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Un camarade nous quitte : Jacques Morand

16 mai 2015, 16:21, par R.P.

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… comme le sectarisme

L’autre reproche est celui de prendre part aux discussions sur l’éventuelle construction d’un NPA.

Simplement prendre part aux discussions sur la possibilité ou non de la création d’un parti d’extrême gauche plus large que les organisations actuelles, voilà donc ce que la direction ne supporte pas… actuellement. Car, heureusement, il n’en a pas toujours été ainsi. Et nous espérons bien que le repli sur soi actuel et le sectarisme vis-à-vis du reste de l’extrême gauche, et en particulier de la LCR, aura une fin.

Dans le passé, à différentes reprises, LO a débattu des possibilités de former un parti commun et à quelles conditions ce pourrait être. En gros ce que, dans une autre situation bien sûr, elle nous reproche de faire aujourd’hui. C’était l’époque, il est vrai, où elle définissait ses rapports avec la LCR comme ceux de deux fractions du même futur parti. Et pour ne pas remonter plus loin dans le temps, dans la seule décennie qui vient de s’écouler, LO a su faire des propositions d’alliance à la LCR ou accepter celles faites par la LCR. Les deux organisations sont allées ensemble aux élections européennes de 1999 (ce qui a permis de faire élire 5 députés trotskistes au Parlement de Strasbourg) ou encore aux élections régionales et européennes de 2004 (où les résultats ont été moins favorables).

Aujourd’hui le simple fait de discuter avec la LCR et d’autres partisans du NPA nous est imputé à crime. À croire que la concurrence et la compétition entre les deux organisations s’est exacerbée depuis deux ou trois ans au point d’en faire des ennemies et faire oublier à LO qu’elles font toutes deux partie du mouvement trotskiste et du mouvement révolutionnaire (c’est vrai parfois aussi de la LCR, mais un chien mouillé n’en sèche pas un autre, n’est-ce pas ?).

Aujourd’hui LO est dans son cours sectaire. Ce n’est pas la première fois, la politique de LO vis-à-vis de la LCR (et de l’extrême gauche en général) étant faite de zigzags - un jour je t’embrasse, l’autre je te méprise pour le suivant t’embrasser à nouveau. Cette fois la Fraction en fait les frais pour se tenir sur une ligne plus constante. S’il n’y avait que nous, ce ne serait que moindre mal. Mais ce sont aussi les intérêts du mouvement révolutionnaire qui en prennent un coup alors qu’ils voudraient que nous agissions en commun, au moins sur les sujets où il y a convergence. Et pas seulement dans les élections, ce que LO et LCR savent quand même parfois faire, mais surtout dans les luttes, sur les terrains de classe, dans les entreprises, dans les grèves, dans la rue, dans les campagnes politiques et sociales… ce qu’elles savent beaucoup moins bien faire.

Il n’est pas exclu en effet que nous allions vers des propositions d’alliance de LO à la LCR-NPA à l’occasion des prochaines européennes. Le cours électoral opportuniste et pro union de la gauche pris aux municipales n’a sans doute, heureusement, rien de définitif. Aujourd’hui nous craignons plutôt au contraire que ce soit la LCR, sous couvert ou non du NPA, qui ne veuille pas de cette alliance, se sentant le vent en poupe depuis ses derniers succès électoraux et pensant à son tour que c’est le moment d’écraser l’autre organisation. Ce serait un calcul aussi vain que celui que fit LO aux beaux temps où Arlette Laguiller recueillait plus de 5 % des voix et la LCR semblait incapable de la concurrencer auprès des électeurs. On sait ce qu’il en advint. Bouffie d’orgueil, LO repoussa dédaigneusement les propositions de soutien de la LCR aux élections présidentielles de 2002… et remit la LCR en selle en la forçant en quelque sorte à présenter Olivier Besancenot.

Mais alliance aux prochaines européennes ou pas, à l’initiative de la LCR ou de LO, c’est surtout à propos des interventions dans la lutte de classe, terrain autrement important que le terrain électoral, que les deux organisations devraient se concerter. Et pas dans cinquante ans (elles seront de toute façon bien forcées de le faire bien avant…) mais immédiatement, en cette rentrée alors que les salariés et toutes les couches populaires, leur emploi, leur pouvoir d’achat, leur santé, leur logement, toutes leurs conditions de vie et de travail, sont sous le feu des capitalistes et du gouvernement et qu’ils vont l’être encore plus sous le prétexte de la crise économique.
Fidèles à nos orientations politiques

Notre exclusion et les derniers errements de LO ne nous font pas oublier ce que représente cette organisation, ce que nous, comme l’ensemble du mouvement révolutionnaire, lui devons (mais sans oublier non plus ce que nous lui avons apporté), ni ce que nous pouvons et devons en attendre à l’avenir.

Dans la période qui vient, à moins d’un changement drastique dans le paysage de l’extrême gauche, il ne pourra pas se constituer un grand parti communiste révolutionnaire dans ce pays sans que LO, en tout ou en grande partie, en soit partie prenante. C’est vrai aussi de la LCR d’ailleurs, et d’autres groupes ou courants sans doute. C’est bien pourquoi nous avons reproché à la LCR de lancer le NPA sans essayer vraiment de chercher un accord avec LO. Une erreur qu’elle risque de payer par un échec, mais aussi, plus grave, une indication du genre de parti qu’elle entend aujourd’hui construire : plutôt gauche de la gauche réformiste que révolutionnaire.

Pour notre part, en dehors comme au-dedans de l’organisation LO, nous continuons notre activité militante et maintenons notre politique et nos orientations à long comme à court termes : pour la construction d’un parti ouvrier communiste révolutionnaire, pour l’implantation du courant trotskiste dans la classe ouvrière et en particulier sur les lieux de travail où la mobilisation des prolétaires en tant que producteurs sera décisive, pour le mouvement d’ensemble seul susceptible de contrer l’offensive actuelle du patronat et du gouvernement et les faire immédiatement reculer.

Activités, politiques et orientations que nous sommes prêts bien sûr à mener et à défendre avec tous ceux, militants et groupes, qui sont d’accord en tout ou en partie, dans la tradition dont nous sommes issus et qui veut que nous nous considérions comme une fraction parmi d’autres d’un même futur parti révolutionnaire.

Le 26 septembre 2008

Jacques MORAND

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