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La crise de surproduction capitaliste mondiale : une tourmente qui pose la question de la révolution

vendredi 22 mai 2009, par Robert Paris

La crise de surproduction capitaliste mondiale : une tourmente qui pose la question de la révolution

Soumis par RevueInternationale le 21 mai, 2006

Alors que l’humanité a développé ses forces productives qui, bien em­ployées", permettraient d’éliminer en quelques années toute pénurie de moyens de subsistance (alimentation, santé, logement, communication, éducation, etc..) et ce sur toute la surface de la terre, ces forces, cette potentialité productive se voient aujourd’hui de plus en plus para­lysées, détruites par les mécanismes et les contradictions internes aux rapports de production capitalistes.

De plus en plus, le monde manque de tout, plongé dans une crise de surproduction capitaliste.

A la fin de 1982, le nombre de chômeurs dans les principaux pays industrialisés bat tous les records depuis la seconde guerre. Qui plus est, la croissance du chômage s’accélère : près d’un demi million de chômeurs de plus en un seul mois aux USA.

Même record et même accélération pour le nom­bre d’entreprises en faillite et de pays en banqueroute financière. Les famines se mul­tiplient et s’étendent dans les zones sous-développées du monde.

Dans les pays de l’Est le rationnement alimentaire prend les allures des pires années de la dernière guerre alors qu’au coeur de la première puissance mondiale, à Détroit, les queues de chômeurs sans ressources s’allongent devant les soupes populaires.

Pendant ce temps, les usines ferment, ou tour­nent en employant une part toujours moindre de leur capacité productive (moins de 70% aux USA, l’industrie de l’acier en Europe est immobili­sée à 50% !) ; des excédents agricoles sont dé­truits et le cours des matières premières, alimen­taires ou industrielles, s’effondre par manque d’acheteurs.

Quant aux perspectives, les gouvernements ont abandonné la rhétorique des "nous voyons déjà le bout du tunnel" pour celle des "nous devons nous préparer à des années de rigueur, d’austé­rité et de sacrifices".

La réalité devient de plus en plus évidente : ce ne sont pas des raisons "NATURELLES" (man­que d’énergie ou de matières premières) qui bloquent les forces productives : les marchands internationaux ne savent plus quoi faire des stocks de pétrole ou de lait invendus. Ce n’est pas non plus le manque de force de travail (éduquée ou non) : le chômage touche aussi bien les ouvriers analphabètes que les porteurs de diplômes universitaires.

Ce n’est pas un manque d’innovation techni­que : les secteurs les plus avancés de 1’industrie moderne (électronique, informatique), longtemps épargnés par la crise, sont frappés à leur tour de plein fouet (la "Silicon Valley" californienne, haut lieu mondial de l’électronique de pointe, connaît pour la première fois l’épidé­mie du chômage). Ce n’est pas enfin, un manque de "bonnes politiques de gestion capitaliste". Toutes les politiques économiques font faillite : les politiques à la Reagan qui annonçaient la relance par la rigueur et l’équilibre budgé­taire, n’ont obtenu ni relance ni équilibre : aux USA la production recule et le déficit de l’Etat est un des plus élevés de l’histoire du pays. Les politiques à la Mitterrand qui au con­traire annonçaient la reprise par l’augmenta­tion de la consommation populaire et du défi­cit de l’Etat, ont bien réussi à creuser le dé­ficit public, mais la croissance industrielle en France continue de s’effriter tout comme le niveau de vie des travailleurs. Quant au capi­talisme d’Etat des pays de l’Est, il étouffe dans l’hypertrophie de la production d’armements.

A chaque convulsion de la crise une réalité apparaît de plus en plus crûment : c’est dans le système social mondial de production lui-même que se trouve la source de l’étranglement des forces productives.

Une fois de plus, depuis plus d’un demi siè­cle, l’humanité est en train de vivre l’impi­toyable démonstration pratique de la caducité historique des lois de production capitalistes.

Qu’elles le veuillent ou non, les classes exploitées, sont confrontées aux questions que leur pose un horizon de plus en plus chargé de nuages sombres.

Y aura-t-il de nouveau une période de rela­tive "reprise économique" comme ce fut le cas après les convulsions de 1967, de 1970, ou de 1974-75 ? Une solution de type véritablement communiste est-elle autre chose qu’un joli rê­ve ?

Y-AURA-T-IL UNE REPRISE ECONOMIQUE A COURT OU MOYEN TERME ?

Voyons d’abord ce qu’en disent les experts des organismes économiques internationaux oc­cidentaux. Le Financial Times du I7/11/82 rendait compte des conclusions de la réunion du comité d’Economie Politique de l’OCDE au sujet des prévisions pour l’année 83, dans les ter­mes suivants : "Le secrétariat de l’organisation doute désormais que les prévisions qu’il avait faites auparavant d’une augmentation de la production de 2,5% en 83 puissent être atteintes, étant donnée la stagna­tion en 82. On s’attend à ce qu’il n’y ait pas de croissance en Europe 1’année prochai­ne, et que 1 ’économie Japonaise continue à ralentir, en partie à cause des accords sur la limitation des exportations. L’OCDE est moins optimiste que Washington quant à une reprise économique solide aux Etats-Unis."

Pour le proche avenir, ceux qui théoriquement ont pour tâche d’assurer le bon fonctionnement de l’économie capitaliste, ne voient aucune re­lance possible. Tout au plus, certains d’entre eux envisagent aux USA, et seulement là, un ra­lentissement momentané de la dégradation de la situation économique, le temps des élections présidentielles... mais, à juger par l’évolu­tion actuelle, même cette mièvre perspective semble irréaliste.

A moyen et à long terme, certains de ces "savants" de la bourgeoisie décadente, parlent bien d’une éventuelle reprise économique. Mais ils ne savent ni quand, ni comment, ni par quoi ou par qui une telle relance pourrait être amorcée.

Ce manque de perspective traduite le désarroi de la bourgeoisie devant l’inefficacité crois­sante de toutes ses politiques économiques, mais aussi devant l’accumulation de difficultés que ces mêmes politiques ont à leur tour en­gendré.

Comme nous l’écrivions au début de 1980 : "... non seulement les remèdes que les états administrent a la crise depuis des années font de moins en moins d’effet, mais en outre, l’a­bus du recours à ces remèdes a fini par empoi­sonner le malade. "(Revue Internationale N°20, "Années 80 : l’accélération de la crise").

L’insolvabilité financière des gouvernements du Mexique, de l’Argentine, de la Pologne et du Zaïre, ne constitue pas un problème "localisé" dans les zones moins industrialisées. Elle sanc­tionne la faillite de la politique du capital in­ternational fondée sur l’endettement généralisé.

Les médias parlent beaucoup de l’endettement des pays moins développés. Mais les 500 milliards de dollars auxquels est évalué aujourd’hui l’en­semble de l’endettement de ces pays paraît déri­soire lorsqu’on le compare à l’endettement des économies des pays les plus puissants... et en premier lieu à celui des USA. Dans la première métropole industrielle du monde l’endettement glo­bal de l’économie a été entre i960 et 1980, mul­tiplié par 5,4 ! Entre 1970 et 1980 la dette des pouvoirs publics américains est passée de 450 milliards de dollars à 1069 milliards et celle du secteur privé de 975 à 2840 milliards !

Aujourd’hui, de plus en plus de dettes viennent à échéance, mais les débiteurs n’ont pas plus les moyens réels de payer qu’au moment où ils ont commencé à s’endetter massivement. Dans ces con­ditions aucun gouvernement n’ose plus parler de relance véritable. L’insuffisance, le handicap congénital du capitalisme c’est son incapacité à créer par lui même ; des débouchés en mesure d’absorber, d’acheter toute la production qu’il est potentiellement capable de réaliser. Contrairement au féodalisme et à l’esclavagisme antique, lorsque le système capi­taliste devient historiquement incapable d’assu­rer à la société ses moyens matériels de subsis­tance, ce n’est pas par manque de moyens de production (il en a "trop" à ce moment-là) mais par manque de marchés solvables.

Le capitalisme décadent, dont la pénurie de mar­chés l’a entraîné à deux reprises à des guerres mondiales, qui soumet l’ensemble de la vie so­ciale, et entre autres la recherche scientifique la plus avancée, aux impératifs militaires que lui impose "la protection des marchés" des uns contre les autres5 ce système sénile et barbare donc, a cru pouvoir trouver dans le crédit un palliatif à ce manque de débouchés devenu chronique. Et cela surtout depuis la fin des années 60, fin de la re­construction d’après-guerre.

Mais le développement du crédit ne peut facili­ter le fonctionnement de l’économie que s’il s’ac­compagne entre temps d’une augmentation correspon­dante des moyens de paiement effectif de ceux qui s’endettent. Autrement il ne sert qu’à masquer les problèmes de fond, qu’à retarder les échéances tout en les aggravant. Or, ce à quoi on a assisté pendant ces années, c’est à une croissance de plus en plus accélérée du crédit alors que la croissan­ce de la production réelle n’a cessé dans le même temps "5e" se ralentir jusqu’à" reculer.

A travers le crédit, le capitalisme est parvenu à retarder l’explosion violente de ses contradic­tions, mais il n’a fait que cela : a retarder.

Pour y parvenir il a dû payer très cher. Il lui a fallu détruire les fondements d’un de ses ins­truments les plus vitaux : le système monétaire in­ternational.

C’est ainsi que le capitalisme a créé méticuleusement dans les dernières années les conditions d’une tourmente économique qui concentrera en el­le simultanément les traits de l’effondrement de 1929 et ceux du marasme des années 20 en Alle­magne, lorsque pour acheter un timbre-poste il fallait une brouette de papier-monnaie.

Fin 82, la crainte d’un effondrement financier déclenché par le nombre croissant de débiteurs insolvables fait courir un vent de panique dans le monde des finances. Quelle solution ?

L’accélération de la fuite en avant : augmenter la masse de la monnaie du FMI, les DTS (on parle de b0% de plus !).

Pour empêcher l’explosion d’un krach financier sanctionnant l’impossibilité du capital de pallier au manque de débouchés solvables par le crédit, par l’excès de papier, celui-ci n’a d’autre issue que de créer plus de papier.

Pour les capitalistes, le problème est de moins en moins : "comment assurer une relance" pour deve­nir "comment empêcher un effondrement incontrôlé".

Finies les illusions de ceux qui croyaient au caractère purement "monétaire"de la crise ou à la thèse de la"restructuration". C’est au coeur même des rapports de production, dans la façon même dont les différentes classes de la société sont en rapport pour produire que se trouve le noyau de la crise.

Pour les ouvriers, le capital n’a qu’une pers­pective à offrir : le chômage, la misère, 1’exclu­sion de la société civile. De moins en moins capable de gouverner par la puissance de son écono­mie, le capital gouverne et gouvernera de plus en plus par la force et la terreur. C’est le langage de la "rigueur", de 1’"austérité", du chantage au chômage, des sacrifices imposés.

La misère cependant n’ouvre aucune porte vers la reprise économique : au contraire, elle rétrécit encore plus les faibles marchés existants. Mais chaque capital national y est contraint par la concurrence internationale.

Lentement mais inexorablement, l’effondrement du capital prépare de gigantesques affrontements de classes. De 1’issue de ces batailles qui ver­ront s’affronter capital et prolétariat mondial, dépend l’avenir de l’humanité.

Si la bourgeoisie parvenait un jour à briser violemment la résistance prolétarienne et à embri­gader les prolétaires dans une nouvelle folie guerrière, c’est le sort même de l’espèce humaine qui se trouverait mis en question.

Mais si les ouvriers du monde entier parviennent à engager une lutte internationale pour la défense intransigeante de leurs intérêts de classe ils ouvriront la porte à la seule issue possible pour l’humanité : le communisme.

LE COMMUNISME N’EST PAS UNE UTOPIE MAIS LA SEULE ISSUE REALISTE.

Parce que le mal se trouve à la racine du sys­tème, c’est à la racine qu’il faut l’extirper.

Les institutions capitalistes, le capital, le salariat, l’échange, la marchandise, les nations sont devenus des absurdités vivantes eu égard aux capacités et aux nécessités de l’humanité.

Les fondements de ces lois datent de la fin du Moyen-âge. A cette époque, un serf pouvait à peine nourrir par son travail et celui de toute sa famille un individu membre de la noblesse. Aujourd’hui un agriculteur salarié amé­ricain peut nourrir 80 personnes. Cependant, tout comme pour les ouvriers de la Renaissance, son revenu n’est déterminé ni en fonction de ses be­soins ni en fonctions des possibilités producti­ves de la société, mais par la valeur sur le mar­ché de sa force de travail comme marchandise. En outre, tout comme à l’époque des marchands de Venise, le capital n’a jamais produit et ne pro­duira jamais qu’en fonction des besoins de sa propre accumulation.

Lorsque cette accumulation, pour des raisons marchandes devient impossible, la production ca­pitaliste s’effondre, quelles que soient les for­ces productives dont la société dispose, quels que soient les besoins des hommes.

L’humanité ne pourra faire l’économie d’une ré­volution sociale mondiale, violente, bouleversant de fond en comble l’organisation de la société.

Il lui faudra faire tourner les usines en fonc­tion exclusivement des besoins humains, il faut pouvoir distribuer la production en fonction des nécessités et des possibilités des hommes, et donc éliminer l’échange et le salariat. Il lui faut unifier consciemment la production mondiale. Bref, il lui faut construire le communisme.

La crise, qui n’en est qu’à ses débuts, se char­gera de démontrer par les dévastations de ses effets que ce qui peut sembler encore aujourd’hui un rêve utopique, constitue en réalité la seule issue possible pour échapper à l’apocalypse nu­cléaire.

La crise économique .mondiale met chaque jour plus le prolétariat international devant ses res­ponsabilités historiques : ou briser les chaînes du vieux monde ou périr avec lui.

OU EN EST LA CRISE ?

La production industrielle au niveau de 1973

Pour la quatrième fois depuis le début de la crise à la fin des années 60, la capital connaît une nouvelle chute de la croissance industrielle qui comme par le passé devrait être plus profonde que les précédentes.

Depuis 1979 la production industrielle a globalement reculé dans les principaux pays occidentaux. Fin 1982 elle est tombée au niveau de 1973 dans la plupart d’entre eux, soit le niveau d’il y a dix ans. Le Japon est à son tour frappé : la croissance s’y ralenti de plus en plus et sa chute ne sera que plus violente, comme en 1974-75.

Le chômage s’accélère

Le nombre de chômeurs et 1a proportion de ceux-ci dans la population active sont les plus élevés depuis la guerre. Mais la croissance du chômage, loin de se ralentir, s’accélère depuis 1980 à des rythmes sans précédents

"La bourgeoisie ... ne peut régner, car elle ne peut plus assurer 1’existence de 1’esclave à 1’intérieur de son esclavage : elle est forcée de le laisser déchoir si bas qu’elle doit le nourrir au lieu d’être nourrie par lui. La société ne peut plus vivre sous la bourgeoisie ; c’est à dire que 1’existence de la bourgeoisie et 1’existence de la société sont devenues incompatibles ".

MARX et ENGELS, Le manifeste du parti communiste.

La crise est devant nous

Les taux de chômage sont généralement encore loin de ceux atteints pendant la dépression économique des années 30. Il ne faut pas y voir une "consolation" mais une illustration de jusqu’où peut aller le capitalisme en crise, si le prolétariat international n’a pas la force d’imposer sa propre issue révolutionnaire.

La fuite en avant par le crédit apparaît clairement dans l’évolution de l’endettement des pays moins développés (celui-ci a presque quintuplé en dix ans).

Il ne constitue cependant qu’une petite partie de l’endettement global du capital mondial.

La crise de SURPRODUCTION se traduit par une chute de la demande et des prix des matières premières, surtout depuis 1981. Pour les pays moins développés, producteurs essentiellement de matières premières, c’est la certitude de nouvelles banqueroutes. Pour le système financier international c’est le danger d’effondrements en chaîne.

La baisse du prix du pétrole au moment où la crise s’aggrave, ruine le mythe de "la crise du pétrole".

Le ralentissement du commerce mondial

La croissance du commerce mondial, tout comme celle de la production, n’ont cessé de se ralentir depuis 1977.

En 1982, lai croissance des échanges internatio­naux recule de façon absolue et plus rapidement que celle du volume de la production, ce qui traduit et annonce une tendance au développe­ment du protectionnisme.

Sources : Rapport annuel du GATT,1981/82 ; Newsweek, ; OCDE, Principaux Indicateurs Economiques

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