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Crise en Grèce et menace fasciste

vendredi 17 juin 2011, par Robert Paris

Il n’y a pas que des grèves générales. Il n’y a pas que des rassemblements contre l’austérité. Il y a aussi des mobilisations d’extrême droite en Grèce. Des assassinats d’immigrés. Si des perspectives prolétariennes ne devaient pas l’emporter, les risques sont grands d’une dérive fasciste...

En Grèce, il ne s’agit pas seulement d’une bataille économique et sociale. Il y a un combat politique que les travailleurs et les jeunes doivent tenter de diriger. Les combats des prolétaires et des jeunes de Grèce ont un autre enjeu que de savoir qui va payer la crise : quelle société va sortir de ces luttes ? Car les classes dirigeantes n’entendent pas se laisser faire. Elles ont leurs "solutions". L"Etat grec a un "glorieux" passé en la matière : 1944 et de 1967 à 1974 en sont les dates clefs... L’armée grecque a manifesté récemment ses sentiments anti-étrangers violents. La police est capable du pire... Et l’extrême droite croit avec la crise. Dans le quartier d’Agios Padeleimona, tous les soirs, des groupes d’extrême droite attaquent des immigrés dans la rue. » À l’aube du 10 mai, un homme de 44 ans a été poignardé à mort par trois inconnus, probablement pour voler sa caméra destinée à enregistrer la naissance de son enfant. Des néonazis organisés ont essayé de profiter de cet incident tragique et de le transformer en un pogrom raciste, appelant à un rassemblement à la jonction des rues Tritis Septemvriou et Ipirou, au centre d’Athènes- à seulement quelques mètres d’Exarchia.
Une centaine de personnes se sont rassemblées, y compris des gens qui ne partagent pas nécessairement des idées racistes. Dès les premiers moments du rassemblement les néonazis ont commencé à chasser tout immigré qui passait à cet endroit. Depuis quelques jours, une centaine de néonazis ridicules, dénommés par les médias « des résidents du centre d’Athènes ayant ras-le-bol », avec le soutien et la participation active de la police (et pas seulement son attitude apathique), s’engagent dans des pogroms racistes, dans la région entre Victoria et la place Vathis. Réthymnon, en Crête, il y a eu deux assassinats d’immigré(e)s en une semaine. Pour le premier, sept fascistes sont entrés dans la maison d’une famille albanaise, ils ont éviscéré le fils et poignardé ses parents. Puis ils ont justifié cette action en disant qu’un autre Albanais les avait regardés indiscrètement dans un bar. Or, la télé grecque a lancé un débat sur ce crime, en se demandant si c’était vraiment la faute des criminels ou si les Albanais étaient devenus agressifs ! A peu près 24 heures auparavant, des centaines d’habitants en colère et xénophobes (sic) s’étaient heurtés à Athènes avec la police. Auparavant ils avaient attaqué des étrangers et brisé des vitrines de magasins appartenant à des immigrés dans le quartier d’Agios Panteleimon.

La menace d’extrême droite ne réside pas seulement dans l’appareil d’Etat ou dans les groupes nazis. Elle est surtout, au sein de la population, dans le risque que des fractions importantes fassent des étrangers l’adversaire que l’étranger soit symbolisé par les puissances extérieures, les banques et trusts étrangers ou les travailleurs étrangers. Il est facile de développer dans la situation actuelle un mythe selon lequel la Grèce serait victime d’autres criminels que les capitalistes grecs et leurs clients mondiaux. D’autant plus facile que c’est la gauche qui gouverne. D’autant plus facile aussi que le grand capital international ne cesse de réclamer plus d’austérité au peuple grec en échange de nouvelles « aides » à l’Etat et aux capitalistes grecs….

Le nationalisme, les illusions sur le rôle de l’Etat, sur les prétendues réformes du pays, la gauche et les syndicats grecs ne les ont jamais combattus et ils ne s’apprêtent pas à le faire. Il ne suffit pas que le peuple grec ou que sa jeunesse se radicalise. Il ne suffit pas qu’il conspue le pouvoir ou les financiers. Il faut que ce soit sur des bases de classe. Et cela signifie notamment sur des bases internationalistes, sans compromis avec les préjugés nationaux, racistes et xénophobes. Cela signifie qu’on ne propage pas des « solutions pour le pays » préconisant isolement et fermeture des frontières sous prétexte de se protéger des financiers internationaux et des institutions mondiales. Les perspectives des opprimés sont elles aussi mondiales et non nationales et ce sont là les perspectives d’avenir.

Combattre les plans d’austérité, combattre les forces fascistes des bandes et de l’Etat, combattre pour une « véritable démocratie », tout cela ne suffira pas. Il est vital de combattre pour une conscience de classe, c’est-à-dire la conscience que les opprimés sont une classe qui doit, pour réaliser ses aspirations sociales et démocratiques, renverser le pouvoir de la classe capitaliste et instaurer le pouvoir aux comités ouvriers et populaires. Sans cette alternative au pouvoir des exploiteurs, le pouvoir capitaliste se chargera de nous imposer le fascisme. L’avenir est encore ouvert. C’est nous, communistes révolutionnaires, qui, en Grèce comme partout dans le monde, représentons la force d’avenir !

Il n’y aura pas de perspective pour la Grèce seule, pour l’Europe seule, ni pour aucune nation. Il n’y aura pas de perspective pour une seule corporation, pour une entreprise ou un secteur mais pour tous, pour le monde...

Pour cela, il ne faut plus accepter la logique et les lois d’un capitalisme qui se propose de détruire nos emplois, nos logements, notre santé, nos vies.

Plus question d’admettre qu’un patron déclare que les caisses de l’entreprise sont vides. Il faut prendre sur ses revenus et biens personnels. Plus question d’admettre qu’un patron nous dise qu’il n’y a plus de travail. Du boulot ou pas, c’est une question de choix du grand capital en fonction de la rentabilité. Ce n’est pas notre problème. Nous exigeons, dans tous les cas, d’être payés. Plus question d’allocations chômage impayées. Plus question d’électricité coupée, de téléphone coupé, de crédits coupés, de compte fermé, d’emplois supprimés. Quand un capitaliste, un banquier, une assurance sont en difficulté, la société trouve des milliards pour le sauver. Imposons qu’il en soit de même quand il s’agit des travailleurs.

Il faut aussi en finir avec la logique des directions des centrales syndicales qui quémandent des petits accommodements, signent des contre-réformes, divisent les luttes, les lâchent en cours de route et organisent des journées d’action sans lendemain.

Il faut unir les travailleurs précaires, les chômeurs et ceux qui ont un emploi, les travailleurs du public et du privé, les travailleurs de l’Automobile et ceux de l’Audiovisuel, ceux de la Recherche et ceux de la Construction, ceux de l’Enseignement et ceux des grands magasins. C’est à nous de défendre notre avenir. Personne ne le fera à notre place ! Il ne s’agit pas de défendre chacun notre entreprise mais de défendre collectivement le sort de la classe ouvrière.

Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société.

Etat grec et bandes fascistes sont du même bord...

Les manifestants se battent contre les fascistes

Messages

  • Ainsi, de même qu’en 2007 et 2008, des chants racistes, extrêmement violents, visant particulièrement la minorité albanaise, ont été entonnés lors de la fête de l’Indépendance du 25 mars, par des régiments des forces spéciales des Garde-côtes.

  • Des chants racistes avaient également été entonnés par l’armée lors de la parade militaire à Thessalonique du 28 octobre 2008.

    Sous un gouvernement "socialiste", il n’y a jamis eu de combat contre le fascisme au sein de l’appareil d’Etat alors que celui-ci est bien connu pour ses sympathies fascistes...

  • Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société.

  • Des milliers de migrants, sympathisants de gauche et des droits de l’homme, ont manifesté samedi à Athènes dans une ambiance bon enfant contre "le fascisme" et "le racisme", selon la police.

    A l’occasion de la Journée internationale contre "le fascisme et le racisme", des communautés de migrants, surtout Pakistanais, Bangladeshis et Africains, se sont rassemblés dans le centre-ville et ont marché jusqu’à la place Syntagma, en contrebas du parlement, où un concert a clôturé la manifestation avec le soutien de la Mairie d’Athènes.

    A la tête du cortège se trouvaient des migrants surtout d’Asie, travailleurs dans des champs de fraises de Manolada en Péloponnèse (sud), où de nombreux incidents violents avaient eu lieu ces dernières années entre des propriétaires grecs des exploitations et des migrants protestant contre les conditions misérables d’emploi.

    "Éliminez les néonazis dans tout quartier, ni au Parlement européen, ni aux mairies ou les préfectures", était inscrit sur une banderole.

    Des élections locales doivent se dérouler en Grèce le 18 mai, une semaine avant les Européennes et le parti néonazi Aube dorée est crédité entre 5% et 8%, arrivant en troisième position derrière la droite et la Gauche radicale Syriza, à en croire des récents sondages d’intention de vote.

    La plupart de manifestants scandaient des slogans contre Aube dorée dont la moitié des députés dont le dirigeant, ont été inculpés après l’assassinat en septembre du musicien antifasciste Pavlos Fyssas près d’Athènes par un membre de ce parti.

    "Pavlos Fyssas vit", "Aucune tolérance aux néonazis", "Régularisez tous les migrants", "Nationalité pour tous les enfants des migrants", proclamaient certaines banderoles.

    Parti xénophobe et antisémite, Aube dorée est accusé de nombreuses attaques surtout contre des migrants et des personnes de gauche.

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