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Mouvement des retraites en France : quelle est la politique de l’extrême gauche et que devrait être une politique des révolutionnaires ?

samedi 16 octobre 2010, par Robert Paris

Mouvement des retraites en France : quelle est la politique de l’extrême gauche et que devrait être une politique des révolutionnaires ?

Dans l’article à venir nous allons étudier l’intervention politique des groupes d’extrême gauche (NPA, POI, LO, Fraction,...) dans les luttes actuelles en France et en faire la critique.

Pour commencer, il faut donner une idée de ce qui nous semble essentiel dans une politique des révolutionnaires dans la situation présente.

Les centrales syndicales ne sont à l’évidence dirigées par aucun groupe d’extrême gauche. Ils ne sont donc pas responsables de ce qu’elles font, qu’il s’agisse de SUD, de FO, de la CGT et encore moins des autres centrales. Les groupes en question ne sont responsables que de leur propre politique. Nous ne prenons comme critère aucune calomnie sur eux mais seulement ce que eux-mêmes déclarent et défendent par écrit.

Le premier point, non le moindre, est de considérer qu’un groupe révolutionnaire devrait exposer l’enjeu de la lutte. Cela peut paraître évident mais il semble que cela ne l’est pas...

Faire croire que l’on lutte contre une loi de Sarkozy, c’est déjà se tromper ou tromper les travailleurs. Notre adversaire n’est pas un homme de droite ni une partie de la droite. C’est toute la classe dirigeante ce qui est très différent...

Une autre tromperie consisterait à croire qu’il y aurait une autre politique acceptable dans le cadre de la bourgeoisie. Elle est liée à une troisième qui efface la crise mondiale comme si cela n’avait rien à voir avec le fait que partout en Europe sinon dans le monde les retraites sont attaquées.

C’est le jeu de la social-démocratie et des centrales syndicales de faire croire cela. Pour le réformisme, c’est compréhensible mais pas pour des révolutionnaires.

Nous sommes devant la plus grande crise du système capitaliste. Les politiques de rigueur n’ont rien d’un jeu, rien d’un bras de fer avec le seul Sarkozy. Faire reculer la classe capitaliste dans ces conditions ne se limite pas à faire un mouvement comme celui du CPE ni comme celui de 1995. Les enjeux ne sont pas les mêmes car la situation ne l’est pas.

Il faut rajouter que, même la volonté de faire reculer Sarkozy devrait signifier non pas faire croire qu’on va se "faire entendre" en étant nombreux mais qu’on veut frapper fort la classe dirigeante pour qu’elle craigne la suite et, du coup, que la classe dirigeante elle-même crie holà à Sarkozy.

On ne trouve rien de tout cela dans ce que les organisations précédemment citées écrivent et diffusent ces derniers jours aux travailleurs. Nous le montrerons en citant leurs propos.
Et c’est loin d’être le seul problème, comme on va le voir...
Les centrales syndicales mènent tout un jeu trompeur dans ce mouvement et une des tâches des révolutionnaires devrait être de le démasquer.

Par exemple, elles prétendent avoir trouvé une tactique génial consistant à ne pas faire grève dans le privé parce que cela gène les travailleurs face à leur patron, en se contentant de manifester le samedi (merci spécial à la CFDT pour cette "trouvaille" et à l’intersyndicale pour la diffuser). Même si bien des travailleurs ont cru honnêtement à cette fausse bonne idée, on se serait attendu que les révolutionnaires la récusent, mais on attend toujours...
Ce n’est qu’un détail car aucune des tactiques géniales des chefs syndicaux pour tromper la lutte n’est démasquée par nos camarades d’extrême gauche.

Quand les centrales s’en tenaient aux journées d’action, ils se contentaient de réclamer "une suite". Des dizaines de journées d’action inutiles étaient des tromperies qui ne leur suffisaient pas puisqu’il en demandaient la suite. Ils répondaient : il faut bien construire la mobilisation mais les centrales, elles, ne se servaient nullement de ces journées pour construire quoique ce soit, puisque les travailleurs après avoir été promenés retournaient dans leurs entreprises aussi démunis et désorganisés qu’avant. Et ces groupes qui ne mettaient pas en avant cette nécessité (s’organiser indépendamment des centrales) ne construisaient pas autre chose que le suivisme vis-à-vis de la politique des centrales.

Bien des choses auraient permis, sans se retirer des journées, de montrer aux travailleurs qu’il était nécessaire d’être méfiants. Par exemple, la soi-disant unité de l’intersyndicale alors que, sur les revendications concernant les retraites, les centrales n’ont aucun accord. La CFDT qui avait soutenu les gouvernants dans les attaques sur les retraites serait-elle devenue radicale ? On sait notamment que le rapprochement CGT-CFDT est loin de signifier une radicalisation des deux mais une tentative de fusion dans le cadre de la confédération des syndicats européens, tout ce qui a de plus à droite !

Ou encore maintenant la technique consistant à laisser des secteurs seuls entrer en grève sans lancer aucun appel national à la grève générale en se camouflant derrière la démocratie et la décision des travailleurs eux-mêmes.

Comme si les secteurs de l’énergie et des transports allaient à eux seuls permettre de gagner ! Comme si bloquer remplaçait la lutte d’ensemble !

Pour en venir à la situation actuelle, on trouve un discours enthousiaste selon lequel on va vers mai 68, comme si ces centrales pouvaient mener, même involontairement à une telle chose !
Certains militants de ces groupes peuvent dire qu’ils savent tout cela mais qu’il faut y aller progressivement et accompagner la prise de conscience des travailleurs... Mais leurs textes n’accompagnent que les politiques des centrales. Ils ne visent qu’à faire venir du monde dans la grève et dans la rue, sans exposer les enjeux, la situation, les rapports de force (et ce qui permettrait de les changer), les moyens d’action et les objectifs réels des centrales et des partis politiques de gauche. Bien sûr, on y trouve des critiques du PS, mais ce n’est pas sur le fond.

C’est très joli de souhaiter ou de parler de radicalisation, mais quand on croit à ce que l’on écrit, on offre une autre perspective.
S’il doit y avoir une radicalisation de la classe ouvrière, si on veut la préparer, il faut appeler les travailleurs à s’organiser dans des comités, des collectifs, des coordinations, comme le faisait Léon Trotsky, au début des événements en France en 1936. Et les groupes précédemment cités s’en gardent bien.

Bien sûr, nous savons qu’ils souhaitent honnêtement, contrairement au PS et aux centrales syndicales, la victoire des travailleurs mais cela ne signifie pas que leur politique y mène. Et surtout ils ne préparent pas les travailleurs à ce qui va suivre.

N’ayant pas proposé aux travailleurs une stratégie qui permettrait de gagner, les centrales vont au devant d’une défaite. Elles pourront dire qu’elles ont fait tout ce qu’elles pouvaient et que les travailleurs n’auront plus qu’à "bien voter".

Mais la social-démocratie qui gouvernera alors, avec ou sans PC et verts, est un loyal gestionnaire du capitalisme et déjà d’accord pour faire travailler plus longtemps la classe ouvrière : c’est la gauche qui avait initié l’attaque contre les retraites sous Rocard !

Et surtout, en période de crise, mener une lutte dans le mur est plus que dangereux : c’est montrer aux classes dirigeantes que les travailleurs se font mener par le bout du nez par les bureaucraties syndicales. mais, encore plus, c’est dire aux classes moyennes que tous les syndicats unis sont moins forts que le seul Sarkozy ! c’est-à-dire dans une période de crise discréditer la classe ouvrière à ses propres yeux et aux yeux de ses alliés potentiels : les paysans ruinés, les artisans,les classes moyennes. Un moyen d’aller sûrement vers le fascisme.

Oui, il est fondamental de comprendre que la lutte ne peut être menée à bien sans une conscience de la situation économique : la crise déterminante du capitalisme mondial !!! Car les perspectives des luttes en sont fondamentalement changées....

NOTRE POINT VUE
Editoriaux de La Voix des Travailleurs :

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »
Karl Marx

Le 1er septembre 2010

Le 7 septembre et les retraites : suffit-il de nous promener derrières les centrales ?

Les directions syndicales, des associations, les partis de gauche et d’extrême gauche nous tiennent tous le même discours : ce qui comptera le 7 septembre, c’est le nombre. Il faudra être des millions en grève et dans la rue. Mais, désolé de devoir le rappeler, ce qui manque aujourd’hui à la classe ouvrière ce n’est pas de répondre nombreux à des appels pour des journées d’actions syndicales : cela s’est vu en 2009 et même plusieurs fois de suite… sans succès. Ce qui manque, c’est une claire conscience des enjeux, des buts des classes dirigeantes et des objectifs et moyens de la classe ouvrière.
Tel n’est pas le problème de ces organisations qui se revendiquent pourtant de nous, travailleurs. Les centrales syndicales cherchent seulement à conserver leur crédit pour mieux revenir autour de la table de négociation et être reconnus des gouvernants. Mais notre avenir gravement menacé est bien loin de tels intérêts de boutique. Pour les partis de gauche, il s’agit d’abord et avant tout de nous préparer à bien voter à l’élection présidentielle. C’est dans ce but qu’ils présentent l’attaque actuelle comme une lubie propre à Sarkozy et à la droite française, alors que l’on constate la même attaque de la part des classes dirigeantes de toute l’Europe. Quant à l’extrême gauche, sans illusion sur la politique des centrales, elle se garde d’en parler, espérant que, malgré les calculs des dirigeants syndicaux, l’ampleur de la grève pourrait « redonner le moral » aux travailleurs. Mais lutter ainsi, en aveugles, est-ce bon pour le moral ? Est-ce bon pour engranger des victoires et, ainsi, prendre conscience de notre force réelle ou de la faiblesse réelle aussi des classes dirigeantes ?
La première des questions n’est-elle pas : comment se fait-il qu’un gouvernement incapable de lutter pour l’emploi, pour les salaires, capable seulement de distribuer l’argent de nos impôts aux banquiers et autres capitalistes, un gouvernement peu populaire, assez discrédité même, déjà isolé, ayant besoin de se raccrocher à des opérations dégoûtantes comme les rafles de Roms, soit encore capable de mener une des attaques les plus ouvertement antisociales ?

Sa force n’est certainement pas dans ses arguments. Faire travailler les salariés jusqu’à 62 ans – et même 67 pour une retraite à taux plein ! – au moment où la plupart des salariés ne parviennent pas à se maintenir dans un emploi jusqu’à 60 ans, faire travailler des seniors alors que les jeunes ne trouvent aucun emploi fixe, parler de problème démographique alors que chacun sait qu’il s’agit d’une politique de rigueur, tout cela devrait encore affaiblir l’attaque gouvernementale. Sa force pour agir ainsi ne provient-elle pas justement des démonstrations syndicales de ces dernières années ? Car, depuis les journées syndicales de janvier 2009 puis mars, etc…, n’a-t-on pas vu les mêmes centrales syndicales, loin de développer le rapport de forces, l’organisation et la conscience des travailleurs dans leurs capacités, développer la croyance de la fatalité des attaques ?

En cassant les retraites, le gouvernement mise sur leur privatisation par les fonds de pension offrant des milliards aux financiers affamés qui craignent de rechuter dans la crise. La retraite au cimetière n’a pas d’autre but que d’obliger la population à se payer des retraites privées. C’est la suite des centaines de milliards déversés depuis 2008 aux capitalistes pour sauver le système. Nos retraites n’y suffiraient pas pour sauver les capitalistes de la nouvelle crise qui approche inexorablement. C’est dans cette situation qu’il faut comprendre cette « mobilisation » syndicale pour les retraites… Loin de faire partie d’une contre-offensive ouvrière, elle est la suite (pour tous qui parlent de « suite » des journées syndicales) de l’organisation pré-programmée des défaites passées.

Que faudrait-il faire pour qu’il en soit autrement ? Il faudrait d’abord que partout, sur les lieux de travail, dans les quartiers, comme lors des rassemblements les salariés discutent entre eux… L’heure est grave. Notre avenir, et celui de nos enfants, est menacé. C’est à nous de réfléchir et de proposer. Cela signifie avancer nous-mêmes les mots d’ordre, les revendications des banderoles, des panneaux, des tracts, ne pas nous contenter de suivre les dirigeants. Ceux des syndicalistes qui sont véritablement soucieux des intérêts de leur classe ne pourraient qu’en être satisfaits. Ils ne tiennent pas à un monopole de parole dans les AG et dans les tracts.

Une telle organisation signifierait déjà pour la classe dirigeante que les travailleurs se mettent en ordre de bataille. Des travailleurs mobilisés ensemble dans tout le pays peuvent faire ravaler toutes les mesures antisociales de ces dernières années, se lier aux paysans, artisans, retraités, chômeurs ruinés en faisant payer les financiers et autres capitalistes.

Le 13 septembre 2010

La journée du 23 septembre après le 7 : suffit-il de journées d’action pour défendre les retraites ?

Selon les syndicats et partis de gauche, et selon les chiffres, la journée d’action du 7 septembre pourrait sembler un succès... Mais le gouvernement n a pas recule d un seul pouce. Alors ou est le succès ? Le gouvernement a maintenu son projet, le parlement l’a voté et le chef du gouvernement s’est même payé le luxe d’affirmer que ce n’était qu’un début et qu’il allait falloir dans les années suivantes passer à 65 ou 67 ans ! Cela ne prouve nullement qu’une journée d’action syndicale soit un mode d’intervention efficace. Certains syndicats ne se voient d’ailleurs pas reproposer une seule journée, parfaitement conscients que cela ne mènerait à rien. Les directions syndicales, des associations, les partis de gauche et d’extrême gauche ont tenu un discours : ce qui devait compter le 7 septembre, c’est le nombre. Ce n’est pas vrai. Ce qui manque aujourd’hui à la classe ouvrière ce n’est pas de répondre nombreux à des appels de journées d’actions. Ce qui manque, c’est une claire conscience des enjeux, des buts des classes dirigeantes et des objectifs et moyens de la classe ouvrière.

Tel n’est pas le problème de ces organisations qui se revendiquent pourtant de nous, travailleurs. Les centrales syndicales cherchent seulement à conserver leur crédit pour mieux revenir autour de la table de négociation et être reconnus des gouvernants. Mais notre avenir gravement menacé est bien loin de tels intérêts de boutique. Pour les partis de gauche, il s’agit d’abord et avant tout de nous préparer à bien voter à l’élection présidentielle. Ainsi le PS ne se cache pas de vouloir augmenter l’âge de départ en retraite en augmentant le nombre de trimestres de cotisation. Quant à l’extrême gauche, sans illusion sur la politique des centrales, elle se garde d’en parler, espérant que, malgré les calculs des dirigeants syndicaux, l’ampleur de la journée pourrait « redonner le moral » aux travailleurs. Mais lutter ainsi, en aveugles, est-ce bon pour engranger des victoires et, ainsi, prendre conscience de notre force ?

En cassant les retraites, le gouvernement mise sur leur privatisation par les fonds de pension offrant des milliards aux financiers affamés qui craignent de rechuter dans la crise. La retraite au cimetière n’a pas d’autre but que d’obliger la population à se payer des retraites privées. C’est la suite des centaines de milliards déversés depuis 2008 aux capitalistes pour sauver le système. Nos retraites ne suffiraient pas à sauver le capitalisme de la crise qui approche.
Comment se fait-il qu’un gouvernement incapable de lutter pour l’emploi, pour les salaires, capable seulement de distribuer l’argent de nos impôts aux banquiers et autres capitalistes, un gouvernement peu populaire, assez discrédité même, déjà isolé, ayant besoin de se raccrocher à des opérations dégoûtantes comme les rafles de Roms, soit encore capable de mener une des attaques les plus ouvertement antisociales ?

Sa force n’est certainement pas dans ses arguments. Faire travailler les salariés jusqu’à 62 ans – et même 67 pour une retraite à taux plein ! – au moment où la plupart des salariés ne parviennent pas à se maintenir dans un emploi jusqu’à 60 ans, parler de problème démographique alors que chacun sait qu’il s’agit d’une politique de rigueur, tout cela devrait encore affaiblir l’attaque gouvernementale. Sa force pour agir ainsi ne provient-elle pas justement des démonstrations syndicales de ces dernières années ? Car, depuis les journées syndicales de janvier 2009 puis mars, etc, cette politique de journées successives n’a nullement fait monter la vapeur. Comment, dans cette situation, comprendre cette « mobilisation » syndicale pour les retraites… Loin de faire partie d’une contre-offensive ouvrière, elle est la suite de l’organisation pré-programmée des défaites passées.
Pour qu’il en soit autrement, il faudrait que partout, sur les lieux de travail, dans les quartiers, comme lors des rassemblements les salariés discutent entre eux… Même des directions syndicales et politiques radicales ne pourraient pas remplacer l’organisation des travailleurs et leurs prises de décision par eux-mêmes. C’est à nous de réfléchir et de proposer. Cela signifie avancer nous-mêmes les mots d’ordre, les revendications des banderoles, des panneaux, des tracts. Ceux des syndicalistes qui sont véritablement soucieux des intérêts de leur classe ne pourraient qu’en être satisfaits. Ils ne tiennent pas à un monopole de parole dans les AG et dans les tracts. Une telle organisation signifierait déjà pour la classe dirigeante que les travailleurs se mettent en ordre de bataille.

Des travailleurs mobilisés ensemble dans tout le pays peuvent se faire craindre des classes dirigeantes et se lier aux paysans, artisans, retraités, chômeurs en faisant payer les financiers et autres capitalistes. A condition d’être organisés par eux-mêmes et de prendre eux-mêmes toutes les décisions sur leur lutte !

Le 11 octobre 2010

Face aux 67 ans du gouvernement, préparons… 68 !

Les journées d’action n’ont pas permis de faire reculer le gouvernement. Pourtant, il est évident que la casse des retraites révolte le plus grand nombre. Loin de reculer, Fillon a même annoncé qu’il comptait « poursuivre les réformes » jusqu’à la retraite à 67 ans. Dans toute l’Europe, les journées d’action ne suffisent pas à faire reculer les gouvernants. La journée très suivie et qui a bloqué l’économie en Espagne n’a rien donné, pas plus que les multiples journées d’action des travailleurs grecs ou que nos journées d’action en 2009 et 2010. Quant à la confiance que l’on peut faire aux dirigeants syndicaux, le lâchage récent de la grève générale d’Afrique du sud en dit long, d’autant qu’elle se place au moment même où les fonctionnaires en grève très massive et dynamique étaient suivis par le secteur privé, notablement celui des mineurs...

Sentant le vent de la colère sociale qui pourrait leur échapper, les centrales adaptent leur stratégie. Voyant que le mot d’ordre de journée d’action s’use, elles avancent, là où elles le sentent nécessaire pour garder la main, l’idée de la grève reconductible. Ailleurs, où la chaleur monte, elles bloquent ici un terminal pétrolier, là un port ou une industrie chimique. Nulle part, elles n’unissent dans des assemblées interprofessionnelles les infirmières aux enseignants et aux cheminots, aux dockers et aux métallurgistes. Aucune centrale n’avance une stratégie nationale offensive. SUD peut être radical en paroles dans certains secteurs, la CGT ici, FO là, mais il n’y a pas de stratégie claire pour mener la lutte à l’échelle générale. Il ne sert à rien de s’en plaindre car, de toutes façons, c’est une illusion de penser que quelqu’un pourrait nous remplacer, nous travailleurs, pour décider de la manière de mener la lutte, des buts et des moyens. Même si les centrales étaient capables de diriger une vraie grève générale, rien n’empêcherait ensuite les centrales de vendre, chacune au prix qu’il lui plairait, notre victoire, comme en 1936 et en 1968.

Quels sont les moyens d’action, quelles sont les revendications, quelles sont les perspectives du mouvement à venir ? Personne n’a à répondre à la place de la classe ouvrière organisée en comités, fédérée à l’échelon national, prenant elle-même ses décisions en se mobilisant dans les entreprises et les quartiers, en unissant les travailleurs du privé et du public, les travailleurs avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, jeunes et vieux…

Il n’est pas question de limiter la lutte aux seules retraites. Car accepter les pertes d’emplois, c’est aussi renoncer aux retraites. Accepter qu’un patron comme Alsthom supprime 4000 emplois, c’est s’incliner devant la chute des rentrées d’argent des caisses.
Le gouvernement et Sarkozy n’ont aucune raison politique et sociale de céder si les classes dirigeantes n’ont rien à craindre pour leurs affaires, et en particulier pas à craindre que la lutte des retraites n’enflamme l’ensemble de la lutte sociale, des salaires, des emplois, des chômeurs, des sans toits, des sans papiers, que cette lutte ne change le rapport de forces sociales, ce qui signifierait aussi que les travailleurs prennent la tête de toutes les couches qui sont victimes actuellement : petits paysans, petits artisans, petits épargnants, chômeurs, étudiants. Pour faire reculer Sarkozy, il faut faire peur aux classes dirigeantes pour que celles-ci disent à Sarkozy : attention danger ! Sans cela il n’aura que des raisons politiques et sociales de ne pas céder. Il faut dire aux salariés : faites vous craindre des classes dirigeantes en leur montrant l’auto-organisation, des assemblées interprofessionnelles mais aussi des comités de travailleurs, des collectifs, des liens d’une entreprise à une autre, une popularisation de ces moyens de lutte et d’organisation... Il ne faut pas nous arrêter aux barrières que l’on veut nous mettre : chaque secteur s’occupe seulement de son secteur, chaque catégorie de sa catégorie. Et d’abord parce que c’est le contraire qui fera peur à nos adversaires.

Il ne faut pas que des syndicalistes soient approuvés quand ils disent aux salariés : vous n’êtes pas obligés de faire grève dans le privé si votre patron n’apprécierait pas et vous pouvez agir efficacement en manifestant le samedi sans faire grève. C’est dire aux patrons : ne craignez rien, on ne va pas se lancer !

Si des syndicats nationaux dignes de ce nom existaient, ils auraient dit aux travailleurs de tous le pays : lundi, avant la grève nationale, assemblez vous partout à telle heure. Dans ces assemblées, votez des décisions, des revendications, des moyens d’action, élisez des délégués et envoyez les à une assemblée centrale. Ces directions ouvrières là n’existent pas. A nous de les faire naître !!! Pour cela, il faut un nouveau mai 68, mais avec partout des comités de travailleurs.... Le seul gage de succès dans nos luttes, c’est de les diriger nous-mêmes !

vendredi 24 septembre 2010

Pour défendre les retraites... et le reste, deux orientations contradictoires : front de classe ou front de collaboration de classes...
On a pu voir dans la manifestation des retraites des panneaux, des pancartes, des banderoles et des slogans qui témoignent d’orientations parfaitement contradictoires. Et souvent, elles émanaient des mêmes organisations, ce qui tendrait à prouver que les organisateurs cherchent à entretenir la confusion plutôt qu’à agir dans la clarté.

Le plus clair, d’abord, cela semble l’objectif et pourtant... En effet, tout le monde scande la défense de la retraite à soixante ans et c’est effectivement l’objectif des manifestants et des grévistes. Il y a un mais et il y en a même plusieurs.

Mais certains syndicats et certains partis de gauche sont pour l’augmentation du nombre de trimestres travaillés, c’est-à-dire de l’âge réel (au-delà de l’âge légal) de départ en retraite. Partir en retraite, c’est aussi partir avec une retraite pleine. certaines organisations défendent les soixante ans mais justifient l’augmentation de l’âge de retraite à taux plein qui est passée de 65 à 67 ans ! Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg car tous essaient d’effacer la crise et le fait que l’attaque sur les retraites n’est qu’une partie de l’attaque anti-sociale liée à la crise du capitalisme.
En effet, quelle retraite peuvent espérer les salariés, quel argent y aura-t-il dans les caisses, si la moitié des postes de fonctionnaires sont supprimés et aussi la moitié des emplois dans le privé ? Comment défendre les retraites sans imposer la défense des emplois ? Comment défendre les emplois sans s’attaquer aux patrons et pas seulement à Sarkozy ?

Or, tous, des centrales syndicales à la gauche pour ne pas dire à l’extrême gauche, veulent occulter le fait que la lutte ne s’oppose pas seulement à la droite sarkozyste mais à la bourgeoisie.
Bien sûr, les manifestants arboraient parfois le slogan "JE lutte de classes" mais il était complété par "Expulser Sarkozy seulement" qui l’efface !

C’est là le résumé de la contradiction dans laquelle les organisateurs entendent enfermer le mouvement. D’un côté des grèves et des manifestations de travailleurs qui pourraient faire croire à une volonté de faire reculer les classes dirigeantes par la voie de la lutte des classes, de l’autre des perspectives tout à fait contraires : celle d’une gauche au gouvernement dont le principal parti, le PS, entend augmenter le nombre de trimestres cotisés et l’âge réel de départ. Et aussi faire payer la crise aux travailleurs comme l’ont fait Blair en Angleterre ou Schroeder en Allemagne.

Il ne s’agit pas seulement de discuter des tactiques des organisateurs (journées d’action à répétition ou grève illimitée par exemple), il faut discuter des objectifs sans craindre les arguments de ceux qui prétendent que ce serait diviser le mouvement.
Ce qui affaiblit un mouvement, c’est le manque de clarté des objectifs lié à la clarté des moyens. Avec la crise, il y a plus que jamais deux classes aux intérêts diamétralement opposées : le prolétariat et la bourgeoisie capitaliste. Le cacher, c’est tromper, c’est diviser, c’est affaiblir les travailleurs.

Comment en effet défendre les retraites sans poser la question des emplois, des salaires, des services publics, de la précarité, des sans-papiers, des chômeurs, des entreprises qui licencient, des capitalistes qui spéculent ? Comment défendre les retraites sans remettre en question le capitalisme et pas seulement la loi Woerth ?
Comment défendre les retraites dans salariés sans se lier aux couches moyennes paupérisées, des paysans ou artisans endettés et ruinés, des marins-pêcheurs, des épargnants menacés, des étudiants chômeurs ou pauvres, etc...

Peut-on croire que la gauche au gouvernement que l’on a connu gérant les affaires dans le sens des intérêts des classes dirigeantes, que ce soit avec Mitterrand ou avec Jospin, va dorénavant défendre les intérêts des travailleurs c’est-à-dire s’attaquer durement aux intérêts du grand capital ? Rien de ce qu’elle dit ou de ce qu’elle fait ne le prouve. L’exemple de l’augmentation du nombre de trimestres de cotisation en est une preuve concrète.

Le parti communiste, le parti de gauche, le NPA ou Lutte Ouvrière peuvent bien tenir un discours légèrement démarqué de ceux du Parti socialiste ou des Verts, ils entretiennent tous la même illusion : il y aurait un front de gauche que le PCF veut appeler "un front populaire" en train de se construire.

C’est vrai : un front populaire est en train de se construire. Mais, comme tous les fronts populaires du passé ceux de 1936 en France et en Espagne notamment ou celui du Chili d’Allende, il est tourné comme une alliance entre des partis ou de syndicats se revendiquant des travailleurs et les intérêts de la bourgeoisie capitaliste.

Oui, il faut unir les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les paysans pauvres, les artisans ruinés, les marins-pêcheurs, les classes moyennes paupérisées dans un front de lutte contre le système et non pas dans un front pour détourner de la lutte vers les élections. Car cela signifierait la mise en place d’un nouveau gouvernement bourgeois servant à défendre, dans une phase de mobilisation sociale, les intérêts de la classe capitaliste.

Le front populaire est une politique des partis qui se revendiquent de la gauche ou des travailleurs, et même de l’extrême gauche, avec la caution de syndicats, en vue de détourner une montée ouvrière en s’alliant en réalité avec la grande bourgeoisie. Sa tenue de camouflage est la nécessité du front des travailleurs face aux attaques anti-sociales et fascistes.

Le 28 août 2010

Le 7 septembre et les retraites :

Suffit-il de nous promener derrières les centrales ?

Toutes les directions syndicales, des associations, les partis de gauche et d’extrême gauche nous tiennent tous le même discours : ce qui compte le 7 septembre, c’est le nombre. Il faudra être des millions en grève et dans la rue. Mais, désolé de devoir le rappeler, ce qui manque aujourd’hui à la classe ouvrière ce n’est pas de répondre nombreux à des appels pour des journées d’actions syndicales : cela s’est vu en 2009 et même plusieurs fois de suite… sans succès. Ce qui manque, c’est une claire conscience des enjeux, c’est-à-dire des buts des classes dirigeantes et des objectifs et moyens de la classe ouvrière pour y répondre.

Tel n’est pas le problème de ces organisations qui se revendiquent pourtant de nous, travailleurs. Les centrales syndicales cherchent seulement à conserver leur crédit pour mieux revenir autour de la table de négociation et être reconnus des gouvernants. Mais notre avenir gravement menacé est bien loin de tels intérêts de boutique. Pour les partis de gauche, il s’agit d’abord et avant tout de nous préparer à bien voter à l’élection présidentielle. C’est dans ce but qu’ils présentent l’attaque actuelle comme une lubie propre à Sarkozy et à la droite française, alors que l’on constate la même attaque de la part des classes dirigeantes de toute l’Europe. Quant à l’extrême gauche, sans illusion sur la politique des centrales, elle se garde d’en parler, espérant que, malgré les calculs des dirigeants syndicaux, l’ampleur de la grève pourrait « redonner le moral » aux travailleurs.
Mais lutter ainsi, en aveugles, est-ce bon pour le moral ? Est-ce bon pour engranger des victoires et, ainsi, prendre conscience de notre force réelle ou de la faiblesse réelle aussi des classes dirigeantes ? La première des questions n’est-elle pas : comment se fait-il qu’un gouvernement incapable de lutter pour l’emploi, pour les salaires, capable seulement de distribuer l’argent de nos impôts aux banquiers et autres capitalistes, un gouvernement peu populaire, assez discrédité même, déjà isolé, ayant besoin de se raccrocher à des opérations dégoûtantes comme les rafles de Roms, soit encore capable de mener une des attaques les plus ouvertement antisociales de ces dernières années ? Et quel intérêt peut-il trouver à cette opération ?

Sa force n’est certainement pas dans ses arguments. Faire travailler les salariés jusqu’à 62 ans – et même 67 pour une retraite à taux plein ! – au moment où la plupart des salariés ne parviennent pas à se maintenir dans un emploi jusqu’à 60 ans, faire travailler des seniors alors que les jeunes ne trouvent aucun emploi fixe, parler de problème démographique alors que chacun sait qu’il s’agit d’une politique de rigueur, tout cela devrait encore affaiblir l’attaque gouvernementale. Et pourtant…

Sa force pour agir ainsi ne provient-elle pas justement des démonstrations syndicales de ces dernières années ? Car, depuis les journées débutées en janvier 2009 puis mars, etc…, n’a-t-on pas vu les mêmes centrales syndicales incapables de faire face à des vagues de licenciements, au blocage des salaires, aux attaques sur les services publics… Loin de développer l’organisation de la lutte, la conscience des travailleurs dans leurs capacités, n’ont-elles pas développé, à tort, la croyance de la fatalité des attaques et la confiance en eux-mêmes des classes dirigeantes ?

Pour le gouvernement, il ne s’agit pas d’un objectif politicien : une telle politique ne peut rien pour le rendre plus populaire en vue des élections. Il s’agit donc de défendre les intérêts de la classe capitaliste et pas seulement celui de l’UMP et de la droite. En cassant les retraites, le gouvernement mise sur leur privatisation par les fonds de pension offrant des milliards aux financiers affamés qui craignent de rechuter dans la crise. C’est la suite de la casse des services publics qui vise, en les discréditant, à mieux les offrir au privé qu’il s’agisse de la santé, des transports, de l’énergie, de la poste ou des télécommunications. Et même de l’enseignement. La retraite au cimetière n’a pas d’autre but que d’obliger la population à se payer des retraites privées. C’est la suite des centaines de milliards déversés depuis 2008 aux capitalistes pour sauver le système. Il n’est toujours pas sauvé !

C’est une fuite en avant. Elle est causée par la débâcle économique du système. Cela ne veut pas dire qu’elle est justifiée. Elle l’est pour les classes dirigeantes. Le bateau prend l’eau et on jette du lest : les travailleurs et les milieux populaires en l’occurrence. C’est un tonneau sans fond des besoins de la finance aux abois que le gouvernement ne cesse de remplir. Nos retraites n’y suffiraient pas pour sauver les capitalistes de la nouvelle crise qui approche inexorablement.

C’est dans cette situation qu’il faut comprendre cette « mobilisation » syndicale pour les retraites… Loin de faire partie d’une contre-offensive ouvrière, elle est la suite (pour tous qui parlent sans cesse de « suite » des journées syndicales) de l’organisation pré-programmée des défaites passées. Et cela pour une raison de fond : ce que contestent les directions syndicales et politiques, ce n’est nullement le droit du capital à diriger la société.

Que faudrait-il faire pour qu’il en soit autrement ? Il faudrait d’abord que partout, sur les lieux de travail, dans les quartiers, comme lors des rassemblements les salariés discutent entre eux… L’heure est grave. Notre avenir, et celui de nos enfants, est menacé. C’est à nous de réfléchir et de proposer. Cela signifie avancer nous-mêmes les mots d’ordre, les revendications des banderoles, des panneaux, des tracts, ne pas nous contenter de suivre les dirigeants. Ceux des syndicalistes qui sont véritablement soucieux des intérêts de leur classe ne pourraient qu’en être satisfaits. Ils ne tiennent pas à un monopole de parole dans les AG et dans les tracts. Une telle organisation signifierait déjà pour la classe dirigeante que les travailleurs se mettent en ordre de bataille. Elle voudrait dire que l’entreprise redevient un lieu de développement d’une force ouvrière comme en 36 ou en 68 et, en plus, que, contrairement à ces deux grands mouvements, les travailleurs risquent de décider eux-mêmes d’en finir avec la domination de système pourri.

Car il y a une alternative. Soit on ne construit pas un vrai rapport de forces et on va sombrer avec le bateau. Soit on construit un vrai rapport de forces et alors nous n’avons aucune raison de nous en tenir à remettre sur le papier les 60 ans officiels de la retraite. Des travailleurs mobilisés ensemble dans tout le pays peuvent faire bien plus et faire ravaler toutes les autres mesures antisociales de ces dernières années, se lier aux paysans, artisans, retraités, chômeurs ruinés en faisant payer les financiers et autres capitalistes. C’est ou eux ou nous !

Le 28 juillet 2010

La retraite à soixante ans, c’est fini ?

En plein milieu des vacances, les parlementaires viennent de donner le feu vert à un vote début septembre du projet de loi instituant la fin de la retraite à 60 ans que leur proposait le gouvernement. Fillon en profite pour annoncer qu’il ne pourra plus renégocier cette mesure.
A sa proposition d’imposer la retraite à 62 ans, il rajoute que, même à 62 ans, on ne pourra pas avoir une pension complète, même si on a travaillé tout au long de ces années d’activité. Il faudra travailler jusqu’à ... 67 ans pour avoir une retraite complète ! Autant dire que d’ici là ils auront trouvé d’autres raisons de retarder encore la retraite et que les générations suivantes plus frappées par la précarité et le chômage étudieront la retraite dans les livres d’histoire. Si on ne met pas le holà aux projets du gouvernement.

Ce dernier annonce dores et déjà qu’il ne cède pas aux mobilisations. Il entend que les travailleurs considèrent ce projet comme irréversible ! Facile de jouer les fiers à bras alors qu’une grande partie de la classe ouvrière est en vacances et qu’une autre s’apprête à en faire autant. La stratégie des centrales consistant à remettre à chaque fois à plus tard la poursuite de la lutte a montré ses limites, même si ces centrales appellent dès maintenant à reprendre la mobilisation dès le début septembre. Qui peut croire qu’une succession de promenades des journées d’action qui a été si inefficace en 2009 suffira à faire reculer le gouvernement : même pas les dirigeants syndicaux qui ne proposent pourtant rien d’autre.

Quant à la stratégie socialiste, si on peut appeler socialiste le parti qui vise à sauver le système dans la crise, elle consiste à se mobiliser contre … le ministre des retraites accusé de multiples fautes, notamment dans ses relations avec une milliardaire. Comme s’il s’agissait dans la question des retraites que d’une affaire personnelle à un ministre, à un gouvernement, à une méthode spécifique à Sarkozy, ou seulement d’une politique de la droite.
Comme s’il s’agissait seulement d’une attaque concernant les travailleurs français. C’est faux : il s’agit des intérêts d’une classe dirigeante, la classe capitaliste, non seulement en France mais dans le monde… Et, en face, il s’agit de la classe ouvrière mondiale, que ces dirigeants syndicaux et socialistes ignorent ainsi superbement.
Présentée par le dirigeants réformistes, la suppression de la retraite à soixante ans apparaît seulement comme une lubie propre à Sarkozy et à son courant politique, alors que l’on voit partout en Europe, et même dans le monde, la même politique être menée au nom de la rigueur et des sacrifices pour les travailleurs du fait de la crise. Il s’agit donc d’un mensonge du gouvernement qui se cache derrière la soi-disant question démographique, mais aussi d’un mensonge des dirigeants de gauche qui ne montrent pas davantage les buts de cette attaque antisociale. S’ils attaquent Sarkozy, c’est pour mieux cacher qu’ils n’attaquent pas la classe capitaliste, en tant que telle. Et même la milliardaire Bettencourt, ils ne lui reprochent que des pécadilles et pas l’essentiel : d’avoir accumulé des milliards sur le dos des travailleurs et de continuer à les exploiter.
Quel intérêt pour la gauche et les centrales syndicales de minimiser ainsi l’ampleur de l’attaque et la réalité des enjeux ? Il s’agit de faire croire que l’on n’a affaire qu’à des excès de quelques hommes politiques, d’une tendance libérale et non à une politique internationale de la classe dirigeante en crise. Car le courant réformiste qui dirige l’opinion populaire ne veut surtout pas des conclusions sociales qui découleraient de la compréhension d’une telle situation : la nécessité absolue et urgente d’une révolte sociale des travailleurs. Les dirigeants réformistes n’entendent nullement sortir du cadre des institutions de la bourgeoisie, ni du cadre du système dominant : celui du capitalisme. C’est pourtant la seule solution face à la profondeur de la crise qui frappe le système social tout entier, à l’échelle mondiale.

Il est indispensable, en effet, de connaître les enjeux de cette lutte. S’attaquer aux retraites, c’est favoriser les retraites par capitalisation comme s’attaquer à la santé, aux services publics, c’est favoriser la santé privée et les entreprises privées d’énergie, de transport et de bien d’autres secteurs.

Faut-il croire les arguments selon lesquels l’Etat va manquer d’argent pour payer les retraites comme il va manquer d’argent pour payer les hôpitaux ou les médicaments, car il est trop endetté ? Mais alors pourquoi s’endette-t-il de nouveau avec le grand emprunt ? pourquoi fait-il cadeau de nouveaux milliards aux entreprises du nucléaire, du bâtiment, de l’industrie sous prétexte d’aide à la recherche et à l’emploi ?

Mais, faut-il pour autant croire qu’avec un gouvernement de gauche il en serait autrement ? Car a-t-on vu, que ce soit en France ou ailleurs, que des gouvernement de gauche sont moins au service des intérêts du capital ? Mitterrand, Blair, Schroeder, Prodi et autres Zapatero n’ont-ils pas démontré le contraire. D’ailleurs est-il possible que l’Etat des patrons se mette à servir les intérêts du monde du travail ? Paradoxalement le fait d’avoir eu à lutter pour défendre l’école, la santé, les services publics et les retraites a pu renforcer cette idée que la défense des acquis sociaux passait par la défense de l’Etat-social, et donc de l’Etat capitaliste tout court. Les réformistes laissent croire que, « normalement », l’Etat devrait aider les classes populaires dans la crise ! Ben voyons ! Ils aimeraient faire comme si le capitalisme devait être réformé pour passer en douceur cette « période difficile »… Autre mensonge !

En période de crise, on nous dit qu’il faut mettre en avant l’intérêt national, commun aux riches et aux pauvres, et opposé à celui des travailleurs des autres pays. C’est exactement le contraire ! En période de crise, il faut, plus que jamais, défendre des intérêts de classe. Qu’importe si ce système a atteint ses limites de capitalisation et subit une crise de suraccumulation qui l’amène à s’auto-détruire. Nous n’avons pas besoin du capitalisme pour travailler et vivre. Que meure le capitalisme, s’il n’est plus capable d’offrir des retraites, une santé, des services publics, des logements, des emplois et des salaires ! Mais que vive l’humanité, parce qu’elle a encore bien des capacités de construire qui ne sont nullement limitées par les incapacités du système d’exploitation.

Le 28 mai 2010

Non à la « réforme » des retraites !

Il est plus qu’évident aujourd’hui que le gouvernement entreprend la casse des retraites et que nous ne ferons pas l’économie d’une véritable lutte pour les défendre. L’argent de nos retraites l’intéresse pour remplir le trou qu’il a lui-même creusé en distribuant par milliers les milliards afin d’aider les capitalistes dans la crise. Et les retraites ne sont qu’une petite partie des coupes sombres que le gouvernement entend faire dans les budgets sociaux : aide aux plus démunis, santé, hôpital public, enseignement, recherche, transports et on en passe… La « réforme » des retraites n’est rien d’autre qu’une manière de faire payer la crise aux travailleurs et aux milieux populaires pour ne pas la faire payer aux responsables de cette crise : les capitalistes.

Le gouvernement se défend de telles intentions en prétendant qu’il agit au contraire pour défendre la pérennité des retraites par répartition attaquées par la modification démographique : trop de retraités pour trop peu d’actifs. Il oublie de dire que, dans le même temps, le rapport entre le nombre d’actifs et le capital accumulé a considérablement augmenté, permettant largement de couvrir la dépense. Il omet également le fait que sa politique favorise systématiquement les suppressions d’emplois. Il fait silence sur les trous financiers que lui-même pratique dans les caisses de retraite, notamment celles des fonctionnaires en se servant de l’argent de nos impôts pour aider des capitalistes comme Renault et PSA qui le remercient en supprimant massivement des emplois…

Le message selon lequel « il y a besoin d’une réforme », on l’a également entendu pour l’hôpital public, l’enseignement, la recherche et c’est la gauche au pouvoir qui a fait passer cette pilule amère. Il s’agissait déjà de nous faire croire qu’il fallait « sauver » les retraites, l’école ou la recherche, la poste ou encore la sécu. On nous présentait ainsi des sacrifices comme le passage obligé pour garantir l’avenir et, un ou deux ans plus tard, on nous ressortait à nouveau que la sécu, les retraites, l’hôpital devaient à nouveau être sauvés grâce à des sacrifices consentis par nous. On connaît la chanson : c’est un vrai refrain de la gauche comme de la droite !

Tirer sur les retraites et sur tous les budgets sociaux, ce n’est pas seulement la politique de la droite sarkozyste, mais celle du grand capital dans tous les pays du monde. Pourtant, on pourrait croire que la gauche, aujourd’hui, se démarque avec cette politique. Cela voudrait dire qu’elle a changé de nature, par rapport à l’époque où elle gouvernait pour « réhabiliter l’entrepreneur » (ce joli nom des patrons), aider la Bourse de Paris et les spéculateurs choisissant la France… On se souvient que le rapport Charpin sur les retraites qui prétendait justifier des sacrifices pour les travailleurs au nom d’une prétendue catastrophe démographique date du gouvernement Jospin...

Maintenant, le PS vote pour « le maintien de la retraite à 60 ans ». On ne pourrait que s’en satisfaire si on ne savait pas qu’il y a mille manières de casser la retraite à 60 ans. Il n’est pas nécessaire de supprimer cette date limite de la loi. Il suffit de laisser les pensions de retraite baisser face au coût de la vie. Il suffit de laisser filer le nombre de trimestres de cotisation. C’est une manière sournoise d’augmenter l’âge réel de départ en retraite et, comme par hasard, le PS ne prend par d’engagements sur ce terrain. Comment pourrait-il donc en prendre sans s’attaquer directement aux intérêts du grand capital ? Car défendre les retraites, comme défendre la santé, l’école, la recherche les salaires ou l’emploi, c’est, en période de crise du système, s’en prendre aux intérêts vitaux du grand capital que le PS n’a jamais combattu depuis la première guerre mondiale !

Faire travailler davantage les actifs alors que le nombre de chômeurs augmente sans cesse est inadmissible pour tous les travailleurs mais c’est indispensable du point de vue des capitalistes. Il n’existe pas de point de vue commun, de concertation possible au nom d’un prétendu intérêt général sur de telles questions. La « vraie réforme », le « vrai débat » sont des tromperies qu’agitent la gauche et les centrales syndicales. Quand il s’agit des intérêts cruciaux des capitalistes dans la crise, il n’y a rien à débattre, rien à réformer, ni les retraites pour nous, ni les profits pour les capitalistes. Tous ceux qui parlent d’en débattre, de trouver un terrain d’entente, ne défendent pas les intérêts du monde du travail et des milieux populaires.

Le combat pour les retraites ne doit pas être isolé des autres combats : pour l’emploi, pour les salaires, pour les services publics, pour le logement, pour les sans-papiers. La classe ouvrière lutte pour son avenir et elle ne doit pas se laisser lier les mains par les prétendus réformistes qui ne veulent pas toucher aux intérêts du capital…
L’attaque sur les retraites n’est que le début d’une remise en cause de tous les acquis sociaux : emplois, salaires, santé, logement et services publics pour nous faire payer la crise. C’est l’intérêt du grand capital qui est en jeu et ils ne lâcheront pas sans y être contraints. Inutile de s’imaginer que l’on va pouvoir, en se sacrifiant un peu, obtenir une côte mal taillée qui sauvera nos retraites, nos emplois, pour payer la crise à minima en négociant, après s’être gentiment mobilisés dans la rue.

Il n’y a rien là-dedans à négocier ni à discuter. Il n’y a pas d’arrangement à trouver : c’est notre intérêt contre celui des grands capitalistes et c’est notre force contre la leur.

Le 22 avril 2010

Le système en crise, ce n’est pas celui des retraites : c’est le capitalisme !

Le rapport du Conseil d’orientation des retraites a atteint son but en choquant tout le monde par des déclarations affolantes du type : travailler dix ans de plus, même si la crise s’arrête et que le chômage revient à zéro !!! Menacer le régime de retraite de mort fatale, c’est un moyen pour que les gens acceptent comme un moindre mal de travailler plus et de gagner des pensions moindres en cotisant plus. Les syndicats, qui étaient en plein exercice de négociations-bidon avec le gouvernement, ont été pris au piège. S’ils étaient décidés à se battre, ils n’auraient pas accepté de discuter avec un adversaire qui se sert de prétendues négociations pour mieux engluer les salariés dans ses plans antisociaux. Après avoir accusé les fonctionnaires d’avoir ruiné les caisses de l’Etat, en avoir accusé le système de santé ou encore la Recherche, voilà que le gouvernement désigne du doigt les retraités dénoncés comme des profiteurs qui ponctionneraient le budget de l’Etat ! Et le voilà reprenant un refrain qu’avaient initié les « socialistes » quand ils étaient au gouvernement : « il faut réformer si on veut sauver les retraites » !

Déclarer que l’on ne peut pas laisser les régimes de retraite s’enfoncer dans des dettes sans fin, cela a un petit air de sagesse. Mais comment croire un gouvernement si sage qui était prêt à distribuer des milliards à tous les capitalistes, banquiers et financiers lors de la crise de 2008. Des trous dans les caisses de l’Etat, ce n’est pas les infirmières, ni les cheminots, ni les retraités qui en sont la cause.

Ce sont les banquiers et les financiers auxquels les caisses centrales avancent quasiment gratuitement de l’argent alors que l’Etat paie cher sa dette aux prêteurs privés. Ce sont les trusts de l’Automobile comme Renault et PSA qui n’ont toujours rien remboursé, ferment pourtant des sites et ont fait chuter les entreprises sous-traitantes, contrairement à leurs engagements. Ce sont les trusts pharmaceutiques qui ont coûtés des milliards à l’Etat, alors qu’il font des bénéfices et suppriment des emplois et des sites. Ce sont les trusts de la téléphonie auxquels l’Etat fait de multiples cadeaux sans qu’ils embauchent en plus.

Des milliards, le gouvernement est prêt à en distribuer. A titre d’exemple, sur les 8 milliards du projet AGV Paris-Bordeaux, c’est soi-disant 50% privé, mais Vinci, qui a gagné l’appel d’offre pour construire et exploiter pendant cinquante ans la ligne, ne débourse finalement que 500 millions de sa poche puisque dans ce qui est considéré comme de privé dans le consortium qui c’est créer pour l’occasion on trouve la caisse des dépôts qui servira de caution pour les prêts et qui n’est qu’une émanation de l’état. Au travers d’une multitude de facettes, SNCF, RFF, les communautés d’agglomération, urbaine, régionale, le conseil général ou l’état lui même, c’est donc le contribuable qui paye tout et le groupe capitaliste Vinci qui ramasse tout.

D’où viennent les trous dans les caisses de retraite, si ce n’est d’abord de ces patrons qui ont reçu sans condition l’argent de nos impôts et qui suppriment pourtant des emplois. Ensuite, c’est dû aux suppressions d’emplois de fonctionnaires du public, d’infirmières, de cheminots et de postiers qui obligent les caisses à payer des retraites alors que le nombre de cotisants du public ne cesse de baisser. Les trous des caisses de retraite sont dus aux multiples exonérations de cotisations patronales, sous des prétextes aussi nombreux que variés. Enfin, c’est dû à la rapacité des patrons : les chômeurs qui retrouvent un emploi sont moins rémunéré et les patrons cotisent moins.

Après tous les trous qu’il a lui-même fabriqués, le gouvernement a la mauvaise foi de mettre en avant le mauvais état des caisses pour nous annoncer de nouveaux sacrifices. Il aimerait bien nous faire travailler jusqu’à 65 ans et cotiser 45 ans, tout cela pour oser prétendre à une pension de misère…

Prétendre être affolés par un trou de 50 milliards et quelques quand on vient de distribuer à tout va des centaines de milliards à tous les capitalistes, quelle belle hypocrisie ! Prétendre s’affoler de 50 ou 80 milliards d’euros de trous quand l’Etat est endetté officiellement au niveau de 1500 milliards d’euros, c’est comme si un individu endetté à hauteur de 1500 euros s’affolait d’en devoir cinquante.

Comment les centrales syndicales entendent se battre pour défendre les retraites ? Il suffit de voir comment elles se sont battues pour les salariés des raffineries, en décommandant une grève générale, comment elles viennent d’envoyer en touche une grève des cheminots, comment elles ont détourné un début de mouvement général dans les hôpitaux, comment elles laissent s’isoler les conflits dans les entreprises sous-traitantes automobile.
Quant à nous, travailleurs, nous sommes comme le volcan islandais : on pourrait croire que nous sommes calmes mais, brutalement, la colère peut exploser et se développer… avec panache !

Ce que les directions syndicales ne feront pas, nous, travailleurs, pouvons le faire : nous organiser collectivement et renverser la vapeur !

En 2009, c’est plus de 400.000 travailleurs qui ont perdu leur travail d’après les chiffres officiels. Et le gouvernement s’emploie à … accroître le chômage. Selon le gouvernement, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite devrait conduire à la suppression de 34.000 nouveaux postes en 2010. Une riche idée dans une période de chômage massif avec ses conséquences : misère, chômage des jeunes, baisse des rentrées de retraite et de sécu… Il prétend agir sous l’empire de la nécessité de rehausser les finances publiques, lui qui a distribué des milliards aux banques et aux financiers, n’a jamais demandé aux trusts automobiles de rendre les dons de milliards, sans parler des cadeaux aux trusts pharmaceutiques… Il ne cesse de prêter de l’argent aux capitalistes à des taux quasi nuls et emprunte de l’argent au privé au taux fort. Dans ces conditions, accuser les infirmières, les postiers et les cheminots de ponctionner les finances publiques, c’est un comble !
Dans la Fonction publique, il y a eu en 2009, 30.000 suppressions d’emplois alors que 100.000 emplois de fonctionnaires avaient déjà disparu depuis 2007, dont 50.000 dans l’Education nationale. La SNCF envisagerait 1.400 suppressions de postes en 2010. Trois mille à quatre mille suppressions de postes sont prévues dans l’APHP, c’est-à-dire dans l’Hôpital public.

La colère a de multiples raisons de se développer dans tout le secteur public frappé par des pertes de budgets, d’emplois, par des privatisations, par des attaques sur les conditions de travail. La dernière grève à la SNCF a été largement suivie. Cependant, il est remarquable que rien ne soit fait pour la jonction avec le reste du service public. Au contraire, les journées d’action ont concerné un jour les enseignants, un autre l’hôpital public, un troisième La Poste et un quatrième la SNCF. En 2010, les journées d’action de 2009 étalées continuent mais, quel progrès !, elles sont sectorisées… Les ports et docks sont appelés à la grève le 4 janvier, la Guadeloupe le 9 janvier, l’aviation civile les 13 et 14 janvier, la fonction publique le 21 janvier, les infirmières et personnels de santé le 26 janvier, France Télévision le 28 janvier, l’Education le 30 janvier. Lorsque, par hasard, les hospitaliers étaient appelés en même temps que les enseignants, les confédérations leur ont donné des rendez-vous différents pour manifester !

Dans ces conditions, le gouvernement n’aurait aucune raison de reculer sur ses projets destructeurs. La menace de licenciement de fonctionnaire qui refuserait trois mutations montre que le gouvernement est à l’offensive et ne craint pas les réponses syndicales.

La jonction entre les secteurs privé et public en ce qui concerne les suppressions de postes n’est pas mise à l’ordre du jour. On a laissé les salariés licenciés de la sous-traitance automobile se battre seuls, et cette stratégie de la défaite continue alors qu’on nous annonce des dizaines de milliers de suppressions de postes supplémentaires dans ce secteur.

Avec la crise, toutes les attaques anti-ouvrières (salaires, emplois, retraites, sécu, santé, services publics) sont centralisées par l’Etat qui s’est mobilisé au service des patrons. C’est lui qui organise le blocage des salaires, qui s’attaque aux retraites, qui ruine les caisses, qui s’attaque à la Sécu. L’attaque patronale est ainsi centralisée. La riposte ne l’est nullement….

La pire des erreurs serait de croire que devant une attaque en règle, les directions syndicales finiront pas se décider à véritablement riposter. On ne peut pas confier notre sort à ceux qui acceptent de négocier des reculs sociaux.

Pour riposter, il faudra reconstruire les liens d’un secteur à l’autre, en commençant par inviter dans toute entreprise en lutte les salariés des entreprises voisines pour reconstruire les AG interprofessionnelles comme en 1995. Ensuite, il va nous falloir bâtir un réseau de comités de lutte. C’est la première tâche des militants conscients de la classe ouvrière. Sans ces comités à la base, se fédérant, élisant des délégués, les travailleurs se retrouveraient démunis si la lutte prend de l’ampleur.

En cette période de crise du système capitaliste, nous ne pouvons faire confiance à ceux qui sont liés au système, à ces dirigeants réformistes qui ont laissé se détruire les retraites et la sécu, qui croient au système capitaliste et nous ont conseillé de croire à des promesses patronales ou gouvernementales. Avec la crise, les travailleurs ont besoin de peser politiquement et socialement pour entraîner non seulement tous les secteurs de la classe ouvrière, mais aussi de nombreux secteurs de la petite bourgeoisie la moins aisée qui seront également frappés.

Travailleurs, soyons à la tête de la révolte des paysans, des pêcheurs, des petits artisans. Pour cela, une seule solution : que les travailleurs, organisés dans des comités à l’échelle du pays, affirment leurs propres perspectives pour toute la société. C’est cela l’avenir !

Prenons l’exemple de ceux qui estiment être les plus radicaux de l’extrême gauche, restés sur le programme révolutionnaire, la Fraction de Lutte Ouvrière. Elle écrit dans son éditorial des bulletins d’entreprise du 11 octobre 2010 :

"L’arme des travailleurs, c’est la grève." sans préciser que ce n’est une arme de classe que si les prolétaires se dirigent eux-mêmes. Sinon, c’est un moyen de lâcher de la vapeur et de discréditer à leurs yeux eux-mêmes ce moyen d’action.

Ou encore"Rarement nous n’aurons eu autant notre avenir dans nos mains que cette semaine."

Mais notre avenir dans nos mains, ce n’est certainement pas en suivant nombreux les appareils syndicaux que nous l’aurons. Une classe qui n’est pas organisée en vue de la défense de ses propres intérêts de manière autonome des appareils anti-ouvriers que sont les centrales ne peut pas avoir son avenir dans ses mains !

Il ne suffit pas de s’adresser à d’autres travailleurs pour les faire entrer en grève. il faut surtout que ces travailleurs constituent des comités, des collectifs, toutes formes d’organisation de classe nécessaire.

Pas un mot de la Fraction pour le dire...

Messages

  • Il fut un temps ...

    ... la Fraction écrivait sous la plume de Robert Paris :


    A la tête des luttes, mais pour quelle fin ?

    le 5 octobre 2002

    Bien des syndicalistes qui se heurtent quotidiennement aux patrons et subissent des discriminations dans l’avancement et les salaires, qui ont été parfois licenciés de certaines entreprises pour leur activité syndicale, sont souvent ulcérés par les critiques adressées aux syndicats par les révolutionnaires. Comment peut-on accuser les syndicats de freiner, et même trahir les luttes alors qu’ils sont à la tête de l’énorme majorité d’entre elles, voire les initient ? Les mêmes ne sont d’ailleurs pas moins ulcérés par les critiques des travailleurs du rang, qui sont souvent encore plus directs et méfiants. N’ont-ils pas un mal fou à trouver parmi ces travailleurs justement ceux qui veulent bien prendre un peu de temps pour s’occuper des affaires des salariés ?

    Effectivement, les syndicats ont un rôle contradictoire dont tous les militants ouvriers ont intérêt à bien avoir conscience. Même si nombre de syndicalistes ont finalement plus de contacts avec les employeurs qu’avec les salariés, même s’ils recherchent systématiquent l’entente avec les capitalistes, cela ne les empêche pas de prendre la tête de luttes, en particulier quand il n’y a personne pour la leur contester, ce qui fut généralement le cas ces dernières décennies. Mais ce rôle contradictoire est aussi une bonne raison en période de mobilisation des salariés, pour que ceux-ci ne leur confient pas aveuglément et sans contrôle la direction de ces luttes.
    Bref rappel du passé

    Les syndicats essaient de faire ce qu’il faut pour ne pas perdre leur influence, pour ne pas se mettre trop visiblement au travers des aspirations des travailleurs. Même pour en être les interlocuteurs obligés, ils doivent justifier leur importance auprès des patrons et de l’Etat. Ils utilisent du coup des tactiques diverses et peuvent être amenés à généraliser une lutte pour mieux la contrôler tout aussi bien que l’émietter pour empêcher son développement.

    Depuis près d’un siècle les syndicats ont contribué à lancer ou étendre tous les grands mouvements qui ont mis en branle de larges masses ouvrières de ce pays. Mais pas une de ces grandes luttes, de la grève des fonctionnaires de 1953 à celle des cheminots de 1995 en passant par celle des mineurs de 1963, pour ne pas parler des grèves générales de juin 1936 ou mai 1968, qui n’ait été à un moment freinée, canalisée ou dévoyée par les directions syndicales.

    En 1936, la CGT a pu ainsi permettre au patronat de mettre un coup d’arrêt au mouvement général, tout en bénéficiant de l’engagement de larges masses dans l’action collective et d’un gonflement des adhésions multipliées par cinq en un an ! En fait, si le rôle de la direction de la centrale CGT dans le déclenchement et l’extension de la vague de grèves de mai-juin 1936 a été quasi-nul (aucun appel à la grève générale), cela ne l’a pas empêché de se propulser comme l’interlocuteur indispensable du patronat et d’apparaître comme le représentant des intérêts ouvriers, celle qui avait su négocier les accords Matignon (et alors que, on l’apprit par la suite, certains patrons n’en revenaient pas de s’en être tirés à si bon compte).

    Chez les mineurs en 1963, c’est la surenchère de FO et de la CFTC sur la prudence de la CGT, majoritaire dans la branche, qui déclencha la grève illimitée. Mais c’est la concertation des trois qui permit de mettre fin au conflit au mécontentement d’une bonne partie des grévistes.

    En mai 1968, tout en organisant de fait la grève générale afin d’empêcher de se laisser déborder par le mouvement spontané, la CGT a dans le même temps démobilisé en s’opposant à l’occupation massive et effective des usines comme en juin 1936. Du coup, il ne lui a pas été trop difficile de faire reprendre le travail malgré la minceur des concessions patronales et gouvernementales, malgré aussi l’échec politique puisque le ras-le-bol du régime gaulliste qui était pour une bonne part dans le déclenchement de la révolte n’eut aucun débouché immédiat.
    Mettre l’organisation du combat sous le contrôle des travailleurs

    Quelques exemples – et on pourrait les multiplier - qui montrent que les directions syndicales, si promptes à se plaindre de l’indifférence des travailleurs en temps ordinaire, n’ont rien de plus pressé lorsque ces travailleurs passent à l’action que d’agir, de parler, de négocier en leur nom mais par-dessus leur tête. C’est pourquoi dans les moments, peut-être rares mais fondamentaux, où la classe ouvrière se mobilise, elle n’a pas intérêt à remettre aveuglément son sort à ses directions patentées. Mais caussi alors qu’il devient possible que les salariés se dotent d’organisations qui représentent bien plus étroitement leur état d’esprit, leurs aspirations et leur volonté du moment. L’histoire a d’ailleurs montré amplement que pour mener les luttes, les plus limitées comme les plus grandioses, jusqu’au maximum de leurs possibilités, ces comités ouvriers, démocratiques, représentatifs et sous contrôle de leurs mandants, qu’on les ait appelés comités de grève, coordinations ou même soviets, sont absolument nécessaires.

    Les militants ouvriers n’ont pour le moment en France pas bien souvent l’occasion de participer à ce type d’organisation. Ce n’est pourtant pas une raison de s’adapter au syndicalisme tel qu’il se pratique actuellement, c’est-à-dire quasiment en dehors de la participation des travailleurs du rang. Même dans les luttes élémentaires, la tâche des révolutionnaires est de préparer leurs camarades de travail à diriger eux-mêmes leurs luttes, à contrôler leurs organisations et à prendre conscience de leurs intérêts de classe en opposition au respect de l’ordre établi cultivé par l’appareil syndical.

  • En 1987, Lutte Ouvrière écrivait : "Oui, le programme des trotskystes affirme cette nécessité mais il affirme aussi, et c’est complémen taire, la nécessité, pour les révolutionnaires, de créer dans les moments de luttes, où de larges masses de travailleurs sont en mouvement, des organisations autonomes comme les Comités de grève, ou d’usine, capables de représenter, dans le mouvement, la tota­lité des travailleurs en lutte. Nécessité d’autant plus impérative, que les vieux appareils syndicaux conservateurs s’opposeront à un moment ou à un autre aux travailleurs en lutte, et qu’il sera vital alors pour l’avenir du mouvement engagé que les travailleurs aient leur propre organe de décision et de direction.

    C’est sur ce problème que nous nous séparons des autres organisations trotskystes ou plutôt que les autres organisations trotskystes se séparent de leur programme. Car si nous sommes tous d’accord sur la première partie de la réponse – il faut militer dans les syndicats existants – il n’y a guère que notre tendance à militer systématiquement pour que, à chaque fois que des travailleurs entrent sérieusement en lutte, ils se donnent les moyens de participer le plus largement et le plus directement possible à l’organisation et à la direction de leur propre combat, au travers d’Assem­blées générales et d’organismes comme les Comités de grève."

    Telle n’est plus sa politique !!!

  • Le groupe Lutte Ouvrière – dont bon nombre de membres sont actifs dans les syndicats et ont défilé dans les cortèges avec le PS – a participé à cette action anti-classe ouvrière. En falsifiant ces événements, LO est en train de blanchir son propre bilan droitier.

    LO commence par nier que les syndicats ont travaillé avec Sarkozy pour appliquer ces coupes sociales : « Les dirigeants syndicaux étaient en droit d’espérer que, sur une réforme concernant un problème social, ils seraient associés aux négociations et qu’ils pourraient justifier leur rôle et leur préférence pour les négociations par quelques succès susceptibles d’être brandis face au mécontentement de la base. Eh bien, associés aux négociations, ils ne l’ont pas été ! »

    LO fait remarquer ici en passant la politique cynique des syndicats consistant à justifier leur rôle par de fausses affirmations selon lesquelles ils pourraient obtenir des concessions mineures. Mais LO nie par la suite que les syndicats ont travaillé avec Sarkozy. Ceci est un mensonge absurde.

    Malgré la détermination de Sarkozy de faire ces coupes, les syndicats ont travaillé ouvertement avec le gouvernement par l’intermédiaire de personnalités tel le conseiller social de Sarkozy, Raymond Soubie. Durant les grèves d’octobre, un conseiller de Sarkozy avait même dit au journal Le Monde que « La méthode Soubie est à son apogée. » Le dirigeant de la Confédération française démocratique du Travail (CFDT), François Chérèque avait dit : « Que personne ne vienne me dire qu’il n’a pas eu Soubie pendant deux mois. »

    L’objectif de cette collaboration était de faire passer les coupes malgré une opposition de masse. Le dirigeant du syndicat Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a expliqué que Soubie « a dû penser qu’il y aurait le rituel des manifestations, que personne ne dirait oui, mais que cela [les coupes] passerait. » En faisant remarquer que ceci avait provisoirement échoué en octobre, tandis que des grèves et des protestations des étudiants avaient eu lieu, Mailly a ajouté : « à force de tirer des ficelles, on fait des nœuds. »

    Mailly, dont le syndicat a également participé à cette mascarade, ne voyait visiblement pas d’inconvénient à ce qu’on tire ses ficelles. Il n’est nullement une exception en cela : partout en Europe les syndicats ont appelé à des journées de protestation de 24 heures politiquement impuissantes pour « exercer une pression » sur l’Etat durant l’entrée en vigueur des coupes sociales au printemps dernier en Grèce et en automne en Espagne et en France. Aucun de ces événements n’a modifié la politique de l’Etat.

    LO fait l’éloge de ce jeu politique corrompu avec l’explication mineure que les syndicats ne le faisaient qu’en raison de la pression exercée par les travailleurs. Cependant, selon LO, en appelant à faire grève pour préserver « leurs intérêts d’appareil, les confédérations syndicales ont ouvert des vannes dont les travailleurs ont profité pour exprimer leur ras-le-bol… Les premiers à s’engouffrer dans la brèche ouverte par les dirigeants syndicaux ont été les militants syndicaux eux-mêmes. »

    La rhétorique guerrière utilisée par LO, qui semble raconter les exploits héroïques des chevaliers de la Table ronde, est complètement absurde quand elle s’applique à des bureaucrates tels Chérèque et Mailly.

    LO a cependant une logique politique bien définie : encourager les travailleurs et les jeunes à croire qu’en exerçant une certaine « pression », les syndicats mèneront la lutte sociale en provoquant peut-être un changement dans la politique gouvernementale. En fait, les leçons tirées des récentes grèves montrent exactement le contraire : si les syndicats continuent de contrôler les grèves c’est pour les étouffer. Les coupes sociales de Sarkozy ont été promulguées sans modification aucune.

    • La suite :

      LO juge irréprochable l’attitude des syndicats : « Il est puéril d’en accuser l’absence d’appels dans ce sens [pour une grève générale] de la part des confédérations syndicales. » Au lieu de cela, LO impute la faute à la classe ouvrière. En affirmant de façon absurde qu’il y avait très peu de grèves dans les autres secteurs industriels, LO absout de toute responsabilité les confédérations syndicales : « Mais elles n’ont rien freiné non plus car, en l’occurrence, elles n’avaient rien à freiner. »

      LO mène ici ses falsifications vers leur conclusion logique : si les syndicats n’ont rien trahi, c’est parce qu’il n’y avait pas d’opposition à trahir au sein de la classe ouvrière. Seul un parti lié aussi servilement à la bureaucratie syndicale, comme Lutte Ouvrière, et hostile aux intérêts de vastes couches de travailleurs peut avancer une telle position.

      En effet, LO considère la promulgation des coupes de Sarkozy comme une quasi-victoire. Le groupe insiste pour dire que personne ne devrait imiter « certains militants démoralisés qui parlent d’échec parce que Sarkozy n’a pas reculé. » Après avoir coupé court toute discussion réelle sur les grèves, LO dit que sa tâche est à présent de « dévoiler les manœuvres des partis réformistes, à commencer par le Parti socialiste. »

      LO écrit : « Les gouvernements socialistes des autres pays d’Europe ne se comportent pas différemment des autres… les travailleurs ne s’attendent pas à être protégés par un gouvernement socialiste. » En remarquant que les travailleurs ne voteraient pour le PS que pour battre Sarkozy, LO précise qu’« une prime sur ce terrain [va] à Strauss-Kahn [le directeur du Fond monétaire international et candidat probable du PS en 2012] qui a le plus de chances de l’emporter. » Toutefois, LO ajoute, « bien malin est celui qui pourrait dire en quoi consiste son côté ‘homme de gauche’ ».

      En dépit des commentaires tièdes de LO la chose n’est pas difficile à comprendre. Strauss-Kahn est un banquier, un membre de groupe de pression corporatiste et un ténor de longe date du PS qui a supervisé l’imposition des coupes du FMI en Grèce et en Irlande. Ce n’est pas un homme de gauche ou un réformiste, mais un tueur à gages financier organisant l’appauvrissement de masse des travailleurs.

      LO en est parfaitement conscient en écrivant : « Aussi, si les directions syndicales ont quelques raisons d’espérer trouver, avec un gouvernement de gauche [PS], une meilleure place pour elles-mêmes, l’entente entre elles et le gouvernement de gauche ne se fera pas à l’avantage de la classe ouvrière, mais à son détriment. »

      C’est là un commentaire révélateur. Bien que le groupe discute pour savoir si certains responsables du PS sont « de gauche » et laisse passer le fait que la bureaucratie syndicale a étouffé les grèves, LO sait pleinement que l’on a affaire là à des individus de droite qui planifient des attaques historiques contre la classe ouvrière. Cela ne l’incite toutefois pas à reconsidérer son soutien aux syndicats.

  • .
    Le POID ne vaut pas plus cher...

    Le POID écrit :

    « Depuis début janvier, l’intersyndicale a gagné la confiance des travailleurs et des jeunes en appelant au combat pour le retrait. Il lui revient, si elle veut garder cette confiance, d’appeler tout le pays à la grève générale jusqu’au retrait. C’est le seul moyen de répondre au mépris du gouvernement et de le contraindre à reculer.

    Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui demande à Macron de dissoudre l’Assemblée nationale ou de convoquer un référendum, il devrait se rendre à l’évidence : ce n’est pas de Macron que viendra la solution.

    Le devoir des partis se réclamant de la cause des travailleurs et de la démocratie, qui disent soutenir la mobilisation, est de se prononcer clairement pour le départ de Macron, maintenant, tout de suite, et de proclamer qu’ils sont prêts à constituer un gouvernement d’urgence et de rupture qui abrogera la réforme des retraites. »

    https://www.wsws.org/fr/articles/2023/04/16/pyod-a16.html

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