
Voilà comment les troupes internationales ont sauvé l’Afghanistan !
L’islamisme radical est-il un vrai ennemi de l’impérialisme et du capitalisme ?
Loin d’arrêter les guerres de Bush, Obama les étend. Au Pakistan maintenant et demain ? Au Yemen ? Au Nigeria ? A la Somalie ? Au monde ?
Veut-il défendre les peuples contre le fascisme se revendiquant de l’Islam ou, au contraire, veut-il dresser un mur pour défendre son système menacé par la crise et par les développements explosifs, sociaux et politiques, qu’elle va amener inévitablement ?
Des conflits, la société actuelle en connaît de multiples. Comment les estimer ? Comment savoir à quels objectifs ils répondent ? Quel intérêt ont les Etats et les classes dirigeantes de tel ou tel pays à entrer en guerre et, en particulier, quel intérêt pour les grandes puissances à favoriser des guerres dites "contre le terrorisme" ?
Il y a là dedans plusieurs problèmes. Bien sûr, les classes dirigeantes de plusieurs pays peuvent se faire la guerre et ils le peuvent même à l’échelle mondiale comme l’ont montré les deux grandes guerres mondiales.
Cependant, on ne doit jamais isoler ces guerres des intérêts économiques, sociaux et politiques des classes dirigeantes.
Les Etats et les classes dirigeantes ne combattent pas pour des idéologies mais pour des pouvoirs et des richesses.
Ils ont été jusqu’à la guerre mondiale du fait de crises économiques et sociales dans lesquelles ils ne voyaient que des révolutions sociales à venir.
Ils ont préféré un grand massacre mondial que des luttes sociales dangereuses pour le système.
Avec le stalinisme, il en a été de même. ils ont préféré donner une partie de la planète au stalinisme que de risquer des révolutions sociales.
Ensuite, ils ont choisi de polariser la planète dans une prétendue lutte entre "monde libre et pays de l’est". Dès qu’ils ont souhaité finir cette division, parce qu’elle ne permettait plus d’éviter des luttes sociales, ils se sont débarrassé de cette division du monde.
Il n’y a aucune résistance sérieuse contre cette transformation ce qui montre qu’elle était voulue par l’impérialisme de l’ouest.
Du côté des islamistes dits radicaux, qui ne sont radicaux qu’en paroles contre l’impérialisme, ils étaient les meilleurs amis de l’impérialisme dans la phase précédente, celle des blocs.
C’est avec la fin de la politique des blocs, que l’impérialisme s’est retourné contre eux alors qu’auparavant il les armait et les organisait.
Ils lui servent maintenant d’ennemi numéro un.
Pourquoi ont-ils tant besoin de faire croire à un faux ennemi numéro un ?
Parce que leur vrai ennemi numéro, les classes ouvrières et les peuples, ils ne veulent pas qu’elles sachent qu’ils les craignent.
D’autre part, ils souhaitent que ceux qui se révoltent se tournent plutôt vers les islamistes radicaux que vers de vrais radicaux, les communistes révolutionnaires.
Partout dans le monde, le terrorisme est apparu suite aux interventions US ou même avec leur aide !
L’Irak n’a connu le terrorisme qu’après les guerres des USA. le terrorisme de Ben Laden est directement une création de l’impérialisme américain. Le terrorisme s’est grandement développé après l’intervention américaine en Somalie. etc, etc....
Pakistan
La nouvelle guerre d’Obama au Pakistan
Des missiles tirés par des drones Predator américains ont frappé un village pakistanais durant le week-end, faisant au moins 13 morts. Cette attaque survient au moment où des articles décrivent l’intensification des opérations par les escadrons de la mort des forces spéciales américaines du côté afghan de la frontière.
Ces formes de guerre, qui équivalent en fait à des assassinats ciblés, sont à l’avant-plan des premières opérations de l’escalade ordonnée plus tôt ce mois-ci par le président Barack Obama, qui envoie au moins 30.000 soldats de plus en Afghanistan.
Ces méthodes sont les caractéristiques d’une sale guerre de type colonial qui a pour but de réprimer la résistance à une occupation qui vise à faire régner la domination de Washington dans la région stratégique riche en énergie de l’Asie centrale.
Rapportant les paroles de responsables pakistanais, le quotidien de Lahore The Nation a publié dimanche que le total des victimes d’une attaque de drone sur un village du Nord-Waziristan s’élevait à 13. Deux missiles auraient frappé des installations du village Saidgi, situé à environ six kilomètres de la principale ville du Nord-Waziristan, Miranshah.
Les drones continuant à patrouiller la région, un bombardier américain B-52 a aussi survolé le village selon les médias pakistanais, terrorisant la population locale.
La frappe de missile était la troisième de ce type sur le Nord-Waziristan depuis le 17 décembre. Cette zone fait partie de la région tribale du nord-ouest du Pakistan qui est utilisée par des éléments de la résistance afghane, soutenus par les tribus pachtounes au Pakistan, pour lancer des attaques contre les forces d’occupation en Afghanistan.
Les opérations de drones ont été dirigées par la Central Intelligence Agency (CIA) américaine, utilisant un aérodrome secret dans la province pakistanaise du Baloutchistan pendant que des agents de la CIA contrôlent les tirs de missiles, assis devant des écrans vidéo à Langley en Virginie. Le Pentagone mènerait ses propres attaques par drones.
L’administration Obama a considérablement intensifié ce type d’attaques, en en lançant deux fois plus durant la dernière année que ne l’avait fait l’administration Bush lors de la dernière année de son mandat. Le caractère secret du programme de la CIA sert en partie à masquer l’horreur des morts civiles causée par les tirs de missiles Hellfire sur les villages pakistanais.
Comme c’est essentiellement le cas pour toutes ces attaques, les médias américains ont répété les paroles des responsables des services du renseignement en soutenant que les victimes de la dernière frappe de missile étaient toutes des « militants », sans aucune confirmation de l’identité de ces victimes.
Le quotidien The News de Lahore, citant des données fournies par les responsables pakistanais, a rapporté en avril que 687 civils avaient été tués par une soixantaine de frappes de drones menées depuis janvier 2008. Avec la même proportion, 30 attaques de drones supplémentaires ayant été lancées depuis, le nombre de civils pakistanais tués pourrait facilement avoir dépassé le millier.
Pendant les deux dernières années, le gouvernement pakistanais — autant celui du dictateur militaire Pervez Moucharraf que son successeur, le président Asif Ali Zardari du parti du peuple du Pakistan — a conçu un modus operandi avec Washington qui consiste pour le Pakistan à protester publiquement les attaques de drones et à demander qu’elles arrêtent, tout en leur donnant le feu vert dans les coulisses.
Les responsables américains ont présenté les frappes de missiles comme une tentative de tuer des chefs d’Al-Qaïda. Les dernières séries d’attaques, cependant, ont été lancées spécifiquement contre des éléments de la résistance afghane que l’armée américaine et les agences de renseignements nomment le réseau Haqqani, dénommé pour son chef Jalaluddin Haqqani, qui opérait à partir du même sanctuaire situé dans le Nord-Waziristan dans les années 1980. Il était alors un des principaux récipiendaires des armes et de l’aide américaines dans le cadre de la guerre, appuyée par la CIA, contre le régime pro-soviétique à Kaboul.
Depuis l’annonce de l’escalade afghane, Washington a mis de la pression sur le gouvernement pakistanais pour qu’il envoie ses troupes contre le groupe Haqqani et d’autres forces alignées sur les talibans afghans qui opèrent à partir du Nord-Waziristan, tout juste l’autre côté de la frontière afghane. Cependant, Islamabad a refusé en citant sa présente campagne militaire au Sud-Waziristan, qui fait partie des régions tribales fédéralement administrées.
La campagne au Sud-Waziristan est dirigée contre des insurgés islamistes pakistanais tenus responsables pour une série d’attaques au nord-ouest du pays.
Comme le Washington Post l’a fait remarqué, le gouvernement pakistanais a conclu une trève avec le seigneur de guerre local au Nord-Waziristan, Hafiz Gul Bahadur, pour obtenir en retour que ses forces demeurent hors des combats au sud.
« Les frappes de missiles sur son territoire pourraient mettre en danger cet accord », selon le Post, qui a ajouté : « Cependant, les Etats-Unis ont indiqué dans le passé qu’ils n’hésiteront pas à lancer des missiles à partir de drones s’ils trouvent une cible importante. »
Dans les récentes semaines, des responsables et des commandants militaires américains ont augmenté la pression sur le gouvernement pakistanais, le mettant en garde que s’il n’agit pas au Nord-Waziristan, l’armée américaine et la CIA interviendront unilatéralement.
Le New York Times a rapporté lundi que l’armée américaine utilise de plus en plus ses unités secrètes d’opérations spéciales comme une composante clé de l’« escalade » d’Obama en Afghanistan. Ces forces — incluant l’Army Delta Force et la Navy Seals — sont employées à trouver et tuer des Afghans qui sont identifiés comme étant des chefs ou des partisans de la lutte contre l’occupation menée par les Etats-Unis dans ce pays.
Les assauts par les forces d’opérations spéciales ont été arrêtés en février dernier sur les ordres du chef du commandement des opérations spéciales, le vice-amiral William McRaven. Les assauts infligeaient tellement de morts et de blessés civils qu’elles généraient de la sympathie populaire pour les insurgés qui surpassait l’importance militaire de tuer de supposés chefs de la résistance. La suspension de ces opérations n’a duré que deux semaines.
Maintenant, le général Stanley McChrystal, le plus haut dirigeant de l’armée américaine en Afghanistan, a ordonné que ces attaques par les troupes d’opérations spéciales soient grandement augmentées. Avant d’assumer le commandement en Afghanistan, McChrystal a été le prédécesseur de McRaven à la tête du commandement des opérations spéciales où les unités sous son commandement étaient impliquées dans la torture de civils détenus en Irak.
L’utilisation de ces unités secrètes contre ceux qui sont suspectés être les dirigeants de la résistance afghane se traduira inévitablement en une augmentation importante de l’assassinat de civils, hommes, femmes ou enfants.
Le New York Times a aussi rapporté que des opérations similaires par des escadrons de la mort étaient organisées sous la direction de la CIA de l’autre côté de la frontière au Pakistan.
Cirant un haut responsable anonyme de l’agence militaire du renseignement au Pakistan, l’Inter-Services Intelligence (ISI), le New York Times a rapporté qu’il y avait eu « plus de soixante opérations conjointes de l’ISI et de la CIA dans les régions tribales administrées fédérales et au Baluchistan l’an passé ».
Selon le quotidien, « ces missions comprenaient des opérations de recherche et d’enlèvement de militants importants ainsi que l’assassinat de dirigeants ».
L’intensification (surge) ordonnée par Obama signifie une escalade importante de la violence des deux côtés de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan ainsi que l’intensification de la crise sociale et politique qui règne sur toute la région en conséquence de la guerre américaine.
Tant l’Afghanistan que le Pakistan font partie de la liste des dix pays confrontant les pires crises humanitaires que dresse le groupe d’aide médicale basé en France, Médecins sans frontières.
« [L]es civils afghans ont été confrontés à une recrudescence de la violence d’un bout à l’autre du pays » l’an dernier, a rapporté le groupe. Les combats ont amené le système de santé du pays au bord de l’effondrement, et « les Afghans qui ont besoin de soins de santé se voient contraints de faire un choix impossible : prendre le risque de parcourir des centaines de kilomètres dans une zone de guerre afin d’obtenir des soins médicaux, ou laisser leur état de santé se dégrader jusqu’à ce que leur vie soit menacée, pour ensuite seulement se rendre dans un établissement de santé dont les services ont été de beaucoup amoindris. »
Les forces de l’occupation sous direction américaine, dit le rapport, « se sont approprié les services d’assistance dans le cadre d’initiatives destinées à gagner « la confiance et le cœur » des Afghans » et « ont occupé les hôpitaux et arrêté des patients dans leur lit ».
« Le Pakistan a été le théâtre de violents combats tout au long de l’année 2009 » peut-on lire dans le rapport, la situation déjà désespérée devenant encore pire. « Partout dans le pays, les soins de santé font généralement défaut, et le Pakistan affiche des taux de mortalité infantile et maternelle parmi les plus élevés de la région. »
Les campagnes de l’armée pakistanaise, réalisées à l’insistance de Washington, ont résulté en plus de deux millions de réfugiés dans la vallée de Swat et en 300.000 personnes au Nord-Waziristan, selon Médecins sans frontières. L’offensive militaire a forcé l’organisation a stoppé son assistance médicale dans la vallée de Swat, où elle soutenait l’hôpital local et fournissait les services d’ambulance.
Les hôpitaux et les cliniques médicales des camps des déplacés dans les districts voisins sont « dépassés », rapporte l’organisme, par le nombre des patients souffrant de « graves blessures de guerre, et parmi eux, des enfants présentant des blessures provoquées par des armes à feu ou des engins explosifs ».
L’an dernier a aussi connu une hausse importante du nombre des soldats américains tués et blessés. Les pertes en Afghanistan pour les forces d’occupation américaines ont atteint 310 soldats depuis le début de 2009, soit le double de l’année précédente. Environ 2500 soldats américains ont été blessés dans la même période, plusieurs ayant dû subir des amputations ou ayant subi des brûlures graves ou des blessures à la tête après que leur véhicule ait explosé sur une route.
Comme les commandants militaires américains l’ont déjà concédé, l’arrivée en Afghanistan de 30.000 soldats américains et de dizaines de milliers de sous-contractants militaires privés supplémentaires signifiera une augmentation importante du nombre des assassinats et des morts à cause de la guerre américaine déjà vieille de huit ans.
Par Bill Van Auken
Obama étend la guerre au Pakistan
Par Barry Grey
12 décembre 2009
Il y a une semaine, dans son discours de l’école militaire de West Point, le président Obama cherchait à présenter son escalade de la guerre en Afghanistan comme un prélude à un retrait rapide des troupes américaines. Il est de plus en plus clair aujourd’hui que ce discours n’était rien de moins qu’un exercice visant à tromper la population.
Ce discours a été conçu pour endormir le public, pour mieux affronter et désorienter l’opposition populaire de masse à la guerre.
Il est maintenant évident que la politique réelle qu’Obama a décidé de mettre de l’avant n’est pas seulement le maintien d’une occupation militaire illimitée de l’Afghanistan, mais aussi un important prolongement de la guerre au Pakistan.
Seulement quelques heures après le discours, des responsables de l’administration venaient « clarifier » les paroles d’Obama quant au retrait des forces américaines avant juillet 2011, soulignant qu’il n’existait pas de tel échéancier et que des soldats américains allaient demeurer en Afghanistan bien longtemps après cette date. On sait maintenant que l’intensification des frappes de missiles par des drones américains au Pakistan et le déploiement de forces spéciales des Etats-Unis en territoire pakistanais sont des éléments centraux du plan de guerre d’Obama pour mener des attaques contre les insurgés dans ce pays.
Obama n’a rien dit dans son discours mentionnant qu’il allait intensifier la guerre au Pakistan. D’après un article paru mardi dans le New York Times, citant un proche conseiller du président dont l’identité n’a pas été révélée : « Nous avons vite compris que, quels que soient les plans pour le Pakistan, il ne faut vraiment pas en parler. »
Le New York Times, qui, depuis des mois, fait campagne pour une escalade de la guerre et son expansion au Pakistan, a rapporté, le jour après le discours d’Obama, que la Maison-Blanche, le mois dernier, a autorisé une expansion des opérations de la CIA au Pakistan.
Mardi, le journal a rapporté qu’avant le discours d’Obama, son conseiller à la sécurité nationale, le général James L. Jones, a rencontré le chef de l’armée pakistanaise et celui des services de renseignements et leur a dit qu’à moins que le Pakistan ne bouge rapidement pour étendre l’offensive militaire contre les insurgés au Baloutchistan et au Waziristan du Nord, « les Etats-Unis étaient prêts à agir unilatéralement pour étendre les frappes de drones Predator au-delà des zones tribales et, si nécessaire, recommencer les raids des forces spéciales d’opérations dans le pays contre al-Qaïda et les chefs talibans. »
Dans un éditorial parsemé d’arrogance impérialiste et publié mardi, le Times a demandé que les Pakistanais « arrêtent de chercher à gagner du temps et se lancent pleinement dans le combat ». Concernant l’expansion des frappes de missiles au Pakistan, incluant leur prolongement au Baloutchistan, le journal écrit : « De telles frappes ont tué plusieurs extrémistes de hauts rangs, mais le programme demeure largement impopulaire au Pakistan et M. Obama doit être judicieux en ce qui concerne son expansion. Cela veut dire trois choses : prudence extrême dans les cibles, pas de morts ou de blessés civils, ou le moins possible [c.-à-d. autant que nécessaire] et pas de publicité. »
En d’autres termes, le peuple américain doit être gardé dans le noir sur les meurtres ciblés, les morts et les blessés civils provenant de frappes de missiles ainsi que d’autres opérations militaires en sous-main au Pakistan. Et le Times fera sa part pour essayer de supprimer toute l’information sur de telles actions.
L’éditorial a poursuivi en déclarant qu’Obama se devait de persuader les Pakistanais que « les Etats-Unis seront là pour une longue période cette fois-ci ».
On voit se dessiner un programme d’agression militaire américaine sans précédent pour transformer l’Afghanistan et le Pakistan en protectorats américains. C’est ce que signifie la récente déclaration du conseiller à la sécurité nationale Jones selon qui « Nous ne quittons pas cette région. Nos intérêts stratégiques sont immenses en Afghanistan et à l’est de l’Afghanistan au Pakistan… »
Depuis le discours mensonger d’Obama, un programme de domination coloniale des Etats-Unis en Asie du Sud et en Asie centrale a été déployé et les médias américains sont passés à l’action avec une autre tournée de propagande pro-guerre, y compris l’envoi de journalistes de télévision dans les bases américaines en Afghanistan.
La guerre en Afghanistan n’est qu’une partie de la stratégie mondiale de l’impérialisme américain pour assurer leur domination sur une région où le pétrole et le gaz naturel abondent et qui est d’une importance géostratégique cruciale pour la suprématie sur le continent eurasien. Les conséquences de cette nouvelle aventure seront catastrophiques pour les peuples de cette région qui subiront d’innombrables morts, la dévastation sociale et l’oppression néo-coloniale. Mais les conséquences seront aussi désastreuses pour le peuple américain, dont les fils et les filles seront sacrifiés et le niveau de vie sera encore réduit pour payer les aventures militaires sans fin.
Il y a un élément d’imprévoyance délibérée face au risque dans la politique d’agression du Pakistan par Washington. Elle pousse ce pays dans une guerre civile qui peut rapidement déstabiliser toute la région et augmenter le danger d’une guerre entre l’Inde et le Pakistan et entre l’Inde et la Chine, trois pays qui possèdent l’arme nucléaire. La Russie et l’Iran seraient aussi inévitablement attirés dans le tourbillon.
L’élection d’Obama a été accueillie par des sections de l’élite dirigeante américaine qui croyaient qu’il pourrait servir de figure de proue pour un réalignement de la politique étrangère américaine après le désastre des années Bush. Il est maintenant clair qu’Obama est l’homme de l’armée et des représentants les plus impitoyables de la classe dirigeante.
Il est nécessaire pour les travailleurs et les jeunes de tirer les conclusions qui s’imposent. La lutte conte la guerre est une lutte contre l’administration Obama. C’est une lutte contre le Parti démocrate et le système des deux partis. Et c’est une lutte contre l’impérialisme américain et le système capitaliste sur lequel il est basé.
(Article original anglais de WSWS paru le 9 décembre 2009)
Yemen
Le vice-Premier ministre yéménite aux Affaires de la défense et de la sécurité, Rached al-Alimi, a averti jeudi qu’une intervention militaire américaine dans son pays, en guerre contre Al-Qaïda, "pourrait renforcer" le réseau extrémiste.
"Une intervention directe des Etats-Unis pourrait renforcer le réseau d’Al-Qaïda et non l’affaiblir", a déclaré M. Alimi lors d’une conférence de presse, appelant les pays occidentaux, dont les Etats-Unis, à apporter une aide en matériel et en formation à Sanaa dans sa guerre contre Al-Qaïda.
Des médias américains avaient fait état d’une participation américaine aux opérations militaires menées par les forces yéménites contre des positions d’Al-Qaïda les 17 et 24 décembre et qui s’étaient soldées par la mort de plus de 60 islamistes extrémistes dans le centre et l’est du Yémen.
"Notre position politique est claire : nous allons combattre et traquer le réseau d’Al-Qaïda par nos propres moyens", a insisté M. Alimi.
Mais, a-t-il ajouté, "Al-Qaïda étant une organisation mondiale qui menace la stabilité internationale, il faut qu’il y ait une coopération avec tous les pays du monde, et en premier lieu les Etats-Unis".
"Ce que nous demandons aux Etats-Unis, c’est une assistance en matière de formation et des armes pour les unités de lutte contre le terrorisme", a-t-il poursuivi, indiquant que la coopération dans le domaine de sécurité portait sur "un échange de renseignement" avec les Etats-Unis "ainsi qu’avec l’Arabie saoudite", pays voisin du Yémen.
Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr Al-Kourbi, avait affirmé que son pays refusait la participation de forces étrangères aux opérations qu’il mène Al-Qaïda.
"Le gouvernement (...) n’accepte pas la présence de forces étrangères sur son territoire sauf dans le cadre de la coopération pour la formation des forces yéménites", a-t-il déclaré au quotidien 26September, organe du ministère de la Défense.
La Grande-Bretagne et les Etats-Unis avaient annoncé qu’ils allaient renforcer leur action contre le terrorisme au Yémen et en Somalie à la suite de l’attentat suicide manqué du 25 décembre sur un avion américain.
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Les raisons de la fragilité
du régime de Sanaa
Menacé au Nord par la rébellion chiite, confronté au terrorisme djihadiste et au séparatisme des populations du Sud, sur fond de pauvreté et de chômage, le régime du président Ali Abdellah Saleh est de plus en plus ébranlé.
Le Yémen serait-il devenu un sanctuaire d’al-Qaida comme l’était avant elle l’Afghanistan des talibans ? Les commentaires et analystes ayant suivi l’attentat raté contre le vol Amsterdam-Détroit du 25 décembre dernier tendent à insinuer que ce pays pauvre est en voie d’être une nouvelle base du terrorisme à partir de laquelle l’organisation de Ben Laden planifierait des attentats contre l’Occident. On notera toutefois que la précipitation avec laquelle Washington et Londres, suivis par Paris, ont fermé leurs ambassades sous prétexte de menace terroriste n’a d’égale que l’empressement avec lequel ils les ont rouverts quarante-huit heures après !
30 attentats depuis 2000
En vérité, ce pays semi-désertique et montagneux de 577 000 km² (28 millions d’habitants) fait face à des menaces autrement plus dangereuses que celle d’al-Qaida pour la péninsule Arabique (AQPA). Au nord, le régime du président Ali Abdallah Saleh est confronté depuis 2004 à une insurrection des chiites zaïdites (autour de 40 % de la population) qui ne reconnaissent pas son autorité. Sur fond d’accusations contre l’Iran, suspecté de soutenir l’insurrection chiite, le régime de Sanaa, appuyé par Washington, multiplie les offensives terrestres et aériennes pour en finir avec la « rébellion » dirigée par Abdel Malek Al Houthi, dans la province de Saada à la frontière saoudienne. Tandis que de l’autre côté de la frontière, l’armée saoudienne bombarde régulièrement la montagne de Jabel Al-Dood. Sans succès.
Cette insurrection chiite se greffe dans un contexte où le pouvoir du président Saleh fait déjà face au terrorisme ciblé de l’AQPA dirigée par Nacer Al Wahichi, retranché dans l’ouest sunnite du pays. Depuis l’attaque en 2000 contre le destroyer américain USS Cole dans le port d’Aden (17 morts), l’AQPA, regroupement de plusieurs groupes djihadistes, a perpétré une trentaine d’attentats dont celui commis le 17 septembre 2008 contre l’ambassade des États-Unis (16 morts) à Sanaa. Certes, elle a signé des actes sanglants et spectaculaires, mais rien de comparable avec l’insurrection armée chiite qui menace l’unité du pays.
40 % de chômage
La rébellion chiite et le terrorisme djihadiste surviennent dans une conjoncture sociopolitique fortement dégradée. Il faut savoir que la réunification entre le Yémen du Sud marxiste (l’ex-République démocratique populaire du Yémen) et le Nord islamo-nationaliste (la République arabe du Yémen) en mai 1990, dans la foulée de l’effondrement de l’ex-URSS, s’est faite au détriment du Sud riche en ressources pétrolières et gazières, avec en toile de fond, la démobilisation de dizaines de milliers de militaires de l’ex-armée du Yémen du Sud, réduits de fait au chômage. Qui plus est, les réformes libérales imposées par le FMI se sont traduites par un creusement des inégalités sociales, un taux chômage estimé à 40 % en 2008, le triplement des prix des denrées alimentaires et le quadruplement du prix de l’essence, frappant de plein fouet les populations du Sud et du Nord, créant un sentiment d’injustice insupportable et alimentant les tensions séparatistes dans le sud du pays. Ainsi, en dépit de l’écrasement d’une révolte séparatiste en 1994 avec l’appui des islamistes, le Yémen du Sud est toujours en ébullition : fin novembre 2009, les manifestations contre le pouvoir central ont fait plusieurs morts dans les villes du Sud.
Cette conjonction de faits, sur fond de tensions séparatistes, de revendications communautaristes (chiites) et de menace djihadiste prospérant sur le terreau de la pauvreté met le régime de Sanaa dans une position d’extrême fragilité et menace l’unité du pays.
Hassane Zerrouky
Afghanistan
Les USA n’ont pas mobilisé leurs forces et polarisé toute la planète juste pour conquérir les montagnes d’Afghanistan qui ne recèlent pas des trésors ni pour améliorer le régime politique dans cette région arriérée et reculée. Les USA n’ont même plus la justification de la première guerre d’Afghanistan, la nécessité d’affaiblir l’URSS. Quant aux taliban, ce n’est certainement pas eux qui ont décidé d’en découdre avec les USA. Ces derniers étaient prêts à négocier avec eux le passage sur leur territoire du gaz et du pétrole d’Asie centrale, ce qui vaut une reconnaissance. Frapper l’Afghanistan c’est d’abord rappeler au monde que, malgré la gifle que représente l’attentat du 11 septembre, les USA sont la plus puissance dominante et qu’elle peut frapper quand elle veut, où elle veut.
Quels sont les buts réels de l’impérialisme dans cette guerre ?
Déclarer l’état de guerre, même si l’adversaire est peu visible (Ben Laden) ou peu crédible (les taliban), cela a l’avantage pour les USA d’obliger chacun à choisir un camp. Et ces sont les USA qui définissent les camps : d’un côté le terrorisme et particulièrement l’islamisme radical et de l’autre les USA. Ils veulent ainsi contraindre toutes les puissances à s’aligner mais ils veulent tout autant y contraindre les peuples. Et d’abord le peuple américain auquel ils peuvent ainsi justifier, par la nécessité de défendre leur sécurité, d’imposer des sacrifices d’une ampleur exceptionnelle. Ils accélèrent une opération de licenciements de grande échelle. Bien sûr ils l’avaient commencé bien avant, du fait d’une récession économique qui ne doit rien à Ben Laden, mais cela ne les gêne pas pour l’en accuser. Ils justifient ainsi le déblocage de milliards de dollars en faveur des trusts qu’ils envisageaient aussi avant pour soutenir les patrons américains. Mais dorénavant ceux-ci sont présentés comme la solidarité nationale et la mobilisation patriotique du pays nécessaires face au terrorisme. Les travailleurs américains devront payer. C’est un recul considérable du niveau de vie de la population, correspondant à l’effort demandé pour soutenir les trusts, qui les menace.
Les dirigeants américains contraignent ainsi la population à se solidariser avec son Etat et sa classe dirigeante au moment où ils attaquent de plein fouet celle-ci sur le plan économique, politique et social, en se servant pour cela du climat d’union nationale qui a suivi le choc du 11 septembre. Ils s’attaquent aux droits de la population par la nouvelle « loi patriote ». Ils maintiennent sous la pression de la peur le peuple américain et l’obligent ainsi à accepter et même à applaudir les sacrifices qu’on lui demande au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais les dépenses que l’Etat américain réalise immédiatement consistent à renflouer les caisses des compagnies aériennes, des assurances et à relancer la course aux armements. Toutes choses qu’ils envisageaient de faire avant le 11 septembre à cause du ralentissement économique et des difficultés américaines mais que l’attentat permet de justifier et d’accélérer considérablement sans grand risque de protestations populaires. Déjà, l’entrée en guerre leur a permis, momentanément au moins, d’éviter le krach boursier attendu. Les classes dirigeantes tâchent de retourner à leur profit la situation et c’est d’autant plus faisable que les attentats n’ont porté atteinte qu’à la crédibilité sécuritaire de l’Etat mais pas à la puissance américaine.
Les USA luttent-ils contre l’islamisme ?
Les Etats-Unis lancent la politique dite d’éradication du terrorisme qui vise spécialement celui qui prétend s’appuyer sur l’Islam. L’attentat de New York et de Washington et ses presque 6000 morts peut sembler justifier une telle nécessité. Mais les Etats-Unis se sont bien gardés de s’en prendre aux Etats qui financent et organisent les organisations combattantes islamistes car ce sont tous des « pays amis » des USA : l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Pakistan. Ils ne leur ont jamais reproché de le faire et s’en sont souvent servi. Le régime pakistanais le plus soutenu par les USA était aussi le plus islamiste qu’ait connu le pays : la dictature du général Zia ul-Haq. Même le développement des groupes islamistes en Afghanistan n’a pu se faire que grâce à l’aide et à l’appui de ces trois pays et grâce aussi au soutien des USA. A l’époque, en 1988, Ben Laden constituait son organisation avec l’appui de la CIA dont il était considéré comme le pion principal dans la région et les taliban, étudiants en religion et en djihad, étaient formés et armés au Pakistan sous l’égide de l’Etat Pakistanais, avec l’aide des monarchies du pétrole et la bénédiction américaine.
Aujourd’hui, les USA prétendent se détourner de ces islamistes, depuis qu’ils ont battu le bloc de l’est. Pourtant les pays points d’appui et pourvoyeurs de fonds du terrorisme islamiste, restés des dictatures féodales qui utilisent l’Islam pour imposer des régimes ultra-réactionnaires, sont toujours des piliers des USA dans leur région. Comment peut-on dénoncer la situation de la femme afghane (avec retard) sans dénoncer celle de la femme en Arabie saoudite (totalement cachée aux regards), dans un pays où elle n’a quasiment aucun droit, même pas celui de conduire un véhicule ? Comment peut-on en même temps dénoncer la dictature du mollah Omar et justifier celle des princes du pétrole d’Arabie saoudite ? Cette monarchie absolue, sans l’ombre d’une liberté pour la population, détient le record mondial par habitant du nombre de condamnés à mort (publique et au sabre). Certains d’entre eux n’ont pas commis d’autre crime que d’avoir accidenté le véhicule d’un potentat féodal local, d’avoir dansé, bu de l’alcool ou pratiqué une religion autre que l’Islam ! Comment peut-on faire croire que les USA luttent contre l’islamisme alors que celui-ci reçoit, au vu et au su de tous, le soutien de ces monarchies du Golfe, et que les USA se gardent bien de s’en prendre aux banques islamiques qui financent ces groupes.
Les USA luttent-ils vraiment contre le terrorisme ?
Comment croire aussi que les USA, le pays qui aide le plus de mouvements terroristes dans le monde, vont brusquement le combattre parce que, pour une fois ce sont eux qui en ont été victimes ? On ne peut oublier que ce sont les USA qui ont aidé, armé et financé quand ce n’est pas directement organisé, en Amérique latine, la guérilla des contras, les brigades spéciales soi-disant contre la drogue et autres escadrons de la mort ou régimes de terreur comme celui de Pinochet. On ne peut oublier que c’est eux qui, en Asie ont longtemps financé et armé les khmers rouges et autres mouvements de guérilla longtemps après avoir quitté l’Indochine en y laissant un champ de ruines. Ni que c’est encore eux qui, en Afrique continuent actuellement, conjointement avec l’impérialisme français et parfois concurremment, à financer des guérillas comme celle du Soudan, des bandes armées comme celles du Zaïre, des armées de tueurs comme celle du Sierra Leone et des régime terroristes comme celui du Nigeria. La coalition soi disant anti-terroriste des USA, de la Chine et de la Russie devrait prêter à rire. L’image de Poutine et Bush bras dessus, bras dessous, n’évoque pas plus l’anti-terrorisme que la lutte pour la démocratie, mais plutôt la caution des uns aux crimes des autres ! L’accentuation de la terreur de l’armée russe en Tchétchénie aura droit désormais au qualificatif de lutte anti-terroriste avec la caution américaine, et de même pour la Chine au Xin Jiang. Sans parler du soutien américain à l’Etat Israélien qui pratique ouvertement le terrorisme d’état contre le peuple palestinien. Et maintenant c’est en Afghanistan que les USA soutiennent des bandes armées de féodaux islamistes, comme l’alliance du nord, parce qu’elles sont soi-disant anti-taliban. Mais l’armée de l’ex-commandant Massoud est fondée sur le même type de féodaux, a commis lorsqu’elle était au pouvoir les mêmes exactions, les mêmes pendaisons au nom de l’Islam, a condamné les femmes à une dictature tout aussi barbare et le peuple à la même misère. Ministre en 1992, il fit bombarder le quartier chiite de Kaboul, faisant des milliers de morts. Dans sa lutte contre les taliban, il ne faisait pas de quartier non seulement à ses adversaires mais aussi aux populations civiles. Le deuxième nom de l’Alliance du Nord est celui de Commandement Islamique Unifié ! Et l’anti-terrorisme des USA consisterait non seulement à soutenir ces islamistes mais à déverser sur ce peuple des bombes, des missiles de croisière et maintenant des bombes à fragmentation !
Le terrorisme de grande puissance ne combat même pas le terrorisme issu des pays pauvres : il le nourrit. Les USA savent parfaitement que leur intervention militaire, loin d’affaiblir les islamistes dans le monde musulman, ne fait que les renforcer et les créditer. Cela fait partie de leur calcul pour polariser la planète, comme lors de la politique des blocs. Bush, en bombardant massivement le peuple afghan, ne fait que renforcer le sentiment des peuples musulmans selon lequel l’Occident est en lutte contre l’Islam, thèse qui ne peut que renforces Ben Laden. De même que les bombardements sur l’Afghanistan ne peuvent que contraindre la population à se rapprocher des taliban.
Comment la bourgeoisie se sert de l’islamisme autant que de l’anti-islamisme ?
Que les peuples révoltés par la misère et les dictatures, révoltés par la guerre du Golfe et les frappes américaines sans fin contre l’Irak autant que par la violence de la répression israélienne contre les Palestiniens se tournent vers des intégristes religieux, cela ne gêne pas fondamentalement l’impérialisme. Même s’il peut y avoir des dangers collatéraux pour le peuple américain comme au World Trade Center ! Même si on a vu qu’ils peuvent frapper les USA, ce n’est pas le capitalisme que les intégristes menacent malgré leurs rodomontades. Ceux qu’ils veulent mettre sous leur coupe à l’aide de leur morale moyenâgeuse ce ne sont pas les Américains ni les occidentaux mais les peuples musulmans. Par contre, les intégristes ont le mérite aux yeux de l’impérialisme d’être des ennemis mortels du socialisme et des perspectives de changement social que pourrait offrir la classe ouvrière. Du coup, pour les USA, c’est faire la part du feu que de laisser les intégristes capitaliser un mécontentement populaire et le détourner dans un sens d’extrême-droite. Pour la bourgeoisie, l’islamisme, y compris radical et violent, est un bon moyen d’écraser des révoltes populaires et de d’embrigader des peuples qui pourraient se radicaliser socialement. Les patrons indiens comme les propriétaire féodaux pakistanais l’ont fait maintes fois, avec l’aide des USA. Rappelons aussi que les USA, après la révolte populaire de 1988, poussaient le régime algérien de la fin des années 80 à faire participer au pouvoir les islamistes du FIS, qui menaient pourtant déjà des actions terroristes contre les femmes, contre les syndicalistes et contre les démocrates. Le FIS avait alors pignon sur rue à Washington !
La politique dite d’éradication du terrorisme islamiste, le peuple algérien sait ce que c’est. Il vient de la vivre pendant plus de dix ans. Il l’a payée de 150 000 morts et les attentats terroristes continuent de frapper la population. Après avoir ouvert aux islamistes les allées du pouvoir en 1989, la dictature militaire algérienne a choisi en 1991 de mener contre eux la guerre civile. Mais cela a surtout représenté une guerre des deux camps armés contre des civils désarmés et d’abord contre la classe ouvrière. Sous prétexte de défendre la sécurité des citoyens, la dictature s’en est servie pour justifier sa propre férocité, pour maintenir le peuple sous la chape de plomb, entretenir des forces spéciales de tueurs et de combattre ainsi tout risque d’explosion sociale. Il a pu ainsi licencier massivement et faire subir au peuple travailleur une misère inconnue jusque là. Voilà ce que l’impérialisme américain peut faire, de façon planétaire cette fois, sous couvert d’« éradication du terrorisme ». Et après avoir bombardé et terrorisé les peuples (car après l’Afghanistan qui dit qu’ils s’arrêteront en si bon chemin et n’enverront pas quelques missiles sur l’Irak ou ailleurs) sous prétexte de lutte contre des pays traités d’ « Etats voyous », il peut très bien s’entendre avec eux. C’est ce qu’il est en train de faire avec la Syrie, l’Iran ou la Chine parce que ces Etats prennent parti pour les USA dans le nouveau conflit. Le Soudan, ex-allié de Ben Laden mis au ban par les USA lors de l’attentat du World Trade Center de 1993, ne vient-il pas d’être rayé de la liste des « pays terroristes » établie par le Département d’Etat américain ? Le Soudan est même devenu pour les USA un « pays de haute priorité » (un détail : son sous-sol regorge de pétrole !). Pourtant cet Etat, qui pratique toujours autant la loi religieuse islamique la plus stricte et la torture, n’est pas devenu moins réactionnaire ni violent. Il a seulement choisi le camp des USA en prenant parti contre Ben Laden.
A quoi sert le discours d’union nationale ?
Cependant l’attentat du 11 septembre n’a pas réellement porté atteinte au capitalisme américain contrairement à ce que voudraient croire les peuples qui détestent l’Amérique à cause des exactions de l’impérialisme. Le terrorisme de Ben Laden a surtout frappé des employés de bureaux, des services municipaux et des petites gens. Il a surtout amené la plupart des Américains à se serrer les coudes contre les terroristes, ce qui signifie malheureusement se mettre à la remorque du gouvernement et la classe dirigeante américains. Cela a tellement bien marché qu’un commentateur radio américain cité par France Info s’exclamait le 12 septembre : « il n’y a plus de riches et plus de pauvres, plus de noirs et plus de blancs, il n’y a que des Américains. » En soudant le peuple américain derrière ses dirigeants en pleine crise économique, au moment où les travailleurs américains subissaient des licenciements massifs, Ben Laden a rendu un fier service aux capitalistes américains. Son action sert de justification non seulement à la guerre actuelle mais à tous les sacrifices que les patrons voulaient faire subir aux travailleurs. Car contrairement à l’image qui en est souvent donnée à l’extérieur l’Amérique n’est pas le pays des milliardaires et est même très prolétarienne (le prolétariat industriel le plus important en nombre du monde). En un sens, Bush peut dire merci à Ben Laden qui lui a permis d’accréditer l’idée que, riches ou pauvres, tous les Américains doivent s’unir pour défendre le pays, défendre l’économie et accepter des sacrifices pour défendre leur sécurité. Finie la lutte de classe, vive l’union nationale patriotique. Le milliardaire saoudien Ben Laden tient à peu près le même discours lui qui, voudrait faire croire à tous les musulmans que tous, riches ou pauvres, doivent se ranger derrière son organisation fasciste à la solde d’une bande de financiers, de princes du pétrole, et de tueurs. L’un comme l’autre voudraient effacer la lutte des classes et camoufler les intérêts de classe qu’eux-mêmes défendent d’abord et avant tout contre leurs propres peuples.
L’objectif de ces discours simplistes, c’est que les peuples se retrouvent piégés, contraints de suivre l’un ou l’autre des deux camps. C’est bien ce qui se produit et cette polarisation est d’autant plus dramatique que les peuples n’ont ainsi que le choix entre deux politiques criminelles. Mais cette image est mensongère : le monde ne se résume pas à la lutte entre Ben Laden et Bush, ni entre un milliardaire terroriste saoudien et un autre milliardaire terroriste américain. Ce n’est pas Ben Laden qui peut menacer l’ordre impérialiste même s’il a été capable, le 11 septembre, de ridiculiser le FBI et la CIA. L’armée américaine n’a aucun mal de démontrer quelques jours plus tard qu’aucun régime et aucune bande terroriste ne peut rivaliser avec la violence organisée de la plus grande puissance capitaliste. Mais surtout, ce n’est pas de ce côté que l’impérialisme peut être réellement menacé mais du côté des peuples révoltés, dont Ben Laden n’est nullement un leader, et du côté des classes ouvrières dont il est un ennemi mortel car c’est un dirigeant d’extrême-droite d’une bourgeoisie à visées fascistes.
La crise américaine est-elle liée aux attentats ?
Bien des commentateurs avaient prédit que le 11 septembre allait plomber l’économie capitaliste mondiale, déjà malade, mais, dans le mois qui a suivi, on ne peut pas dire que le pronostic se soit confirmé. Si le Dow Jones a connu à l’ouverture de Wall Street le 17 septembre la plus forte baisse de son histoire (684,8 points), depuis elle s’est relevée et toutes les bourses du monde en ont fait autant, retrouvant en gros exactement le même cours qu’avant le 11 septembre. Mis à part des secteurs très particuliers psychologiquement liés aux attentats comme les compagnies aériennes qui ont connu une forte baisse et des secteurs liés aux armements qui ont connu une hausse, le 11 septembre ne semble pas avoir changé grand chose à la morosité économique qui prévalait avant le 11 septembre. Olivier Blanchard, président du département d’économie du Massachusetts Institute of Technology déclarait : « Il s’agit d’une catastrophe gigantesque à l’échelle humaine, mais ses répercussions seront sans doute très réduites à l’échelle macroscopique. (...) Le coût estimé des dégâts représente la moitié du budget nécessaire après l’ouragan Andrews.(...) L’impact sur le produit intérieur brut ne sera pas significatif : tout au plus une perte de 0,5% sur un an. » Bien sûr, le prétendu élan de patriotisme et de solidarité américaine n’a existé qu’en paroles du côté des capitalistes. Les financiers ne sont solidaires que de leur portefeuille et les compagnies aériennes ont montré l’exemple en n’attendant pas plus de trois heures après les attentats pour annoncer des licenciements massifs. Leur solidarité prétendue avec le peuple américain ne les a pas empêché de faire perdre leur gagne pain à des milliers de familles ! Mais, même dans ce secteur, ce n’était rien de vraiment neuf puisque quinze jours avant ces compagnies avaient sans succès, menacé de lourdes sanctions contre les salariés si l’Etat américain ne venait pas à leur aide.
Quelle guerre mènent les USA ... dans leur propre pays ?
Depuis, c’est toute l’économie qui a connu une vague sans précédent de licenciements mais cette vague avait en réalité commencé bien avant le 11 septembre. Il est donc tout à fait mensonger d’attribuer à Ben Laden les sacrifices que le capitalisme impose aux travailleurs américains. La récession américaine ne doit probablement rien au 11 septembre. Par contre, la réaction de l’Etat américain et des grandes firmes capitalistes a été rendue possible par le choc suscité par les attentats.
Les Etats-Unis ont, grâce à l’élan populaire, fait accepter des dizaines de milliards d’aide de l’Etat aux capitalistes sous prétexte de défense de la population contre le terrorisme. Ils ont fait accepter aussi des centaines de milliers de licenciements qui seraient sûrement passés bien plus difficilement sans le prétexte des attentats. Et il s’agit bien d’un prétexte car l’économie américaine ne s’en porte pas plus mal. On peut même dire que la réaction financière massive de l’Etat (notamment 17,5 milliards de dollars d’aide au transport aérien et 40 milliards d’aide à la reconstruction, sans compter les dépenses militaires et de sécurité) qu’ont permis les attentats a probablement sauvé la bourse d’un krach annoncé. L’économie peut même se redresser un peu si l’Etat effectue des dépenses importantes en armement. Cependant si l’on est réellement rentrés dans une période de récession, cela ne suffira pas. L’Etat peut aider les capitalistes mais est incapable de soutenir éternellement le marché s’il s’effondre. Du coup, il est clair que les capitalistes américains et leur syndicat, l’Etat, ont calculé que l’on entrait dans une période de difficultés et peut-être même de récession et qu’ils n’ont pas l’intention d’en faire les frais. Ils misent sur la baisse des affaires, désinvestissent et licencient. Autant dire qu’ils ont l’intention de faire payer les sacrifices aux travailleurs, et d’abord aux travailleurs américains. Et ils ont bien l’intention de faire en sorte que le climat de mobilisation et d’unité nationale créé par les attentats les y aide. La deuxième guerre qui a lieu en ce moment, c’est celle des capitalistes américains contre leur classe ouvrière. Pour eux, les attentats sont le prétexte à une offensive anti-ouvrière. Ils affirment que les licenciements et la récession sont liés et que les sacrifices qu’ils veulent imposer sont de la solidarité nationale !
L’attaque terroriste a en effet suscité l’une des plus grandes vagues de solidarité avec la classe dirigeante que le pays ait connu. La population américaine y a vu le seul moyen de combattre la peur d’abord et le terrorisme ensuite. La classe dirigeante y a vu une occasion de faire passer sans réaction des attaques contre la classe ouvrière les plus massives là aussi que le pays ait connu. Pour les travailleurs, la lutte contre les licenciements et autres attaques contre les salaires et condition de travail sera rendue encore plus difficile par l’ambiance entretenue depuis les attentats. C’est ce qu’ont voulu exprimer les travailleurs d’un Etat, le Minnesota, où les employés ont fait la grève et la manifestation la plus massive jamais connu dans cette région pour affirmer : « les attentats ne signifient pas que l’on n’a plus le droit de faire grève ! » Le succès de leur démonstration est plutôt encourageant pour la suite des luttes que peuvent mener les travailleurs malgré la situation et l’ambiance de guerre et de nationalisme. Malgré le climat anti-grève, des travailleurs ont commencé à lutter contre les vagues de licenciements. Des travailleurs d’A.Tet T, de Lucent et d’autres entreprises qui jettent à la rue des milliers de salariés ont manifesté et organisé des meetings.
En tout cas, c’est bien de côté qu’il faut s’orienter. Par delà les manifestations qui sont bien sûr nécessaires contre la guerre impérialiste, ce qui importe c’est que les travailleurs ne se laissent pas emporter par l’ambiance d’unité nationale, qu’ils défendent et développent leurs propres luttes de classe. Dans les pays riches où la classe ouvrière est en train de payer les frais de la crise du capitalisme, elle ne peut se battre qu’en défendant ses propres intérêts de classe et en refusant de se solidariser avec sa classe dirigeante. Elle doit non seulement dénoncer la guerre mais souhaiter que sa classe dirigeante soit vaincue dans cette guerre et mener son propre combat contre les dirigeants impérialistes. Dans ces conditions, il est indispensable que les révolutionnaires soient clairement démarqués des « gauches » qui sous un langage humanitaire enrobent la même marchandise impérialiste.
Quelle alternative dans les pays pauvres ?
Et, dans les pays où la démagogie d’un Ben Laden peut prendre du poids, c’est aussi de ce côté qu’il faut se tourner pour l’empêcher. Ce n’est que l’échec des luttes ouvrières comme en 1988 en Algérie qui a permis à cette extrême-droite de se prétendre une perspective pour les masses pauvres. Le peuple palestinien, par exemple, ne s’est tourné vers les islamistes (bien des années après avoir commencé son combat) que par désespoir, parce que sa direction nationaliste l’a empêché de mener sa lutte aux côtés des exploités de Jordanie, du Liban ou d’Egypte, lui ôtant une grande partie de sa force. C’est seulement sur le terrain de classe que l’on peut démasquer les islamistes.
Il faut que la classe ouvrière montre que son combat s’attaque vraiment au capitalisme contrairement à celui, démagogique, des islamistes liés à des grands bourgeois comme Ben Laden et sa clique de milliardaires du Golfe. Qu’elle montre aussi que les perspectives d’avenir qu’elle représente peuvent permettre au exploités de se libérer de la misère et de la dictature alors que la démagogie d’un Ben Laden leur offre, s’il l’emporte, d’obéir à une dictature encore plus féroce étayée par les plus arriérés des oulémas d’Arabie saoudite et sans d’avantage voir la couleur de l’argent du pétrole, sans changer leur existence.
Irak
Loin d’être un ennemi de l’impérilalisme US, Saddam Hussein était sa marionette. C’est sus l’égide américaine et française qu’il avait frappé l’Iran. Pourtant les USA et le monde ont prétendu lui faire la guerre pour supprimer sa dictature contre son peuple. mais dans la première guerre contre l’Irak, dès que le peuple s’est soulevé, les USa ont arrêté leur guerre !
En 1991, les armées de la coalition mise en place par les États-Unis repoussèrent en quelques jours l’armée irakienne, pourtant mensongèrement présentée auparavant comme « la quatrième du monde » ! Cependant, les États-Unis firent le choix de laisser en place le régime et lui permettre de noyer dans le sang deux révoltes, chiite dans le sud et kurde dans le nord.
Saddam n’était qu’un prétexte à un accroissement des interventions militaire siméprailistes dans le monde. Dans les années 1990, les États-Unis envoyèrent aussi des troupes en Haïti, en Somalie ou en Yougoslavie - ils intervinrent plus en dix ans qu’ils ne l’avaient fait depuis la fin de la guerre du Viêtnam. Cependant, ils se montraient prudents, en raison des réticences de leur opinion publique. Et cela dura jusqu’en 2001. Les attentas ont été une occasion de multiplier les guerres soi-disant contre le terrorisme et pour protéger le peuple américain. Si c’était l’objectif, il est loin d’être atteint. mais tel n’était pas du tout le but.
Le discours d’Obama sur l’Afghanistan : un ramassis de mensonges
Par Alex Lantier
7 décembre 2009
Dans le discours qu’il a prononcé le 1er décembre à West Point pour annoncer l’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, le président Barack Obama a tenté de justifier l’intensification d’une guerre profondément impopulaire sur la base de mensonges et de distorsions. Le fait qu’il ait été obligé de recourir à de telles falsifications reflète à la fois le caractère réactionnaire de sa politique et le fait qu’elle est imposée en violation de la volonté populaire.
Pour justifier l’escalade, Obama a fait ressortir le mythe instauré par le gouvernement Bush sur la « guerre contre le terrorisme ». Il a cyniquement présenté les Etats-Unis comme une puissance altruiste, contrainte à la suite des attentats terroristes du 11 septembre de se lancer dans une guerre, à échelle mondiale, pour la démocratie.
Toutefois, en tentant de fondre la politique impérialiste américaine dans le moule de la « guerre contre le terrorisme », son discours est tombé dans l’incohérence absolue.
Le compte-rendu par Obama des récentes guerres menées par les Etats-Unis contredit sa propre affirmation selon laquelle Washington est résolument engagé à pourchasser Al Qaïda. En 2001, a-t-il dit, les Etats-Unis avaient attaqué l’Afghanistan pour détruire Al Qaïda, bien que la plupart des preneurs d’otages étaient en fait originaires d’Arabie saoudite, le principal allié arabe des Etats-Unis au Moyen Orient.
Il a soutenu que l’invasion américaine était légitime parce que l’Afghanistan formait la base des opérations d’Al Qaïda et que le régime des Taliban abritait et protégeait le groupe terroriste.
Obama a passé sous silence l’échec de l’invasion américaine pour démembrer Al Qaïda en disant qu’« après avoir réussi à franchir la frontière du Pakistan en 2001 et en 2002, les dirigeants d’Al Qaïda y avait trouvé un abri sûr. »
Ainsi, de 2002 à 2009, les Etats-Unis ont mené des guerres en Irak et en Afghanistan soi-disant dirigées contre Al Qaïda alors même que cette organisation était basée dans un tout autre pays, le Pakistan, un allié de longue date des Etats-Unis.
Obama a même suggéré qu’Al Qaïda jouissait de la protection de sections de l’Etat pakistanais en déclarant, « [I]l y a ceux qui au Pakistan disent que la lutte contre l’extrémisme n’est pas leur combat, et qu’il vaut mieux pour le pays de ne pas trop en faire, ou d’essayer de s’arranger avec ceux qui recourent à la violence. »
Ce compte rendu montre qu’il existe, à l’évidence et sans explication, deux poids et deux mesures. Si la sécurité du peuple américain requiert l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis et le délogement d’un régime bienveillant à l’égard d’Al Qaïda, alors pourquoi la même chose ne s’appliquerait donc pas au gouvernement du Pakistan ?
Au lieu de cela, Obama loue le Pakistan comme un allié dans la lutte contre « l’extrémisme violent » en prônant un partenariat entre les Etats-Unis et le Pakistan fondé sur « une confiance mutuelle. »
Ceci ne fait que confirmer la nature frauduleuse de la justification de cette guerre qui, comme le savent bien Obama et le reste de l’establishment politique américain, n’est qu’un tissu de mensonges.
Et puis, il y a la question du gouvernement afghan pour la défense duquel les Etats-Unis sont soi-disant engagés dans la guerre contre les Taliban et Al Qaïda. Dans un premier temps Obama a loué le régime du président Hamid Karzai comme étant un « gouvernement légitime », puis il a reconnu par la suite qu’il était entravé par la « corruption, le trafic de drogue, le sous-développement économique et l’insuffisance des forces de sécurité. »
Faisant preuve d’un cynisme absolu, il a affirmé que la récente réélection de Karzai, universellement reconnue comme le résultat d’une élection truquée et de bourrage d’urnes avait néanmoins débouché sur un gouvernement légitime. « Bien qu’entachée de fraude, » a dit Obama, « cette élection a produit un gouvernement compatible avec les lois et la constitution de l’Afghanistan. »
Les efforts entrepris par Obama pour avancer des raisons d’apparence noble au déploiement de 30.000 troupes américaines supplémentaires étaient aussi sinistres que contradictoires. Dans un style orwellien, il a annoncé au peuple afghan qui endure depuis huit ans déjà l’occupation américaine, « Nous n’avons aucun intérêt à occuper votre pays. »
Il a comparé l’attitude soi-disant bienveillante des Etats-Unis à l’égard de l’Afghanistan à l’invasion soviétique du pays en 1979-1989. En fait, cela fait 30 ans que les Etats-Unis manipulent la politique afghane.
Dès 1979, les Etats-Unis avaient financé et soutenu la résistance islamique fondamentaliste contre le régime prosoviétique de Kaboul dans le but de provoquer une invasion soviétique. Donc, les Etats-Unis sont politiquement complices de la mort de millions d’Afghans durant l’occupation soviétique et de la guerre civile qui s’ensuivit. Les forces islamistes que Washington combat aujourd’hui en Afghanistan proviennent en grande partie des groupes qu’ils avaient soutenus contre les Soviétiques dans les années 1980.
Alors même que se déroulent des guerres qui coûtent la vie à de millions de gens et où l’usage de la torture est largement répandu dans les prisons se trouvant sous régie américaine, Obama a affirmé que la politique américaine « s’inspirera de la flamme de la liberté, de la justice, du progrès et du respect de la dignité de tous les peuples. »
Obama s’est vanté d’avoir mis fin à la torture, une affirmation creuse et fausse et qui est contredite par des rapports sur la torture continuelle dans les prisons américaines en Afghanistan et ailleurs, tout comme par la poursuite de la pratique de la « rendition » (transfert dans des pays qui pratiquent la torture de prisonniers) et contredite aussi par son opposition à toute inculpation de responsables gouvernementaux ordonnant et supervisant l’usage de la torture.
Il a réitéré sa promesse de fermer Guantanamo mais n’a pas dit un mot sur son insistance pour que restent ouvertes les prisons américaines en Afghanistan, telle la base militaire de Bagram, où la torture est pratiquée.
Le mensonge central du discours d’Obama a toutefois été, l’affirmation que ses projets d’escalade permettront aux soldats américains en Afganistan de rentrer rapidement à la maison et ce dès 2011.
En fait, comme l’a indiqué Obama un peu plus loin dans son discours, cette escalade n’est qu’une étape dans la préparation de guerres de plus grande envergure. « La lutte contre l’extrémisme violent ne sera pas rapidement terminée, » a-t-il dit, « et elle va bien au-delà de l’Afghanistan et du Pakistan. » En mentionnant la Somalie et le Yémen comme des cibles potentielles, il a ajouté, « nos efforts impliqueront des régions agitées et des ennemis diffus. »
La présence de ce passage montre clairement qu’Obama fonde sa politique afghane sur un rapport publié le mois dernier par Anthony Cordesman, un analyste de l’influent groupe de réflexion, le Centre d’Etudes stratégiques et internationales (CSIS).
Cordesman avait écrit : « Le président doit dire franchement que toute forme de victoire en Afghanistan et au Pakistan fera partie d’une lutte bien plus vaste et plus longue. Il doit dire clairement que les pressions idéologiques, démographiques, de gouvernance, économiques et autres qui divisent le monde islamique signifient que le monde sera confronté à des menaces dans bien d’autres pays et qui s’étendront en longueur indéfiniment. Il devrait mentionner les risques au Yémen et en Somalie, et montrer clairement que la guerre en Irak n’est pas terminée, en mettant en garde que nous devrons encore faire face à la fois à une menace intérieure ainsi qu’à une combinaison d’insurrection et de terrorisme qui continuera de s’étendre du Maroc aux Philippines et de l’Asie centrale jusqu’en Afrique, indépendamment de ce que pourraient être nos succès en Afghanistan et au Pakistan. »
Il avait ajouté : « …le nombre actuel de victimes des Etats-Unis, des alliés, de l’Afghanistan et du Pakistan va très certainement doubler et probablement tripler avant qu’un semblant de victoire soit remporté. »
Bref, les Etats-Unis mèneront des guerres extrêmement coûteuses sur une partie considérable de la planète, dans des régions s’étendant sur des milliers de kilomètres dans toutes les directions.
Réduite à l’essentiel, la perspective d’Obama et de ses conseillers est un avenir de guerre sans fin dans le but de sauvegarder la position hégémonique mondiale des Etats-Unis. Ce qui est en jeu, outre la question du contrôle des recettes pétrolières et des routes commerciales, c’est la position des Etats-Unis en tant que puissance mondiale. Tout comme le retrait des Britanniques de Suez en 1956-1957, un retrait forcé de l’Afghanistan serait un coup dévastateur contre le prestige de Washington.
La politique afghane d’Obama émane de cette dynamique de l’impérialisme américain. Etant donné que se retirer, à quelque moment que ce soit, serait un désastre, il a choisi l’escalade sans cesse grandissante.
(Article original de WSWS 3 décembre 2009)
Palestine
On pourrait croire qu’Israël s’est battu particulièrement virulemment contre les intégristes islamistes plutôt que contre les progressistes nationalistes mais c’est faux. Lire sur ce thème l’article Pourquoi Israël a aidé le Hamas
Ben Laden et les USA