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Editorial 20-07-2009 - La goutte de lait qui fait déborder....

lundi 20 juillet 2009, par Faber Sperber

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Les paysans allemands et bientôt les paysans européens

La goutte de lait qui fait déborder le vase

Depuis qu’ils ont été touchés par la chute du cours du lait de 30% en avril, les producteurs européens sont en colère. Ce qu’ils subissent, ce n’est pas une « simple » diminution d’un tiers de leur revenu, mais, dans bien des cas, la vente ne couvre même plus leurs coûts de production, et, comme ils le disent, ils travaillent pour la gloire et sont menacés à court terme par la faillite. En juin, après des manifestations à Bruxelles, des occupation de supermarchés en France, et un mouvement qui prenait de l’ampleur, les gouvernements de l’Union ont fait semblant de céder un peu de terrain en signant avec les syndicats (dans le dos des travailleurs du secteur) un compromis sur un prix moyen sur 2009 de 280 euros pour 1000 litres (alors qu’il tourne autour des 200 euros actuellement). Cet "accord", qui entérine la baisse du cours, condamne les producteurs de certaines régions. Ces derniers ont fait savoir immédiatement qu’ils reniaient leur soi-disant représentants et qu’ils s’organiseraient dorénavant leur lutte sans la FNSEA qui n’a pas eu d’autre réponse que "on a pris nos responsabilité ... on ne pouvait pas obtenir mieux" et qui reporte toujours les luttes à plus tard : un rendez-vous dans la deuxième semaine de septembre en l’occurrence.

Plutôt que d’attendre les bras croisés, les paysans organisés au sein de l’APLI (Association des producteurs de lait indépendants), ont donc décidé une grève similaire à celle de mai 2008 qui avait déjà eu lieu dans six pays européens (mais pas en France). Il n’y a pas encore de date définie, bien que fin juillet se précise, mais des panneaux indiquent déjà ça et là dans les champs « ici bientôt grève et don de lait ».

La situation est emblématique de ce qui se passe partout dans le monde paysan comme dans le monde ouvrier : les gros industriels imposent leurs conditions en se moquant éperdument des conséquences humaines. Lorsque le bouchon a été poussé trop loin, les syndicats prennent la tête sans vouloir vraiment développer la lutte, s’entremettent dans des négociations, mettent un peu d’huile dans les rouages et c’est reparti de plus belle. Mais, même avec la meilleure huile syndicale du monde, la mécanique a ses limites.

Il n’y a pas que pour les petits paysans que ça ne peut plus durer. La classe ouvrière est de plus en plus durement touchée. Pas de semaine, pas de jour sans de nouvelles annonces de centaines, de milliers de licenciements, des manifestations, des grèves, des patrons séquestrés, des usines dont les salariés prennent le coup de sang, menacent de faire sauter l’usine. Finalement, cela se termine par des sommes dérisoires versées à des travailleurs qui n’ont que fort peu de chance de retrouver un jour un travail… Sans parler des jeunes qui n’auraient aucune chance d’en trouver.

On ne peut pas continuer ainsi bien longtemps. Or rien, absolument rien ne prouve que la crise va s’arrêter, bien au contraire. Même si on essaie de nous faire croire encore que nos emplois sont partis en Asie, par exemple en Chine, l’Asie est en réalité tout aussi frappée par les suppressions massives d’emplois et la misère. Si ce n’est pas plus encore … comme le Japon. Le pays dans lequel s’est enclenchée la crise, les USA, ne font que s’y enfoncer plus de mois en mois, supprimant sans cesse plus d’emplois, détruisant des capacités productives, voyant diminuer sans cesse ses investissements et ses capacités de consommation. Et le plan Obama n’y a rien fait, pas plus que le plan Bush qui l’avait précédé. Les USA parlent maintenant d’un nouveau plan de relance alors qu’on atteint le record des banques américaines en faillite en un an. Les plans d’aide à l’Automobile, loin d’avoir pour but d’éviter les suppressions d’emplois, ont été conditionnés par Obama par des suppressions plus importantes d’emplois.

Ces dernières semaines, en France de grands groupes ont pratiqué des coupes dans leurs effectifs : Thales Avionics, Arkema, Unilever, Club Med, Accor, Altran, Sanofi. Le public a pris la suite du privé avec des suppressions de postes absolument partout de RFI à la télé et à La Poste, de l’hôpital public (malgré la grippe) à l’enseignement.

L’hécatombe s’est poursuivie dans la filière automobile, marquée notamment par le coup de colère des salariés de New Fabris. Boite par boite, on est condamnés au désespoir et aux actions dites violentes comme les Fabris. Mais notre vraie force est ailleurs que dans l’explosion d’une colère isolée. Ce que craignent patronat et gouvernement, c’est l’explosion d’une colère collective des travailleurs.

Pas plus que les paysans, n’attendons une telle action collective des dirigeants syndicaux ! Et surtout ne laissons pas les paysans ou les salariés de tel ou tel secteur se battre seuls de manière désespérée, car, avec le désespoir, ce sont les pires idées qui pourraient refleurir, celles du nationalisme, du racisme, du protectionnisme, des haines anti-sociales…

Toutes les luttes sociales, où qu’elles soient, doivent être les nôtres. Lorsque une grève gagne aux Antilles, qu’une émeute se déclenche en Chine ou en Inde, c’est contre le même patron qui nous exploite ici Renault, Auchan, Arcelor-Mital, IBM, Elf etc..., et la meilleure façon de soutenir les luttes est de lutter soi-même pour d’entrainer les autres à le faire. Bien des travailleurs ne se voient pas battre en brèche le capitalisme, mais il faudra bien si on ne veut pas qu’il dévore nos vies... « Ce que tu ne peux pas faire, tu devras le faire de toute façon » comme aurait dit Confucius.

Messages

  • je suis d’acore avec vous mes ils faut que touts les travailleurs sache que la luttes des producteurs de lait est leurs luttes .
    moi je suis actuellement au chômage et je soutien les producteurs de lait et tous les travailleurs en luttes en chine en algerie au maroc en Allemagne .
    et je dit vive les travailleurs en luttes et vive le prolétariat .

  • Août pourrait être le mois du blanc en Bretagne et en Europe. Blanc comme la couleur du lait qui serait jeté dans les caniveaux et, parfois, offert aux consommateurs. La grève du lait, largement annoncée sur des panneaux en bordure des routes, est coordonnée au niveau européen par l’European Milk Board, une association européenne qui se veut apolitique, à laquelle adhère l’APLI. L’OPL, branche laitière de la Coordination rurale, se réclame, elle aussi, de cette structure communautaire. Le seul but affiché:défendre le prix du lait européen, au cours d’un mouvement annoncé pour fin août, voire début septembre. Depuis plusieurs mois, le lait monte dans les campagnes. En juin, les opérations de blocage des plates-formes d’approvisionnement et de magasins de la grande distribution, lancées dans les départements par la FDSEA, se sont multipliées pour obtenir un meilleur prix du lait.

    « Ne pas se tromper de cible »

    Pour l’APLI, née fin 2008 dans le Sud-Ouest, qui se déclare apolitique et asyndicale, la FDSEA se trompe de cible en s’attaquant aux grandes surfaces. « Il n’est surtout pas question de leur cirer les pompes, nous avons des griefs contre elles, mais elles vendent 80% du lait et des produits laitiers, indique Pascal Cousté, le coordinateur breton de l’APLI. S’en prendre aux laiteries n’apportera pas davantage de solutions ».

    La clé du problème se situe, selon l’APLI, au niveau européen. « L’Union européenne doit prendre des mesures pour adapter l’offre à la demande, en baissant d’abord les volumes collectés de5% dans tous les États membres ». L’association réclame un prix du lait de 400euros les 1.000 litres (contre 280euros actuellement en France).

    Premier don de lait dans les Côtes-d’Armor

    À Châtelaudren (22), quelques agriculteurs locaux ont fait sentir les premiers frémissements du mouvement, hier, en distribuant du lait au public. Pascal Clément, le président de la section laitière de la FRSEAOuest, parle de démagogie. « Avec ce type de discours, il est facile de fédérer les éleveurs, mais une grève du lait va amener les gens dans le mur et diviser la profession, comme en Allemagne l’an passé, commente-t-il. La France est quand même le pays européen qui paye le mieux ses éleveurs, même si le prix est encore insuffisant ». La Confédération paysanne, quoique favorable à la maîtrise de la production, n’appelle pas à une action « qui n’est pas partagée par tous les paysans, ni par tous les pays européens ». L’APLI multiplie les réunions et mobilise les éleveurs en Bretagne, comme sur l’ensemble de la France. Des syndiqués de tous bords et des non-syndiqués. La grève du lait pourrait débuter fin août, au retour des parlementaires. Il manquera peut-être de produits laitiers dans les rayons des magasins.

  • La bulle financière affame les pauvres et ruine les paysans

    La crise des marchés agricoles est une conséquence de l’effondrement du marché financier international et de la perte de contrôle des autorités politiques sur les flux monétaires globaux.

    Dans un contexte haussier avec une augmentation de la demande de matière première agricole, induite en grande partie par le développement de la consommation des agro-combustibles dans les pays riches, par une modification importante des habitudes alimentaires observée dans les pays émergents ainsi que par des sécheresses de longues durées dans certains bassins de production céréalières comme l’Australie, la recherche d’une rentabilité financière à court terme à été l’étincelle qui a mis le feu au baril de poudre. Certains spécialistes des marchés mondiaux se sont attachés depuis bientôt trois ans à déterminer avec précision quelle part de l’envolée des cours avait été induite par la spéculation. Les réponses varient mais la majorité s’accorde aujourd’hui pour dire qu’elle a été importante, voire cruciale.

    Au cours des années 2005, 2006 et 2007, des acteurs non commerciaux (banques, assurances, fonds de pensions et fonds de garantie, fonds souverains) sont entrés massivement sur le marché des matières premières et en particulier sur celui des contrats dérivés appuyés sur des contrats à terme. Leur objectif n’était pas de participer à l’organisation de l’offre et de la demande de produits agricoles, ou de permettre une prévisibilité des cours sur le moyen et sur le long terme. Ils souhaitaient préserver des prises d’intérêts financiers mis en danger par les prémices de la crise des subprimes aux États-Unis : les spéculateurs partaient à l’assaut de l’alimentation.

    En Europe, les grandes banques comme le Crédit Suisse, Deutsche Bank, HSBC Rabobank, USB ou le Crédit Agricole, ont suivi l’exemple des sociétés américaines, Lehman Brothers, Goldman Sachs, J.P. Morgan, Bank of America, Citygroup ou Morgan Stanley et n’ont pas hésité à mettre en place des cellules d’appel téléphonique pour pousser leurs clients à profiter de l’envolée des cours. Des dizaines de milliers d’épargnants se sont laissés convaincre sans même réaliser qu’en agissant ainsi ils devenaient, au sens propre du mot, des affameurs. Les prix des trois principales céréales, le blé, le maïs et le riz, ont atteint des niveaux jamais vu, complètement déconnectés de toute réalité économique. Pour des centaines de millions de personnes dans les pays du sud, qui consacraient déjà plus de 80% de leurs revenus à l’alimentation, ce boursicotage a eu des effets catastrophiques : au lieu de manger deux fois par jour, elles se sont contentées d’un seul repas. La misère accentue encore le besoin d’accès à l’alimentation. (l’alimentation est toujours vitale…)Le ventre vide, impossible de travailler, impossible de trouver l’argent nécessaire pour acheter le pain du lendemain. Des centaines d’émeutes de la faim ont éclaté en particulier dans les quartiers pauvres des grandes mégapoles. Au Cameroun fin février 2008, les manifestants désespérés manifestent contre la vie chère et l’impossibilité de se nourrir. L’armée et la police ouvre le feu. Le bilan sera terrible, plus de quarante morts.

    Le cynisme et l’indifférence des opérateurs financiers et des épargnants qui ont spéculé sur la vie sont intolérables. La révolution française de 1789 avait muri dans un contexte de mauvaises récoltes successives et de spéculation. Les marchands de grains stockaient le blé pour le retirer du marché et le vendre au moment ou ils pourraient maximiser leurs gains. Au XVIII siècle, le commerçant avait néanmoins sous les yeux les conséquences de ces actes, aujourd’hui, les décisions sont prises dans le ronron des salles d’ordinateurs climatisées et les traders ne parviennent même plus à établir un lien direct entre leurs actions et les images qu’ils aperçoivent parfois lorsqu’ils regardent les informations le soir à la télévision. La déconnexion entre le virtuel, le monde de la finance, et la réalité est devenue totale, monstrueuse.

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