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Marxisme contre nationalisme

lundi 9 décembre 2013, par Robert Paris

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  • « Pour qu’elle devienne une puissance "insupportable", c’est-à-dire une puissance contre laquelle on fait la révolution, il est nécessaire qu’elle ait fait de la masse de l’humanité une masse totalement "privée de propriété", qui se trouve en même temps en contradiction avec un monde de richesse et de culture existant réellement, choses qui supposent toutes deux un grand accroissement de la force productive, c’est-à-dire un stade élevé de son développement. D’autre part, ce développement des forces productives (qui implique déjà que l’existence empirique actuelle des hommes se déroule sur le plan de l’histoire mondiale au lieu de se dérouler sur celui de la vie locale), est une condition pratique préalable absolument indispensable, car, sans lui, c’est la pénurie qui deviendrait générale, et, avec le besoin, c’est aussi la lutte pour le nécessaire qui recommencerait et l’on retomberait fatalement dans la même vieille gadoue. Il est également une condition pratique sine qua non, parce que des relations universelles du genre humain peuvent être établies uniquement par ce développement universel des forces productives et que, d’une part, il engendre le phénomène de la masse "privée de propriété" simultanément dans tous les pays (concurrence universelle), qu’il rend ensuite chacun d’eux dépendant des bouleversements des autres et qu’il a mis enfin des hommes vivant empiriquement l’histoire mondiale, à la place des individus vivant sur un plan local. Sans cela : 1° le communisme ne pourrait exister que comme phénomène local ; 2° les puissances des relations humaines elles-mêmes n’auraient pu se développer comme puissances universelles, et de ce fait insupportables, elles seraient restées des "circonstances" relevant de superstitions locales, et 3° toute extension des échanges abolirait le communisme local. Le communisme n’est empiriquement possible que comme l’acte "soudain" et simultané des peuples dominants, ce qui suppose à son tour le développement universel de la force productive et les échanges mondiaux étroitement liés au communisme. (...) Le communisme n’est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel. Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes. (...) Le prolétariat ne peut donc exister qu’à l’échelle de l’histoire universelle, de même que le communisme, qui en est l’action, ne peut absolument pas se rencontrer autrement qu’en tant qu’existence "historique universelle". Existence historique universelle des individus, autrement dit, existence des individus directement liée à l’histoire universelle. (...) Ce sont également ces conditions de vie, que trouvent prêtes les diverses générations, qui déterminent si la secousse révolutionnaire, qui se reproduit périodiquement dans l’histoire sera assez forte pour renverser les bases de tout ce qui existe ; les éléments matériels d’un bouleversement total sont, d’une part, les forces productives existantes et, d’autre part, la formation d’une masse révolutionnaire qui fasse la révolution, non seulement contre des conditions particulières de la société passée, mais contre la "production de la vie" antérieure elle-même, contre l’"ensemble de l’activité" qui en est le fondement ; si ces conditions n’existent pas, il est tout à fait indifférent, pour le développement pratique, que l’idée de ce bouleversement ait déjà été exprimée mille fois... comme le prouve l’histoire du communisme. »

    Karl Marx, L’Idéologie allemande

  • « Dans la forme, mais nullement dans le fond, la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie revêt tout d’abord un caractère national. Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie… Les communistes ne se distinguent des autres partis prolétariens que sur deux points : 1- dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils font valoir et mettent en avant les intérêts communs de tous les prolétaires, sans considération de nationalité. 2- Dans les différentes phases de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, ils représentent toujours l’intérêt du mouvement dans son ensemble… On a, en outre, reproché aux communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur prendre ce qu’ils n’ont pas. En premier lieu, le prolétariat doit conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe nationale, se constituer lui-même en tant que nation. Par cet acte, il est, par conséquent, encore national lui-même en tant que nation, quoique nullement dans le sens bourgeois. Les particularités et contrastes nationaux des peuples disparaissent de plus en plus en même temps que se développe la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l’uniformité de la production industrielle et des conditions d’existence qui en résultent. Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus radicalement encore… Au moment où l’antagonisme des classes à l’intérieur des nations aura disparu, les conflits entre les nations disparaîtront à leur tour. »

    Karl Marx, Manifeste du parti communiste

  • « La nationalité du travailleur n’est pas française, anglaise, allemande, elle est le travail, le libre esclavage, le trafic de soi-même. Son gouvernement n’est pas français, anglais, allemand, c’est le capital. L’air qu’il respire chez lui n’est pas l’air français, anglais, allemand, c’est l’air des usines. Le sol qui lui appartient n’est pas le sol français, anglais, allemand, c’est quelques pieds sous la terre. »

    (Karl Marx, « Critique de l’Économie nationale » 1845)

  • « Le marxisme est irréconciliable avec le nationalisme, fût-il le plus « juste », le plus « pur », le plus fin et le plus civilisé. A la place de tout nationalisme, le marxisme met l’internationalisme, la fusion de toutes les nations dans une unité suprême… Le principe de nationalité est historiquement inévitable dans la société bourgeoise, et, compte tenu de cette société, le marxiste reconnaît pleinement la légitimité historique des mouvements nationaux. Mais, pour que cette reconnaissance ne tourne pas à l’apologie du nationalisme, il faut qu’elle se borne strictement à ce qu’il y a de progressif dans ces mouvements, et qu’elle ne conduise pas à obscurcir la conscience prolétarienne par l’idéologie bourgeoise. »

    Lénine, Notes critiques sur la question nationale, octobre 1913

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