jeudi 1er décembre 2011, par
Les salariés du secteur public britannique étaient en grève mercredi pour protester contre les projets du gouvernement de renforcer encore le plan d’austérité draconien, avec notamment une prolongation du gel des salaires et des prestations et un recul de l’âge de la retraite à 67 ans à partir de 2026, des suppressions d’emplois massives dans l’administration et des fermetures de services publiques et des mises en coupe réglées alors qu’ils ne sont déjà pas très riches. Le conservateur David Cameron prévoit en effet de repousser l’âge de départ à la retraite dans le secteur public à 66 ans en 2020 - contre 60 ans pour la plupart actuellement- et d’augmenter les cotisations. Les fonctionnaires sont déjà confrontés à un gel des salaires et à la suppression d’au moins 330.000 postes d’ici à 2015.
C’est une mobilisation historique que vient de connaitre la Grande Bretagne et les jeunes travailleurs sont particulièrement mobilisés...
Les travailleurs se montrent très décidés et révoltés par les mesures gouvernementales. C’est le signal que la lutte des classes monte en Angleterre, mais cela ne signifie pas encore qu’elle soit bien partie car elle ne reste aux méthodes et aux moyens d’action des centrales syndicales...
Les centrales et le labour sont dans une logique de réforme dans la "réforme" gouvernementale qui n’augure rien de bon...
Les syndicats ont jugé que "les améliorations apportées" à la réforme par le gouvernement "étaient minimes", et espéraient qu’il dépose "une offre plus acceptable". « En l’état actuel des choses, le plan pour le 30 novembre est maintenu » a annoncé Barber au début du mois de novembre. Il a plus tard renouvelé auprès du gouvernement sa demande de nouvelles propositions. Il précise que les fonctionnaires sont démoralisés, et sont motivés à faire grève par un immense sentiment d’injustice. Finalement, il pense que le gouvernement conservateur va subir des conséquences au niveau politique si aucun terrain d’entente n’est trouvé. Paul Kenny, un autre leader syndical, a fait remarquer que la grève était inévitable, et que c’était « très dommage ».
Grâce à un long travail d’information et de coordination sur Internet et les réseaux sociaux, la grève générale organisée ce jeudi rassemble au-delà de la base syndicale traditionnelle. Etudiants et réseaux associatifs sont également mobilisés contre les mesures d’austérité du gouvernement Cameron. La clé du succès ?
Au Royaume-Uni, l’appel à la grève générale du 30 juin contre les coupes budgétaires du gouvernement s’est répandu en quelques semaines par le biais d’Internet. Grâce aux nombreux blogs, sites et relais sur les réseaux sociaux, la grève devrait même mobiliser au-delà des syndicats. Rarissime en Grande-Bretagne. Les centrales syndicales donnent le ton
750 00 travailleurs du service public, enseignants et professeurs sont attendus dans les rues anglaises toute la journée. Ils ont répondu à l’appel de leurs syndicats, le Public and Commercial Services Union (PCS), le National Union of Teachers (NUT), l’Association of Teachers and Lecturers (ATL) et l’University and College Union (UCU), contre les réformes du système des retraites annoncé par le gouvernement. Nombre d’écoles, collèges et universités étant fermés, les rangs seront grossis par écoliers et étudiants, dont la contestation monte depuis plusieurs mois déjà.
Le mouvement national Right to Work, affilié aux syndicats, fait le relais entre les différentes organisations de la société civiles et les centrales syndicales. Il veut unifier les actions qui ont lieu dans le pays depuis plusieurs années maintenant pour les coordonner et donner une véritable force aux revendications.
Les grévistes n’ont généralement pas bonne image outre-manche, mais les syndicats comptent jouer sur le ras le bol des Britanniques face à un gouvernement qui enchaine les coupes budgétaires et met en place une politique d’austérité touchant tous les citoyens. Cette journée est l’occasion pour les manifestants d’expliquer pourquoi ils se mobilisent à la population, et par là même, de rallier le maximum de gens à leur cause. En mai dernier, un groupe d’organisateurs et de travailleurs non syndiqués s’était réuni spontanément grâce aux réseaux sociaux avec pour objectif de faire participer le maximum de personnes, syndiquées ou non, à l’action d’aujourd’hui : plus de 100 personnes répondirent présentes, formant la première des "Assemblées du 30 juin", sur le modèle de mobilisation des Indignés espagnols.
Avec son projet drastique de réforme des fonds de retraites des employé-e-s du système publique, le gouvernement a poussé les paramédics, les auxiliaires d’enseignement, les travailleuses de comptoirs alimentaires et les travailleurs sociaux à passer à l’action. Les deux tiers des écoles (20,000) seront fermées et des perturbations sont aussi prévues dans les ports, les aéroports et les hôpitaux. On dit déjà que ce sera la plus grandes grève que l’Angleterre aura connue depuis des lustres.
Pour un professeur, la réforme mise de l’avant par le gouvernement amènerait les changements suivants :
• La contribution mensuelles augmenterait de 50%, en passant de 6.4% à 9.6% d’ici 2014.
• Les enseignants gagnant plus de £40,000 verraient leur contribution augmenter de 64%.
• La pension de retraite d’un enseignant serait calculée à partir de la moyenne des revenues au cours de sa carrière plutôt qu’à partir du salaire à la fin de sa carrière.
• Les enseignants ne pourront plus prendre leur retraite à 60 ans, mais devront attendre de le faire à l’âge déterminé par l’état soit 65 ans prochainement, 66 ans en 2020 et par la suite, 68 ans.
La tension monte
Du côté des douanes, un ministre a annoncé que l’armée prendra la tâche de vérifier les passeports à la place des travailleurs habituels tout en annonçant que l’offre de réforme des fonds de retraites actuel sera retirée si les syndicats ne l’acceptent pas d’ici la fin de l’année. De son côté, la secrétaire générale du National Union of Teachers, a dit que les syndiqué-e-s prévoient des grèves régionales si jamais le gouvernement ne flanchait pas après la manifestation de jeudi.
L’extrême-droite menace les grévistes et le mouvement Occupy Il est a noter qu’une scission du groupe d’extrême-droite English Defence League (EDL), appelée The Infidels, a déclaré vouloir s’en prendre physiquement aux grévistes. Les dirigeants syndicaux de Unite, disent se préoccuper sérieusement de ces menaces puisqu’un de leur quartier général a été la cible d’une attaque le 10 novembre dernier. Des évènements récents laissent comprendre que cette scission d’EDL souhaite s’en prendre plus largement aux groupes de gauche, tandis que EDL ciblait uniquement les musulmans. Des membres de ce groupe seraient responsables d’attaques contre des manifestants anti-racistes et des manifestants contre les mesures d’austérité ainsi qu’une tentative d’assaut contre le campement Occupy StPaul et de l’assaut du campement d’Occupy Newcastle où un Indigné a été hospitalisé et d’autres blessés.
Par Chris Marsden - WSWS
14 novembre 2011
L’envergure de l’opération policière menée mercredi contre une manifestation relativement limitée et pacifique contre les coupes dans l’éducation au Royaume-Uni montre que l’élite dirigeante n’est plus prête à tolérer aucune forme d’opposition sociale et politique.
Si l’on accepte les chiffres de la police concernant la taille de la manifestation, le déploiement de 4 000 policiers, dont bon nombre étaient en tenue anti-émeute, représente un rapport de un policier par manifestant. Si le chiffre plus exact de 8 000 manifestants est accepté, alors le rapport est quand même de un pour deux.
Le nouveau responsable de la police métropolitaine Bernard Hogan-Howe a décrit la manifestation comme étant un test de son « encadrement policier total. » Voici comment cela se présentait : Londres était placé en quasi paralysie, toutes les routes principales le long du parcours de la manifestation étant bloquées par des rangées de policiers, des camions de police, des policiers à cheval et des barricades de trois mètres de haut.
Lorsque les manifestants sont arrivés dans les gares ferroviaires, routières et les stations de métro, il leur a été remis une brochure de 11 pages avec le titre en lettres majuscules « ENCADREMENT POLICIER TOTAL » imprimé devant et derrière. La brochure avertissait que la police utiliserait la section 60 de la Loi de 1994 sur l’ordre public et la justice criminelle pour fouiller les gens et les contraindre à retirer leur masque.
La manifestation a été étroitement bordée de rangées de policier à l’avant, à l’arrière et des deux côtés tout au long du parcours de 4,5 km. Des hélicoptères survolaient la scène filmant copieusement les participants.
Une provocation supplémentaire, la manifestation était stoppée tous les dix mètres, ce qui veut dire qu’il a fallu trois heures pour parcourir les 4,5 km. Ce « kettling » [tactique policière consistant à confiner étroitement les manifestants dans une zone réduite] régulier a permis à la police de se mêler à la foule à certains endroits, faisant irruption parmi les gens et les poussant dans l’espoir de provoquer une réaction.
Une déclaration publiée le jour même avait averti que le rassemblement prévu à London Wall devait se terminer en moins d’une heure et que les lieux devaient être complètement libérés en deux heures. La tentative de monter un campement à Trafalgar Square, en solidarité avec le mouvement « Occupons » devant la cathédrale St Paul a été aussitôt entravée en l’espace de quelques minutes, la police emmenant de force ceux qui essayaient d’occuper les lieux.
La tentative par un groupe d’électriciens, en grève contre les menaces de la direction de réduire leur salaire de 35 pour cent, de rejoindre la manifestation des étudiants a aussi été en butte à la violence policière. La manifestation des électriciens a été encerclée de façon à quasiment les emprisonner. Quand certains ont tenté de s’échapper, la police anti-émeute est entrée en action et a mis à terre les travailleurs à coups de matraque. La police aurait été en possession de grenades incapacitantes. Les noms et adresses des manifestants ont été pris sous l’autorité de la Section 60 de la Loi sur l’ordre public.
Avant la manifestation, le responsable de la police Simon Pountain a dit lors d’une conférence de presse que l’usage du canon à eau n’était pas prévu, mais que les balles en plastique avaient été autorisées, ce qui est une première en Angleterre.
Plus de 450 courriers avaient été envoyés avertissant toute personne arrêtée précédemment pour un délit en rapport avec un trouble à l’ordre public qu’une récidive conduirait à une arrestation et présentation devant le juge « dans les plus brefs délais. » Un bon nombre de ces courriers ont été envoyés à des gens n’ayant aucune condamnation antérieure, ce qui indique que la police détient des données sur des personnes dont l’unique « crime » est d’avoir participé à une manifestation précédemment.
Dans un article repris par Police Oracle, le correspondant des affaires criminelles du Guardian a allègrement décrit l’autorisation préalable de l’utilisation de la matraque et l’envoi de lettres de menace comme n’étant pas une nouveauté. « Ce qui est nouveau, » écrit-elle c’est la décision de Pountain de rendre ceci public.
L’autorisation d’utiliser des matraques a été accordée durant les émeutes de l’été dans les villes britanniques, écrit-elle, et « chose peut-être moins connue... ils avaient aussi l’autorisation de les utiliser durant la manifestation étudiante de l’an dernier contre les coupes dans l’éducation. »
La police se verra aussi attribuer par la ministre de l’Intérieur Theresa May des pouvoirs additionnels, a-t-elle fait remarquer, par lesquels « un officier de police pourra faire évacuer le public d’un lieu spécifique durant une manifestation, un pouvoir jusqu’ici indisponible depuis le retrait du Code en 1973 du Riot Act (loi anti-émeute.)
La manifestation étudiante d’octobre dernier a vu plus de 150 arrestations, durant et après la protestation. Les émeutes de cet été, provoquées par le meurtre aux mains de la police d’un homme non armé, ont été suivies de 4 000 arrestations et plus de 2 000 poursuites, avec de longues peines de prison pour les délits les plus légers.
La même chose se produit à travers le monde. Partout où les travailleurs et les jeunes cherchent à s’opposer à l’imposition de coupes d’austérité draconiennes, ils sont confrontés à une répression brutale.
Ainsi en Grèce la grève générale du 20 octobre a été attaquée par 15 000 policiers anti-émeute et la Place Syntagma a été inondée de gaz lacrymogène. Aux Etats-Unis, les manifestations « Occupons Wall Street » se sont propagées dans tout le pays en l’espace de deux semaines, en grande partie suite à l’arrestation le 1er octobre de 700 protestataires, soit près d’un tiers, parmi ceux qui manifestaient sur Brooklyn Bridge. Depuis, diverses polices locales ont monté des attaques en tenue anti-émeute et utilisé le gaz lacrymogène et d’autres armes et ramené à plus de 3 000 le nombre de personnes arrêtées dans le pays.
Le recours aux mesures répressives est une indication de la polarisation extrême entre les classes sociales.
En Grande-Bretagne, le Riot Act que l’on cite à présent avait été originellement rédigé en 1714, faisant de l’émeute un délit passible de la peine de mort. Cette peine avait ensuite été réduite en 1837 à la déportation à vie.
L’utilisation la plus connue du Riot Act avait eu lieu lors du Massacre de Peterloo en 1819 à Manchester où une charge de cavalerie contre 80 000 manifestants réclamant une réforme parlementaire et de l’aide face à des difficultés économiques écrasantes, avait tué 15 personnes et en avait blessé 700.
A Glasgow, le Vendredi noir de 1919, la police anti-émeute et 10 000 soldats furent envoyés contre des travailleurs luttant pour la réduction du temps de travail. Ce Vendredi noir eut lieu après la Révolution d’octobre de 1917 en Russie à un moment où l’élite britannique craignait un « soulèvement bolchevique. » Le fait que des pouvoirs pareils soient promulgués aujourd’hui, d’abord en toute discrétion puis maintenant en fanfare et trompettes officielles, devrait servir d’avertissement à la classe ouvrière de Grande-Bretagne et du monde entier.
Aujourd’hui, tous les aspects de la vie sociales sont dictés par une oligarchie extraordinairement riche qui ne cherche qu’à s’enrichir toujours plus. Dans la situation d’une crise économique qui empire, ceci se traduit par des demandes de coupes budgétaires et d’austérité pour des millions de gens. Et il n’existe aucune possibilité de voir ces mesures votées démocratiquement.
C’est ce qui détermine les agissements des gouvernements bourgeois du monde entier consistant à promulguer des mesures propres à un Etat policier et explique en Grèce, la menace d’un coup d’Etat militaire.
La riposte des travailleurs et des jeunes doit être de construire un mouvement socialiste de masse et d’adopter une perspective révolutionnaire pour une société véritablement démocratique et égalitaire, fondée sur l’expropriation de l’oligarchie et l’organisation de la production afin de répondre aux droits sociaux de tous à l’éducation, à la santé, au logement et à un emploi bien payé.
Par Internationale étudiante pour l’égalité sociale (R.-U.)
11 novembre 2011
Les étudiants et les jeunes protestent aujourd’hui contre les attaques en cours du gouvernement conservateur/libéral-démocrate sur l’éducation publique. Ces attaques comprennent notamment le triplement des droits de scolarité qui sont passés à 9000 £ l’an dernier, d’importantes compressions dans les universités et les collèges, y compris les budgets d’enseignement, et la fin de l’Education Maintenance Allowance, une allocation de 30 £ par semaine pour les jeunes étudiants de plus de 16 ans issus de familles à faible revenu.
La colère répandue chez les travailleurs contre les mesures d’austérité du gouvernement qui frappent durement les jeunes est justifiée. Le nombre de chômeurs parmi les 24 ans et moins a grimpé à près d’un million de personnes. Se voyant refuser l’accès à des emplois décents, de nombreux jeunes ne peuvent plus payer les droits demandés pour un enseignement supérieur. Les propositions du Livre blanc sur l’éducation vont considérablement élargir ces attaques avec des plans pour privatiser les universités et réduire le nombre de places en cours.
Les protestations actuelles se déroulent dans le contexte d’une vague croissante de luttes à l’échelle internationale allant de l’Égypte à la Tunisie, à la résistance aux mesures d’austérité en Grèce et dans toute l’Europe, et en passant par la propagation mondiale du mouvement d’opposition Occupy contre les inégalités sociales. Il y a une reconnaissance croissante que le système de profit capitaliste détruit la vie et l’avenir de dizaines de millions de travailleurs uniquement pour sauvegarder les intérêts des super-riches.
Dans ces conditions, la défense de l’éducation et de l’ensemble des droits démocratiques et sociaux des travailleurs nécessite une nouvelle perspective politique et un nouveau leadership basés sur la compréhension que l’opposition au gouvernement doit se faire dans le cadre de la lutte pour renverser le capitalisme et réorganiser la société sur une base socialiste.
La National Campaign Against Fees and Cuts (NCAFC) – Campagne nationale contre les droits de scolarité et les compressions qui a organisé la protestation d’aujourd’hui s’oppose à une telle approche. La NCAFC appelle à « défendre l’éducation et à lutter contre les privatisations » et soutient que le gouvernement peut être contraint de faire demi-tour si un nombre suffisant de personnes descend dans la rue. Dans le Guardian, Michael Chessum déclare que « si les recteurs rejoignent les étudiants et le personnel enseignant dans la mobilisation contre les propositions, le gouvernement ne sera tout simplement pas en mesure de les concrétiser ».
Une telle approche désarme les jeunes face aux efforts déployés par l’establishment politique et son appareil d’État pour menacer, intimider et réprimer toute opposition à la politique du gouvernement.
Il y a un peu plus d’un an, les manifestations de l’automne dernier contre les attaques en éducation ont été accueillies avec une brutalité policière coordonnée. Des centaines de personnes ont été détenues de force dans des opérations de cordons policiers et plus de 300 manifestants ont été arrêtés, certains se voyant même imposer des peines de prison punitives. La semaine dernière, à la Kingston Crown Court, cinq jeunes ont reçu des peines variant entre 8 et 18 mois pour leur implication dans les manifestations étudiantes de l’an dernier et celle de la centrale syndicale du Trades Union Congress du 26 mars. Tout cela fait suite à l’arrestation de milliers de jeunes dans la foulée des émeutes qui ont frappé Londres et d’autres grandes villes du Royaume-Uni en août.
Cette criminalisation des protestations souligne l’érosion des droits démocratiques. La manifestation d’aujourd’hui verra la mobilisation de 4 000 policiers. Ceux-ci ont déclaré être prêts à utiliser des balles en caoutchouc contre les manifestants s’ils le jugent nécessaire.
Simon Pountain, le commandant de la police métropolitaine responsable de l’opération de police, a révélé que le MET a maintenant un « agent de confinement » responsable de l’exécution des cordons policiers. Le Daily Telegraph a rapporté que tous ceux qui manifesteront aujourd’hui se verront donner un dépliant les mettant en garde « sur les conséquences de poser des gestes criminels. Toute personne encerclée se verra remettre un second dépliant expliquant les pouvoirs utilisés contre elle et ses droits. »
Le NCAFC a salué le soutien apporté à l’action d’aujourd’hui par l’union nationale des étudiants (National Union of Students – NUS), l’union des universités et collèges (University and College Union – UCU) et autres associations étudiantes comme un grand pas en avant. Chessum prétend que la cause profonde de ces attaques sur l’éducation est le « fondamentalisme du marché » du Parti conservateur, cherchant ainsi à renforcer la NUS et le Parti travailliste en les présentant comme une force de contestation.
Pas plus tard que l’année dernière, la NUS a refusé de soutenir les protestations initiales à l’encontre des politiques de la coalition en matière d’éducation, tandis que son ancien président Aaron Porter, membre du Parti travailliste, dénonçait les manifestants occupant le siège du Parti conservateur à Millbank Towers. Après sa démission en tant que chef de la NUS, Porter a rapidement trouvé le bon filon et est maintenant employé comme « consultant en éducation supérieure », facturant les universités 125 £ de l’heure pour ses services.
Porter est le représentant idéal typique de la NUS, depuis longtemps un terrain d’entraînement pour les carriéristes du Parti travailliste, le même parti qui a introduit les frais de scolarité. Tant sur les questions du déclenchement de guerres néo-coloniales, du démantèlement des systèmes d’éducation et d’assistance sociale, ou de la remise de millions de livres des fonds publics au quartier des affaires de la City à Londres, il n’y a fondamentalement aucune différence entre les travaillistes, les conservateurs et les libéraux.
L’UCU, pas plus que tout autre syndicat, n’a organisé la moindre lutte sérieuse contre l’assaut sur le système d’éducation. Une déclaration commune de la NUS, de l’UCU, d’Unison, d’Unite, du GMB et de l’Educational Institute of Scotland indique qu’« un partenariat entre les syndicats et les employeurs pour parvenir à un accord national sur la sécurité d’emploi est essentiel si nous voulons défendre l’éducation. »
Les travailleurs, les étudiants et les jeunes ne peuvent faire triompher leur opposition politique au sein du système parlementaire. La soumission complète de tous les partis aux banques et aux sociétés est exprimée dans leur offensive pour récupérer tous les gains sociaux réalisés par les travailleurs au prix de décennies de lutte.
L’opposition sociale et politique qui se développe contre le système de profit capitaliste ne peut triompher que si l’on s’oppose à la perspective avancée par les organisations telles la NCAFC qui n’existent que pour s’assurer que tout mouvement ne se développe pas hors du contrôle des syndicats et du Parti travailliste.
Le 4 août 2011, un homme de 29 ans, Mark Duggan, a été abattu par des tireurs d’élite des forces spéciales (le MET) après l’avoir coincé dans le taxi où il se trouvait. Le samedi, pour protester, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant le commissariat de Tottenham, dans le nord de Londres, un des quartiers les plus pauvres de la capitale. La Metropolitan Police Service est une police spéciale caractérisée par sa violence, son racisme, son agressivité et sa capacité de tuer. Elle est haïe par les plus démunis. En 1985, lors d’émeutes dans le même quartier, en pleine politique de destruction des services publics, comme en ce moment, des habitants s’en étaient pris à un policier et l’avaient tué à coups de machette.
Les manifestations se sont très vite transformées en émeutes, ont gagné les différents quartiers pauvres de Londres et d’autres villes anglaises, d’autres quartiers de Londres, mais aussi Sheffield, Liverpool, Manchester, Birmingham, Bristol ou Liverpool...
50 policiers ont été blessés, 550 personnes arrêtées, des centaines de voitures brûlées, des bâtiments incendiées, des boutiques pillées...
Ces émeutes témoignent des sentiments explosifs de la jeunesse pauvre, complètement exclue de tout accès au bien-être... Le gouvernement peut prétendre qu’il s’agit seulement de quelques gangs mais alors pourquoi toutes ses forces de police sont elles encore débordées alors qu’il a fait arrêter déjà 550 personnes ?
Chômage, désœuvrement, drogue, mécontentement social, commerce d’armes, la crise en Angleterre est marquée aussi par l’absence de perspectives que ne peuvent offrir ni le parti travailliste, tout aussi anti-ouvrier et qui était au pouvoir il y a peu où il s’est bien discrédité, et que ne veulent pas offrir les directions syndicales. Malgré une mobilisation record lors de la dernière journée d’action, les centrales syndicales s’en sont tenues là et n’ont pas poussé la lutte plus loin et se sont bien gardées de s’attaquer aux classes dirigeantes ni d’entraîner avec eux les jeunes chômeurs...
Les inégalités sociales criantes sont la cause de cette colère. Car à Londres, en quelques rues, on passe de la pauvreté affolante des quartiers de Tottenham – où ont démarré samedi les émeutes – à l’opulence décontractée de quartiers où, crise ou pas, c’est "business as usual". Et business de luxe. Pour l’instant épargnés par les émeutes.