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Lutte de classe dans les mines du monde entier...

samedi 18 août 2012, par Robert Paris

La police sud-africaine a réalisé un véritable massacre contre des mineurs grévistes avec 34 morts officiellement... Les mineurs de Marikana gagnent environ 4000 rands (400 euros) par mois, et réclamaient jusqu’à 12.500 rands (1.250 euros). La plupart d’entre eux vivent dans des baraquements insalubres accolés à la mine, sans eau courante. Vendredi, les lieux du massacre étaient bouclés par des véhicules blindés de la police, survolés par des hélicoptères. La police scientifique ratissait le terrain à la recherche d’indices pour accuser les mineurs d’être responsables de la violence des forces de répression.

A quelques centaines de mètres, à côté des misérables baraquements des mineurs, quelques centaines de femmes chantaient des chants de l’époque de la lutte contre l’apartheid.

"La police est venue ici, pour tuer nos maris, nos frères. Ici. Nos enfants !", criait l’une d’elles, Nokuselo Mciteni, 42 ans.

AFRIQUE DU SUD

Un face-à-face tendu entre autorités et mineurs grévistes s’est poursuivi mercredi toute la journée à la mine de Marikana (nord-ouest de l’Afrique du Sud), après l’éruption de violences intersyndicales qui ont fait dix morts depuis dimanche.

La mine de platine, exploitée par la société Lonmin près de la ville de Rustenburg, était toujours à l’arrêt. Près de 3.000 hommes étaient rassemblés sur une colline près du site, la plupart armés de bâtons, de barres de fer ou de machettes.

Pendant sept heures, la police et les représentants de Lonmin ont négocié avec les grévistes, qui réclament d’importantes augmentations de salaire, sans résultats.

"Nous n’irons nulle part, personne ne redescendra sous terre tant qu’on n’aura pas répondu à nos demandes. Nous voulons de l’argent", a déclaré aux journalistes Alfred Makhaya, l’un des grévistes, ulcéré que les "négociateurs" s’adressent aux mineurs par haut-parleurs depuis des voitures de police sans montrer leur visage.

Au coucher du soleil, la plupart des mineurs ont quitté la colline, mais certains sont restés occuper les lieux, scandant des slogans et ignorant les ordres de dispersions lancés par la police.

La majorité de ces grévistes vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante. Ils touchent environ 4.000 rands par mois (400 euros).

"Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide", dit l’un d’eux, Thuso Masakeng, "les sociétés minières font de l’argent grâce à notre travail et on ne nous payent presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère".

Si Lonmin n’engage pas des négociations sérieuses, une nouvelle flambée de violence n’est pas à exclure, selon ce travailleur migrant venu de la province du Limpopo (nord).

Tués à la machette

Les incidents ont commencé vendredi lorsque des centaines de mineurs de fond ont lancé une grève sauvage. Certains, encouragés par le petit syndicat AMCU, réclamaient 12.500 rands par mois (1.250 euros), soit plus qu’un triplement de leur salaire actuel.

Des affrontements ont alors éclaté entre partisans de la puissante Union nationale des mineurs (NUM) et ceux de l’AMCU, une organisation née d’une dissidence de la NUM.

Dix personnes ont été tuées, certaines à coup de machettes.

L’AMCU a recruté en promettant de négocier d’énormes augmentations salariales, visiblement irréalistes. Sa campagne de recrutement a été décrite par de nombreux mineurs et responsables syndicaux comme frôlant souvent l’intimidation.

Le NUM, pour sa part, est l’un des piliers de la confédération syndicale Cosatu, associée au pouvoir au sein du gouvernement mené par le Congrès national africain (ANC).

Les deux syndicats affirment être les victimes de ces actes de violence.

La dernière victime en date est un homme retrouvé mort mardi à une centaine de mètres de la colline où les mineurs sont regroupés. Il était allongé sur le dos, le crâne d’un animal posé sur sa poitrine, selon l’agence de presse sud-africaine Sapa.

Lonmin, soupçonnée de n’avoir pas suffisamment protégé ses employés, a rejeté toutes les accusations : "Je ne connais aucune entreprise qui ait la compétence pour affronter des actes aussi pervers", a déclaré Barnard Mokwena, un porte-parole.

L’arrêt de la production porte un nouveau coup au secteur sud-africain du platine, déjà affecté par la crise. Le pays possède 87% des réserves mondiales de ce métal, notamment utilisé dans la fabrication des pots d’échappement catalytiques.

Le secteur minier est le plus grand employeur privé en Afrique du Sud, et possède l’une des populations actives les plus syndiquées dans le monde.

Quatre employés de la compagnie minière Lonmin, troisième plus gros producteur mondial de platine, ont été tués et six autres blessés en deux jours dans des attaques liées à des rivalités syndicales, a-t-on appris lundi de responsables syndicaux.

"Quatre employés ont été tués depuis hier (dimanche). Deux étaient des agents de sécurité et deux des travailleurs qui tentaient de prendre leur service", a indiqué à l’AFP le secrétaire général de l’Union nationale des mineurs (UNM), Frans Baleni.

Selon lui, certaines victimes ont été tuées avec des objets tranchants.
Ces meurtres ont eu lieu dans une mine de platine de Lonmin, située à une centaine de kilomètres de Johannesburg.

La société Lonmin, cotée à la bourse de Londres, a confirmé dimanche dans un communiqué les meurtres des deux agents de sécurité, précisant qu’ils avaient eu lieu après "un arrêt de travail illégal et une manifestation vendredi" suivis par 3.000 mineurs.

Selon la compagnie, cette grève "a rapidement dégénéré en violences sanglantes entre factions rivales", précisant que la situation restait tendue à la mine.

Le responsable de l’Union nationale des mineurs pour la santé et la sécurité, Eric Gcilitshana, a indiqué à l’AFP que l’un des employés avait été retrouvé frappé à mort à son domicile. Un autre, qui avait tenté de reprendre le travail dimanche soir, a été retrouvé mort lundi matin, victime de blessures par balles.

"Dix travailleurs ont été attaqués, quatre ont été tués", a-t-il ajouté.
La lutte entre la puissante Union nationale des mineurs et un syndicat plus récent, l’Union de l’association des mineurs et du bâtiment (AMCU), a relancé les affrontements dans les mines sud-africaines au cours des derniers mois.

La police était déployée en force mardi dans une mine de platine en Afrique du Sud, où des heurts ont fait dix morts depuis dimanche, mettant en lumière les violentes tensions entre syndicats qui s’opposent sur les revendications et les méthodes de lutte.

Les forces de l’ordre —lourdement armées— et des hélicoptères de la police ont été déployés en force sur le site de la mine de Marikana, près de Rustenburg (nord-ouest), gérée par le troisième producteur mondial de platine Lonmin.

La chaîne d’information eNews a également rapporté qu’un camion militaire était entré mardi matin sur le carreau de la mine.

Depuis dimanche, les violences ont fait dix morts.

Le corps d’un homme fraîchement battu à mort a été découvert mardi dans une township proche de la mine, a rapporté la radio 702.

Lors d’un affrontement lundi entre mineurs et policiers qui tentaient de rétablir l’ordre, trois hommes ont été abattus par balles — selon la police qui a invoqué la légitime défense— et deux gardiens de la paix lynchés.

Durant le week-end, deux gardes de sécurité ont péri lorsqu’une bombe incendiaire a été jetée sur leur voiture et deux mineurs ont été tués : le premier abattu alors qu’il se rendait au travail et le second déchiqueté à coups de machette dans son dortoir.

Lonmin a regretté mardi "la grave explosion de violence".

"La production a été gravement perturbée depuis le vendredi 10 août à la suite d’une grève illégale des foreurs et de l’augmentation des cas de violence et d’intimidation", a déploré le groupe dans un communiqué.

"La production est arrêtée. La situation est très tendue (...) Si les gens ne se sentent pas en sécurité, ils n’iront pas au travail", a ajouté à l’AFP Tanya Chakanza, responsable des relations investisseurs du groupe.

L’action Lonmin a perdu 4,08% mardi à la Bourse de Londres.

Des violences meurtrières entre syndicats depuis des années
Les mines sud-africaines ont déjà connu à plusieurs reprises des affrontements meurtriers dans le passé, généralement lorsque des travailleurs appartenant à certains syndicats ont refusé de suivre les appels à la grève lancés par d’autres, ou ont refusé de mettre fin à des mouvements.

Deux travailleurs avaient été tués en février dans une mine appartenant à Impala Platinum, également à proximité de Rustenburg, pendant une longue grève qui a obligé la mine à fermer ses portes pendant plusieurs semaines.

Mais les affrontements à Marikana, opposant la puissante Union nationale des mineurs (NUM) et le petit syndicat AMCU, qui regroupe des employés des mines et du BTP, sont parmi les plus violents de ces dernières années.

L’AMCU est le fruit d’une dissidence de la NUM et a recruté en promettant de négocier d’énormes augmentations salariales, visiblement irréalistes. Sa campagne de recrutement a été décrite par de nombreux mineurs et responsables syndicaux comme frôlant souvent l’intimidation.

Le syndicat n’était pas joignable mardi pour commenter ces allégations.

Selon les observateurs, ces querelles violentes reflètent les luttes de pouvoir qui minent le Congrès national africain (ANC), le parti dominant en Afrique du Sud.

"Il y a un conflit naissant entre les syndicats sud-africains, il y a des luttes de pouvoir entre les dirigeants des syndicats. Les divisions à la tête de l’ANC sont maintenant reflétées par les divisions au sein des syndicats", constate Daniel Silke, un analyste indépendant.

Il s’agit d’une "bataille entre un extrémisme plus populiste et un syndicat philosophiquement plus centriste", estime-t-il.

Le secteur minier est le plus grand employeur privé en Afrique du Sud, qui possède l’une des populations actives les plus syndiquées dans le monde.

"Nous appelons au déploiement d’urgence des forces spéciales ou des forces armées sud-africaines avant que la situation soit hors de contrôle", a déclaré dans un communiqué le secrétaire général du puissant syndicat national des mineurs (NUM), Frans Baleni, rejetant toute responsabilité dans les meurtres commis dans la mine.
La police avait annoncé auparavant que deux policiers ont été "frappés à mort" dans cette mine, située à une centaine de km de Johannesburg.

"Nos policiers étaient en train de contenir une manifestation à la mine. Des travailleurs les ont attaqués et deux d’entre-eux ont été battus à mort", a indiqué le porte-parole de la police Lindela Mashego. Un troisième policier a été transporté à l’hôpital dans un état critique, selon la même source.

Les violents affrontements, qui ont commencé dimanche dans la mine exploitée par Lonmin -le troisième producteur mondial de platine-, ont été décrits comme une lutte pour le pouvoir entre le NUM et le syndicat des associations des mineurs et de la construction (AMCU).
Le responsable du NUM pour la santé et la sécurité, Eric Gcilitshana, a indiqué à l’AFP qu’un employé avait été retrouvé frappé à mort à son domicile. Un autre, qui avait tenté de reprendre le travail dimanche soir, a été retrouvé mort lundi matin, victime de blessures par balles.
"Dix travailleurs ont été battus, quatre tués", avait déclaré M. Gcilitshana. La police a indiqué ultérieurement que quatre mineurs avaient été tués.

"Nous ne connaissons pas ces gens-là", a affirmé M. Baleni, qui rejette toute responsabilité, ajoutant qu’il "condamnait la violence, particulièrement le meurtre de policiers et de travailleurs innocents."
La société Lonmin, cotée à la bourse de Londres, a confirmé dimanche dans un communiqué les meurtres des deux agents de sécurité, précisant qu’ils avaient eu lieu après "un arrêt de travail illégal et une manifestation vendredi" suivis par 3.000 mineurs.

Selon la compagnie, cette grève "a rapidement dégénéré en violences sanglantes entre factions rivales", précisant que la situation restait tendue à la mine.

La lutte entre la puissante Union nationale des mineurs et un syndicat plus récent, l’Union de l’association des mineurs et du bâtiment (AMCU), a relancé les affrontements dans les mines sud-africaines au cours des derniers mois.

Le Syndicat national des mineurs (NUM) a condamné jeudi le géant minier Anglo Platinum pour son plan visant de supprimer 727 postes.

Le syndicat a déclaré que la société minière, en grande partie détenue par Anglo American, a émis des avis, indiquant qu’elle va supprimer des emplois.

Le secrétaire général adjoint du NUM Tshimane Montoedi a déclaré que le syndicat « est très perturbé » qu’à un moment où un forum pour faire face aux défis de platine a été mis en place par le ministre des Ressources minérales Shabangu Susan avec toutes les parties prenantes, y compris les travailleurs, la société « a maintenant décidé » de supprimer les postes.

« Cette action de la part de l’entreprise annule tous les efforts collectifs pour trouver des solutions aux défis auxquels nous faisons face », a dit M. Montoedi.

Au début de cette année, les producteurs de platine, les travailleurs et le ministère des Ressources minérales ont mis en place un forum pour aborder les défis auxquels l’industrie est confrontée.

La demande de platine est faible, les prix sont bas et les coûts des intrants sont en hausse, forçant la suspension des mines par certaines entreprises.

ZIMBABWE

1.500 personnes employées dans une mine contrôlée par Anjin Investments ont perdu leur emploi après un jugement du tribunal du travail sur l’illégalité de leur grève. Les travailleurs, qui faisaient grève pour la huitième fois en deux ans, exigeaient d’être mieux payés et d’avoir de meilleures conditions de travail. Ils durent libérer leurs logements appartenant à l’entreprise et poser une nouvelle candidature à leur poste de travail, pour pouvoir continuer de travailler à la mine.

Une ONG locale, le Centre de recherche et de développement, qui contrôle les infractions aux droits de la personne dans les mines de diamant, a exigé la réintégration sans condition des travailleurs relevés de leurs fonctions, en spécifiant que "la décision de mettre à pied les travailleurs était arbitraire et totalement injustifiée. Il s’agit également d’une infraction grave au droit des travailleurs et travailleuses d’engager une action revendicative quand les conditions de travail sont épouvantables. L’intolérance dont la direction de Anjin a fait preuve pour les véritables revendications des travailleurs est inacceptable dans une société moderne".

Le Centre de recherche et de développement a aussi posé la question de la procédure d’une nouvelle candidature à laquelle les travailleurs se trouvent soumis, car le fait de “conseiller aux membres du personnel mis à pied de poser une nouvelle candidature est une manière draconienne visant à les diviser par un traitement discriminatoire de leurs dirigeants et des personnes suspectées d’avoir joué un rôle de premier plan dans cette action revendicative”.

Il y a aussi des allégations d’infraction aux droits de la personne. Le personnel de l’entreprise Anjin assure que certaines personnes ont subi des agressions sexuelles par des chefs chinois, et que l’entreprise a remis au comité des travailleurs une lettre dans laquelle elle s’excuse en précisant que les auteurs de délits allaient être renvoyés en Chine. Jusqu’à présent, cette promesse n’a pas été tenue, et la police n’a entrepris aucune action. Les travailleurs ont aussi signalé la profanation de tombes sur le site, et au lieu d’enterrer à nouveau les corps sur un autre site approprié, leurs restes ont été empilés non loin de là.

Anjin laisse la controverse se développer. Une co-entreprise sino-zimbabwéenne, la société Matt Bronze du Zimbabwe, est suspectée d’être une entreprise fantôme au service du ministère zimbabwéen de la Défense, des militaires et de la police. Des ‘sécurocrates’ et des membres de haut niveau de la sécurité d’État dominent au conseil d’administration d’Anjin. Un rapport publié en juin 2012 par l’ONG britannique Global Witness fait état de ces questions et des préoccupations concernant le fait que les bénéfices réalisés dans les mines seraient des éléments hors bilan servant au financement de la police d’État.

Global Witness estime que le processus de Kimberley, un programme de certification visant à endiguer le commerce du diamant servant au financement de conflits, a échoué au Zimbabwe, et que c’est l’une des raisons données pour se retirer, en tant qu’observateur, du processus de Kimberley.

Le parlementaire britannique Peter Hain a porté les questions soulevées par Global Witness dans un débat au Parlement à la mi-juillet 2012, en demandant le maintien des sanctions et leur extension pour y inclure les ‘sécurocrates’ impliqués dans l’extraction minière du diamant. Il a également motivé une réforme du processus de Kimberley.

Les sanctions mises en place par l’UE depuis 2002 consistent à interdire les voyages et à geler les avoirs de 112 Zimbabwéens. En juin 2012, une délégation de l’UE s’est rendue dans la région de Marange où est située l’entreprise Anjin. Elle a appris que les allégations selon lesquelles Anjin n’aurait pas contribué au financement occulte sont fausses. Le 23 juillet, les responsables de l’UE ont publié une déclaration selon laquelle les sanctions contre la plupart des personnes portées sur la liste devaient être abandonnées et prendre place après la tenue d’un référendum sur la nouvelle constitution. Cette décision est destinée à servir de motivation pour la poursuite des réformes positives entreprises au Zimbabwe après des années de violence et de chaos économique.

Parmi ceux qui demandent la levée des sanctions au Zimbabwe, il y a le Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, qui a déclaré après sa visite dans le pays, en mai 2012, que la honte des sanctions a sans doute eu un effet préjudiciable sur le commerce.

COLOMBIE

Carbones de la Jagua et Fenoco suspendent des contrats d’emploi.

Sintramienergetica demande au gouvernement colombien de faire cesser les violences antisyndicales de multinationales comme Glencore, Drummond et Vale. Après environ un mois de grève pour défendre les termes de leur convention collective, des travailleurs et travailleuses employés directement et indirectement chez Carbones de la Jagua et Fenoco ont été mis à pied.

Le complexe minier de Carbones de La Jagua, exploité par Prodeco, filiale de la société transnationale suisse Glencore, et la compagnie ferroviaire Fenoco, propriété de Drummond, ont commencé à licencier des membres de leur personnel en grève depuis la mi-juillet.

Le syndicat ouvrier, Sintramienergetica, signale que plus de 20.000 travailleurs et travailleuses participent au conflit. “L’attitude des employeurs est absurde. Ces transnationales essayent de briser des grèves légitimes des salariés de Fenoco et Glencore chez Carbones de la Jagua dans les municipalités de La Jagua et de El Paso”, affirme le syndicat.

Le syndicat ajoute que “Fenoco et Carbones de la Jagua refusent de rechercher une solution négociée à la grève. Les entreprises cherchent, au contraire, à usurper le rôle de organisations ouvrières et enfreindre la liberté syndicale en convoquant des réunions de masse pour faire pression sur les travailleurs et travailleuses et soumettre le litige à un Conseil d’arbitrage. Elles tentent de créer des divisions au sein du syndicat, se soustraient à leurs responsabilités et enfreignent les droits juridiques et constitutionnels des travailleurs et travailleuses et du grand public”.

Les grèves ont commencé le 19 juillet à Carbones de la Jagua et le 22 juillet à Fenoco, après que Glencore, Drummond, Vale et les autres actionnaires transnationaux de Carbones de la Jagua et de Fenoco eurent repoussés les revendications des travailleurs et travailleuses.

Le syndicat demande au gouvernement colombien de mettre un terme aux infractions aux droits des travailleurs/euses et des citoyen(ne)s de Colombie par ces sociétés transnationales, et de garantir le droit constitutionnel de faire grève. Le syndicat demande également au gouvernement de s’assurer que les entreprises se conforment aux normes internationales et aux termes du programme d’action sur le travail qui constituent une partie des accords de libre échange signés par la Colombie.

De même, il demande instamment au gouvernement, aux sénateurs, aux députés, aux maires, aux gouverneurs et aux conseils municipaux de parler franchement et d’empêcher les entreprises de commettre ces infractions brutales aux droits dans leurs départements et leurs municipalités.

Il a demandé à l’Organisation internationale du Travail de publier rapidement une déclaration vigoureuse sur ces infractions, et aux syndicats et organisations de défense des doits de la personne d’exprimer leur solidarité.

IndustriALL Global Union a écrit une lettre de soutien au syndicat dès le début de la grève, dans laquelle il exprimait sa solidarité avec le “juste combat contre l’entreprise multinationale Glencore, connue dans le monde entier pour ses politiques anti-ouvrières”. IndustriALL exprime à nouveau sa solidarité dans le cadre de la dernière action entreprise contre les travailleurs et travailleuses.

IndustriALL envisage de poursuivre la campagne contre la fusion entre Glencore et Xstrata en raison de l’attitude antisyndicale poursuivie par l’entreprise dans le monde.

CHILI

A 4h30 du matin, lundi 16 juillet, les membres du syndicat de Gardilcic au Chili, ont bloqué la route internationale San Martin qui relie la mine de cuivre Andina à l’Argentine. Pendant trois heures, plus aucun véhicule ne pouvait traverser. Les mineurs membres du syndicat, sont des salariés de Gardilcic, une entreprise de sous-traitance minière, employée par la division andine de la Corporation Nationale du Cuivre (Codelco), détenue à 100% par l’Etat, dans la mine Andina.

Cette grève a été votée le 13 juillet par le syndicat de Gardilcic, soutenu par la Confédération des travailleurs du cuivre (CTC). Les manifestants revendiquent une égalité salariale par rapport aux autres mineurs de Codelco, selon le syndicat, 120.000 pesos (200 euros) de plus qu’eux pour le même travail. Selon ses leaders, le mouvement pourrait rapidement se radicaliser si Codelco ne réagit pas.

Andina est située à 80 km au nord-est de Santiago à 4.000 mètres d’altitude, 234.000 tonnes de cuivre avaient été extraites de la mine en 2011. La production annuelle de Codelco à cette époque était de 1,735 millions de tonnes.

SUISSE

C’est le deuxième jour de grève pour les mineurs de « Trepça », alors que les mineurs de Stantërg ont rejoint aujourd’hui ceux des mines de Kishnica et Atana.

Ceux-ci demandent l’annulation de la nomination du directeur actuel du côté de l’Agence pour la Privatisation (AKP), cette dernière est légalement propriétaire des ressources de « Trepça ».

Ils attendent la réalisation de leur demande. Le Syndicat indépendant des mineurs est venu prendre une décision après une réunion d’urgence et un examen de la nouvelle situation créée dans l’entreprise. Il en ressort de cette décision que les mineurs ne reconnaissent pas la décision de l’AKP concernant la nomination d’Esat Ujkani dans l’exercice du pouvoir de gestionnaire de « Trepça ».

Les mineurs ont alors proposés trois autres noms, selon eux ces derniers connaissaient mieux le travail des mineurs : le directeur du Département des Mines et du Développement, monsieur Qela Halil ; le directeur de la construction du premier tunnel Miftar Hussein et le directeur de la mine de Stanterg, Bekir Maliqi.

ESPAGNE

Espagne : La trahison de la grève des mineurs et le silence de la pseudo-gauche

Par Alejandro López

Les deux principaux syndicats représentant les mineurs en Espagne, le CCOO et UGT, ont appelé les travailleurs à reprendre le travail dans la région d’Aragon, Leon et Asturias après une grève de 67 jours. Ils ont aussi demandé à tous les mineurs qui occupent les mines d’abandonner leur protestation.

Le 31 mai, plus de 8 000 mineurs avaient commencé une grève illimitée contre la baisse des subventions menaçant de détruire l’industrie et 40 000 emplois dans la mine et autres emplois associés. Les syndicats n’avaient appelé à la grève qu’une fois qu’il était clairement apparu que les mineurs allaient entrer en lutte, avec ou sans leur accord.

Dès le départ, la bureaucratie syndicale a essayé d’étouffer ce mouvement combatif en limitant la lutte à des demandes de subventions, sachant pertinemment que le gouvernement du Parti populaire (PP) n’allait pas revenir sur les coupes. Ils ont ensuite essayé d’isoler les mineurs.

Le 18 juin, une grève générale d’une journée avait été très largement suivie, mais l’action avait été confinée par les syndicats aux régions minières afin d’éviter toute mobilisation plus large contre les mesures d’austérité du gouvernement qui paupérisent des dizaines de millions de personnes.

Puis le 22 juin, 200 mineurs grévistes organisés par le CCOO et UGT avaient fait une « Marche noire » de 500 kms. L’unique objectif de cette marche était de faire pression sur le PP pour qu’il honore le précédent accord avec le gouvernement du Parti socialiste (PSOE) qui, en conformité avec les dictats de l’Union européenne, avait prolongé les subventions jusqu’en 2018.

Le 11 juillet, la marche avait été accueillie par plus de 25 000 personnes dans les rues de Madrid et qui avaient ensuite manifesté avec les grévistes. C’était le signe clair que les mineurs jouissaient du soutien significatif de la classe ouvrière malgré les efforts des syndicats pour les isoler.

Après deux mois de grève, les syndicats obtenaient finalement la rencontre qu’ils souhaitaient avec le gouvernement dont la position n’avait pas changé d’un pouce.

Le coup de grâce alors donné par les syndicats n’aurait pas pu être plus cynique ni plus brutal. Deux jours à peine après cette rencontre, les syndicats ont appelé à mettre fin à la grève, déclarant que les mineurs n’avaient pas les moyens de la poursuivre.

« Nous avons dit aux gens d’aller à la mine dès demain, nous allons aussi annoncer un programme de mobilisations, » a annoncé Felipe Lopez, secrétaire général de CCOO.

Juan Carlos Alvarez Liébana de CCOO a dit que mettre fin à la grève permettrait aux mineurs de « recharger leurs batteries. »

Les mobilisations dont parle Lopez fait référence à de petites protestations symboliques tandis que l’industrie minière est progressivement réduite.

Le sentiment d’être trahi était manifeste. Cinq mineurs sur les six qui occupaient la mine de Santa Cruz del Sil à Leon ont décidé de poursuivre leur protestation jusqu’à ce que la compagnie réponde à leur demande de « Pas de licenciements et pas de coupes. » Commentant l’appel à mettre fin à la grève, un porte-parole des mineurs a dit, « Ce qui est en train de se produire c’est un manque de cohérence qu’on n’a pas vu se produire même sous [le dictateur, le général] Franco. »

La fin de la grève a ouvert la voie à une répression brutale contre les mineurs grévistes qui avaient érigé des barricades à travers les rues, les autoroutes et les voies de chemin de fer durant la grève et avaient résisté aux attaques de la Guardia Civil qui avaient recours à des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène, des matraques et des coups. Plus de 100 grévistes sont actuellement poursuivis en justice. Cette semaine, cinq autres mineurs ont été arrêtés par la Guardia Civil et placés en garde à vue.

Durant la grève, ce sont aux partis de la pseudo-gauche tels Izquierda Anticapitalista (Gauche anticapitaliste) En Lucha (En lutte), El Militante (Le Militant) et Partido Communista de Espana (Parti communiste espagnol) qu’est revenue la tâche de faciliter la trahison des syndicats. Selon eux, la grève était la preuve que les syndicats pouvaient fonctionner comme des organisations de lutte des classes à condition qu’une pression suffisante soit exercée sur leur direction.

En Lucha, l’homologue espagnol du British Socialist Workers Party, a dit que « la lutte des mineurs nous montre … que notre analyse des principaux syndicats [CCOO et UGT] doit être complexe et échapper aux simplifications sectaires qui ne font pas de différences entre la bureaucratie syndicale et la base combative. »

De telle affirmations ignorent volontairement non seulement le refus de CCOO et UGT d’arrêter la destruction en cours de l’industrie minière, mais aussi les expériences stratégiques avec les syndicats faites par la classe ouvrière espagnole et internationale durant ces dernières décennies. Dans le passé, les stratégies réformistes des syndicats se fondaient essentiellement sur la collaboration de classes et non la lutte des classes. Même quand la bureaucratie était forcée d’appeler à des grèves et à des conflits, son objectif était d’assurer un pacte social entre employeurs et travailleurs, entre dirigeants et dirigés, un pacte qui prévoyait une réglementation économique nationale comprenant des concessions limitées en matière de salaire, de conditions de travail et de mesures de protection sociales.

Dans tous les pays, pour préserver son existence privilégiée, la bureaucratie syndicale a réagi à la mondialisation de la production et à l’ouverture de l’économie nationale à une concurrence bien plus intense et immédiate en changeant l’axe de ses relations établies de longue date avec les employeurs et l’Etat. Depuis maintenant plusieurs décennies, les syndicats participent activement à l’abaissement systématique des salaires et à la destruction des emplois et des conditions de travail. Ils n’agissent même plus en organisations de défense des travailleurs contre les pires excès du système capitaliste, mais en police du monde du travail pour les grandes entreprises et l’appareil d’Etat.

Ce processus a vu aussi le virage à droite très marqué des groupes de pseudo-gauche dont la direction est aussi composée d’une couche petite-bourgeoise privilégiée qui s’est, en particulier, assurée une position au sein des syndicats, de l’appareil gouvernemental local et central et des milieux universitaires.

C’est ce qui explique leur silence assourdissant maintenant que les syndicats ont trahi les mineurs et les ont contraint à reprendre le travail. Il n’y a pas une seule déclaration, pas un seul article publié dans En Lucha, El Militante, Izquierda Anticapitalista et Partido Comunista de España.

Selon Izquierda Anticapitalista, la grève des mineurs « nous montrait la voie » et « s’étendait à tous les secteurs et dans le pays. » Qu’est ce qu’il en reste ?

Les mineurs sont laissés pour compte tandis que cette pseudo-gauche passe à autre chose.

Leurs actes ressemblent à l’unité d’opérations psychologiques (psy-ops), dont la fonction, selon la définition du ministère de la Défense américain, est « l’utilisation intégrée des capacités centrales … pour influencer, perturber, corrompre ou usurper la prise de décision automatique et humaine de l’adversaire tout en protégeant la nôtre. »

Durant toute cette lutte, ces ex-gauches ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour influencer, perturber, corrompre et usurper la prise de décision des mineurs et du reste de la classe ouvrière au nom de l’appareil des syndicats.

Il y a deux leçons à tirer. Tout d’abord, la classe ouvrière ne peut mener ses luttes au moyen des syndicats. Deuxièmement, l’ex-gauche petite-bourgeoise a de nouveau été démasquée comme étant un détachement spécial de la bureaucratie syndicale et doit être traitée comme tel.

Depuis le début de cette lutte, le World Socialist Web Site met en garde contre le rôle joué par les syndicats, insistant pour dire que de nouvelles organisations de lutte de la classe ouvrière, tels des comités de voisinage, d’usines et de lieux de travail, indépendants des syndicats, sont nécessaires et qu’un nouveau parti authentiquement socialiste doit être construit. C’est la tâche fondamentale à laquelle sont confrontés les travailleurs et les jeunes en Espagne.

MAURITANIE

De nouveaux affrontements ont éclaté entre les employés de la mine d’or de Guelb Moghrein en Mauritanie et les forces de l’ordre, le 22 juillet. Tandis que les ouvriers bloquaient l’accès à un camion transportant des employés non-grévistes, les policiers sont intervenus faisant plusieurs blessés.

La Mauritanian Copper Mines (MCM) filiale de First Quantum avait annoncé, dans un communiqué du 18 juillet, la fermeture temporaire de sa mine face à une « grève illégale » des employés. Il y a une semaine, un ouvrier de la même mine était tué lors d’une manifestation. Les mineurs revendiquent une hausse des salaires, une prise en charge sanitaire en eau et en électricité et l’application d’un accord déjà signé par la direction.

La lutte des travailleurs des mines a pris un tour violent faisant un mort et plusieurs blessés et arrestations dans le milieu ouvrier. Mohamed Ould Mechdhoufi a été tué le dimanche 5 juillet 2012 suite à l’usage excessif de gaz lacrymogène par la Garde nationale mauritanienne. Elle dispersait un sit-in des travailleurs sur la Mine d’Akjoujt exploitée dans le nord du pays par la MCM, Mines de Cuivre de Mauritanie. Le sit-in faisait suite à l’échec d’un an de négociations entre l’administration et les employés qui réclamaient de meilleures conditions de travail. La ville sera en état d’alerte : la sécurité renforcée, les employés étrangers expatriés. Les syndicats des travailleurs en ont profité pour dénoncer l’emprise des sociétés étrangères sur l’Etat.

A Nouadhibou (nord) les travailleurs journaliers de la SNIM, Société Nationale Industrielle et Minière de Mauritanie, demandaient une régularisation de leur situation bien avant l’arrivée de Ould Abdel Aziz au pouvoir. Celui-ci a annoncé le 25 novembre 2012, après son élection, la mise sur pied d’une commission interministérielle chargée de proposer une solution adéquate au problème. Mais sur le terrain les travailleurs estiment que leur situation s’empirait ; ils ont alors repris le mouvement et entamé un sit-in de plusieurs jours auquel ont participé neuf centrales syndicales.

La vague de contestation a atteint aussi les travailleurs des entreprises sous-traitantes de Kinross-Tasiast dans le nord du pays. C’est le cas de CCC, Consolidated Contractors Company et MAURITRAC, le représentant de Caterpillar en Mauritanie, deux entreprises sous-traitantes de Kinross.

Le 4 juin 2012, leurs collègues à la Société mère prennent le relai de la contestation. Ils revendiquaient le départ du responsable des gisements, un australien, et la réintégration de leurs camarades abusivement licences, selon eux. La protestations a abouti à la suspension des gisements provoquant une perte de plus d’un milliard d’Ouguiyas à la société.

De nouveaux et violents affrontements ont opposé travailleurs grévistes de la Mauritanian Copper Mine (MCM), opérant dans l’extraction de l’or dans la ville d’Akjoujt (250 kilomètres au nord de Nouakchott, aux forces de l’ordre, dimanche.

Le bilan des échauffourées du dimanche est estimé à plusieurs blessés.

Ces affrontements "ont éclaté au moment où des ouvriers grévistes en sit-in sur le site de production ont tenté de s’opposer à l’entrée d’un camion transportant des ouvriers non grévistes. La Police est intervenue faisant usage de grenades lacrymogènes et de matraques pour disperser le sit-in", rapporte l’agence privée Nouakchott Info (ANI).

Ethman Ould Khereivit, délégué des travailleurs, regrette "l’option de la politique de répression privilégiée par l’administration, alors que nous réclamons et attendons une solution globale. Nous avons été surpris de voir un camion transportant une trentaine d’ouvriers pour aller faire fonctionner l’usine, alors qu’en temps normal, il faut un millier pour lancer l’exploitation de la mine".

Il y a une dizaine de jour un ouvrier avait été tué sur le même site à la suite d’une intervention des forces de l’ordre pour réprimer une manifestation des travailleurs.

Qualifiant la grève d’illégale, MCM a annoncé la suspension de ses activités de production d’or et le maintien de ses bonnes dispositions vis-à-vis du gouvernement pour trouver une solution aux revendications des travailleurs.

Ceux-ci réclament une augmentation de salaire, une prise en charge sanitaire, en eau et électricité et l’application d’un accord signé il y a 6 mois.

ZAMBIE

En Zambie, des mineurs ont tué un manager de mine chinois dans le sud.

Des mineurs du sud de la Zambie ont tué un responsable chinois et blessé un de ses collègues dans des émeutes provoquées par un conflit sur les salaires avec l’investisseur chinois de cette mine de charbon, a rapporté dimanche l’agence de presse nationale.

"Wu Shengzai, 50 ans, a été tué par des travailleurs qui protestaient. Il a été touché par un chariot lancé sur lui par des mineurs au moment où il courait se réfugier sous terre. Il est mort sur le coup et son collègue est à l’hopital", a dit le commissaire Fred Mutondo de la police locale à l’agence Zambia News and Information Services.

Le cadre blessé est également chinois.

Les mineurs se sont révoltés samedi dans la mine de Collum Coal, située à Sinazongwe, à 325 km au sud de Lusaka, pour protester contre un retard à instaurer un salaire minimum.

"Je ne comprends pas pourquoi il y a toujours de la tension entre les investisseurs chinois et les travailleurs de Collum", a dit à l’AFP le ministre du Travail Fackson Shamenda .

En 2010 deux managers chinois de la même mine avaient été poursuivis en justice pour tentative de meurtre. Ils étaient accusés d’avoir tiré sur des mineurs qui manifestaient, faisant onze blessés.
Plusieurs mines de Zambie, notamment de charbon et de cuivre, sont à capitaux chinois. La Chine a investi plus d’un milliard de dollars dans le pays en 2010.

MADAGASCAR

Sale temps pour les mineurs de saphir à Madagascar

Madagascar a cru qu’Ilakaka, plus gros gisement mondial de saphirs, pouvait faire sa fortune, mais la crise financière et l’instabilité politique ont douché ses espoirs. Le saphir reste aujourd’hui synonyme d’emplois de misère et dangereux.

En 1998, la découverte d’un gisement de saphir a transformé brutalement la petite bourgade agricole en ville du far west, la population passant de quelques dizaines à quelque 50.000 habitants.

Dans cette ville à 650 kilomètres au sud-ouest de la capitale Antananarivo, on croise davantage de voitures qu’ailleurs. Mais avec une seule rue asphaltée et des maisons en bois sans eau courante ni sanitaires, la fortune espérée n’est pas au rendez-vous.

Sur la place du marché poussiéreuse d’Ilakaka, dans une chaleur déjà étouffante à 7 heures du matin, une femme sort un flacon de vitamines : à l’intérieur, pas de pilules, mais des douzaines de saphirs minuscules.

Ces pierres précieuses ont jadis fourni la moitié du marché mondial du saphir. Madagascar exportait ses pierres brutes vers le Sri Lanka et la Thaïlande, deux pays spécialistes de la taille.

En 2008, l’Etat malgache s’est pris à rêver d’une autre exploitation possible, qui générerait plus de recettes fiscales et permettrait de former des mineurs à la taille des pierres afin de gagner en valeur ajoutée.

Le saphir devait aider le pays, l’un des plus pauvres de la planète, à sortir de la misère. Sur cette île de l’océan Indien, huit personnes sur dix vivent avec moins d’1,25 dollar par jour, selon la Banque mondiale.

Par décret, l’exportation de pierres d’Ilakaka fut donc interdite. Mais le moment ne pouvait pas être plus mal choisi, alors qu’éclatait la crise financière mondiale.

La demande a plongé, les investisseurs ont pris peur et fui les pays dits à risques. Puis la prise de pouvoir anticonstitutionnelle de l’ancien maire d’Antananarivo Andry Rajoelina, en 2009, a achevé de décourager les plus téméraires.

Ne gagnant plus d’argent, les mineurs ont arrêter de prospecter et se sont lancés dans l’agriculture pour nourrir leur famille, explique Brian Norton, un négociant en pierres précieuses d’Afrique du Sud.

Le marché s’est peu à peu redressé et les gemmes sont de nouveau recherchées. Mais comme il y a moins de mineurs et que l’extraction est devenue plus coûteuse, les gemmes sont devenues rares et les prix montent en flèche, ajoute-t-il.

Depuis 2010, l’exportation de saphirs est de nouveau légale, mais la production ne s’est pas entièrement redressée, faute de mécanisation.

Autour d’Ilakaka, le paysage ressemble à un gruyère de puits abandonnés, au beau milieu d’une région connue pour sa beauté stupéfiante, et sa succession de montagnes tabulaires aux reflets ocres et de falaises sculptées par l’érosion.

La production avait commencé à baisser dès 2006, les mineurs retirant moins de pierres du sol car le haut du gisement a été écrémé : il faut désormais descendre plus profond et travailler dans des conditions plus périlleuses.

Ceux qui retournent creuser s’exposent au danger. Quand les gens travaillent pour eux-mêmes, ils n’étayent pas toujours et il y a des risques d’éboulement, explique Muhamed Kone, un Guinéen qui organise des visites touristiques sur le site.

Les gens viennent ici parce que c’est facile de gagner de l’argent, le business est facile, pas comme à Tana (Antananarivo), confie pour sa part Céline, 24 ans et déjà mère de deux enfants de 9 et 7 ans.

Elle était adolescente lorsqu’elle est arrivée à Ilakaka il y a dix ans, au plus fort de la ruée minière qui a vu des milliers de miséreux débarquer pour tenter leur chance.

Originaire d’Ambalavao, une localité située à 230 kilomètres, elle était à la recherche de ses parents, qui l’avaient abandonnée pour se lancer dans la quête des saphirs.

Elle les a retrouvés après huit mois de recherches, gagnant une bouchée de pain à s’échiner sur l’un des nombreux puits artisanaux ayant proliféré dans l’anarchie la plus complète à Ilakaka.

Des milliers d’enfants malgaches ont vu comme elle leur scolarité s’achever de cette manière.

A Ilakaka, il y a des pauvres qui deviennent riches, et des riches qui deviennent pauvres, commente Céline.

Elle n’a pas renoncé à passer son bac, mais en attendant, pour élever ses deux enfants, elle travaille chez une famille sri-lankaise qui lui donne du riz qu’elle prépare gratuitement pour des mineurs, qui lui donnent de temps à autre des saphirs qu’elle revend à ses employeurs.

Mais, à moins d’un dollar la pierre précieuse, ce n’est pas très rentable.

J’ai travaillé aussi dans la carrière, mais c’est difficile et fatigant, dit-elle, et je ne trouvais pas très souvent des saphirs.

Une fois polie, une pierre précieuse peut atteindre plus de 1.000 dollars le carat pour les gemmes les plus belles.

INDUSTRIE MINIERE

L’industrie minière va mal. Oubliés les beaux jours de 2011 où elle croyait la crise terminée ! La production de minerai de fer, matière première la plus échangée après le pétrole, avait battu un record historique et s’était hissée au-delà de ses performances d’avant-crise, à 1,9 milliard de tonnes.

C’est fini : les produits de base industriels connaissent un fort coup de frein et leurs prix dégringolent, comme le prouve la descente inexorable de l’index Bloomberg pour les métaux, tombé en un an de l’indice 267 à 190.

"La faute à la Chine", diagnostiquent mineurs, analystes, négociants, transporteurs et autres protagonistes du monde des minéraux. C’est vrai que l’empire du Milieu décélère : sa croissance a atteint 9,2 % l’an dernier et aurait ralenti à 7,6 % en juin 2012. Cette cadence - à faire rêver les Occidentaux en pleine déprime - représente un fort ralentissement qui affecte le monde entier. La contagion au reste du monde se transmet par le canal des matières premières. Lorsque Pékin dégonfle sa bulle immobilière en élevant les taux d’emprunt, non seulement il ralentit la construction, mais aussi la production d’acier qui est destinée à celle-ci pour 60 %.

Quand la hausse annuelle de sa production d’acier tombe de 10 % à 0 comme en ce moment, il est moins nécessaire pour la Chine d’importer du minerai de fer, dont elle s’adjuge 60 % du tonnage mondial, et ses fournisseurs souffrent de la chute des prix et des recettes qui en résultent.

"Ceux-ci ont longtemps pensé qu’il leur suffisait d’absorber le choc, en attendant que la locomotive chinoise reparte, analyse Guillaume Perret, directeur de la société d’analyse Perret Associates à Londres. Depuis juin, ils ont changé de stratégie et prennent des mesures de réduction des capacités et des coûts, notamment de personnel."
C’est en Australie, dont la proximité et les formidables réserves minérales en font le principal fournisseur de la Chine, que les conséquences se font le plus sentir.

Le premier mineur mondial, l’anglo-australien BHP Billiton, étudie quels projets repousser à des jours meilleurs dans sa liste d’investissements de 27 milliards de dollars (21,8 milliards d’euros) d’ici à 2014. La création d’un avant-port à Port Hedland, sur la côte ouest de l’Australie ? L’extension de sa mine géante de Pilbara, dans le nord-ouest du pays ?

Son challenger, Rio Tinto, licencie du personnel administratif à Melbourne. Anglo American diffère les investissements prévus au Brésil pour le projet Minas Rio. Partout, on cherche à réduire les coûts pour préserver des bénéfices impressionnants : 23 milliards de dollars pour BHP et 22 milliards pour le brésilien Vale, en 2011.

En Afrique, on s’inquiète, car le continent est très dépendant des appétits de Pékin. "La Chine s’adjuge 40 % des exportations de minerais de l’Afrique subsaharienne, rappelle Jean-Raphaël Chaponnière, chercheur invité de l’organisme de recherche Asia Centre. Un pays comme la Zambie, qui n’a pas su profiter des années de vaches grasses pour sortir de la monoculture du cuivre, risque de souffrir."

Toujours en discussion, le projet chinois de créer à Belinga, au Gabon, une mine de fer et de manganèse pour 3 milliards d’euros devrait être une nouvelle fois reporté avec son autoroute, son port en eaux profondes, sa voie ferrée de 500 kilomètres, son barrage hydroélectrique et son usine de traitement susceptibles d’entraîner la création de 30 000 emplois pérennes.

Les seuls à se frotter les mains de la chute des cours des matières premières sont les sidérurgistes européens. "Nous nous en réjouissons, commente Gordon Moffat, directeur général de l’association Eurofer, qui représente les industriels de la sidérurgie à Bruxelles. Peut-être que cette baisse incitera les entreprises minières à revenir à notre vieux système de contrats annuels." Depuis trois ans, ces contrats avaient été abandonnés au profit d’une réévaluation permanente par les mastodontes BHP, Vale et Rio Tinto, désireux de profiter de la forte hausse des prix sur le marché au comptant.

Et si le ralentissement chinois cachait une manoeuvre pour obliger les mineurs à revenir à ce système plus stable de prix, que Pékin avait dû abandonner face à l’oligopole des trois mastodontes ? "Quand les prix montent trop à leur goût, les Chinois stoppent les importations et utilisent leurs propres réserves en attendant que les prix baissent", souligne Michèle Assouline, PDG de Sparkling Capital.

"La Chine s’est dotée d’instruments pour peser sur les marchés et jouer de la conjoncture afin d’influencer les marchés dans le sens de ses intérêts, renchérit Joël Ruet, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), associé à l’Iddri-Sciences Po.

Aujourd’hui, elle a une occasion en or pour faire sentir son pouvoir au cartel qui lui avait imposé sa loi en 2009. Pour contrer les investissements de celui-ci, elle n’a pas hésité à maintenir en fonctionnement des vieilles mines déficitaires."

Si cette hypothèse stratégique est la bonne, cela signifie que les marchés des minerais ne devraient pas continuer longtemps leur chute. La croissance de la Chine pourrait repartir de l’avant "dès qu’elle connaîtra le nom de ses nouveaux dirigeants, en octobre", prédit M. Ruet. A ce signal, " les entreprises minières réactiveront leurs projets, selon M. Perret, grâce à leurs montagnes de liquidités".
Par ailleurs, l’Inde, en mal d’électricité et de fer, tout comme l’Indonésie, en pleine croissance, sont en passe de détrôner la Chine de sa place d’importateur omnipotent.

POLOGNE

En Pologne, les mineurs de Solidarność s’opposent à une taxe sur les minerais sur KGHM

Notre affilié des mineurs et des travailleurs de l’énergie de la Section NSZZ de Solidarność, qui est aussi le principal syndicat de la KGHM Polska Miedź SA, a annoncé la semaine dernière qu’il allait protester contre le projet de législation du gouvernement polonais d’imposer une taxe sur les minerais anormalement élevée à cette compagnie d’extraction de cuivre et d’argent que contrôle partiellement l’État.

Le syndicat, avec une plus petite organisation représentant aussi les travailleurs de KGHM, l’Association ZZ des travailleurs de l’industrie du cuivre (ZZPPM), a entamé des procédures officielles auprès des travailleurs d’une trentaine d’entreprises, dont trois mines, deux raffineries et des fonderies, un laminoir, une usine de tiges de fil métallique de KGHM et d’autres établissements afin de pouvoir mener des actions de protestation en toute légalité. Des manifestations pourraient déjà démarrer cette semaine.

Elles répondront au projet de loi du 17 janvier déposé au parlement par le ministre des Finances et qui imposerait une forte taxe sur les minerais à KGHM. Cette taxe, qui ne vise que le cuivre et l’argent, chargerait de 0,5% au moins le prix moyen du cuivre, avec un plafond de 16.000 zlotys la tonne (4.000 €).

Le gouvernement l’envisage comme moyen de combler les déficits de son budget national.

"Cette taxe est extraordinairement élevée par rapport à celles imposées à d’autres compagnies d’extraction de cuivre," peut-on lire dans un communiqué de NZZ Solidarność. Le responsable du syndicat chez KGHM, Jósef Czyzcerski, a déclaré que cette taxe compromettrait la rentabilité de l’entreprise, et par conséquent l’investissement et le développement, pour finalement coûter des emplois. Selon lui, la taxe pourrait absorber 90% des bénéfices de l’entreprise.

Les syndicats de KGHM s’opposent aussi au fait que cette taxe sur les minerais vise KGHM en particulier. Jósef Czyzcerski accuse le ministère des Finances de ne pas avoir consulté comme il devait le faire avant d’approuver le projet de loi et de le soumettre au parlement.

KGHM est détenu à 32% par le ministère du Trésor polonais et, dans un passé récent, les syndicats ont âprement lutté pour empêcher le gouvernement de réduire progressivement sa part dans son capital. KGHM emploie 18.000 personnes ; c’est le neuvième producteur mondial de cuivre et le troisième producteur d’argent au monde. Il est implanté à Lubin, dans le bassin cuprifère de Basse-Silésie, en Pologne.

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