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Pourquoi la bourgeoisie mondiale a pour projet de se débarrasser de toute démocratie ?

samedi 10 septembre 2016, par Robert Paris

Edito

Pourquoi la bourgeoisie mondiale a pour projet de se débarrasser de toute démocratie ?

Jamais les gouvernants de la planète ne se sont autant revendiqués de la défense de la liberté et jamais ils n’ont autant mis en cause les libertés sous prétexte de les défendre ! Ils poussent de plus en plus à la démagogie populiste, au sécuritaire à tout prix, à la suppression de tous les droits démocratiques présentés comme des obstacles à la sécurité des populations, y compris à la mise en place de gouvernements qui ne seront rien d’autre que des forces de police et d’armée sans aucun contrôle démocratique. Tout leur discours consiste à expliquer que les problèmes de la planète sont causés par des gens, que ce soient des dictateurs, des religions, des régions, des civilisations, des peuples, des sociétés, des partis, des sectes, des terroristes qui ne seraient motivés que par une chose : s’en prendre à nos libertés ! Explication curieuse : pourquoi tous ces gens et toutes ces organisations ne rechercheraient-ils pas plutôt leur intérêt, particulier ou personnel, plutôt que de vouloir nuire aux autres au prix de leur vie, à l’autre bout de la planète ? Pourquoi y aurait-il d’un seul coup des « forces du Mal », comme les appelaient Bush et Blair, qui en voudraient à nos vies ?

Et, comme par hasard, cela se produirait justement au moment même où, comme viennent de le reconnaître les grandes puissances réunies au sommet du G20, tous les efforts financiers étatiques de la planète n’ont pas relancé l’économie capitaliste, effondrée en 2007, et la seule « solution » serait un nouvel effort d’investissement des banques centrales et des Etats. Relevons déjà que ces gouvernants les plus puissants du monde s’estiment ainsi impuissants à convaincre les capitalistes privés de s’investir dans la production de richesses, et sont bien décidés à être impuissants s’il s’agissait de l’imposer ! Le Japon, avec son plan d’aide à l’économie, le plus grand de l’Histoire du monde relativement à la taille de l’économie, a parfaitement démontré qu’il ne s’agit ainsi que de permettre de reculer pour… mieux sauter !

Tout le capitalisme mondial ne fait que reculer l’échéance pour mieux sauter.

Quel lien, direz-vous, entre ce fait déjà bien inquiétant et la montée des violences contre les libertés, que ce soient celles des dictatures, celles des « démocraties », celle des guerres et des terrorismes ou encore celles des fascismes qui montent partout dans le monde, ou de la guerre mondiale qui monte elle aussi.

Eh bien, les mêmes causes de catastrophe économique et sociale du capitalisme ont déjà, par deux fois, entraîné les mêmes effets : fascismes, dictatures, terreurs blanches, fanatismes et terrorismes, guerres mondiales.

Certains voudraient ne voir que des attaques extérieures de « notre démocratie », de « notre civilisation », de « notre race », de « notre religion », laissant croire que les peuples d’Europe seraient une « civilisation blanche chrétienne occidentale démocratique » et oubliant que la richesse de cette région provient de l’esclavage, pas trop démocratique, de régions entières d’Afrique, d’Asie et des Amériques, que les dictatures qui ont succédé aux indépendances des régions esclavagisées et colonisées, ont été mises en place sous l’égide de nos prétendues démocraties.

Jusqu’à récemment, ce n’était que le discours de l’extrême droite fasciste, c’est devenu successivement le discours de la droite dure, de toute la droite, de la gauche dure, de toute la gauche gouvernementale… En somme de toute la bourgeoisie des prétendues démocraties.

La raison n’a rien d’idéologique. Elle est économique, sociale et politique. La bourgeoisie n’a plus comme perspective que d’opposer violemment les peuples entre eux pour justifier sa propre montée de violence par la nécessité de défendre la sécurité des citoyens.

D’où l’idée que les peuples d’Europe seraient agressés par les migrants. Alors que les gouvernants ont refusé d’héberger les migrants de Calais, les ont laissé sans possibilité ni de dormir, ni de résider, ni de poursuivre vers l’Angleterre, ni de s’intégrer, ni rien, alors les gouvernants n’ont rien fait pour faire cesser les bombardements et les violences dans les régions d’où viennent ces migrants, puisqu’il s’agit de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie, de la Tunisie ou de la Libye, pour l’essentiel, justement les pays où les démocraties prétendent défendre la démocratie en bombardant les populations civiles, et en les obligeant du coup à migrer !!

Les Etats dits démocratiques sont en fait en train de mettre en place des justices d’exception, des polices d’exception, des armées d’exception qui prennent de plus en plus l’habitude de massacrer, d’arrêter, de terroriser les populations dans « une guerre à la fois intérieure et extérieure », comme le diraient Valls-Hollande-Cazeneuve. A ce titre, ils suppriment les droits des citoyens, le droit de manifester, le droit de faire grève, le droit de se syndiquer, le droit de contester par des écrits ou par des actes, le droit de diffuser de la contre-information, le droit de s’organiser contre les buts des classes dirigeantes et de l’Etat à leur service.

Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, les gouvernants décident que « la radicalisation » serait une antichambre du terrorisme et que la radicalisation ouvrière en ferait partie, que la radicalisation environnementaliste aussi. Par exemple, ceux qui contestent les licenciements peuvent être traités de terroristes, mais aussi ceux qui contestent les centrales nucléaires, ou la mise en place d’un aéroport, ou une industrie polluante, ou encore ceux qui informent sur internet contre les guerres des puissances occidentales, etc !!!

On peut les arrêter sans jugement, on peut les assigner à résidence sans jugement, on peut les faire enlever par les forces spéciales sans information de la justice, on peut les épier, enregistrer leurs conversations et fouiller leurs maisons et véhicules sans rendre des comptes à la justice, on peut lancer des opérations massives des forces spéciales et tout cela au nom de l’antiterrorisme.

En fait, c’est comme cela que le terrorisme se développe à l’intérieur des Etats, des classes dirigeantes, de leur propagande médiatique et gagne les opinions publiques, de plus en plus préparées aux exactions contre d’autres peuples, contre d’autres régions, contre d’autres races, contre d’autres religions. Et ces classes dirigeantes font monter tous les racismes, contre les noirs, contre les musulmans, contre les femmes, contre les migrants, contre les Roms, contre les Russes, contre les Chinois, et on en passe…

Si les classes dirigeantes basculent vers le fascisme, c’est parce qu’elles ont peur. Si elles veulent semer la peur parmi les peuples, c’est parce que leur système social a atteint ses limites et qu’il ne peut plus que chuter.

Les démocraties ne sont pas victimes de l’invasion des peuples barbares mais de leur propre effondrement interne. La démocratie bourgeoisie, avec son cortège d’élections politiques, associatives, syndicales, sociales, a pour fondement un certain niveau de prospérité économique. Si le capitalisme n’est plus capable d’investir dans la création de richesses productives, il ne peut plus distribuer des miettes aux peuples et il est contraint de ressortir la matraque étatique violente, fasciste, dictatoriale, guerrière, et sera progressivement contrainte de supprimer les parlements, les gouvernements élus, les négociations avec les syndicats, les droits d’organisation des exploités et des opprimés, les droits de grève et de manifester, les droits de s’exprimer et de diffuser librement ses avis et opinions…

La démocratie bourgeoise, fondée sur le calme social relatif, sur une population petite bourgeoise nombreuse et calme, ne peut persister dans la crise des fondements du capitalisme que nous vivons aujourd’hui.

Il ne sert à rien de s’accrocher au capitalisme agonisant pas plus qu’à un navire qui prend l’eau. Les dirigeants réformistes, politiques, associatifs et syndicaux, qui dirigent pour le moment tous les mouvements sociaux veulent nous convaincre du contraire : qu’il y aurait des solutions pour éviter tous ces malheurs en évitant de s’attaquer aux fondements, au système capitaliste lui-même. Ils essaient de cacher les liens entre toutes ces attaques. Ils essaient de prétendre qu’en luttant contre les reculs un apr un, cela serait plus réaliste et plus efficace. Mais ce sont eux qui nous lient les mains et nous livrent le plus efficacement au bourreau. Ils affirment que, dans le navire qui coule, l’urgent est de repeindre les cabines !!! Ne les écoutons pas et nous, travailleurs, chômeurs, jeunes, femme, ne craignons pas de nous organiser de manière indépendante pour discuter de nos objectifs et de nos moyens, de nos programmes en somme pour l’avenir en prenant conscience que le capitalisme, ce n’est plus que le passé de l’Humanité.

Messages

  • Peux-tu donner quelques exemples de cette affirmation : la bourgeoisie mondiale veut tuer la démocratie bourgeoise ?

  • Un exemple du développement du régime policier et militaire des anciennes démocraties : l’Allemagne...

    Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a annoncé, mercredi 31 août, de manière quelque peu impromptue que la police et la Bundeswehr (armée allemande) procéderont en février 2017 pour la première fois à des opérations conjointes sur le plan national. Cela représente à la fois un tournant politique et une violation manifeste de la constitution allemande.

    Les opérations militaires sur le sol national avaient été autrefois en Allemagne d’après-guerre un vrai tabou. Il s’agissait de l’une des leçons qui furent tirées du rôle joué par l’armée allemande durant la république de Weimar dans les années 1920 et 1930. En tant qu’État dans l’État, la Reichswehr (l’armée allemande de 1919 à 1935) avait contribué de façon décisive à l’établissement d’un régime autoritaire et à la montée de Hitler.

    La décision d’entreprendre des exercices conjoints a été prise au-delà du clivage partisan. À la réunion en question participèrent de Maizière et la ministre de la Défense Ursula von der Leyen (tous deux CDU, Union chrétienne-démocrate) ainsi que le ministre de l’Intérieur de Rhénanie-du-Nord/Westphalie, Ralf Jäger (SPD), et ses homologues de Sarre et de Mecklenbourg-Poméranie occidentale.

    Les exercices se dérouleront tout d’abord dans quatre Länder : en Bavière, qui est gouvernée par le parti frère de la CDU, l’Union chrétienne-sociale (CSU) : en Rhénanie-du-Nord/Westphalie et à Brême qui sont gouvernés par une coalition SPD/Verts ; ainsi qu’en Bade-Wurtemberg qui est dirigé par une coalition entre les Verts et la CDU menée par le ministre président Winfried Kretschmann (parti des Verts). D’autres Länder ont également fait part de leur intérêt.

    Par crainte d’une massive opposition populaire, l’ensemble des partis tiennent à éviter tout débat public sur l’utilisation de la Bundeswehr. C’est pour cette raison qu’ils cherchent à banaliser l’importance politique et les implications historiques de cette mesure.

    Ils invoquent l’article 35 de la constitution qui régit la prétendue « Aide en cas de catastrophe » entre le gouvernement fédéral et ceux des Länder. En vertu de cet article, l’État peut « en cas de catastrophe naturelle ou d’un accident particulièrement grave » demander l’assistance de la Bundeswehr. C’est sur cette base qu’il fut recourut aux soldats allemands lors des crues catastrophiques de l’Elbe en 2013.

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