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La Voix des travailleurs de l’hôpital public

dimanche 14 décembre 2014, par Robert Paris

Les médecins urgentistes en grève

Les conditions de travail des médecins des urgences sont un scandale que ceux-ci dénoncent par une grève générale reconductible. On leur impose des horaires qui vont au-delà des règles légales. On ne peut que les soutenir tout en remarquant que la lutte des urgences ne concerne pas que les médecins et que ceux-ci pourraient aussi se rappeler que, sans les infirmières et les aides soignantes, eux aussi dans des conditions de travail inadmissibles, les médecins ne pourraient pas travailler. Donc la lutte des personnels de l’hôpital public ne se décline pas catégorie par catégorie et, si on veut gagner, c’est tous ensemble que l’on peut fonder le rapport de forces nécessaire.

Fêtes… votre boulot

La fin de l’année est normalement associée à festivités, joie, bonheur, santé et occasion de passer du temps en famille. Cette fois, ce ne sera pas le cas mais elle sera synonyme de morosité, stress, pression et travail, travail et encore travail. Car certains cadres n’ont pas jugé utile de nous permettre d’avoir quelques jours autour des fêtes pour nous laisser passer du temps, nous détendre, avec notre entourage. C’est quand même l’occasion, non ? Puisque toute l’année, on travaille déjà à flux tendu et c’est déjà assez usant. Voilà comment ces messieurs et ces dames nous remercient et nous souhaitent de bonnes fêtes ! S’ils nous empêchent d’avoir de nous goberger avec foie gras et saumon fumé, ils ne se privent pas de nous faire donner une indigestion avec leur politique qui nous fait vomir…

Il n’y a pas d’abonné au numéro demandé

Maintenant, cela devient monnaie courante que les cadres nous appellent chez nous ou sur nos portables pendant nos vacances, nos jours de repos, pas pour prendre de nos nouvelles, savoir si on n’est pas trop fatigués. Non, c’est pour nous demander, encore, de venir travailler en plus ! Nous n’avons plus de vie privée puisque, même pendant nos repos, nous sommes importunés par des appels qui nous plongent à nouveau au travail. Et ils ne sont pas contents quand on répond : « non » ! Doit-on leur rappeler que la loi interdit ces pratiques. Ils n’ont qu’à utiliser la même énergie, la même ferveur, à appeler la direction de l’APHP, le gouvernement, pour leur demander de régler leurs problèmes d’effectifs et de plannings !

Pas de repos pour les uns, pas de boulot pour les autres

Vu la politique de diminution de personnel, politique gouvernementale méthodique dans les hôpitaux, on se retrouve dans les services avec des repos qui sautent, bouleversant nos plannings et imposant des cumuls de jours sur des CET. Ces jours cumulés représentent l’équivalent de 5000 à 6000 emplois sur un an de repos non pris. Alors du travail, il y en a et, loin de combattre le chômage, APHP et gouvernement l’entretiennent !

Prime ou sanction ?

La prime semestrielle est amputée d’environ cent euros dès le premier jour d’arrêt de travail ! C’est ce que l’on appelle le « présentéisme ». On est punis comme si on s’arrêtait pour le plaisir ! Notre paie est diminuée comme si ce qu’on gagnait n’était pas dû pour notre travail et indispensable pour vivre ! D’autant que cette amputation se rajoute aux 1/70 èmes décomptés par jour d’absence.

Hépatite C : piètre négociation…

Après négociation entre le gouvernement et le laboratoire Gilead qui fabrique le Sovaldi, médicament très efficace contre l’hépatite C, le coût par patient passera de 56.000 €à 41.000€. Le gouvernement est très fier d’avoir obtenu cette remise et a fait sa pub en affirmant que c’était le tarif le plus bas en Europe. Sauf que le coût de fabrication est estimé à… 100€ ! Les labos prétendent qu’ils ont d’autres coûts, ceux de la recherche. Mais, en France, les labos sont financés pour leur recherche de mille manières comme le crédit impôt recherche, le financement des « pôles de compétitivité » et autres subventions à la recherche. Et surtout, le trusts Gilead, juste après avoir signé cet accord avec le gouvernement français qui va lui rapporter des millions, a annoncé qu’il lançait un nouveau médicament aussi efficace contre l’hépatite C et beaucoup moins cher. Plus arnaqueur que les labos pharmaceutiques, tu meurs…

Douloureux

Le Centre national de traitement de la douleur est menacé de fermeture. Sa fin est programmée pour 2015. Pourtant, les études et les actions pour que les malades souffrent le moins possible sont loin d’être achevés. Le CNRD a démontré son efficacité mais le gouvernement veut faire des économies dans tous les domaines, quitte à ce qu’elles soient… douloureuses ! Ce n’est nullement le seul centre qui soit menacé : on apprend par exemple que la filière du plasma thérapeutique l’est aussi. Avec la chirurgie des économies gouvernementales, le sang va gicler !

L’IVG, cela reste un combat

Alors qu’on fête les quarante ans de la loi Veil sur le droit à l’IVG, il est encore nécessaire de se battre pour la défendre. Cette loi n’a pu être votée que parce que les femmes avaient dénoncé publiquement et de manière militante les lois liberticides et meurtrières qui imposaient aux femmes de s’enfoncer des aiguilles et d’en subir les conséquences graves et de risquer d’être condamnées pour décider elles-mêmes si elles voulaient ou non avoir un enfant. Même l’IVG légalisée, tout est loin d’être réglé : 130 centres d’IVG ont fermé en dix ans, alors que les besoins restent stables, rendant l’accès difficile à une grande partie de la population. Les réactionnaires font campagne contre l’IVG en France comme dans le reste du monde. La papauté est à la tête de l’une de ces campagnes et elle enjoint à ses fidèles travaillant dans le domaine de la santé de prendre des professions qui permettent d’exercer des pressions contre l’avortement, présenté par l’Eglise comme un crime ! Dans le monde, on estime qu’encore vingt millions de femmes sont contraintes de pratiquer un avortement de manière illégale et non sécurisée médicalement, évidemment non remboursée aussi. Même en Europe, les anti-IVG sont à l’offensive, par exemple en Pologne ou en Irlande, même si un coup de force en ce sens a échoué en Espagne grâce à la mobilisation de la population.

Ebola est un crime du monde capitaliste

On approche des 8000 morts reconnus par Ebola dans les trois pays d’Afrique de l’ouest. Il existe désormais plusieurs traitements anti-Ebola qui ont été testés en Europe ou aux USA et il existe maintenant un vaccin. Cependant les trois pays n’ont toujours pas été dotés de ces moyens médicaux pour combattre le virus. En effet, les pays riches refusent de fournir la masse des traitements car cela représenterait plusieurs milliards de dépenses et qu’ils estiment qu’ils ne risquent que la mort de quelques dizaines ou centaines de milliers d’Africains, espérant que la maladie ne fera pas un saut trop important dans le monde riche. Quant aux trusts pharmaceutiques, ils n’accepteraient de produire ces médicaments en grande quantité que si les pays riches les finançaient massivement pour cela.

Les effectifs, un véritable gruyère !

En Médecine interne, à l’hôpital Tenon, on a encore tenté de prendre du personnel pour le déplacer sur d’autres services en difficulté, alors qu’il ne s’agit pas de pallier à une difficulté occasionnelle : le déficit de personnel est constant ! Le problème, c’est que tous les services sont en sous-effectifs, donc, évidemment, dès qu’il manque quelqu’un, cela devient catastrophique. Avant il y avait un service qui s’appelait la suppléance et qui servait, y compris au dernier moment, à gérer les trous dus à des arrêts-maladies. Maintenant, les collègues de la suppléance sont positionnés longtemps à l’avance sur des manques de personnels chroniques. Une seule solution : l’embauche dans tous les services et également à la suppléance !

Tchao !

La directrice quitte le navire pour en prendre un autre et gérer d’autres suppressions de postes ailleurs dans les hôpitaux des armées. On ne se fait aucune illusion sur le prochain directeur qui sera là, bien entendu, pour la même sale besogne : gérer la pénurie et suivre les diktats du gouvernement. A nous d’imposer nos droits face aux prochains !

Publicité électorale

Il n’y a pas meilleure période pour lire de la prose syndicale que les périodes électorales. A qui mieux mieux, les voilà tous sur le pont à essayer de se montrer plus comme ceci ou plus comme cela mais, pour ce qui est d’unir les salariés dans la lutte, il n’y a plus grand monde…

Censuré

Le bulletin Voix des Travailleurs ne peut être distribué à l’intérieur de l’hôpital Tenon car, du moins pour notre bulletin, c’est un membre de l’administration qui vient nous rappeler le règlement. Eh bien, le plus beau, c’est que cette fois c’est un syndicaliste qui a prétendu nous interdire de diffuser et repousser la diffusion hors les murs ! C’est signe qu’il faut vraiment lire ce bulletin : ce sont des vérités qui dérangent ! Effectivement, en cette période d’élections professionnelles, les questions que nous posons sur les luttes, leurs bilans, la manière de construire les luttes à venir au travers de nos comités, tous ces éléments indispensables, voilà qui dérange tous ces gens-là !

Elles prennent notre argent à la source

La distribution de l’eau, comme bien des services fondamentaux de la population, devrait être un service public. Un rapport récent montre qu’un cinquième de l’eau potable se perd dans les canalisations avant d’arriver aux usagers à cause du délabrement des tuyaux. Et pourtant les trois grands groupes privés qui s’en occupent, Suez-environnement, Véolia, la SAUR, empochent des fortunes. Suez a ainsi triplé ses bénéfices ! Il faudra bien qu’on impose que tout ce qui est nécessaire à la population devienne un bien public.

Réquisition des logements vides !

D’un côté 150.000 personnes à la rue dont un quart d’enfants, de l’autre 2,39 millions de logements vacants recensés en 2011, cela n’est pas du tout combattu malgré la loi du logement opposable ! Ce n’est pas l’Etat bourgeois qui fera respecter le droit au logement pour tous !


Quand les pigeons roucoulent en se prenant pour des aigles…

Le gouvernement, avec notamment Valls et Macron, se donne l’air de réprimander sèchement le patronat et le MEDEF pour avoir refusé d’embaucher, ce qui était censé selon eux être la contrepartie des 41 milliards d’euros de cadeaux, présentés comme « pacte de responsabilité », par une baisse des charges des entreprises. Sauf que les 41 milliards d’euros n’étaient nullement conditionnés et que le même gouvernement est justement en train de s’engager qu’aucun changement de politique fiscale ne puisse devenir défavorable aux patrons ! Leur ton élevé contre le MEDEF et Gattaz ne sert qu’à jouer la comédie d’un affrontement avec le patronat, affrontement que le patronat met lui aussi en scène par sa semaine d’action.

Ce sont les patrons qui organisent en effet sept jours de protestation en se prétendant les pigeons de cette société. L’Etat les vole. La crise les frappe. Les lois les défavorisent. C’est ce qu’ils prétendent.

Ce sont pourtant les salariés qui perdent leurs emplois, qui voient leurs salaires rognés, qui n’ont plus que des CDD, qui subissent précarité et chômage, qui perdent leurs allocations, qui sont expulsés de leurs logements, qui n’ont plus droit à des comptes en banque, qui sont en surendettement, qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts, au point de craindre toute dépense supplémentaire, au point d’avoir peur de l’arrivée de Noël… Ce n’est pas les patrons des trusts, ni leurs gros actionnaires à qui tout cela arrive, bien entendu, puisque, malgré la crise, les gros patrons n’ont jamais été aussi riches…

Hollande-Valls, voilà un gouvernement prêt à tout pour plaire au patronat. Et ce dernier a bénéficié de suppressions massives d’impôts, de taxes, de toutes sortes de ponctions, à rajouter à des aides et soutiens de centaines de milliards d’euros, de l’Etat, des collectivités locales, de l’Europe et on en passe…

Certes, depuis la crise de 2007, l’activité économique ne se maintient que grâce aux aides étatiques. Mais cela ne provient nullement des difficultés financières des capitalistes. Ces derniers ne manquent pas d’argent mais de raisons de l’investir dans l’activité économique. Et l’Etat, loin de les y pousser, supplée leurs désinvestissements massifs dans la production et le commerce.

Voilà qui n’empêche pas ces patrons de prétendre que, pour combler le déficit de l’Etat, il faudrait s’attaquer aux salariés, aux fonctionnaires par exemple. Et pour combler les trous prétendus de la trésorerie des entreprises, il faudrait encore s’en prendre aux salariés, en favorisant le droit de licencier. Au moment même où il est plus difficile, et même quasiment impossible, de trouver un emploi stable, les voilà qui clament « à bas le CDI ! ».

Certes, les grands patrons ne s’avancent pas à découvert. Ils se cachent derrière le nuage de tous les petits patrons qui, eux, sont effectivement bien plus menacés par la crise, par les impôts, par les dettes, par l’atonie de l’économie. C’est de ces trusts et de ces banques qui refusent de les financer que pâtissent les petits patrons, pourtant, ils sont organisés et interviennent ensemble avec le grand capital au sein des syndicats patronaux, dans les actions patronales et dans les pressions qu’ils exercent sur les gouvernants. Les petits agriculteurs ont toujours eu à pâtir de se retrouver aux côtés des capitalistes de la terre.

Quant au mouvement ouvrier, il n’a pas levé le petit doigt pour offrir une autre alternative que l’alliance, contre lui, des petits patrons et des grands. Il n’a nullement cherché à s’adresser à la petite bourgeoisie. Bien au contraire, CGT et CFDT ont profité d’une des mobilisations organisées par la bourgeoisie en Bretagne, les fameux bonnets rouges, pour présenter un front commun des syndicats contre les petits patrons et aux côtés du gouvernement qui est celui à la botte du grand patronat, même s’il se prétend de gauche et est formé de petits copains des dirigeants des appareils syndicaux, CGT et CFDT notamment.

La gauche gouvernementale, si prompte à débourser des centaines de milliards d’euros dès qu’il s’agit de « sauver » la banque Dexia ou le trust Peugeot, pour aider les marchés financiers et tous les capitalistes, n’a jamais donné un centime pour aider les petits agriculteurs, les petits commerçants, les petits artisans, les petits pêcheurs et les petits industriels. L’avenir de cette situation de plus en plus critique dépendra de la classe qui emportera la sympathie de la petite bourgeoisie et de la jeunesse : la grande bourgeoisie ou le prolétariat, le Capital ou le Travail.

Si c’est le grand patronat qui gagne cette bataille là, ce sera bien plus grave qu’un simple recul social. Ce sera la destruction de tout ce qui permet à la classe ouvrière de se défendre et d’exister. Le fascisme en Allemagne en a donné une parfaite illustration.

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