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L’explosion de la nouvelle bulle spéculative va-t-elle emporter le système ?

vendredi 22 janvier 2010, par Robert Paris

Les sommes colossales dépensées par les Etats n’ont relancé que les banques, la finance et ... la spéculation. Celle-ci est repartie de plus belle. Et maintenant, comme en 2008, elle menace la survie du système.

Un article de "La Manche libre" :

Une nouvelle crise ?

Angoisse chez les économistes : de nouvelles bulles spéculatives se forment sur les marchés financiers qui semblent, disent-ils, “repris de frénésie”.

’Environ 70 % du volume des transactions financières sont actuellement réalisés par des opérations de fast trading, c’est-à-dire des mouvements d’aller et retour ultrarapides qui peuvent se faire dans la seconde�, expliquent-ils à la presse. Les marchés financiers flambent, mais l’économie reste paralysée ! Situation malsaine. Et même immorale, si l’on se souvient que la sphère financière fut sauvée aux frais du contribuable au début de l’année dernière...

Selon le “Wall Street Journal”, les banques américaines s’apprêtent à verser des bonus gigantesques et même sans précédent. Cette orgie de profits indigne Barack Obama, qui annonce quant à lui son intention de taxer les banques pour récupérer l’argent des citoyens.
Mais ces taxes (américaine, française ou britannique comme celle décidée par Gordon Brown à Londres) ne semblent pas encore une arme suffisante… Les banques veulent à tout prix garder leurs traders, spécialistes du casino spéculatif. Pour cela, elles sont prêtes à braver le fisc et l’Etat.

Le problème est que ce casino spéculatif a déclenché en 2008 la pire crise financière de l’époque… et s’apprête à en déclencher une autre, “encore plus dévastatrice” d’après les économistes lucides. Ainsi Paul Jorion, l’un des rares analystes à avoir prévu la crise des subprimes… Il sonne actuellement l’alarme dans les pages économiques : “Il ne faut pas se raconter d’histoires, nous sommes en train de fabriquer d’autres bulles spéculatives : sur les marchés actions et sur les marchés des matières premières. Dubaï est un symptôme de ce qui nous attend…” Pour lui et ses collègues, la nouvelle crise explosera en 2012 par l’immobilier commercial : “les centres commerciaux, les stations touristiques, les bureaux, un peu partout dans le monde. Leur situation est financièrement dramatique. Tous ces actifs immobiliers ont été achetés à crédit et leur niveau actuel de recettes ne suffit pas à couvrir les échéances de crédits… Le pire est devant nous. Les deux prochaines années seront redoutables.”

Ces prévisionnistes broient du noir : à leur avis, la gravité de la nouvelle crise sera telle que le système capitaliste entier risque de s’effondrer sur la tête des populations.

Un article des Echos :

La reprise des marchés boursiers internationaux où les indices ont fortement progressé (voir graphique) suscite de plus en plus l’inquiétude. Le constat est semblable en ce qui concerne les marchés obligataires (voir ci-dessous). Tant et si bien que les discours de mise en garde contre le risque de formation de « bulles » spéculatives sur les actifs financiers reviennent en force aujourd’hui. Hier, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, lors d’un forum financier organisé à Hong Kong, a fait rebondir le débat. Certes, il a écarté le risque de bulle des actifs financiers en formation dans la région asiatique. Mais, il a néanmoins appelé à la mise en place de mesures temporaires de contrôle des capitaux. Pour éviter que ne se forme... une bulle.

Il est vrai que l’important afflux de capitaux internationaux dans la région ont ravivé les craintes d’une inflation du prix des actifs. Dans l’immobilier, les prix à Hong Kong, Singapour et en Chine sont propulsés vers des sommets. « Les responsables dans ces pays s’inquiètent maintenant de savoir comment gérer cet afflux - son impact sur les taux de change, la demande intérieure, la stabilité financière -et du danger de bulles des actifs », a révélé Dominique Strauss-Kahn. D’où son idée d’instaurer un contrôle des capitaux.

Le gouvernement chinois, lui, s’est empressé de prendre le problème à bras le corps. Inquiet du rythme de croissance des crédits accordés par les banques du pays -elles ont prêté 1.100 milliards de yuans (environ 110 milliards d’euros) soit le rythme le plus élevé depuis juin 2009 -les autorités chinoises auraient demandé aux plus grands établissements du pays de cesser leurs prêts jusqu’à la fin du mois. Démentant cette rumeur, le président de la Commission chinoise de régulation bancaire Liu Mingkang a confirmé que le volume de nouveaux crédits en 2010 va tomber à environ 7.500 milliards de yuans (773 milliards d’euros) contre 9.590 milliards de yuans (966 milliards d’euros) en 2009. La semaine dernière, pour la première fois depuis juin 2008, la banque centrale chinoise avait annoncé avoir relevé le ratio de réserve des établissements bancaires dans le même but de calmer leurs ardeurs prêteuses et d’éviter ainsi une surchauffe de l’économie et/ou une inflation des prix des actifs financiers.

Evolution des marchés

Les craintes ne se limitent pas à la seule situation du marché chinois. Lundi dernier, à l’occasion de son colloque annuel sur les risques pays, Coface a souligné les risques pesant sur la reprise économique mondiale. Parmi eux, l’établissement a clairement identifié celui de la reconstitution de « bulles » spéculatives. Tant sur le marché des dettes publiques que sur les marchés boursiers et les cours des matières premières. « La hausse du prix des actifs est trop rapide par rapport à la reprise économique », a souligné Jérôme Cazes, directeur général de Coface. Même les ministres des Finances du G7, ces derniers mois, n’ont pas manqué de s’inquiéter de l’évolution des marchés et du retour des comportements à risque des banques sur les marchés. La croissance est certes de retour, mais elle reste fragile et précaire comme l’a rappelé hier la Banque mondiale. Dominique Strauss-Kahn a indiqué que la croissance mondiale en 2010 pourrait être supérieure aux prévisions initiales du FMI de 3,1%. Mais ce rythme ne semble pas étayer suffisamment l’envol des indices boursiers. Pour lui, les responsables mondiaux devraient poursuivre la réforme du secteur financier afin d’éviter une répétition de la dernière crise financière. « Il reste encore beaucoup à faire... Mon inquiétude est que dans six ou douze mois, tout le monde ait repris son activité comme avant et qu’on ait oublié les leçons de la crise financière », a-t-il mis en garde.

Les pays les moins riches vont connaitre une grave crise sociale

La crise va modifier pour les 5 à 10 ans à venir le financement de la croissance. Le resserrement et l’extension de la supervision des marchés financiers, la mise en oeuvre de politiques visant à isoler les pays en développement de la volatilité excessive des marchés, le rôle plus prépondérant des institutions financières locales, une attitude plus prudente des investisseurs face aux risques et le frein probable à l’innovation financière sont autant de facteurs, pour l’institution, qui modifient la donne. A cela il faut ajouter le besoin de recapitalisation des établissements bancaires qui aboutira sans doute à une raréfaction du financement disponible pour les pays en développement. Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) devraient être moins affectés. « Cependant, les entreprises vont faire face à un renchérissement de leur coût en capital ce qui réduira leur capacité à financer des projets », indique le rapport. Dans ces conditions, les IDE devraient reculer de 3,9 % du PIB des pays en développement à 2,8/3 % du PIB. Ce recul pourrait être lourd de conséquences, les IDE représentant jusqu’à 20 % du volume total des investissements en Afrique subsaharienne, en Europe, en Asie centrale et en Amérique latine.

Réduire le coût des emprunts

De ce fait, « bien que les pays en développement ne puissent pas échapper aux conséquences d’un resserrement de la conjoncture financière internationale, ils peuvent et doivent réduire le coût de leurs emprunts et promouvoir les marchés financiers locaux en développant les centres financiers régionaux et en améliorant la concurrence et la réglementation dans leur secteur bancaire », avance Hans Timmer, directeur du groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale. Cela devrait prendre du temps, reconnaît l’institution multilatérale. Tous les pays ne seront pas logés à la même enseigne. Les plus pauvres sont tributaires des subventions et des financements bonifiés a rappelé Justin Lin, chef économiste de la Banque mondiale. « Ils pourraient avoir besoin de 35 à 50 milliards de dollars de ressources supplémentaires rien que pour financer les programmes sociaux en place avant la crise. »

Un article du Monde :

La reprise des marchés boursiers internationaux où les indices ont fortement progressé (voir graphique) suscite de plus en plus l’inquiétude. Le constat est semblable en ce qui concerne les marchés obligataires (voir ci-dessous). Tant et si bien que les discours de mise en garde contre le risque de formation de « bulles » spéculatives sur les actifs financiers reviennent en force aujourd’hui. Hier, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, lors d’un forum financier organisé à Hong Kong, a fait rebondir le débat. Certes, il a écarté le risque de bulle des actifs financiers en formation dans la région asiatique. Mais, il a néanmoins appelé à la mise en place de mesures temporaires de contrôle des capitaux. Pour éviter que ne se forme... une bulle.

Il est vrai que l’important afflux de capitaux internationaux dans la région ont ravivé les craintes d’une inflation du prix des actifs. Dans l’immobilier, les prix à Hong Kong, Singapour et en Chine sont propulsés vers des sommets. « Les responsables dans ces pays s’inquiètent maintenant de savoir comment gérer cet afflux - son impact sur les taux de change, la demande intérieure, la stabilité financière -et du danger de bulles des actifs », a révélé Dominique Strauss-Kahn. D’où son idée d’instaurer un contrôle des capitaux.
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Quand les déboires de la Grèce mettent la pression sur l’ensemble de la zone euro

La crise bouleverse le financement des pays en développement, selon la Banque mondiale

Le gouvernement chinois, lui, s’est empressé de prendre le problème à bras le corps. Inquiet du rythme de croissance des crédits accordés par les banques du pays -elles ont prêté 1.100 milliards de yuans (environ 110 milliards d’euros) soit le rythme le plus élevé depuis juin 2009 -les autorités chinoises auraient demandé aux plus grands établissements du pays de cesser leurs prêts jusqu’à la fin du mois. Démentant cette rumeur, le président de la Commission chinoise de régulation bancaire Liu Mingkang a confirmé que le volume de nouveaux crédits en 2010 va tomber à environ 7.500 milliards de yuans (773 milliards d’euros) contre 9.590 milliards de yuans (966 milliards d’euros) en 2009. La semaine dernière, pour la première fois depuis juin 2008, la banque centrale chinoise avait annoncé avoir relevé le ratio de réserve des établissements bancaires dans le même but de calmer leurs ardeurs prêteuses et d’éviter ainsi une surchauffe de l’économie et/ou une inflation des prix des actifs financiers.

Evolution des marchés

Les craintes ne se limitent pas à la seule situation du marché chinois. Lundi dernier, à l’occasion de son colloque annuel sur les risques pays, Coface a souligné les risques pesant sur la reprise économique mondiale. Parmi eux, l’établissement a clairement identifié celui de la reconstitution de « bulles » spéculatives. Tant sur le marché des dettes publiques que sur les marchés boursiers et les cours des matières premières. « La hausse du prix des actifs est trop rapide par rapport à la reprise économique », a souligné Jérôme Cazes, directeur général de Coface. Même les ministres des Finances du G7, ces derniers mois, n’ont pas manqué de s’inquiéter de l’évolution des marchés et du retour des comportements à risque des banques sur les marchés. La croissance est certes de retour, mais elle reste fragile et précaire comme l’a rappelé hier la Banque mondiale. Dominique Strauss-Kahn a indiqué que la croissance mondiale en 2010 pourrait être supérieure aux prévisions initiales du FMI de 3,1%. Mais ce rythme ne semble pas étayer suffisamment l’envol des indices boursiers. Pour lui, les responsables mondiaux devraient poursuivre la réforme du secteur financier afin d’éviter une répétition de la dernière crise financière. « Il reste encore beaucoup à faire... Mon inquiétude est que dans six ou douze mois, tout le monde ait repris son activité comme avant et qu’on ait oublié les leçons de la crise financière », a-t-il mis en garde.

"Bien que leur intervention se soit avérée vitale, les gouvernements doivent désormais faire en sorte de ne pas devenir la principale cause de la prochaine crise", explique le rapport annuel du Forum sur les risques globaux de 2010. Mettant particulièrement en cause les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui accusent des déficits budgétaires gigantesques, le Forum estime qu’il est grand temps pour les gouvernements de mettre un terme aux mesures extraordinaires prises l’année dernière face à la crise.

"Le plus urgent est maintenant de gérer dans le temps un retrait graduel et crédible des plans fiscaux de façon à rendre la reprise durable", insiste le rapport. Il ne faut pas tarder car "les déficits fiscaux font craindre une détérioration de la dette souveraine", ajoute-t-il.

Parmi les pays développés, la Grèce connaît déjà une crise de sa dette publique, qui est l’une des plus importantes de la zone euro, chiffrée à 113 % du PIB pour 2009. Dubaï, qui a emprunté sans compter pour financer ses projets grandioses, est également montré du doigt. Le petit émirat a été sauvé in extremis le 14 décembre par son voisin Abou Dhabi, le plus riche de la fédération et capitale des Emirats arabes unis.

suite à venir...

Les banques

Les remèdes appliqués par les banques centrales – et les gouvernements – ont en fait été peu nombreux. L’injection massive d’argent dans l’économie s’est imposée – de manière quasiment unanime – comme la seule et unique solution à la crise. Cet argent devait éviter la faillite des banques et des entreprises en difficulté mais aussi soutenir la consommation, l’indispensable rouage de la croissance. L’injection de milliards était aussi censée favoriser l’inflation. La bonne, celle qui permet d’alléger la dette – et dieu sait que les Etats en ont besoin.

Les banques centrales ont donc joué aux apprentis sorciers. Elles pensaient pouvoir manipuler l’inflation à leur guise. Mais, comme le Golem, une fois que la bête inflation est lâchée, elle devient rapidement incontrôlable.

Heureusement pour nous, les banques centrales ont la guigne. Fed en tête, elles n’ont pas réussi à libérer complètement l’inflation de ses chaînes. Alors qu’elles espéraient créer de l’inflation partout sauf pour les matières premières, elles n’ont réussi à en générer nulle part, sauf pour les matières premières.

Les commodities se sont bien portées en 2009. En un an, le pétrole a ainsi grimpé de près de 80%. Voici ce qu’en dit Pierre Tenaud dans le dernier MoneyWeek : "Le pétrole fut même le meilleur investissement de l’année. Loin devant l’or et les indices boursiers". Le brut n’a pas été le seul à briller en 2009. On peut aussi citer le sucre (+135% sur un an) ou encore le gaz naturel (+155% de hausse en quatre mois).

Ces hausses – parfois spectaculaires – s’expliquent par le restockage, la boulimie chinoise pour les matières premières mais aussi par la spéculation. En cause, encore et toujours, ces fameux milliards injectés dans l’économie et qui finissent par arroser toutes les classes d’actifs, accentuant la tendance naturelle des cours.

Au lieu de s’interroger sur le bien-fondé des plans de soutien, les autorités financières préfèrent s’attaquer à leurs conséquences en essayant de limiter la spéculation sur les matières premières.

"La CFTC pose des limites aux spéculateurs des marchés énergétiques. Des mesures destinées à freiner la spéculation sur les marchés de l’énergie et à lutter contre l’envolée des prix du pétrole", nous apprend L’Agefi. Ces mesures sont censées imposer "qu’un seul opérateur ne détienne pas plus d’un quart de l’offre physique estimée d’un contrat". Avec en ligne de mire les 10 plus gros courtiers de la planète dont Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui ont plus que profité des largesses financières du gouvernement américain...

USA

Le fait que Boston (la ville qui compte le plus grand nombre d’intellectuels, d’avocats, de chirurgiens de renom et de licenciés dans les clubs de golf des Hamptons) ait basculé dans le camp républicain ne manque pas de surprendre les politologues. Le désenchantement semble à la mesure des espoirs suscités par le "yes we can" : le sentiment est que tout peut... et risque de rester en l’état.

Ben Bernanke est reconduit à la tête de la Fed, laquelle continue de créer de la monnaie de singe. Tim Geithner continue de chouchouter les banquiers qui ont tant fait pour qu’il obtienne son poste de secrétaire américain au Trésor et s’accommode du gonflement démesuré de la dette — le contribuable paiera. L’argent des plans de relance suffit à peine à freiner la spirale des destructions d’emploi, le taux de chômage réel se situe beaucoup plus près des 20% que des 15%, l’immobilier continue de déprimer (les mises en chantier ont chuté de 4% en décembre).

▪ Nombreux sont les républicains qui se frottent déjà les mains. L’administration Obama semble aller droit dans le mur après s’être pris les roues dans l’ornière boueuse de la récession et des déficits. Vu des faubourgs populaires de Washington, elle donne l’impression de ne même pas tenter de tourner le volant pour changer de trajectoire.

Il faut dire que les banquiers de Wall Street ont dévissé la colonne de direction (plus personne n’a le droit de leur donner de directives une fois le TARP remboursé) puis purgé le circuit de freinage de tout le liquide qu’il contenait. Aucune instance de contrôle ou de régulation de leurs activités n’a pu voir le jour grâce à un intense lobbying auprès du Congrès des membres du G20 ces 12 derniers mois.

Cela a coûté pas mal d’argent mais le retour sur investissement est plus qu’appréciable. Les pertes cachées des banques restent plus que jamais inconnues du grand public ; les conduites à risque et le détournement de l’argent du contribuable à des fins spéculatives ont repris de plus belle et les bonus pleuvent !

▪ Oui, tout ce qui précède réjouissait bruyamment Wall Street mardi soir. La fête aurait probablement pu battre son plein durant une bonne partie de la séance de mercredi... si la Banque centrale chinoise n’avait fait savoir dès hier matin qu’elle avait décidé de siffler la fin de la récréation spéculative à crédit.
Les deux premiers coups de sifflet (hausse du taux de dépôt puis relèvement des réserves obligatoires des banques nationales) avaient été apparemment couverts par les cris de joie des spéculateurs qui s’éclataient à Shanghai et Shenzhen.

C’est la Commission de régulation bancaire chinoise qui s’est chargée de calmer tout le monde en appuyant sur le bouton de la sirène d’incendie. Cette fois-ci, elle réussit à capter l’attention des marchés car elle se montre assez précise au sujet de ses objectifs : contenir le volume de nouveaux crédits sous la barre des 7 500 milliards de yuans (773 milliards d’euros) cette année contre 9 590 milliards de yuans (966 milliards d’euros) l’an passé.

Cela représente une contraction de 20% : cela semble difficile à envisager compte tenu des mauvaises habitudes prises ces derniers mois par les ménages chinois. Ces derniers n’ont d’ailleurs fait qu’obéir au voeu du gouvernement de voir la demande intérieure compenser l’absence de plus en plus sensible des consommateurs occidentaux.

Le taux de croissance de la masse du crédit avait été vertigineux en 2009. Selon la Banque centrale, il aurait été de +95%, soit un quasi-doublement par rapport à une année 2008 "olympique" où tous les records d’endettement avaient été battus.

Nous ne savons pas si une contraction de 20% du volume des prêts en 2010 est un objectif réalisable. Cependant, nous parions que même si Pékin parvenait seulement à contenir le volume des nouveaux crédits sous la barre psychologique des 1 000 milliards de yuans, les agents économiques considèreraient que les conditions sont devenues "restrictives".

▪ Il n’a pas fallu longtemps pour que les investisseurs prennent conscience des implications de ce changement de position radical des autorités monétaires de Pékin : la Bourse de Hong Kong a chuté de 1,8% et celle de Shanghai a dévissé de 2,8%.

En Europe, les pertes se sont amplifiées tout au long de la séance, de même que les volumes, qui grimpent à 3,8 milliards d’euros à Paris. Le CAC 40 a abandonné au final 2%, à 3 929 points dans le sillage du Dow Jones (-1,75%) et du Nasdaq (-2% à mi-séance). La cascade de records inscrits par les indices américains mardi soir pourrait avoir constitué le chant du cygne du mouvement de hausse amorcé le 18 décembre dernier.

Chez nos voisins, Londres reculait de 1,8%, Francfort de 2,1%, Milan de 2,45%, Madrid de 2,65% et enfin l’Euro-Stoxx de 2,35% — la plus forte correction depuis le 26 novembre dernier.

▪ Parmi les conséquences les plus spectaculaires du durcissement de ton chinois, il faut souligner l’envolée de 1,5% du dollar, jusque vers 1,4080/euro en quelques heures. Cela tend à prouver que de nombreux opérateurs s’empressent de déboucler leur carry trade (euro/dollar) et manifestent de la sorte une soudaine aversion au risque. Le mouvement atteint une rare intensité depuis le 13 janvier puisque le billet vert reprend 3% en cinq séances.

Lorsque le marché des changes commence à subir ce genre de pic de volatilité, c’est qu’un séisme boursier n’est pas loin de se produire... où qu’un tsunami est déjà en formation au large de Wall Street. Il pourrait s’agir cette fois-ci de l’amorce d’un gigantesque glissement sous-marin de la valeur des dettes gouvernementales. Il reste encore invisible aux yeux des investisseurs mais une curieuse vague frangée d’écume se dessine déjà au ras de l’horizon. Il est grand temps de gagner les abris.

Messages

  • Plus dur sera la rechute...
    Ce qui est intéressant, notamment dans l’article du monde, c’est l’idée que la pseudo reprise -avec laquelle on nous abreuve depuis des mois- est artificielle puisqu’elle ne correspond pas à une reprise de la production de richesses, c’est à dire de marchandises (biens de productions ou de consommation). En fait, cette spéculation sur les actions est alimentée par les liquidités massives diversés par les Etats et les banquiers centraux et il s’agit les spéculations sur des matières premières telles que le pétrole (et même le souffre)etc ;et elle entraîne la formation de nouvelles bulles qui vont finir par se dégonfler...

    Mais le monde ne parle pas de l’instabilité des marchés boursiers. En effet, le Cac 40, par exemple, avait franchi la barre symbolique des 4000 points la semaine dernière (niveau d’avant la crise d’août 2007) et il est vite redescendu parcequ’au fond la plupart des capitalistes n’ont pas confiance dans l’avenir, c’est à dire qu’il ne voient pas de reprise à l’horizon. D’ailleurs le Cannard Enchaîné, datant de 15jrs, relevait que plusieurs patrons du Cac40 avaient vendu leurs stocks options fin décembre et début janvier par crainte d’une rechute. Ce sont des signes qui ne trompent pas sur la santé réelle de l’économie !

    La contradiction fondamentale et insoluble provient de la rareté des investissements rentables et la surproduction qui font que même les patrons n’ont plus confiance dans leur système ! !

    • Extraits d’un article du monde du vendredi 22 :

      Car des "bulles" spéculatives sont en formation partout dans le monde, comme l’illustre le comportement des éleveurs de porcs chinois. Nombre d’entre eux achètent du cuivre, soulignait l’organe professionnel britannique Metal Bulletin, fin 2009. Ils trouvent plus rentable d’utiliser les prêts consentis généreusement par les banques pour acheter des contrats à terme de métaux sur le Shanghai Futures Exchange plutôt que de moderniser leurs porcheries.
      Cela paie puisque, mercredi 20 janvier, le prix de la tonne de cuivre se stabilisait sous les 7 500 dollars, alors qu’il se traînait à 2 800 dollars peu avant Noël 2008.
      Une jolie "bulle" parmi d’autres qui se caractérisent par une forte augmentation de valeur d’un actif sans rapport avec le jeu normal de l’offre et de la demande ; elle est causée par des investisseurs qui anticipent une hausse et achètent massivement avec l’espoir de revendre plus cher. Sous cette poussée, le renchérissement se réalise et attire de nouveaux spéculateurs, etc.
      Cette spirale se termine toujours mal. L’oignon de tulipe devenu à Amsterdam, en 1637, aussi onéreux qu’un immeuble ou les "jeunes pousses" Internet, bâties sur du vent en 2000, se sont effondrées instantanément ruinant les imprudents qui avaient parié sur ces fausses valeurs.
      Plusieurs secteurs sont investis par la spéculation, les matières premières en tête. "Les banques centrales injectent massivement des liquidités, analyse Patrick Artus, directeur de la recherche chez Natixis. Une partie est investie en obligations et l’autre dans deux classes d’actifs : les matières premières non alimentaires et les actions des pays émergents." La bulle est patente, selon lui, puisque, écrit-il dans une note du 11 janvier, "le prix du pétrole serait aujourd’hui accru de 35 % par la spéculation et celui des métaux non précieux de 70 %".
      Pierre-Noël Giraud, professeur à Mines ParisTech, estime, lui aussi, que "les investisseurs sur le papier font monter les cours, ceux du pétrole ou du nickel et même celui du soufre qui ne vaut rien en principe - c’est un sous-produit des raffineries -, mais dont le prix augmente pourtant en ce mois de janvier".
      Les Bourses aussi subissent cette pression : l’indice boursier mondial MSCI a augmenté de 71 % en 2009 et le brésilien Bovespa de 82,66 %, alors que l’économie mondiale n’est toujours pas tirée d’affaire. Il semblerait que des mouvements de "carry trade" contribuent à ces ascensions, les spéculateurs empruntant dans une monnaie dont le rendement est faible comme le dollar pour acquérir devises et actions des pays émergents plus rémunérateurs.
      On détecte aussi un regain d’irrationalité sur les marchés immobiliers. Celui de Londres toujours mal assaini serait reparti à la hausse aux environs de 15 % et les prix du mètre carré à Shanghaï ou Shenzen enfleraient de 15 % à 20 %.
      Dernière "bulle", la Chine à elle toute seule. "Effrayées par la récession annoncée et les risques de manifestations populaires, les autorités chinoises ont ouvert les vannes du crédit de façon délirante", commente Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities.

  • Depuis le début de semaine, les investisseurs du marché des changes ont les yeux tournés vers la Chine. Les récentes déclarations de Pékin ont, en effet, poussé les investisseurs à s’interroger sur la dynamique de la reprise économique mondiale, les incitant à se réfugier sur le dollar et le yen.

    Depuis plusieurs semaines, les responsables chinois s’efforcent dejuguler la bulle spéculative qui risque à tout moment d’exploser en Chine. Celle-ci s’est notamment traduite par une augmentation fulgurante des prix de l’immobilier dans les grandes villes du pays. D’après des données officielles portant sur plus de 70 villes, les prix de l’immobilier ont connu leur hausse leur plus rapide depuis 18 mois en décembre.

    Cette bulle spéculative, comme l’ont reconnu les autorités, devrait continuer d’être opérante en 2010, principalement à cause de la reprise de l’activité économique en Chine. Avec une croissance de 8,7% en 2009, soit nettement supérieure aux attentes, et un quatrième trimestre à 10,7%, la Chine continue d’attirer les investisseurs étrangers.

    Selon des données publiées par la presse mais démenties par l’Administration d’Etat des Changes, plus de 167 millions de dollars de capitaux spéculatifs sont entrés en Chine l’an dernier. Les autorités ont démenti immédiatement la méthode de calcul utilisée qui consiste à soustraire l’excédent commercial et les IDE des réserves en devises étrangères de la Chine. Toutefois, Pékin a reconnu qu’un problème existe à ce niveau-là et qu’il devrait perdurer en 2010 à cause des taux pratiqués par la Fed et d’un possible resserrement monétaire par la banque centrale de Chine.

    Au même moment, la Chine fait l’objet de fortes pressions de la part de ses principaux partenaires commerciaux qui souhaitent voir les autorités chinoise réévaluer le yuan. Prétextant que la stabilité du yuan est bénéfique à tout le monde, Pékin a jusqu’à présent fait la sourde oreille. En décembre dernier, les responsables européens avaient notamment essuyé un échec flagrant à ce sujet. Cette fois, c’est au tour du Japon de s’élever contre le taux de change du yuan, appelant le G7 à envoyer un « message collectif » à Pékin lors du prochain sommet des 5 et 6 février au Canada. Les propos du Japon font directement echo à ceux tenus lundi dernier par un haut responsable canadien qui avait plaidé pour que le yuan évolue plus librement. Cette annonce n’a toutefois pas eu d’effet sur le marché des changes, les traders ayant conscience des moyens de pression limités dont dispose les pays membre du G7 sur la Chine.

  • La Société Générale rechute sur les subprimes

    La banque n’en finit pas de déprécier son énorme stock d’actifs illiquides, fruit d’une culture de spéculation excessive au cours des années 1990. Mais s’en est-elle vraiment affranchie ? L’ alerte sur résultats lancée mercredi par la Société Générale, bien qu’inattendue, n’a pas affolé les investisseurs, qui semblent avoir intégré le caractère toujours très risqué du secteur financier. L’action a certes perdu 2,9% mercredi dans unmarché stable,mais le recul apparaît finalement très limité.

    La banque de la Défense a annoncé deux mauvaises nouvelles. Tout d’abord de nouvelles dépréciations d’actifs d’un montant de 1,4 milliard d’euros. Il s’agit, une fois de plus, de dérivés de crédits adossés à des actifs immobiliers d’habitation américains (CDO de RMBS dans le jargon).

    Ensuite, la Société Générale prévient que « la banque de financement et d’investissement (BFI) devrait enregistrer un produit net bancaire en baisse par rapport au troisième trimestre, notamment sur le fixed income [produits de taux, en français], traduisant un ralentissement marqué de l’activité en novembre et de conditions demarchémoins favorables ».
    Des bénéfices « de justesse »

    Elle signale au passage qu’elle enregistrera aussi 100 millions d’euros de dépréciations liées notamment aux credit default swaps (« instruments de couverture de crédit »). Au total, la Société Générale estime que « le résultat net part du groupe estimé du quatrième trimestre 2009 devrait être légèrement bénéficiaire ».

    Les spécialistes s’attendent à un bénéfice annuel légèrement supérieur à 500 millions d’euros après un bénéfice symbolique au dernier trimestre. Il serait en perte sans la plus-value de 600 millions provenant de la perte de contrôle de l’activité de gestion d’actifs Sgam, fusionnée avec celle de Crédit Agricole SA (Caam) au sein de la nouvelle structure Amundi. C’est dix fois moins que ce que devrait publier BNP Paribas.

    Sur le fond, ces dernières annonces sont vraiment inquiétantes. Tout d’abord, le stock d’actifs à risque de la Société Générale (35 milliards d’euros mi-2009) reste colossal, laissant entrevoir que le prétendu modèle de développement des années Bouton – une marche forcée dans les activités de marché afin de maintenir à tout prix l’indépendance de la banque, voire de rattraper le grand rival BNP Paribas –, malgré quelques beaux succès dans les produits dérivés par exemple, était bien fragile compte tenu des risques excessifs alors pris.
    Craintes sur les fonds propres

    Ensuite, cette page semble bien difficile à tourner : les actifs immobiliers américains à risque du millésime 2005 ne sont ainsi encore dépréciés que sur la base d’un taux de perte de 13 à 15% contre, par exemple, une hypothèse de 25% chez Crédit Agricole SA. Il pourrait donc y avoir bien d’autres dépréciations. Pour sa part, le ralentissement des recettes tirées des produits de taux de la BFI augure mal de 2010 après une année 2009 exceptionnelle dans les émissions obligataires des entreprises.

    Enfin, les mauvais résultats de la Société Générale pourraient également relancer la question de l’adéquation de ses fonds propres et les spéculations d’augmentation de capital massive.

    Si la banque fait toujours figure de proie, c’est, désormais, une cible en situation de faiblesse et non plus une belle convoitée. La volonté d’entrée au capital du milliardaire russe Vladimir Potanine peut entraîner quelques spéculations, mais ne constitue pas pour autant une perspective rassurante.
    Faut-il investir dans la société générale ?

    Prudence. Les banques ont mangé leur pain blanc au cours de l’année 2009. Pas de catastrophe en 2010, mais les obstacles à un véritable redressement des marges semblent se donner rendez-vous cette année. Les dépréciations de la SG peuvent en laisser imaginer d’autres chez Crédit Agricole SA, par exemple, qui a lui aussi pris des risques excessifs ces dernières années afin de rattraper ses concurrents. Pour l’ensemble du secteur, les deux moteurs des résultats en 2009 – les produits de taux et la marge d’intermédiation soutenue par les taux bas des banques centrales – risquent de nettement ralentir.

    Même si le marché a faiblement sanctionné l’alerte de la Générale, les actions du Crédit Agricole SA , Natixis et Société Générale restent à éviter. A l’inverse la BNP Paribas ainsi que manière strictement spéculative sur Dexia devrait combler les investisseurs.

    Attendons maintenant la présentation officiel des résultats annuels de BNP Paribas le 17 février 2010) et de la Société Générale le 18 février 2010..

  • Prendre conscience que nous entrons dans une crise aux manches longues, qui va bien vite révéler sa nature outrancière de famine, en attendant tout le cortège humiliant de la charité des humanitaires de la famine, et le battage médiatique international pire que couteau pharmacie.

    Se convaincre que cette crise-là, contrairement aux autres ordinaires qui se suivent et se remplacent sans attendre, est cette fois d’une nature autrement plus complexe, et qu’elle ne se satisfera pas de demi-mesures et d’effets d’annonce, d’incantations et de proclamations.

    Réaliser que le propre d’une crise extrême et nouvelle (comme jamais on en a eu à affronter, puisque 1974 était localisé et qu’ici c’est généralisé) est aussi de porter en germe des solutions radicales qui sortent des petits ajustements quotidiens... pour contraindre aux changements de fond, aux ruptures indispensables d’orientation. Et puis après ? Nous savons que nous entrons dans une crise totale capitale... mais nous n’avons aucune idée du comment et du quand nous nous en sortirons. Ni dans quel état.

  • Le cours du bitcoin s’est envolé mercredi au-dessus de 11.000 dollars après avoir vu sa valeur multipliée par dix en moins d’un an, suscitant un intérêt des investisseurs mais aussi un risque de bulle croissants.

    Sans existence physique, le bitcoin qui ne valait que quelques centimes en 2009 lors de son lancement, s’appuie sur un système de paiement de pair-à-pair basé sur la technologie dite "blockchain" ou "chaîne de blocs". Il s’échange sur des plateformes spécifiques sur internet et n’a pas de cours légal.

    Il n’est pas régi par une banque centrale ou un gouvernement mais par une vaste communauté d’internautes et accepté dans un nombre grandissant de transactions (restaurants, immobilier, etc.).

    A la mi-septembre, le PDG de la banque JPMorgan, Jamie Dimon, avait estimé que le bitcoin était une "escroquerie" destinée à "imploser", tandis que le patron de Credit Suisse, Tidjane Thiam, avait déclaré récemment que c’était "la définition même d’une bulle".

    "C’est une bulle et il y a beaucoup de mousse. Ca sera la plus grosse bulle de notre vie", a prévenu Mike Novogratz, gestionnaire de fonds spéculatifs, lors d’une conférence sur la cryptomonnaie mardi à New York.

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