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La vague de suicides en France dont ils ne nous parlent pas…

21 mai 2019, 13:32

Pour la direction de France Télécom, le millier de cadres réunis le 20 octobre 2006 à la Maison de la chimie, à Paris, étaient des « gens précieux ». « Des chefs de centre, ceux qui tiennent la maison », dit d’eux, l’ancien PDG de l’entreprise Didier Lombard. Il ajoute : « Ils avaient un autre atout, ils étaient très directs. »

Ce jour-là, donc, la hiérarchie au grand complet est venue assister à la convention de l’Association des cadres supérieurs et dirigeants de France Télécom (ACSED) : Didier Lombard, Louis-Pierre Wenes, son directeur exécutif France, et Olivier Barberot, le directeur groupe des ressources humaines (RH). Le plan Next, qui doit « faire basculer l’entreprise dans le nouveau siècle », et son volet social Act ont été lancés un an plus tôt. Depuis février, le chiffre de « 22 000 départs naturels » en trois ans a été annoncé aux marchés financiers. Mais les résultats tardent. Il y a urgence, il faut accélérer.

Assis sur le banc des prévenus devant le tribunal correctionnel de Paris qui les juge pour « harcèlement moral », les trois anciens dirigeants voient le texte de leurs interventions s’afficher sur le grand écran de la salle d’audience. Dans leurs versions intégrales et non pas dans leurs « versions Marguerite », du nom de la secrétaire générale de l’association qui avait pris sur elle d’édulcorer certains passages qu’elle trouvait « trop durs » avant de mettre en ligne les discours sur le site de l’ACSED.

Monique Fraysse Guiglini, qui était médecin du travail à France Télécom, a décrit à la barre la « violence insoutenable » qui s’est exercée au sein de l’entreprise entre 2007 et 2010...

« Je pense à Georges, un cadre dont la maladie de Charcot vient d’être diagnostiquée. Il s’accroche à son travail pour tenir le coup. Un jour, il est convoqué par sa hiérarchie qui lui annonce son transfert à Lyon. Il est abattu par cette nouvelle et ne se voit pas faire les allers-retours entre son domicile et Lyon tous les jours. Je rédige alors une fiche d’aptitude en précisant que l’état de santé de ce salarié ne permet pas de tels trajets. Sa directrice me téléphone, elle est très mécontente. George a été convoqué par sa responsable, c’était ’comme au tribunal, elle voulait savoir ce que j’avais comme maladie, insinuant que je n’avais pas grand-chose et que j’étais allée geindre auprès de la médecine du travail’ me dira-t-il plus tard ».

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