Accueil > 16- EDITORIAUX DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS > Editorial 12-06-2010 - Afrique du sud : la coupe est pleine

Editorial 12-06-2010 - Afrique du sud : la coupe est pleine

vendredi 11 juin 2010, par Robert Paris

Afrique du sud : la coupe est pleine

A entendre les média d’ici, la coupe du monde de football suffirait à faire le bonheur de tout le peuple sud-africain et à cimenter l’unité de ce pays sorti de l’apartheid. C’est certainement le calcul des dirigeants de l’ANC qui gouvernent depuis la fin du régime raciste blanc. On est loin maintenant des années de l’apartheid et une nouvelle génération qui ne l’a pas vécu ne connaît toujours pas ni la liberté, ni le bien-être, ni même la fin de l’exclusion pour l’immense majorité des Noirs. Le gouvernement compte bien présenter cette coupe en Afrique du sud comme une preuve de la reconnaissance mondiale et comme une raison de fierté sinon d’espoir en l’avenir, espoir qui manque absolument à l’immense majorité.

Si le gouvernement a trouvé les sommes colossales nécessaires pour organiser la coupe et permettre à la FIFA d’engranger des sommes très importantes, le même gouvernement n’a pas un centime pour le logement, pour les hôpitaux, pour la santé alors qu’une fraction considérable de la population subit des graves maladies comme le sida. On affirme ici que le peuple sud-africain fête la coupe dans la rue. Pas étonnant : ne pouvant s’acheter les billets sur internet et faute d’avoir même l’argent pour cela, ils ne peuvent même pas le regarder à la télé car il faudrait encore avoir la télé, même collective, et surtout avoir le courant électrique. La plupart des sud-africains sont tellement démunis qu’avoir le courant consiste à le prendre par une connections piratée ! La moitié des sud-africains, selon les statistiques officielles, vit en effet au dessous du seuil de pauvreté, le quart est au chômage et la plupart n’ont pas un logement suffisant pour vivre. Ce peuple ne vit pas seulement à côté du match mais est totalement démuni de toute santé, de tout emploi, de tout logement et de toute sécurité pendant que les trusts sud-africains caracolent en tête non seulement en Afrique mais dans le monde.

Un résultat étonnant direz-vous après la lutte des travailleurs sud-africains couronnée par la fin de l’Apartheid ? Non, un résultat qui était exactement celui recherché conjointement par les classes dirigeantes, qu’elles soient noires ou blanches, sud-africaines ou internationales. Un résultat que voulaient ensemble l’ANC, parti anti-apartheid et le parti qui avait organisé l’apartheid, le Parti National de De Klerk. Cette entente provenait de la crainte que suscitait la mobilisation extraordinaire des travailleurs sud-africains, notamment ceux des mines d’or, celle de tous les travailleurs, celle aussi des townships, malgré la féroce répression du régime de l’apartheid. C’est cette force fantastique des travailleurs qui explique que les USA et l’URSS de Gorbatchev aient monté ensemble le projet permettant d’en finir avec le régime racial. L’aide du parti communiste sud-africain et celle des dirigeants syndicaux ont permis de cautionner aux yeux des travailleurs ce projet politique qui prévoyait déjà que les trusts sud-africains seraient préservés et que le peuple n’aurait aucun accès aux richesses du pays. Pour remercier Nelson Mandela d’avoir ainsi sauvé les classes dirigeantes d’une révolution sociale capable de s’étendre au continent noir tout entier, on l’a sorti de prison pour le porter directement à la présidence du pays. On peut aussi mesurer combien les classes dirigeantes craignaient le prolétariat sud-africain au pactole reçu par le dirigeant du syndicat des mineurs sud-africains, la NUM, Ramaphosa, devenu milliardaire…

Les véritables artisans de ce changement étonnant, les travailleurs sud-africains, eux, n’ont rien gagné sur le plan économique et social et même souvent sur le plan politique. Comme l’a bien dit l’ancien combattant contre l’apartheid, l’écrivain André Brink, l’ANC a pris la place du Parti National, le parti de l’apartheid, gouverne d’une main de fer contre les travailleurs, contre les habitants des townships, et sert les intérêts des mêmes trusts. Ce parti est celui des bourgeois noirs, des arrivistes, des politiciens et des bureaucrates corrompus qui s’attaquent violemment aux travailleurs. Même les dirigeants du syndicat COSATU, adhérents de l’ANC, sont régulièrement menacés et rappelés à l’ordre par ce parti et par le gouvernement, comme cela vient d’être le cas lors des grèves qui ont précédé la coupe du monde.

La main dans la main, les petits bourgeois nationalistes comme Mandela, les « démocrates » bourgeois comme Desmond Tutu, les staliniens du parti communiste sud-africain et toutes les classes dirigeantes ont détourné la colère révolutionnaire des prolétaires sud-africains et leur ont volé leur victoire. Quant au sort des masses pauvres, noires ou pas, les nouveaux dirigeants s’en footent ! Alors oui, la colère est toujours là, parmi les travailleurs et dans les townships et la coupe ne sera qu’un court répit dans la lutte contre le néo-apartheid capitaliste !

Messages

  • On vient d’apprendre que les forces spéciales de répression déployées pour le Mondial de foot ont frappé des salariés stadiers qui revendiquaient contre la réduction d’un tiers du salaire prévu. Ils ont été tirés comme des lapins à balles en caoutchouc (arme mortelle !). Voilà une image réelle de la manière dont sont traités les travailleurs dans ce pays des années après la fin de l’appartheid !!!

  • Mondial : la police disperse une manifestation

    Après le match Allemagne-Australie de dimanche soir, la police anti-émeute sud-africaine a dispersé une manifestation de plusieurs centaines de stadiers. Ces salariés chargés de l’accueil des spectateurs protestaient après avoir reçu un salaire journalier de 20 € au lieu des 27 qui leur avaient été promis…

    On leur a envoyé des lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Dans les coulisses de la soi-disant « fête du sport », c’est l’exploitation et tout ce qui l’accompagne habituellement.

  • Une manifestation d’employés de stade a été durement réprimée dimanche soir en Afrique du Sud.

    Quelques heures à peine après l‘écrasante victoire de l’Allemagne sur l’Australie, plusieurs centaines de Sud-Africains se sont réunies à Durban pour contester le montant du salaire qui leur a été versé.

    Une démonstration qui n’a, semble-t-il, pas plu aux autorités. Les forces anti-émeutes ont répliqué par des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Une femme a été blessée. Au moins deux personnes ont été arrêtées.

    Ces manifestants n’auraient reçu que 20,40 euros pour leur journée de travail contre les 45,70 promis dans leur contrat.

  • C’est intèressant de voir comment le pouvoir récupère tout, la place du sport dans la propagande d’état n’est pas moindre. Hier adulée cette équipe de france, la récupération politique parlait à cette époque de fraternité, de France Black Blanc Beur, de communauté nationale, une équipe de france républicaine qui a réussit l’intégration et la cohésion, le sport une porte de sortie pour les jeunes et en particuliers pour les jeunes des quartiers populaires d’origine étrangère, c’étaient ainsi que les classes dirigeantes lançait leur propagande.

    Quelques années plus tard les résultats sportifs s’écroulant et surtout une période de crise ou le capitalisme se meurt et l’Etat devient fascisant, l’équipe de France n’est plus qu’un ramassis de "caid" selon les propos de la ministre des sport Bachelot, ces mots ne sont pas anodins, ce sont les mêmes qu’emploient les médias bourgeois pour manipuler "l’opinion publique" en brandissant la menace des cités avec les faits divers en une. Certains pseudos intellos mais véritable réactionnaire, carpette médiatique ont évoqués "des guerres entre les joueurs au sujet ethnique et religieux tout à fait à l’image de la France" et Marine Le pen de reprendre "cette défaite sportive est par contre une victoire du communautarisme, cette équipe n’est pas homogène elle n’est pas représentative de la population française".

    Dans ce triste spectacle il y a quand même qqchose à part, il ya malgré tout dans le sport et dans le foot des classes sociales et qui s’affrontent, car sans parler de la "grève" des joueurs de l’équipe de france refusant de s’entrainer il y adans le foot des joueurs qui gagne des salaires de smicard, des joueurs quisont au chômage, des sans papiers du foot escroqués par les clubs. Le plus bel exemple de lutte de classe dans le foot c’est la grève et l’occupation des joueurs de club de banlieue qui avaient prit le siège de la Fédération Française de Football avec comme slogan le football aux footballeurs au moment des grèves de Mai 68 se déclarant solidaires des étudiants et ouvriers.

    • Cher lecteur,

      je me pose quelques questions :

      comment le sport aurait-il pu naviguer hors de la société, de ses classes, de ses discontinuités historiques, fascistes mais aussi révolutionnaires ?

      comment certains espèrent que le sport n’aie rien à voir avec la politique ?

      pourquoi les classes dirigeantes auraient-elles ouvert le sport au peuple si ce n’est pour les y piéger comme elles ont ouvert le sport électoral, le sport de la loterie ou le sport spéculatif de la bourse ? Ce n’est pas nouveau : Rome tenait ses pauvres par "le pain et les jeux" en somme le minimum vital et des e citations artificielles.

      Est-ce triste ? Je ne sais pas. C’est cela la lutte des classes...

      Aux exploités de retourner la situation. Certains estiment que le piège est trop bien fait. ils se trompent lourdement. Aucun piège n’a jamais empêché les travailleurs d’être une menace. C’est justement parce que les classes dirigeantes pensent cela qu’elles ont toujours en réserve le fascisme et la guerre...

  • La police sud-africaine a annoncé mardi avoir pris le contrôle de quatre des dix stades hôtes du Mondial 2010 - au Cap, à Durban, Port-Elisabeth et Johannesburg (Ellis Park) - pour remplacer des agents de sécurité privés en grève.

    La sécurité des fans de football est donc assurée, a ajouté le gouvernement.

    "La police nationale sud-africaine (SAPS) et le comité local d’organisation (LOC) se sont mis d’accord pour que la SAPS prenne provisoirement le contrôle des opérations de sécurité dans quatre stades", écrit la police dans un communiqué.

    "Nous avons activé ces plans d’urgence (...) pour assurer le bon déroulement de la compétition", a ajouté le commissaire national Bheki Cele, cité dans le communiqué.

    "Nous sommes sûrs que cela ne va pas porter préjudice au Mondial ni à nos activités classiques de police", a-t-il poursuivi.

    "Les supporteurs ne doivent pas s’inquiéter pour leur sécurité parce que la police est prête à intervenir, comme elle l’a fait au Cap, pour remplacer les gardiens privés qui débrayent", a renchéri le porte-parole du gouvernement Themba Maseko lors d’une point-presse à Pretoria.

    "La police sud-africaine et les autres agences de sécurité sont prêtes à gérer tout type de situation", a-t-il encore dit.

    Des agents de l’entreprise privée Stallion sont entrés en conflit avec leur employeur dimanche pour des revendications salariales.

    Environ 400 des portiers de Durban (sud-est) avaient organisé dimanche une manifestation après le match Allemagne-Australie (4-0), qui avait dû être dispersée par la police anti-émeutes.

    Quelques heures plus tard, leurs collègues du Cap (sud-ouest) ont débrayé à peine trois heures avant le match Italie-Paraguay (1-1), lundi.

    Mardi, des centaines d’entre eux ont fait de même auprès du stade Ellis Park, dans le centre de Johannesburg, avant la rencontre Corée du Nord-Brésil.

  • Les fonctionnaires sud-africains, en grève pendant une journée, ont manifesté mardi dans plusieurs grandes villes du pays pour réclamer des augmentations de salaires, ont constaté des journalistes de l’AFP.

    Dans une ambiance festive, des milliers de manifestants ont marché mardi jusqu’au siège du gouvernement Union Buildings à Pretoria pour y remettre une pétition, menaçant d’une grève illimitée si leur 8,6% d’augmentation n’était pas acceptée d’ici jeudi.

    Le gouvernement propose une hausse de 7%.

    Syndicats et autorités devaient se rencontrer mardi en fin de journée pour tenter de trouver un point d’entente.

    Les fonctionnaires ont défilé en chantant, armés de pancartes avec l’inscription, "Vous voulez payer des cacahuètes ? Employez des singes" ou encore "On attend une augmentation" accompagné du dessin d’un squelette.

    "Je suis enseignant et j’ai besoin de reconnaissance. En tant que profs, nous sommes en colère et nous avons faim. Un enseignant ne peut même pas acheter une maison", a déclaré à l’AFP John Molebedi, professeur dans un lycée.

    Au Cap (sud-ouest), des grévistes ont également marché jusqu’au Parlement pour remettre une pétition.

    Plus de 1,3 million de fonctionnaires, qui avaient abandonné leur menace d’organiser une grève pendant la Coupe du monde de football, étaient appelés mardi par l’Association des fonctionnaires (PSA) à la grève, qui a surtout eu des répercussions dans les hôpitaux.

    De nombreux enseignants ont participé à cette journée d’action, ont constaté des journalistes de l’AFP mais le ministère de l’Education n’était pas en mesure de fournir de chiffres précis sur le nombre d’écoles fermées.

    Des mouvements sociaux ont lieu traditionnellement durant l’hiver austral, période de négociations salariales en Afrique du Sud. Quelque 31.000 employés de constructeurs automobiles ont prévu de faire grève mercredi pour obtenir 15% d’augmentation de salaires.

    Les syndicats, qui ont joué un rôle important pendant la lutte contre l’apartheid, représentent des alliés clés pour le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC).

    Des tensions ont cependant surgi sur la question des salaires et plus généralement sur la politique économique de la première puissance économique du continent africain.

  • Des militaires sud-africains ont été déployés lundi dans 37 hôpitaux afin d’y assurer le nettoyage et les repas, au sixième jour d’une grève illimitée des fonctionnaires pour des revendications salariales.

    "Suivant la demande, une équipe médicale peut se composer de médecins, infirmières et urgentistes. Les services militaires de santé sud-africains envoient également du personnel pour aider au nettoyage des hôpitaux", a déclaré le porte-parole de la Défense Siphiwe Dlamini dans un communiqué.

    L’armée avait déjà mobilisé vendredi des médecins dans les principaux hôpitaux publics du pays.

    En dépit de la réglementation qui leur interdit de cesser le travail et d’une décision de justice, des employés des établissements hospitaliers ont continué lundi leur mouvement de grève lancé par les syndicats au nom des 1,3 million de salariés des services publics.

    Des grévistes à Durban (sud-est) ont bloqué l’entrée de l’hôpital King Edward et la police a tiré des balles en caoutchouc pour disperser un piquet de grève devant l’établissement d’Addington, a rapporté l’agence de presse Sapa.

    A Johannesburg, la police gardait les entrées des hôpitaux tandis qu’au Cap (sud-ouest), seule une poignée de grévistes poursuivait le mouvement.

    Les syndicats revendiquent une hausse des salaires de 8,6% et une allocation logement de 1.000 rands (137 dollars, 107 euros). Ils ont rejeté l’offre du gouvernement qui propose 7% d’augmentation et une allocation de 700 rands.

    Cette grève est principalement suivie par les enseignants, en vacances pendant deux semaines à partir de lundi prochain.

    Des mouvements sociaux ont lieu traditionnellement durant l’hiver austral, période de négociations salariales au sein de la première économie du continent.

    En 2007, des centaines de milliers de fonctionnaires avaient observé une grève d’un mois pour de meilleurs salaires. Les écoles avaient dû fermer et les hôpitaux fonctionnaient au ralenti avec l’aide de l’armée et de volontaires.

    Cette grève avait été la plus longue en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid en 1994.

  • La grève des fonctionnaires en Afrique du Sud, entamée il y a une semaine sur des exigences salariales, accentue les tensions au sein de l’alliance de gauche qui a porté au pouvoir le président Jacob Zuma.

    "L’alliance est extrêmement tendue", résume l’analyste politique indépendant Daniel Silke, évoquant une "bataille pour la suprématie" alors que le Congrès national africain (ANC) qui dirige le pays depuis la chute de l’apartheid en 1994, se débat face à une pauvreté et un chômage endémiques.

    C’est une population frustrée de la lenteur des progrès, après seize années de démocratie, qui a redonné à l’ANC une majorité des deux tiers au Parlement en mai 2009, sous la houlette du populiste Zuma.

    Mais la situation ne s’est guère améliorée depuis, en dépit du coup de pouce aux infrastructures donné par le Mondial 2010 de football.

    La croissance s’est tassée au deuxième trimestre à 3,2%, loin des 7% nécessaires selon le gouvernement pour créer des emplois durables.

    Le taux de chômage officiel, de 25,3%, ne reflète pas la réalité d’une population qui a largement renoncé à trouver un emploi, soulignait le mois dernier l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).

    Les inégalités héritées du régime ségrégationniste blanc ne font que s’accroître, en raison notamment d’un système d’éducation déficient. Parmi les jeunes Noirs, le taux de chômage approche les 50%, selon l’OCDE.

    Aussi le débat fait-il rage au sein de l’ANC et de ses alliés —le Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu) et le Parti communiste—, sur la façon d’allouer l’argent public.

    "Bien sûr que cette grève est politique", reconnaît le secrétaire général du Cosatu, Zwelinzima Vavi. Près de trois ans après le congrès de Polokwane, où l’ANC avait renversé sa direction pour élire M. Zuma, "nous n’avons pas de quoi nous réjouir."

    "Nous avons perdu depuis plus de 1,1 million d’emplois", relève M. Vavi. "En conséquence, 5,5 millions de Sud-Africains ont été poussés dans la pauvreté", dans un pays où 43% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

    Dans ce contexte, la grève des fonctionnaires est particulièrement délicate pour le gouvernement. Les quelque 1,2 million d’employés de l’Etat sont sous-payés, dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation ou la police.

    Les fonctionnaires grévistes exigent une hausse de 8,6% de leur salaire, soit le double de l’inflation. Les écoles sont fermées, les hôpitaux n’assurent qu’un service minimal grâce aux médecins militaires et à des volontaires protégés par l’armée.

    "Ce qui est en jeu, c’est la politique économique du pays", souligne l’analyste Silke. "Le débat monte au sein de l’ANC sur la façon de soutenir la croissance et de créer des emplois."

    Pour la confédération syndicale, les hausses de salaires sont l’unique façon de répondre aux inégalités qui ne cessent de se creuser au profit de l’élite dans la première économie d’Afrique.

    Le ministre des Finances, Pravin Gordhan, préfère quant à lui concentrer les efforts du gouvernement sur la création de nouveaux emplois, surtout pour les jeunes.

    Quant au Parti communiste, troisième partenaire de l’alliance dont les dirigeants ont rejoint le gouvernement Zuma, il observe un silence qui irrite le Cosatu.

    Dans cette démocratie ultra-dominée par un seul parti, la bataille qui s’amorce est celle de l’alternance au pouvoir : en 2012, l’ANC tient son prochain congrès, qui devrait déterminer les orientations du gouvernement suivant.

    "Le chômage continuera de poser le risque politique et économique le plus élevé", remarque l’analyste du marché du travail Andrew Levy. Si le président Zuma s’aliène les syndicats, c’est un soutien clé pour 2012 qu’il met en jeu.

  • Les leçons internationales de la grève du secteur public en Afrique du Sud

    Par Ann Talbot

    18 septembre 2010

    Les dirigeants syndicaux ont été chassés d’une réunion à Johannesburg, Afrique du Sud, après avoir dit aux travailleurs du secteur public en grève que leur grève de trois semaines était terminée. Cet incident illustre parfaitement l’aggravation du conflit international entre la classe ouvrière et les appareils syndicaux.

    Les syndicats sud-africains de la fonction publique ont accepté une offre salariale du gouvernement qui représente la moitié de ce qui avait été offert aux travailleurs au début de la grève. Ils essaient d’imposer à leurs membres un accord, après une grève prolongée au cours de laquelle les travailleurs ont été confrontés à des attaques de la police, au déploiement de soldats armés dans les hôpitaux et à des injonctions contre la grève.

    « Les membres sont en colère et veulent se rendre au bureau national pour brûler leurs cartes d’adhérents en signe de protestation, » a dit à des reporters après la réunion Ndiitwani Ramarumo, un membre du syndicat national de l’éducation, de la santé et des secteurs connexes (Nehawu).
    Un responsable syndical qui n’a pas voulu être nommé a dit, « Nous subissons un fort retour de bâton de la part de nos membres qui ne sont pas d’accord avec la décision de la direction de suspendre la grève. »
    « Nombreux sont ceux qui disent que nous leur avons présenté un projet voué à l’échec, » a poursuivi le responsable.

    Les syndicats ont suspendu la grève au moment où la vague de combativité risquait de s’étendre à d’autres sections de travailleurs. Les membres du syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (NUMSA) sont en grève pour revendiquer une hausse de 15 pour cent du salaire. Ils ont défilé jeudi dans Port Elizabeth pour adresser un mémorandum aux associations patronales de l’industrie automobile et pétrolière.

    Les mineurs des mines de platine qui adhèrent au Syndicat national des mineurs (NUM) sont en grève depuis le 23 août.
    Même des sections de la police et de l’armée discutent de la possibilité de se joindre à la grève des travailleurs du secteur public. Ils n’en ont été empêchés que lorsque le gouvernement a obtenu une injonction leur interdisant toute participation.

    Ce qui avait débuté comme une série de grèves revendiquant une augmentation annuelle des salaires s’est rapidement transformée en un mouvement traduisant les tensions qui se sont accumulées dans la société sud-africaine. Les syndicats agissent dans le but d’empêcher que la grève des 1,3 million de travailleurs du secteur public ne devienne le foyer d’une grève générale. Un tel mouvement pourrait établir un lien avec le mécontentement social éprouvé par les nombreux travailleurs non organisés dans les townships et qui ne cessent de manifester de plus en plus fréquemment contre l’incapacité du gouvernement de fournir des services essentiels.

    Les syndicats se sont empressés de mettre fin à la grève dès qu’il est devenu évident que le gouvernement ne pourrait la maîtriser au moyen d’une campagne diffamatoire dans la presse et de répression dans la rue. Ils ont agi tout au long comme le principal pilier du gouvernement du Congrès national africain (ANC) durant cette grève.
    La Fédération syndicale sud-africaine, la COSATU, était contre la grève dès le début. La grève avait été repoussée jusqu’après la Coupe du Monde pour éviter de mettre le gouvernement dans l’embarras et la COSATU ne l’a soutenue qu’à contrecœur lorsque la fédération syndicale plus petite, le Congrès indépendant des travailleurs (Independent Labour Congress), a été obligée d’appeler au débrayage en raison de la colère de ses membres.

    Le secrétaire général de la COSATU, Zwelinzima Vavi, a eu recours à sa rhétorique la plus à gauche possible afin de maintenir le contrôle de la grève. Il a dénoncé les ministres du gouvernement et menacé de soustraire le soutien du syndicat au président Jacob Zuma lors des élections de l’année prochaine. Il a mis l’accent sur la manière dont le fils de Zuma, Duduzan Zuma, a tiré profit d’un accord de partenariat avec Arcelor Mittal et a indiqué l’émergence d’une « élite prédatrice » au sein de l’ANC, avec la création d’une couche d’hommes d’affaires riches grâce au programme de « responsabilisation économique noire » (Black Economic Empowerment).
    La rhétorique de Vari a réussi à maintenir la COSATU à la direction de la grève, position qu’elle a utilisée pour mettre fin à la grève. Bien que frustrés et en colère, de nombreux travailleurs reprennent le travail.

    Cette trahison souligne le rôle universel joué par les syndicats officiels comme adversaires de la lutte des classes et comme agents du patronat et de l’Etat en imposant des attaques à l’encontre de leurs membres.

    L’idée directrice de la politique de la COSATU ainsi que du Parti communiste d’Afrique du Sud est de nourrir l’illusion que leur partenaire gouvernemental, l’ANC, a toujours un caractère progressiste. Les syndicats sont étroitement liés à l’ANC depuis le début de la lutte contre l’apartheid. Mais, le vernis progressiste accordé à ce lien a été totalement révélé au grand jour depuis l’arrivée au pouvoir de l’ANC nationaliste bourgeois.
    Tant que l’ANC était à la tête du mouvement contre l’apartheid, il pouvait être présenté comme un défenseur de la cause de la population laborieuse même si son programme était explicitement capitaliste. A présent qu’il est au pouvoir et qu’il lutte pour la réussite du développement de l’économie capitaliste, le conflit fondamental entre lui et la classe ouvrière a ressurgi pleinement.
    Ce n’est pas simplement une question de « corruption » personnelle si le fils de Zuma ou si d’autres membres dirigeants de l’élite politique profitent d’accords avec des entreprises étrangères. C’est bien plutôt l’expression de la relation qui existe entre la nouvelle bourgeoisie noire, représentée par l’ANC, et l’impérialisme mondial.

    Pour ce qui est de la bureaucratie syndicale, de par son rôle au sein du gouvernement et ses relations étroites avec la direction des entreprises, elle occupe une position lui conférant un privilège considérable et qu’elle est déterminée à défendre à tout prix contre la menace d’en bas. Comme le montre clairement la carrière faite par l’ancien dirigeant du syndicat des mineurs et le leader de la COSATU, Cyril Ramaphosa, ce ne sont pas seulement quelques-uns qui ont réussi à échanger avec succès un poste syndical et d’étroites relations avec les staliniens contre un poste politique de haut rang dans l’ANC et une carrière dans les affaires.

    L’International Socialists, le magazine sud-africain Amandla et d’autres groupes politiques petits bourgeois ont déclaré que l’offre gouvernementale représentait un repli et même une victoire partielle pour les travailleurs. Ils critiquent les dirigeants de la COSATU pour tel faux pas ou telle erreur, une mauvaise tactique par ci ou une approche trop prudente par là. Ils vont même jusqu’à dire que le fait de suspendre la grève était « révoltant. »
    Mais, fondamentalement ils pensent – et veulent que les travailleurs pensent – que les syndicats peuvent être ramenés à la vie et qu’ils sont les seules organisations qui ont le droit de mener la classe ouvrière. Ce qui signifie maintenir l’assujettissement de la classe ouvrière à l’ANC, le temps de rechercher vainement une faction ou une tendance quelconque capable de pouvoir passer comme une représentation progressiste et potentielle des intérêts des travailleurs.

    Le bilan de la COSATU en ce qui concerne cette grève est un témoignage de la nature même du syndicalisme. La fédération syndicale, selon ses propres dires, la plus « combative » du monde, s’est rangée du côté des représentants du capital contre la classe ouvrière au cours d’une grève qui a mobilisé plus d’un million de travailleurs dans un conflit ouvert avec le pouvoir de l’Etat. C’est une expérience d’une signification internationale pour la classe ouvrière.
    Durant ces dernières décennies, au fur et à mesure que l’économie mondiale s’est de plus en plus intégrée, les syndicats n’ont pas été en mesure de remporter des réformes ou des améliorations mêmes les plus modestes des conditions sociales de la classe ouvrière. Les quelques travailleurs plus qualifiés qui ont réussi à négocier une hausse des salaires dépassant de quelques points de pourcentage le taux officiel de l’inflation, en verront l’érosion au fil du temps.

    Pour la grande majorité de la classe ouvrière, les syndicats ne sont plus pertinents. La bureaucratie est royalement indifférente à la souffrance, à la dégradation des conditions sociales et à la hausse du chômage, ce qui est le sort des travailleurs. Au lieu de cela, les syndicats agissent comme les partenaires des gouvernements pour imposer davantage de mesures d’austérité pour que les grandes banques et les grands groupes puissent maintenir leurs profits au lieu de la crise économique mondiale.

    Les travailleurs et les jeunes dans le monde entier doivent tirer les enseignements de l’expérience de la grève sud-africaine dans le service public. Elle montre clairement la nécessité urgente de rompre avec les syndicats pour construire de nouvelles organisations de lutte de classes et d’une nouvelle direction politique sur la base d’une perspective socialiste internationaliste.

  • Plusieurs centaines d’habitants de Soweto ont manifesté jeudi 14 mai pour protester contre la compagnie nationale d’électricité Eskom. Plusieurs quartiers de ce township ont connu une panne d’électricité de près de 10h vendredi dernier. Eskom a du mal à répondre à la demande en électricité et le pays fait face à d’importantes coupures depuis 6 mois. La compagnie menace notamment de couper le courant aux communes n’ayant pas payé leurs factures.

    Soweto mauvais payeur, selon la compagnie d’électricité. La commune de Soweto doit près de 300 millions d’euros de factures impayées. Eskom est très endettée. Aussi a-t-elle annoncé une importante augmentation du prix de l’électricité et menacé de couper le courant à une vingtaine de communes n’ayant pas payé leurs factures.

    A Soweto Eskom prévoit d’installer des compteurs prépayés. Un projet rejeté par les habitants du township.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.