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TROUPES INTERNATIONALES ET FRANCAISES, HORS D’HAITI OU VOUS NE SEMEZ QUE DICTATURE ET MISERE !!!

11 mars 2010, 16:23, par Robert Paris

Les hésitations de la MINUSTAH
Pour « pacifier » le pays, on dépêcha en Haïti 9 000 soldats et 6 000 policiers internationaux, ainsi que plus de 10 000 gardes d’agences de sécurité privées. Des centaines de policiers haïtiens jugés trop

« politiques » seront congédiés et remplacés par plus de 1 000 anciens soldats. Rapidement, tous les chefs de police seront d’anciens militaires, alors qu’il n’y en avait que deux avant le coup d’État.

Selon Peter Hallward, la répression fut aussi sévère que celle qui suivit le premier coup d’État et se compare à la situation au Chili lors du coup d’État de 1973. Il cite une enquête qui évalue à 8 000 le nombre de morts et à 35 000 les agressions sexuelles.

Les forces policières voulaient terroriser les populations des bidonvilles en se servant des soldats de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) comme couverture. Cependant, pour la plus grande partie de 2004, les soldats de la MINUSTAH résistèrent à ce que leur commandant général Augusto Heleno Ribeiro condamnait comme « les pressions extrêmes exercées par les États-Unis, la France et le Canada à utiliser la violence ».

Quelques mois plus tard, suite à des opérations menées dans l’immense bidonville Cité Soleil, le général Ribeiro démissionne. Il est remplacé par un militaire au cœur moins tendre, un autre général brésilien, Urano Teixera da Matta Bacellar. Six mois plus tard, Bacellar est retrouvé tué par balle dans sa chambre d’hôtel, au lendemain d’une rencontre houleuse avec des membres des familles Boulos et Apaid, la crème de l’élite haïtienne. La théorie du suicide ne convainc personne.

La presque reine
Il est intéressant de noter que c’est au beau milieu de cette campagne de terreur contre les populations pauvres d’Haïti menée avec les encouragements du Canada que le Premier ministre Paul Martin nomme une canadienne d’origine haïtienne au poste de Gouverneur général du Canada. La perspective haïtienne permet également de mieux comprendre l’accueil triomphal réservé par le gouvernement français à la « presque reine » du Canada, descendante d’esclaves de l’ancienne colonie française.

Que ceux qui se sont offusqués que le traitement réservé à Michaëlle Jean ait occulté l’objet de sa visite, soit la célébration du 400e anniversaire de la fondation de Québec, se rappellent qu’au terme de la Guerre de Sept Ans, la France avait préféré la possession de ses colonies antillaises et caribéennes aux « quelques arpents de neige » du Canada.

Toujours vivant
Malgré l’ampleur de la répression, le mouvement démocratique du peuple haïtien est toujours vivant. Il l’a démontré dès le 30 septembre 2004 avec une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes pour commémorer l’anniversaire du premier coup d’État. Il l’a exprimé à nouveau lors des élections du 7 février 2006.

Après beaucoup de débats, Fanmi Lavalas a décidé de participer aux élections et d’appuyer René Préval, l’ancien premier ministre d’Aristide. Bien qu’on ait multiplié les obstacles—par exemple, en réduisant le nombre de bureaux de votation de 10 000 à 500, dont aucun près de Cité Soleil—les gens se sont rendus voter en grand nombre. Même si les « exit polls » attribuaient la victoire à Préval avec de 60% à 70% des suffrages, les premiers résultats de la Commission électorale lui accordaient un peu moins de 50% des votes, ce qui aurait nécessité un deuxième tour de scrutin.

Sentant la magouille, des dizaines de milliers de partisans d’Aristide et de Préval prirent d’assaut les rues de Port-au-Prince. La Commission électorale se ravisa. Préval fut déclaré élu avec 51% des suffrages. Les autres candidats soi-disant « progressistes », chouchous des ONG, durent se contenter de scores tous inférieurs à 3% des suffrages.

Le livre de Peter Hallward deviendra sûrement un classique de l’analyse des politiques et des méthodes de déstabilisation. Il devrait être objet d’étude pour tous ceux qui luttent contre l’empire, particulièrement ceux qui sont dans son voisinage immédiat. Espérons qu’il sera rapidement traduit en français.

— Pierre Dubuc 13 juin 2008

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