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Et si on changeait tout dans le code du … capital ?!!

dimanche 31 janvier 2016, par Robert Paris

Et si on changeait tout dans le code du … capital ?!!

Gouvernement, patronat, média, gauche, droite, extrême droite, Hollande, Macron, Valls, Fillon, Sarkozy ne discutent que d’une chose, n’ont des idées que sur un point : comment déchirer des pages entières, des chapitres entiers du code du travail, ce texte de loi qui est maintenant présenté comme l’horreur de toutes les horreurs, la cause de tous les malheurs, le responsable de la catastrophe passée et à venir.

Et, en ce qui concerne le code du travail, tous ne sont pas seulement prêts à réformer, ils sont carrément prêts à révolutionner et tiennent à dire qu’ils auraient pour cela le soutien de l’opinion publique, affirmant que celle-ci en a assez d’un code du travail qui empêche les patrons d’embaucher, les salariés de travailler et l’économie de fonctionner.

C’est, paraît-il, évident : ce sont les droits exorbitants des salariés actuels, des CDI, des fonctionnaires qui empêchent qu’on embauche des jeunes, qu’on crée des emplois ! Si on pouvait licencier à tout moment, qu’est-ce qu’on embaucherait, disent à l’envi les patrons ! Si on ne payait aucune taxe, aucun impôt, qu’on nous payait même pour cela, qu’on avait le droit de licencier à tout moment, qu’il n’y avait plus de CDI, plus de salaire minimum et plus de réglementation des licenciements, plus d’indemnités de licenciement abusif et plus d’indemnité de licenciement, qu’est-ce qu’on embaucherait !
On se demande seulement pourquoi le monde entier voit le chômage augmenter massivement, alors que la plupart des pays n’ont pas le code du travail français, puisqu’on nous dit qu’il est particulièrement défavorable à l’emploi ! Comment se fait-il qu’on constate une hausse massive du chômage, y compris dans les pays anciennement dits « émergents » comme la Chine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du sud, le Brésil ou l’Argentine ?

Mais, voyez-vous, en France, contrairement au reste du monde, la seule chose qui bloque les embauche, ce ne serait pas la crise mondiale du capitalisme initiée en 2007-2008 : ce serait le code du travail ! La France ne fait pas partie du monde, voyez-vous, et elle ne subit pas la crise mondiale mais seulement des lois dépassées et des législations d’une autre époque, avec des conservatismes qui s’accrocheraient à des privilèges qui n’auraient plus cours…

Au point qu’on se demande comment tout ce monde-là, qui ne gouverne pas depuis la veille, de la droite comme de la gauche et du patronat, a bien pu fonctionner toutes ces années avec un pareil code du travail !! Comment se fait-il que ces gens-là ne s’en avisent que maintenant alors que c’est eux qui ont fait les lois toutes ces années, toutes ces décennies. A les entendre, on pourrait croire qu’on sort d’une époque où les salariés auraient fait la loi et où les patrons n’avaient aucunement l’oreille des gouvernements successifs !!!

Eh bien, ces pourfendeurs du soi-disant « pouvoir syndical » omettent un petit détail : si les syndicats sont acceptés pour discuter avec les patrons et le gouvernement, ce ne sont nullement les syndicats qui gèrent les entreprises, ce ne sont pas eux qui gouvernent l’Etat, ce ne sont pas eux qui ont le vrai pouvoir de décision à aucun niveau, ni du privé ni du public et ce n’était pas le cas non plus durant les années et les décennies passées, pas plus en France que dans le reste du monde capitaliste !

Alors leur volonté, claironnée sur tous les toits, de jeter à la poubelle l’ancien code du travail semble dire que celui-ci serait entièrement fait de droits des salariés et pas du tout de droits des patrons !

Loin de nous l’idée, cependant, que le code du travail actuel serait une merveille de justice sociale, de sauvegarde des droits des salariés, de limitation acceptable du droit réel qui existe dans l’entreprise, c’est-à-dire l’unique droit du capital de faire ce qui lui plait d’une propriété qui est considérée comme appartenant exclusivement au capital. Oui, le seul droit que reconnaît la constitution de la France dans l’entreprise, c’est le droit des propriétaires privés de capitaux, leur droit de faire ce qu’il leur plait de leur propriété, jusqu’à la casser et la jeter si cela leur chante, à fermer les portes de l’entreprise, à retirer même tous leurs capitaux, ou, si cela leur chante, leur droit d’exploiter autant que possible les salariés, d’accumuler de la plus-value, c’est-à-dire du travail non payé et volé sur le dos des salariés, le droit d’accumuler sans limite le profit tiré du réinvestissement de cette plus-value ou de ne pas l’investir si cela leur chante parce qu’ils trouvent plus de bénéfice à spéculer.

Loin de nous l’idée qu’il y aurait, dans ce code du travail ou dans un autre, une manière acceptable de faire fonctionner le système d’exploitation capitaliste. Ce dernier consiste, fondamentalement et quelles que soient les pays et les codes du travail qui y sont en vigueur, à donner aux possesseurs de capitaux TOUS LES DROITS sur la main d’œuvre qui travaille dans les possessions privées de ces capitaux et AUCUN DROIT aux salariés sur les possessions acquises par ces capitaux, même s’il est évident que ces capitaux ne proviennent de rien d’autre que de l’accumulation de plus-value, c’est-à-dire de temps de travail impayé et pourtant effectué, en somme un vol pur et simple sur le dos de la main d’œuvre…

Les salariés ne possèdent aucune part des machines, de la matière première, des locaux, de rien alors qu’ils ont été les seuls à apporter des richesses à l’entreprise. Ils n’ont AUCUN DROIT sur celle-ci et même aucun sur les décisions la concernant, y compris quand cette décision consiste à la fermer, en les licenciant. Ils n’ont même AUCUN DROIT, toujours dans cette fameuse législation du travail soi-disant en leur faveur, de s’y exprimer, de s’y réunir, d’y diffuser des tracts, d’y faire des réunions, d’y faire grève même. Vous me direz : mais si, les travailleurs en France ont tous ces droits ! Eh bien non, vous faites erreur : ce sont les appareils syndicaux qui possèdent de tels droits et pas les salariés eux-mêmes et ce n’est pas un hasard car ce n’est pas la même chose !

Les salariés n’ont même PAS LE DROIT de choisir eux-mêmes leurs candidats pour les représenter et n’ont PAS LE DROIT de décider eux-mêmes quand et comment ils font grève et toujours PAS LE DROIT de poser des jours de grève, des journées d’action et, pour finir, PAS LE DROIT de décider des investissements ou des orientations de l’entreprise et même pas d’en être informés. Pour tout cela, ce sont les appareils syndicaux qui ont ces droits.

Et le peu de droits, le peu de limites mises à l’exploitation capitaliste qui sans cela est sans limite, voilà que le patronat et les dirigeants politiques voudraient les supprimer dans l’urgence : que ce soit le CDI, la réglementation des embauches et des licenciements, celle du contrat de travail, de la charge de travail, des horaires de travail, des pénalités pour licenciement abusif, etc.

En voilà une révolution et ces « révolutionnaires » patronaux n’ont pas peur du changement radical, dans ce cas… Ils n’ont même pas peur de provoquer des ruptures. Ils ne craignent pas qu’on les accuse de prôner la lutte des classes, vu que c’est celle de la classe capitaliste et pas de la classe travailleuse bien entendu !

Ils n’ont pas peur parce qu’ils se cachent derrière la lutte contre le chômage pour pousser leurs buts radicaux et qu’ils prétendent s’appuyer sur la majorité de la population qui estime qu’actuellement le pire des problème est celui du chômage de masse.

Car ils affirment, sans gène, que plus on les autorisera à licencier et plus… ils embaucheront !

Jusqu’à présent, on a toujours constaté l’inverse : plus on leur a donné d’autorisation de licencier, et moins cela leur a coûté de le faire, plus ils ont supprimé d’emplois

On a toujours constaté aussi que les aides à la création d’emplois n’ont pas servi à embaucher mais à s’enrichir et que les dérogations à la loi sur les contrats n’ont servi qu’à précariser l’emploi, donc à le détruire.

D’autant que, si les emplois chutent massivement, c’est du fait qu’il n’y a pas de vraie reprise économique. Et ce n’est pas particulier à la France. On ne voit pas comment un changement du code du travail en France créerait une reprise économique mondiale.

Si l’économie mondiale a commencé à chuter en 2000 et s’est effondrée en 2007, puis a stagné à partir de 2008 grâce à une action tout à fait artificielle et massive des banques centrales et des Etats, ce n’est pas des codes du travail qui en sont cause mais le fonctionnement du capital lui-même. La cause de la chute du capitalisme n’est pas à chercher dans coût du travail mais dans le profit du capital. On est arrivé à un stade où le travail est devenu tellement rentable qu’il y a trop de capital par rapport aux investissements productifs suffisamment rentables et les capitaux se sont mis à s’investir massivement dans la spéculation, obligeant les Etats et les banques centrales à soutenir la finance et les bourses, ainsi que les banques, pour leur éviter une chute définitive. Et plus ils les ont aidé, plus les investissements spéculatifs sont devenus rentables au détriment des investissements productifs. Plus les Etats se sont endettés pour sauver les capitalistes, plus la spéculation sur les dettes est devenue rentable, toujours au détriment des vrais investissements, ceux dans la production, et donc ceux qui produisent des richesses nouvelles, de la plus-value gagnée sur le travail humain.

Voilà la véritable raison de la crise finale du capitalisme et elle n’a rien à voir avec un code du travail, avec une loi, avec une réglementation. Elle a pour fondement les bases mêmes de ce qui permettait au capitalisme de chercher sans cesse des investissements productifs : la recherche du profit maximum. Mais cette recherche du profit individuel du possesseur de capitaux a désormais l’effet inverse de celui qu’elle avait : la destruction des investissements productifs au lieu de leur développement sans frein…

Et, dans ces conditions, alors que tous les Etats du monde sont incapables de faire repartir une machine complètement bloquée, on ne voit pas en quoi la dégradation des conditions de l’exploitation que permettra la casse du code du travail, fera autre chose qu’appauvrir les salariés sans pour autant faire revenir les capitaux privés vers l’investissement productif.

Mais, puisque tous ces braves gens se sentent des âmes de grands révolutionnaires, dès qu’il s’agit de détruire tous les droits du monde du travail, eh bien prenons-les au mot et supprimons effectivement les lois sociales qui sont dépassées, surannées, qui pèsent sur l’économie, qui l’empêchent de repartir, qui empêchent les investissements, à savoir les lois fondamentales de l’économie capitaliste qui prévoient que les entreprises appartiennent aux possesseurs de capitaux.

En effet, désormais, tant qu’il en sera ainsi, les emplois vont chuter, les entreprises vont fermer, la société va sans cesse être de plus en plus détruite, les services publics fermés, les finances mangées de dettes et, avec la misère qui va gagner, la violence va se propager, violence des Etats, violence des bandes armées, celles du fascisme ou celles du terrorisme ainsi que toutes les bandes privées du capital.

Alors oui, n’hésitons pas à nous débarrasser des vieilleries sociales qui pèsent inutilement sur toute la société et la première de ces vieilleries est la loi du capital qui impose qu’une infime minorité de moins d’un pourcent détienne 99% des richesses du monde et empêche maintenant de plus en plus d’êtres humains de trouver un travail et donc de vivre décemment. Supprimons le droit du capital, voilà comment nous défendrons le droit du travail !

Messages

  • La loi El Khomri, c’est la suite de la loi Macron et des autres lois antisociales et pro-patronales. Elle donne le feu vert aux fameux accords dit de compétitivité « offensifs » réclamés depuis plusieurs années par le Medef.

    Durée maximale de travail, forfaits jour, accords compétitivité-emploi : le projet de loi El Khomri sur la négociation collective, le travail et l’emploi donne la main aux patrons contre les salariés !

    Le patron pourra décider de moduler le temps de travail et les salaires de ses employés. La durée pendant laquelle les termes de leurs contrats de travail seront mis entre parenthèses pourra aller jusqu’à cinq ans. Quant aux salariés qui refuseront ces efforts, ils seront licenciés pour « cause réelle et sérieuse ». Et non plus pour licenciement dit économique, avec tous les « avantages » qui vont avec.

    Les indemnités prud’homales en cas de licenciement illicite dont plafonnées. Les 35 heures son grignotées et on en passe…

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