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Toyota en grève : « Ouvriers révoltés, c’est pas à nous de payer ! »

29 avril 2009, 16:42, par Robert Paris

Blocages, sabotages et séquestrations en France depuis le début de
l’année 2009.

29 janvier, Auxerre (Yonne) : Les salariés de l’usine Fulmen (Exide
Technologies), fabricant de batteries, luttent contre la fermeture. En
grève, ils contraignent physiquement le patron à manifester à
manifester avec eux, l’ayant obligé à revêtir un tee-shirt portant le
nombre de travailleurs licenciés.

5 mars, Auchel (Pas-de-Calais) : Les salariés d’une usine de
l’équipementier automobile Faurecia se mettent en grève illimitée
après l’annonce de sa fermeture d’ici fin 2010 (suppresion de 179
emplois sur 508, redéploiement des 329 autres postes vers deux autres
sites). Le blocage des ateliers mettra en quasi arrêt la production des
clients de l’équipementier, en particulier Toyota à Onnaing (Nord),
Renault à Maubeuge (Nord) et Volvo à Gand (Belgique). En plus des
indemnités légales de licenciement, ils obtiendront une prime de 3.000
euros par salarié et reprendront le travail le 23 mars.

12 mars, Clairoix (Oise) : Les salariés de l’usine Continental partent
en grève sauvage, dénonçant le projet de fermeture du site en mars
2010, annoncé la veille. Plusieurs centaines des 1 120 salariés exigent
que le directeur du site, Louis Forzy, vienne s’expliquer. A peine
entré dans la salle, il est bombardé d’œufs (dont l’un le frappe en
plein visage), le forçant à se casser. Les quelques 500 ouvriers, qui
refusent de reprendre le travail, bloquent ensuite la circulation de la
RN32. Le

16 mars à Reims, le comité central d’entreprise est suspendu après
des jets d’oeufs, de chaussures et d’une bouteille sur la direction.
Les salariés de Clairoix étaient venus en car pour manifester leur
colère. Le 25 mars, tandis que les syndicalistes sont à l’Elysée,
1000 ouvriers (épaulés par ceux d’autres boîtes) en manif, bloqués
par les flics, montent une barricade de pneus enflammés. Le 21 avril,
mécontents qu’un tribunal déboute le CE de toutes ses demandes (dont
invalider la fermeture), les salariés dévastent la sous-préfecture de
Compiègne (bureaux, ordinateurs, fenêtres) puis le poste de garde de
l’usine. Elle est mise en lock-out le lendemain.

13 mars, Pontonx-sur-l’Adour (Landes) : Lors du dernier comité
d’entreprise avant la fermeture de l’usine (311 licenciements) prévue
le 17 avril, le PDG de Sony France est séquestré toute la nuit. Il est
relâché le lendemain en milieu de matinée afin de se rendre à la
sous-préfecture de Dax pour une première réunion de conciliation. Deux
semaines plus tard, les salariés obtiendront 13 millions d’euros
supplémentaires d’indemnités de licenciement (10 000 euros en plus de
l’indemnité légale et 45 000 euros de plancher) et de meilleures
conditions de reclassement.

16 mars, Dijon, Chevigny-Saint-Sauveur (Côte d’Or) et Appoigny (Yonne)
 : Trois jours avant le dernier comité central d’entreprise, occupation
des deux usines et du centre logistique d’Amora-Maille (Unilever) avec
piquets de grève. Leur fermeture (244 emplois supprimés) a été
annoncée le 20 novembre 2008. A Chevigny, un stock de 22 000 palettes de
produits est conservé en guise de “trésor de guerre”. Le 27 mars,
ils obtiendront une prime de préjudice de 50 000 euros pour tous, en plus
des indemnités légales de licenciement, et reprendront le travail le 30.

20 mars, Pithiviers (Loiret) : Grève illimitée des salariés de 3M
Santé (qui fabrique aérosols, comprimés et patches). La suppression de
110 emplois sur les 235 que compte le site est annoncée pour septembre.
L’après-midi du 24, le directeur industriel France de ce groupe
américain est séquestré. Il est relâché le lendemain, près de trente
heures plus tard. Le 2 avril, les salariés obtiendront un plancher
d’indemnités de licenciement de 30 000 euros par personne, un congé
mobilité allongé à 15 mois et un report des licenciements à novembre
2010.

30 mars, Mantes-la-Jolie (Yvelines) : Vers 10 heures, une petite centaine
de salariés en grève depuis le 24 février avec occupation de l’usine
envahissent le siège social de FCI Microconnections, à Versailles. Le
PDG et le DRH sont séquestrés quatre heures. Les salariés veulent des
garanties contre un projet de délocalisation à Singapour. Le 10 avril
après de nouvelles tractations, les 400 salariés obtiennent un sursis de
deux ans avec l’engagement des patrons qu’il n’y aura pas de plan
social avant 2011. Ils reprennent le travail le 14.

31 mars, Paris : Une cinquantaine de salariés de la Fnac et de Conforama,
où 1.200 suppressions de postes sont prévues, bloquent le PDG du groupe,
François-Henri Pinault, pendant une heure dans un taxi à la sortie
d’une réunion. Pendant que Pinault est bloqué, les salariés scandent
“ Pinault sale escroc, la crise elle a bon dos ”, et barrent la rue
avec des poubelles. Les forces de l’ordre interviennent pour libérer le
véhicule.

6 avril, Onnaing (Nord) : 400 des 1700 salariés de l’usine Toyota se
mettent en grève illimitée. Le 16 au soir commence un blocage du site,
plus aucune Yaris ne sort. Puis ce sont les fournisseurs de pièces
détachées qui seront bloquées. Ils réclament le paiement intégral des
jours de chômage partiel. Le 20, levée des piquets contre le paiement à
90 %.

7 avril, Bellegarde-sur-Valserine (Ain) : Quatre cadres de Scapa,
fabricant britannique spécialisé dans les adhésifs pour l’automobile,
sont séquestrés à l’issue d’une séance de négociations. Cette
usine doit fermer, laissant 60 salariés sur le carreau. Le directeur des
opérations européennes du groupe, le directeur financier, la directrice
du personnel et le directeur général de Scapa France sortiront le
lendemain après-midi pour aller négocier en mairie, escortés par les
salariés. Ils obtiendront que la prime de départ passe de 890 000 à 1,7
millions d’euros et reprendront le travail le 9 avril.

9 avril, Brières-les-Scellés (Essonne) : Des salariés des bureaux
d’étude de l’équipementier automobile Faurecia séquestrent trois
cadres dirigeants lors du Comité central d’entreprise (CCE). Un plan
social a été annoncé le 11 décembre (1 215 licenciements entre 2009 et
2011). Le directeur du site de l’Essonne, le DRH, et le directeur des
Affaires sociales sont ressortis cinq heures après sans rien lâcher. Le
CCE est suspendu jusqu’au 28 avril.

9 avril, Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) : Des ouvriers d’une des cinq
usines (182 salariés) du groupe Rencast (850 salariés), en liquidation
judiciaire depuis le 18 mars et en grève depuis le 24, spécialisé dans
la fonderie en aluminium pour l’automobile, remettent dans le fourneau
en fusion 3400 pièces destinées à Renault pour la fabrication de la
Twingo et 80% de la production destinée à PSA le lendemain. Reprise du
travail le 14 contre une prime de 30 000 euros en sus des indemnités et
le paiement des jours de grève.

16 avril, Woippy (Moselle) : 125 salariés du centre logistique Faure et
Machet, FM Logistic (condition d’imprimantes), séquestrent trois cadres
pendant douze heures - et deux autres qui ont été relâchés plus tôt.
Cette usine doit être délocalisée en Malaisie en mai 2010 (483
licenciements). Les négociations continuent le lendemain à la
préfecture de Metz.

20 avril, Villemur/Tarn (Haute-Garonne) : Des salariés de Molex,
équipementier de connectique automobile, séquestrent deux cadres, le
co-gérant et la DRH, pendant vingt-six heures. La fermeture du site,
annoncée en octobre 2008 suite à une délocalisation en Slovaquie, est
prévue pour juin (286 licenciements). La négociation qui suit en
préfecture est bloquée (suivante le 24), l’usine est mise en lock out.

Aperçu de la lutte à Caterpillar

17 février : La direction de Caterpillar dépose un plan de
réorganisation prévoyant la suppression de 733 des 2.800 emplois sur les
sites d’Echirolles et de Grenoble (Isère). 26 février : Journée de
négociation au comité d’entreprise extraordinaire. 400 grévistes
devant l’usine, les cadres qui sortent en voiture se prenent des oeufs,
des insultes et même un fumigène. Les ouvriers sont rejoints par une
partie du cortège étudiant le soir. Une trentaine de personnes tente de
pénétrer dans le bâtiment administratif. 27 février : L’usine est
bloquée, les piquets de grèves tiennent toute la journée qui se termine
par la venue des flics. 2 mars : Journée de semi-blocage des deux sites
par 200 grévistes pendant la négociation. Dehors, un fumigène atterit
dans un bureau et cinq véhicules de non-grévistes ont les pneus crevés.
18 mars : Pour forcer la négociation, jets d’oeufs sur les caméras de
surveillance et les fenêtres des bureaux, puis occupation en force du
site de Grenoble après baston avec les vigiles. Les « anarchistes de
l’extérieur » se font virer de l’AG par les syndicalistes sur
demande officielle des flics. La préfecture nomme un médiateur. 24 mars
 : Blocage de la gare pendant trente minutes, puis de la circulation. 25
mars : 200 manifestants (étudiants, ouvriers de Caterpillar, etc.)
tentent une autoréduc’ à Monoprix. Elle échoue avant d’avoir
commencé, faute de détermination et grâce au sabotage sur place de la
CGT-Caterpillar. 28 mars : 400 ouvriers manifestent jusqu’à la Chambre
de commerce avec une banderole « nous ne paierons pas leur crise »,
bloquant au passage la gare. 30 mars : La direction boycotte le Comité
d’Entreprise, demandant d’abord la levée de la grève qui a repris ce
jour. 31 mars : Quatre cadres, le directeur de l’usine de Grenoble, un
responsable du service du personnel, un responsable des produits
européens et un responsable des achats sont séquestrés 24h au siège du
groupe (un cinquième, directeur des ressources humaines mais cardiaque, a
été relâché sous les huées au bout de neuf heures). A leur sortie
contre le paiement des 3 jours de grève, ils repartent négocier à la
direction départementale du travail (DDT). 6 avril : Sous la pression de
la base, les délégués syndicaux renoncent à se rendre à l’Elysée.
7 avril : Nouveau round de négociation à la DDT, sous la pression de 200
manifestants lançant oeufs et pétards, qui avaient auparavant fait une
opération péage gratuit. La direction propose désormais 600
licenciements (dont 400 secs) et 50 millions d’euros pour le plan social
en échange d’un aménagement du temps de travail. 15 avril : Les
ouvriers rejettent le plan en AG et installent des piquets de grève, plus
un campement devant l’usine à Echirolles malgré les flics. 16 avril :
Les salariés empêchent les élus du CE de se rendre à une énième
réunion avec la direction. Neuf ouvriers du site de Grenoble passent au
tribunal en référé pour « entrave à la liberté du travail ». A
Echirolles, l’usine est désormais protégée par les CRS. 17 avril :
Huit ouvriers du site d’Echirolles passent au tribunal pour « 
occupation illicite des locaux ». Tous sont condamnés à 200 euros par
infraction. 20 avril : Le pré-accord bouclé la veille entre
syndicalistes et direction au ministère des Finances est présenté à la
maison du CE. La colère explose, ils sont insultés. A 14h30, 200 ouvriers
empêchent physiquement les délégués du CE de revoir la direction à la
DDT, à coups d’oeufs et de pétards dans la gueule. 400 salariés au
chômage partiel reprennent aussi le travail ce jour-là, quelques autres
sont en grève. Le référendum sur le pré-accord est suspendu.

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