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Les spéculateurs jouent la Grèce à la baisse, mais la crise, ce n’est pas spécialement la Grèce...

5 juin 2014, 11:05

La cure d’austérité que subit la Grèce n’a, pour ses habitants, de cure que le nom. Une récente étude britannique, publiée dans le journal médical The Lancet, souligne que les coupes budgétaires drastiques opérées dans le secteur de la santé ont sensiblement dégradé la situation sanitaire du pays. La proportion de personnes qui reportent leur visite chez le médecin ou le dentiste a augmenté. Et les admissions à l’hôpital public ont bondi de 24 % par rapport à 2009, tandis que celles des cliniques privées chutaient de près de 30 %.

Les auteurs décrivent un système hospitalier gravement touché par la réduction de ses financements (- 40 % depuis le début de la crise). Au manque de personnel et aux ruptures d’approvisionnement en médicaments s’ajoute la corruption des professionnels de santé, devenue un passage obligé quand on veut être pris en charge rapidement.

En outre, la réduction du financement de l’accompagnement des usagers de drogue a eu pour conséquence l’accroissement de 20 % du nombre des consommateurs d’héroïne et, par ricochet, du nombre de nouvelles contaminations au VIH, dont la hausse est estimée à plus de 52 % en 2011 par rapport à 2010. Ce risque est d’autant plus fort que la suppression de nombreux programmes à destination des usagers de drogues (85 % ne sont pris en charge par aucune structure) pousse une partie d’entre eux vers la prostitution, multipliant les risques de contamination.

Mais les coupes budgétaires dans le domaine de la santé ne sont pas les seules responsables de la détérioration du contexte sanitaire. La Grèce fait aussi face à un accroissement sans précédent du nombre de suicides (+ 25 % entre 2010 et 2011), alors qu’il était jusque-là l’un des plus bas d’Europe. Une des causes de cette vague serait l’impossibilité de rembourser ses dettes, à laquelle vient s’ajouter un climat social profondément dégradé : la violence a augmenté et les homicides ont doublé entre 2007 et 2009.

Les ONG ont partiellement pris le relais du système de santé défaillant. Ainsi, l’association grecque Médecins du monde a vu la fréquentation de ses centres d’accueil augmenter de 30 % en un an. Comme le soulignent en conclusion les auteurs de l’article du Lancet, " une plus grande attention à la santé et à l’accès aux soins est nécessaire pour s’assurer que la crise grecque ne détruise pas ce qui fait larichesse du pays : ses habitants ".

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