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Haïti : la guerre humanitaire de l’impérialisme

jeudi 28 janvier 2010, par Robert Paris

Nous venons d’assister, soi-disant pour faire face aux conséquences d’un séisme, au débarquement en Haïti de 30.000 soldats en armes, des USA, de France, du Brésil…, un événement dont la signification échappe malheureusement à la plupart des travailleurs, victimes d’une propagande médiatique à grande échelle. Tout a été fait pour leur faire croire que le monde intervenait contre le séisme... pour aider « un malheureux peuple victime d’une catastrophe naturelle, une fois de plus victime d’un triste sort. » ! Ils lui envoient des soldats au lieu de sauveteurs. Ils débarquent des armes et des munitions et peu de nourriture et de soins....

Et, alors que les grandes puissances n’ont pas levé le petit doigt quand Les Gonaïves se sont enfoncées dans la boue lors des cyclones, comment expliquer qu’elles aient mené, cette fois, une opération de grande envergure ? Parce qu’elles ont été touchées par le sort de ce « malheureux peuple » ? Certainement pas ! Elles ont vu là une occasion d’en finir avec les risques révolutionnaires de l’île qui avait renversé Bébé Doc et ses macoutes, qui s’est révoltée contre les coups d’état militaires comme celui de Lafontant en 1991, qui a dû démissionner son armée, qui n’a pas accepté les troupes d’occupation de l’ONU, ainsi que les troupes américaines et françaises, qui s’est révoltée contre la faim en 2008 et qui, lors du séisme, a commencé à s’organiser elle-même et aussi à se révolter. Port-au-Prince a connu depuis des manifestations aux cris de « de la nourriture et de l’aide, pas des soldats ! » et il y a eu des émeutes, des barricades, et même une tentative insurrectionnelle d’un groupe qui avait lancé le bruit d’un tsunami. Voilà pourquoi les grandes puissances craignent tant le peuple travailleur haïtien qu’elles tiennent à l’encadrer militairement.

La plupart des travailleurs dans le monde ignorent que le petit peuple d’Haïti n’est pas seulement une population très pauvre, mais aussi un prolétariat révolutionnaire craint des classes dirigeantes mondiales. Depuis la révolution débutée en 1984-86, la population haïtienne a appris à se battre par ses propres moyens. Elle a une longue expérience de lutte, plus que tout autre peuple du monde. Elle sait se méfier des forces de l’ordre et des classes dirigeantes qui n’ont cessé de la massacrer, sous Duvalier et après Duvalier, après l’intervention armée américaine de 1994 et après l’occupation internationale à partir de 2004 comme avant.

Les classes dirigeantes craignent par dessus tout ce discrédit de l’Etat haïtien et l’absence de forces de répression qui rendrait irrépressible un mouvement populaire. Et ce danger est encore accru par le fait que le séisme a contribué à détruire l’Etat haïtien, autant physiquement que dans sa crédibilité. Si les édifices du pouvoir ont été démolis, la confiance de la population dans cet Etat l’a également été, en voyant qu’il était complètement absent pour sauver les victimes et organiser les secours, l’organisation des soins, du logement des sinistrés, de la sécurité des habitants et de la distribution de vivres...

La première réaction du ministre français des affaires étrangères, M. Kouchner, quelques heures à peine après la catastrophe, alors que des milliers d’Haïtiens sont ensevelis sous les ruines que les morts se comptent déjà par dizaines de milliers et les sans-abris par millions est : « il faut préserver l’ordre, arrêter les pillages, garantir les propriétés » ! Et, le ministre des affaires étrangère du Brésil Celso Amorin renchérit : « Il est clair que cette tragédie requiert une attention spéciale en ce qui concerne l’ordre et la sécurité. D’autant plus que les prisons ont été détruites » (O Estado 14 janvier)

Et la crainte des classes dirigeantes mondiales concerne surtout l’avenir : plus le temps passe, plus la population peut apprendre à se passer d’un Etat bourgeois. Dès maintenant, pour répondre à l’urgence de la situation, en l’absence d’aide de l’Etat haïtien ou des forces armées étrangères, les gens s’organisent par eux-mêmes en comités de quartiers et se fédèrent pour organiser la distribution d’eau et d’alimentation, mettre en place des quartiers et les protéger. Et ils ne craignent rien tant que le fait que cette situation perdure car, alors, les opprimés d’Haïti deviendraient ingouvernables. Les classes dirigeantes du monde ne craignent rien tant que la situation d’un peuple qui apprendrait, comme la Commune de Paris, à se passer de l’Etat des oppresseurs.

Les grandes puissances se réunissent à Montréal pour estimer les urgences de l’aide à Haïti et que croyez-vous qu’elles estiment le plus important de construire ? Des réseaux d’eau potable, des hôpitaux et des écoles ? Non, ce sont des prisons, des casernes, des tribunaux, une police et une armée. Ils veulent réembaucher les militaires haïtiens, démissionnés depuis 1995 l’armée haïtienne avait été dissoute. Ils vont reconstruire complètement l’armée et la police haïtienne. Et c’est, disent-ils, la plus grande urgence. Et pourquoi ? Parce que des années de révolte avaient déjà démoli partiellement l’Etat bourgeois, discrédité par ses atrocités au service des classes dominantes, à l’époque des Duvalier mais aussi après. Parce que l’armée haïtienne s’était alors révélée aussi pourrie que la dictature de Duvalier.

La population pauvre d’Haïti avait alors cessé de croire dans les forces armées, malgré toutes les tentatives des classes dirigeantes et des partis et syndicats, y compris d’Aristide, de faire rentrer le peuple dans le rang. Les cyclones n’ont pas vu davantage l’Etat ou les classes dirigeantes que les forces internationales se préoccuper du sort des petites gens. Par contre, lors des émeutes de la faim en Haïti, on a vu les forces de l’Etat, sa police, ses milices aux côtés de la Minustah s’attaquer aux populations pauvres des bidonvilles.

Les USA, le Brésil ou la Canada vont donc fournir l’armée d’occupation en attendant de reconstruire l’Etat oppressif. L’Europe, qui tient à distinguer son petit rôle, propose de devenir la force de police.... Voilà la principale "aide internationale" en attendant que les fonds collectés atterrissent pour l’essentiel entre les mains des chefs de bande de la bourgeoisie haïtienne et des chefs militaires ou de la police haïtienne !!! Vis-à-vis des Haïtiens eux-mêmes, c’est un véritable chantage : nourriture et soins contre acceptation de l’occupation militaire. La prétendue intervention humanitaire cache une vraie guerre contre le peuple travailleur d’Haïti. C’est la « guerre humanitaire » d’Obama qui se rajoute aux guerres D’Afghanistan, d’Irak, du Pakistan et du Yemen….

Les années d’insurrection

1984

1984 : Plus de 200 paysans furent massacrés à Jean-Rabel après une manifestation pour l’accès à des propriétés terriennes. Pour la première fois depuis le début de la dictature des Duvalier, des émeutes éclatèrent, et les populations des bidonvilles mirent au pillage les entrepôts de nourriture. Les émeutes anti-gouvernementales eurent lieu dans toutes les villes principales du pays. Les premières émeutes ont commencé en mai
1984 dans la ville de Gonaïves. Malgré la répression habituelle, les échauffourées et les manifestations ne cessèrent pas. Les écoliers et les lycéens manifestaient aux cris de : « A bas la misère, à bas le chômage ».

1985

En novembre 1985, une manifestation de la jeunesse fut sauvagement réprimée. Des unités de répression, les « Unités tactiques », furent envoyées de Port-au-Prince et le 28 novembre 1985, l’armée abattit trois jeunes gens. Trois morts de trop qui allaient entraîner des manifestations dans les différentes villes de province. Partout dans le pays, l’annonce de l’assassinat de Mackenson Michel, Daniel Israël et Jean Robert Cius, les trois élèves abattus par balles à Gonaïves dans le cadre d’une manifestation pour réclamer le départ de Bébé Doc, entraîne des mobilisations des collégiens qui ne se laissent plus intimider par les forces de répression et sont suivies de mobilisations de masse. Des milliers de jeunes et d’habitants révoltés vont désormais militer ouvertement pour le départ de Duvalier, mouvement qui n’existait pas auparavant. Dans la ville des Cayes, la deuxième manifestation pour les trois jeunes et contre la dictature se transforme en une véritable émeute avec des barricades. La ville est en feu. Aristide est encore seulement un des curés populaires des Cayes. A Gonaïves, les manifestants se sont imposés face à l’armée. Ils étaient partiellement armés de machettes et de couteaux et très déterminés. L’armée a été contrainte de reculer. Les manifestants ont désarmé des policiers et des soldats et se sont emparés de fusils. Ils ont été un exemple pour le petit peuple dans l’ensemble du pays.

1986

A Port-au-Prince, début janvier 1986, des directeurs d’écoles, dont ceux de Saint-Louis de Gonzagues, du collège Bird et du Sacré-Coeur, établissements fréquentés par la moyenne et grande bourgeoisie, décrétèrent une journée de deuil et de prière. En janvier 1986, malgré les tentatives de Duvalier de réprimer, les manifestations gagnent l’ensemble du pays. Au Cap Haïtien, 40 000 manifestants se retrouvèrent le 29 janvier 1986 pour demander le départ de Duvalier. Partout en province, les jeunes tenaient tête aux miliciens et aux soldats qui tiraient et tuaient. A Port-au-Prince, les « tontons macoutes » étaient concentrés et regroupés. L’état de siège fut décrété à partir du 30 janvier 1986 au soir. Port-au-Prince, silencieux jusque-là, entre en scène le vendredi qui précède la chute du dictateur. C’était une véritable démonstration de gens venus des quartiers populaires. Les gens de Saline ont été en un instant à Lalue pour un premier déchoukage. C’était la répression totale des forces de répression. Mais seuls les macoutes et autres partisans zélés du pouvoir sont pourchassés et tués. L’armée, avec l’aide du nouveau pouvoir, passe pour avoir pris le parti du peuple. Le 7 février 1986, Duvalier est tombé et l’annonce de sa chute, loin de calmer, entraîne un véritable soulèvement populaire. L’annonce de la chute de Duvalier est suivie de déchoukage dans tout le pays. Les macoutes sont violemment pris à partie. Des manifestations de masse dans tout le pays tournent au déchoukage des macoutes connus. Partout, naissent des organisations spontanées qui discutent de l’avenir du pays. Cependant, les détourneurs de lutte sont, eux aussi, à l’œuvre. Le slogan qu’ils lancent en dit long sur leurs perspectives qui n’est nullement de désarmer les forces armées qui ont pourtant soutenu Duvalier jusqu’au dernier moment et seraient à déchouker tout autant que les macoutes. Ils lancent le slogan « diktaté à alé aba makout viv lamé » : le dictateur est parti, à bas les macoutes, vive l’armée…
Ce n’est pas la seule opération de tromperie de ces professionnels de la politique. Ils ont également décidé de lancer des faux objectifs à la population révoltée. D’abord faire croire que l’armée est du côté du peuple, ensuite constituer un gouvernement militaire avant qu’il n’y ait un vide du pouvoir, enfin faire croire à une démocratisation en lançant des discussions sur la constitution, les élections. En mars 1986, le capitaine Diderot Sylvain gifle un chauffeur et est pris à parti par la population pauvre qui s’attaque aux militaires. L’armée répond par une répression féroce, faisant de nombreux morts. Des barricades sont érigées par le peuple dans les rues. Le nouveau pouvoir ne valait pas plus cher que l’ancien. Et le peuple haïtien a continué par la suite à se battre contre des régimes militaires dictatoriaux d’Haïti…

Editorial des bulletins d’entreprise de « La Voix des Travailleurs » :

Haïti : l’intervention "humanitaire" cache une guerre contre le peuple révolté

C’est sans délai que des forces armées considérables (des dizaines de milliers de soldats) venues des USA, de France et du reste du monde ont débarqué en Haïti, suite au tremblement de terre qui a frappé la capitale, Port-au-Prince. Par contre, la nourriture, les sauveteurs et les soins ne sont pas encore parvenus à la majorité des Haïtiens. Malgré la médiatisation à outrance de quelques aides, la plupart des gens n’ont reçu ni aide alimentaire, ni sanitaire. Aucune force gouvernementale, aucune armée n’a participé aux sauvetages de première urgence réalisés à mains nues par la population elle-même. Les difficultés logistiques prétendues avaient pour nom : priorité au débarquement des militaires ! Car, malgré un discours médiatique voulant faire croire à une intervention humanitaire, la tâche essentielle qui lui est assignée est le rétablissement de l’ordre. Les troupes sont équipées pour la répression et non pour le sauvetage et ce sont des unités US de combat, des paras, les fameux bérets noirs, qui occupent le pays aux côtés des Marines. Les équipes de sauveteurs, un avion-hôpital et des secouristes avec chiens ont été bloqués par la priorité donnée au débarquement des militaires. Les forces armées sont des centaines de fois supérieures en nombre aux sauveteurs. Des navires de guerre US sont à proximité d’Haïti pour intervenir en cas d’insurrection générale. Les Haïtiens manifestent aux cris de : « de l’aide, des soins, pas des militaires ! »

Si les forces armées du monde se sont empressées d’intervenir, c’est pour éviter que le vide du pouvoir, causé par le tremblement de terre qui a mis à bas les bâtiments de l’Etat et des forces armées étrangères, et, surtout, que la perte de crédibilité du pouvoir ne se transforme en tremblement de terre... social. Et ces forces cachent leur peur du peuple d’Haïti derrière la crainte de prétendus pillages. Mais, quand on crève de faim, se servir dans les magasins, c’est simplement vital. Ce n’est pas un crime ! Les vrais bandits, ce sont les grandes puissances qui n’ont cessé de soutenir des dictatures en Haïti et leurs escadrons de la mort, macoutes ou autres. Et les armées étrangères occupant le pays depuis 2004, cette prétendue « force de paix » qui prétendait défendre la sécurité des civils, n’ont fait qu’attaquer violemment la population des quartiers pauvres et des bidonvilles, comme lors des émeutes de la faim en 2008. Elles n’ont rien fait contre les bandes armées, contre la misère et l’exploitation. Rien face aux cyclones. Celui qui a détruit Gonaïves, la ville la plus révolutionnaire du pays, a laissé le peuple englué dans la boue sans qu’elles bougent le petit doigt.
L’humanitaire des grandes puissances laisse pantois : le ministère de l’intérieur français a momentanément suspendu les reconduites à la frontière des Haïtiens en « situation irrégulière » sans les régulariser. La Banque Mondiale a reporté de cinq ans, et pas annulé, le paiement de la dette alors que Haïti ne sera pas reconstruit avant dix ans !
Le véritable but des interventions armées étrangères est de désamorcer la révolte sociale qui a débuté en 1986, lorsque le peuple haïtien s’est débarrassé de la dictature des Duvalier que soutenaient les pays occidentaux. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, en s’attaquant aux barbares « tontons macoutes » et en renversant la dictature de « Bébé Doc » Duvalier. Le pouvoir et les classes dirigeantes en ont été durablement ébranlés. Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont permis à l’armée haïtienne de retourner dans ses quartiers généraux. L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter la prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Jamais ils n’ont averti le peuple contre l’armée de Duvalier. Jamais ils n’ont appelé le peuple à se lier aux petits soldats et ces derniers à ne plus obéir à leur hiérarchie. Tous les efforts des dirigeants syndicalistes, religieux, sociaux-démocrates et staliniens, ainsi que d’Aristide, ont été de réconcilier le peuple avec l’armée et les classes dirigeantes.

Quant aux travailleurs d’ici, loin de marcher dans la propagande humanitaire hypocrite des grandes puissances, ils devraient souhaiter au peuple haïtien ce que ses oppresseurs craignent le plus : que le peuple se libère et que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres ! L’île où les esclaves se sont libérés en battant l’Angleterre et la France, n’a pas besoin de troupes étrangères d’occupation, même si ces brigands se disent animés des meilleures intentions du monde ! Ne soyons pas dupes de leur propagande. Ces puissances-là n’ont jamais eu la moindre intention humanitaire et pacifique ! Aujourd’hui, elles visent seulement à encadrer la population qu’elles prétendent sauver…

Messages

  • Ce dimanche, un responsable italien envoyé par Rome à Haïti a critiqué la gestion des secours internationaux. Il a mis en garde contre les risques de révolte d’une “population qui a déjà dépassé le seuil du supportable”.

    Si la distribution de vivres se déroule généralement dans le calme, ce n‘était pas le cas dans un ancien aéroport militaire de Port-au-Prince ce samedi. Les troupes des Nations unies ont dû procédé à des tirs d’avertissement et faire usage de gaz lacrymogène.

    Pour ces Haïtiens qui ont dormi sur la place du Champ de Mars près du palais présidentiel, comme pour tant d’autres, le réveil était dur ce dimanche matin.

  • Nelson Jobin, ministre brésilien de la Défense, de retour au Brésil, a évoqué « le risque d’émeutes ».

    Ce ne sont pas les pillages des « Carrefour » de Carrefour, localité où résidait Pauline Bonaparte, qui a été, comme Jamel, très endommagée par le séisme, qui motivent les inquiétudes du chef de la protection civile italienne et l’envoi massif de renforts militaires en Haïti. C’est bien la perspective d’une insurrection générale, dans un pays désormais sans infrastructure étatique autre que celle que tentent de constituer les grandes nations et l’Onu, qui est redoutée.

    Le passé, depuis la mise au pouvoir du « père » Aristide par les États-Unis, et sans doute le ressentiment créé par une présence massive d’ONG n’ayant que très peu apporté aux populations par rapport à ce qu’elles attendaient ou constataient, laisse entrevoir que cette éventualité de révolte généralisée pourrait avoir quelques fondements.

    http://www.come4news.com/haiti-le-pourquoi-d-un-tel-deploiement-militaire-640113

  • Les forces de l’ordre haïtienne interviennent enfin, mais quelle surprise ! pas pour justement calmer la foule et rétablir l’ordre afin que le ravitaillement puisse être mieux réparti, mais pour eux-mêmes toucher la dîme (je reprend les termes du JT) et partir aussitôt !

  • Tout est fait pour pousser les Haîtiens hors de la capitale et des grandes villes qui vont très vite devenir des bombes sociales et politiques ingérables pour le pouvoir et les grandes puissances. les médias et le pouvoir se relaient pour convaincre la popualtion qu’il faut quitter Port-au-Prince.

    Le gouvernement haïtien veut déplacer 400.000 personnes

    De Michelle Faul Et Tamara Lush (CP) – 21 janv. 2010

    PORT-AU-PRINCE — Un haut responsable haïtien a annoncé jeudi que le gouvernement allait déplacer 400.000 personnes hors de la capitale Port-au-Prince, vers des campements temporaires situés à proximité, dans les jours qui viennent.

  • Donal Steinberg, vice président de l’international crisis group et ancien coordinateur spécial pour Haïti dans l’administration Clinton dans "Le Figaro" du 1er février :

    "La construction d’une société civile stable passe par la restauration de l’Etat et de la sécurité, la création d’un cadre politique et judiciaire fonctionnel (...) Si les casques bleus peuvent servir de tampon, la police nationale doit rapidement reprendre en main le maintien de l’ordre."

  • Le 27 janvier dernier, le FMI se félicitait de sa réactivité face au désastre humanitaire en Haïti en décidant « une aide d’urgence » de 102 millions de dollars [1]. Pour le CADTM, une telle annonce est scandaleuse : ce que le FMI ose qualifier d’ « aide », en raison d’un délai de grâce de 5 ans et demi et de l’absence d’intérêts, constitue rien de moins qu’un prêt dont le capital devra être remboursé. Loin d’aider Haïti à se reconstruire, ce prêt va au contraire paupériser davantage le peuple haïtien en augmentant son endettement. Et comme si le peuple haïtien n’avait pas assez souffert, le FMI impose en contrepartie de ce prêt, inclus dans un programme d’ajustement structurel, l’application d’une série de mesures anti-sociales telles que l’augmentation du prix de l’électricité ou encore le gel des salaires dans le fonction publique ! Dans le même temps, son directeur général Dominique Strauss-Kahn appelle, sans aucune gêne, à la mise en place d’un plan Marshall pour Haïti, qui comprendrait l’annulation de sa dette.

    Le CADTM dénonce cette nouvelle manœuvre du FMI visant à relégitimer son action en Haïti. Il est temps que le FMI rende des comptes aux Haïtiens en annulant immédiatement la dette, en leur restituant toutes les sommes remboursées et en versant des réparations pour tous les dommages subis.

    En effet, le FMI et les autres bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale portent une responsabilité écrasante dans la violation des droits humains fondamentaux des Haïtiens. Depuis plusieurs décennies, ils ont imposé des politiques néolibérales qui ont notamment supprimé l’autosuffisance alimentaire du peuple haïtien et l’ont rendu vulnérable aux chocs externes comme l’augmentation brutale des prix agricoles sur les marchés internationaux. Ces créanciers n’ont, par ailleurs, pas hésité à soutenir la dictature des Duvalier, alliés stratégiques des puissances occidentales comme la France, qui offre même aujourd’hui sa protection à Jean-Claude Duvalier sous couvert du statut de réfugié politique. Le peuple haïtien continue, quant à lui, à payer la dette illégitime contractée par cette dictature qui a servi à sa répression !

    Ce sont également les considérations géostratégiques (à la base d’une large part de l’endettement illégitime des pays du Sud) qui ont poussé le FMI et la Banque mondiale, contrôlés par les pays occidentaux, à ne plus prêter à Haïti entre 2001 et 2004. En effet, cette suppression de l’ « aide » faisait partie des plans du gouvernement américain, qui cherchait délibérément à déstabiliser, puis à renverser, le gouvernement élu d’Haïti. Comme l’a souligné Jeffrey Sachs, économiste et ancien conseiller auprès du FMI et de la Banque mondiale, « les dirigeants américains avaient parfaitement conscience du fait que l’embargo sur l’aide entraînerait une crise de la balance des paiements, une poussée de l’inflation et l’effondrement du niveau de vie, qui à leur tour viendraient alimenter la rébellion [contre le président Aristide] ».

    Tous ces dommages subis par le peuple haïtien doivent aujourd’hui être réparés. Ces réparations se fondent sur la justice et non sur une quelconque générosité des pays riches. C’est pourquoi le CADTM exige un plan pour Haïti radicalement différent de celui proposé par Strauss Kahn et le FMI. Ce plan ne doit pas comprendre les annulations de dettes mais seulement des dons sans contrepartie octroyés au titre des réparations pour tous les dommages subis.

    Le CADTM soutient également l’idée d’une action en justice contre le FMI, qui selon ses statuts ne peut effectuer de dons, afin de le contraindre à réparer les préjudices causés en Haïti et dans l’ensemble des pays du Sud.

    A côté de ces réparations, il est indispensable : - d’annuler totalement et sans conditions la dette haïtienne, comme l’a fait le Venezuela - de rétrocéder toutes les sommes perçues au titre du remboursement de la dette car la dette initiale, dite dette de l’indépendance, n’a aucune valeur légale, et est donc nulle en droit - de restituer à la population tous les avoirs détournés par les dirigeants haïtiens et leur entourage, sur base de la Convention de l’ONU contre la corruption.

    [1] Communiqué du FMI du 27 janvier 2010, « Le Conseil d’administration du FMI approuve une aide d’urgence de 102 millions de dollars EU en faveur d’Haïti »,
    www.imf.org/external/french/np/sec/pr/2010/pr1017f.htm

  • Plus d’une semaine après le séisme dévastateur à Haïti, le président de la République Dominicaine voisine a dressé un premier bilan du coût de la reconstruction. Selon Leonel Fernandez 10 milliards de dollars devront être débloqués pour permettre au pays de se reconstruire. Un trio Etats-Unis, Canada et Brésil devrait diriger les efforts des donateurs.

    La constitution de ce trio sonne comme une évidence. Au regard de la proximité géographique, l’alliance des Etats-Unis du Canada et du Brésil pour piloter la reconstruction d’Haïti est logique. Barack Obama a aussi fait en sorte que le leadership américain paraisse naturel. Il "existe des liens étroits" entre les Etats-Unis et "un voisin qui n’est distant que de quelques centaines de kilomètres au sud de nos côtes" a déclaré le président américain dans une tribune parue mercredi dans Newsweek et Le Monde. Barack Obama n’a tout de même pas oublié de souligner qu’ils entendent travailler "en étroite collaboration" avec les autres pays des Nations unies.

    Les Américains sont restés dix-neuf ans sur l’île après y avoir débarqué en 1915. Plus récemment, hostiles au premier Président démocratiquement élu, Jean-Bertrand Aristide, la Maison Blanche a bloqué l’aide à destination d’Haïti. L’aura de Barack Obama et peut-être sa couleur de peau inspirent désormais confiance aux Haïtiens. L’urgence de la situation a effacé la méfiance que peuvent inspirer les Etats-Unis. Aujourd’hui à Port-au-Prince la population ne parle plus d’ingérence. Elle réclame au contraire avec force que les troupes américaines aident les forces locales à rétablir l’ordre dans les rues de la capitale.

    Une conférence à Montréal pour clarifier le rôle de chacun
    La France a semblé sur la défensive face à ce leadership et cet axe américain qui se dessine pour relever le pays de la désolation. L’absence de message clair et fort de L’Europe n’a rien arrangé. Selon Philippe Moreau-Defarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales, s’il n’y pas de "mainmise américaine sur Haïti", cependant les Américains y ont "des intérêts extrêmement importants", notamment en ce qui concerne les flux migratoires.

    La prochaine conférence de Montréal le 25 janvier prochain, à laquelle se rendra le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, devrait contribuer à apaiser d’éventuelles tensions. Selon le chef de la diplomatie canadienne, Lawrence Cannon, elle "servira à établir une vision claire et commune entre les partenaires clés qui participent aux efforts de secours".

    Articles de Caroline Caldier publiés par Mondialisation.ca

  • Le gouvernement Sarkozy soutient pleinement le mensonge fondamental utilisé par les Etats-Unis pour justifier son occupation militaire de Haïti. La sécurité est le problème central en Haïti. Prenant la parole le 23 janvier lors des préparatifs de la conférence de Montréal sur Haïti, Sarkozy a essayé d’utiliser la catastrophe pour mettre sur pieds une force européenne de sécurité : « La sécurité, c’est aussi la capacité de réagir face à l’urgence.... » Il a ajouté, « C’est pourquoi la France préconise la création d’une force européenne de sécurité civile... qui pourrait être déployée très rapidement. »

    Les affirmations de Sarkozy, du premier ministre François Fillon et de Besson d’une « vieille amitié » et de « liens historiques et culturels profonds » entre la France et son ancienne possession coloniale sont hypocrites et sinistres.

    Bien que la France ait cédé aux Etats-Unis sa position de principale puissance impérialiste en Haïti au début du 20e siècle, elle a, d’un point de vue historique, joué un rôle crucial pour maintenir le pays dans la pauvreté. Napoléon, qui était venu au pouvoir sur la base de la suppression de l’influence des masses dans la vie politique, influence qui avait conduit à la reconnaissance par le gouvernement révolutionnaire français de l’indépendance de Haïti et à la libération de sa population d’esclaves en 1794, avait envoyé des troupes dans le but d’imposer à nouveau l’esclavage. Ces forces armées avaient été vaincues par les esclaves haïtiens conduits par Toussaint L’Ouverture et Jean-Jacques Dessalines.

    Mais en 1825, avec 14 navires de guerre menaçant Port-au-Prince, la monarchie française restaurée de Charles X exigea de Haïti qu’elle rembourse 150 millions de francs, plus tard réduits à 90 millions, en échange de sa propre liberté. Cette indemnité fut un coup très dur pour Haïti qui ne réussit à la payer qu’en 1947.

    Le corps de Marines américains qui régnait sur Haïti de 1915 à 1934 ne remit pas en cause cet arrangement et le rôle de la France, à des moments clés de l’histoire de Haïti, a consisté à apporter son soutien aux Etats-Unis. Le soutien français aux dictatures en Haïti, appuyées par les Etats-Unis est symbolisé par la décision de « Baby Doc » Duvalier de s’enfuir en France après qu’il eut perdu le pouvoir en 1986. Des troupes françaises contribuèrent à l’occupation de Haïti après le coup de 2004, soutenu par les Etats-Unis, contre le président élu Jean-Bertrand Aristide.

    Actuellement, le gouvernement français ne fait aucune critique du blocus des eaux haïtiennes par la marine et les garde-côtes américains, opération appelée « Vigilant Sentry » (sentinelle vigilante), visant à intercepter et renvoyer au pays tout Haïtien cherchant à s’échapper. Il n’a pas non plus protesté contre le fait que les Etats-Unis ont mis en place un camp de détention dans sa base navale de Guantànamo Bay à Cuba et qui peut accueillir plus de 1 000 Haïtiens qui tenteraient d’échapper au blocus.

  • Le peuple haitien, pour l’essentiel, n’a toujours pas vu la couleur des sommes colossales promises par les Etats. Certaines sommes ont seulement été débloquées, d’autres ne le seront jamais...
    De logements, rien. D’emplois, rien.

    L’appel de l’ONU d’1,4 milliard de dollars est couvert à hauteur de 51% (soit 766 millions reçus), alors que 5,3 milliards ont été promis sur les neuf milliards demandés le mois dernier pour la reconstruction dans les 18 prochains mois, a indiqué Mme Byrs.

    « Nous sommes toujours confrontés à une grave crise humanitaire en raison de l’arrivée de la saison des pluies », a souligné le coordinateur de l’aide de la cinquantaine de sociétés de la Croix- Rouge actives sur place, Alex Wynter.

    Selon lui, au moins 38’000 rescapés du séisme sont particulièrement vulnérables dans des campements improvisés et 9000 d’entre eux sont certains d’être balayés par les pluies torrentielles dont le pic est attendu à la mi-mai. Il est urgent de les réinstaller ailleurs.

    La Fédération et les sociétés nationales de Croix-Rouge ont recueilli au total 730 millions de francs.

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