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A l’école française, ce qui l’emporte, c’est la classe… sociale

jeudi 5 décembre 2013, par Robert Paris

La Révolution française croyait réaliser l’égalité par l’éducation identique pour tous.

En 1793, elle écrivait à propos du plan Lepeltier d’Education nationale, voté le 13 août 1793 par la Convention qui n’imposait pas à tous les citoyens d’y envoyer leurs enfants :

« Il faut absolument que tous les riches soient obligés d’envoyer leurs enfants aux écoles publiques. Il faut que la race des propriétaires soit confondue avec les fils de l’artisan, qu’elle s’accoutume à voir dans tous les hommes des êtres égaux, des amis, des frères, soumis aux mêmes besoins, esclaves des mêmes devoirs, ayant tous les mêmes droits aux bienfaits de la nature. Si vous mettez des différences dans l’éducation des individus que leurs sentiments et leurs passions attachent les uns aux autres, vous jetez des semences de division, vous détruisez l’effet de l’égalité que les lois consacrent vous déchirez un Etat qui ne subsiste que par l’union de tous ses membres. »

Cité dans « l’Antifédéraliste », journal lié au Comité de Salut Public

A l’école française, ce qui l’emporte, c’est la classe… sociale

Selon la dernière enquête Pisa sur l’éducation réalisée par l’OCDE. "Le système (...) français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006 (43points en 2003 contre 55 en 2006 et 57 points en 2012)", déplore l’organisation. Sur 65 pays étudiés, la France se situe au 25 ème rang, perdant trois places par rapport au dernier pointage réalisé en 2009. L’étude de l’OCDE montre également que les enfants issus de l’immigration sont d’autant plus en difficulté. Même après "contrôle du milieu socio-, économique", ils accusent des scores en mathématiques inférieurs de 37 points à ceux des élèves autochtones, contre un écart de 21 points au sein de l’OCDE. Ils perdent en moyenne... une année d’étude. A titre de comparaison, la proportion d’élèves issus de l’immigration se situant sous le niveau 2 en mathématiques ne dépasse pas 16% en Australie et au Canada, mais atteint 43 % en France.

Voici ce que disent des rapports officiels :

 Sur dix fils de cadre entrés au collège en 1995, huit étaient encore étudiants dix ans après et un seul avait arrêté ses études sans avoir obtenu le bac. Sur dix enfants d’ouvriers en revanche, trois sont dans le supérieur quand la moitié a quitté le système sans le bac.

 Les acquis en lecture des élèves de CM2 analysés sur vingt ans montrent que le score des enfants d’ouvriers a été divisé par deux entre 1997 et 2007. Alors que celui des fils de cadres a légèrement progressé.

- Dans les 254 collèges ambition-réussite (soit les plus difficiles), remplis aux trois quarts par des enfants d’ouvriers ou d’inactifs, un quart n’y maîtrise pas les compétences de base en français à l’arrivée et un sur deux à la sortie, selon les données de la dernière livraison de l’état de l’école.

- En France, un lycéen de milieu défavorisé a deux fois moins de chances d’entrer dans l’enseignement supérieur que s’il avait grandi en Espagne ou un Irlande. Ici un lycéen a déjà 4,3 fois plus de risques d’être en échec à 15 ans s’il est issu d’un milieu social défavorisé que s’il fait partie des classes supérieures. La moyenne des pays de l’OCDE est de trois fois.
 La proportion d’élèves qui sortent du système scolaire avec de sérieuses difficultés de lecture progresse depuis 2000 et atteint aujourd’hui 21%.

 78,4% des élèves provenant de catégories sociales favorisées obtiennent un baccalauréat général, contre seulement 18% des élèves d’origine sociale défavorisée.

 Les enfants d’ouvriers qualifiés ont sept fois plus de probabilités que les enfants de cadres supérieurs d’effectuer tout leur deuxième cycle dans l’enseignement professionnel.

 Les enfants de personnes sans activité sont beaucoup plus souvent en retard à l’école primaire (34,1%) que les enfants de cadres (4,4%).
 Parmi les enfants entrés en sixième en 1995, un tiers était de parents ouvriers.
Arrivés en terminale six ans plus tard, ils n’étaient plus que 15% dans la filière S (scientifique).
Et l’année d’après, ils ne représentaient que 6% de l’ensemble des étudiants de classes préparatoires.
Parmi les 180 000 étudiants de troisième cycle universitaire à la rentrée 2002, 8 800 seulement, soit 5%, étaient d’origine ouvrière.
Dans les grandes écoles, c’est le désert : 1% d’enfants d’ouvriers et 2% d’enfants d’employés à l’Institut d’études politiques de Paris à la rentrée 1997.

 Le poids de l’origine sociale des élèves sur leurs performances est près de deux fois plus fort en France qu’en Islande, en Finlande ou en Corée du Sud.

 Les fils et filles de cadres supérieurs ont 2,9 fois plus de chances que les enfants d’ouvriers d’avoir le bac et huit fois plus d’obtenir un bac S ? Qu’ils sont quatre fois plus représentés à l’Ecole nationale d’administration (ENA) qu’ils ne le sont dans la population active – et les enfants d’ouvriers huit fois moins ? Que 84 % des élèves des sections pour jeunes en difficulté au collège sont issus des catégories sociales défavorisées ?

 Les universités françaises n’accueillent aujourd’hui que 11 % d’enfants d’ouvriers contre 30 % de cadres supérieurs.

 Parmi les actifs de 25 à 29 ans diplômés du bac ou de l’enseignement supérieur, en France, 80% des garçons dont le père appartient à la catégorie "professions intermédiaires" ou à la catégorie "cadres et professions intellectuelles supérieures", occupent un emploi dans la même catégorie. A diplôme égal, seulement 60% des fils d’ouvrier ou d’employé y sont parvenus.

 Un enfant d’ouvrier a 2,5 fois plus de risques de redoubler qu’un enfant de cadre dans l’enseignement secondaire. Sa scolarité a deux fois moins de chances d’aboutir à l’obtention d’un baccalauréat.
 La fréquence d’obtention du bac varie de 94% pour les fils de professeurs dont la mère était diplômée d’études supérieures à 1% pour les fils d’exploitants agricoles dont ni le père ni la mère ne possédaient le certificat d’études.
 Chez les cadres supérieurs la fréquence d’obtention du bac s’étage, pour ces générations de 25 à 64 ans, de 27 à 65% pour les garçons et de 25 à 50% pour les filles selon que le père ne possédait qu’un diplôme inférieur au bac ou avait suivi des études jusqu’à la licence et au-delà » ; que « chez les ouvriers (…) les chances de décrocher le bac varient de 2 à 8% pour les garçons et entre 1 et 11% pour les filles selon que le père, ouvrier, n’avait aucun diplôme ou était titulaire d’un diplôme supérieur au C.E.P.

 Lorsque le fils vient d’une famille de cadres supérieurs/professions libérales avec licence universitaire ou grande école, dans 57% des cas il a un diplôme universitaire de 2è ou 3è cycle ; dans les familles d’artisans ou de petits commerçants, le pourcentage est de 5,3% ; il est de 1,7% dans les familles ouvrières.
 La prétendue école républicaine démocratique pour tous produit la pire des attitudes discriminatoires : la discrimination des enfants à 5 ans, à 7 ans !

 Liberté du commerce, inégalité, racisme, voilà les devises de la république bourgeoise !!!

Les classes sociales, loin d’être disparues, accroissent leur fossé grâce à l’école....

Une seule solution : la lutte des classes !

Messages

  • L’école de Jules Ferry n’est pas le produit de l’égalitarisme mais de la mainmise sur l’école par l’Etat bourgeois afin de casser la révolution sociale.

    La fin du 18ième et le début du 19ième fut une période de lutte intense entre la bourgeoisie et le prolétariat nouvellement formés, avec notamment la tentative révolutionnaire de la Commune de Paris. Même si le processus était déjà engagé, les révoltes populaires rendirent plus pressante la nécessité pour la bourgeoisie de renforcer son contrôle sur le prolétariat par l’école. La preuve par les mots de Jules Ferry, idole de l’école républicaine :

    « Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. [...] Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d’autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de paysans, où l’on enseignera des principes totalement opposés, inspirés peut-être d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. »

    (Discours de Jules Ferry au Conseil général des Vosges en 1879.)

    L’école se veut l’institution citoyenne par excellence, celle qui crée les bons citoyens républicains de demain. L’école nous fait oublier qu’il y a le prolétariat et la bourgeoisie, en nous faisant croire que nous sommes tous des citoyens. Cette confusion ne sert que la bourgeoisie.

    Les partis politique de gauche, voire d’extrême gauche, prétendent que l’éducation nationale est au service du peuple et que ce sont les gouvernements de droite qui la pervertissent. En défendant cette institution, ces partis soutiennent directement les intérêts de la bourgeoisie.

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