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La révolte sociale gronde en Algérie

4 avril 2010, 09:15, par Robert Paris

Les émeutes comme action politique
23-03-2010

Par Faouzia Ababsa

Diar Echems, Zaatcha, Oued Smar et bien d’autres quartiers de la capitale et dans d’autres villes et régions du pays ne vivent plus qu’avec l’idée de se faire entendre par la seule voie de la manifestation, voire l’émeute et la violence. Samedi dernier, c’était au tour des locataires des chalets d’Alger Plage, dans la commune de Bordj El Bahri, de sortir dans la rue pour dresser des barricades. Pneus enflammés et troncs d’arbres sont empilés, barrant ainsi la route aux automobilistes qui se dirigeaient vers la Tamentefoust. Il semblerait que les émeutiers de Diar Echems ont fait des émules. Les habitants des autres quartiers vivant dans des conditions quasi inhumaines ou faisant face à des problèmes dont la solution est entre les mains des autorités locales ont compris que les manifestations de rue portent leurs fruits et constituent la seule solution pour que les pouvoirs publics daignent les écouter. C’est le dernier recours.En fait, l’émeute est désormais ancrée dans notre société. Elle devient même un mode d’expression et de revendication. Cela devant la sourde oreille des autorités locales. Parce que ce sont elles qui, trop occupées à fouetter d’autres chats, méprisent leurs administrés, refusant même de leur accorder ne serait-ce que quelques minutes pour s’enquérir des raisons de leur colère, faute de proposer des solutions. D’autre part, les émeutiers ne s’expliquent pas au moment où l’on parle d’embellie financière et pendant que les uns et les autres s’enrichissent à vue d’œil et de manière illicite alors qu’eux continuent à vivre le
calvaire. Ce d’autant que les promesses qui leur ont été faites n’ont pas été tenues. Le mépris avec lequel ils sont traités, alors qu’ils ont pris leur mal en patience espérant une issue à leurs conditions de vie, ne pouvait qu’exacerber ces citoyens qui finissent par laisser exploser leur colère et leur refus
d’endurer encore ce qu’ils n’ont que trop supporté et depuis trop longtemps. Estimant qu’ils n’ont plus rien à perdre, peut-être même tout à gagner, ces citoyens occupent la chaussée comme ils ont vu d’autres le faire et finir par avoir gain de cause. Parce qu’ils savent et voient que des indus occupants viennent s’installer tous les jours dans des baraques en parpaings attribués par les APC, souvent moyennant une dizaine de millions de centimes, avant de bénéficier de logements sociaux et vendre leurs « logis » à leurs parents. Les émeutes sont devenues un mode d’action politique, un modèle de contre-pouvoir, en l’absence de canaux démocratiques, comme l’affirment beaucoup de sociologues. Cela devient inquiétant. Parce que cela nourrit un peu plus la violence dans un pays qui n’en a que trop souffert. Une décennie de terrorisme et d’effusion de sang est plus que suffisante pour que les gouvernants comprennent une fois pour toute que seules l’ouverture du débat et l’écoute des préoccupations des citoyens, même s’ils n’ont pas de solutions immédiates à offrir, peuvent éviter ces manifestations de rue qui, souvent, dégénèrent en émeutes violentes.

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