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Luttes de classes au Nigeria

dimanche 26 juin 2016, par Robert Paris

Mai 2016

Mobilisés contre l’augmentation soudaine de 67 % du prix de l’essence à la pompe, les syndicats nigérians ont appelé, samedi 14 mai, à une grève illimitée « si mardi 17 mai à minuit, le gouvernement n’a pas ramené les tarifs à 86,5 nairas [0,38 euro/0,43 dollar] par litre ». Le Nigeria, dont 70 % des revenus dépendent du pétrole, est le premier producteur de brut d’Afrique.

La fin de l’essence subventionnée, qui doit entraîner une hausse des prix à 145 nairas (0,64 euro/0,73 dollar) par litre, est censée s’accompagner d’une libéralisation du secteur qui permettrait à de nouveaux acteurs de se fournir en devises sur le marché parallèle pour importer du carburant. Objectif : mettre fin aux pénuries qui obligent depuis des mois les Nigérians à faire la queue devant les stations-service.

Mars 2016

Des syndicats de la Compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC) ont entamé une grève au niveau national pour protester contre le plan de restructuration de l’entreprise lancé par l’État fédéral.

« Les opérations au sein de la NNPC ont été suspendues à l’échelle nationale », a déclaré Babatunde Oke, un cadre de l’Association nigériane du pétrole et gaz naturel (Pengassan), qui a appelé à la grève ce 9 mars, aux côtés de l’Union nationale des travailleurs du gaz et pétrole (Nupeng).

Les syndicats contestent la décision annoncée le 4 mars dernier par le secrétaire d’État au pétrole, Emmanuel Ibe Kachukwu, de scinder la compagnie pétrolière en une trentaine d’entités.

L’objectif de cette réforme est de retrouver le chemin de la rentabilité, la NNPC ayant déjà été critiquée à plusieurs reprises pour sa gestion des revenus pétroliers du pays.

Inquiets des conséquences de cette restructuration pour leurs emplois, les syndicats ont appelé les membres de la NNPC à se mettre en arrêt de travail jusqu’à ce que le ministre s’engage sur la préservation de l’emploi.

Ce mouvement de grève risque de perturber l’approvisionnement en carburant, alors que les stocks sont en recul. Déjà, depuis deux semaines, de longues files d’attente se forment dans les stations-service des grandes villes du pays.

Le pétrole compte pour environ 70 % des revenus de l’État et 90% des réserves de devises étrangères du pays. Toutefois, faute de capacité domestique de raffinage suffisante, le Nigeria, bien que premier producteur africain de pétrole avec environ 2 millions de barils de brut par jour, dépend largement de l’importation de produits pétroliers.

Septembre 2015

Les leçons d’Ebola

Juin 2015

Les crimes de l’armée

Avril 2015

Tous les vols intérieurs sont annulés aujourd’hui jeudi au Nigeria à cause d’une grève des contrôleurs aériens qui n’affecte pas les vols internationaux, ont annoncé les autorités nigérianes.

"Pour l’instant, il n’y a aucun vol intérieur, seuls les services minimum sont assurés", a déclaré Yakubu Dati, le porte-parole de l’Autorité fédérale des aéroports du Nigeria (FAAN). Arik Air, principale compagnie nigériane, a confirmé que tous ses avions sont cloués au sol.

Selon M. Dati, les vols internationaux ne sont pas affectés et les compagnies aériennes étrangères présentes au Nigeria - British Airways, Air France, KLM - assurent leurs liaisons habituelles.

Les contrôleurs aériens réclament notamment une augmentation de salaire et une amélioration de leurs conditions de travail. Il n’y a pour l’heure aucune information quant à la prolongation ou non du mouvement de grève.

Janvier 2015

Les syndicats ont annoncé lundi la « suspension » d’une grève générale qui a paralysé le Nigeria pendant huit jours peu après une concession du pouvoir et une intervention massive des forces de sécurité. « Les syndicats et leurs partenaires annoncent formellement la suspension de la grève, des rassemblements et des manifestations à travers le pays », a déclaré à la presse à Abuja le chef de la puissante centrale Nigeria Labour Congress, Abdulwahed Omar.

Il n’a pas fixé de durée à cette suspension. La grève avait commencé lundi 9 janvier, après la suppression des subventions aux carburants qui avait provoqué une flambée des prix à la pompe dans le premier producteur de brut et pays le plus peuplé d’Afrique. A Lagos, la métropole économique, quelque 300 manifestants ont protesté dans la rue, jugeant insuffisant le geste du président Goodluck Jonathan qui avait annoncé dans la matinée une baisse du nouveau prix de l’essence d’environ 30%. Les forces de sécurité ont tiré en l’air et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule tandis que les autorités prenaient des mesures pour empêcher les rassemblements dans le pays. Toujours à Lagos, la police a effectué un raid d’une vingtaine de minutes dans les bureaux de la chaîne de télévision américaine CNN, sans qu’on sache si cette intrusion était liée au mouvement de protestation. La police a averti lundi, quelques heures après la suspension de la grève, que tout manifestant serait arrêté et ceux appelant à un « changement de régime » seraient poursuivis pour trahison. « Dorénavant, toute personne continuant à manifester sera arrêtée et déférée immédiatement au tribunal. Tout individu ou groupe d’individus appelant à un changement de régime avant la fin de la présente législature commet une trahison et sera arrêté et poursuivi en justice, peu importe qui il ou elle est », selon un communiqué officiel. Pour la première fois depuis le début du mouvement lancé le 9 janvier, des soldats armés avaient érigé lundi matin des barrages aux points stratégiques de la capitale économique du Nigeria. Ils ont interdit notamment l’accès à un parc, principal lieu des grandes manifestations de la semaine dernière.

Le président Jonathan demande l’arrêt de la grève

Le dispositif militaire et policier a été mis en place alors que le président expliquait à la télévision que « compte tenu des difficultés rencontrées par les Nigérians (…), le gouvernement a approuvé une baisse du prix du carburant à 97 nairas le litre ». La brusque suppression au 1er janvier des subventions des carburants a entraîné le doublement du prix de l’essence à la pompe, passé de 65 nairas le litre (0,40 dollars, 0,30 euros) à 140 nairas ou plus du jour au lendemain. M. Jonathan a toutefois refusé de céder sur le fond, affirmant que « le gouvernement allait continuer de poursuivre une déréglementation complète du secteur pétrolier ». Il avait demandé aux dirigeants syndicaux d’appeler à la fin de la grève et à la reprise du travail. Des responsables syndicaux ont ajouté être toujours en désaccord avec le montant de la baisse annoncée du prix de l’essence mais qu’ils demeuraient prêts à de nouvelles négociations. Avant de suspendre la grève, ils avaient déjà renoncé aux manifestations à partir de lundi. « Avec tout ce qui s’est passé durant les huit derniers jours, nous sommes certains que ni le gouvernement ni aucune institution ne pourra plus considérer qu’avec les Nigérians les choses sont acquises », a ajouté M. Omar pour expliquer le recul des syndicats qui avaient exigé l’annulation complète de la hausse des prix de l’essence. Le gouvernement a justifié l’arrêt de subventions aux carburants, quelque 8 milliards de dollars, pour financer la modernisation des infrastructures du pays. Mais le doublement du prix de l’essence frappe durement une population de 160 millions d’habitants dont la majorité vit avec moins de deux dollars par jour. Le président a aussi affirmé que les manifestations avaient été « détournées » par des gens cherchant à semer « discorde, anarchie et insécurité ». Outre les protestations sociales, le Nigeria, est aux prises avec un conflit récurrent entre chrétiens et musulmans qui a connu un regain d’acuité après des attentats antichrétiens revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram. Ces violences ont depuis Noël fait une centaine de morts et quelques manifestations organisées dans le cadre de la grève générale ont donné lieu la semaine dernière à des violences à caractère confessionnel.

Décembre 2014

Au Nigeria, les deux syndicats des secteurs du pétrole et du gaz ont appelé leurs membres à entamer un deuxième jour de grève. Le Nigeria est le premier producteur d’or noir et la première économie du continent. Les syndicats Pengassan et Nupeng souhaitent que les Nigérians soient mieux représentés au sein des multinationales pétrolières et leur mouvement vise sûrement à obtenir des augmentations pour leurs salariés.

La liste des revendications des syndicats est plutôt fournie et les priorités varient d’une organisation à l’autre. Elles réclament toutes des travaux de voiries sur les axes qui desservent les installations pétrolières et une meilleure maintenance des raffineries. Les syndicats s’inquiètent aussi de l’absence de mesures pour mieux résister à la concurrence du gaz de schiste et souhaitent qu’une loi soit votée pour favoriser les investissements dans le secteur pétrolier.

Ils dénoncent aussi, sans donner de nom, la complicité de certains politiciens dans le détournement de l’or noir au Nigeria. Selon leurs estimations, le vol de pétrole représente jusqu’à dix pour cent du volume produit par le premier producteur du continent, un pourcentage difficile à vérifier.

Les instructions aux salariés varient aussi selon les syndicats. Pour certains, la grève est nationale et l’arrêt du travail s’adresse aussi aux salariés de la chaîne de production. Le responsable de la confédération TUC dans l’Etat pétrolier de Rivers préconise lui un mouvement de grève dont l’intensité monterait crescendo afin de ne pas affaiblir l’économie du pays, mais Chika Onuegbu met en garde : si le gouvernement reste sourd aux revendications des actions plus radicales seront envisagées.

Des centaines de milliers de personnes ont fui

Août 2014

Des populations livrées sans défense au virus Ebola

Mai 2014

Nigeria : le rapt de Boko Haram utilisé pour justifier le renforcement du dispositif militaire des Etats-Unis en Afrique

Février 2012

Une mobilisation historique

Unis et divisés

Janvier 2012

La trahison de la grève générale au Nigeria

La terreur blanche contre la colère noire

Cinq manifestants tués par la police

Les manifestants appellent à un « printemps arabe » au Nigeria

Juillet 2011

15 millions d’enfants qui travaillent et violentes pratiques antisyndicales

Mai 2011

Élections sur fond de tension sociale

Novembre 2010

Les centrales syndicales battent en retraite

Septembre 2010

La corruption alimente les abus policiers

Août 2010

Grèves dans l’Etat d’Oyo

Mars 2010

Nigeria : la responsabilité des classes dirigeantes dans les massacres

Mars 1999

La vie a repris son cours normal vendredi à travers le Nigeria, après que les syndicats des travailleurs aient annoncé la fin des quatre jours de grève générale organisée pour protester contre la hausse du prix de l’essence.

Mais les dirigeants syndicaux menacent le gouvernement d’Olusegun Obasanjo d’un nouvel arrêt de travail, si la hausse de prix n’est pas annulée dans les deux semaines à venir.

A Lagos, la capitale économique du pays, et dans les autres grandes villes du pays, les banques, commerces, écoles et hôpitaux ont réouvert.

Deux personnes au moins ont été tuées par la police pendant la grève dans les affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre aux manifestants à Kaduna, la capitale du Nord, et à Port Harcourt, le centre pétrolier du Sud-Est.

« Si le gouvernement n’annule pas l’augmentation du prix de l’essence dans les deux prochaines semaines, nous reconduirons la grève, » a indiqué Adams Oshiomhole, le président de la centrale syndicale Nigeria Labour Congress (NLC) qui regroupe 29 syndicats de travailleurs.

Les leaders syndicaux ont déclaré que la grève a été un succès et qu’elle a été largement suivie, preuve que la plupart des nigérians rejettent la politique économique d’Obasanjo.

« Cette grève a été un vote de protestation contre la politique économique du gouvernement et contre l’augmentation du prix du carburant en particulier, » a indiqué à IRIN Owei Lakemfa, le porte-parole du NCL.

D’après Rémi Oyo, porte-parole du président Obasanjo, le fait que la grève a eu lieu est une preuve que la démocratie fonctionne et que la dissidence se porte bien au Nigeria.

La grève de cette semaine est la sixième organisée par le NLC depuis la suppression des subventions du carburant, décrétée par Obasanjo il y a trois ans, dans le cadre de sa politique de déréglementation du secteur pétrolier nigérian.

D’après le gouvernement, les réformes sont nécessaires pour supprimer les plus de 2 milliards de dollars américains de subventions versés chaque année par l’état pour le carburant.

Mais pour les syndicats, la hausse du coût de la vie qui résulte de l’augmentation du prix du carburant pénalise encore plus la population pauvre du Nigeria, pays où 70 pour cent de la population vivent avec moins d’un dollar par jour.

1994 : la grève générale ouvrière contre le coup d’Etat de Abacha

1977

Le Nigeria sous la dictature d’Obasanjo

1967-1970 : guerre du Biafra

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1955 : grève générale au Nigeria

8 novembre 1949 : fusillade d’Enugu

De nombreuses mines de charbon sont en grève en 1949. Les mineurs en grève réclament une hausse de salaires. A l’occasion d’un meeting de protestation 21 mineurs sont assassinés par la police et 51 mineurs sont blessés. Cet événement fut commémoré comme "la fusillade de la Vallée Iva"...

1945 : grève générale au Nigeria

La grève, qui concerna en même temps les employés d’Etat et ceux des chemins de fer, (35.000 grévistes dont 19.000 cheminots, 7.000 employés dans les travaux publics, 2.900 employés d ela municipalité de Lagos...), dura 45 jours et se généralisa en suivant les lignes de chemin de fer et en se propageant ainsi de ville en ville...

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1942 : victoire ouvrière

Face à une menace de grève générale dans laquelle toutes les catégories de salariés se sont solidarisées, le gouvernement recule et octroie une augmentation générale importante des salaires (50% d’augmentation).

1904 : grève générale des chemins de fer

1897 : grève à Lagos

Provoquée par l’intention du gouvernement de baisser les salaires de 4000 manoeuvres de Lagos, la grève générale de toute la ville fut la première grande manifestation de la classe ouvrière.

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Histoire du Nigeria

Syndicats et politique (en anglais)

Violences coloniales (en anglais)

Guerre du Biafra

Histoire du Nigeria depuis 1970

Messages

  • Des milliers de dockers au Nigéria ont du mal à subvenir aux besoins de leurs familles depuis qu’ils ont perdu leur emploi en décembre 2015. Les comptables et agents de sécurité, membres du Syndicat des travailleurs maritimes du Nigéria, ont été congédiés par l’Autorité portuaire nationale sans emploi ou revenu de remplacement en contradiction avec les normes que le Nigéria a acceptées en ratifiant la convention (no 137) sur les dockers de l’Organisation internationale du travail, 1973.

  • Les hôpitaux publics en grève au Nigeria…

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  • Les deux principaux syndicats de travailleurs au Nigeria ont lancé jeudi une grève nationale après l’échec de plusieurs mois de discussions avec le gouvernement sur les conditions de travail et le niveau du salaire minimum. Le Congrès du travail du Nigeria (NLC), composé d’ouvriers, et le Congrès syndical du commerce (TUC), syndicat de cadres, ont demandé à leurs membres du secteur public et privé d’arrêter le travail à partir de minuit heure locale.

    Mais selon les informations recueillies par l’AFP à Abuja, la capitale fédérale, et à Lagos, la plus grande ville du continent africain, seules les administrations publiques étaient affectées jeudi.

    A Abuja, les salariés du secteur public observaient massivement le mot d’ordre de grève. Le complexe gouvernemental abritant la plupart des ministères fédéraux et des agences gouvernementales était quasiment désert.

    « Je suis juste venue pour voir ce qui se passait mais j’ai trouvé la porte cadenassée. Je rentre à la maison », a déclaré une fonctionnaire, Aisha Mohammed, devant le ministère des Affaires étrangères.

    Certaines écoles publiques avaient également fermé leurs portes, mais plus généralement les banques, magasins, marchés et stations-services fonctionnaient normalement.

    La même situation prévalait à Lagos, où les administrations publiques concentrées dans le quartier d’Ikeja étaient vides tandis que les commerces étaient ouverts partout.

    Le président du NLC, Ayuba Wabba, avait affirmé mercredi que cette grève censée durer sept jours était un avertissement pour obliger le gouvernement à reprendre les négociations avec les syndicats au sujet du salaire minimum.

    Les syndicalistes réclament un salaire minimum compris entre 45.000 et 65.000 nairas (107-154 euros) contre le salaire actuel de 18.000 nairas (42,6 euros).

    « Il y a des signes clairs que le gouvernement n’est pas prêt pour un nouveau salaire minimum », a-t-il déclaré, menaçant de poursuivre les grèves si rien n’était fait.

    Le ministre du Travail Chris Ngige a de son côté appelé les syndicalistes à suspendre la grève, affirmant que les discussions reprendrait le 4 octobre et incluraient des représentants des 36 Etats du Nigeria.

    Ces Etats ont fait part de leur opposition à l’augmentation du salaire minimum à plusieurs reprises, alors que la plupart doivent encore des mois d’arriérés de salaires à leurs travailleurs, malgré les importants renflouements liquides dont ils ont bénéficié cette année de la part du gouvernement fédéral.

  • La grève nationale illimitée pour le salaire minimum qui devait commencer début novembre a été finalement annulée par les syndicats au Nigeria. C’est la nième fois que les syndicats jouent au petit jeu : grève, pas grève.

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