit une vue rétrospective beaucoup plus vaste sur la préhistoire de l’humanité. Si cette méthode s’imposait, la mignonne construction de Mac Lennan se dissipait en fumée.

Mac Lennan défendit sa théorie dans la nouvelle édition du Primitive Marriage (Studies in Ancient History, 1876). Tandis qu’il combine lui-même, uniquement à coups d’hypothèses et d’une façon tout a fait artificielle, une histoire de la famille, il exige de Lubbock et de Morgan non seulement des preuves pour chacune de leurs allégations, mais encore des preuves d’une validité inattaquable, telles qu’elles sont seules admises par un tribunal écossais. Et c’est le même homme qui, du rapport étroit entre l’oncle maternel et le fils de la sœur chez les Germains (Tacite : Germania, 20), du fait relaté par César que les Bretons, par groupes de dix ou douze, avaient en commun leurs femmes, et de toutes les autres relations des écrivains anciens sur la communauté des femmes chez les Barbares, conclut sans hésitation que la polyandrie régnait chez tous ces peuples. On croit entendre un procureur général qui peut se permettre toutes les libertés pour présenter à sa façon une affaire, mais qui exige du défenseur, pour chacune de ses paroles, la preuve juridiquement valable la plus formelle.

Le mariage par groupe n’est que pure invention, prétend-il, et, ce faisant, il rétrograde bien loin derrière Bachofen. Quant aux systèmes de parente de Morgan, ce ne seraient que simples prescriptions de courtoisie sociale, et la preuve, c’est que les Indiens emploient le terme de frère ou de père en s’adressant même à un étranger, à un Blanc. C’est comme si l’on voulait prétendre que les dénominations de père, mère, frère, sœur ne sont que des façons d’adresser la parole vide de sens, parce qu’on les emploie en s’adressant aux prêtres et aux abbesses catholiques et que des moines, des nonnes, même des francs-maçons et les membres des associations professionnelles anglaises, en usent dans leurs séances solennel les. Bref, la défense de Mac Lennan était d’une faiblesse lamentable.

Mais il restait encore un point sur lequel il n’avait pas été battu. L’opposition entre « tribus » exogames et endogames, sur laquelle reposait tout son système, non seulement restait inébranlée, mais encore on la reconnaissait universellement comme le pivot de toute l’histoire de la famille. On concédait que la tentative de Mac Lennan pour expliquer cette opposition était insuffisante et contredisait les faits qu’il énumérait lui-même. Pourtant l’opposition elle-même, l’existence de deux sortes de tribus autonomes et indépendantes s’excluant mutuellement, les unes prenant leurs femmes à l’intérieur de la tribu, tandis que cela était absolument interdit aux autres, - cette opposition passait pour un dogme indiscutable. Qu’on se réfère, par exemple, aux Origines de la famille de Giraud-Teulon (1874), et même encore a Origin of Civilization de Lubbock (4e édition, 1882). (…) »

La thèse de Bachofen en français

La thèse de Bachofen, en espagnol

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