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Assez de violences policières !!!

18 février 2017, 12:02

Le week-end dernier, le gouvernement PS a mobilisé un important dispositif policier dans le cadre de l’état d’urgence contre les manifestants dénonçant les atrocités commises par la police contre Théo, le jeune grièvement blessé aux fesses lors de interpellation d’un ami à Aulnay-sous-Bois. Plusieurs manifestations ont tourné à la confrontation avec les forces de l’ordre.

Théo a subi cette agression il y a dix jours dans la cité ouvrière des 3000. Il a été gravement blessé, nécessitant une chirurgie immédiate, après qu’un policier l’ait violé avec une matraque ; il était aussi blessé à la tête et au visage. Une fois à l’intérieur du véhicule de police, les policiers l’ont battu et insulté, le traitant d’« espèce de salope » et de « bamboula ».

Samedi 11 février, une manifestation organisée devant le tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis a regroupé des personnes, responsables associatifs ou simples citoyens, qui ont pris le micro à tour de rôle sur une estrade improvisée pour dénoncer les violences policières. La foule a scandé des slogans comme « Les violeurs en prison », « Tout le monde déteste la police », « Justice pour Théo », « Pas de justice, pas de paix ».

Suite à un appel sur les réseaux sociaux, un rassemblement a eu lieu à Argenteuil le lendemain, faisant le lien entre le viol sur Théo mais aussi la mort d’Adama Traoré suite à des violences policières l’été dernier et enfin les émeutes des banlieues en 2005.

Face à ces rassemblements, le PS a mobilisé un important dispositif policier. De nombreux policiers sont intervenus notamment à Bobigny, sur une passerelle surplombant la manifestation. Les deux manifestations à Bobigny et à Argenteuil se sont soldées par des affrontements. Des voitures, des poubelles ont été brulées, tandis que les forces de l’ordre tiraient des grenades de gaz lacrymogène sur les manifestants.

Un nombre important d’arrestations est enregistré : 37 personnes arrêtées à Bobigny ; 11 personnes à Argenteuil, dont 8 mineurs ; et dans la nuit de dimanche à lundi, toujours en Seine-Saint-Denis, ce sont 10 personnes qui ont été interpellées. Des arrestations ont aussi eu lieu à Drancy, Noisy-Le-Sec ou encore Bondy. Il faut ajouter aux personnes interpellées ce week end, cinq autres arrêtées le week-end dernier.

Les médias et la classe politique tentent de couvrir le viol de Théo et plus largement les violences policières en invoquant la présomption d’innocence à l’égard des policiers. Toutefois, l’indignation populaire face aux violences policières souligne les tensions sociales explosives qui montent.

Depuis plusieurs décennies, les habitants des banlieues ouvrières et d’immigrés, subissent couramment les insultes, les arrestations arbitraires et des violences de la police. En même temps, des mesures discriminatoires pleuvent contre les musulmans, depuis l’interdiction du foulard dans les écoles publiques en 2003 jusqu’à l’interdiction de la burqa en 2009, continuée par Hollande durant son quinquennat. Ceci a abouti en 2005 et 2007 à des émeutes dans les banlieues sur plusieurs jours. Les policiers mis en cause dans ces affaires jouissent d’une impunité.

L’été dernier, à Beaumont-sur-Oise, Adama Traoré est mort dans des circonstances troubles pendant sa garde à vue. Sa famille n’a pas pu voir son corps, et les policiers ont prétendu qu’il avait fait une crise cardiaque, ce que sa famille a toujours réfuté.
Le frère d’Adama Traoré, Bagui Traoré a expliqué : « Ils l’ont embarqué ensuite à la gendarmerie de Persan. Là-bas, je l’ai retrouvé entouré de cinq ou six gendarmes. Il était au sol, les mains menottées dans le dos. Il ne respirait plus, il était sans vie. Il avait du sang sur le visage. J’ai vu un gendarme qui faisait partie de ceux qui nous ont interpellés. Il avait un t-shirt blanc et je l’ai vu revenir après avec un t-shirt plein de sang, celui de mon frère. Ma compagne était là, elle l’a vu aussi. Adama n’a pas eu de crise cardiaque, ils l’ont tabassé. »

Le profond discrédit du PS et la colère montant dans les banlieues ouvrières font craindre au gouvernement l’éruption d’émeutes comme en 2005 et en 2007. En plus, contrairement à il y a 10 ans, les manifestations se déroulent dans le cadre de l’état d’urgence, imposé après les attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris par les réseaux islamistes mobilisés par les puissances de l’OTAN dans leur guerre en Syrie.

La classe politique a réagi pour exiger l’interdiction des manifestations et une répression plus féroce des manifestants. Depuis l’île de La Réunion où il est en déplacement, le candidat présidentiel LR François Fillon a dénoncé, dans un communiqué, « la responsabilité du gouvernement » qui « a pris le risque d’autoriser la manifestation de Bobigny. ... Faudrait-il des blessés pour sortir M. Bruno Le Roux de son silence ? Pourquoi le ministre de l’Intérieur a-t-il autorisé cette manifestation, alors que les risques de violence étaient évidents ? ».

Les violences barbares commises contre Théo soulignent l’impact profondément réactionnaire de l’état d’urgence, dont la principale cible n’est pas les terroristes, mais la classe ouvrière et les jeunes à l’intérieur de la France.

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