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Editorial - De l’Egypte à la Libye, des USA à la Grèce et à l’Inde ou à la Chine, c’est notre classe, celle des prolétaires, qui se bat... Elle a des dictatures à abattre dont celle du système mondial d’exploitation et un monde nouveau à bâtir !!!

vendredi 25 février 2011, par Robert Paris

De l’Egypte aux USA, une seule classe ouvrière...

Kadhafi est le troisième dictateur destiné à tomber mais pas le dernier... Bahrein et Yémen se préparent à prendre la suite...
et il y a toute une liste derrière... Et la révolution continue en Egypte comme en Tunisie. Les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les femmes n’ont pas l’intention se laisser voler leur révolution par d’anciens membres de l’appareil d’Etat des tyrans précédents ...

Les peuples mènent la danse !!! L’impérialisme, lui même, n’a pas d’autre choix que de prendre cela avec le sourire... Obama déclare : "Nous sommes tous des tunisiens et des égyptiens". Obama en manifestant égyptien, c’est un peu Sarkozy en "racaille"... C’est vrai pourtant qu’Obama et Sarkozy sont, à leur manière, des égyptiens et des tunisiens : des tyrans profiteurs tunisiens et égyptiens. Et les travailleurs, les jeunes, les milieux populaires, eux, se sentent de tout cœur avec les manifestants, les grévistes, les révoltés de Tunisie, d’Egypte et de Libye. C’est toute la différence...

Et la révolution ne fait que de commencer.

Nous assistons à une propagation du vent de révolte qui a débuté au Maghreb, s’est étendu à tout le Moyen Orient et a gagné une bonne partie de la planète.... Le soulèvement des peuples est passé de pays "pauvres" comme la Tunisie aux riches monarchies pétrolières du Golfe, de pays sunnites à des pays majoritairement chiites, des républiques aux monarchies, de la Mauritanie à Oman, du Maroc au Bahrein... Elle touche des régimes politiques aussi différents que l’Algérie des généraux, l’Iran des mollahs, la monarchie du Bahreïn, ou la Libye « socialiste ». Elle vise aussi bien des régimes pro-américains que mal vus par les USA, aussi bien le Bahrein, l’Irak et le Yémen que l’Iran, la Libye et la Syrie...

La révolte se rit des frontières, des divisions nationales, culturelles ou économiques, des divisions en continents ou en cultures ou religions différentes... Elle se moque des oppositions que l’on a bien voulu dresser entre les peuples. Elle franchit tous les obstacles : langues, barrière douanières, barrière idéologiques, barrières économiques (entre pays pauvres et pays riches, entre nord et sud, est et ouest).

Oui, la révolution est un phénomène étonnant et l’impérialisme qui domine le monde peut aussi peu la dominer que les météorologues peuvent diriger un cyclone ou le sismologues un tremblement de terre ou un tsunami...

Et maintenant, ce n’est plus seulement les noms de Maroc, d’Algérie ou de Bahreïn et de Yémen que l’ont entend à propos des révoltes influencées par le courage et la détermination des travailleurs d’Egypte ou de Tunisie...

Qui aurait cru que les travailleurs de quatre Etats des USA allaient se mobiliser pour se défendre contre des attaques anti-sociales (coupes sur les salaires, les aides sociales et interdiction des grèves) en se référant explicitement à la révolte des travailleurs égyptiens ? Depuis une semaine, le parlement de l’Etat du Wisconsin est assiégé par des dizaines de milliers de manifestants qui défilent au son de « Scott Walker, Mubarak, même combat ! » pour protester contre la suppression de leurs droits dans le secteur public. Enseignants, pompiers et autres employés du secteur public se sont joints, dans un défilé autour du capitole, aux travailleurs de la métallurgie, de l’automobile, du bâtiment et d’autres branches du secteur privé et ont manifesté aux côtés des lycéens et des étudiants. Et la révolte des employés de la fonction publique et des jeunes dans le Wisconsin a été rejointe par l’Ohio, l’Indiana et elle se propage au Michigan. Qui aurait cru que les travailleurs chinois allaient tenter d’en faire autant malgré la chape de plomb du pouvoir dictatorial ? Qui aurait cru que la révolte allait gagner les travailleurs indiens ? Des mouvements de révolte se développent non seulement dans le Golfe, mais aussi en Afrique noire, commençant à toucher le Gabon, le Cameroun ou le Bénin. Les exploités d’Europe et d’Amérique (du sud comme du nord) ont eux aussi leurs yeux fixés sur chacune des révoltes, et vibrent au même diapason.

Tous les opprimés du monde se sentent aujourd’hui égyptiens tunisiens, libyens... Ils ont au cœur la même révolte que celle qu’ils ont senti dans toutes ces luttes.

Quand les Ben Ali et Moubarak tombent, quand Kadhafi prend le même chemin, c’est non seulement la fatalité de la domination des dictatures qui tombe mais aussi toute la croyance en la fatalité de subir les effets de la crise qui s’effondre aussi... Et demain, qui sait, cela peut être la croyance en la fatalité de subir ce système économique failli qui ne peut plus répondre aux aspirations des jeunes, des vieux, des femmes et des hommes de cette planète !

Pourtant tous ces pays sont aussi dissemblables que possibles. les situations économiques, sociales, politiques, étatiques, institutionnelles,... sont aussi diverses que possibles mais une chose unit clairement tous les peuples : le refus de subir une misère sans cesse accrue, un chômage massif imposé de façon globale aussi à la jeunesse alors qu’en face des classes dirigeantes caracolent dans le luxe...

Et tous ces régimes très différents ont un point commun, c’est d’être des produits d’un capitalisme pourrissant et en voie de décrépitude...

L’extension de la lutte dans toute la région du Maghreb et du monde arabe a touché les opprimés du monde entier car la crise économique et sociale qui touche toute la planète amène les exploités à se sentir partout semblables et à se dire : si le peuple tunisien, si le peuple égyptien l’a pu, nous le pouvons aussi....

La plupart des commentaires officiels que l’on entend, d’où qu’ils viennent (dirigeants politiques, religieux, militaires, médiatiques...), consistent à proposer des solutions pour arrêter la révolution, à espérer d’y mettre fin le plus vite possible sous prétexte d’éviter la violence. Mais la violence c’est celle qui, par la misère, pousse des jeunes à s’immoler tellement leur vie est devenue une honte, un enfer ou qui pousse des jeunes femmes à se prostituer tant la misère qui atteint leur famille les oblige à des choix insupportables et indignes. La violence, ce n’est pas celle des révoltés mais celle des dictateurs et ceux-ci n’ont pas seulement pour noms Moubarak ou Kadhafi mais aussi Obama et Sarkozy. Car la racine du mal qui ronge la planète est à la racine même du système d’exploitation : le capitalisme, c’est-à-dire dans les métropoles impérialistes qui concentrent des richesses fabuleuses sans en faire profiter aux peuples, même pas à la population de ces pays riches, elle même conviée à se sacrifier pour les banquiers et les capitalistes...

Mais, sous prétexte de non-violence ou de recherche de réformes, de compromis, de négociations, d’union nationale, arrêter un combat avant qu’il ait atteint ses objectifs, c’est préparer des lendemains sanglants et désespérants. Dans toutes les luttes du passé, les voix qui ont prôné la recherche de "solutions", de concertation, contre la voie de la lutte n’ont fait que favoriser le camp des exploiteurs et des dictateurs. Même si aujourd’hui ils font tous mine de se satisfaire de la lutte des peuples, hier encore ils s’entendaient avec les dictateurs et participaient à l’exploitation des peuples. En plein massacre, Total est content et fier d’annoncer à ses actionnaires qu’il poursuit l’exploitation en Libye...

Quant aux dictateurs locaux, tous aussi affolés, il est plaisant de les voir annoncer à qui mieux mieux des cadeaux aux travailleurs de l’Algérie à l’Arabie saoudite et du Yémen au Bahrein, une pluie de cadeaux va tomber nous disent-ils sur les travailleurs et les pauvres. Ainsi, le roi Abdallah d’Arabie saoudite jette d’un seul coup 36 milliards de dollars au "bas peuple"... Une manière comme une autre de reconnaitre qu’il ne s’agit pas seulement d’un mouvement pour la démocratie mais d’une révolution sociale...

C’est justement l’un des problèmes de la bourgeoisie et des gouvernants : effacer la conscience ce l’événement qui est en train de se produire, un sursaut de la lutte des classes face à la crise du système capitaliste. Le prolétariat redresse la tête...

Bien sûr, les mobilisations aux quatre coins de la planète ne sont pas le seul fait des salariés et des chômeurs mais ils marquent l’ensemble du mouvement par l’importance sociale de leur lutte. On l’a bien vu en Tunisie et en Egypte même si les média étaient plutôt réticents à le souligner. La réalité de la mobilisation et de la détermination des travailleurs dans ces deux pays était difficile à masquer.

Il faut pour ces gens-là masquer le caractère la lutte de classe en cours. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La jeunesse, des couches multiples sont en lutte mais cela n’en fait pas moins une lutte de classe avec une remise en cause des classes exploiteuses et de leur système d’exploitation... Et les perspectives en découlent : soit les travailleurs et tous les opprimés s’organiseront pour donner une nouvelle issue à la crise mondiale ou les classes dirigeantes, une fois la vague passée, reprendront l’offensive et imposeront des dictatures encore plus féroces.

Le prolétariat a montré son courage et sa détermination. il lui faut multiplier ses capacité d’organisation en bâtissant ses comités de quartier, ses conseils ouvriers, ses milices, ses coordinations, ses assemblées locales, régionales, nationales de délégués des opprimés et des exploités. Il peut, s’il y parvient, prendre la tête des couches petites bourgeoises paupérisées par la crise. Il peut s’appuyer sur la révolte de la jeunesse pour bâtir une perspective sociale nouvelle en rompant avec le capitalisme et l"impérialisme. Il peut, s’il a cette détermination et cette conscience, gagner aussi les soldats et démolir les appareils d’Etat qui ne sont que des machines à tuer, comme Kadhafi l’a montré. Et comme les grandes puissances le démontrent tous les jours en Irak et en Afghanistan notamment Car le massacre qui a lieu en Libye n’est nullement une exception : elle rappelle une règle qui vaut pour toutes les classes dirigeantes de tous les pays et selon laquelle il vaut mieux, pour les oppresseurs, un bain de sang que le pouvoir des prolétaires...

Si les opprimés qui se laissent tromper par la parole doucereuse des réformistes, la machine à tuer restera en place, en Egypte, en Tunisie et ailleurs et les lendemains, ce n’est pas les bourgeois pacifistes qui nous éviteront les fusillades. Les travailleurs en ont fait en France même l’expérience à Paris, en 1871, à l’époque de la Commune....

C’est toute la domination impérialiste sur le monde qui est mise en cause par la révolte de la jeunesse, des chômeurs, des travailleurs, des femmes, des milieux populaires... Mais cette révolution doit faire plus que contester, plus que démettre les tyrans. Il faut s’en prendre à la racine du mal...

Le capital a mondialisé les sacrifices pour les peuples et, depuis la crise de 2008, il les a étendu des pays pauvres aux pays riches mais, du coup, la première étincelle a mis le feu successivement à tous les buissons inflammables et nul ne sait si cela s’arrêtera ni jusqu’où iront les prolétaires dans la remise en cause de l’ordre mondial...

Pour notre part, nous ne faisons pas partie de tous ceux qui ont cherché un point d’arrêt à la lutte en Tunisie ou en Egypte et pas plus que nous ne cherchons à faire en sorte que l’Etat reprenne son "fonctionnement normal", que l’exploitation reprenne aussi et que la population arrêt de contester l’ordre sociale et politique.

Les exploiteurs ont mondialisé le chômage, la misère et la colère !!

Mondialisons le pouvoir des prolétaires !!!

Messages

  • Zhao Qizheng, membre éminent du principal corps de conseil politique de la Chine, a déclaré mercredi qu’aucune « Révolution du Jasmin » n’aurait lieu en Chine, ajoutant que l’idée d’une possible révolution est aussi ridicule qu’irréaliste.

    Rien qu’en faisant cette déclaration ridicule et prétentieuse, il a montré que sa dictature est tout à fait sur le modèle de celles qui viennent de chuter ou vont bientôt le faire...

  • « Il faut être juste et dire que de nombreux problèmes sont en train d’être résolus. J’emploie le présent progressif à dessein », a dit M. Zhao...

    On croirait entendre Bouteflika, le roi d’Arabie saoudite ou M6....

  • On peut lire dans la presse :

    "Le 23 février 2011, au Cameroun, principalement dans les villes de Douala, la plus importante de cette Afrique en miniature (capitale économique) et Yaoundé, la capitale administrative, la « marche pour la liberté » estampillée » Paul Biya dégage » à l’image des révolutions tuniso-égyptiennes..."

  • "Qui aurait cru que les travailleurs de quatre Etats des USA allaient se mobiliser pour se défendre contre des attaques anti-sociales (coupes sur les salaires, les aides sociales et interdiction des grèves) en se référant explicitement à la révolte des travailleurs égyptiens ?"

    La détermination le courage de ces damnés de la terre, de ces travailleurs sans frontières, de ces jeunes sans peurs et qui n’ont rien, sinon l’espoir de vivre.

    Tout le monde parle aujourd hui de cet espoir, du nord au sud et d’est en ouest, car personne n’a un "monde meilleur" à proposer autre que celui de ces prolétaires qui sont en train de se le construire eux même.

  • La révolution en Egypte n’a fait que de commencer...

    Des dizaines de milliers d’Egyptiens réunis vendredi sur la place Tahrir, haut lieu de la révolution égyptienne ayant débouché sur le départ du président Hosni Moubarak, réclament la démission du premier ministre Ahmed Shafik nommé par Moubarak.

    Les manifestants exigent en outre que l’ancien président quitte sa résidence de Charm el-Cheikh et qu’il soit traduit en justice. Ils appellent le Conseil suprême des forces armées, qui gouverne actuellement le pays, à lever l’état d’urgence, à réformer le service de sécurité d’Etat et à libérer les prisonniers politiques.

    De nombreux manifestants agitent des drapeaux libyens en signe de solidarité avec la Libye voisine, où des les violences provoquées par le soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, ont fait entre 600 et 1.000 morts.

    La manifestation égyptienne est organisée par le Comité de coordination des participants à la révolution du 25 janvier et le mouvement islamiste des Frères musulmans, interdit sous Moubarak.

    Le président égyptien Hosni Moubarak, qui gouvernait le pays depuis 30 ans, a démissionné le 11 février au terme de 18 jours de manifestations sanglantes. Les émeutes ont fait au moins 365 morts et plus de 5.500 blessés. L’armée restera aux commandes du pays jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

  • Contre les budgets anti-sociaux qui remettent en cause emplois, salaires, aides sociales et droit de grève des employés d’Etat, le ferment de révolte s’étend à tous les Etats-Unis : des rassemblements ont lieu dans l’Ohio, l’Indiana, l’Iowa, le Michigan, le Massachusetts et le New Jersey.

  • A nous de manifester de toutes les manières possibles que nous sommes directement concernés par cette révolte sociale qui annonce aussi celle que nous allons connaître certainement, nous aussi, quand les travailleurs et la jeunesse travailleuse, las du chômage, de la précarité et de la misère, exploseront de colère dans la grève et dans la rue
    vive la révolution et la dictature du prolétariat

    • Appel des travailleurs égyptiens à ceux « qui nous caractérisent comme contrerévolutionnaires »

      Nous publions ci-dessous une déclaration programmatique issue de regroupements de militant·e·s syndicalistes actifs dans le secteur privé et public ainsi que dans diverses entreprises et sociétés. Ce programme révèle la volonté de secteurs importants de la société. En effet, depuis le 11 février, le mouvement de grève n’a pas cessé.

      Ce jeudi 24 février, des milliers de travailleurs des transports publics réclament la création de syndicats indépendants, rompant avec le syndicat contrôlé par l’Etat, c’est-à-dire la Fédération syndicale égyptienne (ETUF – Egyptian trade-union federation). Quelque 20’000 travailleuses et travailleurs du secteur textile étatisé de la région de Mahalla avancent la même revendication, selon le quotidien Al-Masry Al-Youm du 24 février 2011.

      Les travailleurs des transports publics affirment avoir déjà récolté 15’000 signatures soutenant leurs revendications de rupture avec la structure syndicale corrompue.

      Face à cette ébullition sociale, le gouvernement continue d’insister sur la nécessité de « normaliser » la situation sociale en invoquant les « dangers » que ces mobilisations font courir à l’économie. Le texte ici publié, qui traduit la conscience et l’attitude la plus avancée des salarié·e·s en Egypte, est un indicateur concret de la phase dans laquelle se trouve la révolution du 25 janvier. (Rédaction.)

      ******

      Les travailleurs égyptiens étaient parmi les principales forces qui ont préparé et participé à la révolution populaire et démocratique du 25 janvier, poussés par la confiance en leurs forces et leur adhésion aux revendications émanant de la révolution ; cela dans le contexte d’une précarité économique et sociale qui s’est accentuée à l’extrême au cours des dernières années.

      Dans le cadre de cette révolution, les travailleurs n’ont fait qu’exercer leur droit de manifester et revendiquer les droits pour lesquels ils se battaient depuis longtemps, c’est-à-dire une vie digne et une justice sociale pour tous.

      Le plus étonnant, actuellement, consiste à accuser les travailleurs – qui ont joint leurs voix dans la mobilisation à celles de leurs compatriotes – de ruiner l’économie et de saboter la production. On leur demande de regagner leur poste de travail et de donner une chance à ce même régime et à ce même gouvernement.

      Les travailleurs se demandent : pourquoi et dans quel but donner une chance ?

      Pour que ce gouvernement continue ses politiques destructrices ou pour se contenter encore durant quelques années de fausses promesses qui se rajouteront à celles des trente dernières années. Ce qui ne fera qu’augmenter les gains des profiteurs et infliger plus de misère aux ouvriers.

      Ce qui nous étonne encore plus, c’est que les exigences du gouvernement face au peuple prennent un aspect de menace [voir communiqué n° 5 du Conseil suprême des forces armées] dans le but d’empêcher un mouvement de contestation populaire. Le gouvernement ne s’adresse pas au peuple sur un pied d’égalité. Ce gouvernement fait la sourde oreille face aux revendications des travailleurs. Par contre, il ouvre ses bras aux fonctionnaires du Ministère de l’intérieur, ceux qui ont les mains encore tachées du sang des martyrs de la révolution. Il leur offre des augmentations de salaire de 100 % et accepte le retour des officiers qui ont laissé leur poste. Les privilèges accordés et dont on ignore encore l’ampleur sont multiples.

      C’est ainsi que réagit et pense le gouvernement d’Ahmed Chafik qui prétend rendre leurs droits aux anciens ayants droit.

      C’est-à-dire à tous ceux qui critiquent les revendications de secteurs de travailleurs en lutte. Or, qui dirige l’Egypte depuis trois décennies et qui a appauvri et ruiné l’économie ?

      Pourtant ce n’est jamais les travailleurs qui ont détourné l’argent des banques et qui l’on transféré à l’étranger puis sont rentrés sans que personne ne leur demande des comptes.

      Ce n’est pourtant jamais les travailleurs qui ont vendu et fermé des firmes et des usines, cela à bas prix, et en licenciant les salarié·e·s. Ce n’est pourtant pas les travailleurs qui ont offert pour rien des terres de l’Etat à des hommes d’affaires.

      Ce n’est pourtant pas les travailleurs qui ont répandu des pesticides et des produits cancérigènes sur les champs agricoles, ce qui a tué aussi bien des plantes que des humains.

      Les ouvriers n’ont jamais pratiqué la spéculation sur les produits alimentaires et ce n’est pas eux qui sont à l’origine des envolées de prix. En conclusion, les travailleurs avec tous ces malheurs, ces désastres.

      Le seul responsable de la dégradation de l’économie égyptienne est le régime, avec ses hommes d’affaires, ses militaires et son parti politique (le PND) qui continuent, de fait, à gouverner jusqu’à aujourd’hui.

      Au lieu de nous demander de renoncer à notre droit de nous mobiliser et de contester le régime, des forces populaires sensibles aux critiques du régime feraient mieux de rallier notre camp pour en finir avec ce régime et arracher par la force ce qui nous est dû à tous.

      Les ouvriers ont depuis longtemps la perte de leurs droits. La révolution du 25 janvier leur a donné plus de forces en vue de lutter pour leurs revendications légitimes. Pour toutes ces raisons, nous – en tant que travailleurs – n’arrêterons jamais de nous mobiliser, de nous opposer jusqu’à ce que nous ayons obtenu une vie digne ; nous qui sommes à l’origine de la production de l’ensemble de la richesse. Ainsi, nous exigeons :

      1° La réalisation des six revendications de la révolution qui n’ont pas encore été réalisées ;

      2° La mise en place d’un salaire minimum et d’un salaire maximum (une échelle allant de 1 à 10), salaires liés à l’augmentation des prix (échelle mobile des salaires) ;

      3° La régularisation, sous forme de contrats à durée indéterminée, de tous les travailleurs temporaires qui sont au nombre de centaines de milliers, seulement dans le secteur étatique, régularisation qui prenne en compte les années de service ;

      4° L’arrêt de la politique de privatisation (liée à la corruption) et la mise en place d’enquêtes concernant tous les contrats douteux liés à la vente de biens publics, ainsi que la poursuite en justice de tous ceux qui ont participé à ces opérations ;

      5°Les sociétés vendues doivent être réintégrées au bien public et les travailleurs ayant perdu leurs emplois doivent être réengagés ;

      6° L’abolition de la Loi sur le travail, datant de 2003 [les travailleurs qui agissaient en dehors de la structure de la Fédération syndicale égyptienne – ETUF, liée à l’appareil d’Etat – pouvaient être licenciés si l’employeur les surprenait à engager des actions syndicales ; de plus, cette loi permet de licencier sans fournir aucun motif ; cette loi assurait aussi des cotisations permettant d’engraisser l’appareil syndical], loi qui a divisé les travailleurs et réduit nombres d’entre eux à un statut de quasi esclaves ;

      7° Engager une politique permettant à toutes les personnes au chômage d’obtenir un emploi et, dans l’attente, leur assurer une allocation égale à la moitié du salaire conforme jusqu’à ce qu’ils obtiennent un emploi ;

      8° Abolition de la Loi sur l’assurance santé, qui a privé à beaucoup de travailleurs l’accès à des soins et a augmenté leurs contributions ;

      9° Restitution aux travailleurs de l’argent détourné par le système d’assurances et de retraites ;

      10° Arrêt de la privatisation des centres médicaux et création d’un service de santé public avec accès gratuit pour toutes et tous ;

      11° Elimination de tous les corrompus de l’ancien régime des organes étatiques et des sociétés contrôlées par l’Etat. Ces derniers doivent être déférés devant la justice.

      (20 février 2011)

      Ces considérants et ces revendications ont été adoptés par les ouvriers et les employés d’associations, de syndicats, d’usines et de secteurs de l’administration publique. Parmi elles, on citera le Syndicat des collecteurs d’impôt, l’Union des retraités ou le Syndicat des travailleurs de la santé, les travailleurs des minoteries, les employés de l’éducation, etc. (traduit de l’arabe par A l’Encontre)

      (25 février 2011)

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  • LA PEUR DES CLASSES DIRIGEANTES EST PALPABLE !!!!!

    Sur fond de révoltes en Tunisie et en Egypte, plusieurs pays arabes ont pris des mesures pour prévenir des troubles du même type, augmentant les salaires et les subventions sur les produits de base. Mais ces initiatives pourraient se révéler néfastes à terme pour leur économie, selon les experts.

    "Les subventions sont nécessaires aujourd’hui pour la survie politique à court terme", souligne Said Hirsh, économiste chez Capital Economics, basé à Londres. Mais elles risquent de détériorer les finances publiques de ces pays dans les mois et années à venir, met-il en garde.

    Dans la foulée de la "révolution du jasmin" en Tunisie et de la révolte en Egypte, la Jordanie, le Yémen et la Syrie ont annoncé une série de mesures pour calmer les mécontentements liés à des décennies d’injustices économiques : hausse des subventions sur les produits alimentaires et le fioul, augmentation des salaires ou encore baisse de taxes.

    En Egypte et en Tunisie, des annonces similaires n’ont pas suffi à désamorcer la colère populaire, liée en grande partie à d’autres facteurs comme la corruption et un pouvoir autocratique.

    Mais l’aspect économique est loin d’être négligeable dans des pays où beaucoup vivent dans la pauvreté. En Jordanie, le gouvernement a annoncé pour 550 millions de dollars (404 millions d’euros) de subventions sur les produits de première nécessité comme le carburant, le riz et le sucre. C’est "un pas dans la bonne direction", juge Leila Rousan, une employée de banque de 28 ans.

    La Jordanie est confrontée à un dilemme : mener une politique d’apaisement social au détriment de sa dette publique ou bien continuer comme avant au risque de mécontenter sa population. L’économie jordanienne, qui tire une grande part de ses revenus des investissements étrangers et du tourisme, enregistre un déficit record de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) sur l’année fiscale, une inflation en hausse et un haut niveau de chômage et de pauvreté.

    Des manifestations plus modestes qu’en Egypte ont eu lieu dans le pays, et le roi Abdallah II a limogé le gouvernement pour éviter une montée de la contestation. Mais les récents événements ont montré la vulnérabilité économique de la Jordanie. L’agence de notation Moody’s a dégradé une série de notes concernant le pays.

    "Nous pensons que les troubles actuels vont réduire les perspectives de croissance à moyen terme de la Jordanie et dégrader ses finances publiques", déclare Luc Marchand, analyste chez Standard and Poor’s.

    Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, a décidé d’augmenter jusqu’à 25% les salaires d’un million d’employés civils et militaires pour un coût de 415 millions de dollars (305 millions d’euros). Sanaa a également annoncé la création de 60.000 emplois pour les jeunes diplômés.

    De son côté, la Syrie a annoncé un plan de 255 millions de dollars (187 millions d’euros) en faveur des pauvres, précisant que l’aide mensuelle pour le fioul domestique passerait de 20 à 32 dollars (14,70 à 23,50 euros) par mois : la première augmentation du genre depuis 2001.

    En Tunisie et en Egypte, des mesures économiques ont également été prises. Les autorités égyptiennes ont par exemple approuvé une hausse de 15% pour les salaires des fonctionnaires et les pensions à compter du 1er avril, mesure dont le coût est estimé à 6,5 milliards de livres égyptiennes (811 millions d’euros) par le ministère des Finances.

    Le Caire a également promis de prendre en charge la hausse des cours alimentaires mondiaux. L’inflation des prix alimentaires, qui atteint 17% sur un an en Egypte, est considérée comme un facteur clé des troubles dans le pays.

    L’Egypte a vu plusieurs de ses notes dégradées par les trois agences internationales de notation. Mais pour les pauvres dans la région, la priorité est ailleurs. "La seule chose dont je me soucie c’est de nourrir mes enfants", explique Mahmoud Abou-Shilbayeh, 45 ans, éboueur à Amman.

  • La jeunesse yéménite est parvenue à faire renoncer le Président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, à briguer un nouveau mandat. Une "Journée de la colère" était prévue jeudi, à l’appel de l’opposition, qui dénonce la révision de la Constitution qui allait permettre au président d’être élu à vie en mars prochain.
    Des dizaines de milliers de partisans de l’opposition ont manifesté passivement jeudi 3 février à Sanaa. Les membres de l’alliance de l’opposition parlementaire, intitulée Forum commun, ont annoncé devant plus de 100.000 personnes : « Nous poursuivrons notre lutte pacifique jusqu’à la chute de ce régime injuste ».
    La Jordanie en pleine récession économique voit sa jeunesse dans la rue contre le Premier ministre Samir Rifaï, remplacé deux semaines après le début des protestations par le roi Abdallah II de Jordanie. Le nouveau Premier ministre, Maarouf Bakhit, aura la tâche « de prendre des mesures rapides et claires pour mener des réformes politiques réelles (...) soutenant notre action en faveur de la démocratie ». Cependant, cette nomination ne fait pas l’unanimité, le Front de l’Action Islamique (FAI) réclame que le nouveau chef du gouvernement « se retire pour laisser la place à une personnalité nationale acceptable qui pourra conduire des réformes ». Le FAI reproche à Maarouf Bakhit d’être impliqué dans des fraudes électorales et des affaires de corruption. L’opposition islamiste et la Gauche jordanienne ont organisé plusieurs manifestations pour protester contre la vie chère et réclamer des réformes.
    En Syrie, un appel à manifester le vendredi 4 février contre la « monocratie, la corruption et la tyrannie » du régime de Bachar el-Assad a été lancé sur Facebook, dont l’accès est bloqué, a annoncé le correspondant de l’AFP. Plus de 7.800 membres ont répondu à l’appel mardi 1er février, et ont décidé de défiler dans les rues sous le slogan la « Révolution syrienne 2011 ». Il invite les jeunes à participer à « la première journée de la colère du peuple syrien et de rébellion civile dans toutes les villes syriennes ». « Vous ressemblez aux jeunes de Tunisie et d’Egypte. Haussez la voix d’une manière pacifique et civilisée, car exprimer ses opinions est garanti par la Constitution », a indiqué le groupe dans un communiqué.

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