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Il y a 80 ans débutait l’élimination physique des militants trotskystes russes dans les camps de concentration staliniens

7 juillet 2018, 04:33

Russie : « Les morts se mettent enfin à parler »

C’est sous ce titre qu’un quotidien russe des milieux d’affaires, Kommersant, vient d’annoncer une découverte extraordinaire. À Verkhneouralsk, dans la région séparant la Russie d’Europe de la Sibérie, les ouvriers chargés de faire des travaux dans une prison y ont mis au jour une série de documents que des militants trotskystes soviétiques avaient cachés, sous le plancher de leur cellule, dans les années 1930.

Dans cette cache on a retrouvé quarante-six documents et brochures. Tout cela écrit à la main, composé avec très peu de moyens dans un format très petit pour pouvoir être caché, et transmis. Il s’agissait de les faire passer d’un isolateur à un autre – du nom des prisons à régime renforcé où la dictature stalinienne enfermait des milliers de bolcheviks-léninistes, comme s’appelaient eux-mêmes les trotskystes – ou à l’extérieur, à des militants de l’Opposition de gauche alors encore en liberté pour peu de temps.

Dépouiller et publier tous ces documents pourrait prendre deux ans, et seule une volumineuse brochure, écrite en 1932 ou 1933 à Verkhneouralsk, a pour le moment paru sur le site de Kommersant. Elle s’intitule La situation dans le pays et les tâches des bolcheviks-léninistes. On y voit ces militants, emprisonnés depuis des années, épiés, privés de tout, de plus en plus coupés de l’extérieur et de leurs camarades – tel Trotsky que Staline avait expulsé d’Union soviétique en espérant le neutraliser – retrouver les mots, les analyses de Trotsky. Par exemple quand ils défendent l’avenir de l’État ouvrier né d’Octobre 1917, avenir que compromettent la gabegie bureaucratique, l’impréparation et la brutalité de la collectivisation stalinienne…

Staline et ses sbires se préparaient à liquider le parti de Lénine dans les procès de Moscou et à faire fusiller à la mitrailleuse, faute d’avoir pu les briser, des milliers de trotskystes regroupés dans les camps de Vorkouta, dans le Grand Nord, et de la Kolyma, dans l’Extrême-Orient sibérien. Cependant, les militants de Verkhneouralsk dont on retrouve quatre-vingt cinq ans après les écrits et la preuve de leur activité, cherchaient à maintenir jusqu’au bout le flambeau.

On voit réapparaître les noms de quelques-uns de ces militants qui allaient périr : Mikhaïl Bodrov, entré dans l’Armée rouge à dix-sept ans, fusillé à trente-cinq ans ; Gdali Milman, komsomol devenu trotskyste, fusillé à trente-et-un ans ; Barkine ; Melnaïs, etc.

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