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Révolte sociale en Algérie et en Tunisie

jeudi 6 janvier 2011, par Robert Paris

Tunisie

et Algérie :

vive la révolte de la jeunesse, des chômeurs et des travailleurs contre les dictatures de la misère, de la faim et des profiteurs !!!

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Il y a un lien entre les situations sociales et politiques de l’Algérie et de la Tunisie et il y a une contagion évidente entre les révoltes dans ces deux pays.

Vive la lutte des travailleurs et des chômeurs pour en finir avec les dictatures de la misère !!!

Après la Tunisie, les manifestations contre la pauvreté gagnent l’Algérie

Oran, Tipaza, Alger... Depuis lundi, la colère contre la hausse des prix a gagné plusieurs villes d’Algérie. Une colère qui se matérialise par des émeutes et des pillages. Origine de ces mouvements de protestation ? Une flambée des prix des produits alimentaires de base, comme le sucre et l’huile.

Sur les marchés d’Alger, le kilo de sucre se vend 30 à 50% plus cher qu’il y a quelques jours, rapporte Libération. Cette hausse s’explique par l’augmentation des cours des matières premières sur les marchés mondiaux - liée aux catastrophes naturelles commes les incendies en Russie ou les inondations en Europe centrale - mais une partie de la population algérienne accuse les importateurs et intermédiaires locaux d’exagérer l’augmentation des prix. A cela s’ajoute le chômage des jeunes, dans un pays où les moins de 30 ans représentent 75% de la population et sont sans emploi pour 20% d’entre eux.

La jeunesse est de nouveau descendue dans les rues d’Algérie pour protester avec violence contre la vie chère, le manque de logements et le chômage. ...

Hier, des centaines de jeunes des communes entourant la ville de Boumerdès, à une soixantaine de kilomètres à l’est d’Alger, mais aussi à Béjaia (plus à l’est, à 260 km de la capitale) ont bloqué les principales routes régionales pour crier leur colère.

Dans la nuit de mercredi à jeudi à Bab el Oued, le quartier populaire du vieux centre d’Alger, des dizaines de jeunes ont attaqué le commissariat local à coups de pierres. Ils ont également saccagé et incendié nombre de magasins, dont celui du concessionnaire Renault, réduisant en carcasses une dizaine de véhicules.

Malaise social profond

En plein Alger, en milieu d’après-midi, la quasi-totalité des commerces avaient baissé leurs rideaux, bien plus tôt qu’à l’accoutumée en veille de week-end.

Cette poussée de fièvre est également observée en Tunisie où grèves et manifestations de rue se suivent depuis le 19 décembre, entraînant des arrestations.

Elles témoignent d’un malaise social profond, aggravé par la crise économique et l’usure des élites politiques.

Il y a des points communs entre les deux pays, ainsi qu’avec le Maroc voisin. Leurs économies ne parviennent pas à offrir des perspectives aux jeunes, souvent diplômés, qui arrivent sur le marché du travail.

Le Tunisien de 26 ans qui s’était immolé par le feu en décembre et qui est mort mardi des suites de ses blessures était l’un de ces jeunes diplômés. Il était vendeur ambulant, faute de mieux, et sa marchandise venait d’être confisquée par la police.

La crise mondiale est venue s’ajouter à ces difficultés, de même que la hausse des prix alimentaires qui, dans ces pays, sont pourtant subventionnés par l’ État. Après les manifestations en Algérie, le gouvernement vient d’assurer que « l’État continuera à subventionner les produits » de première nécessité.

Crise du pouvoir

En outre, l’Algérie et la Tunisie sont deux pays qui ont des systèmes politiques en crise, avec deux présidents - Abdelaziz Bouteflika et Zine el Abidine Ben Ali - qui approchent de la fin de leur carrière, en l’absence de relève.

Pour les trois pays, il faut aussi désormais prendre en compte la dimension Internet et le possible effet de contagion.

« Les gens sont toute la journée sur l’Internet, sur Facebook, et les Algériens voient très bien ce qui se passe en Tunisie », relève Pierre Vermeren, maître de conférence à l’université Paris I, qui souligne aussi le rôle de la chaîne Al-Jazirah dans la diffusion de l’information au Maghreb.

Algérie : multiplication des manifestations contre la pauvreté

Emeutes à Bab el Oued

Envolée des prix de l’alimentaire, chômage éternellement élevé, jeunesse qualifiée sans débouchées… La croissance, qui repart malgré tout, ne profite qu’à une minorité.
La jeunesse est de nouveau descendue jeudi dans les rues de l’Algérie pour protester avec violence contre la vie chère, le manque de logements et le chômage dans ce pays riche en hydrocarbures, selon des témoins et la presse.

Des centaines de jeunes des communes entourant la ville de Boumerdès, à une soixantaine de km à l’est d’Alger, mais aussi à Béjaia (plus à l’est à 260 km de la capitale) ont bloqué les principales routes régionales pour crier leur colère, a rapporté le journal El-Watan en ligne, selon lequel les autorités y ont envoyé "d ?importants convois de forces anti-émeutes".

Dans la nuit de mercredi à jeudi à Bab el Oued, un quartier populaire du vieux centre d’Alger, des dizaines de jeunes qui ont attaqué le commissariat local à coups de pierres. Ils ont également saccagé et incendié nombre de magasins dont celui du concessionnaire de Renault réduisant en carcasses une dizaine de véhicules, a constaté un photographe de l’AFP.

Que ce soit à Alger, mais aussi dans des villes aussi lointaines (430 km à l’ouest) qu’Oran, le modus operandi a été le même.

En plein Alger, jeudi en milieu d’après-midi, la quasi-totalité des commerces avaient baissé leurs rideaux, bien plus tôt qu’à l’accoutumée en veille de week-end. Une boutique de chaussures de luxe de la rue très prisée de Didouche Mourad a même vidé son commerce : "on ferme en attendant de voir ce qui va se passer", a lancé un employé.

L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a reconnu que "l’augmentation des prix relevée ces derniers jours est forte, car il s’agit de hausses de 20 voire de 30%". Selon l’UGCAA, les prix notamment du sucre et de l’huile ont "fortement" augmenté début janvier.

Mercredi, le ministre du Commerce Mustapha Benbada affirmait que l’"Etat continuera à subventionner les produits" de première nécessité.

D’autres manifestations éclatent depuis des mois par petits groupes un peu partout dans le pays pour dénoncer aussi l’absence de logements sociaux, les passe-droits et la corruption. Dans le même temps, des bidonvilles illégaux sont rasés.

A l’aube de son troisième mandat, en 2009, le président Abdelaziz Bouteflika s’était engagé à construire un million d’appartements manquants depuis le séisme de 2003 et le triplement de la population (35,6 millions d’habitants) depuis l’indépendance en 1962.

10.000 habitations ont été livrées en 2010 à Alger.

Actuellement, 75% des Algériens ont moins de 30 ans et plus de 20% des jeunes sont chômeurs, selon le FMI.

Cette situation les fait fuir vers l’Europe. Faute de visas, ils partent en haute mer au risque de leur vie et toutes les semaines, les tentatives de dizaines d’entre eux échouent.

Mohammed Saib Musette, sociologue du Centre de recherches de l’économie appliquée au développement (CREAD), tire la sonnette d’alarme. "Je crains que la situation s’embrase", a-t-il souligné à l’AFP, alors que le pays est en Etat d’urgence depuis la décennie noire anti-islamiste des années 90.

"Il y a un effet de contagion notamment quand on pense à ce qui se passe avec la Tunisie" (où des manifestations violentes depuis décembre ont fait quatre morts), selon M. Musette, même si "la situation n’est pas semblable". "Il y a plus de libertés ici", compare-t-il, et "l’Algérie est un pays très riche" grâce à ses hydrocarbures.

Contrairement aux émeutes de 1988 survenues alors que les caisses de l’Etat algérien étaient vides, le gouvernement a annoncé fièrement que le pays disposait de 155 milliards de dollars de réserves en devises à la fin décembre et que ses recettes en hydrocarbures avaient atteint 55,7 milliards de dollars.

Révolte sociale et politique en Tunisie

Après la mort mardi du jeune home de Sidi Bouzid qui s’était immolé par le feu, la contestation ne cesse de s’étendre. Au lendemain de ses obsèques plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Sidi Bouzid. Une femme et ses trois enfants ont grimpé sur un pylône électrique menaçant de se donner la mort pour obtenir un emploi et un logement. La foule a défilé dans les rues de la ville, "Adieu Mohamed nous te vengerons !", "ton sang n’aura pas coulé pour rien", "Nous te pleurons ce jour, nous ferons pleurer ceux qui ont causé ta perte", ont scandé les habitants, a ajouté ce témoin présent dans le cortège. A Regueb, près de Sfax, Hamed Slimi, 26 ans, un chômeur a menacé de se suicider par électrocution du haut d’un pylône électrique pour dénoncer la corruption et l’inégalité face à l’emploi, avant de se faire promettre du travail par les autorités locales. A Metlaoui, zone minière théâtre de troubles sociaux en 2008, un jeune chômeur, Mosbah Al Jawhari, s’est immolé et a été transféré dans l’hôpital de Tunis. Enfin, à Chebba, une localité du centre-est, Mohamed Slimane, 52 ans, un ouvrier du bâtiment, père de quatre enfants dont deux diplômés de l’université sans emploi, a été retrouvé pendu mardi dernier, a indiqué un témoin. Selon Nizar Belhassine, l’homme atteint d’insuffisance rénale avait désespéré de recevoir une aide pour se soigner et nourrir sa famille.

Les manifestations se multiplient dans le pays, révélant l’ampleur de la crise sociale qu’il traverse. Cette révolte inédite sonne comme un avertissement pour le régime de Ben Ali.

Les troubles sociaux continuent d’ébranler la Tunisie. Signe que la contestation touche toutes les couches de la société civile, au-delà des jeunes qui en sont le fer de lance, les avocats du pays ont observé hier une grève générale. Dans le même temps, de nouvelles manifestations contre la vie chère et le chômage ont eu lieu dans plusieurs villes et des rassemblements de soutien ont été organisés un peu partout en Europe.

Depuis trois semaines et malgré la répression, les tensions, qui ont fait quatre morts, restent vives. Tout a commencé le 17 décembre à Sidi Bouzid, une ville du centre, lorsqu’un marchand ambulant, diplômé de 26 ans, s’est immolé par le feu pour protester contre la confiscation de sa marchandise. Mohamed Bouazizi est mort mardi des suites de ses brûlures. Son acte de désespoir, devenu le symbole d’une jeunesse sans perspectives, aura été l’élément déclencheur des manifestations.

Au centre des revendications : le taux de chômage des jeunes diplômés, un fléau, mais aussi la chape de plomb qui pèse sur les libertés publiques ou la corruption ambiante. « Le malaise n’est pas nouveau, déplore Kader Abderrahim, chercheur à l’Iris spécialiste du Maghreb : les émeutes de Gafsa, en 2008, portaient déjà sur les mêmes thèmes. Le régime avait misé sur l’émergence d’une classe moyenne importante pour contrôler la situation, on voit que ce n’est plus le cas. »

Ces mouvements peuvent-ils déboucher sur un embrasement général et ébranler le pouvoir du président Ben Ali, qui règne d’une main de fer depuis 23 ans ? « C’est la question que tout le monde se pose, mais je n’y crois pas, estime Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) : la répression policière risque de faire rage et la communauté internationale reste désespérément sourde. »

QUELLES PERSPECTIVES DE LA RÉVOLTE EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE ?

Il faut d’abord rappeler que les sociétés algérienne et tunisienne ne sont pas pauvres, ce sont les citoyens qui le sont. mais il y a des classes dirigeantes très prospères. Il y a également des travailleurs qui ont une force sociale considérable. Il leur manque des organisations politiques capables de s’attaquer au système social et politique.

la suite...

Les riches ne manquent pas et ils se portent bien...

D’un côté le luxe et de l’autre la misère

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Messages

  • Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont repris vendredi à Alger tandis que de violents incidents ont éclaté à Annaba, dans l’est de l’Algérie, où des manifestants ont affronté la police, ont constaté des correspondant de l’AFP.

    A Alger, dans le quartier populaire de Belouizdad (Belcourt), des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse et lourdement armés, selon ces sources.

    Les policiers se sont opposés aux manifestants en faisant usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

    A Annaba, épargnée jusqu’à présent par la contestation qui s’est étendue depuis son début à une dizaine de départements, de violents incident ont éclaté après la grande prière du vendredi dans le quartier populaire dit "gazomètre", selon un correspondant de l’AFP

    Les incidents ont commencé vers 15H00 (14H00 GMT) quand des centaines de jeunes se sont mis à lancer une pluie de pierres contre des policiers déployés depuis la veille, notamment autour des bureaux de la wilaya (département).

    Les échauffourées se sont ensuite étendues à la cité voisine des Lauriers-Roses avant que les manifestants ne coupent avec des barricades la principale artère menant vers le Centre hospitalier universitaire de la ville, selon la même source.

    A Oran, la grande métropole de l’ouest algérien, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi soir, les échauffourées ont repris vendredi après-midi dans la quartier du Petit-Lac, à quelque 2 km de la ville.

    Des dizaines de jeunes ont attaqué avec des pierres des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes, selon un correspondant de l’AFP.

    Depuis plus d’une semaine, de petits groupes de jeunes dénoncent un peu partout dans le pays ce qu’ils appellent leur "mal-vivre", que ce soit faute d’emploi -plus de 20% des jeunes sont chômeurs- ou faute de logements.

    Les jeunes —les moins de 30 ans constituent 75% des 35,6 millions d’Algériens— dénoncent aussi pèle-mêle la cherté de la vie, les passe-droits et la corruption.

  • Après la Tunisie, c’est au tour de l’Algérie de se soulever contre la vie chère, le chômage, le manque de perspectives. Depuis mercredi, plusieurs quartiers d’Alger se sont embrasés. Violente, la révolte a également touché d’autres villes du pays. Les matchs de foot ont été annulés. Revue de presse des deux côtés de la Méditerranée.

    A l’origine de ces soulèvements, une rumeur. Mardi, un bruit court dans les rues de Bab El Oued, quartier populaire d’Alger. Le quotidien algérien El Watan le précise :

    « Une descente de police serait prévue pour déloger tous les vendeurs à la sauvette qui squattent les trottoirs. »

    En réaction, dès mercredi, plusieurs quartiers de la capitale se sont embrasés. A Bab El Oued, quartier populaire du centre d’Alger d’où est parti l’insurrection, des jeunes sont descendus dans la rue pour scander des slogans hostiles au pouvoir. Comme le montre le diaporama du Monde.fr, certains ont attaqué le commissariat du quartier en jetant des pierres.

    Les émeutes se sont étendues jeudi à des quartiers périphériques de la ville. Le Figaro souligne :

    « Le quartier huppé d’El Biar situé sur les hauteurs [d’Alger] a été pris d’assaut par une quarantaine de jeunes armés de sabres qui se sont attaqués à de nombreuses boutiques. »

    Une protestation violente

    Le soulèvement se démarque de la Tunisie par la plus grande violence des émeutiers. Un épicier a raconté à Libération :

    « La police a jeté des gaz lacrymogènes sur eux et a même tiré des balles à blanc. Et puis, certains jeunes en ont profité pour tout détruire. Ils ont cassé des vitrines et ont pris de l’argent des produits. »

    Sur YouTube, de nombreuses vidéos postées prouvent les altercations qui ont opposé les jeunes et les forces de l’ordre :

    La protestation a également gagné d’autres villes du pays : Tipaza, Bourmedes, Bejaia ont été le théâtre d’émeutes. Dès mercredi, des protestations ont aussi éclaté à Oran, dans l’Ouest du pays. Liberté, quotidien national algérien, décrit :

    « Rapidement, la chaussée sera recouverte de pneus qui seront incendiés, de blocs de pierre et autres objets hétéroclites empêchant tous les véhicules de passer. A coups de pierres, les jeunes manifestants s’en prirent à certains automobilistes et au mobilier urbain. »

    Routes barrées, matchs de football annulés

    Divers axes routiers ont été barrés par les émeutiers. Le quotidien en ligne Tout sur l’Algérie (TSA) a déclaré que le 6 janvier que l’ouest de l’Algérie était coupé de la capitale :

    « Il est impossible de gagner l’ouest algérien en voiture ou par train. Tous les trains à destination de l’ouest (Blida, Chlef, Oran, Tlemcen…) ont été annulés par la SNTF. L’autoroute Est-Ouest est coupée à plusieurs endroits dans la wilaya de Blida. »

    Le site Internet du journal Le Matin Dz a annoncé que les matchs du championnat national de football qui devaient se dérouler ce week-end ont été reportés.
    Une soudaine hausse des prix

    Depuis plusieurs jours, la grogne s’était fait sentir sur les marchés algériens. A l’origine des protestations se trouve en effet une hausse soudaine des denrées alimentaires. El Watan précise :

    « Les prix des produits de première nécessité tels que le sucre, l’huile, la farine et les céréales ont enregistré une “forte” augmentation, allant de 20% à 30% pour certaines de ces denrées. »

    Ce bond des prix est dû à la flambée des cours des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux. En effet, l’Algérie importe beaucoup.

    Le pouvoir, resté silencieux pendant plusieurs jours, s’est enfin exprimé ce vendredi. El Watan reprend la déclaration du ministre du Commerce Mustapha Menbada :

    « Un Conseil interministériel se tiendra demain samedi pour examiner les moyens de juguler la forte hausse de prix de certains produits de large consommation enregistrée ces derniers jours. »

    Corruption et chômage des jeunes

    Selon Ouest-France, c’est aussi la frustration des Algériens, impuissants devant la corruption de leurs dirigeants, qui les a poussé à descendre dans la rue :

    « Malgré la manne pétrolière qui a généré un confortable matelas de 155 milliards de dollars (119 milliards d’euros) de réserves de change, la redistribution déséquilibrée de la rente a engendré de légitimes frustrations.

    Alors que les barons du régime et leurs clientèles ne cessent de défrayer la chronique de la corruption en affichant un train de vie agressif, les couches populaires continuent de tirer le diable par la queue. »

    Comme en Tunisie, c’est la jeunesse qui est descendue dans la rue : Ouest-France évoque « la grogne d’une jeunesse sans perspectives », dont une grande partie est sans emploi. Selon le FMI, 75% des Algériens ont moins de 30 ans, et 20% des jeunes sont au chômage.
    Les révoltes de 1988, souvenir omniprésent

    Quand ils évoquent les soulèvements actuels, les médias algériens font unanimement référence aux émeutes de la faim survenues en 1988, à l’issue desquelles avait eu lieu une ouverture politique qui avait bénéficié aux islamistes.

    Le même terreau existe actuellement, affirme TSA :

    « La situation actuelle présente de troublantes similitudes avec celle qui a précédé octobre 1988. »

    En plus des pénuries et de la hausse des prix, il y a, selon ce média tunisien, l’existence de rumeurs sur le pouvoir en place. Selon certains, les « absences prolongées » du président Abdelaziz Bouteflika présageraient de sa mauvaise santé et de la fin de son règne.

    Pour d’autre, il s’agit d’une stratégie pour « se replacer dans un jeu politique qui commence à lui échapper ». Selon le journal, les interrogations sur le pouvoir « suggèrent que la course à la succession est presque officiellement ouverte. »

    Après une matinée d’acalmie, les émeutes ont repris le 7 janvier dans l’après-midi.

  • De nouvelles émeutes contre la cherté de la vie et le chômage ont éclaté vendredi à Alger et dans l’est de l’Algérie, où la présence policière a été renforcée aux abords de mosquées et sur les grandes artères des principales agglomérations.

    Un journaliste de Reuters a constaté le maintien d’effectifs importants de policiers en tenue anti-émeutes et équipés de grenades lacrymogènes et de matraques autour des principales mosquées et avenues d’Alger.

    Dans le quartier populaire de Belcourt, les troubles ont repris après la prière hebdomadaire. Des jeunes gens ont lancé des pierres sur les policiers et bloqué des accès.

    Selon l’agence de presse officielle APS, des manifestants ont saccagé dans la nuit des édifices publics, des succursales de banque et des bureaux de poste dans plusieurs villes de l’Est, dont Constantine, ainsi qu’à Jijel, Sétif et Bouira.

    "L’agitation a repris à Ras el Oued vendredi matin (...) Des édifices d’intérêt public ont été gravement endommagés comme ceux de la Sonelgaz, des sièges communaux, de la direction des impôts (...) ainsi que plusieurs établissements scolaires", écrit l’APS.

    Des émeutes ont également éclaté vendredi après-midi à Annaba, à un demi-millier de km à l’est d’Alger, et à Laghouat, à 700 km au sud, d’après le récit de témoins.

    Les cités pétrolières du Sud sont, en revanche, épargnées pour le moment. "Tout est normal à Hassi Messaoud, le calme règne", a déclaré un habitant du plus grand centre pétrolier du Sahara algérien joint par téléphone.

    La Fédération algérienne de football a, de son côté, annoncé le report des matches de championnat de vendredi pour éviter la tenue d’éventuels rassemblements, proscrits dans le pays depuis l’instauration d’un état d’urgence en 1992.

    "DÉSIR DE CHANGEMENT"

    Pour des analystes, ces troubles sont loin pour le moment de plonger le pays dans l’agitation politique des années 1990 qui avait été le prélude à dix ans d’une guerre civile sanglante.

    En début de semaine, des centaines de jeunes se sont affrontés aux forces de l’ordre dans plusieurs villes et ont saccagé des magasins dans la capitale.

    Mercredi, les policiers anti-émeutes ont dispersé à l’aide de gaz lacrymogènes des jeunes gens dans le quartier de Bab el Oued, théâtre des plus violents heurts.

    Les prix de la farine et de l’huile de table ont doublé ces derniers mois pour atteindre des niveaux record. Le kilo de sucre, qui valait 70 dinars il y a quelques mois, en coûte désormais 150.

    Peu après les premières émeutes, mercredi soir, dans la capitale, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait déclaré aux médias d’Etat que les prix du sucre et de l’huile de table baisseraient "dans les jours qui viennent".

    Le conseil des ministres, a annoncé vendredi la radio publique, se réunira samedi en séance extraordinaire pour débattre de la question des prix.

    Le taux de chômage se situe officiellement autour de 10%, près de 25% à en croire des organisations indépendantes. Les statistiques officielles font état d’un taux d’inflation de 4,2% en novembre après avoir atteint 5,1% en juillet 2010.

    "Sans une force politique ou sociale derrière les émeutiers, ce sera très difficile pour ce mouvement spontané de durer", estime Mohamed Lagab, analyste politique et maître de conférence à l’université. Pour lui, les Algériens expriment à travers ces émeutes un désir de "changement, de liberté et de développement".

    Les islamistes salafistes se sont déclarés hostiles au mouvement en cours. "Nous sommes contre des soulèvements. Ce n’est pas la meilleure façon de changer les choses", a déclaré le cheikh Abdelfateh Zeraoui, un prédicateur salafiste réputé à Alger.

    Le gouvernement a, pour sa part, annoncé un plan d’investissement d’un montant de 286 milliards de dollars dans les quatre ans à venir visant à créer des emplois et à améliorer les conditions de vie. Le président Abdelaziz Bouteflika a également promis un million de nouveaux logements d’ici 2014.

  • Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont repris vendredi en Algérie, notamment à Alger et Oran, et se sont étendus dans l’est du pays et en Kabylie, malgré les appels au calme des autorités et de plusieurs imams.

    Un Conseil interministériel est par ailleurs prévu samedi pour examiner les moyens de juguler la flambée des prix des produits de base, à l’origine depuis une semaine des émeutes dans le pays, avec notamment de violentes manifestations jeudi.

    A Alger vendredi après-midi dans le quartier populaire de Belouizdad (Belcourt), des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse et lourdement armés, selon des correspondants de l’AFP.

    Les policiers se sont opposés aux manifestants en faisant usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

    A Annaba, épargnée jusqu’à présent par la contestation qui a touché une dizaine de départements, de violents incidents ont éclaté après la grande prière du vendredi dans le quartier populaire dit "gazomètre", selon un correspondant de l’AFP.

    Les incidents ont commencé vers 15H00 (14H00 GMT) quand des centaines de jeunes se sont mis à lancer une pluie de pierres contre des policiers déployés depuis la veille, notamment autour des bureaux de la wilaya (département).

    Les échauffourées se sont ensuite étendues à la cité voisine des Lauriers-Roses avant que les manifestants ne coupent avec des barricades la principale artère menant vers le Centre hospitalier universitaire de la ville, selon la même source.

    En fin de journée, les manifestants ont saccagé les sièges de la direction de l’hydraulique et d’un institut de la formation professionnelle avant de dérober leurs équipements, a précisé un correspondant de l’AFP.

    A 230 km plus à l’est, des affrontements ont aussi éclaté à Tebessa, ville toute proche (50 km) de la Tunisie, elle-même déchirée par des tensions sociales très vives depuis trois semaines.

    Des manifestants ont attaqué une maison de jeunes du centre-ville où ils ont dérobé du matériel informatique et ont pu échapper à la police, tandis que les incidents s’étendaient à d’autres quartiers.

    A Oran, la grande métropole de l’ouest algérien, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi soir, les échauffourées ont repris vendredi après-midi dans le quartier périphérique du Petit-Lac.

    Des dizaines de jeunes ont attaqué avec des pierres des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes, selon un correspondant de l’AFP.

    A Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie (est d’Alger), de violents heurts ont opposé des jeunes du quartier des Genêts et des policiers qui ont fait usage de grenades lacrymogènes, selon des habitants.

    Les manifestants ont également coupé plusieurs rues de la ville avec des barricades. A Béjaïa (250 km à l’est d’Alger), les émeutes, qui avaient secoué jeudi la localité d’Akbou, où les manifestants avaient attaqué un tribunal, ont gagné les villes voisines de Tazmalt et Sidi Aïch, selon des résidents.

    Depuis plus d’une semaine, de petits groupes de jeunes dénoncent un peu partout dans le pays ce qu’ils appellent leur "mal-vivre", que ce soit faute d’emploi -plus de 20% des jeunes sont chômeurs- ou faute de logements.

  • L’« incendie » ne s’éteint pas en Algérie. Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont repris, hier, dans la plupart des grandes villes du pays.

    De notre correspondant à Alger.
    « Le pouvoir est déconnecté de la dure réalité sociale de la population. Il ne réagit que lorsqu’il y a de la casse ! »Difficile pour ce jeune participant aux émeutesde donner entièrement tort aux commerçants clandestins qui les ont déclenchées pour protester contre la décision des autorités d’interdire la vente sur les trottoirs.« Le pouvoir veut lutter contre le commerce informel, c’est une bonne chose, mais il doit d’abord offrir du travail aux jeunes », dit-il.

    « La mal vie et la misère »

    Devant le commissariat de police du quartier populaire de Bab el Oued, d’où est partie la contestation, des familles de jeunes arrêtés tiennent un rassemblement pour exiger la libération de leurs enfants.« Les vrais casseurs n’ont pas été arrêtés. Nos enfants ont voulu protester contre la mal vie et la misère », affirme une femme, venue apporter de la nourriture à son fils de 18 ans en garde à vue.

    Rumeurs de pénurie

    De fait, les émeutes qui se sont poursuivies, hier, pour le troisième jour, sont devenues le moyen préféré de la population pour exprimer son ras-le-bol de la cherté de la vie. La hausse des prix, notamment sur le sucre et l’huile, s’est accompagnée de la pénurie de lait et de la rareté de la farine, sur fond de rumeurs sur le retour massif des pénuries de produits alimentaires. Et pas seulement à Alger, où les affrontements ont repris, en fin d’après-midi, dans les quartiers Belcourt, au centre-ville, et Bordj el Bahri, à l’est. À Bejaia, en Kabylie, les manifestants ont fermé plusieurs routes. À Annaba, épargnée jusqu’à présent par la contestation, de violents incidents ont éclaté après la grande prière. À Oran, deuxième ville du pays, une marche de protestation a été entamée dans le centre-ville, bouclée par d’importantes forces de police. Les manifestants ont commencé à brûler les poubelles, les pneumatiques usagés et à casser les abris des arrêts de bus. À l’est des affrontements ont aussi éclaté à Tebessa, ville toute proche (50 km) de la Tunisie, elle-même déchirée par des tensions sociales très vives depuis trois semaines. Des protestations sans banderoles ni leader qui n’ont pas fait de mort, mais des dégâts matériels importants.

    « C’est le peuple qui va payer »

    À Oran, la police a reçu l’instruction de ne pas intervenir, laissant la rue aux émeutiers, qui brûlent et saccagent les édifices publics. Elle a toutefois renforcé sa présence, notamment autour des maisons des hauts responsables de l’État. Lors de la grande prière hebdomadaire, les imams d’Algérie ont appelé au calme. « La sérénité et le calme sont de grandes grâces d’Allah. Il faut les préserver », a lancé un prédicateur dans un sermon retransmis en direct par la radio nationale. L’imam, dont l’identité n’a pas été précisée, suit dans son discours une ligne définie par le ministère des Affaires religieuses car en Algérie l’islam est religion d’Etat. Les Algérois sont partagés sur les émeutes et la casse.« Je suis contre la destruction, c’est le peuple qui va payer après les réparations. On peut revendiquer pacifiquement les choses », affirme un commerçant. La France a appelé hier ses ressortissants résidant ou voyageant en Algérie à observer des mesures de précaution. Près de 35.000 Français sont recensés en Algérie dont 90% de binationaux.

  • Et au Maroc ?

    Le chômage se propage. Il était suffisamment structurel, dans des proportions formellement encadrées par les statistiques de l’État ; il devient un produit de conjoncture, encore plus fou et plus difficilement maîtrisable. Il est situé, au bas mot, à 25% de la population active, celle qui est, démographiquement et légalement, en âge de travailler. Encore faut-il ne pas y comptabiliser les enfants et les adolescents sur-exploités en tant qu’apprentis. Avec tout le respect que l’on doit à Ahmed Lahlimi, les 9 ou 10% de chômeurs officiellement reconnus, n’est pas une barre crédible. Dans la mesure où n’est chômeur que celui qui se déclare comme tel. Exit donc l’armada des gardiens de voitures, cireurs de chaussures et les 200.000 mendiants recensés par les services de Nezha Skalli. À moins qu’il ne leur passe par la tête de faire grève, ces marginaux, qui vivotent et survivent, n’ont pas droit de cité dans les tablettes statistiques du chômage. Contrairement aux diplômés chômeurs qui ont, eux, l’insigne honneur d’un tabassage régulier, en récompense de leur visibilité.

    Grogne
    En définitive, que peut-on donner d’autre à un chômeur, formel ou informel récent ou endurci, à se mettre sous la dent qu’un discours d’un lendemain meilleur qui n’arrive jamais et qui donne creux au ventre autant qu’il met à mal la raison de vivre ! Les sans-emploi ne les ayant jamais eues ou les ayant perdues, sont en déshérence sociale à défaut d’encadrement politique et syndical. Tout porte à croire que la pléthore de centrales syndicales de même que la multiplicité à l’infini de partis politiques, n’ont d’yeux que pour leur “mourid” (adeptes utilitairement inconditionnels). Une maladie infantile qui mine notre crédibilité représentative syndicalo-politique, l’un dans l’autre ou séparément.
    Entre temps, la ménagère est prise à la gorge et son panier, lui, est pris en otage au prorata d’un porte-monnaie à bout de souffle. Les prix flambent. Le coût de la vie s’est complètement déconnecté du pouvoir d’achat. On en arrive au point que les légumes deviennent hors de portée du Marocain moyen moins ou même moyen plus.
    C’est à désespérer de devenir végétarien. Cela reviendrait beaucoup trop cher. Ou bouillir la marmite dans une chambre à un minima de mille dirhams de loyer, avec sanitaire commun et la proximité asociale en prime ! Le smig à 1.850 dirhams et le chômage endémique à zéro revenu, y sont pour beaucoup dans cette situation déplorable qui gangrène notre corps social. Le problème, c’est que les notables qui président à notre destinée locale et nationale, élective ou quasiment prédestinée, calculent la dangerosité de ce contexte à l’aune de leur longévité politique ou du bail de leur prise en charge de la chose publique.
    Sous un ciel, à la fois ombrageux, clément et généreux, la grogne monte du tréfond d’une société en quête d’espérance.
    Une attente que l’institut britannique qui nous a sondés a calculée en termes de risque de déflagration sociale. Nous avons été ainsi classés au 98ème rang, sur un total de 164 pays. Nous avons été affectés d’un taux de risque plus élevé que la Tunisie, l’Egypte ou encore la Jordanie ; mais moins que le Syrie, l’Arabie Saoudite, ou l’Algérie. Au terme de ce classement, le Maroc aura quand même régressé, du point de vue du risque social, par rapport à 2007. Sa vulnérabilité, ainsi calculée selon des paramètres qui se veulent objectifs, a pour principal appui sa fragilité sociale. Voilà une référence qui ne laisse pas indifférent, à moins que l’on soit atteint de tropisme politique ou d’amnésie sociétale. Les émeutes sanglantes du 20 juin 1981 sont encore dans toutes les mémoires. Les aînés, pas si vieux qui ça, les ont racontées aux cadets.
    Il ne s’agit pas de faire du sensationnalisme alarmiste, mais on n’en est pas loin, au regard de tous les indicateurs de risque d’explosion sociale, qu’à Dieu ne plaise. Il serait, tout de même, proprement affligeant que l’on en arrive à une nouvelle révolte du pain, de type agraire en milieu urbain, façon XVIIIème ou XIXème siècle, alors que l’on clame haut et fort l’avènement d’un Maroc de solidarité et de modernité. Un vœu qui tarde à se matérialiser, au-delà de toutes le conjonctures.

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