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Quoi de neuf à la SNCF ?

jeudi 31 mars 2016, par Robert Paris

Quand la SNCF se déprécie volontairement

C’est dans la comptabilité que la direction de la SNCF déprécie la valeur attribuée à ses rails et ses TGV. Cela lui permet d’annoncer un résultat financier considérablement dans le rouge : 11 milliards d’euros en négatif ! Et, bien entendu, Pépy compte bien que cela lui permette de justifier des suppressions de postes, des dégradations des conditions de travail et une augmentation de la charge de travail. Il s’est déjà glorifié d’avoir à son bilan de 2015 : 653 millions d’euros de supprimés sur les « dépenses en frais généraux » et 7000 postes de cheminots supprimés. Il promet de faire mieux les prochaines fois… si on le laisse faire…

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient

Pépy avait promis il y a quelques mois d’installer des prises électriques dans les trains. Une promesse ne coûte pas cher et ça fait bien. Sauf des mois après quand cela n’est toujours pas mis en place. Mais qui s’en souvient ?

Des millions à dépenser mais pas des centimes

La SNCF dépense des sommes folles pour rénover toutes les gares de France et de Navarre. C’est d’autant plus choquant qu’elle prétend ne pas avoir d’argent pour rénover les voies, les trains et pour la maintenance des matériels, sans parler des effectifs en cheminots…

Tous attaqués ensemble et en lutte… séparément.

Les inspecteurs du permis de conduire sont en grève contre la privatisation de leur activité qui était publique et gratuite… Encore un recul du service public : les lignes téléphoniques fixes à l’ancienne disparaissent. Orange vient d’annoncer son abandon progressif à partir de 2021. Avant cela, l’opérateur historique, qui a déployé ce réseau dans les années 1980, cessera de commercialiser de nouvelles lignes RTC à compter de 2018. Fin des trains de nuit, suppressions de lignes intercités, restrictions sur le personnel pour les TER, suppressions massives de postes de cheminots, suppressions de passages de trains, la SNCF entre dans une voie… de garage…. Le trafic SNCF est de plus en plus remplacé par du trafic de cars… privés essentiellement. La privatisation du rail public est en bonne voie… malgré la grève du 9 mars ! D’autant que la RATP ne luttait pas en même temps que la SNCF ni que l’hôpital public, ni que l’enseignement public… La privatisation de Pôle emploi est dans les cartons. La privatisation des retraites arrive avec la loi Sapin sur les fonds de pension. La privatisation de l’hôpital public poursuit son cours… Mais chaque secteur se bat séparément… D’un côté Météo France, de l’autre Radio France, du troisième la SNCF, du quatrième l’enseignement public, du cinquième l’hôpital public. Tous les services publics subissent la même attaque et tous subissent la même division des luttes. Cherchez l’erreur : tous sont battus successivement et séparément !

C’est le lampiste qui est responsable...

Dans l’accident de train de Bavière, les autorités essaient d’incriminer l’employé du poste d’aiguillage de Bad Aibling !!! Il a moins de moyens pour se défendre que la direction… comme on le voit à Brétigny !!!

A la seconde près, c’est court !

L’accident du TGV d’essai d’Alsace serait paraît-il élucidé : "un freinage trop tardif d’environ douze secondes"... C’est le résultat du rapport du BEA. Le BEA est appelé à chaque fois qu’il faut cacher les causes d’un accident !!! Douze secondes d’erreur suffisent à tuer 11 passagers parmi les 53 à bord !!! Ce TGV est alors beaucoup trop dangereux pour circuler !!!!

Discrimination… dans l’antiracisme

Transportées de force par la SNCF, les victimes de la shoah vont être indemnisées par l’Etat français… mais seulement si elles sont américaines !

Silence ! on privatise !

Les cheminots luttent contre la privatisation de la SNCF mais il s’agit en fait d’une opération beaucoup plus vaste. Le gouvernement privatise à tout crin et tous azimuts : le permis de conduire, privatise les transports (lignes de bus puis rail), privatise les impôts (prélèvement à la source par lequel l’argent de nos impôts sera aux mains des patrons qui pourront spéculer avec), privatise les retraites (future loi Sapin sur les fonds de pension « à la française » (par lequel l’argent de nos retraites sera aux mains des patrons, encore pour spéculer), privatise les aéroports de Nice et de Lyon, privatise de nombreuses entreprises publiques ou semi publiques pour récolter des sous afin d’investir dans EDF en faillite et couvrant la faillite d’AREVA… L’Etat vend TF1, Suez, Thomson, 36 banques, des assurances, etc… Au travers d’EDF et d’AREVA, l’Etat privatise l’énergie, par exemple la géothermie… Avec la loi Touraine, il privatise la santé hospitalière : cela vise notamment à intégrer la santé publique et privée dans des groupements hospitaliers communs avec l’objectif de faire 3,4 milliards d’économies de dépenses de santé sur le dos des personnels et des patients. Et maintenant, le gouvernement Hollande-Valls privatise les services sociaux : c’est la déclinaison française de "social impacts bonds" imaginés par les amis de David Cameron ou par ceux de Barak Obama. Le but : c’est de faire financer un programme social innovant par un investisseur privé, qui sera remboursé ou rémunéré par l’Etat, les collectivités territoriales ou un opérateur public. Et maintenant, on prépare le projet de privatisation de Pôle Emploi !!!

A la loi Touraine qui prépare la privatisation de l’hôpital public, à la loi Macron qui prépare la privatisation de la SNCF (en développant les compagnies privées de cars à la place de lignes de train du service public), il faut rajouter la loi Eckert qui permet à l’Etat (par la caisse des dépôts et consignations) de mettre la main sur les « comptes dormants » qui n’ont pas été activés sur de longues périodes…

Mais c’est le prélèvement des impôts à la source étonne encore plus que les lois El Khomri ou Macron, que les lois Touraine ou Valls ou encore Cazeneuve (que des lois scélérates !)

« C’est une forme de privatisation du recouvrement de l’impôt », déclare Vincent Drezet (Solidaires Finances publiques). Sous prétexte de simplification, l’Etat se décharge d’une fonction qu’il donne au privé et pour lequel, bien entendu, les patrons auront des compensations : notamment celle de gérer ces sommes et de les conserver… Aucun avantage pour les finances publiques, des suppressions d’emplois publics et des profits privés, une fois de plus !

Les agents de l’hôpital public luttent contre la privatisation rampante de l’hôpital public cachée derrière la prétendue convergence privé-public. Les cheminots luttent contre la privatisation de la SNCF mais il s’agit en fait d’une opération beaucoup plus vaste. Le gouvernement privatise à tout crin et tous azimuts : le permis de conduire, privatise les transports (lignes de bus puis rail), privatise les impôts (prélèvement à la source par lequel l’argent de nos impôts sera aux mains des patrons qui pourront spéculer avec), privatise les retraites (future loi Sapin sur les fonds de pension « à la française » (par lequel l’argent de nos retraites sera aux mains des patrons, encore pour spéculer), privatise les aéroports de Nice et de Lyon, privatise de nombreuses entreprises publiques ou semi publiques pour récolter des sous afin d’investir dans EDF en faillite et couvrant la faillite d’AREVA…


Les jeunes doivent-ils se battre seuls contre le patronat et le gouvernement ?

« Péril jeune », « révolte des jeunes », « les jeunes vont-ils bloquer la loi El Khomri », « les jeunes étaient les premiers dans la rue », tels sont les commentaires médiatiques et politiques et cela laisse entendre que les jeunes seraient les seuls ou même les principaux concernés par cette loi et que c’est leur seule réaction que craindrait le patronat et le gouvernement. Tout est fait pour qu’on croie que les jeunes sont tout particulièrement concernés par cette loi. Et aussi pour qu’on s’imagine que c’est à eux, et surtout eux, de lutter contre elle et de faire reculer le gouvernement et le patronat.

Tout cela est évidemment faux : la loi frappe ou menace les salariés et pas seulement les jeunes. Elle a été réprouvée par la grande majorité des salariés et si on a remarqué que les jeunes étaient davantage dans la rue que les salariés lors de la journée du 9 mars, les média et les hommes politiques se sont bien gardés de remarquer que les centrales syndicales avaient fait seulement semblant de s’associer à la journée. En effet, si les syndicats avaient déposé des préavis de grève pour permettre aux salariés qui le souhaitaient de participer aux cortèges syndicaux, ils n’appelaient pas dans leurs tracts à faire grève le 9 mars et n’appelaient qu’au 31 mars. Pourquoi cette fine tactique ? Pourquoi, alors qu’une large majorité de la population approuvait publiquement la journée d’action syndicale du 9 mars, et bien il n’y avait justement pas de vraie journée d’action ce jour-là et les centrales laissaient seuls les jeunes (avec un seul syndicat accompagnant les étudiants dans la grève : le syndicat de l’enseignement supérieur). Ni CGT, ni FO, ni SUD, ni FEN, ni SNES n’appelaient à une journée de grève le 9 mars.

Pas étonnant dans ces conditions que les jeunes aient été l’essentiel des grévistes ce jour-là et que la journée ait pu être présentée comme un échec relatif du côté des salariés ! Les centrales syndicales se sont bien gardées de rectifier l’information. Bien entendu puisque leur objectif était seulement de faire mine de s’opposer sans prendre le risque d’une convergence donnant un caractère trop explosif à cette journée. Un risque d’autant plus grand que, par hasard, cette journée avait été également choisie comme journée de grève à la SNCF et, encore séparément, à la RATP. Les syndicats se plaignaient déjà en interne de ces convergences non désirées et contre-productives pour séparer les luttes et particulariser les revendications, ce qui est leur objectif avoué. On se heurte à une offensive d’ensemble du gouvernement qui attaque tous azimuts, du public au privé, et pas seulement par la loi El Khomri mais les syndicats ne veulent surtout pas globaliser la riposte !

Pas étonnant que la journée du 9 mars n’ait pas donné un coup d’arrêt à la loi El Khomri et à la série de lois scélérates alors qu’un raz de marée profitant de la révolte générale aurait pu contraindre le gouvernement à reculer. Effectivement, Manuel Valls s’est contenté de satisfaire la CFDT par des petits changements à la marge qui, s’ils énervent le MEDEF, ne changent pas le fond ni le but de cette loi antisociale.

Certes, on peut se dire : les syndicats se réservent des forces pour leur journée le 31 mars mais, justement pourquoi « leur journée » n’était surtout pas la journée du 9 mars, celle des jeunes, celle à chaud, quand la population était choquée, révoltée, contre la loi El Khomri venant couronner une série de lois libérales et pro-patronales, celle où les transports étaient en grève ? Justement parce que depuis des années leur seule stratégie consiste à laisser retomber la colère, à calmer les travailleurs et c’est ainsi qu’ils entendent leur nouveau rôle de tampon social, et pas seulement pour la CFDT et la CGC mais même pour les syndicats CGT, FO, FEN ou SUD.

Loin de faire de cette convergence une force consciente, fondée sur l’affirmation que nous sommes tous en lutte contre la même politique, du privé au public, des jeunes aux plus anciens, des salariés en CDI aux précaires, etc, les dirigeants syndicaux préfèrent diviser et mener des luttes séparées.

Ce faisant, ils ont empêché une convergence qui aurait pu avoir un grand avenir : celle des travailleurs, des lycéens, des étudiants et des jeunes salariés ou chômeurs, précaires ou pas. Ce n’est pas la première fois qu’ils se gardent de converger avec d’autres couches sociales. Même en 1968, rappelons que les centrales syndicales luttaient d’abord et avant tout contre une chose : la convergence entre la jeunesse et les travailleurs ! En effet, bien des média rappellent les occasions où ils prétendent que la jeunesse, seule, aurait fait reculer le pouvoir comme en 1968 ou encore en 2006 avec le CPE qui avait été abandonné. Mais à chaque fois, le pouvoir, le gouvernement et les classes dirigeantes avaient craint la jonction de la jeunesse avec la classe ouvrière. Et, curieusement, les dirigeants syndicaux l’avaient craint tout autant !

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