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La Voix des Travailleurs de Renault

vendredi 20 mars 2015, par Robert Paris


LA VOIX DES TRAVAILLEURS DE RENAULT

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


La loi de l’offre et de la demande

On a tous des comptes congés transitoires qu’on a chargés à chaque fois qu’on n’a pas pu faire les formations dues par le patron. La direction affirme que, fin 2016, tout devra être soldé sous peine d’annulation. C’est juste une manière de faire pression pour qu’on ne cumule pas des congés pour en faire des vacances. En fait, elle ne peut pas les annuler. Pour s’en sortir, la direction a proposé de les transformer en argent, à condition qu’on s’en serve pour acheter un véhicule Renault. Indépendamment de la légalité de la démarche curieuse, on peut remarquer qu’un tel échange peur avoir lieu dans les deux sens. Si on peut échanger des vacances contre un véhicule, on peut aussi revendre à Renault notre ancien véhicule contre des vacances supplémentaires. Les échanges, c’est toujours dans les deux sens, non ?

On n’est pas des bouche-trous

La direction organise un forum de mobilité interne pour nous proposer des mobilités qui résolvent ses problèmes. Bien entendu son objectif n’est pas que ces mobilités résolvent nos problèmes à nous ! Elle cherche seulement à remplir ses cases vides en évitant au maximum d’embaucher à l’extérieur, quitte à faire des trous ailleurs, en tâchant aussi de reporter la tâche sur ceux qui resteront dans le secteur. Si Renault vient de se payer une bonne pub en annonçant qu’elle va embaucher massivement, ce forum démontre qu’en réalité, on en est toujours aux embauches a minima avec le maximum de pression de travail sur les salariés et des acrobaties pour combler les trous…

Logo : la tête à toto

La direction veut revoir son logo. Changer de losange, ce n’est pas seulement dépenser des sommes colossales pour dessiner, imaginer, tester, remplacer quantité de ces petites figures, mais c’est changer d’image, se faire remarquer. La direction va même plus loin : pour elle, ce qui fait vendre en premier, ce n’est pas le moteur, ce n’est pas la forme du véhicule, ce n’est pas ss performances, ce n’est pas son intérieur, c’est son logo ! D’ailleurs, Ghosn a décidé qu’à l’avenir, le cœur de métier sera le logo et tout le reste sera sous-traité. Ne vous en faites pas : à ce stade, il y aura belle lurette déjà que le PDG aura été remplacé… par le logo !

Tous les dictateurs s’accrochent à leur poste

Le PDG Ghosn est déjà en âge de faire valoir ses droits à la retraite mais les dispositifs qu’il s’apprête à faire voter (notamment l’âge limite de départ en retraite du président du conseil à 72 ans), par l’assemblée générale des actionnaires du 30 avril, montrent qu’il a bien l’intention de s’accrocher Au titre de 2013, Carlos Ghosn a perçu 2,9 millions d’euros, uniquement pour Renault, en plus des 8,93 millions d’euros chez Nissan, ce explique qu’il tienne à son fromage ! Les actionnaires, qui ne subissent pas la potion amère des 0% d’AGS, mais un dividende de l’action qui passe de 1,72 € à 1,90 €, soit un plus de 10%, vont le soutenir !!!

Nul n’est censé ignorer la loi mais tous ne doivent pas la respecter

Une autre résolution qui sera présentée à l’assemblée des actionnaires pourrait aussi avoir des conséquences non négligeables. Elle vise à refuser l’application de la « loi Florange », faite pour encourager l’actionnariat de long terme en instaurant des droits de vote double pour tout titre détenu au nominatif pendant au moins deux ans. C’est ça qui est amusant : les trusts peuvent tout à fait refuser l’application d’une loi qui assurerait un peu plus les salariés contre les capitaux volatils qui s’investissent et quittent ensuite rapidement une entreprise.

Le féodal au monde de l’électrique

Dans « Global », la direction de Renault affirme avoir « doublé le volume des commandes de véhicules électriques en 2014 ». Savez combien ça fait le double de pas grand-chose ? C’est pas terrible ! Pas quoi justifier, en tout cas, le pari risqué du « tout électrique » qui a caractérisé l’entêtement de Carlos Ghosn à Renault, refusant tout effort vers l’hybride, même quand cela s’est avéré plus judicieux. Pas de quoi justifier l’autosatisfaction du PDG qui l’amène à se distribuer des revenus plus que copieux, comme s’il avait pris la tête des victoires. D’ailleurs, même Global, journal de la direction de Renault, reconnaît maintenant que « si Renault veut être compétitif partout, il doit proposer une large palette de solutions : le thermique et l’électrique sans oublier l’hybride. » Croyez-vous que le samouraï aurait le courage de dire qu’il s’est trompé et d’en tirer les conséquences, lui qui sait faire payer ses subordonnés. Pensez donc ! Ce n’est pas lui qui se fera hara kiri !

Dis-moi qui tu entretiens…

La CGC, un syndicat de salariés rappelons-le pour ceux qui n’y voient que le syndicat du patron sous le simple prétexte qu’il se fait toujours l’avocat de la direction auprès des salariés, nous explique par tract que les entretiens annuels sont « un investissement », « fondamentaux pour le parcours de carrière mais aussi pour le bien-être au travail », etc. Rappelons qu’il n’y a pas si longtemps ces « entretiens » (qui entretient et qui est entretenu ?) qui n’entretiennent que la crainte du salarié, n’existaient pas et on s’en passait très très bien. A l’époque de leur mise en place, quelques rares militants syndicalistes ont proposé de s’y opposer ou de les boycotter et ils se sont heurtés à des dirigeants syndicaux (de tous les syndicats et pas seulement de la CGC qui cultive ainsi sa clientèle faite de cadres heureux de tout encadrer) qui ont affirmé que cela n’avait aucune importance, que ce n’était que du bla-bla sans conséquence. En réalité, c’est une redoutable méthode psychologique de piégeage des salariés qui s’est progressivement affinée et est devenue un moyen psychologique très au point pour pousser le salarié « entretenu » à se dénoncer lui-même, à se culpabiliser, à se justifier et à promettre qu’il fera mieux l’an prochain, gare à lui s’il n’y parvient pas. Cette méthode qui ressemble à s’y méprendre à la confession catholique avec sa faute, son autocritique, ses engagements et son absolution (ou pas). La philosophie est clairement celle de l’autoflagellation : je suis très coupable, j’en suis conscient, je dois m’améliorer, je m’y emploie, ma situation est individuelle et je ne peux pas en parler à mes collègues. La confession reste secrète, et doit rester entre le confesseur et le confessé, pardon l’entre-tenu (très bien tenu) et l’entre(sou)teneur, sauf à être dévoilé au bon dieu, pardon au patron en cas de récidive de faute. Tout cela, bien entendu, pour entretenir… les profits patronaux ! Et viennent les Tartuffe syndicaux de la CGC pour nous dire que c’est pour notre bien !!!

Nissan/Renault, pas de quoi s’inquiéter ?

La direction organise la fusion entre les deux trusts automobiles Renault et Nissan. Vous avez dit « fusion » mais pas du tout ! La direction l’a bien dit, ce n’est pas une fusion. Ce sont seulement les investisseurs et les marchés financiers à qui ont dit que c’est une fusion. Pour les salariés, ce n’est pas du tout le discours convenu. On ne parle pour le moment que de « rapprochement ». Ça fait plus doux, plus progressif, moins irréversible et dangereux ! Un peu d’hypocrisie, c’est plus psychologique pour prendre doucement les salariés… Parce que chacun sait que les fusions sont synonymes de suppression des doublons ! Et, des doublons, ça ne manque pas entre Renault et Nissan puisque ces deux trusts automobiles se sont développés essentiellement de manière indépendante, chacune répondant à l’ensemble des besoins en compétences. La direction, qui nous prend pour des enfants de chœur (ou des canards sauvages, on ne sait plus trop ?), voudrait nous faire croire que cela ne va concerner que les directions qui, elles seront fusionnées, sans que cela redescende à nos échelons bas de gamme… Foutaises ! Après les hiérarchiques, c’est bien entendu tout le menu fretin qui sera mis sur le grill à son tour. Le « gain d’échelle », on le sait bien, ça ne marche que quand les marchés financiers apprécient parce qu’il y a de grosses économies sur le dos des salariés et par la surexploitation de ceux qui restent. C’est maintenant qu’il faut le dire, si cela ne nous convient pas et s’en donner les moyens, pas quand on commencera à cuire…

Renault, l’autre manière d’être… une banque

La direction de Renault s’adresse à nous, travailleurs, comme si nous avions de l’argent à ne pas savoir qu’en faire… On sait bien que la direction ne les distribue pas à la pelle, les euros, et les lâche plutôt avec des élastiques ! Et pourtant, elle vient, la gueule enfarinée, nous proposer de placer nous sous (primes établissement et entreprise – pas les AGS, notez le bien !) dans une FCPE Renault donc de les jouer en bourse auprès de la banque Renault, laquelle joue déjà tout l’argent du trust à qui perd gagne, au risque de faire à nouveau la chute libre au prochain 2007, ce qui ne saurait tarder… Ou même que la banque Renault, la RCI Banque, chute sans attendre un crise générale, comme l’a fait récemment la banque Peugeot, qui n’a dû son salut qu’à l’argent du contribuable, à coups de milliards !

Comment se fait-il que Renault joue ainsi au banquier alors qu’on pourrait croire que Renault, c’est seulement une entreprise de construction automobile ? Eh bien, le résultat est bel et bien là : une grande partie des profits servent à des coups boursiers et financiers qui amènent pour le moment 6,5 milliards de dépôts dans les caisses de la RCI Banque en décembre 2014 et demain… qui sait ? Et qui paiera alors en solidarité avec la banque ?

Augmentations ou diminutions ?

La direction est toujours dans le déni. Elle continue à affirmer que zéro augmentation générale des salaires est encore une augmentation des salaires ! Dans le genre entêtement et contrevérité évidente, c’est réussi. Elle a beau totaliser les AGS (nulles) avec les augmentations à la tête du client (nulles pour beaucoup) et celles à l’ancienneté, les moyennes qui résultent de ces calculs d’apothicaires ne peuvent effacer le fait suivant : zéro virgule zéro plus zéro virgule zéro d’AGS = 0% d’AGS ! Même à ce niveau élémentaire, même la direction sait compter…

On sait bien aussi que la direction prétend calculer, pour la première fois, les AGS en fonction de l’inflation. Pas étonnant : c’est la première fois aussi que l’inflation officielle baisse en France ! Quand il y avait une forte inflation, la direction se gardait bien d’indexer les AGS sur le coût de la vie, refusant l’échelle mobile des salaires que nous revendiquions ! Aujourd’hui, il n’y a pas plus fervent partisan de l’indexation des salaires sur l’inflation… du moins tant que c’est un argument pour nous refuser des augmentations alors que ses profits, ses ventes, les revenus de ses actions, les dividendes des actionnaires, ses bénéfices nationaux et internationaux, tout augmente, y compris les salaires du PDG… sauf les salaires !

La direction a même l’audace d’affirmer que, si l’inflation réaugmente, elle augmentera les salaires. Elle l’écrit dans sa « campagne de révision des rémunérations des ETAM » : « Une augmentation de 1% cette année correspondrait à une augmentation de 2,5% dans un contexte d’inflation de 1,5%. » Mais, pas d’inquiétude, dans un tel cas, comptez sur la direction pour trouver un autre critère comme les ventes de véhicules ou les perspectives de ventes, ou encore la concurrence, sans parler du cours des monnaies ou des difficultés des marchés financiers, ou des problèmes avec la Russie, pour justifier que l’on continue à ne pas nous augmenter.
Quant à la CGC, la voix de son maître, elle voudrait nous faire croire qu’elle a été efficace dans la négociation responsable avec le patron et affirme qu’elle a ainsi « fait passer un budget prévu à 0,6% au départ à un budget de 1,1% » alors qu’avec ses petits bras, elle a seulement fait comme tous les négociateurs : transformé 0% d’AGS en 0% d’AGS !

Elle se moque des femmes et de nous tous

Women@Renault, c’est le réseau de la direction pour s’adresser aux femmes et même pas pour féminiser l’entreprise. Croyez-vous qu’il s’agirait de faire campagne pour la parité au sein du conseil d’administration, au sein de la direction exécutive, au sein des diverses directions, au niveau de toutes les embauches ? Vous n’y êtes pas, sa campagne consiste seulement à dire aux femmes de se faire bien voir de leur n+1. C’est ce qu’ils appellent « prendre la parole pour booster sa carrière » ! Dirigée par des femmes cadres, spécialistes du lèche-bottes, elle propose aux femmes, le 8 mars comme toute l’année, d’en faire autant. Femmes, comme les autres salariés, révoltez-vous !

Quand la CFDT se mobilise pour l’embauche…

Dans un tract du 2 mars, la CFDT affirme que « les embauches sont un bon signe », ne faisant là qu’accompagner le discours de la direction et refusant de voir qu’on est très loin, avec l’annonce de 1000 embauches en CDI (à vérifier), de la réalité des suppressions d’emplois à Renault. Mis la CFDT ne s’en tient pas là et se donne les moyens d’amplifier le mouvement. Jugez en : « Chacun peut être potentiellement acteur de ces recrutements : chaque candidat, Renault ou non, peut déposer sa candidature spontanée, créer un profil afin de recevoir les alertes mails, répondre à une offre sur le site » et patati et patata…

Ça, c’est du syndicalisme positif, de proposition, de concertation, de cinéma. On dirait que les chômeurs et les précaires ignorent ces procédures et que la CFDT leur offre ainsi un tremplin pour… sauter dans le vide ! Et elle conclue : « Il nous faut dès aujourd’hui poser els bases des futurs recrutements, de leur accueil et de leur formation. » Tout cela alors que le bilan du groupe Renault est encore clairement des suppressions massives d’emplois comme les autres trusts, même si les profits rentrent.

Ne comptons pas sur les bonnes affaires des trusts pour offrir des emplois à nos enfants. Comptons plutôt sur nos luttes et certainement pas avec l’appui des syndicats de collaboration.

Le TCR de Guyancourt a la palme

Le prix que mérite le site de Guyancourt n’est pas celui du plus accessible, ni du plus sympathique, ni du plus détendu, ni encore du plus accueillant. Non c’est celui du plus cloisonné. Tout a été pensé pour isoler, pour cloisonner. Chacun dans son bocal ! Quant à l’information, elle circule tout aussi mal. Mais la direction trouve que c’est très bien comme cela…

Regarde les hommes tomber

Début mars, au CTL de Lardy, un employé de PEI est passé à travers un puit de lumière du L22. Il a fait une chute d’environ quatre mètres et a eu l’énorme chance de s’en tirer sans trop de mal. Non seulement le puit de lumière n’était pas sécurisé par des barreaux mais les portes étaient cadenassées et même l’APS n’avait pas de passe ni de coupe-boulons ! Tout le monde sait qu’en cas d’accident les pertes de temps peuvent être fatales… On se dit que notre sécurité n’est vraiment pas la priorité de nos employeurs, PEI comme Renault. Tant que les dividendes augmentent…

L41 : réorganisation avant prestation

La direction a annoncé un regroupement d’UET (quatre en deux) au L41 (Lardy), ce qui fait dire qu’après les postes de pro et de techniciens, même le nombre d’UET diminue. Ça, c’est pour l’anecdote, mais le pire c’est qu’elle a nommé un CUET qui a un gros passif avec plusieurs salariés de l’atelier qu’il est censé diriger désormais. La direction est bien sûr au courant mais elle s’entête. Tout le monde pense qu’elle cherche tout simplement à dégoûter les gens de l’atelier afin d’installer sa sacro-sainte sous-traitance, voire aller au conflit ouvert entre le CUET et les salariés de l’atelier dont elle espère qu’ils paieront les pots cassés… Que la direction arrête de nous prendre de haut ou elle pourrait elle aussi tomber… de haut !

Le fond et la forme… ation

Les chefs, après avoir subi de graves pressions (mais, on le jure, ils n’ont pas été torturés…), afin qu’ils réussissent enfin à nous faire faire nos quotas de formation, ont enfin pondu deux projets de formation ou du moins ce qui en a l’intitulé. Non, ces formations ne sont pas vraiment obligatoires mais si vous voulez vous fâcher avec le chef, vous n’avez qu’à les refuser, suivez mon regard… Les thèmes, si on peut le formuler ainsi, c’est la sensibilisation à la qualité des écrits (rien à voir avec la transformation du français de Ronsard à Balzac !) et la satisfaction du client (rien à voir non plus avec la recherche de la baisse des prix !). On peut leur suggérer les sujets de leurs deux prochaines formations : comment dire bonjour à son chef (pas dans le style : « Un cachou, chef ? ») et comment faire perdre son temps au salarié par des formations bidon ou stupides !


Et si Le Pen gouvernait en France ?

En France, comme dans nombre de pays d’Europe, les grands partis classiques de la démocratie bourgeoise, de droite et de gauche, sont parvenus à se discréditer et à s’autodétruire à peu près complètement dans l’opinion. Grèce, Espagne, Italie, Portugal, Belgique ou France ont eu successivement au gouvernement leurs Sarkozy-les salaires suivis de leurs Hollande-les emplois. C’est-à-dire des gestionnaires de la crise sur le dos des classes laborieuses et au profit exclusif du grand capital. Rien d’étonnant qu’ils finissent toujours par favoriser les partis d’extrême droite puisque leur seul discours, de gauche comme de droite, pour détourner le mécontentement populaire fait appel aux démagogies classiques de l’extrême droite : démagogie anti-jeunes, anti-banlieues, anti-musulmans, anti-Roms, anti-immigrés, anti-sans papiers, anti fonctionnaire, anti-syndicale, anticommuniste et anti-ouvrière.

Mais les dérives des politiciens ne sont pas les seules à expliquer la montée de l’extrême droite liée à l’usure de la démocratie bourgeoise. Les promesses non tenues ne sont pas non plus suffisantes pour la comprendre. C’est la confiance dans le système capitaliste lui-même qui est usée, après des années où on nous a dit que le système allait se redresser suite à la crise de 2007-2008. En fait, les milliers de milliards de dollars injectés par les Etats et les banques centrales n’ont pas relancé l’économie et en rien résolue la crise. Le capitalisme ne tient plus qu’à un fil qui sera tranché par la prochaine crise financière, les sommes injectées n’ayant fait qu’accroître la spéculation et non développer la production.

La seule réponse réelle à cette crise a consisté à faire basculer le monde vers une guerre internationale contre le « terrorisme islamique ». Là encore, gouvernements de gauche comme de droite n’ont fait ainsi que donner crédit aux thèses d’une extrême droite violemment anti-musulmane depuis longtemps.

Une autre raison pousse les politiciens, qu’ils soient de gauche ou de droite, à développer la démagogie anti-musulmane : la nécessité de diviser les travailleurs, de les opposer entre eux afin d’éviter les mouvements sociaux qui pourraient finir par exploser avec la hausse du chômage, de la misère, la baisse du niveau de vie, les réductions des droits sociaux, de la santé, de l’éducation, des services publics. Plus l’Etat abandonne son rôle social, plus il ne valorise plus que son rôle de policier et de militaire. Même s’il le justifie par la sécurité face aux attentats, l’Etat n’est plus que répressif et la démocratie bourgeoise donne de moins en moins d’illusions.

Mais ce qui favorise l’extrême droite, c’est le fait que les couches moyennes, habituels piliers de la démocratie bourgeoise, n’ont plus confiance en l’avenir. Pour elles, la situation semble devoir être de plus en plus bouchée. L’Etat qui n’a rien à refuser aux banquiers et aux capitalistes, laisse chuter les petits bourgeois et ils craignent de ne plus pouvoir vivre dans la situation de couche intermédiaire à laquelle ils tiennent. Dans ce genre de situation, les classes dirigeantes tiennent à faire basculer ces couches moyennes vers l’extrême droite.

Quand la démocratie bourgeoise et le système capitaliste ne laissent plus d’illusions aux masses populaires, les classes dirigeantes, s’estimant menacées dans leur domination, basculent dans le fascisme qui est une manière d’en finir avec les risques de révolution sociale : en détruisant la démocratie et le mouvement ouvrier. On a vécu cela plusieurs fois en Europe, en France notamment.

Compter sur les élections pour « battre Le Pen » ou pour « battre l’extrême droite » est complètement illusoire et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ce sont les partis bourgeois classiques, de gauche et de droite, qui se chargent de favoriser les idées lepénistes, que ce soient l’idée que les Musulmans, les banlieues, les immigrés et les Roms représentent le plus grand danger. Ensuite, les partis classiques vilipendent le Front National mais ils le créditent à chaque occasion comme récemment Hollande recevant Le Pen à l’Elysée, sous prétexte des attentats.

La perspective « de gauche » contre la montée des fascismes est une illusion particulièrement dangereuse. S’unir avec la bourgeoisie « de gauche » contre un mal qui vient de la bourgeoisie elle-même, c’est se tromper d’adversaire. Toute l’histoire passée montre que la gauche n’a jamais servi à battre le fascisme mais, au contraire, à le favoriser.

Bien sûr, des voix pour Le Pen ou même une présidence pour le FN, ce n’est pas encore le pouvoir fasciste en France, mais c’est un symbole d’une évolution dangereuse. Cela signifie qu’une partie de l’opinion publique a suffisamment été remontée contre les musulmans et contre les ouvriers, et cela va ensemble, même si bien des travailleurs n’en ont pas encore conscience. C’est pour affaiblir la classe ouvrière que la bourgeoisie s’attaque à sa fraction la plus exploitée, la plus facile à isoler et à la désigner du doigt comme bouc émissaire des insécurités diverses qui découlent en fait toutes de la crise de la société bourgeoise.

Ni l’Etat bourgeois, ni « la démocratie », ni la gauche ne peuvent nous défendre contre la montée du fascisme. Quand la société capitaliste bascule, il ne sert à rien de pleurer et d’appeler de ses vœux un pacifisme des classes dirigeantes. Il faut changer de manière de lutter et de s’organiser. Il ne faut pas craindre de radicaliser la lutte sociale… Il faut démontrer que les prolétaires sont capables de se battre contre le banquiers, les spéculateurs, les trusts et autres bandits capitalistes, c’est aussi une des manières d’entraîner derrière les travailleurs et vers le socialisme, des couches paupérisées des classes moyennes et donc de couper l’herbe sous le pied du fascisme tant qu’il est encore temps….

Messages

  • Renault : les 169% d’augmentation de Carlos Ghosn ont du mal à passer
    Le PDG du groupe Renault-Nissan a vu sa rémunération s’envoler en 2014, alors que les salariés ont dû accepter un gel de leur salaire.

    La somme fait déjà polémique. Pour l’année 2014, le package (fixe et variable) de Carlos Ghosn s’élève à 7,2 millions d’euros, selon le document de référence qui vient d’être publié par le groupe Renault.

    Une augmentation substantielle de 169% par rapport aux 2,67 millions d’euros qu’avait touchés le PDG en 2013. Sa part fixe reste inchangée, à 1,23 million d’euros, et sa part variable progresse de 31%, à 1,814 million d’euros, sur fond d’amélioration des résultats du constructeur. Mais la flambée de la rémunération du patron s’explique surtout par l’attribution "d’actions de performance", pour une valeur globale de 4,1 millions d’euros.

  • AGS = 2600% !

    Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, ne fait pas parler de lui que parce que son pari du tout électrique a échoué ou parce que ses accusations d’espionnage au profit de la Chine contre ses collègues de la direction étaient inventés et mensongers, mais du fait du sommet de rémunérations qu’il atteint. En effet, ses revenus comme patron de Renault est passé de 2,67 millions d’euros en 2013 à 7,2 millions en 2014, soit un revenu multiplié par 2,6, soit 2600 %. C’est sans compter les 7,6 millions d’euros qu’il s’attribue lui-même aussi, comme patron de Nissan, la pécadille de 7,6 millions d’euros. Le fait qu’il fasse fusionner les deux entités ne supprime pas le doublon que représente sa double paie et ses doubles primes ou cadeaux d’actions. Et c’est d’autant plus remarquable que Ghosn vient de se faire le défenseur de la « modération salariale » prétendument causée par l’inflation qui serait en baisse et qu’il défend les derniers accords avec certains syndicats qui ont fait payer aux salariés les frais de la crise. L’austérité ne s’applique ni à lui-même ni aux actionnaires !

  • Inadmissible !

    Jeudi 26 février, dans les deux ateliers de MPR (magasins de pièces de rechange) de l’usine Renault du Mans, la direction a réuni les travailleurs pour leur annoncer que leur activité était réorganisée et que 14 postes sur les 35 au total (38 avec la maîtrise) étaient délocalisés à ACI Villeurbanne.

    Ces ateliers regroupent un certain nombre de travailleurs à aptitudes réduites et leur travail consiste à mettre dans des boîtes en carton des disques de frein, des tambours de frein, des moyeux, etc. ou à conditionner dans des modules des pièces métalliques sorties des presses. Le tout est envoyé dans les centres de MPR de Cergy-Pontoise et Villeroy, ou encore à Grand-Couronne.

    Au même moment, lors du comité d’entreprise, la direction faisait la même annonce (en points « divers ») en disant que ce transfert d’activité était fait « au titre de la solidarité » avec ACI Villeurbanne qui était en difficulté et en proie au chômage partiel. Il faut un sacré culot de la part de la direction pour oser parler de solidarité alors que Renault a déjà supprimé 4 000 emplois sur le groupe depuis mars 2013 avec son accord de compétitivité, et prévoit d’en supprimer encore autant d’ici décembre 2016.

    Renault frappe ainsi les salariés au moment même où les profits sont en hausse !!!

  • Renault : les 169% d’augmentation de Carlos Ghosn ont du mal à passer !

    Le PDG du groupe Renault-Nissan a vu sa rémunération s’envoler en 2014, alors que les salariés ont dû accepter un gel de leur salaire.

  • Tout augmente, sauf les salaires

    En 2014, les ventes du groupe Renault progressent de 3,2 %, soit 2,7 millions d’unités. En Europe, sa part de marché dépasse le seuil des 10 %, en progression de 0,6 point. Ne parlons pas du salaire de Ghosn, ça le fâcherait ! Son pourcentage est largement supérieur aux résultats de Renault et Nissan additionnés !!! Et ne parlons pas non plus des revenus des gros actionnaires. Dans ce domaine, il n’est plus question de difficultés, ni de modération !!! Quant aux prix, il n’y a que l’inflation officielle qui régresse, celle au niveau des dépenses des salariés, elle augmente toujours…

  • A bas les licenciements à Renault Trucks et ailleurs !

    C’est un nouveau plan social qui est en passe de frapper les salariés de Renault Trucks : 512 emplois sont menacés. Depuis plusieurs semaines, les plans sociaux se multiplient en France et de nombreux emplois sont supprimés. De Mory-Global à Areva et de Intermarché à Vivarte- La Halle, Dim ou Gefco, Arjowiggins à Wizernes, Travisol sur 2 sites en Seine-Maritime, Delphi à La Rochelle, Vallourec à Saint-Saulve et Aulnoye-Aymeries, Escem à Tours, Maës à Nogent-sur-Oise, Auger à Déville les Rouen, Philips Lighting à Templemars et Lesquin, etc, etc, et des plans en préparation chez Total et Areva, des suppressions massives d’emplois à la SNCF, dans l’hôpital public, à Radio France, dans tout le secteur public, etc, etc. Vous vous dites : les syndicats vont tâcher d’augmenter le rapport de forces, non seulement en défendant les emplois au niveau de tout le secteur automobile. Ils vont relier la lutte des Renault Trucks avec celle de tous les secteurs qui licencient notamment dans le privé mais aussi dans le public. Eh bien non ! Ce sont les salariés qui vont le faire eux-mêmes ou cela ne se fera pas !

  • L’Etat fait des cadeaux fiscaux à Renault

    Renault crée des sociétés fictives avec quasi pas d’emplois et qui raflent pour le trust automobile le crédit impôt ... Le crédit impôt recherche (CIR) repose sur une règle simple : plus une entreprise embauche de chercheurs et dépense de frais de recherches, plus elle bénéficie d’une ristourne d’impôt. Pourtant, France 2, au 20h a dévoilé que Renault, malgré un investissement en recherche en constante baisse depuis 2011, touche toujours autant de crédit d’impôt. Le trust n’est pas le dernier à se faire attribuer des crédits impôts alors que pour nous, salariés, il n’y a que du débit aux impôts et on a beau être nous-mêmes dans la recherche, il n’y a aucun crédit impôt à en attendre !!!

  • Diviser pour régner

    Le patron et son encadrement organisent méthodiquement la division des personnels et tout est bon dans ce but : valoriser l’un en dévalorisant son voisin, valoriser en secteur en cherchant à rabaisser le secteur connexe, utiliser le PPI, les promotions et absence de promotions, se servir des différences de rémunérations, utiliser les entretiens individuels pour individualiser au maximum les situations et affirmer que le voisin a accepté ce qu’on voudrait refuser, tous moyens de nous mettre en concurrence les uns contre les autres. Pas besoin pour cela qu’on soit dans des entreprises concurrentes ni dans des pays différents, Renault nous met en concurrence au sein du même trust, dans le même site, dans le même secteur pour ne pas dire le même bureau ! Les réunions d’UET sont, elles aussi, un moyen d’exercer des pressions individuelles et collectives, des moyens d’opposer un salarié et la collectivité ou les UET entre elles, en faisant comme si l’encadrement était plus proche de nous que les salariés du secteur voisin. Là encore, il convient de remarquer qu’aucun syndicat n’avait mené la lutte contre la mise en place des réunions d’UET, pourtant un excellent moyen de faire passer la propagande patronale et de désorganiser les travailleurs !

  • Les open space sont reconnus comme une importante cause de stress par la plupart des salariés. A Guyancourt, la direction n’a jamais été capable de reconnaître qu’elle accroissait ainsi le stress et nous devait des repos compensateurs, faute d’être capable de revenir en arrière sur son installation nuisible aux salariés…

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