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Tract Renault 06-04-09

jeudi 9 avril 2009, par Robert Paris

Lettre ouverte aux salariés du CTR (Renault-Rueil)

Jetés !

Levé à cinq heures, embauché à six heures et, à peine une demi-heure après, la hiérarchie nous invite à une « réunion de travail ». Là, on nous annonce, comme si de rien n’était, la suppression l’an prochain de plus d’un millier d’emplois sur le site. C’est chez Renault ? Non, c’est chez Continental. Les syndicats sont sur le cul : « On a accepté la flexibilité, la réduction des salaires, travailler 40 heures payés 35, pour éviter la fermeture » osent dire les responsables du syndicat majoritaire CFTC ! C’est eux qui ont conseillé aux salariés d’accepter ce marché de dupes, ce chantage plus exactement. Ils ont tenu leur promesse et s’étonnent que les patrons ne tiennent pas la leur…

Comme si on n’entendait pas tous les jours que les patrons ont rompu leurs « contrats », leurs engagements pris avec les salariés. Comme si il pouvait y avoir un contrat « de confiance » entre des salariés et des patrons. Comme si on n’apprenait pas aussi tous les jours qu’ils ferment des entreprises rentables, qu’ils se sucrent à coups de millions pendant que l’entreprise licencie, ferme des sites ou reçoit des milliards de l’Etat. Total supprime des emplois alors qu’il a réalisé des profits records. Valeo ou Société Générale licencient alors que leurs patrons se distribuent des sommes colossales. Les patrons se sucrent tellement, y compris là où ils licencient, que Sarkozy ou Mme Parisot font mine de chercher un plafond des revenus des patrons. Pour ces riches-là, le profit sans limite, que ce soit des revenus, des dividendes, des bonus, des stocks-options, c’est une raison de vivre, même si toute la société doit en crever !

Ainsi, il n’y a pas de journée qui passe sans qu’une entreprise ferme, laissant sur le carreau des centaines ou des milliers de salariés. Si les licenciements des grandes entreprises font du bruit, tous les jours la fermeture de petites boites se fait dans le plus grand silence médiatique. Le gouvernement ne lève pas le petit doigt et ce serait à l’action de la classe ouvrière de se transformer en une lutte d’ensemble pour permettre à ces petites boites de participer à une lutte pour imposer l’interdiction des licenciements et le paiement de la crise par ceux qui ont amoncelé des fortunes dans les années précédentes. Que l’activité soit relancée ou pas, les salariés n’ont pas à payer par leurs revenus ni par leurs emplois une chute de l’économie dont ils ne sont nullement les profiteurs.

Et, avec tout ça, on trouve encore des dirigeants syndicaux qui veulent nous faire croire qu’ils vont « nous sauver » en négociant un « moindre mal » avec les patrons comme à Arcelor-Mittal (Gandrange). Ou encore comme à Périer ou Bernard Thibaut s’est déplacé en personne pour convaincre sa sections syndicale de signer une tel chantage patronal à la fermeture. Les syndicats l’ont fait également dans l’Automobile, par exemple à PSA avec Streiff, mais ce dernier n’est plus là et ses promesses ne feront pas long feu.

Cela ne se passe pas chez Renault ?

Rappelons-nous : les syndicats avaient accepté tous les sacrifices et toutes les surcharges de travail. Où ? A Renault-Vilvoorde ! Les syndicats de Peugeot-Ryton (GB) en avaient fait de même avec le même résultat final. Plus vite les salariés ont cédé au chantage patronal, plus vite ils ont été virés, même s’ils avaient cru trouver « une solution pour éviter le pire ».

A Renault-Guyancourt, les prestataires voient leurs emplois massivement supprimés. Des milliers reçoivent comme seul message de la direction : « C’est fini. Vous fermez votre ordinateur. Inutile de transmettre de consignes sur votre travail aux salariés Renault. » Et le travail continue comme si de rien n’était, repris par des salariés Renault… pour le moment. Comme si les salariés Renault étaient sauvés en acceptant que leurs camarades de travail prestataires perdent leur poste sur le site et parfois leur emploi. Les salariés de Renault savent bien que ces licenciements de prestataires ne les protègent nullement d’être les prochains sacrifiés.

Dans les usines, le chômage technique a été présenté comme un moindre mal par la direction. Il signifie pourtant une ponction inadmissible sur des salaires déjà très bas. Une fois que cette « solution pour éviter les licenciements » est acceptée par les syndicats, la direction décide d’élargir la brèche. Elle appelle administratifs et personnels des centres techniques à « être solidaires des sacrifices » faits dans les usines. Traduction : le chômage partiel s’appliquera entièrement à ces sites, y compris aux ETAM et cadres.

Le prétendu « Contrat Social de Crise », c’est Connerie Sur Connerie.

La direction obtient pour cela la signature des syndicats. Au lieu de se battre contre ces plans de plus en plus destructeurs, ils accompagnent les attaques de la direction qui avait besoin de cette signature. pour mettre au chômage partiel les centres techniques et administratifs, les cadres et les ETAM. Elle a aussi besoin de leur caution pour faire croire qu’elle fait cela pour notre bien, que les patrons et les salariés seraient du même bord face à la crise, que c’est équitable de répartir entre salariés les frais d’une crise dont les possesseurs de capitaux sont les responsables. Faire croire aux promesses du patron ou refuser de s’y opposer fermement, les syndicats de Renault sont sur la même pente glissante que ceux de Continental qui nous disent, mais un peu tard, qu’ils s’étaient fait enc…. ! Le patron essaie de se faire passer pour victime de la crise, comme nous et qui rechercherait avec nous « des solutions ». C’est faux ! Ghosn fait partie des financiers qui ont joué, aux subprimes et autres actions pourries, l’argent de Renault. Qu’il se débrouille pour rembourser les caisses de Renault qu’il a vidées, qu’il s’arrange avec les gros actionnaires ! Avec ses revenus, ses bonus, ses jetons de présence, et ses stocks-options accumulés sur des années, il a de quoi payer. Pas nous !

« La direction et les organisations syndicales, conscientes de l’ensemble des enjeux, se sont réunies pour mettre en place un contrat social de crise afin de maintenir les emplois. » Mensonge sur mensonge. Les syndicats ne sont que la caution. Si ce n’est pas signé, Renault ne maintient pas les emplois ? Et les engagements de Renault à la réception du pactole de l’Etat ? « Afin de maintenir » ne signifie pas un engagement de maintenir les emplois !
« Le chômage partiel a vocation à s’appliquer, de manière collective à tous les salariés, quelque soit leur niveau et leur catégorie. » C’est signer un grave recul social !

« La réduction collective des activités (…) peut être mise en œuvre par fermeture de site. » Rien n’empêchera la direction de dire qu’elle parlait de fermeture définitive …comme à Continental !

Et à Rueil ?

N’écoutons pas les dirigeants qui nous proposent de relancer l’activité plutôt que de défendre nos salaires et nos emplois en faisant payer le patron. Plus les syndicats collaborent, plus la direction les méprise. La preuve à Rueil ? Alors que la CGC court pour signer l’arnaque appelée CSC, un chef du CRPM se permet d’interdire par écrit à un délégué CGC de partir en délégation !

Le plus grave, c’est que, parmi nous, des camarades croient encore que cela va s’arranger en faisant l’autruche, la tête dans le sable pour ne pas voir. Pourquoi se cacher ce que c’est la fermeture du site ? A Rueil, où la direction nous prend pour des billes qu’on déplace à volonté, que dire du silence des syndicats, là tous unis, quant au transfert du CTR. Qu’ont-ils discuté là-dessus avec la direction ? Qu’en est-il sorti ? On ne le sait pas. Ne rien dire, contre la fermeture de Rueil ou contre le contrat social de crise, cela revient à accepter ou, pire, à ne pas donner de perspectives aux travailleurs..

Si nous savons nous unir par delà les professions, les entreprises et les sites, la force, c’est nous, les travailleurs. C’est à nous de décider de notre avenir et de nos luttes. Le moins que l’on puisse faire, c’est de ne pas laisser les attaques patronales se dérouler dans le plus grand silence. Il faut « l’ouvrir » dans les réunions, ne pas rester isolés, ne pas accepter que chacun soit seul devant le patron, prendre contact avec les autres salariés du site comme d’autres sites, du groupe comme d’autres groupes. C’est cela se donner des perspectives. Il faut compter d’abord sur nous-mêmes et pas sur ceux qui prétendent nous représenter. Et surtout, il faut commencer à nous faire craindre du patron. On écrase des travailleurs qui se laissent mener par le bout du nez. On se fera respecter quand on se donnera les moyens de discuter et de décider pour défendre collectivement nos intérêts.

Le 6 avril 2009

LA VOIX DES TRAVAILLEURS - www.matierevolution.fr

Messages

  • REnault, Disney, quel secteur est à l’abri ? Aucun.

    Aujourd hui, les parcs disney sont pleins à Marne la Vallée.
    L’an dernier Eurodisney a battu ses records de visite touristique.
    Pourtant, comment imaginer que le site en Europe ferme, alors que les familles viennent en masse ?
    Les parcs sont soi disant fait pour la magie des enfants.
    A Disney, devant tant de "rève", il serait indécent de parler de profit, d’argent, de capitaux, de crise...
    Pourtant c’est bien ce qu’est en train de faire le porte parole de la multinationale :

    « DIsney supprime 1.900 emplois dans ses parcs américains
    AP | 04.04.2009 | 05:08
    La société Walt Disney a supprimé 1.900 emplois en raison du ralentissement économique.

    Environ 1.200 personnes ont été licenciées, et 700 autres postes disponibles ne seront pas pourvus. Ces restrictions "reflètent la situation économique d’aujourd’hui" a précisé la porte-parole de la compagnie, Tasia Fillipatos vendredi.

    Les suppressions d’emplois faisaient partie d’une réorganisation de l’entreprise annoncée en février. La majorité des postes supprimés sont des postes de gestionnaires ou de salariés. Les employés des parcs au contact du public sont moins touchés. AP »

    Les employés payés à 500euros à temps partiel ne diront pas le contraire : pour eux le cauchemar des bas salaires a trop duré, si en plus ils doivent remballer leur clique et leur claque, ca va pas être possible !

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