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Le peuple travailleur d’Egypte ne s’est pas battu pour remplacer Moubarak par une dictature militaire, par les mêmes chefs de l’armée que sous Moubarak, même si celle-ci promet le retour du pouvoir aux civils dans six mois mais "en maintenant l’ordre" (social ancien) "et la sécurité" (des riches et des profits capitalistes) ainsi que des liens avec les grandes puissances impérialistes.. Si l’armée a démis Moubarak, c’est pour se donner les moyens d’interdire les rassemblements ouvriers et les grèves. Si la classe ouvrière doit mener la révolution sociale vers son succès, elle doit s’appuyer sur les soldats pour démettre les généraux.

lundi 14 février 2011, par Robert Paris

LA NOUVELLE DICTATURE MILITAIRE ISSUE DE LA CHUTE DE MOUBARAK INTERDIT LES GRÈVES ET LES RASSEMBLEMENTS OUVRIERS AU NOM DE LA LUTTE CONTRE LE CHAOS ET LE DÉSORDRE !!! L’ORDRE QUE LES GÉNÉRAUX DÉFENDENT EST LE MÊME QUE CELUI SOUS MOUBARAK !!!!

VIVE L’UNION DU PEUPLE TRAVAILLEUR ET DES SOLDATS CONTRE LA DICTATURE MILITAIRE ET BOURGEOISE !!!

"À partir d’aujourd’hui, nous ne voulons plus voir aucun manifestant sur la place", a déclaré aux protestataires Mohamed Ibrahim Moustafa Ali, chef de la police militaire, tandis que des soldats démontaient des tentes. Un capitaine a confié sous le sceau de l’anonymat que l’armée voulait mettre un terme aux manifestations pour que la vie puisse reprendre son cours normal. "La consigne générale est de ne pas recourir à la force physique envers les manifestants", a-t-il dit, sans exclure "ce qui pourrait se passer si les esprits s’échauff(ai)ent". "Les tirs sont absolument proscrits", a-t-il cependant ajouté.
L’armée, qui dirige le pays depuis la démission d’Hosni Moubarak, annonce qu’elle restera au pouvoir six mois, ou jusqu’à la tenue d’élections présidentielles et législatives.

L’armée veut intervenir pour arrêter le mouvement gréviste insurrectionnel qui avait démarré la veille de la chute de Moubarak.
L’intervention de la classe ouvrière fut l’élément décisif de l’équation révolutionnaire. C’est ce qui a fini par pousser Moubarak vers la sortie. Ces derniers jours, dans tout le pays, les travailleurs et les syndicats sont entrés dans le mouvement sous leur propre drapeau, au moyen de grèves, d’occupations et de sit-in. Cela a donné une impulsion irrésistible aux manifestations de masse.

Pratiquement tous les secteurs de l’économie et de l’administration étaient touchés par cette vague de grèves : les cheminots, les travailleurs du textile, les travailleurs du pétrole, les infirmières, les médecins, les enseignants, les avocats, les employés du canal de Suez, des banques, des Télécoms, de l’industrie pharmaceutique, de l’industrie militaire, des transports, de la culture, etc. Le mouvement avait un caractère national et se répandait comme une traînée de poudre, d’heure en heure.

Dans la commune industrielle de Kafr al-Dawwar – centre historique de la combativité de la classe ouvrière – des centaines de travailleurs de l’industrie de la soie et du textile ont participé aux protestations contre les mauvaises conditions de salaire et de vie. A Helwan, une cité sur les bords du Nil au Sud du Caire, 4.000 travailleurs de la Coke Coal et de Basic Chemicals Company ont annoncé un débrayage. Tout en revendiquant une hausse de salaire, des contrats permanents pour les travailleurs intérimaires et la fin de la corruption, les travailleurs ont aussi exprimé leur solidarité avec les manifestants de la capitale. Dans une autre action de protestation significative à Helwan, 2.000 travailleurs de la soie ont participé à une manifestation pour exiger la dissolution du conseil d’administration de leur entreprise.

Dans la ville de Mahalla, située dans le delta du Nil, 1.500 travailleurs ont protesté contre le retard de paiement des salaires et des primes. Dans une autre lutte ayant lieu dans la même ville, des centaines de travailleurs d’une entreprise de filature et tissage ont participé à une grève avec occupation des locaux pour réclamer des promotions en souffrance. A Quesna, également située dans le Delta, 2.000 travailleurs de l’industrie pharmaceutique se sont mis grève.

Plus de 6.000 travailleurs employés chez Suez Canal Authority à Port Saïd, Ismailia et Suez ont organisé des grèves pour réclamer des ajustements de salaire. De même, à Suez, 400 travailleurs employés par Misr National Steel Company ont initié un mouvement de grève.

Ce mouvement de la classe ouvrière égyptienne a commencé bien avant les protestations de masse au Caire qui ont débuté durant la dernière semaine de janvier. Comme l’a documenté une étude du professeur Joel Beinin, un expert de l’histoire du mouvement ouvrier égyptien, la vague de grève montante « est issue du plus vaste mouvement social que l’Egypte ait connu depuis plus de cinquante ans. Plus de 1,7 million de travailleurs ont participé à plus de 1.900 grèves et autres formes de protestations de 2004 à 2008. »

Il y a donc un face à face inévitable armée / classe ouvrière. L’Egypte est à la frontière entre une révolution sociale s’attaquant aux classes dirigeantes et détruisant l’Etat dictatorial de la bourgeoisie et une contre-révolution sanglante de l’armée... On ne peut pas rester longtemps devant un tel abime... La révolution ne fait donc que commencer en Egypte !!

Il est indiqué aussi par le fait que le nouveau pouvoir n’a pas levé l’état d’urgence.

Les manifestants qui voient dans l’action des généraux une transition vers la démocratie font un contresens total.

Le haut commandement militaire égyptien a décidé de suspendre la constitution et de dissoudre le parlement. Ce n’est pas pour revenir à des règles démocratiques mais pour tenir en main l’opposition en lui tendant un fromage.

Le Premier ministre, Ahmed Shafiq, a déclaré que la priorité des autorités était de ramener le calme et la sécurité, après dix-neuf jours de tourmente politique.

Le Conseil suprême des forces armées devrait par ailleurs publier lundi un avertissement a quiconque « crée le chaos et le désordre », a-t-on appris de source militaire. Soucieux d’un retour rapide à une vie normale, il interdira aussi les réunions organisées par des syndicats, interdisant de fait les grèves, et ordonnera à tous de reprendre le travail.

Dimanche aux premières heures, l’armée a entrepris de faire évacuer la place Tahrir afin de permettre aux voitures de circuler à nouveau autour du rond-point en ce premier jour ouvré de la semaine en Egypte.

Les manifestants étaient divisés sur l’opportunité de se conformer aux ordres de l’armée. « Le peuple veut que la place soit dégagée », scandaient certains. « Nous ne partirons pas », répondait un autre groupe. Des soldats, dont certains armés de matraques, ont repoussé les manifestants et rouvert la place à la circulation automobile.

Le conseil militaire annonce que son chef, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, représentera l’Egypte à l’étranger et réaffirme que l’Egypte reste engagée par ses traités et obligations internationaux. Les militaires, à qui Hosni Moubarak a confié les rênes du pays après son départ vendredi, ont lu un communiqué à la télévision publique. Ils y précisent qu’ils resteront au pouvoir pour une durée de six mois ou jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielle.

L’armée est intervenue, dimanche matin, pour déloger les derniers manifestants encore présents sur la place Tahrir, dans le centre du Caire.

Mais certains protestataires ont refusé de quitter les lieux et des heurts se sont produits.

Du coup, des milliers de manifestants en faveur de la démocratie ont regagné la place, symbole de la contestation qui a conduit à la chute d’Hosni Moubarak.

Ils craignent que le nouveau pouvoir militaire ne tienne pas ses promesses de réformes politiques.

Et, pour les conforter dans leurs craintes, l’armée ne fait pour l’instant pas mention de sa promesse, faite vendredi, de mettre fin à l’état d’urgence en vigueur en Égypte tout au long des trois décennies de règne de Moubarak.

« Nous ne voulons plus voir un manifestant sur la place à la fin de la journée », a déclaré Mohamed Ibrahim Moustafa Ali pendant que des soldats commençaient à démonter des tentes.

L’armée a entrepris ensuite de déloger les manifestants qui empêchaient la libre circulation des voitures, repoussant au centre du rond-point de la place les récalcitrants.

Mais des centaines d’entre-eux ont refusé de quitter les lieux, et ont été bientôt rejoints par des centaines d’autres manifestants.

Certains militaires auraient frappé des manifestants à coup de bâton pour les faire bouger.

Samedi, la Coalition pour le changement, qui réunit les groupes à l’origine du soulèvement, avait pourtant annoncé l’arrêt de l’occupation permanente de la place, tout en faisant connaître la liste de ses exigences.

La coalition demande notamment la fin de l’état d’urgence, la formation d’un conseil présidentiel et d’un gouvernement d’union nationale, la dissolution du Parlement et la mise sur pied d’une commission chargée d’écrire une nouvelle constitution. Les mesures annoncés dimanche viennent répondre en partie à ses attentes.

L’armée, appelée en renfort le 28 janvier pour épauler la police, est restée neutre au cours des manifestations ayant conduit au départ d’Hosni Moubarak.

« Les militaires sont des gens très bien, ils ne vont pas faire du mal à la population », a espéré un manifestant.

Mais le nouveau pouvoir a montré qu’il méritait la méfiance des travailleurs, des jeunes et des milieux populaires dès le premier jour en évacuant par la force des manifestants et en réprimant violemment une grève pour les salaires.

L’armée est toujours sous la domination des généraux qui sont des profiteurs du système Moubarak. L’ordre est donc le même ordre social injuste et inégalitaire. Les alliances sont les mêmes alliances avec l’impérialisme.

L’armée a répété que l’Egypte restait liée par les traités internationaux signés, un message destiné à apaiser les inquiétudes des Etats-Unis et d’Israël quant aux conséquences des bouleversements en Egypte sur les accords de paix israélo-égyptiens, qui font du Caire un partenaire incontournable des efforts de paix dans la région.

Si l’armée a démis Moubarak, c’est pour se donner les moyens d’interdire les rassemblements ouvriers et les grèves. Si la classe ouvrière doit mener la révolution sociale vers son succès, elle doit s’appuyer sur les soldats pour démettre les généraux.

La suite ...

Le rôle décisif des grèves

L’intervention de la classe ouvrière fut l’élément décisif de l’équation révolutionnaire. C’est ce qui a fini par pousser Moubarak vers la sortie. Ces derniers jours, dans tout le pays, les travailleurs et les syndicats sont entrés dans le mouvement sous leur propre drapeau, au moyen de grèves, d’occupations et de sit-in. Cela a donné une impulsion irrésistible aux manifestations de masse.

Pratiquement tous les secteurs de l’économie et de l’administration étaient touchés par cette vague de grèves : les cheminots, les travailleurs du textile, les travailleurs du pétrole, les infirmières, les médecins, les enseignants, les avocats, les employés du canal de Suez, des banques, des Télécoms, de l’industrie pharmaceutique, de l’industrie militaire, des transports, de la culture, etc. Le mouvement avait un caractère national et se répandait comme une traînée de poudre, d’heure en heure.

Nombre de ces grèves avaient un caractère économique. Forcément ! Les travailleurs avancent leurs revendications immédiates. Autrement dit, ils voient dans la révolution un moyen d’arracher, non seulement la démocratie formelle, mais aussi de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail, une meilleure vie. Ils luttent pour leurs propres revendications de classe. Et cette lutte ne s’arrêtera pas sous prétexte que Moubarak ne siège plus au palais présidentiel.

Mais ces grèves étaient également politiques. Moubarak est parti, mais les travailleurs demandaient la fin du système injuste sur lequel reposait son pouvoir. Ils posent la question de la démocratie dans les entreprises et dans les syndicats. La fédération syndicale officielle, la seule qui soit légale, soutenait Moubarak. Les grévistes exigeaient le départ de sa direction. Et le 30 janvier, une nouvelle fédération syndicale a été fondée, indépendante du pouvoir.

C’est l’armée qui gouverne l’Egypte, désormais. Mais l’armée ne contrôle pas la rue et les usines. Le départ de Moubarak a enlevé un énorme poids des épaules de la société égyptienne. Les vannes de la contestation sont ouvertes. Toutes les sections de la société vont lutter pour leurs revendications. Comment un régime militaire pourrait bien y répondre ?

« Révolution jusqu’à la victoire »

Le renversement de Moubarak n’est qu’un premier pas. La révolution entre dans une nouvelle phase. La lutte pour la démocratie n’est qu’une moitié du problème. La deuxième moitié, c’est la lutte contre la dictature des riches – la lutte pour l’expropriation des richesses de Moubarak, de la clique dirigeante et des impérialistes qui les ont soutenus pendant des décennies.

Les Américains veulent une « transition ordonnée » – c’est-à-dire sous le contrôle de la CIA. Mais il n’en sera rien. Les choses sont allées trop loin. Les masses sont debout. Le départ de Moubarak les encouragera à revendiquer davantage. En s’accrochant au pouvoir, Moubarak a radicalisé toute la situation. Les Américains manoeuvraient frénétiquement pour que Souleiman remplace Moubarak. Mais Souleiman a dû s’écarter. Le peuple ne lui fait pas plus confiance qu’à Moubarak.

Faute d’alternative, le haut commandement de l’armée a dû prendre les rênes du gouvernement. Mais malgré les apparences, les généraux sont impuissants. Le Conseil militaire a pris le pouvoir sur le dos d’une vague révolutionnaire. Les tanks et les fusils ne permettront pas de donner du travail aux chômeurs, de la nourriture à ceux qui ont faim et un logement aux sans-abri. Dans ces circonstances, l’armée voudra rendre le pouvoir à un gouvernement civil, le plus vite possible. Des élections seront sans doute organisées en septembre, ou même avant. Les candidats aux postes de Président et de Premier ministre ne manquent pas. El Baradei piaffe d’impatience, dans les coulisses.

Mais aucun des problèmes brûlants de la société égyptienne ne pourra être réglé sur la base d’une « économie de marché ». L’inflation et le chômage accablent les masses. Il y a 7 millions de chômeurs, soit 10 % des actifs. 76 % des plus jeunes sont privés d’emploi. Les salaires sont bas. La plupart des fonctionnaires gagnent aux alentours de 70 dollars par mois. Dans le secteur privé, la moyenne s’établit à 110 dollars par mois. Il y a un grave problème de logements. Des gens vivent dans les cimetières. 4 millions de personnes n’ont aucune assurance maladie. La corruption ronge le régime. 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. A présent, les travailleurs vont dire : « Nous voulons nos droits ». Or, aucun gouvernement capitaliste ne pourra satisfaire les aspirations fondamentales du peuple égyptien.

La classe ouvrière est désormais la principale force motrice de la révolution. Jusqu’alors, les revendications se concentraient sur les droits démocratiques. Mais les travailleurs donnent un contenu social au programme de la révolution. Ils voudront la mener à son terme. Hier, les travailleurs d’une usine militaire sont arrivés place Tahrir avec une bannière sur laquelle était écrit : « thawra hatta’l nasr » – « Révolution jusqu’à la victoire ». Ce ne sont pas des paroles en l’air.

La révolution égyptienne a commencé, mais elle n’est pas terminée. Pour résoudre les problèmes fondamentaux de la société égyptienne, il faudra rompre avec le capitalisme, exproprier les capitalistes et les impérialistes – et accomplir la transformation socialiste de la société. C’est à la fois possible et nécessaire. Ces derniers jours ont montré qu’aucune force au monde ne peut arrêter les travailleurs, dès lors qu’ils sont massivement mobilisés pour changer la société. C’est une leçon que la jeunesse et les travailleurs de tous les pays apprendront, tôt ou tard. La Riposte

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