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La Voix des travailleurs de Renault

dimanche 7 décembre 2014, par Robert Paris

LE 22 A ASNIERES

ou comment payer pour travailler

Renault toujours prompt à faire des économies sur notre dos, a revu les forfaits des téléphones portables professionnels, en sous-traitant toute la gestion à SFR. Le forfait est ce qu’il est, mais l’incongruité vient que Renault nous oblige à donner un RIB à SFR, qui en cas de dépassement du forfait se servira sans vergogne sur notre compte bancaire personnel ! Nous subirons donc un prélèvement obligatoire pour utiliser un outil RENAULT.

La prochaine fois, la direction nous fera payer le carburant des voitures de MAP ou de Pool, ou les pièces des protos...
En attendant, le refrain "il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé.." risque de devenir à la mode à Lardy.

LES PIEDS DANS LE PLAT

Malgré la soi-disant excellence du restaurant d’entreprise, actuellement certains réfectoires sont saturés, entre les Renault qui ne veulent plus aller à la cantine, et la recrudescence de sous-traitants dissuadés par le droit d’entrée. Comme la fréquentation de la cantine baisse, la surpopulation des réfectoires pourrait aisément y amener S.A. gamelle, d’autant que c’est du matériel Renault. Que nenni ! Le marchand de soupe a opposé son véto : faut payer pour manger ! La direction Renault a approuvé. Le premier responsable de la direction qui, parle de "qualité vie au travail", il se prend une assiette dans la gueule !

HAYS PUIS QUOI ENCORE…

Renault refait une enquête, soi-disant pour connaître notre avis. En fait, c’est une vaste escroquerie de plus, qui ne mérite que la corbeille. Il y a des moyens plus directs de faire entendre nos revendications !

L’AUTOMOBILE AFFICHE SON BILAN

Le dernier bilan des trusts automobile est dans ces chiffres : 11.000 emplois supprimés chez PSA et 8.000 emplois supprimés chez Renault. Ces deux entreprises, qui ont reçu un soutien massif de l’Etat avec l’argent de nos impôts, n’ont fait que casser l’emploi et, reprise ou pas, ils continuent à casser l’emploi et l’Etat continue à les financer en s’endettant. On l’a vu récemment puisque l’Etat est devenu le principal actionnaire de PSA à la place de la famille Peugeot qui se désinvestit.

Cela s’est fait discrètement et les syndicats se sont gardés de se plaindre. Ils se sont gardés aussi de mobiliser ensemble tous les sites de Peugeot ni d’appeler les salariés de Renault à lutter avec eux.

Que ces gros trusts cherchent systématiquement à casser l’emploi fixe en CDI et à le remplacer par l’intérim et la sous-traitance n’est plus à prouver. Mais alors pourquoi faut-il que l’argent de nos impôts serve à cautionner leur politique contre l’emploi ?

Ce n’est pas la peine que le gouvernement se plaigne des patrons qui refusent d’embaucher quand il leur donne de l’argent au titre du pacte de responsabilité, s’il donne de l’argent aux patrons qui suppriment massivement des emplois quand leurs bilans sont au vert…

ENFIN DES GENS SATISFAITS !

La CGC affirme que l’opération fermeture du CTR de Rueil s’est terminée de manière satisfaisante ! Pas la peine de demander si elle s’était battue contre cette fermeture ! Elle écrit dans un tract de novembre : « Le ressenti des salariés ayant rejoint le TCR est globalement positif. »

Ils auraient pu rajouter, ces syndicalistes de sa majesté, que tout salarié est rassuré quand il n’est pas menacé de licenciement sec ! Ou encore que faire des kilomètres est une deuxième nature chez les Renault puisqu’on est censés adorer faire de la voiture… En attendant, les anciens du CTR perdent de l’argent et du temps, et gagnent en stress et en risques.

Quant à la surveillance que la CGC avait prétendu exercer, dossier par dossier, sur les situations individuelles des salariés déménagés du CTR, ce syndicat affirme maintenant que cette surveillance est levée sous prétexte que les salariés ont rejoint leur affectation, tout en reconnaissant que certains n’ont eu aucune indemnisation lié à leur déménagement. Comment mieux reconnaître l’inutilité de ce syndicalisme d’accompagnement des politiques patronales ?

Quel peut être « le ressenti » des salariés du CTR déménagés de force de lire qu’un syndicat affirme que tout s’est bien passé alors que, kilomètre après kilomètre, la fatigue et le stress s’accumulent et que la vie de famille est rognée d’autant. Quant aux chiffres cités par ce syndicat, ils sont mensongers : il ‘est pas vrai que ceux qui ne sont pas partis au TCR aient été seulement 34 comme il n’est pas vrai qu’ils étaient volontaires pour partir là où on les a envoyés.

TOUT LE MONDE N’A PAS DE PROBLÈME DE RÉFECTOIRE

On a trouvé des salariés heureux, qui ne se plaignent pas à tout bout de champ, des réfectoires, des cantines, des menus, des prix quand ce n’est pas des salaires. Eh bien, mais c’est à la direction de Renault que nous les avons dégottés. Et nous ne résistons pas à vous livrer un menu de la « cantine » gastronomique de la direction générale pour ses hautes personnalités, repas d’ailleurs libre et gratuit pour ces « personnalités » :

• Escargots des Murailles à la moutarde de Charroux
• Saint-Jacques et betteraves à l’huile de laurier
• Quenelles de brochet
• Foie gras d’oie des Trois Empereurs
• Pommes de terre aux grains de caviar
• Caviar Impérial de Sologne
• Langoustines rôties

PLUS SIMPLE, C’EST PLUS MAIGRE

La CGC nous explique par tract ce qu’est une « simplification de la paie ». Elle prétend qu’il s’agit de rendre plus compréhensible la lecture de la feuille de paie. On comprendrait mieux et on accepterait mieux ainsi de ne pas gagner assez selon elle ! Mais c’est nous prendre pour des illettrés. Le problème de la paie, ce n’est pas qu’on est incapable de la lire mais qu’on remarque toujours que la direction ne sait toujours pas faire une simple addition : nouvelle paie égale ancienne paie plus 300€.

PAS TOUCHE A NOS HEURES ET A NOS CONGÉS

Il est de plus en plus clair que les comptes d’Epargne temps (CTI, CT ou CEF) ne servent qu’à la direction pour ne pas nous payer on nous donner des congés. En effet, la direction s’autorise à les « écrêter », un joli mot synonyme de « supprimer » ou « voler ». La crête qu’il faudrait couper est celle qui dépasse de la tête de tous ces coqs de la direction qui osent toucher à nos heures et à notre argent !

Quand les pigeons roucoulent en se prenant pour des aigles…

Le gouvernement, avec notamment Valls et Macron, se donne l’air de réprimander sèchement le patronat et le MEDEF pour avoir refusé d’embaucher, ce qui était censé selon eux être la contrepartie des 41 milliards d’euros de cadeaux, présentés comme « pacte de responsabilité », par une baisse des charges des entreprises. Sauf que les 41 milliards d’euros n’étaient nullement conditionnés et que le même gouvernement est justement en train de s’engager qu’aucun changement de politique fiscale ne puisse devenir défavorable aux patrons ! Leur ton élevé contre le MEDEF et Gattaz ne sert qu’à jouer la comédie d’un affrontement avec le patronat, affrontement que le patronat met lui aussi en scène par sa semaine d’action.

Ce sont les patrons qui organisent en effet sept jours de protestation en se prétendant les pigeons de cette société. L’Etat les vole. La crise les frappe. Les lois les défavorisent. C’est ce qu’ils prétendent.

Ce sont pourtant les salariés qui perdent leurs emplois, qui voient leurs salaires rognés, qui n’ont plus que des CDD, qui subissent précarité et chômage, qui perdent leurs allocations, qui sont expulsés de leurs logements, qui n’ont plus droit à des comptes en banque, qui sont en surendettement, qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts, au point de craindre toute dépense supplémentaire, au point d’avoir peur de l’arrivée de Noël… Ce n’est pas les patrons des trusts, ni leurs gros actionnaires à qui tout cela arrive, bien entendu, puisque, malgré la crise, les gros patrons n’ont jamais été aussi riches…

Hollande-Valls, voilà un gouvernement prêt à tout pour plaire au patronat. Et ce dernier a bénéficié de suppressions massives d’impôts, de taxes, de toutes sortes de ponctions, à rajouter à des aides et soutiens de centaines de milliards d’euros, de l’Etat, des collectivités locales, de l’Europe et on en passe…

Certes, depuis la crise de 2007, l’activité économique ne se maintient que grâce aux aides étatiques. Mais cela ne provient nullement des difficultés financières des capitalistes. Ces derniers ne manquent pas d’argent mais de raisons de l’investir dans l’activité économique. Et l’Etat, loin de les y pousser, supplée leurs désinvestissements massifs dans la production et le commerce.

Voilà qui n’empêche pas ces patrons de prétendre que, pour combler le déficit de l’Etat, il faudrait s’attaquer aux salariés, aux fonctionnaires par exemple. Et pour combler les trous prétendus de la trésorerie des entreprises, il faudrait encore s’en prendre aux salariés, en favorisant le droit de licencier. Au moment même où il est plus difficile, et même quasiment impossible, de trouver un emploi stable, les voilà qui clament « à bas le CDI ! ».

Certes, les grands patrons ne s’avancent pas à découvert. Ils se cachent derrière le nuage de tous les petits patrons qui, eux, sont effectivement bien plus menacés par la crise, par les impôts, par les dettes, par l’atonie de l’économie. C’est de ces trusts et de ces banques qui refusent de les financer que pâtissent les petits patrons, pourtant, ils sont organisés et interviennent ensemble avec le grand capital au sein des syndicats patronaux, dans les actions patronales et dans les pressions qu’ils exercent sur les gouvernants. Les petits agriculteurs ont toujours eu à pâtir de se retrouver aux côtés des capitalistes de la terre.

Quant au mouvement ouvrier, il n’a pas levé le petit doigt pour offrir une autre alternative que l’alliance, contre lui, des petits patrons et des grands. Il n’a nullement cherché à s’adresser à la petite bourgeoisie. Bien au contraire, CGT et CFDT ont profité d’une des mobilisations organisées par la bourgeoisie en Bretagne, les fameux bonnets rouges, pour présenter un front commun des syndicats contre les petits patrons et aux côtés du gouvernement qui est celui à la botte du grand patronat, même s’il se prétend de gauche et est formé de petits copains des dirigeants des appareils syndicaux, CGT et CFDT notamment.

La gauche gouvernementale, si prompte à débourser des centaines de milliards d’euros dès qu’il s’agit de « sauver » la banque Dexia ou le trust Peugeot, pour aider les marchés financiers et tous les capitalistes, n’a jamais donné un centime pour aider les petits agriculteurs, les petits commerçants, les petits artisans, les petits pêcheurs et les petits industriels. L’avenir de cette situation de plus en plus critique dépendra de la classe qui emportera la sympathie de la petite bourgeoisie et de la jeunesse : la grande bourgeoisie ou le prolétariat, le Capital ou le Travail.

Si c’est le grand patronat qui gagne cette bataille là, ce sera bien plus grave qu’un simple recul social. Ce sera la destruction de tout ce qui permet à la classe ouvrière de se défendre et d’exister. Le fascisme en Allemagne en a donné une parfaite illustration.

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