Accueil > 06- Livre Six : POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE > 7- La question de l’Etat > Le tout sécuritaire n’est pas synonyme de sécurité

Le tout sécuritaire n’est pas synonyme de sécurité

jeudi 19 septembre 2013, par Robert Paris

Le tout sécuritaire n’est pas synonyme de sécurité

Le thème de l’insécurité n’est pas un thème nouveau dans la propagande politicienne et ce n’est pas pour cela que les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédé ont eu des résultats plus mirobolants dans ce domaine que dans d’autres… On l’avait vu avec Sarkozy-Guéant et on le voit avec Hollande-Valls. Il est plus facile d’agiter la population par une propagande sécuritaire que d’améliorer la sécurité par la simple augmentation des effectifs de police. La Corse et Marseille, loin de montrer l’efficacité des hausses des personnels de police, démontrent le contraire. La gauche n’a su que rajouter des effectifs militaires à la police et à la gendarmerie à Marseille ! Pour le moment, le bilan en termes d’homicides n’a rien d’évident. D’autant que les problèmes à la source ne risquent pas d’être traités davantage par la gauche que par la droite, sans parler de l’extrême droite.

Ces problèmes, que ce soit en Corse, à Marseille, dans les banlieues ou dans le reste du pays sont d’abord économiques et sociaux. Or, sans s’attaquer aux trusts et aux banques, on n’est pas prêts de les résoudre, ces problèmes économiques et sociaux…

Ce n’est pas un gouvernement qui soutient toutes les manières de faire du profit qui risque de se mettre sérieusement en travers du trafic de drogue (quand même un virgule deux fois les profits du pétrole !), des trafics immobiliers, du proxénétisme et autres formes de banditisme dont toute la grande bourgeoisie croque bien entendu abondamment ! Il ne suffit pas d’arrêter un petit revendeur de drogue pour arrêter un trafic qui remonte au plus haut niveau des classes dirigeantes du monde ! De même, l’Etat de Hollande-Valls, le même que celui de Sarkozy-Guéant entend mettre la main sur les profits juteux de la Corse mais pas supprimer le caractère mafieux de cette mainmise sur l’immobilier corse. Maintenant que cet immobilier devient rentable, les intérêts continentaux entendent remettre en question leur caractère insulaire. Et il est bien possible qu’une grande partie des crimes commis en Corse proviennent de la lutte des continentaux pour faire place nette en éradiquant mafia et nationalistes locaux. Cela est plutôt confirmé par les déclarations des continentaux contre l’appropriation de l’immobilier corse par des Corses….

En Corse, comme sur le continent, les policiers peuvent très bien contribuer à la délinquance et au nombre d’homicides. Ce n’est pas de l’imagination pure. On a bien constaté l’existence de réseaux, de la base au sommet de la police locale, que ce soit dans des services de police de Paris, de Grenoble, de Lyon ou de Marseille. Sans parler des barbouzes de Corse…

On se souvient que des groupes de policiers ont été officiellement accusés d’avoir fait chanter des bandits et divers malfrats pour leur extorquer une partie de leur butin et certains ont pu utiliser des homicides pour démontrer aux bandits qu’ils devaient prendre les menaces au sérieux et tirer ainsi profit du trafic…

Est-ce qu’une partie des homicides de Corse ou de Marseille, ou d’ailleurs devrait être imputée à ce type de trafic ? On ne peut pas le savoir car les dirigeants de la police ont à cœur de préserver l’esprit de corps qui interdit de dénoncer des policiers. On l’a vu dans l’affaire Merah où visiblement la DCRI se couvrait elle-même en supprimant le témoin gênant Merah qui émergeait très probablement dans ses services. On a vu aussi avec quelle rapidité les policiers de Marseille qui étaient accusés d’avoir mis en place un réseau remontant à leur chefs ont été blanchis et réintégrés même si leur équipe de la BAC des quartiers nord a été dissoute… Valls est aussi soucieux de défendre ses flics que l’était Guéant. Pas de risque là non plus qu’aucune vérité ne sorte. Pas plus que de témoignages internes. Quand il s’agit de dénoncer des collègues flics, celui qui s’y risque ne pourra que chercher du travail ailleurs…

Bien sûr des malfrats peuvent très bien être victimes de bandes rivales mais, par exemple en Corse, ils peuvent aussi l’être des forces de l’ordre ou de certains groupes en leur sein. Là non plus ce n’est pas une accusation gratuite. Des barbouzes français, la Corse en a subi autant qu’elle a subi les mafia d’origine corse. D’ailleurs, la mafia corse ou marseillaise a suffisamment été utilisée en Corse comme à Marseille, aussi bien par la gauche (voir Defferre-Guérini) que par la droite (voir Ceccaldi-Pasqua- Péretti-Sarkozy).

Quant aux statistiques sur la criminalité et la violence, tout le monde les manipule tellement qu’on leur fait dire ce qu’on veut. Tel ministre de l’Intérieur s’en sert pour prétendre qu’il faut plus de flics ou pour souligner ses prétendus résultats. Les oppositions politiciennes s’en servent pour dire que le gouvernement est incapable de défendre les citoyens, bien entendu. Mais les bases des statistiques étant régulièrement changées, les comparaisons sont impossibles et affirmer que la criminalité augmente ou diminue est difficile.

Les média contribuent à donner une certaine impression. Il suffit de mettre tous les jours en scène la ville de Marseille pour un fait divers ou un autre pour avoir le sentiment que tout le monde y meurt alors que le nombre d’homicides n’a pas nécessairement augmenté.

Il y a un avantage pour les gouvernants à centrer l’attention sur la situation sécuritaire : on les détourne de la situation sociale ou on fait croire que l’aggravation de la situation sociale vient des bandes, des jeunes, des banlieues, des immigrés, des sans papiers et des Roms. Mais l’insécurité sociale, celle de la misère, du logement, de la santé, de l’emploi, elle vient des classes dirigeantes et pas des éléments des quartiers chauds.

Il y a une exploitation politique du sentiment d’insécurité dans la population : il est évident que Valls construit ainsi sa carrière comme avant lui Sarkozy et sur les mêmes bases louches et qui plongent dans la boue. La droite et l’extrême droite entendent aussi ne pas se contenter de féliciter Valls d’être de droite ou d’extrême droite au sein de la gauche et jouent leur propre jeu en lui reprochant son manque de résultats…

Bien sûr, il est plus facile de faire du tout sécuritaire que d’améliorer la sécurité de la vie des gens, proposer du travail aux jeunes, aux banlieues. Surtout quand la classe dirigeante a intérêt, dans tous les secteurs, à supprimer des emplois, publics comme privés. Comment se peut-il dans ces conditions que les bandes de jeunes ne se mettent pas à chercher à faire leur propre bizness ?

Les classes dirigeantes ont un autre intérêt à faire peur aux bonnes gens avec l’insécurité : les prendre en otage pour rendre la société de plus en plus policière et répressive, ce qui sera bien utile quand la confrontation sociale prendra un tour plus aigu, ce qui est inévitable vu que la crise du système, loin d’être éradiquée, n’a été que retardée et va revenir beaucoup plus large et plus violente…

Les forces de sécurité auront alors leur véritable rôle : assurer la sécurité des classes dirigeantes en intervenant violemment contre les travailleurs et les milieux populaires. On aura réussi à les justifier auprès des bonnes gens en leur faisant croire qu’elles sont d’abord menacées par les jeunes, les banlieues, les immigrés et ensuite elles verront les forces de l’ordre écraser tous les milieux populaires y compris faisant des protestations pacifiques.

L’insécurité, réelle ou exagérée, ne doit pas faire oublier que l’Etat bourgeois, et ses forces de l’ordre, ne sont pas là pour défendre la population mais pour s’assurer que celle-ci ne soit pas une menace pour la domination des classes dirigeantes. En période de crise systémique, l’Etat est amené à intervenir de manière de plus en plus violente contre les travailleurs et le pire pour ces derniers seraient de croire qu’il est là pour défendre leur sécurité !

Criminalité organisée à Marseille : qui manipule les faits et les chiffres ?

Homicides volontaires à Marseille :

en 2008 : 16 homicides (20 en Corse)

en 2011 : 12 homicides

en 2012 : 15 homicides

en 2013 : déjà 15 homicides

Selon le bulletin officiel de l’Observatoire national de la délinquance, paru le 18 janvier 2013, 665 homicides ont été constatés par la police et la gendarmerie en 2012, soit moins de 2 par jour, en moyenne.
C’est de 10,5% de moins qu’en 2011 (743 homicides), et un niveau comparable à celui de l’année 2010 (675 homicides).

• Le nombre d’homicides a été divisé par deux depuis 1995

Sur le long terme, le nombre d’homicides est en baisse depuis 1985. Cette baisse s’est même accélérée depuis 1995. À tel point qu’en quinze ans, le nombre d’homicides a été divisé par deux : il était de plus de 1600 en 1995, contre déjà moins de 800 (675) en 2010.
Même si les discours sécuritaires se multiplient, les statistiques elles, montrent toujours la même chose depuis quelques années : il y a de moins en moins d’homicides en France. Selon une note interne de Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), publiée par le Figaro ce matin, leur nombre a chuté, passant de 1 051 faits en 2000 à 682 en 2009, soit une baisse de 35%.

Des chiffres qui confirment ceux publiés au début de l’année par l’Observatoire de la délinquance sur la période 2004-2009. L’organisme qui additionne les homicides, tentatives et coups mortels en avait recensé 2 282 en 2004 et 1 767 homicides en 2009 soit en cinq ans une baisse de 22%.

Les flics de Marseille sont blancs ?

Le ministre de l’intérieur Manuel Valls a suspendu de leurs fonctions 12 policiers marseillais, soupçonnés d’avoir d’avoir volé de l’argent et de la drogue à des dealers et prononcé la dissolution de l’équipe de jour de la BAC Nord à laquelle ils appartiennent. La hiérarchie craint une « deuxième affaire Neyret ». Des témoignages évoquent un système organisé de corruption. Trente fonctionnaires sont suspendus, soupçonnés de voler argent et drogue aux dealers. Dix-sept sont mis en examen pour vol et extorsion, certains écroués. La BAC Nord est dissoute en raison de la gravité des faits.

Quelques mois plus tard, tous les policiers mis en examen ont été réintégrés dans d’autres services. Leur principal accusateur, lui, reste suspendu.

Mais le nombre important d’agents impliqués dans l’affaire de Marseille, et le fait qu’il y ait parmi eux des gradés, pose question. Cette affaire de la Bac de Marseille, qui intervient après l’affaire Neyret, le commissaire lyonnais suspendu suite à une affaire de corruption présumée, et à l’affaire du Carlton, où un autre commissaire, lillois, est accusé d’être impliqué dans une affaire de proxénétisme, donne des raisons de s’interroger sur l’ampleur du phénomène.

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.