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Juillet 2009 : où en est la crise ?

mercredi 22 juillet 2009, par Robert Paris

Grande nouvelle, la machine à fabriquer des bulles spéculatives va repartir de plus belle. Goldman Sachs a annoncé mardi 14 juillet un bénéfice net de 3,44 milliards de dollars au deuxième trimestre 2009 et un chiffre d’affaires de 13,7 milliards de dollars. Constater que "la firme" (son surnom dans les milieux financiers) tire si vite profit de la crise, à laquelle elle a largement contribuée, a de quoi offusquer les plus tendres. Surtout que le gros des résultats a été réalisé grâce aux talents de ses traders. La recette ne change pas.

Ces sommes mirobolantes sont surtout synonymes, pour les chanceux employés de la prestigieuse banque d’investissements, de futures primes très alléchantes. En effet, les dirigeants du groupe ont généreusement mis de côté 6,7 milliards de dollars, seulement pour le deuxième trimestre 2009. Une coquette somme affectée aux bonus de fin d’année. On table même sur un joli pactole de 20 milliards de dollars pour les 29.400 employés, soit plus de 700.000 dollars par tête de pipe. De quoi débaucher les meilleurs salariés de la concurrence... qui devra vite se (re)mettre à la page des primes indécentes.

Comme si de rien n’était...

Mais quid des déclarations d’intention des garants du système financier qui nous martellaient que la crise allait tout changer ? Finis les stock-options, les salaires exponentiels et les dividendes gargantuesques ! Place à l’éthique, la moralisation, la régulation, la stabilisation et autres termes mignons en "on" (qui a dit "on nous a pris pour des c..." ?) Sitôt débarassées de la perfusion du gouvernement américain, les banques ne vont pas se gêner pour reprendre leurs "bonnes" vieilles habitudes malgré les déclarations de bonnes intention [comme dans la vidéo de gauche avec une intervention du directeur de Golden Sachs Lloyd Blankfein]. Comme si de rien n’était...

Car Goldman Sachs est un des groupes ayant tiré le plus de bénéfices du plan Paulson avec une aide de 10 milliards perçue à l’automne 2008 [voir vidéo de CBS à gauche sur les raisons expliquant comment Goldman Sachs s’est tirée de la crise]. Petit "détail" en passant : l’initiateur du plan, Henry Paulson, était l’ancien président de... Goldman Sachs. Pour profiter des fonds, le groupe a changé de statut pour passer de banque d’investissement à "holding company". Puis, grâce à ses bénéfices -et à la vente de 700 millions de dollars d’actions- Goldman Sachs s’est empressé de rembourser sa dette... pour se retrouver à nouveau libre de faire ce qui lui chante. Et retourner au système de rémunérations qui avait poussé certains employés à prendre des risques excessifs.

Aujourd’hui, les cadres sup’ de Goldman Sachs doivent se fendre la poire en se remémorant les menaces de Barack Obama en janvier dernier. Le Président ricain venait d’apprendre que, malgré la crise et l’appel à l’aide lancé aux contribuables, les salariés travaillant dans la finance continuaient à se partager un gros magot pour leurs bons et loyaux services. "C’est honteux !", pleurnichait Obama qui annonçait la fin de ces rémunérations extravagantes. Aujourd’hui, Obama et les autres chefs d’Etat ont de très faibles moyens pour contraindre les banques à arrêter ces pratiques. Face à la firme, le chef de la plus grande puissance du monde doit s’incliner, vaincu par K.O. Le slogan de Goldman Sachs est "Les intérêts de nos clients avant tout"... "Mais les nôtres surtout", pourrait-on ajouter. La crise est loin d’être finie mais pour ceux qui l’ont engendré, tout est reparti... jusqu’au prochain gadin !
►LAURENT MACABIES

"Le temps viendra pour les banquiers de faire des profits et de toucher des bonus. Mais ce moment n’est pas arrivé", avait clamé Barack Obama le 30 janvier 2009 en apprenant que 18,4 milliards de dollars de primes de fin d’année avaient été distribués par les banques de Wall Street à leurs employés pour "leurs performances" en 2008. Six mois après Obama ne peut même plus s’insurger.
Rebelotte en mars, quand l’opinion a appris que le géant de l’assurance AIG avait utilisé une grande partie de l’argent public -450 millions de dollars- pour verser des primes à ses cadres. "Je m’en étrangle de colère !", avait-il plaisanté en étant pris d’une toux. Obama a aussi dit avoir demandé à son secrétaire au Trésor Tim Geithner "d’employer tous les moyens légaux pour bloquer ces primes et veiller au bon usage de l’argent du contribuable".

Quatre nouvelles banques régionales ont été fermées ce week-end, portant à 57 le nombre d’établissements bancaires américains ayant déposé le bilan depuis le début de l’année.

Nouvelles faillites bancaires aux Etats-Unis. La Federal Deposit Insurance Commission (FDIC) a en effet fermé ce week-end quatre nouveaux établissements, dont deux en Californie. Cela porte à 57 le nombre de banques américaines ayant déposé le bilan depuis le début de l’année.
Les deux établissements californiens sont la Vineyard Bank et la Temecula Valley Bank, dont les actifs s’élèvent respectivement à 1,9 milliard et à 1,5 milliard de dollars. En termes d’actifs, il s’agit de la quatrième et sixième faillite bancaire depuis le début de l’année.
La California Bank & Trust a repris les dépôts et la plus grande partie des actifs de Vineyard Bank alors que la Telecuka Valley Bank a été reprise par la First-Citizens Bank & Trust.
Les autres faillites concernent la First Piedmont Bank en Géorgie (115 millions de dollars d’actifs) et la BankFirst dans le Dakota du sud (275 millions de dollars). Ces quatre sinistres coûteront au total 1,09 milliard de dollars à la FDIC, l’organisme américain chargé de garantir les dépôts bancaires.

Los Angeles, correspondante

Comment éviter la faillite de l’Etat de Californie ? Les finances sont désastreuses, et, au soir du 17 juillet, le dix-septième jour de la nouvelle année fiscale 2009-2010, les parlementaires n’ont toujours pas voté de budget. Le gouverneur républicain, Arnold Schwarzenegger, refuse de signer un budget prévoyant un déficit de 26,3 milliards de dollars (18,6 milliards d’euros) et d’enfoncer encore davantage le "Golden State" dans la crise.

Cinq autres Etats ont des difficultés à boucler leur budget

La Californie n’est pas le seul Etat américain à avoir des problèmes avec son budget de l’année fiscale 2010. Cinq autres Etats sont dans cette situation : l’Arizona, le Connecticut, le Mississippi, la Caroline du Nord et la Pennsylvanie. Parmi eux, le Connecticut et la Caroline du Nord ont opté pour des mesures leur attribuant des fonds temporaires afin de se conformer à la loi fédérale des Etats-Unis, qui veut que le budget de chaque Etat soit impérativement voté au 1er juillet. L’Illinois et l’Ohio, deux Etats qui n’avaient pas non plus voté leur budget au début du mois, sont parvenus à le faire cette semaine.

Le huitième PNB du monde

• Economie. La Californie est l’Etat le plus riche et le plus peuplé des Etats-Unis avec 36,7 millions d’habitants. Elle produit 10 % de la richesse américaine et serait la huitième économie du monde si elle était indépendante. Sa capitale économique est Los Angeles. Sa capitale administrative et politique est Sacramento.

• Déficits. La dette est évaluée à 67,1 milliards de dollars (47,6 milliards d’euros) et le déficit à 26,3 milliards (18,6 milliards d’euros). Les augmentations d’impôts ne peuvent être décidées qu’à la majorité des deux tiers du Parlement. La loi fédérale interdit aux Etats d’afficher un budget déficitaire.

• Politique. Le gouverneur Arnold Schwarzenegger est un républicain modéré. Le Parlement est majoritairement démocrate.

• Démographie. La population est composée de 40,9 % de Blancs, de 35,5 % d’Hispaniques, de 12,4 % d’Asiatiques et de 6,1 % d’Africains-Américains.

En attendant, le gouvernement californien a dû commencer à appliquer des mesures d’urgence. Des factures sont réglées avec des reconnaissances de dettes en papier, ou "IOUs" ("I owe you" signifie "Je vous dois"), et des vagues de furloughs (congés sans solde) sont prévus pour les fonctionnaires.

Le taux de chômage du mois de juin, qui s’établit à 11,6 % (contre 7 % en juin 2008) est supérieur à la moyenne nationale de 9,5 %.
Son taux de chômage place la Californie en sixième position derrière le Michigan, le Rhode Island, l’Oregon, la Caroline du Sud et le Nevada. Les agences de notation ont dégradé la note de l’Etat californien, qui se retrouve juste quelques crans au-dessus du statut "junk bond" (référence aux obligations pourries). Pas brillant pour un Etat qui se place pourtant au huitième rang des puissances économiques mondiales.

A Sacramento, la capitale, Arnold Schwarzenegger, qui achève son second mandat de gouverneur (il ne pourra pas se représenter en novembre 2010) et qui avait promis d’exterminer les problèmes budgétaires de l’Etat, vit donc sa dernière crise financière, et la pire. Déterminé à se montrer responsable et à équilibrer son dernier budget coûte que coûte, il a tenté de faire adopter par référendum, le 17 mai, une augmentation des impôts, mais les Californiens lui ont répondu : "Non".

"DÉNIER LA JUSTICE"

Aujourd’hui, le gouverneur semble déterminé à négocier âprement pour convaincre les leaders du Congrès, en majorité démocrates, d’accepter des réductions budgétaires drastiques et impopulaires, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la protection sociale des enfants les plus démunis, des services sociaux, administratifs et légaux. De nombreux programmes éducatifs ont été annulés faute de crédits.

La situation est si préoccupante que sa femme, Maria Shriver, la first lady de Californie, est sortie de sa réserve. Cette démocrate issue de la famille Kennedy, dont le père, Sargent Shriver, est atteint de la maladie d’Alzheimer, a reconnu dans un communiqué que "les économies proposées vont affecter des gens au quotidien", et qu’"aucune de ces réductions ne [la] réjouit". "Cependant, le gouverneur Schwarzenegger est confronté à des décisions difficiles dans une période économique pénible. En dépit de ces réductions annoncées, la first lady continuera d’être le porte-parole des individus qui souffrent de la maladie d’Alzheimer, de leurs familles, et des populations les plus vulnérables", a ajouté le communiqué.

Mercredi 15 juillet, les tribunaux du comté de Los Angeles, l’institution judiciaire la plus importante de la nation, ont fermé (comme désormais chaque troisième mercredi du mois), et 93 % de leurs 5 560 employés ont été contraints de prendre une journée de congé sans solde. Ces deux semaines et demie de fermeture annuelle devraient permettre d’économiser 18 millions de dollars, soit 3,3 % du budget. Sur les 588 tribunaux du comté, 45 resteront ouverts pour répondre aux urgences : violences domestiques et crimes. "Ce n’est pas une bonne journée pour le comté de Los Angeles", a déploré le président de la Cour Charles McCoy, poursuivant : "Pour la première fois de notre histoire moderne, nous voilà contraints de fermer nos tribunaux et de compromettre le travail de la justice. Le vieil adage dit vrai : surseoir à la justice, c’est dénier la justice." Jeudi 16 juillet, le conseil d’administration de l’Université de Californie, privé de 813 millions de dollars de fonds publics, a adopté, à l’unanimité moins une voix, un plan de congés sans solde affectant 140 000 professeurs et administrateurs, dont les salaires seront ainsi réduits de 4 % à 10 %. "En augmentant les jours de congés sans solde, on risque de faire grimper le nombre de maisons saisies par les banques, redoute Karen Bass, speaker (présidente) démocrate de l’Assemblée californienne. Ce n’est pas une bonne décision quand on sait que le nombre de familles sans abri est en augmentation."

IMPÔTS SUR LA MARIJUANA

Les coupes menaçant le secteur de l’éducation sont au cœur des négociations actuelles entre le gouverneur et le Congrès. Arnold Schwarzenegger veut suspendre l’application de la Proposition 98, une mesure votée en 1988 par les électeurs californiens garantissant un niveau minimum de financement à toutes les écoles publiques. Mais le puissant syndicat d’enseignants (California Teachers Association, qui représente 340 000 éducateurs) a réagi avec un spot publicitaire mordant : "Dites au gouverneur que nous n’avons pas oublié sa promesse de protéger nos écoles." La Californie explore d’autres pistes, avec la vente d’actifs immobiliers, comme le Coliseum de Los Angeles, une arène sportive qui vaudrait 400 millions de dollars ; le célèbre champ de courses de Del Mar, au nord de San Diego, environ 600 millions de dollars ; ou encore la prison de San Quentin estimée à un milliard de dollars.

D’autres soutiennent, sérieusement, qu’un impôt sur les ventes de marijuana pourrait sauver les finances de la Californie. "Avec la crise, nous devons faire preuve de créativité pour lever des fonds", a déclaré, mercredi, Janice Hahn, conseillère municipale de Los Angeles, une ville où prolifèrent les dispensaires de marijuana à usage thérapeutique. "Une taxe sur la marijuana pourrait permettre à la ville de continuer certains services", poursuit-elle. En février, un député démocrate de San Francisco, Tom Ammiano, a déposé un projet de loi légalisant la vente de marijuana aux adultes et imposant une taxe qui pourrait générer 1,3 milliard de dollars de revenus pour l’Etat. Interrogé en mai, le gouverneur Schwarzenegger a lui même paru favorable à l’idée "d’ouvrir le débat" sur la question de la légalisation et de la taxation de la marijuana.

La cote de popularité du président américain Barack Obama est passée en dessous de celle de son prédécesseur George W. Bush à la même période de son mandat, selon un sondage publié aujourd’hui par le quotidien USA Today.

Aux États -Unis, notamment dans la finance, quelques voix s’élèvent encore pour expliquer que le pire est passé, que la crise de 2008 n’était que l’éclatement d’une bulle du crédit, que la purge est désormais faite et que les choses vont repartir comme avant. On annonce même que certaines banques ont déjà remboursé les aides publiques et que les bonus sont de retour. La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a annoncé, le 14 juillet, des profits de 2,4 milliards d’euros (3,4 milliards de dollars) au deuxième trimestre et un chiffre d’affaires (produit net bancaire) record de 13,7 milliards de dollars, alors que l’établissement vient à peine de rembourser l’aide publique de 10 milliards de dollars perçue à l’automne 2008. Elle prévoit même de rétablir les bonus et de verser à ce titre 20 milliards de dollars (700 000 dollars par salarié) pour 2009 (un record !) ; une position d’autant plus incompréhensible que selon le Financial Times, les dirigeants de la banque ont vendu pour près d’un milliard de dollars d’actions entre septembre 2008 et avril 2009, au moment où la banque était en pleine tourmente et recevait ces fameux dix milliards de l’État américain (remboursés en partie en s’endettant sur les marchés financiers internationaux).

Mais la réalité est toute autre comme le montrent les derniers indicateurs économiques et comme l’ont dénoncé la quasi-totalité des participants présents à Aix-en-Provence qui estiment que « le plus gros de la détérioration reste à venir ». Patrick Artus (Natixis) a reconnu que « Les emplois perdus le sont de façon irréversible… On fabriquera moins de voitures et moins de biens durables. Où seront créés les emplois de demain ? On ne sait pas. Dans trois ou quatre ans, la dette des pays de l’OCDE va dépasser leur produit intérieur brut (PIB). Résultat : « Il va falloir diminuer la protection sociale, le nombre de fonctionnaires et augmenter les impôts ».

Paul Krugman prix Nobel d’économie 2008, Joseph E. Stiglitz prix Nobel d’économie 2001, Nouriel Roubini l’économiste qui avait anticipé la crise, Wolfgang Münchau du Financial Times, Robert Reich ancien secrétaire d’État au travail dans l’administration Clinton, Simon Johnson ancien chef économiste du FMI, Willem Buiter professeur à la London School of Economics, Ambrose Evans-Pritchard journaliste financier très écouté de la City, Jacques Attali écrivain et économiste, George Soros le plus grand spéculateur de la planète, Frédéric Lordon, directeur de recherche au CNRS et Mike Whitney économiste canadien, corroborent les points de vue émis lors la réunion du cercle des économistes. Certains partagent depuis des années cette vision inquiétante de l’économie mondiale, surtout Soros qui a tant profité du système financier et qui a bâti sa richesse sur les produits dérivés si décriés actuellement avec le « Quantum Fund » – dont la valeur a été multipliée par 3000 (!) en vingt sept ans entre 1969 et 1996.

Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008, est sceptique sur la sortie de crise : « Je ne pense pas que nous ayons touché le fond, mais nous n’en sommes plus très éloignés. Ma plus grande préoccupation c’est que nous ne touchions pas le fond pour ensuite rebondir, mais que nous touchions le fond et y restions. Il n’est pas évident de voir d’où viendrait la reprise. » Le célèbre professeur d’économie de l’université de Princeton estime que sans l’adoption rapide de mesures additionnelles très stimulatrices, les États-Unis s’exposent à connaître une décennie sans croissance économique, comme ce fut le cas au Japon durant les années 90. L’économiste accorde peu de crédibilité aux tests de résistance qu’ont subies 19 grandes banques américaines. Il considère que ces tests permettent à l’administration Obama d’acheter du temps, mais ne répondent pas à la question fondamentale de savoir si les banques possèdent suffisamment de capitaux pour jouer efficacement leur rôle au sein de l’économie, ce qui signifierait que la remontée boursière ne pourrait n’être que temporaire.

Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, stigmatise les excès du capitalisme financier et la collusion entre les grandes institutions internationales qui n’agissent que dans leurs intérêts. Dès 2002, il dénonçait les excès de ce capitalisme, de la mondialisation et des organismes internationaux comme le FMI incapable d’aider les économies en difficulté. Dans son ouvrage « La Grande désillusion » il critique violemment la mondialisation cause de tous nos maux : « Aujourd’hui, la mondialisation ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres. Ça ne marche pas pour l’environnement. Ça ne marche pas pour la stabilité de l’économie mondiale. Depuis il a mis en garde nos institutions internationales face à leur inertie et leur inefficacité. Début juin 2009, l’ancien conseiller de Bill Clinton considérait que la crise allait durer et la récession se prolonger : « Je comprends que les hommes politiques veuillent transmettre un sentiment de confiance, mais la confiance doit se baser sur un certain degré de réalité et la réalité n’est pas favorable », arguant que le modèle d’une économie mondiale tirée par le consommateur américain est révolu.

Nouriel Roubini, premier économiste américain à avoir prévu la crise des subprimes et ses conséquences, nous met en garde contre tout excès d’optimisme. Dès le début des années 2000, il a été surnommé « Doctor Doom » (Dr catastrophe) à cause de ses prédictions économiques plus pessimistes que l’ensemble des économistes. En 2005, selon le magazine américain « Fortune », l’ancien conseiller au Trésor prétendait que le « prix des maisons surfait sur une vague spéculative qui coulerait bientôt l’économie ». À cette époque, il a été qualifié de Cassandre, maintenant, c’est un sage. En septembre 2006 lors d’un discours devant une audience de spécialistes sceptiques du FMI il annonçait qu’une crise économique était en gestation : « Dans les mois et les années à venir, les États-Unis vont probablement vivre une dépréciation immobilière qui ne se voit qu’une fois dans une vie, un choc pétrolier, une diminution prononcée de la confiance des consommateurs et, enfin, une grave récession ».
En décembre 2008, Roubini déclarait : « Nous traversons une récession très sévère qui va se poursuivre tout au long de l’année 2009. C’est la pire récession aux USA depuis 50 ans. Elle a été déclenchée par l’éclatement d’une énorme bulle du crédit créée par l’effet de levier. On ne peut revenir en arrière et le point bas est encore loin (…) Cette bulle se dégonfle en ce moment même, et massivement (…) Nous sommes donc face à une récession mondiale, et elle empire. Les choses vont devenir terribles pour les Américains moyens. La croissance du PIB sera négative jusqu’à la fin 2009. Et la reprise, en 2010 ou 2011, s’il y en a une, sera si faible, avec un taux de croissance de 1 à 1,5%, qu’elle sera ressentie comme une période de récession. Je pense que le taux de chômage va atteindre 9% en 2010 (il est déjà à 9,5 % en juillet 2009). La valeur du parc immobilier a déjà chuté de 25%. A mon avis, le prix des biens va encore baisser de 15% avant d’atteindre le plus bas en 2010. »

Le chroniqueur allemand Wolfgang Münchau critique violemment la finance et l’économie allemandes dans les colonnes du Financial Times sous le titre : « Berlin a porté un coup à l’unité de l’Europe ». Évoquant le jugement de la Cour constitutionnelle allemande qui a décidé anticonstitutionnelle toute future politique fiscale européenne commune, comme tout commandement militaire, il conclue : « Le jugement de la Cour reflète le climat politique nationaliste et post-Bismarckien en cours à Berlin. Pour le moins, tous ceux qui sont liés par une union monétaire avec l’Allemagne devraient beaucoup s’inquiéter. ». Il n’est d’ailleurs pas le seul à prédire de fortes tensions au sein de la zone euro et à s’interroger sur les conséquences du chacun pour soi qui prévaut de plus en plus en Europe.

Robert Reich, professeur à Berkeley vient de produire un bref et définitif article sur son blog qui pourra être plus tard reconnu comme prémonitoire. « Quand la reprise va-t-elle intervenir ? Jamais », annonce-t-il d’entrée de jeu. Il explique ensuite que la reprise ne peut pas intervenir car cela signifierait que les choses peuvent redevenir comme avant le crash. « Aussi, au lieu de se demander quand la reprise va commencer, nous devrions nous demander quand la nouvelle économie débutera ».
Simon Johnson, professeur au MIT, commente sur son blog le projet d’Agence de protection des consommateurs de l’administration Obama. Il compare le timide soutien dont ce projet bénéficie avec celui, massif, dont a été entouré le plan PPIP de rachat des actifs toxiques des banques, en très petite forme aujourd’hui. Mettant en cause les intentions gouvernementales, au vu de ce que cette attitude augure à l’arrivée, une fois que ce projet sera passé par le Congrès, il rappelle comment l’administration américaine avait finalement pris le taureau par les cornes, à la suite de la crise de 1929, en faisant adopter en 1934 le Security Exchange Act, qui réglementait le marché secondaire des valeurs. Tout cela a depuis été détricoté.

Willem Buiter, professeur à la London School of Economics, très introduit dans les arcanes des banques centrales européennes, publiait le 3 juillet 2009 sur son blog au Financial Times un long billet très détaillé intitulé : « La création monétaire et l’encouragement du crédit ne fonctionnent pas, voilà pourquoi ». Après avoir été l’inventeur de l’expression « banques zombies », qui a fait depuis florès et avoir montré comment il était préférable à la mise en place de « bad banks », de créer des « good banks » – laissant les actionnaires des banques zombies en tête à tête avec leurs actifs pourris –, il fait preuve pour ses lecteurs d’une salutaire maîtrise technique du monde abscons dans lequel vivent les banquiers centraux.
Ambrose Evans-Pritchard, chroniqueur au Daily Telegraph – l’un des commentateurs financiers et économiques de la place de Londres les plus écoutés –, va lui droit au but : « L’Europe creuse sa propre tombe économique alors que la Banque Centrale Européenne ne répond pas ». Le sous-titre est encore plus explicite, s’il en était besoin : « Dans un monde de pécheurs, la Banque Centrale Européenne joue les gardiens de la vertu, mais ses actions dévastent les finances publiques de pratiquement tous les pays qui sont l’objet de ses attentions ». Reconnaissant sans difficulté que la Grande-Bretagne doit faire face à ses propres désordres, Evans-Pritchard conclut ainsi : « D’un point de vue stratégique, le mélange européen de déflation monétaire et de déficit budgétaire effréné n’est rien de moins qu’une folie ».

L’article « Dépréciation d’actifs : le pire est à venir[1] » fait le point chiffré de la situation des pertes des banques. Il indique que le FMI (Fonds monétaire international) estimait début 2009 les pertes sur les actifs détenus par les banques américaines à plus de 2000 milliards de dollars. Au vu des dernières informations, ces pertes pourraient se révéler deux fois plus importantes, compte tenu de la mécanique infernale entre dépréciations d’actifs financiers, dégradation de la conjoncture économique et implosion des produits structurés hérités de la période de la bulle. Par ailleurs, l’agence de notation Standard & Poor’s vient de mettre sous surveillance négative l’équivalent de plus de 550 milliards de dollars d’actifs financiers adossés à des crédits hypothécaires américains, appelés Alt-A. Cette catégorie de crédits hypothécaires est intermédiaire entre les crédits subprime, les plus risqués, et les crédits, primes qui constituent l’essentiel des crédits immobiliers accordés aux ménages solvables. Cette décision pourrait déboucher rapidement sur une dégradation de la notation de ces actifs, en raison de la chute continue des prix immobiliers aux États-Unis. Au total c’est près de 1000 milliards de dollars d’actifs supplémentaires adossés à des crédits hypothécaires qui pourraient être dégradés très prochainement, ajoutant de nouvelles pertes aux bilans des grandes banques américaines et européennes.

Avec l’entrée plus que probable de l’économie mondiale en récession en 2009 – du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale ! –, les défauts de paiement vont commencer à se multiplier sur tous les types de crédit accordés aux particuliers et aux entreprises. Les banquiers qui avaient « poussé à la consommation » de crédits pendant les années fastes, pour gonfler leurs bonus de fin d’année, vont se retrouver avec des montagnes de créances défaillantes. Toutes les structures complexes à fort effet de levier, montées dans l’euphorie et la précipitation, les ABS (Asset Backed Securities), les CDO (Collateralized Debt Obligations), les CLO (Collateralized Loans Obligations) et autres CPDO (Constant Proportion Debt Obligations), sont entraînées dans un cycle infernal de dépréciation, à mesure que les actifs sous-jacents à ces structures (crédits hypothécaires, cartes de crédit, prêts étudiants, dette LBO, crédits syndiqués, etc.) sont touchés par la crise. Les pertes sur ces structures sont, en outre, amplifiées par le phénomène du « tranchage » qui concentre les risques dans les tranches les plus mal notées, et par un phénomène non anticipé de « recorrélation » entre les différentes tranches, qui dégrade l’ensemble de la structure dès lors qu’une partie est atteinte. C’est l’équivalent financier du phénomène de « résonance » qui provoque la destruction spectaculaire de certains ouvrages d’art (ponts, tunnels), suite à une répétition de petits chocs ponctuels. La résonance atteint aujourd’hui l’ensemble du système financier. Ajoutez à cela que ces structures complexes ont été, en partie, acquises par des investisseurs (hedge funds notamment) qui se sont fortement endettés pour accroître leur gain potentiel, et vous avez une idée de la réaction en chaîne qui s’enclenche : dépréciations des actifs, pertes multipliées par l’effet de levier, ventes forcées en catastrophe sur un marché illiquide, nouvelles dépréciations d’actifs, et ainsi de suite. Les caisses de retraite qui avaient aussi investi dans ces actifs - réputés sans risque -, font alors jouer des assurances - appelées CDS (Credit Default Swaps) - contractées auprès de grandes sociétés comme AIG, elles-mêmes en pleine déroute aujourd’hui. L’effet domino s’enclenche. Comme dans une tragédie antique, les différents protagonistes accélèrent leur chute collective en essayant d’y échapper individuellement.

Fin janvier 2009, le FMI estimait dans une note que les actifs compromis détenus par les banques américaines dépassaient les 2000 milliards de dollars, après avoir annoncé un premier chiffre de 1200 milliards de dollars en octobre 2008. Au vu des dernières nouvelles sur le front macroéconomique et sur le front financier, le FMI pourrait très rapidement revoir sa copie. D’ici la fin de l’année, les dépréciations d’actifs liés à des crédits compromis pourraient atteindre 3000 à 4000 milliards de dollars, rien qu’aux Etats-Unis. Un chiffre à méditer, surtout quand on sait que c’est le contribuable qui paiera la note finale.

Quant à l’écrivain et économiste Jacques Attali, il confirme et signe ses propos alarmistes des deux dernières années : L’endettement américain représente plus de 500 % du Produit Intérieur Brut (PIB) en juin 2009 contre seulement (!) 250% du PIB au pire de la crise de 1930, soit l’équivalent du PIB mondial… L’endettement global des dix nations les plus riches a progressé de plus de 10 milliards de milliards de dollars en seulement quelques années, une somme colossale ; Pour résoudre cette crise de l’endettement des acteurs économiques on a eu recours à l’endettement des banques commerciales auprès des banques centrales, etc. En effet, les Etats s’endettent auprès des marchés financiers ou des citoyens par l’augmentation (recette prévisionnelle) conséquente des impôts, auquel s’ajoute l’endettement des entreprises et des particuliers sur les marchés financiers et auprès des banques.

L’ancien président de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) ajoute que le système bancaire mondial est en situation de faillite car les banques ont largement dépassé toutes les limites de sécurité en prêtant vingt à trente fois le montant de leurs avoirs, lesquels (principalement des produits financiers dérivés : options, contrats à terme) se sont volatilisés avec l’effondrement des marchés financiers. Il voit dans la mondialisation financière anarchique, une des causes de cette crise face à laquelle les remèdes et les moyens divergent suivant que l’on est d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Il estime que les annonces de régulation du G 20 n’ont pas été suivies des faits : « Cette crise fonctionne comme un renforcement du système financier anglo-saxon sur l’économie ». La responsabilité en incombant aux principaux chefs d’État qui se sont faits abuser par les produits dérivés, les hedge funds et autres junk bonds (obligations pourries), les sociétés offshores qui continuent à fleurir, malgré quelques avertissements timides dans les paradis fiscaux anglo-saxons, européens et internationaux.

Celui qui a été choisi par Nicolas Sarkozy pour diriger « la commission pour la libération de la croissance française », conclue sur une chute de plus en plus prévisible d’un dollar dévalorisé d’autant plus qu’il ne serait plus la monnaie de référence du commerce et de l’économie mondiale, comme le souhaitent les producteurs de pétrole qui voient leurs recettes fondrent comme neige au soleil. Il prévoit au cas où les pays (la Chine en particulier) se débarrasseraient de leurs bons du trésor US, la faillite du système financier anglo-saxon aux conséquences incalculables avec des répercussions au niveau européen et mondial en raison de la globalisation des marchés.

Pour George Soros – homme d’affaires milliardaire, grand spéculateur contre les devises dans les années 90 et « philanthrope » –, la crise du crédit hypothécaire (subprimes) va d’abord empirer avant que la situation ne s’améliore. Le défaut de supervision de la part des autorités est en partie responsable des problèmes que connaissent les marchés financiers. Il considère que ces autorités de régulation et le gouvernement américain n’ont « pas fait leur travail » lors de cette crise. « Il s’agit d’une crise qui a des causes humaines. Elle a été provoquée par cette fausse croyance selon laquelle les marchés corrigent leurs propres excès ». Les autorités n’ont pas pris la responsabilité de tenter de « contrôler les bulles d’actifs et de les empêcher de prendre trop d’ampleur » ajoute Soros. Les nouveaux marchés créés récemment comme celui des Credit-Default Swaps (CDS) – contrats visant à protéger les investisseurs contre toute défaillance des emprunteurs et qui fournissent aux assureurs un revenu en contrepartie d’une prise de risque sur le crédit –, sont « totalement non réglementés, et c’est ce qui cause ces difficultés. »

Pour mesurer l’importance des enjeux, il faut noter que le marché des produits dérivés a augmenté à un rythme très soutenu durant les neuf dernières années, totalisant 516 000 milliards de dollars de notionnel au premier semestre de 2007 selon le rapport de la BRI, l’équivalent de 11 fois le PIB mondial. La valeur totale des risques sur les Credit-Default Swaps (CDS) a augmenté de 145% depuis l’an dernier et atteint désormais 721 milliards de dollars – évaluation du montant des pertes encourues par rapport au notionnel soit 1,6% du total assuré –, d’après la BRI (banque des règlements internationaux) chargée de surveiller et de réglementer les marchés financiers et les banques. Les pertes totales pour les banques, fonds spéculatifs, fonds de pension, compagnies d’assurance et les fonds d’investissements souverains pourraient se chiffrer à 945 milliards de dollars, a indiqué le FMI dans un rapport publié le 8 avril dernier. Ce chiffre est à venir et ne tient pas compte des autres pertes provenant de la faillite des fonds Madoff (au minimum 70 à 100 milliards de dollars) et d’autres produits dérivés très sophistiqués comme les CDO (collateralized debt obligation) – obligations à risques constituées de créances peu liquides rachetées aux banques (principalement des prêts immobiliers accordés par une banque à ses clients) –, à la base de la crise des subprimes.
« Je pense que c’est une estimation assez précise du montant des pertes sur les prêts » juge Soros. « Mais nous n’avons pas encore observé le plein effet d’une récession éventuelle. Elle ne concerne que la baisse de la valeur des différents instruments financiers qui sont détenus en portefeuille par les banques et les autres acteurs du marché. » Les estimations du FMI ne « reflètent en aucune manière une éventuelle baisse de la qualité des prêts qu’elles détiennent. Ce sont des pertes qui restent encore à venir » estime le plus grand spéculateur de la planète, comme nous l’avons montré dans le paragraphe précédent. Il considère que la crise va durer plus longtemps que ne le prévoient les autorités. « Ils affirment qu’il y aura une reprise dans la seconde moitié de l’année », remarque-t-il, avant de conclure « je ne peux pas le croire ».[2] Or, George Soros a bâti toute sa fortune et sa réputation sur sa capacité exceptionnelle et inégalée (son intuition incomparable) à anticiper les évènements politiques et macroéconomiques.
Frédéric Lordon, directeur de recherche au CNRS n’est pas dupe des derniers résultats mirobolants des banques comme Goldman Sachs qui a réalisé 3,44 milliards de bénéfices pour le 2ème trimestre 2009 : « L’amélioration des résultats des banques qui suscite cette vaguelette d’euphorie, doit surtout à l’effet combiné des plans de sauvetage et à la détente subreptice des normes comptables, qui permet de minimiser l’affichage des pertes sur actifs toxiques » explique cet économiste. « Malheureusement, poursuit-il le facteur même de la crise, à savoir l’accumulation dans les bilans bancaires des mauvaises dettes, est non seulement toujours bien là, mais voué à s’intensifier ». Il avertit : « on va voir débouler, sous peu, toute une série de « paquets » de dettes avariées, dont les défauts n’ont pas encore explosé, mais c’est pour bientôt ». L’économiste français donne même une date : « le gros des défauts devrait se manifester à partir de 2010-2011[3] ».

L’analyse la plus inquiétante sur la crise reste malgré tout celle de Mike Whitney, économiste canadien du « Centre for Research on Globalisation » qui se veut très alarmiste sur la crise du crédit hypothécaire (subprimes) aux Etats-Unis : « En raison de la levée du moratoire sur les saisies à la fin mars, la tendance à la baisse dans l’immobilier gagne en vitesse. Le moratoire a été mis en vigueur en janvier pour donner une chance de réussite au programme d’anti-éviction d’Obama, un programme qui est une combinaison de modifications et de refinancement hypothécaire. L’objectif de ce plan consistait à venir rapidement en aide à près de 9 millions de propriétaires qui luttent pour garder leurs maisons, mais il est dorénavant clair que le programme va se pulvériser de même que son objectif. « En mars, l’accélération du mouvement à la baisse des prix de l’immobilier indiquait qu’il y aurait de plus importants ajustements à venir. Maintenant que le moratoire sur l’éviction a pris fin, les avis de défaut de paiement ont grimpé à leurs plus hauts niveaux historiques. Dans 4 à 5 mois, ces avis vont devenir des saisies créant une autre série de saisies. Les analystes du marché prédisent qu’il y aura 5 millions de nouvelles saisies entre aujourd’hui (avril 2009) et 2011. Il s’agit d’une catastrophe… La sidérante augmentation du chômage et la hausse des saisies rendent certain que des centaines de banques et d’institutions financières vont être contraintes à la faillite. Pire encore, seulement 30 % des maisons saisies ont été remises en vente ?

« 600 000 MAISONS DISPARUES ? » extrait du quotidien San Francisco Gate expliquant le mystère : « Les bailleurs de fonds du pays sont assis sur des centaines de milliers de maisons saisies qu’ils ne sont pas revendus ni même mises en vente, selon de nombreuses sources statistiques (…) Nous croyons qu’il y a environ dans tout le pays 600 000 propriétés que les banques ont reprises, mais qu’elles n’ont pas remis en vente sur le marché », a déclaré Rick Sharga, vice-président de RealtyTrac, qui compile les statistiques sur les saisies au niveau national. Il pourrait être catastrophique si les banques devaient soudainement inonder le marché de ces propriétés en difficulté. Vous auriez alors plus de dépréciation et de carnage. » « Dans une récente étude, RealtyTrac comparait sa base de données de maisons reprises par les banques avec les annonces de maisons mises en vente dans quatre États, dont la Californie. Il a été constaté un écart important : seulement 30 pour cent des saisies ont été inscrites à la vente dans le « Multiple Listing Service (MLS) ». « Si les vérificateurs étaient déployés dans les banques qui gardent hors du marché des maisons saisies, ils découvriraient probablement que les banques sont en fait en train de refinancer le service des hypothèques sur une base mensuelle afin de dissimuler l’ampleur de leurs pertes. Ils découvriraient également que les banques s’efforcent de maintenir les prix de l’immobilier artificiellement élevés afin d’éviter d’essuyer d’énormes pertes qui pourraient les ruiner. Une chose est certaine, 600 000 maisons « disparues » signifient que le prix de l’immobilier est loin d’avoir fini de chuter et qu’un pan plus large du système bancaire est en eaux troubles.
« JP Morgan Chase, Wells Fargo et Fannie Mae ont intensifié leur activité de saisies au cours des dernières semaines. Les défauts de paiement ont grimpé en flèche présageant toujours plus de réduction des prix dans un avenir prévisible. Selon le Wall Street Journal : « Ronald Temple, co-directeur de recherche au Lazard Asset Management, prévoit des baisses de prix dans l’immobilier de 22% à 27% par rapport à leurs niveaux de janvier. Plus de 2,1 millions de maisons seront perdues cette année parce que les emprunteurs ne peuvent pas payer leurs mensualités. Ce nombre s’ajoutera aux quelque 1,7 millions de 2008. ». Un autre 20 pour cent de réduction sera retranché de la valeur des maisons aux États-Unis signifiant ici un autre 4 trillions de dollars de perte pour l’ensemble des propriétaires de maison. Cela signifie toujours moins d’épargne pour la retraite, moins de dépenses et une diminution du niveau de vie. La prochaine étape dans le secteur immobilier sera atroce, tous les secteurs en seront affectés. Le plan de sauvetage hypothécaire de 75 milliards de dollars d’Obama n’est qu’une maigre pitance, il ne réduit pas le montant d’emprunt des prêts hypothécaires et il ne stoppera pas la saignée. Les dirigeants politiques ont décidé qu’ils en avaient fait assez, et ils se refusent à les aider. Ils ne voient pas le tsunami qui surgit de manière évidente devant eux. Le marché immobilier va plonger vers des niveaux incommensurables et il va entraîner toute une bonne partie de l’économie et surtout les marchés financiers[4] ».

Les seuls qui voient une lueur d’espoir à l’horizon 2009-2010 sont : Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, qui voit « la reprise dans le courant de l’année 2010 » (il parlait de début puis de fin 2009 quelques mois auparavant), mais aussi Joaquin Almunia, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires qui souligne : « Nous ne sommes plus en chute libre (...) Pour la première fois depuis la mi-2007, des signaux positifs sont apparus au cours des dernières semaines, qui tendent à montrer que l’économie se stabiliserait au second semestre, avant de connaître une reprise progressive en 2010 »[5]

CONCLUSION

Un séisme financier détruisant toute l’économie mondiale, est-ce prémonitoire ? En organisant à l’Aquila (dévastée le 6 avril 2009 par un tremblement de terre d’une grande ampleur) une réunion du G8 du 8 au 10 juillet 2009, le président Berlusconi, adepte de la provocation, serait-il devenu visionnaire ? Depuis deux ans les prévisions même les plus pessimistes sont largement dépassées par la réalité des faits et on peut imaginer en tenant compte des derniers indicateurs, qui constituent un véritable scénario de descente aux enfers, que la baisse va se poursuivre de façon exponentielle (cette prévision peut parfaitement s’analyser sous forme d’équation) et nous conduire à aborder 2010 avec des chiffres beaucoup plus sombres que ceux que l’on envisageait jusqu’alors, une tendance qui pourrait se poursuivre et encore s’accélérer en 2011 et après car le ressort de notre économie globalisée est bel et bien cassé !!!
Pour le journaliste François Leclerc[6] : « Lorsque vient, toutes ces lectures épuisées, le moment difficile de la synthèse, il est après réflexion possible de se poser une question centrale. Le puits que cherchent à combler les gouvernements des pays occidentaux, ainsi que les banques centrales, n’est-il pas tout simplement trop profond pour être comblé ? La politique qui a suivi a-t-elle, dans ces conditions, une chance d’aboutir ? Le système financier, dans son ensemble, n’est-il pas en réalité « too big to save » (trop gros pour être sauvé ?) N’est-ce pas cette vérité toute simple, mais pas exagérément confortable, qu’il va falloir un jour se résoudre à affronter, afin de sortir du déni ? »

Ceux qui pensent que l’on parle trop de la crise, de catastrophes à venir et que l’on ne cherche pas à connaître les tenants et les aboutissants de cette crise ont raison. Effectivement, les deux questions primordiales que l’on devrait se poser sont : Pourquoi en sommes-nous arrivés là et quelles sont les solutions ?

Le passé aurait du nous servir d’exemple. Malheureusement, on a oublié les leçons qu’il nous a données. Au feu l’excellent rapport d’Olivier Davanne du conseil d’analyse économique (CAE)[7] sur « L’instabilité du système financier international » publié au 4ème trimestre 1998 : « Le rapport d’Olivier Davanne décrit tout d’abord les enchaînements économiques et financiers à l’origine de la crise financière internationale qui a débuté à l’été 1997 et insiste notamment sur les graves insuffisances observées en matière de supervision bancaire que de gestion des taux de change (…) Le rapport insiste aussi sur l’instabilité des grands marchés d’actifs (actions, obligations, change) dans les pays industrialisés. Plus que dans les pays émergents, c’est peut-être là selon lui que se préparent les crises financières futures, si rien n’est fait pour tenter d’améliorer les méthodes de valorisation utilisées par les investisseurs. Dans leurs commentaires (en fin d’ouvrage) Michel Aglietta, Patrick Artus et Christian de Boissieu partagent globalement l’opinion de l’auteur du rapport sur les dangers d’un système de change trop rigide et sur la nécessité d’une évolution du mode de gestion des parités. Ils discutent par ailleurs les notions de « prêteur et recapitaliseur en dernier ressort international » le rôle respectif du FMI et de la BRI en matière de supervision bancaire et la faisabilité d’une taxe Tobin[8] ».

Aux oubliettes tous les autres rapports qui nous ont mis en garde il y a vingt ans, dix ans, cinq ans sur le risque de dévoiement de l’économie financière. On ne fait que redire, reprendre les mêmes recettes sur ce qu’il fallait ou ne pas faire, mais qui n’ont jamais été suivies des faits. On a depuis des années et tout particulièrement depuis deux ans organisé des réunions de chefs d’État, pris des tas de décisions concernant la régulation des marchés de capitaux mais on en est resté au niveau des intentions, c’est tout… Rien n’a été fait car le naturel revient toujours au galop et on remet au lendemain etc. etc. Les hommes sont comme cela surtout lorsqu’il y a de gros intérêts en jeu et que l’on sent fortement l’odeur de l’argent. Ils oublient tout ce qui ne va pas dans le sens du profit et de leur intérêt et ils tueraient père et mère en se transformant en Attila fléau de la finance pour atteindre leur but !

Les solutions on les connaît, elles sont simples à développer et à mettre en place : chercher l’argent où il est, être chez les riches, les patrons, sans pour autant revenir au totalitarisme d’État... Certains hommes politiques, économistes, managers, banquiers et même des intellectuels réclament la confiance et demandent que l’on cesse de se lamenter, de se plaindre systématiquement et en toute occasion, de faire preuve de catastrophisme en se complaisant dans un pessimisme exacerbé et de mauvais aloi. Malheureusement, la crise continuant à s’accentuer sans qu’on puisse ou qu’on veuille vraiment l’endiguer, et la langue de bois étant devenue le langage de l’État, il ne nous reste plus que cette posture. En effet, rien ne bouge ou si peu des deux côtés de l’Atlantique. Même Obama fait l’objet ces derniers mois d’une récupération par les lobbies industriels et les milieux financiers, et sa politique de relance est en train de se diluer dans le marasme économique ambiant et plus grave dans celui de l’âme (chateaubriand) signe d’une fin de cycle de vie. Ce que confirme Robert Reich, l’ancien secrétaire au travail de Bill Clinton, qui juge que le poids des lobbies est sans doute trop puissant pour que Barack Obama puisse vraiment agir et résister à la pression de l’oligarchie financière. Les réunions consensuelles sur la crise organisées en juin 2009 par l’ONU, n’y changeront rien car toutes les mesures adoptées sentent le « réchauffé » et ne dépassent pas le stade des intentions. L’ONU qui se montre bien incapable de résoudre déjà de simples conflits, des « troubles de voisinage » ou plus grave le problème de la faim et de l’eau les régions les plus déshéritées du globe.

Nous sommes donc contraints, les uns et les autres connus ou non, universitaires, simples enseignants ou citoyens à agiter la « muleta », le foulard rouge pour obliger nos dirigeants à réagir. Cela nous conduit à parler de crise systémique grave et de fin du monde (du moins du monde libéral) pour inciter les grands de ce monde à être plus réalistes et efficaces dans leurs actions plutôt que de se préoccuper du décolleté des secrétaires lors des sommets. Faudra-t-il attendre l’effondrement de notre système économique et de notre société pour qu’enfin on fasse face à cette crise qui s’amplifie ?

Depuis ces analyses et avertissements alarmistes, plus de six mois se sont écoulés. Les pays les plus riches et les pays émergents ont organisé des G8, G14 et G20 et des tas de réunions de concertation et de coordination sans résultats ou si peu. L’effet domino de l’endettement est en train de creuser notre tombe et personne ne bouge. La responsabilité des dirigeants et gouvernants de notre planète et tout spécialement ceux du Monde occidental, parmi lesquels les Etats-Unis et l’UE, est immense face à l’histoire et à toutes les graves conséquences qui vont en découler : la famine, la misère, la guerre et la désintégration de notre société et de notre civilisation... QU’ILS EN SOIENT BIEN CONSCIENTS ET SURTOUT BIEN AVERTIS !!!

[1] Alexandre Kateb, Agora Vox, 11 mars 2009
[2] Ces paragraphes sur Soros et l’endettement des banques se sont inspirés de l’article de Patricia Kuo et Bei Hu, du Bloomberg, 10 avril 2008, traduit par Contre Info.
[3] 20minutes.fr
[4] Article original en anglais publié le 21 avril 2009 sur : http://www.globalresearch.ca/
[5] 20 minutes.fr
[6] Les déclarations de Wolfgang Münchau, Robert Reich, Simon Johnson, Willem Buiter et Ambrose Evans-Pritchard proviennent de l’article du journaliste François Leclerc : « Crise financière : le point de vue de 8 économistes », 14 juillet 2009, sur : www.pauljorion.com/blog/?p=3760.
[7] Créé par le Premier ministre Lionel Jospin en 1997.
[8] Extrait de la 4ème page de couverture du rapport du CAE rédigé par Olivier Davanne : « Instabilité du système financier international », La documentation française, 1998.
Il peut paraitre paradoxal, doux euphémisme, alors que les inégalités riches / pauvres, nord / sud, pays développés / émergents ne font que s’aggraver, et que les laissés pour compte de la crise financière viennent s’agglutiner derrière la queue des demandeurs d’emploi, de voir le budget militaire sur les 10 dernières années doubler dans le monde. Une progression de plus de deux fois supérieure à la production de richesse sur la planète. Lorsque qu’on aligne les milliards de dollars les uns derrière les autres (1 464 000 000 000 de dollars), on ne peut s’empêcher de transférer cet argent en « équivalent social » : lutte contre la crise économique, contre le SIDA, contre la faim dans le monde… Mais, cette vision, bien que tentante, est évidemment réductrice. La réalité géopolitique est plus complexe que cela. Posons-nous brièvement la question suivante :
Pourquoi investir dans le « petit commerce » (pour reprendre ne nom de la célèbre chanson de Boris Vian) ?
Le principe de dissuasion
La formule naquit lors de la « guerre froide », au lendemain de la 2nde guerre mondiale, alors que les pays industrialisés, après le « succès » des 2 bombes nucléaires lancées sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki, se décidaient à acquérir LA bombe dite « H » (bombe à hydrogène, ou bombe thermonucléaire). La fameuse course au nucléaire aboutit ainsi aujourd’hui à 8 pays détenteurs de « l’arme nucléaire » : 5 pays signataires du Traite de Non Prolifération Nucléaire (Russie, Etats Unis, France, Royaume Uni, Corée du Nord –qui ne l’a jamais respecté) et 3 pays non signataires du TNP (Inde, Pakistan, Israël).

Le poids économique

Que ce soit pour se défendre ou pour vendre à des pays qui veulent eux, attaquer, la manne financière de cette activité, à travers le monde, est colossale : en termes d’emplois (même si là encore Boris Vian nous dit que si le « petit commerce » marche trop bien, il n’y aura plus de clients… pour en acheter : « canons en solde ») ou de retombées économiques en aval des ventes d’armes.

Le poids diplomatique

Le fait d’avoir une armée dont la réputation est incontestable permets d’avoir plus de poids lorsqu’il y a une divergence quelconque avec un pays, de surcroît lorsque le langage des armes est un mode de communication connu et utilisé par le dit pays. Parallèlement, lorsqu’il s’agit de reconstruire sur les cendres encore brûlantes d’un Etat qui vient d’être ravagé par la guerre, les pays qui sont intervenus soit pour assurer la sécurité de la population, soit pour protéger les convois humanitaires, sont souvent en tête de liste de contrats de reconstruction… juteux (cf. Irak).

Comment analyser l’explosion du budget militaire par pays ?

Etats-Unis

Avec un budget de 607 Mds, une part mondiale de 42%, est une croissance décennale de 242 Mds (+66,5%), les USA sont les champions de monde toutes catégories et loin devant le 2nd (en l’occurrence la Chine dont le budget ne représente « que » 5,8% de la part mondiale). La forte progression s’explique par son intervention, faisant suite aux attentas du 11 septembre 2001, en Afghanistan et surtout sa présence en Irak (130000 soldats actuellement et 30 à 50 000 prévus à court-terme au bénéfice d’une présence plus « fine » prévue en Afghanistan pour davantage prévenir les risques d’attentats terroristes).

Chine

Le rapport de force USA, Chine est un peu le même que celui de l’après-guerre USA, URSS, sauf que ce dernier était idéologique alors que les démonstrations de force entre l’oncle Tome et l’Empire du Milieu sont davantage économiques. La progression de 194% de 99 à 2008 peut paraître fantastique, mais est à mettre en corrélation avec la croissance générale du pays de plus de 100% sur la même période.

France

La troisième place de la France est finalement plus ou moins en relation avec son poids économique avec un budget global (65,7 Mds) très proche de l’Angleterre et qui serait certainement comparable à celui de l’Allemagne si notre voisin outre Rhin n’avait pas été démilitarisé après la 2nde guerre mondiale. Quant à la progression de 3,5%, elle est plutôt un signe de sagesse en la matière lorsque l’on la compare aux 15 pays les plus gourmands en matière de dépenses militaires. La France fait en effet partie des 4 pays ayant le moins progressé sur 10 ans.

Russie

A l’instar de la Chine, la Russie, avec 59 Mds de dollars a augmenté son budget de 173%. Cependant, même si elle faisait pâlir d’envie la veille Europe, la croissance a été tout de même largement en deçà de la courbe exponentielle chinoise. Il faut donc trouver ailleurs les raisons de ce développement militaire : l’éclatement des anciennes « colonies » de l’URSS qui veulent se défaire de l’hégémonie de Moscou : Ukraine, Slovénie, Tchétchénie… et plus récemment Géorgie. La Russie a donc intérêt à assoir sa puissance militaire pour faire peur aux Etats qui auraient des idées d’indépendance et pour faire taire ceux qui les ont mis en pratique.

Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite, avec des dépenses s’élevant à 38 Mds en 2008 et une progression de 82% de 1999 à 2008, a un double intérêt à avoir un force de frappe digne de ce nom. Le 1er est économique. Au milieu des pays arabes toujours autant allergique au fameux « impérialisme américain », c’est le premier fournisseur d’armes fort logiquement. Le 2nd est diplomatique. L’Arabie Saoudite ne dispose certes pas de l’arme nucléaire, mais est suffisamment puissante pour appeler le respect des pays du nord.

Les Etats-Unis pourraient avoir besoin d’un second plan de relance d’Obama après ceux de Bush) pour mettre la première économie mondiale sur la voie de la reprise a indiqué une conseillère du président Barack Obama, aujourd’hui à Singapour. Laura Tyson, membre de la Commission de conseil économique de Barack Obama, a indiqué que le premier plan de relance incluait "un montant significatif d’investissements pour la croissance à long terme", lors du Nomura Asia Equity Forum à Singapour.

Le plan de relance actuel de 787 milliards de dollars devrait créer ou sauvegarder 3,5 millions d’emplois, a-t-elle dit. Un second plan de relance, qui mettrait l’accent sur les travaux publics, pourrait être nécessaire pour remettre l’économie américaine sur les rails, a estimé Laura Tyson.

La conseillère de la Maison blanche a déclaré qu’il était encore trop tôt pour quantifier le montant d’un second plan, mais que "nous en aurons une meilleure idée d’ici la fin de l’année". Cependant, ses effets sur le chômage seront moindres qu’attendus car la crise a eu un plus grand impact sur les destructions d’emploi que prévu, a-t-elle déclaré lors du forum. Les signes de reprise pour l’économie américaine touchée par la crise seront sans doute plus évidents lors des troisième et quatrième trimestres, par rapport au deuxième trimestre, a-t-elle ajouté.

Laura Tyson a également dit que le déficit budgétaire du pays —qui est déjà le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale— pourrait s’aggraver plus que prévu cette année et dépasser la prévision précédente de 12% du PIB. Les commentaires de la conseillère suivent la déclaration du président Obama du mois précédent selon laquelle le chômage aux Etats-unis pourrait grimper au-delà des 10% mais qu’une nouvelle injection d’argent public n’était "pas encore" nécessaire.

La conseillère a tenu à préciser dit que ses déclarations ne représentaient que son point de vue et non la position officielle de l’administration.

Acte III de la crise financière : la bombe des CDS

Deux ans après le début de la crise financière, en juillet 2007, l’optimisme est de bon ton. La sortie de la récession est annoncée pour la fin de l’année et la planète finance est en cours de convalescence, si l’on en juge les profits record affichés par la banque Goldman Sachs. Pas si vite. Dans l’acte I de la crise financière on a assisté à la faillite de deux fonds de Bear Sterns investis dans les suprimes. L’acte II a vu la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008. L’acte III pourrait bien marquer l’explosion de la « bombe des CDS », aux conséquences cent fois plus dramatiques que la crise des subprimes. Suivez nos explications.

Souvenez-vous, c’était en juillet 2007. Autant dire une éternité pour les marchés financiers. La crise des subprimes venait d’éclater. Le 16 juillet 2007, il ya exactement deux ans, la banque d’investissement américaine Bear Sterns, paix à son âme, annonçait que deux de ses fonds spéculatifs avaient perdu la quasi-totalité de leur valeur suite à des investissements hasardeux dans des titres adossés à des crédits hypothécaires américains, les fameux subprimes. L’été 2007 a été mouvementé, conduisant la FED à amorcer en septembre 2007 une série d’interventions qui allaient ramener son taux directeur aux alentours de zéro à l’automne 2008. Le monde découvrait avec effroi les actifs toxiques. Il aura fallu une légère hausse des taux longs américains au printemps 2007 pour que cette crise éclate. Mais le ver était déjà dans le fruit avec un retournement du marché immobilier déjà en juillet 2006. Nous n’étions encore qu’au début de la crise financière et les esprits candides ne prédisaient encore que des conséquences très bénignes sur l’économie réelle. Fin de l’acte 1.
Souvenez-vous, c’était en septembre 2008. La banque Lehman Brothers annonçait qu’elle était à cours de liquidités. Ne pouvant mobiliser son énorme ardoise d’actifs toxiques, et n’ayant pu obtenir un prêt de la Réserve Fédérale ou du Trésor Américain pour hônorer ses engagements à court terme, Lehman Brothers déclare faillite. La crise de liquidité de l’automne 2007 et du printemps 2008 se transforme en crise financière généralisée. Les bourses chutent emportant toutes les classes d’actifs dans leur sillage : actions, obligations, matières premières. La volatilité est inouïe. De mémoire de trader on n’avait jamais vu ça. L’indixe VIX américain, surnommé l’indice de la peur, atteint un record historique. La confiance dans l’économie s’écroule aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. Le mot de récession est lâché. Le NBER établira que les Etats-Unis étaient entrés en récession dès décembre 2007. Fin de l’acte 2.
Voilà nous y sommes. C’est l’été 2009. On se préoccupe plus des vacances que des marchés financiers, qui tournent au ralenti. En cette fin de l’an II de la crise financière, on nous annonce déjà la sortie de la récession pour la fin de l’année, et tant pis si la reprise sera laborieuse et que les dettes publiques explosent. La crise financière ne serait plus qu’un mauvais souvenir exorcisé à coup de sommets du G20 et de plans de régulation financière les "plus ambitieux depuis les années 1930" (dixit le Président Barack Obama).

Pas si vite.

Un nouveau grondement sourd des profondeurs de la finance, avec des frémissements qui vont des steppes kazakhes aux trading floors londoniens et new-yorkais. De quoi s’agit-il au juste ? Hé bien, tout simplement de la plus grande bombe à retardement financière qui ait jamais été inventée : les CDS ou Credit Default Swaps. Une bombe dont la puissance de déflagration pourrait être cent fois supérieure à celle des subprimes, avec un encours mondial de plus de 40000 milliards de dollars en décembre 2008 ! Oui, vous avez bien lu 40000 milliards de dollars.
Le débat sur les CDS était cantonné jusqu’à présent à une sphère purement technique, l’objectif étant de sortir de l’ombre ces titres dont on ne connaît ni les détenteurs finaux, ni la valeur réelle, ni les contreparties, et de rationaliser ces marchés à travers la mise en place de chambre de compensations centralisées. Un débat d’experts et d’initiés qui devait rester comme tel.

Mais voilà. Le Département de la Justice Américain vient d’ouvrir une investigation pour en savoir plus sur ce marché, caractérisé par sa structure fortement oligopolistique. Opération vérité et transparence. Premier visé, la société Markit, fournisseur de l’information financière sur ces instruments. Du moins, fournisseur du peu d’information qui circule, l’essentiel des transactions ayant lieu, comme on dit, Over The Counter (OTC), autrement dit de gré à gré.

Le débat sur les CDS vient de prendre aussi une tournure beaucoup plus politique au Kazhakstan, comme le rapporte le Financial Times. Oui, ne riez pas. Cela n’a rien d’une blague potash (sic) à la Borat. Pendant des années les banques occidentales ont prêté des sommes considérables aux banques kazakh, qui roulaient sur l’or grâce au pétrole et aux autres ressources naturelles dont le pays regorge, recyclant ces liquidités dans des projets à la rentabilité plus que douteuse. C’était avant la crise financière et la chute du prix du pétrole. Aujourd’hui, les banques kazakh sont aux abois. La plupart ont été nationalisées par le gouvernement ou sont en passe de l’être. Or, pour ce couvrir les banques occidentales avaient souscrit ces fameux CDS qui les protègent en cas de défaut de leurs clients kazakhs. Une assurance tout risque, en somme. Le problème c’est que ces mêmes banques sont aujourd’hui tentées de spéculer sur les CDS, dont le prix augmente quand la probabilité de défaut de la contrepartie augmente. La banque Morgan Stanley est ainsi soupçonnée d’avoir favorisée à dessein la banqueroute de la plus grande banque kazakh, la BTA, pour pouvoir actionner les "airbags financiers" et empôcher une belle plus-value au passage. Assurément, là on ne rigole plus. Morgan Stanley a beau démentir, elle n’en est pas moins dans une situation délicate. Précipitez la BTA dans la faillite et c’est tout un pan du système financier kazakh qui s’effondre.

En vérité, le risque lié aux CDS est bien plus grave que tout ce que l’on a connu au cours des deux dernières années. Le pire n’est pas certain, mais tous comme les ogives nucléaires, ces instruments ne sont pas à mettre entre les mains de n’importe quels spéculateurs, qui pourraient être tentés de jouer le Grand soir financier, emportant au passage toute l’économie mondiale dans un gouffre béant. Il est encore temps d’agir, mais le temps est compté.

USA : le déficit budgétaire dépasse les 1.000 milliards de dollars

(AFP) – 13 juil. 2009

WASHINGTON (AFP) — Le déficit budgétaire des Etats-Unis s’est encore alourdi en juin pour dépasser les 1.000 milliards de dollars à l’issue de ce neuvième mois de l’exercice 2008-2009, selon les chiffres officiels publiés lundi à Washington.

Le déficit de l’Etat fédéral s’est creusé de 94,318 milliards de dollars au mois de juin, indique le département du Trésor dans son rapport mensuel sur le budget. C’est un déficit record pour un mois de juin, mais c’est un peu moins que ce que prévoyaient les analystes (97,0 milliards).
En conséquence, le déficit cumulé depuis octobre 2008, premier mois de l’exercice en cours, atteignait 1.086,263 milliards de dollars à la fin du mois de juin.

Le déficit cumulé ne cesse de franchir des records depuis le mois de février. Selon les projections du Bureau du budget du Congrès, il devrait dépasser la somme pharaonique de 1.800 milliards de dollars à la fin de l’exercice, le 30 septembre 2009.

Le mois de juin est traditionnellement un mois d’excédent budgétaire, mais comme les mois précédents, les comptes de l’Etat ont été affectés par la baisse des recettes fiscales liées à la crise (la collecte des impôts étant moindre du fait de la baisse des revenus des entreprises et des ménages) et la hausse des dépenses liées à la récession (relance budgétaire et hausse des prestations sociales).

Les recettes de l’Etat ont ainsi atteint 215,364 milliards de dollars en juin, soit 17% de moins qu’un an plus tôt. C’est le 14e mois de baisse consécutive des recettes en glissement annuel.

Les dépenses ont connu un mouvement inverse, progressant de 37% sur un an, pour atteindre 309,682 milliards de dollars, un record pour un mois de juin.

Juin a été le neuvième mois consécutif de déficit. Il faut remonter à mars 1992 pour retrouver une série de soldes négatifs plus longue (11 mois).

Vous avez aimé les subprimes ? vous adorerez les LBO !

L’analyse la plus fréquente de la crise consiste à cantonner les problèmes de la finance au seul domaine des subprimes. La thèse que sous-tend cette conjecture est que, après le sauvetage de ce secteur, après avoir emprisonné quelques lampistes et édicté deux ou trois règles sur les hypothèques, on est reparti pour un tour. Hélas, ce ne sera pas aussi simple que cela. Le prochain tsunami pourrait provenir des LBO, qui eux concernent directement l’industrie, donc la capacité à produire de la valeur ajoutée.

LBO, késako (qu’est-ce que c’est) ?

Un LBO (Leverage Buy Out) est un mécanisme consistant à monter une société holding qui va racheter les parts d’une société cible à l’aide d’un ensemble de prêts bancaire. Il y a plusieurs types de LBO, leurs mécanismes fondamentaux restant les mêmes.

Acheter une entreprise avec un LBO, c’est faire d’une pierre quatre coups :

*

pas cher : le prêt bancaire contracté pourra couvrir jusqu’à 90 % de la valeur d’achat de l’entreprise cible. Bref, vous prenez le contrôle d’une entreprise en mettant sur la table une somme ridicule ;

*

fiscalement intéressant : vous pouvez intégrer fiscalement votre holding. Ça veut dire que vous pouvez déduire de l’impôt sur les sociétés les intérêts de la dette d’acquisition. Tout l’intérêt de la holding étant d’être lourdement endetté, la réduction fiscale peut être très importante ;

*

contrôle facilité de la cible : il suffit de détenir 50 % de la holding qui elle-même détient 50 % de la société achetée pour y faire la loi. Ça divise par deux le prix de la prise de contrôle ;

*

same player shoot again : un LBO peut racheter un LBO, et ainsi de suite...

Le but recherché par l’investisseur :

Il est simple : revendre à 20 la participation qu’on a acheté deux ans avant à 10. Dans un marché haussier, les perspectives de rentabilité des LBO sont sans aucune commune mesure avec la rentabilité misérable du capitalisme productif. Le propos du LBO n’est rien d’autre qu’un outil de spéculation très rentable et à court terme.

Conséquence pour l’entreprise :

La société cible doit rembourser l’emprunt contracté par la holding qui en a pris le contrôle. Il s’agit en fait de plusieurs emprunts (dette senior, dette junior, prêt relais), chacun avec ses propres risques. Le remboursement de ces emprunts se fait typiquement par le dépeçage en interne de l’entreprise : dividendes record, pillage de la caisse, du stock, restructurations, délocalisations, cession d’actif, plan d’économies en interne...

Ou est le problème ?

Un prêt accordé à une entreprise pour son développement sera consacré à la production de valeur ajoutée, alors que celui accordé au titre de LBO ne sera consacré qu’à la rémunération du capital. Pour simplifier, les prêts LBO ne produisent que de la rente financière, et aucune valeur ajoutée. Dans le cadre d’une économie réelle, on comprendra de suite que ce type de prêt est organiquement risqué. En fait, plusieurs formes de prêts sont associés aux LBO, avec des priorités. Le remboursement de la dette mezzanine est par exemple subordonné au remboursement de la dette senior, donc avec un risque encore accru. Les banques se sont empressées de titriser ces prêts (les transformer en obligations) afin de cacher les risques et de les mettre sur le marché boursier, selon exactement le même mécanisme que les subprimes. La situation est encore pire avec les LBO de LBO. Après un premier LBO, l’entreprise cible n’est en général plus qu’une coquille vide, incapable de rembourser une nouvelle série de prêts qui vont à nouveau alourdir sa dette.

Et la crise dans tout ça ?

Les LBO existent depuis les années 1980, mais, depuis 2004, leur croissance est quasi exponentielle. Contrairement aux subprimes qui n’ont été pratiqués qu’aux Etats-Unis et dans un nombre limité de pays, les LBO sont présents partout. On estime à 140 milliards d’€ (dont 26 en France) le montant en prêts LBO accordés par les banques pour la seule année 2007. Leur progression en Europe y a été aussi forte qu’aux Etats-Unis. Le temps que les entreprises sous LBO multiples ne puissent plus faire face à leurs obligations financières, et nous assisterons à l’éclatement d’une belle bulle industrielle, qui n’épargnera pas cette fois les banques européennes.

Avec une extension probable de la crise financière aux LBO, il deviendra évident que le c’est le système en entier (et son absence de règle) qui est défaillant.

Le navire n’a pas fini de secouer !

Messages

  • IMPÔTS SUR LA MARIJUANA

    Les coupes menaçant le secteur de l’éducation sont au cœur des négociations actuelles entre le gouverneur et le Congrès. Arnold Schwarzenegger veut suspendre l’application de la Proposition 98, une mesure votée en 1988 par les électeurs californiens garantissant un niveau minimum de financement à toutes les écoles publiques. Mais le puissant syndicat d’enseignants (California Teachers Association, qui représente 340 000 éducateurs) a réagi avec un spot publicitaire mordant : "Dites au gouverneur que nous n’avons pas oublié sa promesse de protéger nos écoles." La Californie explore d’autres pistes, avec la vente d’actifs immobiliers, comme le Coliseum de Los Angeles, une arène sportive qui vaudrait 400 millions de dollars ; le célèbre champ de courses de Del Mar, au nord de San Diego, environ 600 millions de dollars ; ou encore la prison de San Quentin estimée à un milliard de dollars.

  • Comme si de rien n’était...

    Mais quid des déclarations d’intention des garants du système financier qui nous martellaient que la crise allait tout changer ? Finis les stock-options, les salaires exponentiels et les dividendes gargantuesques ! Place à l’éthique, la moralisation, la régulation, la stabilisation et autres termes mignons en "on" (qui a dit "on nous a pris pour des c..." ?)

  • Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008, est sceptique sur la sortie de crise : « Je ne pense pas que nous ayons touché le fond, mais nous n’en sommes plus très éloignés. Ma plus grande préoccupation c’est que nous ne touchions pas le fond pour ensuite rebondir, mais que nous touchions le fond et y restions.

  • Vous avez aimé les subprimes ? vous adorerez les LBO !
    L’analyse la plus fréquente de la crise consiste à cantonner les problèmes de la finance au seul domaine des subprimes. La thèse que sous-tend cette conjecture est que, après le sauvetage de ce secteur, après avoir emprisonné quelques lampistes et édicté deux ou trois règles sur les hypothèques, on est reparti pour un tour. Hélas, ce ne sera pas aussi simple que cela. Le prochain tsunami pourrait provenir des LBO, qui eux concernent directement l’industrie, donc la capacité à produire de la valeur ajoutée.

    LBO, késako (qu’est-ce que c’est) ?

    Un LBO (Leverage Buy Out) est un mécanisme consistant à monter une société holding qui va racheter les parts d’une société cible à l’aide d’un ensemble de prêts bancaire. Il y a plusieurs types de LBO, leurs mécanismes fondamentaux restant les mêmes.

    Acheter une entreprise avec un LBO, c’est faire d’une pierre quatre coups :

    *

    pas cher : le prêt bancaire contracté pourra couvrir jusqu’à 90 % de la valeur d’achat de l’entreprise cible. Bref, vous prenez le contrôle d’une entreprise en mettant sur la table une somme ridicule ;

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    fiscalement intéressant : vous pouvez intégrer fiscalement votre holding. Ça veut dire que vous pouvez déduire de l’impôt sur les sociétés les intérêts de la dette d’acquisition. Tout l’intérêt de la holding étant d’être lourdement endetté, la réduction fiscale peut être très importante ;

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    contrôle facilité de la cible : il suffit de détenir 50 % de la holding qui elle-même détient 50 % de la société achetée pour y faire la loi. Ça divise par deux le prix de la prise de contrôle ;

  • Crise systémique : le chaos

    La faim menace plus de 3,5 millions d’enfants de moins de cinq ans. Dans quel pays d’Afrique ? Tout simplement aux USA. Source : http://feedingamerica.org/newsroom/press-release-archive/child-food-insecurity.aspx. Dans le tiers monde, ce sera une véritable « boucherie » !

    Le Dr. Ellen Bassuk présidente du National Center on Family Homelessness a ainsi déclaré que 1,5 millions d’enfants étaient SDF aux USA.

    Source : http://mwcnews.net/content/view/29970.

    En effet, le taux de chômage est désormais là-bas de 8,9%. Il y a donc 13,7 millions de chômeurs (avril 2009). Il faut ajouter à cela 5,5 millions de personnes non comptabilisées (Le Monde du 6 mars 2009) et 9,3 millions de personnes contraintes de travailler à temps partiel.

    Or, avec 650 000 chômeurs par mois en moyenne, les USA auront 19 millions de chômeurs à la fin de l’année (si tout va bien !), soit 11% de chômeurs.

    Si l’on ajoute les 2,3 millions d’américains en prison, (record du monde puisque la Chine ne détient « que » 1,6 millions de personnes) et 3,5 millions de SDF nous obtenons le chiffre de 40,2 millions de personnes.

    Il faudrait aussi ajouter les retraités qui ont perdu l’essentiel de leur retraites. La Pension Benefit Guarantee Corporation (PBGC) qui a déjà un déficit de 13 milliards de dollars (évaluation de la cour des comptes américaines : GAO) devra garantir les pensions de millions d’américains, ce qui lui est impossible. Par exemple, General Motors doit verser 12,3 milliards de dollars pour les retraites avant 2014 (source : Moneynews.com du 6 mars 2009). L’état devra là aussi intervenir pour éviter l’effondrement de son système de retraite. Source : rapport GAO du 17 janvier 2008.

    D’ailleurs, comme l’indique Paul Jorion sur son blog le 9 mai, « le nombre des Américains toujours employés bien qu’ayant atteint l’âge de la retraite continue de croître, pour atteindre pour la première fois les 16,9 % ».

    Je pense pour ma part (et je ne suis pas le seul) que ces chiffres sont sous-évalués. Au final, à la fin de l’année, les USA vont se retrouver avec plus de 50 millions de personnes en très grande précarité. La guerre civile et la dictature ne sont pas à exclure.

    Ceux qui croyaient que Barack Obama allait changer les choses se sont trompés. Entre le peuple et la finance, il a choisi et le masque est tombé. Je signale au passage que les problèmes des banques proviennent des difficultés des américains à rembourser leurs crédits. Au lieu de résoudre le problème à sa racine, Barack Obama a continué d’alimenter le système financier, ce qui est une catastrophe car l’on est en train de remplir une baignoire dont la vidange est ouverte.

    Bien sûr, des solutions politiques seront trouvées. La North American Union se met en place, un nouveau dollar (donc une dévaluation) verra le jour. L’association des USA et de l’Europe dans un vaste marché Transatlantique a par ailleurs été votée en secret par le parlement européen. Il sera effectif en 2015.

    (http://www.dailymotion.com/relevance/search/melenchon/video/x9203t_jeanluc-melenchon-le-futur-grand-ma_news).

    Pourtant, le chômage de masse perdurera, ce que Bernard Kouchner a résumé en affirmant : « Il y a peu de travail et beaucoup trop de population sur la terre. Extrait « Le Malheur des autres. »

    Le conseiller et mentor d’Obama, Zbigniew Brzezinski, est allé plus loin dans son analyse. Basé sur le principe de la loi de Pareto, il a créé un nouveau concept qu’il a dénommé la Société 20/80, dans laquelle il n’y aura du travail que pour 20% de la population, 80% des humains devenant donc inutiles. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Tittytainment).

    En effet, les 1% les plus riches touchaient 10% du PIB en 1979 et 23% aujourd’hui, il y a donc de plus en plus « d’inutiles ».

    D’ailleurs, ce système « craque » de toutes parts et de plus en plus d’intellectuels se révoltent.

    Cynthia Fleury, philosophe et professeur à l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS a ainsi déclaré : « Il y a comme un déshonneur des élites ».

    Nassim Nicholas Taleb, un des plus grands esprits actuel, qui a prouvé que les mathématiques financières ne pouvaient rien prévoir, et donc que l’ensemble du système était voué à l’échec, nous laisse une analyse que tout le monde devrait lire :

    « Les gens qui ont conduit un bus scolaire les yeux bandés (et ont eu un accident) ne devraient jamais se voir confier à nouveau un autobus. Les institutions et les élites du monde économique ( universités, organismes de régulation, banques centrales, responsables gouvernementaux, organisations diverses employant des économistes) ont perdu leur légitimité avec l’échec du système. Il est irresponsable et stupide de placer notre confiance dans la capacité de ces experts pour nous permettre de sortir de ce pétrin. Au contraire, il convient de rechercher des gens intelligents, ayant les mains propres. »

    Source : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2643

    Quand on parle à nouveau de régulation, il faut comprendre ce que nous sommes plusieurs à expliquer encore et encore : elle est impossible ! Cela reviendrait à prévoir le temps qu’il fera dans 6 mois ou un an. D’ailleurs, nous sommes de plus en plus nombreux à penser et dire qu’il faut bâtir un nouveau modèle.

    La crise systémique, en détruisant le travail, car notre société est basée sur la consommation à crédit, nous oblige à trouver une autre voie, à mettre en place une constitution pour l’économie.

    Il faut le rappeler, et Jean Baudrillard l’a très bien démontré, « on revient avec le crédit à une situation proprement féodale, celle d’une fraction de travail due d’avance au seigneur, au travail asservi. » Auguste Detoeuf, avec humour, nous éclaire : « Le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent. »

    Gilles Bonafi

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