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Editorial 26-04-2009 - Qui va payer la crise ?

vendredi 24 avril 2009, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Qui va payer la crise ? Ce sera les travailleurs ou les patrons des trusts !

Jamais on a autant vu tous les jours des grèves, des occupations d’usines, des patrons séquestrés par des salariés dont les entreprises ferment leurs portes ou licencient massivement. Avant-hier Sony ou Arcelor-Mittal, hier Continental, Caterpilar ou Toyota. Syndicats patronaux et gouvernement s’indignent. Média, politiciens de droite et de gauche réprouvent « des violences », ainsi que certains dirigeants syndicaux. Bien sûr, nous tous, travailleurs, savons d’où vient la véritable violence, celle qui ne détruit pas seulement un bureau mais ferme des usines, détruit des régions, et surtout des emplois, des vies, des familles. La classe capitaliste est responsable de ces destructions et il lui faut beaucoup d’hypocrisie pour demander aux travailleurs patience et modération.

Même si la lutte de ces travailleurs apparaît isolée et, du coup, désespérée, ces entreprises qui ferment ne sont pas des cas isolés. C’est toute l’économie mondiale qui est en train de fermer… Bien sûr, pour le moment gouvernants et patrons font mine de tout faire pour éviter une catastrophe générale et des licenciements massifs. Ils ont aidé les banquiers, financiers et patrons des grands trusts à ne pas payer la crise en déboursant sur fonds publics des sommes colossales, des dizaines de milliers de milliards d’euros pour, disent-ils, « sauver le système ».

Comme cela, les responsables de la crise n’ont pas eu à payer sur leurs fonds personnels, pourtant considérables, accumulés toutes les dernières années de profits économiques et spéculatifs records. C’est nous, travailleurs qui finirons par payer ces cadeaux de l’Etat, par la dévalorisation de la monnaie, comme en Angleterre, et par des licenciements dans les services publics comme aux USA.

Si les entreprises qui licencient ne sont encore qu’une minorité, et sont parsemées dans toute la France, c’est que les autres ont reçu des aides d’Etat. La stratégie employée par les patrons avec l’aide du gouvernement est de démontrer, au travers de conflits isolés, que les licenciements seraient une fatalité. La méthode consiste à diviser les travailleurs. En acceptant de signer des accords de « défense des emplois » dans les grandes entreprises, les directions syndicales ont contribué à cette division. Et elles ont hypothéqué l’avenir des salariés de ces grandes entreprises en signant des accords sur le chômage technique.

La stratégie syndicale de négociation est complètement caduque, quand elle ne se retourne pas directement contre l’intérêt des travailleurs. On l’avait déjà vu à Continental où les salariés avaient accepté de travailler 40 heures payés 35 heures mais cet « accord » patronat/syndicat pour « sauver l’entreprise » n’a pas empêché la fermeture. Les responsables syndicaux de Continental n’en ont pas moins continué la même stratégie de négociations avec le gouvernement et le patron. Pas plus que l’accord cautionné également par les syndicats à Arcelor-Mittal. Ce sont aussi les syndicalistes locaux de Caterpilar qui ont accepté les 600 licenciements, sous prétexte que le patron était passé d’un projet de 600 à 730 licenciements puis de nouveau à 600.

Tous les objectifs fallacieux comme « sauver l’économie » et même « sauver l’entreprise » ne visent qu’à nous faire accepter progressivement les sacrifices. Là où on aura accepté plus de flexibilité, on nous imposera des licenciements. Là où on aura accepté des licenciements, on nous imposera des baisses de salaires, etc… Et finalement, les fermetures d’usines, on ne les aura nullement évitées. On aura seulement participé à un piège. Nous, travailleurs, devrions seulement défendre les intérêts du monde du travail, comme les patrons défendent exclusivement les intérêts du capital.

Cette politique des accords, du « moindre mal », est encore plus catastrophique à l’échelle nationale. La stratégie, journée d’action suivie de négociations, même avec un premier mai très réussie, montrera certainement le mécontentement des travailleurs, mais ne contraindra pas patrons et gouvernement à reculer.

Il y a une alternative à ces politiques de « proposition », d’ « accord », de négociation, c’est une lutte générale. Pour cela, il faut un vrai plan de lutte élaboré par des comités de travailleurs dans toutes les entreprises, privées et publiques, avec des revendications nationales et d’abord le salaire minimum de 1500€ pour tous, l’interdiction du chômage technique et des suppressions d’emplois dans les entreprises privées comme d’emplois d’enseignants, d’infirmières, d’aides soignantes et de cheminots !

Messages

  • Ce premier mai devait être historique.

    Historique ? ha, oui : une belle surprise pour ceux qui s’attendaient à démarrer à République : au lieu de République-Nation via bastille, on nous a fait marcher de Denfert à Bastille. Au lieu d’ouest en est, on a marché du sud vers le nord.

    Annoncé comme historique par les syndicats, ce premier mai nous est maintenant présenté par les médias comme un demi-échec. Et c’est bien ce que voulaient les syndicats : faire baisser la combativité en organisant une mobilisation légère annoncée comme très forte.

    A part cela, rien. Des blablas sont prévus lundi au sommet. Mais mobiliser les travailleurs, il n’en est pas question !

    Effectivement, tout est fait pour atténuer la colère qui s’est déjà manifesté, par les différentes grèves de mars et avril, les retenues de cadres et patrons. Cette marche du premier mai n’avait que cet objectif : atténuer la colère, nous faire rentrer chez nous bien tranquillement et rien d’autre.

    Les leaders syndicaux n’allaient tout de même pas rester à attendre les salariés à Bastille pendant 3 heures pour leur donner des perspectives !

    Rien sur la situation. Marchez, marchez, nous aiderons le gouvernement et les capitalistes.

    Et en effet, arrivé à Bastille, quelle belle impression : rien. Pas même une prise de parole. Aucune proposition pour discuter de ce qu’on va faire lundi dans les entreprises ! Et les facs ? et les hôpitaux ? et les usines ? et les banques ?

    Comme c’était prévisible, et comme on nous a baladés le 20 janvier, de la même manière que le 19 mars, on nous a promenés le premier mai.

    Pourtant, il y en aurait des choses à proposer pour toutes ces boîtes : arrêts des licenciements et contrôle de toutes les embauches par les travailleurs, réquisitions des richesses accumulées des dirigeants pour payer les salaires du chômage partiel et des salaires à venir, réquisitions pour payer les ex-salariés licenciés. Ils auraient pu en donner des perspectives au travailleurs présents qui peuvent tout à fait être la force qui entraîne ceux qui ne sont pas venus et que l’on retrouvera lundi 4 au boulot.

    Historique ? oui, ce premier mai aurait pu l’être si les syndicats avaient voulu donner un plan de bataille à la classe ouvrière. Et puisque les syndicats n’en veulent pas, d’autres auraient pu le proposer.

    Les dirigeants de ce système sont désespérés, ils ont peur, certains d’entre eux se suicident dans les banques ou dans les industries. Ils ne savent pas comment gérer le système pour le faire perdurer, hé bien qu’ils lâchent le gouvernail ! Mais ni les syndicats ni les partis présents ne proposaient réellement cette perspective aux travailleurs.

    Et les syndicats de nous faire croire qu’ils cherchent une stratégie : ils vont discuter de la prochaine journée de promenade. Ha parce que c’est difficile de décider quel jour il faut aller parader ? Oui, bien sûr, tu oublies que leur objectif c’est de faire semblant de faire quelque chose sans gêner vraiment les capitalistes.

    Un calendrier ne pouvait pas être prévu à l’avance ? Dans la grève des cheminots, il y a un an et demi, c’est ce que les syndicats avaient demandé aux dirigeants de la SNCF. Mais pour en proposer un, que dalle !

    Et pourtant que de révoltés qui attendaient quelque chose, ce vendredi. Or, si peu étaient là pour proposer quoi que ce soit !

    Encore plus qu’en janvier ou en mars, une seule conclusion s’impose : on ne peut compter que sur nous-mêmes.

    • Si les syndicats avaient voulu, si les syndicats avaient pu .... Non, les syndicats ne peuvent pas faire face à la situation parce qu’il ne s’agit pas d’une attaque classique d’un gouvernement de droite mais d’une crise économique et sociale de la plus grande ampleur. ils font semblant d’avoir à faire face à des attaques classiques parce que leur nature même, réformiste, les empêche complètement de répondre à la situation. La force des travailleurs n’est pas dans les syndicats et n’a pas besoin qu’ils soient révolutionnaires ni même qu’ils soient combatifs. Ne nous plaignons pas des directions syndicales car là n’est pas le principal problème. Tant que les travailleurs se plaignent des syndicats c’est qu’ils ne sont pas eux-mêmes vraiment décidés à en découdre. Préparons plutôt ce moment-là. Bien sûr sans crainte de critiquer les syndicats mais sans essayer de les transformer. le jour où les syndicats suivront la combativité ouvrière, ce sera pour mieux la détourner et la tromper.

      Robert Paris

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