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Ne faut-il croire que ce qui peut être scientifiquement prouvé ?

samedi 31 octobre 2015, par Max

« Par démonstration j’entends le syllogisme scientifique, et j’appelle scientifique un syllogisme dont la possession même constitue pour nous la science. »

Aristote

« Un homme qui ne peut croire qu’en ce qui est démontré va rapidement en mourir. »

John Locke

« Avant de douter, je veux voir ; après le doute, la preuve ! »

William Shakespeare, « Othello »

« Ce qui a été affirmé sans preuve peut être nié sans preuve. »

Euclide

« Il n’y a eu que les mathématiciens qui ont pu trouver quelques démonstrations. »

Descartes, Discours de la Méthode

« Il est assurément bien vrai que le carré de l’hypoténuse d’un triangle rectangle est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. Mais la nature d’une vérité de ce genre est différente de celle des vérités philosophiques (des vérités historiques). (…) Le vrai et le faux font partie de ces notions déterminées qu’en l’absence de mouvement on prend pour des essences propres (...) Il faut à l’encontre de cela affirmer que la vérité n’est pas une monnaie frappée qui peut être fournie toute faite et qu’on peut empocher comme ça. Il n’y a pas plus de faux qu’il n’y a un mal. »

Friedrich Hegel

« Le principal défaut, jusqu’ici, du matérialisme de tous les philosophes – y compris celui de Feuerbach est que l’objet, la réalité, le monde sensible n’y sont saisis que sous la forme d’objet ou d’intuition, mais non en tant qu’activité humaine concrète, en tant que pratique, de façon non subjective… La question de savoir s’il y a lieu de reconnaître à la pensée humaine une vérité objective n’est pas une question théorique, mais une question pratique. C’est dans la pratique qu’il faut que l’homme prouve la vérité, c’est-à-dire la réalité, et la puissance de sa pensée, dans ce monde et pour notre temps. La discussion sur la réalité ou l’irréalité d’une pensée qui s’isole de la pratique, est purement scolastique… La coïncidence du changement des circonstances et de l’activité humaine ou auto-changement ne peut être considérée et comprise rationnellement qu’en tant que pratique révolutionnaire… Toute vie sociale est essentiellement pratique. Tous les mystères qui détournent la théorie vers le mysticisme trouvent leur solution rationnelle dans la pratique humaine et dans la compréhension de cette pratique. .. Les philosophes n’ont fait jusqu’ici qu’interpréter le monde, ce qui importe c’est de le transformer. »

Karl Marx, Thèses sur Feuerbach

« C’est dans la pratique qu’il faut que l’homme prouve la vérité. »

Karl Marx

"Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme auquel ils ont renoncé, verront d’un mauvais oeil qu’un savant poursuive et développe ou même qu’il modifie ses idées."

Sigmund Freud dans "Au-delà du principe de plaisir"

« Ce qui est incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible. »

Albert Einstein

« Nous essayons de nous faire une idée aussi synthétique que possible du système de l’univers. (...) Le but idéal poursuivi par le physicien est donc la connaissance du monde réel et extérieur. (...) D’autre part, il ne faudrait pas s’imaginer que, même dans la plus exacte de toutes les sciences, on puisse faire des progrès en se passant d’une conception générale de l’Univers, c’est-à-dire en définitive d’hypothèses indémontrables. (...) Ce que l’on ne voit pas, c’est à quel point la difficulté pour faire progresser la science, c’est que le savant ait la ténacité de maintenir son point de vue. (...) Bien plus, l’austère recherche de la science ne peut progresser que par le libre jeu de l’imagination. Qui ne peut, à l’occasion, ne serait-ce qu’une fois, concevoir des choses apparemment contraires à la loi causale, jamais n’enrichira la science d’une idée nouvelle… (...) A vrai dire, on pourrait objecter ici préalablement qu’un problème de philosophie ne saurait être résolu par les sciences particulières ; que la philosophie traite précisément les questions concernant les principes et les conditions d’existence des sciences particulières ; que l’activité de la philosophie doit ainsi précéder, dans tous les cas, celle de la science et que si les sciences particulières entreprenaient de dire leur mot sur les questions de philosophie générale, ce serait empiéter d’une façon illicite sur le domaine philosophique. Quiconque juge de la sorte méconnait à mon avis l’importance du travail que la science et la philosophie opèrent ensemble. Tout d’abord, il y a lieu de considérer que le point de départ et les moyens d’investigation sont, au fond, tout à fait les mêmes dans les deux domaines. Le philosophe, en effet, ne travaille nullement avec une espèce particulière d’intelligence. A certains égards même le savant lui est de beaucoup supérieur, car il dispose, dans son domaine spécial, d’un matériel de faits beaucoup plus riche, rassemblé par observation ou expérimentation et passé systématiquement au crible. En revanche, la philosophie a de meilleurs yeux pour contempler les ensembles universels qui n’intéressent pas immédiatement le savant et que, par suite, ce dernier omet plus aisément d’observer. (...) La science admet l’existence d’un monde extérieur subsistant en soi (indépendamment de l’observateur humain NDLR) et, tout aussitôt, elle y rattache la question de la causalité, c’est-à-dire des lois qui régissent tout ce qui se passe dans l’univers, en tant que concept tout à fait indépendant de nos perceptions sensibles ; et elle se fait un devoir de rechercher si, et jusqu’à quel point, la loi de causalité est applicable dans la nature et dans le monde de l’esprit aux divers faits qui s’y produisent. (...) S’il est vrai que la structure du monde de la physique s’éloigne toujours plus du monde des sens pour se rapprocher du monde réel inconnaissable par principe, il est évident que l’image du monde proposée par la physique doit être purifiée dans une mesure croissante de ses éléments anthropomorphiques. »

Max Planck dans "Initiations à la physique"

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« Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir…. On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison. »

La Science et l’hypothèse, Henri Poincaré

« Les résultats de la recherche scientifique nécessitent très souvent un changement dans la conception philosophique des problèmes qui s’étend au delà du domaine restreint de la science. (...) Les généralisations philosophiques doivent être fondées sur les résultats scientifiques. Une fois formées et largement acceptées, elles influencent très souvent le développement ultérieur de la pensée scientifique en indiquant, entre les nombreux procédés possibles, celui qu’il faut suivre. »

Albert Einstein dans « L’évolution des idées en physique »

« La science est une activité essentiellement humaine, non l’accumulation mécanique, automatique d’information objectives qui conduirait, grâce aux lois de la logique, à des conclusions inévitables. »

"Darwin et les grandes énigmes de la vie", Stephen Jay Gould

« Le cerveau de celui qui n’a que des certitudes arrête de fonctionner… »

Oscar Wilde

En sciences, en philosophie, dans la vie, tout peut-il être prouvé ?

Il y a deux maladies graves et symétriques : vouloir tout prouver de manière sure et définitive et vouloir ne se fonder que sur des croyances qui n’ont d’autre fondement que la croyance. Ces deux maladies sont plus proches qu’on ne le croit l’une de l’autre. Les croyants considèrent en effet leur croyance comme sure et définitive. Et ceux qui croient au raisonnement sûr et définitif transforment toute connaissance, y compris scientifique, en simple croyance.

Ou on peut tout prouver de manière absolue ou on ne peut rien prouver, bien des gens ne veulent passer que d’un extrême à l’autre. Ils ne veulent qu’un absolu : ou la connaissance absolue ou l’ignorance absolue. Pour eux, le seul domaine entièrement prouvé serait celui des mathématiques.

Bien des gens croient que les sciences sont fondées sur les mathématiques, et les mathématiques sur la logique donc sur le raisonnement avec preuve. Ils y voient une opposition diamétrale entre la science dite dure et les sciences dites humaines. C’est rester en surface des choses. Il y a même une inversion des choses : c’est la logique formelle et c’est les mathématiques qui sont des constructions humaines alors que les sciences se fondent d’abord sur l’interaction avec la nature. La philosophie est bien entendu elle aussi une construction humaine car personne ne peut prétendre que sa philosophie lui soit directement dictée par la nature. Mais faut-il opposer ainsi l’homme et la nature, alors que l’homme est très évidemment issu de l’animalité et donc de la nature ?

Qu’entendons-nous par « preuve » lorsque nous nous demandons si les affirmations que nous proférons sont prouvées ? C’est une question importante. Quand on accuse un homme d’un crime, on souhaite être sûr de ne pas condamner un innocent. Quand on construit un avion ou qu’on monte dans un avion, on souhaite qu’il soit prouvé qu’il est bien construit et en bon état. Quand on est soigné par un chirurgien, on souhaite qu’il soit prouvé qu’il n’a pas trafiqué son diplôme. Quand on lance un pays dans une guerre, on souhaite qu’il soit prouvé que les motifs de la guerre ne sont pas entièrement fabriqués et fallacieux.

Le besoin de preuve se fait sentir dès que nous nous heurtons à des interrogations fondamentales comme la vie et la mort. On vient d’apprendre qu’un supposé mort s’est réveillé à la morgue juste avant d’être xxx. On espère que les personnes mise en bière sont véritablement mortes et que cela est prouvé. Mais sait-on comment prouver à coup sûr qu’une personne est morte ?

Quelles sont les affirmations que l’on peut estimer prouvées ? Est-ce celles dont les spécialistes ont dit qu’ils étaient sûrs ? Mais qui prouvera qu’ils ne se trompent pas eux-mêmes et que, dans quelques années, on ne va pas apprendre qu’il y avait une erreur dans leurs mesures ou dans leurs raisonnements. Nous sommes à une époque qui remet en question bien des choses et il est courant de renoncer à la capacité de connaitre, dans tous les domaines et d’affirmer que l’homme ne peut pas accéder à la connaissance. Cette mode touche même les sciences et on en vient à penser que l’homme ne saura jamais la vérité. Inutile même de la chercher disent certains qui affirment parfois qu’il n’y a rien à chercher à part l’homme lui-même, à part l’individu !

Nous ne pensons pas que toute connaissance soit relative, que toute connaissance soit subjective, que le monde soit inconnaissable. Nous ne défendons pas le point de vue selon lequel la science dépend de l’observateur et la réalité n’existe que si l’observateur humain la regarde. Nous ne pensons pas que la science n’est que le mode de connaissance humaine et non le fonctionnement objectif de l’univers.

Cependant, cela ne signifie pas que la question de « la preuve » soit facilement écartée. Qu’est-ce qui nous prouve que notre monde est réel, qu’il n’existe pas seulement dans notre cerveau, qu’il a bien le foncctionnement qu’il paraît avoir ou un fonctionnement différent ? La science n’a-t-elle pas montré que nos sens nous illusionnent ? La science ne pourrait-elle pas elle aussi s’illusionner elle-même ?

Bien sûr qu’elle le peut et qu’elle l’a déjà fait mais elle a évolué en relation avec des expériences et des vérifications réelles, en relation avec le monde, avec les raisonnements sur sa réalité, avec les expériences et les idées du monde. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau de la baignoire ! Ce n’est pas parce que la science n’accède pas directement au fonctionnement du monde et que ce chemin vers la vérité du fonctionnement est tortueux qu’il faudrait y renoncer. Bien des phisiciens quantiques ont eu cette démarche. Des difficultés conceptuelles et scientifiques, ils en ont déduit une philosophie du renoncement à comprendre ! Tous n’ont pas suivi ce cheminement fort heureusement, ni en sciences, ni en philosophie, ni dans la vie.

Le raisonnement formel a des limites conceptuelles. Les expériences ont des limites pour nous permettre de connaître le monde car on ne peut pas expérimenter tout et n’importe comment. Le monde ne répond pas directement à nos questions. Il ne nous fournit pas nécessairement les moyens de vérifier nos hypothèses. Il n’est pas dit que nous soyions capables de faire les bonnes hypothèses et les bons raisonnements. Cela dépend d’un hasard : la formation de scientifiques doués d’assez d’imagination et de courage pour explorer l’inconnu, pour aller à l’encontre des idées déjà admises, et dépasser des barrières intellectuelles, conceptuelles, humaines, sociales. Il n’y a aucune fatalité que de tels hommes apparaissent et donc aucune fatalité que l’humanité parvienne à tout comprendre et à tout connaître. Cela ne signifie pas qu’existe une fatalité inverse : une barrière infranchissable, une incapacité fondamentale de l’homme à comprendre ou de la nature à être comprise. Ou alors il faudrait… le démontrer !

Certains physiciens quantiques ont cru avoir démontré d’existence d’une limite à la connaissance sur le fonctionnement du monde quand ils n’ont pas cru avoir démontré qu’on ne pouvait pas savoir si le monde matériel existe ! Mais on pouvait tout à fait interpréter autrement les résultats scientifiques qui fondaient ces assertions osées. L’école de Copenhague n’est nullement la seule thèse possible pour expliquer les résultats des études quantiques. Si elle a longtemps été dominante et indiscutable, il n’en est plus de même. La physique quantique marche mais son interprétation reste discutée et discutable.

Se peut-il que les sciences demeurent efficaces, compétentes et sures sans que l’on puisse assurer l’interprétation qu’elles donnent du monde ? Se peut-il que l’on puisse donner autant de crédit aux gens qui croient à l’évolution darwinienne des espèces qu’à ceux qui n’y croient pas ? Se peut-il que l’on puisse donner autant de crédit à ceux qui croient à une matière réelle qu’à ceux qui n’y croient pas ? Se peut-il que l’on puisse donner autant de crédit à l’existence d’une vie après la mort ou d’un esprit existant en dehors de la matière qu’à ceux qui n’y croient pas ?

Il est très à la mode d’affirmer qu’on ne pourra jamais répondre à ces questions, qu’on n’a aujourd’hui aucun élément pour y répondre. Pourtant, nous allons tenter de discuter et de critiquer cette thèse.

Il est courant de lire des philosophies soulignant les limites de l’observation par l’intervention de l’observateur humain, de la conscience humaine. C’est le point de vue subjectiviste qui ouvre la porte à tous les mysticismes, aux religions, aux spiritualismes.

Mais l’homme n’est pas seulement observateur du monde, ce qui le placerait à l’extérieur de celui-ci, il est acteur participant du monde, obéissant lui-même à ses lois. Ce qui tranche sur la validité des hypothèses humaines sur le monde, c’est l’action de l’homme sur le monde et l’action non seulement d’un homme mais l’action de la collectivité humaine. Il ne suffit pas qu’un homme vérifie personnellement une idée. Il faut qu’il la soumette à d’autres hommes, qui puissent eux-mêmes la tester, la vérifier, l’expérimenter, raisonner dessus. Il faut surtout que cette idée permette à d’autres hommes d’agir en fonction d’elle et d’obtenir un résultat semblable.

Si l’homme n’est pas condamné à en rester à des questionnements, à des réflexions, à des avis, à des croyances, et à en discuter à perte de vue, s’il peut trancher sur certaines idées démontrées comme fausses par exemple, c’est parce qu’il agit en fonction de ses idées et peut s’assurer que le résultat de son action est conforme ou non à ses espérances, à ses croyances, à ses raisonnements.

Des scientifiques-philosophes comme Bohr, Heisenberg ou Born ont cru que le fait que l’homme agisse sur la nature au sein de l’expérience était une limitation des possibilités de compréhension du mécanisme de la nature. Ils ont affirmé que la science ne peut étudier que la connaissance du monde et pas le monde lui-même, comme si l’homme ne faisait pas partie intégrante du monde, sa conscience ne pouvant pas être isolée de son être.

Loin d’être une limite de la capacité de comprendre le monde, le fait que l’observation soit action, transformation du monde, est une puissance active de l’homme permettant la vérification des idées sur le fonctionnement.

Car l’homme ne se contente jamais de connaissances passives, il veut agir. Même dans la croyance religieuse qui n’a pas besoin de preuves concrètes, même dans celle qui ne croit pas aux miracles, le but de la croyance est de disposer de dieux à prier or prier dieu est un moyen d’agir sur dieu pour qu’il agisse sur la vie des hommes.

La pensée et l’action ne peuvent pas davantage être séparés diamétralement – c’est-à-dire doivent être reliés dialectiquement – que ne le peuvent le corps et l’esprit, l’expérience et le raisonnement, l’observation et l’idée qui est à son origine, la théorie et la pratique.

L’action n’est pas seulement vérification de nos réponses aux questions. Elle est aussi création de nouvelles questions qui amèneront de nouvelles expériences. C’est une rétroaction permanente comme entre tous les contraires dialectiques.

L’homme n’est pas condamné à en rester aux interrogations et aux réponses contradictoires. Il peut avancer dans ses questionnements.

Cela signifie que certaines questions sont dépassées.

Les thèses selon lesquelles « l’homme n’est pas fait pour voler ni pour nager », « l’homme est le seul animal doté du langage », « la matière s’oppose diamétralement au vide », « la matière ne peut être ni créée ni détruite », « tout se déplace et évolue en continu », « rien ne se perd, rien ne se crée », « les étoiles ne sont pas matérielles mais spirituelles et divines » ne sont plus seulement des thèses discutables. L’action des hommes a permis d’y donner des réponses par l’action et pas seulement par l’observation. Car l’homme n’est pas un simple observateur (extérieur) du monde mais une partie de celui-ci qui interagit avec le monde.

Loin de limiter notre capacité de comprendre et d’analyser le monde, le fait de le transformer est une considérable avancée pour la recherche de la vérité sur le monde, pour la preuve des assertions avancées.

Tout ce qui est présenté comme des limitations absolues de la connaissance humaine n’en est pas. Personne n’a prouvé la limitation objective de la connaissance, même si bien des gens le croient. Tout au plus a-t-on démontré une limite d’une méthode particulière de connaissance comme la logique formelle (obéissant au principe d’identité, de non-contradiction, de tiers exclus, de transitivité logique). Même la physique quantique, avec les inégalités d’Heisenberg n’a pas démontré que la trajectoire de l’électron n’est pas connaissable mais qu’elle n’existe pas, n’est pas un objet valable en physique des particules, ce qui est très différent. Elle n’a pas prouvé que la particule n’est pas connaissable mais qu’elle n’est pas un objet matériel au sens des objets à l’échelle macroscopique. Cela a montré que la réalité était différente de ce que l’on pensait et non pas qu’elle n’était pas connaissable. La réalité étant quantique, elle ne pouvait pas être connue à un niveau non quantique, c’est tout ce qu’a affirmé la physique quantique et pas l’impossibilité de connaître. L’impossibilité de mesurer simultanément des paramètres correspondants n’est pas une limite de la capacité humaine de mesurer mais une signification de la réalité : les paramètres corrélés sont des paramètres qui dépendent des mêmes quanta. C’est réellement qu’ils ne sont pas indépendants et pas dans l’expérience. Si une expérience sert à mesurer la réalité comme des ondes et une autre expérience sert à mesurer la réalité comme des particules, cela ne signifie pas que les mesures réalisées par des hommes ne pourront jamais nous faire savoir quelle est la réponse : onde « ou » corpuscule. C’est parce que la réalité n’est pas un « ou » exclusif mais que la réalité est à la fois les deux, en même temps et ce n’est qu’au niveau macrosocopique (l’homme et ses instruments) que la réalité a une image onde ou corpuscule exclusivement. Si la physique quantique, du fait de son formalisme ne peut pas aller au-delà de cette contradiction, ce n’est qu’une limite d’une étape de la physique quantique, celle qui étudie la matière réelle et la lumière réelle. Elle est dépassée par la physique qui étudie le fondement des deux : le vide quantique dit virtuel. C’est le vide qui donne leur unité et leur fondement au monde de la matière et à celui de la lumière. Matière et lumière ne sont que des structurations du vide quantique.

Le fait qu’on puisse prouver ne signifie pas que ce qui a été prouvé soit éternel. Les seules pensées éternelles sont les pensées mortes, celles qui ne sont pas des descriptions de la réalité. Les mathématiques, même si elles ont une incroyable efficacité, ne sont pas des descriptions de la réalité. Ce ne sont pas des descriptions fausses, ce ne sont pas des descriptions du tout. Aucune équation ne dit « ce qui se passe quand ». Elle est seulement compatible ou pas avec « ce qui se passe quand ». Les équations sont un monde à part. Elles peuvent ainsi être entièrement justes ou fausses alors qu’aucune description de la réalité ne peut être entièrement juste.

Les questions que l’homme se pose sur l’univers sont des questionnements qui sont dynamiques, qui avancent, qui ne s’en tiennent jamais à aucune réponse, qui posent de nouveaux problèmes plus vite qu’elles ne répondent aux anciennes questions.

Si l’homme ne peut pas attendre d’avoir la preuve de ses idées avant d’agir, c’est parce qu’il a besoin d’agir pour avancer dans sa preuve de ce qui est juste et de ce qui est faux. Demander de savoir avant d’agir, c’est demander au bébé de ne pas tatonner, de ne pas balbutier avant de parler, de ne pas tomber avant de bien marcher, et à l’humanité de ne pas faire d’erreur avant de connaitre le vrai.

Mais l’erreur est indispensable à la manifestation de la vérité. L’hypothèse erronnée est un pas considérable vers la manifestation de la vérité si cette hypothèse permet d’agir de manière à examiner les conséquences de cette action, conséquences permettant de trancher entre les thèses adverses.

Les questions qui n’ont pas de réponse sont celles dans lesquelles aucune expérience ne permet de trancher parce qu’aucune action ne peut se servir de l’idée à prouver. Ce sont les questions métaphysiques. Ce sont des domaines dont les idées ne convainquent que les convaincus et ne peuvent convaincre les non-croyants. Dans de tels domaines, on ne pourra jamais convaincre ni les uns ni les autres en restant sur le terrain du seul questionnement. Par exemple : dieu existe-t-il ou y a-t-il une vie après la mort, etc.

Là encore, la solution réside dans l’action. Si les religions ont pour base des besoins humains, la preuve de ce fait est dans la résolution de ces besoins, et pas dans le fait de se dédier aux questionnements à l’infini. Si ce sont les souffrances des hommes qui les poussent à la croyance, il faut alors tenter de combattre les causes de ces souffrances. Si l’homme croit être dominé par un pouvoir supérieur dans le ciel, c’est parce qu’il l’est sur terre. Pour changer cette croyance, il ne suffit pas de la combattre en théorie, il faut la combattre en pratique, en supprimant l’oppression et l’exploitation sur terre, en faisant en sorte que les hommes ne soient plus soumis durant leur vie afin qu’ils n’imaginent pas de l’être par un au-delà. Pour éviter de croire au paradis, il faut que la terre cesse d’être un enfer.

Prouvez-moi que le socialisme est possible, dira le non-croyant au socialisme. Et il affirmera que croire au socialisme, ce serait comme croire au paradis : une simple croyance que l’on peut admettre ou pas mais que l’on ne peut pas prouver.

En fait, c’est abstraitement et par le seul discours que l’on ne peut rien prouver, pas plus le fonctionnement de la matière que le reste, pas plus la validité de l’idéalisme et du matérialisme, du dualisme ou du monisme, du socialisme ou de la pérennité du capitalisme. On ne juge d’une idée que sur les actions qu’elle amène à réaliser.

Si on ne croit pas à la gravitation, on peut penser qu’il suffit de sauter d’en haut d’un immeuble pour voler dans les airs.

Mais pour contrer la gravitation, il ne suffit pas de ne pas croire en elle. Il faut, au contraire, croire en elle pour agir contre elle. C’est que cette objectivité est plus forte que la croyance.

C’est cela la preuve de l’objectivité de la réalité.

Les Pharaons croyaient qu’ils pouvaient atteindre la vie éternelle mais aucune de leurs religions ne le leur a permis, autant qu’on le sache…

Personne n’a pu aller au paradis, ni en enfer, et en revenir. Mais les hommes peuvent toujours essayer… Jusqu’à preuve du contraire, les actions pour aller au paradis ou en enfer, comme pour n’aller nulle part après la vie terrestre, mènent exactement au même résultat.

« Ce n’est pas prouvé », disent les naïfs. Si on leur propose une martingale dans laquelle investir tout leur argent pour faire fortune au jeu et que vous affirmez que c’est une arnaque, les mêmes vous diront toujours la même chose : « ce n’est pas prouvé ». Et ils agiront de manière à en faire la preuve : en se ruinant.

La différence entre la croyance et l’attitude scientifique, que ce soit en sciences, en politique ou dans la vie, c’est que la méthode scientifique permet de progresser, théoriquement comme pratiquement, de se poser des questions plus avancées et plus poussées et d’avoir une capacité d’action plus avancée et plus poussée, alors que la croyance en reste toujours au même point.

Celui qui croit en dieu estime que dieu nous a transmis un texte éternel et que l’action humaine, par définition ne pourra jamais modifier sur le fond, puisque l’homme est très inférieur au pouvoir supérieur et spirituel. Le fait d’étudier la religion n’a pas pour but d’améliorer le propos divin mais seulement d’y accéder. C’est cela qui oppose les deux démarches.

Nous n’avons pas pour but de battre les croyances sur leur propre terrain, en fabriquant une nouvelle croyance plus puissante que les anciennes. Nous voulons changer le monde réel, dont l’homme et la société humaine font partie.

Ceux qui nous disent « vous n’avez pas prouvé » au sens de « vous n’avez pas produit une nouvelle croyance pure et sans défaut » nous demandent de créer une nouvelle religion pour remplacer l’ancienne. Mais ils ne peuvent nous entraîner dans leur démarche car elle ne vise pas à la transformation du monde, seulement à la contemplation du monde, à la transformation de nos pensées. La religion peut nous apporter une impression de paix intérieure, de consolation, de bien-être, de soumission à la fatalité, de tranquilité mais, en termes d’action réelle, les religions n’apportent riend e tout cela. Elles n’apportent aucun bien-être réel, aucune pacification des relations humaines, aucune pacification de la violence des classes dirigeantes, aucune paix réelle des relations humaines. La preuve de l’action contredit la thèse des religions et le fait de manière régulière et pour toutes les religions.

C’est dans la réalité que nous voulons juger les religions et non sur le terrain du discours coupé de la réalité. De même, nous voulons juger de la science en rapport avec les actions qu’elle nous permet ou pas de mener. Nous jugeons aussi de la validité des thèses en politique et en économie par les actions vers lesquelles elles nous portent.

Alors il n’y a pas de preuve ? Si : il y a la preuve dans l’action !

La preuve par la seule pensée métaphysique, séparée de l’action, ne peut trancher ni faire avancer aucun problème, ni ceux du monde matériel, ni ceux du monde social, ni ceux de la pensée.

La pensée scientifique, celle qui montre que tout change sans cesse dans la matière inerte comme vivante, ne peut pas parvenir une pensée dans laquelle ce serait le contraire qui serait vrai, à une pensée définitivement prouvée et donc inchangeable…

Le rôle de l’hypothèse

Le rôle de l’erreur

Quelle vérité ?

Quelle relation entre le rationnel et l’irrationnel, entre le conscient et l’inconscient

Y a-t-il une existence objective ?

Tout est-il virtuel ?

L’être et la pensée

Tout ce qui est réel est-il rationnel ?

Philosophie des sciences et philosophie des mathématiques

La science est-elle débarrassée de la philosophie ?

La science donne-t-elle la preuve de la non-existence de dieu ?

Le point de vue de Locke sur la connaissance humaine

Locke et Leibniz

L’incomplétude de Gödel

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