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Pourquoi, cette fois, l’économie capitaliste ne va pas se relever ?

mardi 11 mai 2010, par Robert Paris

La « crise grecque », loin d’être finie, qui a menacé d’enflammer la crise européenne, n’est nullement une crise grecque mais la suite de la crise mondiale débutée aux USA. C’est aussi ce qui explique que la Grèce puisse être examinée à la loupe par le monde entier comme un test géant des possibilités et des risques, en particulier des risques sociaux si les travailleurs montrent leur combativité et débordent le cadre social imposé.

Elle est bien caractéristique de l’instabilité actuelle. En effet, l’économie grecque est une part minime de l’économie européenne et mondiale et il est remarquable que ses difficultés suffisent à faire peur au système mondial. On nous annonçait pourtant une confiance générale dans la reprise mondiale ! Maintenant, c’est l’inquiétude. Mais comment avoir des critère sérieux pour apprécier la situation du système ? Quels critères ? Quelles mesures ? Qu’en conclure ?

Quels peuvent être les instruments de mesure de cette crise ? Est-ce la richesse mondiale ? Mais la crise de 2008, comme celle de 1929, a eu lieu au plus haut sommet de la richesse mondiale. Les sociétés peuvent annoncer des niveaux de richesse qui n’ont rien à voir avec des biens réellement en possession. Les déclarations des Etats sur leurs fonds peuvent être tout aussi mensongers, comme on vient de le voir pour la Grèce. La richesse ne suffit pas à définir l’état du système ni celui d’un société.

Bien entendu, l’enrichissement reste le but du capital et l’accumulation du capital à un niveau élevé peut sembler une preuve de bonne santé mais, comme nous allons le voir, il n’est pas indifférent, pour l’état du système global, de savoir comment ce profit global s’est réalisé. C’est même le critère essentiel de bonne santé systémique.

En effet, les capitalistes peuvent, dans certaines phases, s’enrichir en développant l’économie, en investissant dans la production, dans le commerce, dans la distribution, dans les services, dans les installations et, ainsi, construire une certaine prospérité générale qui active d’autres activités économiques, multiplie la quantité de biens matériels, d’échanges. Mais ce n’est pas le seul moyen de s’enrichir en système capitaliste. A tout moment un capitaliste peut s’enrichir de manière prédatrice, en fondant sa fortune sur des faillites d’autres sociétés, sur des faillites d’Etats ou sur des spéculations fondées sur des chutes d’entreprises, de monnaies ou d’Etats.

Les spéculateurs gagnent autant à miser à la baisse qu’à la hausse. L’important pour eux n’est pas de développer la société mais de vendre à l’avance ce qui va chuter quitte à en provoquer l’effondrement comme d’acheter ce qui va monter, même si cela n’a aucune valeur réelle. Dans certaines phases du système, dites crises systémiques, la production d’investissements uniquement fondés sur des faillites, des pertes, des dettes, des ruines... est beaucoup plus rentable que les investissements parce que ces derniers se sont tellement accrus que leur rentabilité a massivement baissé, le recul économique est alors si général que miser à la baisse est bien plus intéressant que de miser sur la reprise.

On vient encore de voir un tel mécanisme dans la crise grecque puisque des capitaux massifs issus du monde entier ont joué la chute de l’euro et des économies européennes et ont tiré des fortunes de cette spéculation, les Etats choisissant de perdre des fortunes pour soutenir la monnaie. Les Etats enrichissent ainsi la spéculation ce qui est loin de la pousser à se calmer, bien au contraire.

Les mécanismes nocifs révélés par la crise de 2008 sont nombreux et ils sont loin d’avoir disparu depuis malgré l’intervention massive des Etats et la masse impressionnante de capitaux que ceux-ci on déversé. Une grande partie des capitaux mondiaux est investie dans la dette des Etats, particulièrement des USA. Une autre partie spécule à la baisse sur les économies menacées. Cela signifie qu’il est actuellement plus rentable, deux ans après la crise et malgré des centaines de milliards d’investissements des Etats, de couler une société, un pays, une monnaie que d’investir dans le développement économique.

La spéculation sur la dette des Etats n’est certes pas nouvelle mais elle a pris des proportions impressionnantes vis-à-vis des richesses totales produites et des capacités de remboursement réelles de ces Etats. Et ce n’est pas la seule spéculation sur la dette. Il y a la dette des sociétés, celle des organismes publics ou semi-publics comme les municipalités, les caisses sociales, les établissements centraux... On a vu en 2008 que la dette des individus pouvait être source de capital avec les subprimes.

Là encore, ce ne sont pas les seuls types d’investissements dits nocifs car leur développement provoque en chaîne une espèce de nécrose, comme lorsque la mort d’une cellule distribue tout autour des produits mortels pour les autres cellules qui elles-mêmes sont nécrosées. Il y a donc croissance exponentielle de la nécrose du capitalisme.

Pour la plupart des salariés, qui ne sont que consommateurs et pas investisseurs, cet enrichissement fondé sur des dettes comme celles des gens qui ne pouvaient plus payer les intérêts du prêt immobilier de leur maison, c’est quelque chose d’incroyable, du chinois. Peut-on ne fonder des affaires que sur des dettes ? Eh bien oui, dans le capitalisme actuel c’est le cas. Sarkozy n’a-t-il pas déclaré que la France n’allait rien perdre à prêter à la Grèce : qu’elle allait y gagner !!! Rien d’étonnant vus les taux usuraires des prêts à la Grèce et vu que ces prêts vont seulement servir à payer des dettes aux banques des pays extérieurs, notamment de la France...

Des entreprises comme Renault et PSA sont ainsi devenues des entreprises dont les PDG ne s’occupent plus de voitures mais d’investissements financiers, cette spécialisation ne les ayant pas empêché de voir leurs sociétés plonger lors de la crise des subprimes car les banques des deux groupes avaient misé dessus. La crise de l’Automobile n’était d’ailleurs pas la conséquence d’une baisse des ventes venue plus tard mais de ces investissements nocifs. Ces capitaux « nocifs » ne se contentent pas de détourner la masse des capitaux d’investissements réels, ils augmentent le taux de profit et attirent sans cesse plus de capitaux. Ils sont attractifs en somme. Leurs sociétés qui pratiquent la création de capitaux nocifs s’enrichissent, si bien que toutes les sociétés et même toutes les banques et tous les Etats doivent y jouer. Le serpent se mord alors la queue. Le capitalisme est en train de se détruire lui-même !

L’ensemble des capitalistes sait parfaitement que tout le système est ainsi devenu un vaste château de cartes qu’un souffle peut demain emporter. Et la différence avec 2008, c’est qu’il n’y aura plus d’argent dans les caisses des Etats pour intervenir. Les causes de la crise de 2008, loin d’être supprimées, se sont aggravées et les moyens d’y faire face ont disparu. Un processus de nécrose en cascade est bel et bien enclenché même si nul ne peut dire à quel moment le volcan économique entrera en éruption, bloquant complètement cette fois le ciel économique.

Le capitalisme n’est pas différents des autres étapes de la civilisation humaine. Il a fini par atteindre ses limites. Le système capitaliste n’est pas plus éternel que l’empire incas, ou l’empire romain. Aux prolétaires du monde de faire en sorte que tout le capital de connaissances, de moyens, de biens ne parte pas en fumée, et, avant que le monde ne plonge dans les fascismes et les barbaries guerrières pour sauver la classe exploiteuse, de décider de donner une autre suite à l’histoire du capitalisme que la terreur généralisée.

Messages

  • la, ça confirme que le capitalisme est mort, et qu’il était depuis 2008 dans le commas, on le voit avec la démagogie de la relance de l’économie. rien n’est relance ça ne fait qu’empirer les choses et retarder l’explosion sociale. la seule solution est la conscience de la classe ouvrière et le prolétariat pour faire la révolution et éradiquer le capitalisme et le déraciner.

  • « Le capitalisme n’est pas différent des autres étapes de la civilisation humaine. Il a fini par atteindre ses limites. Le système capitaliste n’est pas plus éternel que l’empire incas, ou l’empire romain. »

    A quand la fin de l’empire capitaliste ? Quand le prolétariat se décidera-t-il à nous en débarrasser ?

  • En effet, les capitalistes peuvent, dans certaines phases, s’enrichir en développant l’économie, en investissant dans la production, dans le commerce, dans la distribution, dans les services, dans les installations et, ainsi, construire une certaine prospérité générale qui active d’autres activités économiques, multiplie la quantité de biens matériels, d’échanges. Mais ce n’est pas le seul moyen de s’enrichir en système capitaliste. A tout moment un capitaliste peut s’enrichir de manière prédatrice, en fondant sa fortune sur des faillites d’autres sociétés, sur des faillites d’Etats ou sur des spéculations fondées sur des chutes d’entreprises, de monnaies ou d’Etats.

  • Là encore, ce ne sont pas les seuls types d’investissements dits nocifs car leur développement provoque en chaîne une espèce de nécrose, comme lorsque la mort d’une cellule distribue tout autour des produits mortels pour les autres cellules qui elles-mêmes sont nécrosées. Il y a donc croissance exponentielle de la nécrose du capitalisme.

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