vendredi 25 février 2011, par
De l’Egypte aux USA, une seule classe ouvrière...
Kadhafi est le troisième dictateur destiné à tomber mais pas le dernier... Bahrein et Yémen se préparent à prendre la suite... et il y a toute une liste derrière... Et la révolution continue en Egypte comme en Tunisie. Les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les femmes n’ont pas l’intention se laisser voler leur révolution par d’anciens membres de l’appareil d’Etat des tyrans précédents ...
Les peuples mènent la danse !!! L’impérialisme, lui même, n’a pas d’autre choix que de prendre cela avec le sourire... Obama déclare : "Nous sommes tous des tunisiens et des égyptiens". Obama en manifestant égyptien, c’est un peu Sarkozy en "racaille"... C’est vrai pourtant qu’Obama et Sarkozy sont, à leur manière, des égyptiens et des tunisiens : des tyrans profiteurs tunisiens et égyptiens. Et les travailleurs, les jeunes, les milieux populaires, eux, se sentent de tout cœur avec les manifestants, les grévistes, les révoltés de Tunisie, d’Egypte et de Libye. C’est toute la différence...
Et la révolution ne fait que de commencer.
Nous assistons à une propagation du vent de révolte qui a débuté au Maghreb, s’est étendu à tout le Moyen Orient et a gagné une bonne partie de la planète.... Le soulèvement des peuples est passé de pays "pauvres" comme la Tunisie aux riches monarchies pétrolières du Golfe, de pays sunnites à des pays majoritairement chiites, des républiques aux monarchies, de la Mauritanie à Oman, du Maroc au Bahrein... Elle touche des régimes politiques aussi différents que l’Algérie des généraux, l’Iran des mollahs, la monarchie du Bahreïn, ou la Libye « socialiste ». Elle vise aussi bien des régimes pro-américains que mal vus par les USA, aussi bien le Bahrein, l’Irak et le Yémen que l’Iran, la Libye et la Syrie...
La révolte se rit des frontières, des divisions nationales, culturelles ou économiques, des divisions en continents ou en cultures ou religions différentes... Elle se moque des oppositions que l’on a bien voulu dresser entre les peuples. Elle franchit tous les obstacles : langues, barrière douanières, barrière idéologiques, barrières économiques (entre pays pauvres et pays riches, entre nord et sud, est et ouest).
Oui, la révolution est un phénomène étonnant et l’impérialisme qui domine le monde peut aussi peu la dominer que les météorologues peuvent diriger un cyclone ou le sismologues un tremblement de terre ou un tsunami...
Et maintenant, ce n’est plus seulement les noms de Maroc, d’Algérie ou de Bahreïn et de Yémen que l’ont entend à propos des révoltes influencées par le courage et la détermination des travailleurs d’Egypte ou de Tunisie...
Qui aurait cru que les travailleurs de quatre Etats des USA allaient se mobiliser pour se défendre contre des attaques anti-sociales (coupes sur les salaires, les aides sociales et interdiction des grèves) en se référant explicitement à la révolte des travailleurs égyptiens ? Depuis une semaine, le parlement de l’Etat du Wisconsin est assiégé par des dizaines de milliers de manifestants qui défilent au son de « Scott Walker, Mubarak, même combat ! » pour protester contre la suppression de leurs droits dans le secteur public. Enseignants, pompiers et autres employés du secteur public se sont joints, dans un défilé autour du capitole, aux travailleurs de la métallurgie, de l’automobile, du bâtiment et d’autres branches du secteur privé et ont manifesté aux côtés des lycéens et des étudiants. Et la révolte des employés de la fonction publique et des jeunes dans le Wisconsin a été rejointe par l’Ohio, l’Indiana et elle se propage au Michigan. Qui aurait cru que les travailleurs chinois allaient tenter d’en faire autant malgré la chape de plomb du pouvoir dictatorial ? Qui aurait cru que la révolte allait gagner les travailleurs indiens ? Des mouvements de révolte se développent non seulement dans le Golfe, mais aussi en Afrique noire, commençant à toucher le Gabon, le Cameroun ou le Bénin. Les exploités d’Europe et d’Amérique (du sud comme du nord) ont eux aussi leurs yeux fixés sur chacune des révoltes, et vibrent au même diapason.
Tous les opprimés du monde se sentent aujourd’hui égyptiens tunisiens, libyens... Ils ont au cœur la même révolte que celle qu’ils ont senti dans toutes ces luttes.
Quand les Ben Ali et Moubarak tombent, quand Kadhafi prend le même chemin, c’est non seulement la fatalité de la domination des dictatures qui tombe mais aussi toute la croyance en la fatalité de subir les effets de la crise qui s’effondre aussi... Et demain, qui sait, cela peut être la croyance en la fatalité de subir ce système économique failli qui ne peut plus répondre aux aspirations des jeunes, des vieux, des femmes et des hommes de cette planète !
Pourtant tous ces pays sont aussi dissemblables que possibles. les situations économiques, sociales, politiques, étatiques, institutionnelles,... sont aussi diverses que possibles mais une chose unit clairement tous les peuples : le refus de subir une misère sans cesse accrue, un chômage massif imposé de façon globale aussi à la jeunesse alors qu’en face des classes dirigeantes caracolent dans le luxe...
Et tous ces régimes très différents ont un point commun, c’est d’être des produits d’un capitalisme pourrissant et en voie de décrépitude...
L’extension de la lutte dans toute la région du Maghreb et du monde arabe a touché les opprimés du monde entier car la crise économique et sociale qui touche toute la planète amène les exploités à se sentir partout semblables et à se dire : si le peuple tunisien, si le peuple égyptien l’a pu, nous le pouvons aussi....
La plupart des commentaires officiels que l’on entend, d’où qu’ils viennent (dirigeants politiques, religieux, militaires, médiatiques...), consistent à proposer des solutions pour arrêter la révolution, à espérer d’y mettre fin le plus vite possible sous prétexte d’éviter la violence. Mais la violence c’est celle qui, par la misère, pousse des jeunes à s’immoler tellement leur vie est devenue une honte, un enfer ou qui pousse des jeunes femmes à se prostituer tant la misère qui atteint leur famille les oblige à des choix insupportables et indignes. La violence, ce n’est pas celle des révoltés mais celle des dictateurs et ceux-ci n’ont pas seulement pour noms Moubarak ou Kadhafi mais aussi Obama et Sarkozy. Car la racine du mal qui ronge la planète est à la racine même du système d’exploitation : le capitalisme, c’est-à-dire dans les métropoles impérialistes qui concentrent des richesses fabuleuses sans en faire profiter aux peuples, même pas à la population de ces pays riches, elle même conviée à se sacrifier pour les banquiers et les capitalistes...
Mais, sous prétexte de non-violence ou de recherche de réformes, de compromis, de négociations, d’union nationale, arrêter un combat avant qu’il ait atteint ses objectifs, c’est préparer des lendemains sanglants et désespérants. Dans toutes les luttes du passé, les voix qui ont prôné la recherche de "solutions", de concertation, contre la voie de la lutte n’ont fait que favoriser le camp des exploiteurs et des dictateurs. Même si aujourd’hui ils font tous mine de se satisfaire de la lutte des peuples, hier encore ils s’entendaient avec les dictateurs et participaient à l’exploitation des peuples. En plein massacre, Total est content et fier d’annoncer à ses actionnaires qu’il poursuit l’exploitation en Libye...
Quant aux dictateurs locaux, tous aussi affolés, il est plaisant de les voir annoncer à qui mieux mieux des cadeaux aux travailleurs de l’Algérie à l’Arabie saoudite et du Yémen au Bahrein, une pluie de cadeaux va tomber nous disent-ils sur les travailleurs et les pauvres. Ainsi, le roi Abdallah d’Arabie saoudite jette d’un seul coup 36 milliards de dollars au "bas peuple"... Une manière comme une autre de reconnaitre qu’il ne s’agit pas seulement d’un mouvement pour la démocratie mais d’une révolution sociale...
C’est justement l’un des problèmes de la bourgeoisie et des gouvernants : effacer la conscience ce l’événement qui est en train de se produire, un sursaut de la lutte des classes face à la crise du système capitaliste. Le prolétariat redresse la tête...
Bien sûr, les mobilisations aux quatre coins de la planète ne sont pas le seul fait des salariés et des chômeurs mais ils marquent l’ensemble du mouvement par l’importance sociale de leur lutte. On l’a bien vu en Tunisie et en Egypte même si les média étaient plutôt réticents à le souligner. La réalité de la mobilisation et de la détermination des travailleurs dans ces deux pays était difficile à masquer.
Il faut pour ces gens-là masquer le caractère la lutte de classe en cours. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La jeunesse, des couches multiples sont en lutte mais cela n’en fait pas moins une lutte de classe avec une remise en cause des classes exploiteuses et de leur système d’exploitation... Et les perspectives en découlent : soit les travailleurs et tous les opprimés s’organiseront pour donner une nouvelle issue à la crise mondiale ou les classes dirigeantes, une fois la vague passée, reprendront l’offensive et imposeront des dictatures encore plus féroces.
Le prolétariat a montré son courage et sa détermination. il lui faut multiplier ses capacité d’organisation en bâtissant ses comités de quartier, ses conseils ouvriers, ses milices, ses coordinations, ses assemblées locales, régionales, nationales de délégués des opprimés et des exploités. Il peut, s’il y parvient, prendre la tête des couches petites bourgeoises paupérisées par la crise. Il peut s’appuyer sur la révolte de la jeunesse pour bâtir une perspective sociale nouvelle en rompant avec le capitalisme et l"impérialisme. Il peut, s’il a cette détermination et cette conscience, gagner aussi les soldats et démolir les appareils d’Etat qui ne sont que des machines à tuer, comme Kadhafi l’a montré. Et comme les grandes puissances le démontrent tous les jours en Irak et en Afghanistan notamment Car le massacre qui a lieu en Libye n’est nullement une exception : elle rappelle une règle qui vaut pour toutes les classes dirigeantes de tous les pays et selon laquelle il vaut mieux, pour les oppresseurs, un bain de sang que le pouvoir des prolétaires...
Si les opprimés qui se laissent tromper par la parole doucereuse des réformistes, la machine à tuer restera en place, en Egypte, en Tunisie et ailleurs et les lendemains, ce n’est pas les bourgeois pacifistes qui nous éviteront les fusillades. Les travailleurs en ont fait en France même l’expérience à Paris, en 1871, à l’époque de la Commune....
C’est toute la domination impérialiste sur le monde qui est mise en cause par la révolte de la jeunesse, des chômeurs, des travailleurs, des femmes, des milieux populaires... Mais cette révolution doit faire plus que contester, plus que démettre les tyrans. Il faut s’en prendre à la racine du mal...
Le capital a mondialisé les sacrifices pour les peuples et, depuis la crise de 2008, il les a étendu des pays pauvres aux pays riches mais, du coup, la première étincelle a mis le feu successivement à tous les buissons inflammables et nul ne sait si cela s’arrêtera ni jusqu’où iront les prolétaires dans la remise en cause de l’ordre mondial...
Les exploiteurs ont mondialisé le chômage, la misère et la colère !!
Mondialisons le pouvoir des prolétaires !!!