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Lutte de classe au Mali ?

5 novembre 2009, 14:53, par MOSHE

Faits Divers

Après l’enterrement de Moussa Sidibé, tué par deux balles, tirées à bout portant par un policier… : Sa famille s’apprête à porter plainte

Canard Déchainé, 04/11/2009 Commentaires [ 10 ] E-mail Imprimer

La chasse aux policiers a, certes, pris fin dans la ville de Kadiolo. Le saccage de leur domicile, aussi. Mais la colère des populations est loin de retomber. Pour la famille de la victime, pas question de pardonner ce qu’elle considère comme un « meurtre de sang froid ».

Kadiolo, mardi 27 octobre, 16 heures. Ils étaient tous là, parents, amis du défunt, voisins ou simples curieux. Venus de Bamako, Sikasso ou d’autres régions du Mali, ils tenaient à manifester leur solidarité à la famille de la victime. Mais aussi, à l’accompagner à sa dernière demeure.

Agé d’une trentaine d’années, vendeur d’essence au détail à Kadiolo, Moussa Sidibé a reçu deux balles, en plein ventre, tirées à bout portant par Ismaël Ag Hamani, Agent de police à Kadiolo. C’était le 17 octobre dernier, à l’aube, à la sortie de la ville de Kadiolo.

Un meurtre de sang froid

Ce jour –là Moussa Sidibé se rendait à Sikasso à moto, accompagné de son ami, Amadou Sangaré. Afin de s’approvisionner en carburant. Mais à la sortie de la ville, ils sont rattrapés par l’Agent de police. A en croire le survivant du drame, Amadou Sangaré, Ismaël Ag Hamani leur aurait réclamé la somme de 150.000 FCFA. Sous peine de se voir conduire au commissariat, les menottes aux poignets.

Refus catégorique des deux vendeurs d’essence. Parce que, estiment –ils, ils n’ont commis aucune infraction, nécessitant le paiement de cette somme. Une altercation s’ensuit. La suite, on la connaît. Face au refus des deux jeunes de délier les cordons de la bourse, l’Agent de police pique une colère noire. Il sort son arme. Deux coups partent. Atteint au ventre par deux balles –dont l’une, sortie par le dos -, Moussa Sidibé s’écroule dans une mare de sang.

Du coup, Amadou Sangaré tente d’arracher l’arme des mains du policier. Mal lui en a pris. Il est renversé par une balle, qui fracture la jambe droite.

Caché derrière un buisson, un berger peulh, Samba Diallo filmait la scène avec son téléphone portable.

Après le départ d’Imaël Ag Hamani, il alerte les secours. Moussa Sidibé et Amadou Sangaré sont transportés à l’hôpital régional de Sikasso où, ils reçoivent les premiers soins. Avant d’être transférés à Bamako, à l’hôpital Gabriel Touré, contre le paiement de la somme de 115.000 CFA à l’ambulancier.

Le même jour, ils sont accueillis à la clinique « Le Flamboyant » de Fadjiguila. Puis, à la clinique « Nathalie » de Lafiabougou, sur les conseils de Niamé Keïta, directeur national de la police.

En dépit du succès de l’intervention chirurgicale qu’il a subie, Moussa Sidibé rend l’âme. C’était, le 26 octobre dernier, aux environs de 6 heures du matin. Son coup est rapatrié, le même jour, à Kadiolo pour y être enterré.

Un enterrement sous haute tension.

Ce jour –là, aux environs de 16 h 30mn, le cortège funèbre s’ébranle vers le cimetière. Enveloppé dans une couverture, le corps de Moussa Sidibé est entouré par les seins. Le silence est lourd, chargé d’émotion, de larmes. Mais surtout, de colère. Colère contre la police, traitée de tous les noms d’oiseau. Car, Ismaël Ag Hamani n’est pas à sa première victime.

Alors qu’il était en poste à Sikasso, il aurait selon de témoignages concordants, tiré sur un jeune homme. Qui faisait « planer » sa moto dans un cortège de mariage. Parce que, arguait Ismaël Ag Hamani, sa victime faisait trop de bruit. Mais, contrairement, à Moussa Sidibé, il n’est que blessé. Un souvenir douloureux, qui en rajoute à la colère des populations venues accompagner Moussa Sidibé à sa dernière demeure.

Au sein de l’interminable cortège, une délégation de la direction nationale de la police, avec à sa tête, Niamé Keita.

Alors que les proches du défunt s’apprêtaient à porter le corps en terre, ses amis fondent en larmes.

Les parents de Moussa Sidibé, eux, étouffent leurs sanglots. Une seule question sur toutes les lèvres : pourquoi une telle cruauté, vis-à-vis d’un jeune homme, qui n’a commis aucun crime, aucune infraction.

« L’assassin de Moussa Sidibé ne s’en tirera pas à bon compte. Soit, on l’arrête pour le juger conforment à son crime, soit on s’en charge où qu’il se trouve », menace un proche de la victime, à la sortie du cimetière.

Une bavure de trop !

Certes, Ismaël Ag Hamani a été interpellé par un détachement de gendarmes, conduit, sous bonne escorte à Bamako, il a été mis aux arrêts. Mais rien n’indique, pour autant après la disparition, pour le moins spectaculaire, de l’unique témoin de la scène : Samba Diallo, le berger peulh qui avait filmé la macabre scène avec son téléphone portable. De sources concordantes, il aurait été prié de quitter la ville. Avec, dit –on, dans la proche un bon paquet d’argent. Bien plus, le téléphone portable de Mr Diallo est détenu par Niamé Keita. Va t –il le mettre à la disposition de la justice ? La famille du défunt en doute. Car, du côté de la hiérarchie policière, tout semble avoir été mis en œuvre pour étouffer cette affaire dans l’œuf. Toutes nos questions se sont heurtées à un mur de silence. A Kadiolo, comme à Bamako.

C’est pourquoi, la famille du défunt s’apprête à porter plainte contre Ismaël Ag Hamani pour « meurtre avec préméditation ».

La hiérarchie policière a, toujours, fermé les yeux sur les bavures, dont les Agents se sont rendus coupables. Bavures suivies, parfois, de mort d’homme. Mais cette fois, c’est la bavure de trop. Qui risque de faire date dans les annales de la police nationale.

Affaire à suivre, donc !

Le Mollah Omar

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