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Le pape va-t-il réussir son coup d’état ou va-t-il faire exploser la papauté ?

samedi 2 juin 2012, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Le pape va-t-il réussir son coup d’état ou va-t-il faire exploser la papauté ?

La nouvelle affaire du pape Benoit 16 ressemble bien à une tentative de celui-ci pour obtenir tous les pouvoirs tout en se donnant l’allure de quelqu’un qui ne s’intéresse qu’à la théologie, jeu qu’il avait déjà exercé auprès de l’ancien pape. Pourtant, ce n’est pas du tout ainsi que la presse présente les nombreux rebondissements des scandales qui entachent la gouvernance papale. Contestation de l’autorité du pape, menaces contre son intégrité, fuite de ses documents, trahison de ses proches, taupes au Vatican, nous disent les média. Le plus étonnant, c’est que de telles affaires scabreuses de documents volés font plus de bruit que les réelles affaires : les enfants violés de la chrétienté et le scandale de la banque vaticane, encore appelée IOR, obligée de compter sur l’argent de la mafia pour se sortir d’un trou d’air financier lié à la crise des banques.

Ces dix derniers jours ont vu, outre l’arrestation du majordome du pape, le limogeage du patron de la banque du Vatican (IOR) et la mise en cause du cardinal Bertone dans un ouvrage décrivant un Vatican où règnent le népotisme et la corruption.

Il semble bien plus qu’il s’agisse d’une tentative de coup d’état du pape lui-même au sein du pouvoir du Vatican… En effet, si le pape pourrait sembler entaché, tous les plus hauts responsables qui l’entouraient sautent ou sont directement menacés. Dire que les cardinaux ne le sont pas mais que l’enquête va continuer est quand même une manière de les menacer… en déclarant que « la vérité sortira un jour ! »

Derrière se cachent bien des problèmes politiques et financiers…
Pour la première fois, les Etats-Unis ont intégré le Vatican sur la liste des Etats « susceptibles de blanchiment d’argent », selon un rapport annuel publié le 7 mars par le département d’Etat américain.

La banque JP Morgan a même décidé de fermer le compte bancaire du Vatican, pardon, celui de l’IOR (institut des oeuvres religieuses) au sein de la banque, et cela pour, tenez-vous bien "manque de transparence"..

On appris aussi grâce au majordome que la première chose que B-16 a demandé à l’IOR fut de lui ouvrir un compte perso... Ah bon ? Pourquoi faire ?

7 février 2011. Le pape approuve un texte qui donne au cardinal Bertone, Secrétaire d’Etat du Vatican (c’est-à-dire numéro deux) un pouvoir de "coordination générale" des dicastères. Dorénavant, toute dérogation en-dehors des normes canoniques devra obligatoirement passer par le cardinal Bertone.

4 novembre 2011. La publication officielle, le 24 octobre, d’un document du Conseil pontifical Justice et Paix avait créé bien des remous dans la Curie. Beaucoup, au Vatican, l’ont jugée en contradiction avec l’encyclique pontificale Caritas in Veritate, en proposant par exemple une gouvernance financière mondiale là où le pape n’avait souhaité qu’une autorité de régulation supranationale. Le Vatican tente donc de mieux verrouiller sa communication en donnant au cardinal Bertone le pouvoir de centraliser tous les textes officiels produits par le Saint Siège. Dorénavant, toute communication de tous les dicastères devra impérativement avoir reçu l’imprimatur du Secrétaire d’Etat. En cette année 2011, le cardinal Bertone dispose désormais de plus de pouvoir qu’aucun de ses prédécesseurs à la Secrétairie d’Etat, et apparaît de plus en plus comme le véritable gestionnaire du Vatican, Benoît XVI lui laissant volontiers ce rôle qui lui paraît pesant et l’empêche de se consacrer totalement à la pastorale, qui est sa véritable vocation.

Septembre 2011. On apprend que le cardinal Bertone aurait reçu des menaces de mort de la part d’un "corbeau" anonyme.

25 janvier 2012. L’émission de télévision italienne à grand spectacle "Gli Intoccabili" (Les Intouchables) consacre un numéro spécial au Governorat du Vatican (c’est-à-dire l’exécutif de l’Etat du Vatican).

Dans cette émission, une lettre de l’ex-secrétaire du Governorat, Mgr Carlo Maria Vigano, est dévoilée au public. Cette missive adressée au Saint-Père accuse le governorat de mauvaise gestion et d’affairisme et supplie Benoît XVI d’intervenir afin de mettre de l’ordre dans l’exécutif. En filigrane, la lettre accuse Mgr Bertone d’être mouillé dans des affaires d’argent.

Première semaine de janvier 2012. De nouvelles fuites en direction de la presse italienne affirment que quatre prêtres italiens auraient blanchi des sommes d’argent importantes via l’Institut pour les Oeuvres de Religion (IOR, la "banque" du Vatican).

10 février 2012. Nouvelles fuites. Un document secret, écrit en allemand, daté du 30 décembre 2011 et signé du cardinal-archevêque de Palerme Paolo Romeo, affirme "qu’il ne reste que douze mois" au pape et que sa vie fait l’objet d’un complot. Le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, parle "d’assertions ridicules" sans démentir l’authenticité de la lettre. D’autres documents diffusés dans le même temps affirment que Benoît XVI serait en conflit ouvert avec le cardinal Bertone, qu’il voudrait remplacer par le cardinal-archevêque de Milan, Mgr Angelo Scola.

16 mars 2012. Le Vatican annonce la création d’une commission d’enquête interne chargée de faire la lumière sur les fuites. Composée notamment de trois cardinaux, elle se met aussitôt au travail.

24 mai 2012. Le président de l’IOR, la "banque" du Vatican, Ettore Gotti Tedeschi, est limogé suite à un vote de défiance sans précédent du conseil de surintendance de la banque. Ce dernier est composé, outre le président démissionnaire, de l’Allemand Ronaldo Herman Schmitz, ancien directeur exécutif de la Deutsche Bank, Carl Anderson, ancien directeur par intérim des relations publiques de la Maison Blanche, Giovanni De Censi, le président du Credito Valtellinese, et Manuel Soto Serrano, vice-président du conseil d’administration du premier groupe bancaire espagnol, Banco Santander. En toile de fond, toujours la lutte autour des nouvelles normes de transparence financière que Benoît XVI veut obstinément mettre en place et dont Ettore Tedeschi était le maître d’oeuvre.

Gotti Tedeschi demandait comment anticiper les répercussions de la crise sur les finances de l’Eglise.

La chute de cet homme respecté survient à un moment crucial : début juillet, un groupe d’experts européens doit décider si le Vatican peut rejoindre la liste des Etats transparents dans la lutte anti-blanchiment, la « White list ».

Ettore Gotti-Tedeschi était aussi en butte à une campagne de contestations en raison de son action tenace pour une politique de transparence des finances vaticanes. Mandaté explicitement par le pape, il se serait heurté à de nombreuses réticences internes, dont celle du cardinal secrétaire d’Etat.

L’IOR, lié dans le passé à des scandales de grande ampleur en Italie, a une réputation sulfureuse.

Le rôle de la « banque du pape » —qui a un patrimoine de 5 milliards d’euros— est de gérer les comptes de milliers d’ordres religieux et d’associations catholiques.

Fondé en 1942 par le pape Pie XII, l’IOR a connu plusieurs scandales dont le plus célèbre est la faillite de la banque Ambrosiano, dont il était l’actionnaire majoritaire.

L’enquête a montré que la banque Ambrosiano recyclait l’argent de la mafia sicilienne, en relation avec la loge maçonnique illégale P2. Roberto Calvi, le « Banquier de Dieu », directeur de l’Ambrosiano, fut retrouvé pendu sous un pont de Londres en 1982.

L’archevêque américain Paul Marcinkus, directeur de la Banque du Vatican pendant dix-huit ans, entre 1971 et 1989, avait été soupçonné d’être mêlé à différents scandales.

En septembre 2010, le parquet italien avait ouvert une enquête visant notamment Ettore Gotti Tedeschi pour blanchiment présumé sur 23 millions d’euros. Puis en juin suivant, il avait levé tous les soupçons.
Le Vatican s’était réjoui de cette décision qui « confirmait le sérieux de l’engagement du Vatican à appliquer pleinement les normes internationales pour la prévention et la lutte contre les activités illégales financières ».

Dans le Figaro, Jean-Marie Guénois explique que Gotti Tedeschi est un homme honnête, qu’il a été viré sous la pression du cardinal Bertone. Celui-ci n’appréciait pas sa volonté de rendre les comptes du Vatican plus transparents

25 mai 2012. Paolo Gabriele, un laïc marié et père de famille, majordome personnel de Benoît XVI, est arrêté. Il est accusé d’être l’un des fournisseurs de documents secrets de la presse italienne. Son arrestation, discrète, ne sera rendue publique que deux jours plus tard.

> Par ailleurs, ce même jour, le livre du journaliste italien Gianluigi Nuzzi intitulé Dossiers secrets de Sa Sainteté Benoît XVI sort dans les librairies italiennes. Il contient des dizaines et des dizaines de documents ultra-confidentiels donnés au journaliste par une taupe qui se dit "profondément catholique mais dégoûtée des pratiques et des guerres pour le pouvoir à l’intérieur de l’Eglise".

Gianluigi Nuzzi qui vient de signer un nouveau livre intitulé "Sa Sainteté : les papiers secrets du pape", (Sua santita, le carte segrete di benedetto XVI, éditions Chiarelettere, 352 pages, 16 euros) évoquent des affaires de corruption, d’opacité financière mettant en cause la volonté de transparence de l’IOR, des scandales de pédophilie ou de déviations sexuelles de prêtres, des échanges sur les conséquences de la réintégration quasi certaine des intégristes dans le giron de l’Eglise, la situation des Légionnaires du Christ, touchés par divers scandales de moeurs ou bien encore les pressions vaticanes sur des sujets de société en Italie...

Parmi les documents qui ont « fuité » dans ce livre et la presse, figurent en particulier des lettres adressées personnellement à Benoît XVI par l’archevêque Carlo-Maria Vigano, ancien numéro deux du tribunal administratif, muté à Washington comme nonce apostolique, après avoir révélé l’existence d’un large réseau de corruption, de népotisme et de favoritisme liés à des contrats, signés à des prix gonflés, avec des partenaires italiens.

D’autres documents évoquent les scandales sexuels qui ont frappé le fondateur des Légionnaires du Christ (mort en 2008), ordre repris en mains depuis grâce à Benoît XVI, ou les négociations entre le Vatican et la Fraternité sacerdotale saint-Pie X des intégristes.

Ces fuites alimentent aussi une impression de "fin de règne", alors que le pape, âgé de 85 ans et de santé fragile, n’a pas souhaité se séparer de son numéro 2, Tarcisio Bertone, 77 ans, et contesté au sein même de la Curie pour son autoritarisme. Elles surviennent en outre alors que le Vatican, et le pape en première ligne, pourraient connaitre prochainement une nouvelle période de turbulences, si les lefebvristes de la Fraternité Saint-Pie X étaient réintégrés dans l’Eglise catholique après vingt-quatre ans de schisme, de défiance et de tensions avec les fidèles et le clergé.

L’épilogue de ce dossier épineux, personnellement porté par Benoît XVI en dépit de réticences internes, pourrait déstabiliser une partie des fidèles particulièrement attachés aux enseignements du concile Vatican II, que rejettent les intégristes. Et ouvrir un nouveau front de contestation dans l’Eglise catholique, déjà aux prises avec des mouvements de prêtres contestataires ou « désobéissants » dans plusieurs pays européens.

28 mai 2012. Alors que l’onde de choc de l’arrestation du majordome du pape n’est pas encore retombée, la presse italienne titre sur un mystérieux cardinal qui serait le cerveau de l’affaire Vatileaks. Le démenti sans appel du Vatican tombe quelques heures plus tard : non, aucun cardinal n’est suspecté.

29 mai 2012. L’avocat du majordome, Carlo Fusco, affirme que son client "a promis de collaborer avec les enquêteurs". D’autre part, la justice italienne enquête également sur l’affaire : si le vol de correspondance dont Benoît XVI aurait été victime est avéré, le ou les coupables risquent trente ans de prison, la correspondance d’un chef d’Etat relevant d’une qualification criminelle très lourde.

« Complot pour assassiner le pape », titrait en Une Il Fatto Quotidiano, en février. Le journal italien appuyait son information « exclusive » sur la copie d’une lettre anonyme adressée au pape. Document authentique, mais interprétation « délirante », avait alors réagi Federico Lombardi, porte-parole de Benoît XVI.

Au même moment, deux lettres tombaient entre les mains des journalistes. Envoyées par l’ex-secrétaire du gouvernorat du Vatican au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone, numéro 2 du Saint-Siège, elles dénonçaient la « corruption généralisée » au sein de l’institution. La presse s’emparait de l’affaire et, quelques jours plus tard, la présidence du gouvernorat désavouait officiellement Mgr Vigano.

Une bonne partie des documents cités dans le livre-choc "Sua Santita" publié récemment et qui a débouché sur l’arrestation du majordome du pape en fin de semaine dernière, porte sur les intérêts du Vatican dans la péninsule.

Les sujets les plus évoqués sont l’entrée ou non de l’IOR, la banque du Vatican, dans le capital de l’hôpital catholique San Raffaele, les critiques d’un cardinal sur des appels d’offres au Vatican qui favoriseraient certaines entreprises italiennes, la préoccupation du Saint-Siège sur le régime fiscal des biens de l’Eglise en Italie, ou encore son attention sur les lois concernant la famille.

Un mois plus tard, avec l’aide de la gendarmerie du Vatican, les prélats, tous âgés de plus de 80 ans, mettaient la main sur la « taupe ». Paolo Gabriele, laïc de 46 ans, majordome du pape, a été arrêté, le 25 mai, à son domicile du Vatican, en possession de documents dérobés dans le bureau de Benoît XVI.

Étrange coïncidence, la veille, l’Italien Ettore Gotti Tedeschi, président de l’IOR, la Banque du Vatican, était poussé à la démission, soupçonné d’avoir lui aussi contribué à des fuites de documents. En 2009, il avait été nommé à ce poste par le pape qui appréciait ses théories sur l’éthique de la finance.

Il faut remonter à 2010 pour comprendre la gravité de cette crise. À cette époque, la magistrature italienne avait gelé deux comptes d’une filiale italienne de l’IOR sur lesquels étaient déposés 23 millions d’euros. Ettore Gotti Tedeschi et son directeur général Paolo Cipriani avaient été mis en examen pour violation d’une loi antiblanchiment. Ils se voyaient reprocher de mystérieux mouvements sur ces deux comptes.

Pour l’historien Alberto Melloni, la personne du numéro 2 du Vatican, le cardinal Bertone, est au coeur de cette affaire.

La dernière décision importante est celle, récente, de Benoît XVI, qui souhaite réformer la banque, pour en faire une institution transparente acceptable au sein de la « White List » des banques mondiales. Bien évidemment, le « nettoyage » des comptes et des finances prendra beaucoup de temps, trop de « zones grises » s’étant accumulées. à cette occasion, le pape a créé une autorité d’information financière, afin de contrôler la banque (dirigée par Ettore Gotti Tedeschi, un catholique proche de l’Opus Dei, auteur de l’essai Argent et paradis), l’Apsa, l’administration de la cité du Vatican et même la « congrégation de l’évangélisation ». Il s’agit de l’« empire missionnaire » dont le cardinal préfet Crescenzio Sepe fut considéré comme le « pape rouge » en raison de son autonomie, et qu’un récent scandale vient d’ébranler. Alors à la tête de la congrégation, Crescenzio Sepe avait « bradé » une des propriétés de l’institution à un ministre italien. Ce dernier, quand Sepe était devenu archevêque de Naples, lui avait accordé en retour une subvention de 5 millions d’euros pour restaurer l’immeuble de son dicastère… Le 20 janvier dernier, Benoît XVI a nommé à la tête de cette autorité financière le cardinal milanais Attilio Nicora, un prélat très avisé qui avait négocié avec Bettino Craxi, le président du Conseil des ministres italien, la révision du Concordat, en 1984. Nicora, surjouant le sacrifice, avait alors renoncé aux salaires que versait aux prêtres l’état italien, mais avait obtenu, comme « modeste compensation », un pourcentage (8 pour 1000) sur les impôts de la population (lire encadré en p. 38). Cette année encore, sans compter d’autres avantages, cette « compensation » a rapporté plus d’un milliard d’euros dans les caisses de l’église catholique.

Pédophilie du clergé, tempêtes intégristes, contestation de prêtres et aujourd’hui scandale sans précédent entre les murs du Vatican : quand sonnera l’heure du bilan, on pourra écrire, sans risquer de choquer, que le pontificat de Benoît XVI a été perclus d’épreuves et de crises. Aujourd’hui, trahi par une fraction de son entourage le plus proche, son pontificat tourne au cauchemar.

Nouvel épisode dans les tensions qui secouent l’administration du Vatican : le président de la banque du pape, l’Institut des oeuvres religieuses (IOR), a été désavoué jeudi soir et contraint à démissionner pour une gestion jugée déficiente.

Ettore Gotti Tedeschi, 67 ans, fervent catholique, nommé à sa tête en septembre 2009 pour y remettre les finances en ordre et permettre au Vatican de rejoindre la liste des pays respectant les normes contre le blanchiment ("white list"), quitte ses fonctions au terme d’un bras de fer concernant l’application d’une nouvelle la loi vaticane sur la transparence financière.

Au printemps, cette législation avait fait l’objet de polémiques : plus conforme aux requêtes internationales pour les uns, protégeant encore trop excessivement le Vatican pour d’autres.

Le limogeage du patron de l’IOR survient quelques semaines avant que les experts européens de Moneyval décident début juillet si le Vatican peut figurer sur cette "White list". Il se produit aussi dans une atmosphère empoisonnée au sein de l’administration du Saint-Siège.
Depuis janvier, des documents confidentiels ont été transmis clandestinement à la presse italienne, révélant les luttes de pouvoir et la persistance de la corruption dans l’administration vaticane. Beaucoup de ces documents sont rassemblés dans un livre paru cette semaine en Italie, "Sua Santita", du journaliste Gianluigi Nuzzi.
Ces fuites, contre lesquelles le Vatican s’est insurgé, auraient joué un rôle non négligeable dans le limogeage du banquier, selon des sources vaticanes.

Spécialiste de l’éthique de la finance, Ettore Gotti Tedeschi a été désavoué jeudi à l’unanimité par le conseil d’administration de l’IOR. Il lui est reproché de n’avoir pas su remplir certaines fonctions de première importance, en dépit des avertissements répétés alors que la situation continuait de se détériorer.

Mgr Carlo Maria Vigano, ancien secrétaire général du gouvernorat du Vatican, devenu nonce à Washington, avait dénoncé l’an dernier dans des lettres à Benoît XVI des cas de gabegie et de corruption au sein de l’administration vaticane.

Le pape allemand a fait de la transparence et de la rigueur une priorité et avait créé à cette fin en décembre 2010 l’Autorité d’information financière (AIF).

L’IOR, lié dans le passé à des scandales de grande ampleur en Italie, a une réputation sulfureuse.

Le rôle de la banque du pape —qui a un patrimoine de 5 milliards d’euros— est de gérer les comptes de milliers d’ordres religieux et d’associations catholiques.

Même si les membres du Conseil d’administration ont exprimé leur tristesse devant les évènements qui ont conduit au vote de défiance, ils considèrent que cette action est importante pour préserver la vitalité de l’institution.

Interrogé par l’agence de presse Ansa, M. Gotti Tedeschi s’est refusé à tout commentaire. Je préfère ne rien dire, sinon je devrais dire des choses grossières, a-t-il lâché.

Une commission de cardinaux doit se réunir vendredi pour décider des pas opportuns à prendre à l’avenir.

Fondé en 1942 par le pape Pie XII, l’IOR a connu plusieurs scandales dont le plus célèbre est la faillite de la banque Ambrosiano, dont il était l’actionnaire majoritaire.

L’enquête a montré que la banque Ambrosiano recyclait l’argent de la mafia sicilienne, en relation avec la loge maçonnique illégale P2. Roberto Calvi, le Banquier de Dieu, directeur de l’Ambrosiano, fut retrouvé pendu sous un pont de Londres en 1982.

L’archevêque américain Paul Marcinkus, directeur de la Banque du Vatican pendant dix-huit ans, entre 1971 et 1989, avait été soupçonné d’être mêlé à différents scandales.

En septembre 2010, le parquet italien avait ouvert une enquête visant notamment Ettore Gotti Tedeschi pour blanchiment présumé sur 23 millions d’euros. Puis en juin suivant, il avait levé tous les soupçons.

Le Vatican s’était réjoui de cette décision qui confirmait le sérieux de l’engagement du Vatican à appliquer pleinement les normes internationales pour la prévention et la lutte contre les activités illégales

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